SlideShare una empresa de Scribd logo
1 de 136
Descargar para leer sin conexión
Images
de la Grande Guerre



                      1
1870-1871 — guerre franco-prussienne




Bismarck       Guillaume Ier     Napoléon III


                                                2
L’Allemagne unifiée derrière la Prusse
 forme le IIe Reich juste après avoir
  pris l’Alsace-Lorraine à la France.


 Napoléon III, prisonnier, s’exile en
  Angleterre pendant que la IIIe
  République hérite d’une France
 humiliée, qui voudra sa revanche.




                                        3
1879:
                   Double-Alliance entre l’Autriche et l’Allemagne

                                           1882:
Triple-Alliance: l’Italie se joint aux précédentes car elle convoite la Tunisie dont s’est
                                     emparée la France

                                      1890:
Guillaume II renvoie Bismarck, qui s’oppose à l’expansion coloniale pour éviter un
                        conflit avec la Grande-Bretagne

                                         1894:
                                 Alliance franco-russe

                                        1904:
                       Entente cordiale entre Londres et Paris

                                       1907:
                 Entente entre Londres et Moscou — Triple-Entente


                                                                                             4
5
De quelle alliance ce dessin exprime-t-il le point de vue?




                                                             6
7
On récapitule: pourquoi cette guerre?
- Rivalité des empires coloniaux: Guillaume II en a assez que l’Angleterre ait le plus grand empire,
                   alors il veut des colonies (qu’il va falloir prendre à d’autres).
                          Première étape: développer la marine de guerre.
                       Bismarck n’était pas d’accord, il a été mis à la retraite.

  - Militarisme: puisque Guillaume II achète des canons, l’Angleterre, la France, tout le monde doit
    suivre et dépense des fortunes pour être au niveau. Cela prépare les esprits à l’imminence et à
l’inévitabilité d’un conflit: si on a dépensé autant il faut bien que l’investissement rapporte—pour ça
                                      il va falloir battre quelqu’un.

   - Esprit revanchard: humiliée en 1871, la France veut récupérer l’Alsace-Lorraine et sa fierté
     nationale (depuis quarante ans on a exhumé ou imaginé des super-héros bien de chez nous:
  Vercingétorix, Roland, Jeanne d’Arc, du Guesclin, Cyrano, Arsène Lupin—notons que les héros
             français, malgré leur panache, ont une fâcheuse tendance à mourir vaincus).

    - Montée des nationalismes: l’Europe centrale et les Balkans sont pleins de petites nations
  soumises à de grands empires—ces nations veulent leur indépendance et cherchent l’amitié des
     rivaux de leurs oppresseurs (la Serbie, par exemple, a l’appui de la Russie et de la France).

   - Jeu des alliances: si deux pays se battent, leurs alliés auront du mal à ne pas y aller aussi.
                              Voilà pourquoi cette guerre sera mondiale.
                     (L’Italie sera le seul pays à se donner le temps de réfléchir,
             pour finalement s’engager du côté opposé à son alliance d’avant-guerre!)
                                                                                                       8
George V              Raymond Poincaré      Nicolas II




Victor Emmanuel III          Guillaume II      François Joseph Ier




                      Chefs d’États en 1914



                                                                     9
28 juin 1914:
                                      L’archiduc François-Ferdinand,
                                      héritier du trône autrichien, est
                                         assassiné avec sa femme à
                                       Sarajevo par Gavrilo Princip,
                                             nationaliste serbe.


                23 juillet:
 L’Autriche-Hongrie présente un ultimatum
            humiliant à la Serbie.
La Serbie accepte presque toutes les conditions.




                                                                          10
28 juillet - 4 août 1914:
                                            1. L’Autriche déclare la guerre à la Serbie.

2. Le jeu des alliances
 entraîne la Russie à
       mobiliser.
                                                                                    3. L’Allemagne déclare
                                                                                     la guerre à la Russie,

                                                                                   4. occupe le Luxembourg,

                                                                                      5. déclare la guerre
                                                                                           à la France,

                                                                                     6. envahit la Belgique,
                                                                                         qui est neutre.




             7. L’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne.
                                                                                                               11
Lord Kitchener, Secrétaire d’État pour la Guerre,
                                                                     invite les sujets du roi George
                                                                à s’engager pour défendre l’Angleterre:
                                                                           59.000 Canadiens,
                                                                       y compris des infirmières,
                                                               répondent à l’appel britannique en 1914.

                                                                (Au total, 620.000 Canadiens ont servi
                                                                       dans la Grande Guerre.)




Kitchener est mort noyé/de froid avec son état-major et 643 marins, le 5
 juin 1916—le croiseur Hampshire qui l’emmenait en Russie pour une
    mission diplomatique a percuté une mine allemande au nord de
                l’Écosse. Seuls 12 hommes ont survécu.


                                                                                                            12
Sam Hughes,
                    Ministre de la Défense depuis 1911.

                  Très orgueilleux, orangiste anti-catholique,
 convaincu de son propre héroïsme—il a demandé plusieurs fois la Victoria
Cross pour son (petit) rôle dans la guerre des Boers, il fut compromis dans le
 scandale du fusil Ross, arme sportive dont il avait fait équiper les troupes
  canadiennes, alors qu’elle n’était pas fiable en conditions de combat (les
 soldats les jetteraient pour récupérer les Lee-Enfield des morts anglais...).

Hughes refusa de laisser les Francophones former leurs propres bataillons,
    comme c’était l’usage dans les unités de réserve: sous commandement
       britannique, l’armée canadienne parlerait la langue de son roi.
À leur arrivée au camp de Valcartier, à Québec, les volontaires étaient forcés
   d’apprendre l’anglais, ce qui n’aida pas au recrutement des Québécois.

                          Il y eut une exception:
       les “Van Doos” du 22e bataillon, tous Québécois, qui perdirent
                   près de 4000 hommes dans la guerre.




                                                                                 13
Le plan Schlieffen:
                                                         «La Belgique est neutre, attaquons la France par là...
                                                                 Ensuite on s’occupera des Russes.»




                                                         MAIS:
                                        1. les Belges ont résisté plus que prévu;
                         2. la Grande-Bretagne est entrée en guerre aux côtés de la France;
          3. la rapidité de la mobilisation russe a forcé l’Allemagne à diviser ses troupes plus que prévu;
4. la France, avec ses trains et ses taxis parisiens, a eu le temps de déplacer ses soldats pour repousser l’offensive.


                                                                                                                          14
Généraux des Empires centraux




Paul Von Hindenburg      Erich Ludendorff   Conrad Von Hötzendorf   Mustafa Kemal




                                                                                    15
5-12 septembre 1914:
           Bataille de la Marne
Joffre et Galliéni, aidés des Britanniques de la BEF,
          repoussent l’offensive allemande.

                                                        16
Front de l’ouest,
       1914


Ce front continu s'étend sur 750
kilomètres de la Mer du Nord
aux Vosges, c’est-à-dire à la
frontière suisse.




                                   17
Le front est bloqué: pendant quatre ans les soldats du front de l’ouest vivront
 comme des rats, organisant tant bien que mal leur vie dans les tranchées.




                                                                                     Sous la pluie ou la
                                                                                    neige, avec les morts
                                                                                    qui pourrissent tout
                                                                                     autour, comme les
                                                                                  rations, et l’ennemi qui
                                                                                  est toujours prêt à vous
                                                                                  attaquer (au canon, au
                                                                                   gaz, au fusil, au lance-
                                                                                    flamme), les rats qui
                                                                                           mordent
                                                                                   indifféremment morts
                                                                                       et vivants, c’est
                                                                                      particulièrement
                                                                                         abominable.




                                                                                                              18
Mais le pire, évidemment, c’est quand il faut sortir
               dans le no man’s land.




                                                       19
20
21
22
L’avantage d’avoir un empire,
c’est qu’on dispose de troupes coloniales...




                                               23
24
25
26
27
Avril 1915:   Ypres




 La 2e bataille d’Ypres est le premier combat pour les Canadiens,
qui empêchent une percée allemande malgré l’utilisation de chlore,
                contre lequel ils ne sont pas équipés.
            C’est la première utilisation de gaz mortel,
 même si les Français ont utilisé des “engins suffocants” dès 1914.

                                                                      28
Pertes
70.000 morts, blessés, ou disparus pour les Alliés
35.000 morts, blessés, ou disparus pour les Allemands


                                                        29
Le masque à gaz fait désormais
    partie du paquetage.




                                 30
31
Soldats tués lors d’une attaque au gaz.


                                          32
33
34
35
Pendant ce temps, au pays...




                               36
... les femmes doivent
remplacer les hommes
dans tous les secteurs.




                          37
Il sera bientôt difficile de dire qu’elles sont trop
fragiles ou frivoles pour s’occuper de politique et voter.
                                                             38
7 mai 1915:
  Un U-boot coule le paquebot Lusitania,
tuant 1198 personnes, dont 128 Américains.




                                             39
Où l’on s’est battu:
les Canadiens ont envoyé l’essentiel de leurs troupes
             en Belgique et en France,
        mais c’était loin d’être le seul front.




                                                        40
Avril - décembre 1915




                     Gallipolli:
Français et Britanniques—dont Australiens et Néo-Zélandais
       (ANZAC)—débarquent dans les Dardanelles
              pour prendre Istanbul aux Turcs,
             selon un plan de Winston Churchill.

   Après 180.000 pertes alliées et 220.000 pour les Turco-
    Allemands de Mustafa Kemal (futur fondateur de la
République Turque après la dissolution de l’Empire Ottoman)
     et Von Sanders, les Franco-Britanniques évacuent.
  Cette défaite aura pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande
   la même portée symbolique que Vimy pour le Canada.




                                                               41
42
Au Canada




     Premiers camps d’internement pour
            les “étrangers ennemis”,
suite à l’Acte des mesures de guerre de 1914.


                                                43
Le 9 juin 1915, les premiers ressortissants allemands et “autrichiens”,
c’est-à-dire, souvent, ukrainiens, sont internés dans l’arène de curling de Fernie.




                                                                                      44
45
Entre 1914 et 1920, 8.579 “étrangers ennemis”, y compris des femmes et des enfants, ont été incarcérés.
Selon un certain colonel Otter, officier responsable des camps, seuls 3.138 pouvaient être classés comme prisonniers de
             guerre. Des 5.441 restants, l’immense majorité, environ 5.000, étaient d’origine ukrainienne.




                                                                                                                         46
Un camp d’internement au Québec


                                  47
Le génocide arménien, 1915-1916


Enver Pacha, principal leader du parti
jeune-turc qui a pris la tête de l’Empire
   Ottoman avant-guerre, s’est allié
    à l’Allemagne, qui lui a envoyé
        des conseillers militaires
     pour se préparer à la guerre.



     En 1915, prétextant la présence
   d’Arméniens aux côtés des Russes,
il ordonne la déportation et le massacre
de la population arménienne de Turquie.




                                            48
49
Axes de déportation des populations arméniennes
    et camps de concentration en 1915-1916




                                                  50
Peut-on vraiment parler de “génocide”?
La grande majorité des historiens indépendants (ni turcs ni arméniens) semble
                s’accorder sur 1.2 à 1.5 millions de victimes,
          sur une population estimée à 2.1 millions avant la guerre.




                                                                                51
Aujourd’hui, la Turquie refuse toujours
                               de reconnaître ce génocide.

              Elle conteste le nombre de morts: le chiffre officiel serait d’environ 300 000.
      Elle conteste qu’il y ait eu une volonté politique délibérée, de la part du gouvernement turc,
                            d’éliminer l’ensemble de la population arménienne.
   Elle préfère donc qu’on parle de “massacres”, dont elle affirme en outre que sont en grande partie
                                     responsables Kurdes et Bédouins.

Cela permet de ne pas remettre en question la mémoire de dirigeants dont certains sont toujours révérés
                       comme fondateurs de la République de Turquie en 1923.

                      Cela évite des réparations financières énormes à l’État turc.

 Cela évite une honte nationale bien lourde (les Allemands ont eu terriblement de mal à restaurer leur
 honneur après l’Holocauste—leur admission de culpabilité collective a été un pas déterminant pour
                        regagner le respect de la communauté internationale).

                   La loi turque punit de prison l’affirmation publique du génocide,
                 ce qui pose problème pour entrer dans la Communauté Européenne.




                                                                                                          52
30 mai 1916:
             bataille du Jutland
              Les marines allemande et britannique
   se rencontrent au large du Jutland. Malgré un avantage
   numérique pour les Anglais des amiraux Jellicoe et Beatty,
personne ne gagne: les pertes britanniques sont plus lourdes mais
               la Navy garde le contrôle de la mer.
La marine allemande évitera les confrontations directes au profit
                 de ses sous-marins, les U-boots,
      dont l’activité avait ralenti sous pression américaine,
                       à cause du Lusitania.




                                                                    53
Forces en présence   Angleterre
             Allemagne
                       28 navires de ligne 
   16 navires de ligne
                       9 croiseurs 
 
         5 croiseurs
                       8 cuirassiers 
 
        6 pre-dreadnoughts
                       26 croiseurs légers
     11 croiseurs léger
                       78 destroyers
 
         61 torpilleurs




                                                                     54
Pertes
Angleterre
 Allemagne
6 094 morts 
 
        2 551 morts
510 blessés 
 
          507 blessés
177 prisonniers

        1 navire de ligne
3 croiseurs de bataille 1 pre-dreadnought
3 croiseurs cuirassé     4 croiseurs légers
8 destroyers
 
          5 torpilleurs




                                              55
1er juillet - mi-novembre 1916:            bataille de la Somme




        Le 1er juillet 1916 reste la journée la plus sanglante de l’histoire
              de l’armée britannique, qui perdit 57.470 hommes,
                                 dont 19.240 tués.




                                                                               56
Français (sous Joffre)
                        et Britanniques (sous Haig)
                          ont prévu une offensive,
                     mais les Allemands, qui le savent,
                            attaquent à Verdun,
                    forçant le gros de l’armée française
                               à la défensive.



   Du coup, la bataille de la Somme sera surtout une affaire britannique,
         où les Canadiens confirmeront leur bonne réputation.

Cette bataille marquera notamment l’emploi de chars d’assaut—3e méthode,
     après l’artillerie et les gaz toxiques, tentée en vain pour débloquer
                      l’horrifiante situation des tranchées.




                                                                             57
Pertes
         420 000 Britanniques (dont 24 000 Canadiens),
         204 000 Français

         435 000 Allemands




                                                         58
L’aviation
     va se développer très vite
grâce à cette guerre, et ses missions
         vont se diversifier:

           - observation,

         - bombardement,

   - chasse aux avions ennemis,
     et même aux sous-marins.




                                        59
Loin des carnages anonymes des tranchées,
les as de tous pays vont devenir des héros nationaux, des chevaliers du ciel,
            signant des photos ou des cartes postales à leur effigie,
     recevant des lettres d’admiratrices, des demandes en mariage, etc.
                Certains seront célèbres même chez l’ennemi.

                                                                                60
61
Un tiers des aviateurs de la Première Guerre mondiale, dont 1 600 Canadiens, sont morts au
combat.
25.000 Canadiens ont servi comme pilotes, observateurs et mécanos dans les forces
britanniques.


                                                                                             62
63
21 février-19 décembre 1916:
       Verdun


                               64
Erich Von Falkenhayn                         Philippe Pétain                       Robert Nivelle

            se sont livré à Verdun une guerre d’attrition: il s’agissait d’épuiser les ressources
                       et le moral de l’adversaire en tuant le plus de monde possible.
                        Quand un des côtés n’en pourrait plus, la guerre serait finie.

En l’occurrence les “vainqueurs” (les Français, qui ont tenu leur front à 30.000 contre 150.000 au départ,
              avant l’arrivée des renforts) ont perdu plus d’hommes que leurs adversaires.




                                                                                                             65
Pertes                378.000 Français (120.000 morts)




337.000 Allemands (100.000 morts)

                                                                       66
6 avril 1917:
                 Les Etats-Unis
                entrent en guerre.



   L’opinion publique américaine a été choquée par les
attaques des U-boots sur les navires joignant l’Amérique
 à l’Angleterre—pour l’Allemagne il s’agissait, en livrant
une guerre sous-marine totale, d’affaiblir suffisamment
 la Grande-Bretagne pour la contraindre à la paix avant
        que les Américains ne s’en mêlent... Raté.

   La goutte d’eau fut un message pour l’ambassadeur
allemand à Washington, intercepté par les Britanniques:
     il devait encourager son homologue à Mexico de
 proposer une alliance au gouvernement mexicain, qui
   attaquerait les Etats-Unis au sud pour les empêcher
            d’envoyer leurs troupes en Europe.
              Le Mexique n’était pas intéressé.




                                                             67
Dès 1914,
des Américains s’étaient engagés
    dans les armées française
  (Légion étrangère; escadrille
           LaFayette)
         et britannique.




                                   68
L’escadrille La Fayette

“Parmi les légionnaires américains, plusieurs souhaitaient s'engager dans l'aviation. Après de longues démarches, un groupe
d'Américains réussit à former, en avril 1916, avec l'aide de Français, l'Escadrille 124, “l'Escadrille américainequot; basée à Luxeuil (Haute-
Saône).

Elle fut dès lors affectée sur les différentes zones de combat. Cette période d'intense activité fut ponctuée de moments symboliques
dont : le 6 décembre 1916, l'Escadrille prend le nom officiel d'quot;Escadrille La Fayettequot; ; le 4 juillet 1917 (Independance Day) une
délégation de cette escadrille défile devant les statues de Washington et La Fayette, à Paris ; le 15 août 1917, l'Escadrille est citée à
l'ordre de l'Armée.

Le 1er janvier 1918, l'Escadrille La Fayette sera intégrée dans l'Armée de l'Air américaine.”




                                          (Antonin Guillot, http://www.lib.byu.edu/estu/wwi/comment/Allerey/Allerey02.html)


                                                                                                                                             69
“Au moment où l’escadrille disparaît officiellement, son bilan est le suivant:
* 267 Américains se sont engagés dans l'aviation française
* 255 ont reçu leur brevet de pilote
* 180 servirent au Front
* 66 moururent, dont 51 au combat
* 15 furent faits prisonniers
* 19 furent blessés
* 199 victoires furent officiellement reconnues.”




                                                                                70
Avril 1917:
                                                 Vimy


                                    Français et Britanniques avaient perdu
                                   150.000 hommes en essayant de prendre
                                                  cette crête.

                                 Currie a exigé que la prochaine attaque soit
                                     entièrement confiée à ses Canadiens
                                 (jusqu’alors toujours incorporés aux troupes
                                                   anglaises).
                                               Byng l’a soutenu.

                                     Ils se sont attachés à la préparation:
Julian Byng                      - les hommes devaient connaître le terrain et       Arthur Currie
                                leur rôle, et ont été soumis à un entraînement
                                                     sévère,
            - des savants, les “sound rangers”, avec parmi eux un prix Nobel de Physique, ont utilisé
                         des techniques très modernes pour situer les canons allemands,

- un “barrage rampant” d’artillerie, soigneusement minuté, offrait un soutien beaucoup plus précis et efficace que
   les traditionnels pilonnages (ils ont quand même bombardé les tranchées ennemies pendant une semaine...)




                                                                                                                    71
Sans oublier la logistique...

Bref, Byng et Currie n’ont rien épargné, sauf la vie de leurs troupes: 3.600 tués et 7.000 blessés
         (contre 24.000 pertes allemandes ), pour une telle opération c’est assez peu
           (1/3 de pertes, quand même, puisque 30.000 Canadiens ont combattu).


                                                                                                     72
73
74
Le général Currie est anobli par le roi George V.




                                                    75
La même offensive,
ordonnée par Nivelle, qui voit le triomphe canadien de Vimy,



                                               tourne à la catastrophe pour les
                                           Français au Chemin des Dames,
                                                   du 16 au 21 avril 1917.


                                             Les Allemands ont l’avantage aérien,
                                                leurs lignes sont fortifiées, etc.


                                           Les Poilus doivent avancer dans la boue.
                                            150 à 180 000 hommes sont tués côté
                                                           français.




                                                                                      76
77
Les soldats français n’en peuvent plus. Depuis Vimy on sait que leurs chefs pourraient, s’il leur importait d’épargner la
                                vie de leurs hommes, essayer des tactiques différentes.

                   Mais les généraux français ont dû se durcir devant les souffrances de leurs troupes,
           sinon ils auraient perdu la guerre depuis longtemps. Et ils n’ont de leçons à recevoir de personne.

          Contrairement aux Britanniques, les Français se battent sur leur sol, pour la survie de la nation.
        En haut lieu le prix importe peu, il faut absolument y aller et chasser les “Fridolins” de la mère patrie.

   Bref, des mutineries                 éclatent: les hommes refusent de continuer à crever comme des rats, pour rien,
     pour la gloire de leurs officiers qui, le samedi soir, sirotent du champagne à l’arrière en charmante compagnie.
2/3 des régiments français seront touchés par cette grogne. Les hommes acceptent de tenir leurs positions mais refusent
              les attaques suicidaires que leurs chefs ont pris l’habitude d’ordonner sans trop se demander
                             combien de morts elles feront, ni si les gains vaudront les pertes.

                        Nivelle est remplacé par Pétain, qui fait juger et exécuter les meneurs,
                                 mais devra adopter des tactiques moins sanglantes.


                                               Il prendra aussi des
                                                   mesures pour
                                                     améliorer
                                              la vie des hommes au
                                                       front.




                                                                                                                            78
Les tribunaux militaires prononcent 3427 condamnations dont 554 à mort.
1381 soldats sont envoyés en prison ou aux travaux forcés.
Entre 30 et 70 mutins sont exécutés (chiffres controversés, mais assez faibles
par rapport aux 200 exécutions de 1914 et aux 260 de 1915).


                                                                                 79
Mai 1917:
 Ecœuré par ce qu’il a vu en Europe, le premier ministre
du Canada, Robert Borden, annonce la conscription dans
   l’espoir d’achever le conflit le plus vite possible en y
                engageant 500.000 hommes.

       Le Québec est furieux, il y a des émeutes.

    Bientôt arrive l’élection fédérale: le Québec vote
      massivement pour les Libéraux de Laurier,
               opposés à la conscription.




                                  Mais Borden n’a pris aucun risque: il a accordé pour la
                                      1ère fois le droit de vote aux soldats stationnés à
                                 l’étranger, à leurs femmes, et aux infirmières militaires...
                                             tous désireux de renforcer l’armée.
                                                    La conscription passe,
                                                  enrôlant 125.000 hommes,
                                             dont 25.000 seulement iront au feu.

                                         Le Québec ne votera pas Conservateur
                                               pendant cinquante ans.




                                                                                           80
Il y a longtemps que les Anglaises, les Canadiennes
    et les Américaines réclament le droit de vote.


                                                      81
82
83
84
Grâce à leur contribution à l’effort de guerre,
elles vont enfin pouvoir participer aux élections.




                                                    85
Vote des femmes
            au Canada
   Manitoba, Alberta, Saskatchewan: 1916

     Colombie-Britannique, Ontario: 1917

            Nouvelle-Ecosse: 1918

          Nouveau-Brunswick: 1919

         Ile du Prince Edouard: 1922




                Québec, 1940

   « …les Canadiennes françaises risquent de
 devenir des «femmes publiques», «de véritables
femmes-hommes, des hybrides qui détruiraient la
       femme-mère et la femme-femme.»
               Henri Bourassa



                                                  86
Juillet - novembre 1917:

     Passchendaele
          (3e bataille d’Ypres)


 Première utilisation du gaz moutarde,
               ou ypérite.

Enlisés dans la boue, les Alliés subissent
        des pertes monstrueuses:
448.000 blessés et tués, contre 260.000
          pour les Allemands.




                                             87
Parmi les pertes alliées:

16.000 Canadiens, 36.500 Australiens.

                                        88
La                                                             2 mars 1917:
Révolution                                            Nicolas II abdique après
                                 la Révolution de Février. Kerensky arrive au
  russe                             pouvoir, et décide de poursuivre la guerre.



                                                           Novembre 1917:
              Révolution d’Octobre—les Bolchéviks de Lénine s’emparent du
                   pouvoir, ils fonderont l’Union des Républiques Socialistes
                                                                Soviétiques.



        Mars 1918: le traité de Brest-Litovsk — après l’armistice de décembre
         1917, Trotsky négocie la paix entre Russie et Empires centraux, qui
        peuvent envoyer des troupes à l’ouest pour tenter de gagner la guerre
                                               avant l’arrivée des Américains.


                                     Le 17 juillet 1918, Nicolas II est exécuté
                                     avec toute sa famille par les Bolchéviks.




                                                                                  89
24 octobre - 9 novembre 1917:
                                          Caporetto

                      Allemands (dont Erwin Rommel, bientôt 26 ans, qui capture
                                3 000 Italiens à la tête de sa compagnie)
                         et Austro-Hongrois réussissent à percer le front italien.
                                                                                         Luigi Cardona
                                   L’Italie perd la moitié de son armée:
 Otto Von Below                       40 000 morts et 20 000 blessés,                   Aujourd’hui, les
                                   275 000 prisonniers, 2 500 canons.                 Italiens parlent de
                                                                                     Caporetto comme les
                                                                                         Français de la
                                                                                           Bérézina...




         Les Austro-Allemands avancent
             de 100 km vers Venise,
         mais une nouvelle ligne de front,
               tenue par les Italiens
avec l’aide de troupes françaises et britanniques,
             interrompt leur percée.




                                                                                                            90
6 décembre 1917:
      L’explosion de Halifax
 Le Mont-Blanc, un navire de transport français
      chargé de 2 400 tonnes d’explosifs
   (TNT, acide picrique, ...), entre en collision
       avec le Imo, transport norvégien.
 Un incendie se déclare, les marins paniquent...

Ce fut la plus grande explosion d’origine humaine
                jusqu’à Hiroshima.




                                                    91
Des badauds s’étant assemblés pour regarder
   le navire en perdition, la déflagration tua
         1 000 personnes sur le coup,
fit 7 000 blessés graves dont 1 000 mourraient
               de leurs blessures,
           3 000 blessés plus légers,
                1 500 sans-abris.




                                                De nombreuses blessures laissèrent
                                                des gens handicapés, en particulier
                                                 au niveau des yeux, à cause des
                                                          éclats de verre.



                                                                                      92
93
94
Printemps 1918: Ludendorff lance une offensive pour finir la guerre
                     avant que les troupes américaines ne puissent faire la différence
            (les premiers hommes sont arrivés avec Pershing en mai 17, mais il faut les former
                avant de les envoyer combattre, et il faut qu’ils acquièrent de l’expérience).

               S’ensuit une série de batailles où les Américains feront leur baptême du feu:
                Michael (21-25 mars: 255 000 pertes alliées, 239 000 pour les Allemands),
                          Georgette (4-30 avril: 110 000 pertes de chaque côté),
                        Blücher-Yorck (27 mai-12 juin: 137 000 pertes à 130 000).

Chaque fois, les Alliés, désormais sous le commandement unique de Foch, reculent mais tiennent leur front.

                Les Allemands ont avancé jusqu’à une soixantaine de kilomètres de Paris,
                       mais ils sont épuisés, sans avoir réussi à terminer la guerre.




                                                                                                             95
96
Offensive allemande sur Reims le 15 juillet.

          Le 18 juillet 1918: c’est au tour des   Alliés de mener une contre-offensive
                         avec la   2e bataille de la Marne.
Aidés de 85 000 Américains et de troupes britanniques et italiennes, les Français repoussent les Allemands
                      jusqu’au 6 août, où l’ennemi parvient à stopper leur avance.




                                                                                                      Pertes
                                                                                           95 000 Français
                                                                                           13 000 Britanniques
                                                                                           12 000 Américains


                                                                                           168 000 Allemands
                                                                                                                 97
Pershing a d’abord dû laisser “amalgamer” ses troupes à l’armée française,
 mais après leur bonne conduite dans les contre-offensives alliées de l’été,
                    on leur laissera plus d’autonomie.

  À Cantigny le 28 mai, les Américains remportent leur premier succès
                             indépendant.



 En septembre, avec 500.000 hommes, Pershing bat une
  armée allemande en retraite à Saint-Mihiel au prix de
  5.000 pertes. L’affaire est assez modeste par rapport à
 d’autres batailles, mais elle remonte le moral des Alliés
              et scelle l’autonomie de l’AEF.




                                                                               98
99
26 septembre-11 novembre:
     Offensive Meuse-Argonne

            La dernière grande bataille!
Au nord-ouest de Verdun les troupes américaines sont
      lancées à l’assaut des lignes allemandes.
              Partout le long du front,
         les Alliés poussent leur avantage.

         La victoire est là mais elle coûte cher:
    26 000 tués, 96 000 blessés pour les Américains;
              28 et 92 000 côté allemand.

   Leur inexpérience fait commettre aux Américains
  des erreurs que les Franco-Britanniques ont appris
  à éviter—un bataillon de 550 hommes, par exemple,
avance seul et finit par se perdre, encerclé par l’ennemi:
           seulement 194 soldats s’en sortiront.
Cela dit, la diversion qu’ils ont créée a permis à d’autres
          unités de percer les lignes allemandes.



                                                              100
101
L’évolution
du front de l’ouest




                      102
La fin: la révolution allemande
✦   Janvier, avril 1918: grèves d’ouvriers allemands réclamant la paix

✦   Fin octobre 1918: à Kiel, deux équipages de la marine impériale refusent d’appareiller,
    400 marins sont emprisonnés

✦   Début novembre: 20 000 révoltés arrivent à Kiel, exigeant la libération des marins
    et l’abdication de l’empereur

✦   Grèves et manifestations ouvrières éclatent un peu partout en Allemagne
    (la ligue spartakiste espère une révolution communiste, comme en Russie)

✦   10 novembre: Guillaume II s’enfuit en Hollande

✦   11 novembre 1918: le nouveau pouvoir signe l’armistice




                                                                                              103
New York, 1919




   Parade de la victoire
pour les troupes de Pershing




                               104
Généraux alliés

                                                Douglas Haig
                                             et Ferdinand Foch
                                      sont les principaux vainqueurs
                                               de cette guerre.

                             Mais les pertes abominables qu’ils ont consenties
                                             posent problème:
                                     ces hommes étaient-ils des héros
                                             ou des bouchers?



                      Leur incapacité à limiter certains carnages tenait-elle en partie
                     au peu d’importance qu’ils accordaient à la vie de leurs hommes,
                        ou étaient-ils dans l’impossibilité de procéder autrement?

Le fait qu’Arthur Currie, principal stratège à Vimy, ait la réputation d’avoir cherché à épargner ses troupes
  (en expliquant son rôle à chacun, en faisant des répétitions, etc.) semble indiquer que limiter les pertes
                        n’était pas une préoccupation majeure pour certains généraux.
        De fait, là où d’autres avaient sacrifié 150.00 hommes pour rien, Currie a atteint ses objectifs
                     pour un coût comparativement modique: 3.600 tués et 7.000 blessés.



                                                                                                            105
David Lloyd George        Robert Borden        Vladimir Ilitch Lénine




Woodrow Wilson            Georges Clémenceau           Charles Ier




                     Dirigeants en 1918


                                                                        106
Les 14 points
En janvier 1918, alors que la guerre n'était pas terminée, le président américain Woodrow
Wilson avait adressé au congrès américain un plan qui devait garantir la paix. Ce discours des
14 points (« The world must be made safe for democracy ») réclame notamment la création
d'une « League of Nations ».
Les autres points servent de base au traité de Versailles de 1919.
Wilson recommande :

1
 la fin de la diplomatie secrète,

2
 la liberté de navigation et de commerce,

3 l’égalité des conditions de commerce entre toutes nations,

4
 la réduction des armements,

5
 le règlement des rivalités coloniales,

6
 l'évacuation de la Russie,

7
 l'évacuation de la Belgique,

8
 la restitution de l'Alsace-Lorraine à la France,

9
 la rectification des frontières italiennes,
10
 l'autonomie des peuples d'Autriche-Hongrie,
11
 l'évacuation de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro,
12
 l'autonomie des peuples non turcs de l'empire ottoman,
13
 la refondation d'une Pologne indépendante,
14
 la création d'une association des nations (SDN).


                                                                                                 107
Le Traité de Versailles, 1919




La France veut punir l’Allemagne et l’empêcher de recommencer: on occupe une partie du territoire,
     on fait payer des indemnités astronomiques (suspendues en 1931), on impose des limites
            très strictes à l’armée (en particulier, pas d’aviation ni de marine de guerre).

     Ce “Diktat” inspiré par la haine engendrera assez de haine pour mener Hitler au pouvoir.
                Sa mission: laver cette humiliation et rendre sa fierté à son peuple.

                                                                                                     108
Pays (re)créés par les Alliés après la guerre:
Pologne, Autriche, Hongrie, Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie, URSS.




                                                                                                         109
Coût humain
     Pays                           Mobilisés                                 Tués                             Blessés
   Allemagne                        13 millions                            1,6 millions                        4 millions
Autriche-Hongrie                    7.8 millions                           1.2 millions                       3.6 millions
    Canada                           620 000                                  67 000                            173 000
   Etats-Unis                      4.35 millions                             120 000                            234 000
    France                         8,41 millions                          1,35 millions                       3,5 millions
Grande-Bretagne                      8 millions                              950 000                           2 millions
     Italie                        5.6 millions                              650 000                            950 000
     Russie                         12 millions                            1.7 millions                       4.95 millions

                                    Au total:
 plus de 15 millions de morts (dont 6,6 millions de civils), 22 millions de blessés
                   N.B. Les chiffres varient selon les sources: ce tableau est évidemment très approximatif


                                                                                                                              110
111
112
113
Le mémorial canadien à Vimy


                              114
La grippe “espagnole”
                          de 1918-1919

   Cette épidémie doit son nom au fait que les Français voulaient la tenir secrète:
           l’armée était affaiblie, on ne voulait pas le dire aux Allemands...
  Les journaux publiaient donc des informations sur ce qui se passait “en Espagne”,
        car il fallait quand même informer les gens des précautions à prendre.

 Les estimations des victimes varient de 20 à 100 millions de morts, mais on s’accorde
généralement sur 30 millions en 18 mois: c’est la pandémie la plus mortelle de l’histoire
                        avec la Peste noire de 1350 (34 millions?).
       Partie de Chine et passant par les Etats-Unis, elle a touché le monde entier
(d’où les estimations très variées), et conduit à la création de l’ancêtre de l’Organisation
                            Mondiale de la Santé par la SDN.



                                  Curieusement, ce sont les jeunes adultes
                                         qui en ont le plus souffert.
                    Les conditions de vie des soldats (hygiène, malnutrition, gaz, etc.)
                      et le stress des combats peuvent expliquer que, leur système
                  immunitaire étant affaibli, beaucoup de jeunes gens n’aient pas survécu.

                     On estime que cette maladie a fait plus de victimes que la guerre.



                                                                                           115
Nombre de morts par pays:

Etats-Unis             500 à 675 000
Grande-Bretagne        200 000
France                 400 000
Canada                  50 000
Australie               10 000
Inde                17 millions?




                                       116
Avancées technologiques
              L’industrie d’armement est toujours
              le premier bénéficiaire de la guerre:
           les chars d’assaut, les avions, les gaz, etc.
              ont été développés lors de ce conflit.
La médecine, elle aussi, progresse plus vite en temps de guerre.
Un certain nombre de soldats dont les blessures auraient été
mortelles auparavant ont pu survivre, notamment parmi ceux
               qui avaient été blessés à la tête.
            On les appelait les “gueules cassées”.




                                                               117
Ces hommes sont un autre facteur qui
    explique le pacifisme virulent
          des années folles:
       chacun sait, désormais,
 ce que coûte une guerre moderne.




                                       118
Quelques célébrités




                      119
Edith Cavell
                  1865-1915


 Infirmière britannique travaillant en Belgique
   occupée par les Allemands, elle a aidé des
centaines de soldats alliés à passer aux Pays-Bas,
  pays neutre d’où ils pouvaient regagner leurs
          lignes et reprendre le combat.

   En août 1915, les Allemands l’ont arrêtée,
bien qu’elle ait aussi sauvé des vies allemandes.
             Elle a reconnu les faits
           et a été condamnée à mort.

           Elle a été fusillée en octobre,
 malgré l’intervention d’un diplomate américain
         (donc neutre à ce moment-là).

                 <><><><><><>

  La propagande alliée a utilisé cette martyre
pour galvaniser l’effort de guerre—notez comme
       l’affiche l’a quelque peu rajeunie...

Incidemment, la chanteuse française Edith Piaf,
  née en décembre 1915, lui doit son prénom.



                                                     120
Mata Hari
        (Margaretha Geertruida Zelle)
                 1876-1917
D’origine néerlandaise, cette célébrité sulfureuse
  du Paris d’avant-guerre (danseuse exotique,
       elle était généreusement entretenue
  par ses riches amants) a été recrutée par un
officier du contre-espionnage français en 1916:
ses aventures avec des notables de tous pays lui
     permettraient, espérait-on, de recueillir
       des renseignements pour la France.

Ses voyages entre France, Espagne, Angleterre et
           Pays-Bas la rendent suspecte.
Après l’interception d’un message radio allemand
     mentionnant un espion que les Français
  identifient comme Mata Hari, elle est arrêtée
      en février 1917, accusée d’avoir fourni à
    l’Allemagne des informations ayant causé
            la mort de milliers de poilus.
             Lesquelles? On ne sait pas.
        Les Français la fusillent en octobre,
 ce qui permet en outre de détourner l’attention
               des horreurs du front.

Très vite les rumeurs circulent sur son éventuelle
         innocence—aujourd’hui encore,
    on ignore complètement ce qu’elle a fait
          pour ou contre tel ou tel pays.

                                                     121
Manfred Von Richthofen
                    1892-1918



 Le Baron rouge est le pilote légendaire de cette guerre,
      l’As des as, avec 80 victoires homologuées.

Blessé à la tête en juillet 1917, il a refusé d’arrêter de voler
                    bien qu’il fût diminué
               et eût de violents maux de tête.

Sa mort n’est pas claire: des soldats australiens ou le pilote
    canadien Roy Brown l’ont abattu en avril 1918.




                                                                   122
Ernst Udet
                       1896-1941




          Le 2e as allemand de la guerre
   (62 victoires) y a survécu, mais il a eu de la
        chance, comme le montre ce récit:

«Au cours du combat, nous sommes passés parfois si
près l'un de l'autre que j'ai pu observer en détail le
visage de mon adversaire - ou du moins ce que je
pouvais en voir sous son casque. Sur le flanc de
l'appareil, il y avait une cigogne et deux mots peints en
blanc. A la cinquième passe il me frôla de si près que je
sentis le souffle de son hélice - Je réussis à lire les
lettres du mot V-I-E-U-X. Et tout le monde savait à
l'époque que le quot;Vieux Charlesquot; était l'avion de
Guynemer.
J'aurais dû m'en douter. Il n'y avait pas deux pilotes
alliés à manier un appareil avec une telle maîtrise.
Comme la plupart des bêtes de proie, cet homme
aimait chasser tout seul. Ce fut Guynemer qui mit au
point la tactique d'attaque du soleil dans le dos. C'est
comme cela qu'il avait descendu mon copain Puz. Il
était à l'époque crédité de 30 victoires déjà et je sentis
que ce serait le combat de ma vie. (...)




                                                         123
Je sortis le grand jeu, tout ce que je savais faire, virages boucles, tonneaux, glissades... Il
collait au moindre de mes mouvements avec des réflexes incroyablement rapides et précis.
Petit à petit, je réalisais que je n'étais pas de sa force. Non seulement son avion était
supérieur, mais le pilote était un duelliste hors de pair. Seulement je n'avais pas le choix: me
battre ou rompre le combat? Tourner le dos serait signer mon arrêt de mort.

J'engageais un virage très serré, et l'espace d'un instant, je l'eus enfin dans mon collimateur.
Je pressais la détente... Rien! Ma mitrailleuse était enrayée. Tenant le manche de la main
gauche, je secouai énergiquement la mitrailleuse de ma main droite. Rien à faire.
J'eus une seconde la tentation de lui échapper en piquant à mort, mais avec un tel adversaire
la manœuvre aurait été sans espoir. En quatre secondes dans ma queue, il m'aurait descendu
sans la moindre difficulté.
Alors le combat tournoyant se poursuivit. Pour moi, c'était la plus extraordinaire leçon de
pilotage - abstraction faite des risques, bien sûr - j'avoue avoir totalement oublié pendant un
moment que mon partenaire s'appelait Guynemer, et que c'était mon ennemi. Il m'a semblé
que j'étais à l'entraînement, au dessus d'un terrain, avec un vieil ami... Mais cette impression
ne dura guère. Nous étions en combat tournoyant depuis 8 minutes déjà, les 8 minutes les plus
longues de ma carrière de pilote. Brusquement, Guynemer partit en retournement, en vol sur
le dos il me passa sur la tête. Du coup, je lâchai le manche pour cogner de mes deux points sur
ma foutue mitrailleuse! La méthode était primitive, mais quelquefois ça marchait!




                                                                                                   124
Guynemer m'avait regardé faire et savait désormais que j'étais sa victime sans
défense. Il fit une nouvelle passe juste sur ma tête, il était pratiquement en vol
inversé, et là, à ma stupéfaction, il me fit signe de la main, en un geste amical, et mit
cap à l'ouest.»



                                                                                            125
Georges Guynemer
               1894-1917


 De santé fragile (tuberculose), Guynemer a
quand même survécu à sept crashs au cours de
              ses 600 missions.

                On lui attribue
           53 victoires homologuées
   (et 30 “probables”—il aimait voler seul).

Le plus populaire des pilotes français a disparu
   en mission, à 22 ans. Ni lui ni son “Vieux
         Charles” n’ont été retrouvés.




                                               126
Billy Bishop
                                   1894-1956

      L’As des as de l’Empire britannique est canadien.
            Il est né à Owen Sound, en Ontario.

       Bishop a remporté 72 victoires entre mars 1917
        et la fin de la guerre, dont 25 en douze jours.
(Comme pour la plupart des pilotes, le nombre exact de ses victoires est controversé.)




                                                                                         127
Francis Pegahmagabow
                      1891-1952



         Originaire de la bande de Parry Island,
                       en Ontario.


   Ayant participé aux batailles d’Ypres, de la Somme
                    (blessé à la jambe),
du Mont Sorrel, de Passchendaele, de la Scarpe, d’Amiens,
       il a tué 378 allemands et en a capturé 300.


     Après la guerre il représentera la nation Ojibwé
         et sera un éminent leader autochtone.



                                                            128
Caporal Joseph Kaeble
                            1892-1918
Affecté au 22e bataillon (les “Van Doos”), il a participé à l’offensive de Vimy,
où il a été blessé.

Le 8 juin 1918, pendant une attaque allemande, les hommes de sa section
étant tous blessés, il est sorti de la tranchée pour faire face à une cinquantaine
de soldats ennemis. Touché à plusieurs reprises, Kaeble ne cesse de tirer, vide
plusieurs magasins de sa mitrailleuse Lewis, et réussit à stopper l'offensive.
Mortellement blessé, il retombe dans la tranchée. Il tire ses dernières
cartouches allongé sur le dos aux Allemands qui reculent, tout en
encourageant ses hommes à tenir bon.

Il est mort le lendemain. Il sera le premier Canadien francophone à recevoir
la croix de Victoria, la plus haute distinction britannique.




                                                                                     129
Lt. Col. Arnold Kemball
                            Le 1er mars 1917, il devait mener son bataillon, le 54e
                          Kootenay (il habitait Kelso), dans un raid de préparation à
                                                la bataille de Vimy.
                             Les ordres qu’il avait reçus pour ses hommes étaient
                          irréalisables. Il s’agissait de donner suite à une attaque au
                             gaz dont tout le monde parlait depuis des semaines,
                           et ce par mauvais temps—non seulement les Allemands
                                              étaient en pleine forme
                           puisque le vent emportait le gaz loin de leurs tranchées,
                                   mais en plus ils étaient avertis de l’assaut.

                               Kemball protesta auprès de son commandement
                               pour faire annuler l’ordre. On refusa sa requête.

                          Il prit alors la tête de ses hommes malgré l’ordre de rester
                                      personnellement en arrière, et fut tué.
                                      Sachant que l’affaire était sans espoir,
                                  il refusait d’envoyer ses hommes au carnage
                                              sans partager leur sort.

                                    Les Allemands proposèrent une trêve
                                   pour rendre son corps à ses camarades,
                               ce qui fut fait dans le plus grand respect mutuel.



                                                                                          130
Bibliographie
✦   http://canadawiki.org


✦   http://www.firstworldwar.com/


✦   http://www.flyandrive.com/histoire2.htm


    http://www.histoirealacarte.com
                                                                             Musique
✦




✦   http://history.cbc.ca/history/                                 Albinoni, Tomaso. Adagio pour cordes et orgue.



✦   http://www.infoukes.com


✦   http://www.warmuseum.ca/cwm/vimy/index_f.html


✦   http://wikipedia.org


✦   Berton, Pierre. Vimy. Toronto: McClelland and Stewart, 1986.


✦   Newman, Garfield, et al. Regard sur le Canada, 2e édition.
    Chenelière/McGraw-Hill. Montréal, 2001.




                                                                                                                    131
Et après?


                       Vous ne pourrez pas comprendre la 2e guerre mondiale
                                 sans réfléchir au bilan de la 1ère.

          Si l’Allemagne hitlérienne a soif de victoires et balaie tout le monde sur son passage,
        c’est que les Allemands ont été humiliés à Versailles, désignés responsables de la guerre,
                      forcés de payer des indemnités qui ont ruiné le pays, occupés,
                    alors que, comme les autres, ils s’étaient sacrifiés pour leur patrie
et leur empereur, le vrai responsable, qui voulait jouer à Jules César avec ses cousins russe et anglais.
                                    Ils parlent de “défaite imposée”.

                    Si l’Italie mussolinienne tombe dans les excès du nationalisme
                                    et s’unit à Hitler pour la revanche,
                               c’est qu’elle estime ne pas avoir reçu sa part
                           quand les Alliés se sont partagé le monde en 1919
                    (la côte adriatique et Fiume ont été données à la Yougoslavie).
                          Les Italiens, eux, souffrent d’une “victoire mutilée”.


                                                                                                            132
«La guerre est le massacre de gens
    qui ne se connaissent pas
        au profit de gens
     qui eux se connaissent
   mais ne se massacrent pas.»


           Paul Valéry
              1870-1945




                                     133
«If we don't end war, war will end us.»

             H. G. Wells
                1866-1946




                                          134
Images de
la Grande Guerre




                   135
Fin

F. Subra, septembre 2006 - avril 2008


                                        136

Más contenido relacionado

La actualidad más candente

World War I and the Russian Revolution
World War I and the Russian RevolutionWorld War I and the Russian Revolution
World War I and the Russian Revolutionvtucker
 
Sec 3N Hist (Elec) Chapter 4.1: Outbreak of War in Europe (Weakness of the LON)
Sec 3N Hist (Elec) Chapter 4.1: Outbreak of War in Europe (Weakness of the LON)Sec 3N Hist (Elec) Chapter 4.1: Outbreak of War in Europe (Weakness of the LON)
Sec 3N Hist (Elec) Chapter 4.1: Outbreak of War in Europe (Weakness of the LON)Weng Lun Ho
 
CAMBRIDGE AS HISTORY REVISION 2015 - AGE OF IMPERIALISM: QUESTIONS AND ANSWER...
CAMBRIDGE AS HISTORY REVISION 2015 - AGE OF IMPERIALISM: QUESTIONS AND ANSWER...CAMBRIDGE AS HISTORY REVISION 2015 - AGE OF IMPERIALISM: QUESTIONS AND ANSWER...
CAMBRIDGE AS HISTORY REVISION 2015 - AGE OF IMPERIALISM: QUESTIONS AND ANSWER...George Dumitrache
 
5 hitler's youth
5 hitler's youth5 hitler's youth
5 hitler's youthrgreif
 
Resumen Primera Guerra Mundial
Resumen Primera Guerra MundialResumen Primera Guerra Mundial
Resumen Primera Guerra Mundialinmagil67
 
CAMBRIDGE IGCSE HISTORY: THE PEACE SETTLEMENT
CAMBRIDGE IGCSE HISTORY: THE PEACE SETTLEMENTCAMBRIDGE IGCSE HISTORY: THE PEACE SETTLEMENT
CAMBRIDGE IGCSE HISTORY: THE PEACE SETTLEMENTGeorge Dumitrache
 
Ppt Chine 2014
Ppt Chine 2014Ppt Chine 2014
Ppt Chine 2014jmdbt
 
Weimar Germany - were Germans reactions to the treaty justified?
Weimar Germany - were Germans reactions to the treaty justified?Weimar Germany - were Germans reactions to the treaty justified?
Weimar Germany - were Germans reactions to the treaty justified?mrmarr
 

La actualidad más candente (12)

Causes of the civil war
Causes of the civil warCauses of the civil war
Causes of the civil war
 
Imperialismo
ImperialismoImperialismo
Imperialismo
 
World War I and the Russian Revolution
World War I and the Russian RevolutionWorld War I and the Russian Revolution
World War I and the Russian Revolution
 
La Primera Guerra Mundial
La Primera Guerra MundialLa Primera Guerra Mundial
La Primera Guerra Mundial
 
Sec 3N Hist (Elec) Chapter 4.1: Outbreak of War in Europe (Weakness of the LON)
Sec 3N Hist (Elec) Chapter 4.1: Outbreak of War in Europe (Weakness of the LON)Sec 3N Hist (Elec) Chapter 4.1: Outbreak of War in Europe (Weakness of the LON)
Sec 3N Hist (Elec) Chapter 4.1: Outbreak of War in Europe (Weakness of the LON)
 
CAMBRIDGE AS HISTORY REVISION 2015 - AGE OF IMPERIALISM: QUESTIONS AND ANSWER...
CAMBRIDGE AS HISTORY REVISION 2015 - AGE OF IMPERIALISM: QUESTIONS AND ANSWER...CAMBRIDGE AS HISTORY REVISION 2015 - AGE OF IMPERIALISM: QUESTIONS AND ANSWER...
CAMBRIDGE AS HISTORY REVISION 2015 - AGE OF IMPERIALISM: QUESTIONS AND ANSWER...
 
Surgimiento del fascismo
Surgimiento del fascismoSurgimiento del fascismo
Surgimiento del fascismo
 
5 hitler's youth
5 hitler's youth5 hitler's youth
5 hitler's youth
 
Resumen Primera Guerra Mundial
Resumen Primera Guerra MundialResumen Primera Guerra Mundial
Resumen Primera Guerra Mundial
 
CAMBRIDGE IGCSE HISTORY: THE PEACE SETTLEMENT
CAMBRIDGE IGCSE HISTORY: THE PEACE SETTLEMENTCAMBRIDGE IGCSE HISTORY: THE PEACE SETTLEMENT
CAMBRIDGE IGCSE HISTORY: THE PEACE SETTLEMENT
 
Ppt Chine 2014
Ppt Chine 2014Ppt Chine 2014
Ppt Chine 2014
 
Weimar Germany - were Germans reactions to the treaty justified?
Weimar Germany - were Germans reactions to the treaty justified?Weimar Germany - were Germans reactions to the treaty justified?
Weimar Germany - were Germans reactions to the treaty justified?
 

Destacado

Odyssée de la culture - Canada 2017
Odyssée de la culture - Canada 2017Odyssée de la culture - Canada 2017
Odyssée de la culture - Canada 2017Lucie STANISZEWSKI
 
La première guerre mondiale en images
La première guerre mondiale en imagesLa première guerre mondiale en images
La première guerre mondiale en imagesBalcon60
 
La Premiere Guerre mondiale
La Premiere Guerre mondialeLa Premiere Guerre mondiale
La Premiere Guerre mondialeorigene
 
St cirq-lapopie
St cirq-lapopieSt cirq-lapopie
St cirq-lapopiechevrette
 
24 lieux extraordinaires
24 lieux extraordinaires24 lieux extraordinaires
24 lieux extraordinairesSoproLeve
 
Tahaa – îles sous-le-vent
Tahaa – îles sous-le-ventTahaa – îles sous-le-vent
Tahaa – îles sous-le-ventCarabasse98707
 
A quoi ressemblait_paris_au_moyen-age
A quoi ressemblait_paris_au_moyen-ageA quoi ressemblait_paris_au_moyen-age
A quoi ressemblait_paris_au_moyen-ageArnaldo Attallah
 
Julien dupre
Julien dupreJulien dupre
Julien duprehv 920
 
Vie entre 1935 et 1960
Vie entre 1935 et 1960Vie entre 1935 et 1960
Vie entre 1935 et 1960denis
 
L'allegorie de la caverne de Platon
L'allegorie de la caverne de PlatonL'allegorie de la caverne de Platon
L'allegorie de la caverne de PlatonAntoine Rochefort
 
The Years of "Dolce Vita"
The Years of "Dolce Vita"The Years of "Dolce Vita"
The Years of "Dolce Vita"guimera
 
Orsay múzeum, la musee d'orsay, paris 7 e (hu)
Orsay múzeum, la musee d'orsay, paris 7 e (hu)Orsay múzeum, la musee d'orsay, paris 7 e (hu)
Orsay múzeum, la musee d'orsay, paris 7 e (hu)István Bencsik
 

Destacado (20)

Odyssée de la culture - Canada 2017
Odyssée de la culture - Canada 2017Odyssée de la culture - Canada 2017
Odyssée de la culture - Canada 2017
 
Salut les copains
Salut les copainsSalut les copains
Salut les copains
 
La première guerre mondiale en images
La première guerre mondiale en imagesLa première guerre mondiale en images
La première guerre mondiale en images
 
La Premiere Guerre mondiale
La Premiere Guerre mondialeLa Premiere Guerre mondiale
La Premiere Guerre mondiale
 
Le Temps
Le TempsLe Temps
Le Temps
 
St cirq-lapopie
St cirq-lapopieSt cirq-lapopie
St cirq-lapopie
 
Les cathares
Les catharesLes cathares
Les cathares
 
24 lieux extraordinaires
24 lieux extraordinaires24 lieux extraordinaires
24 lieux extraordinaires
 
Tahaa – îles sous-le-vent
Tahaa – îles sous-le-ventTahaa – îles sous-le-vent
Tahaa – îles sous-le-vent
 
Renoir
RenoirRenoir
Renoir
 
Bretagne france
Bretagne   franceBretagne   france
Bretagne france
 
A quoi ressemblait_paris_au_moyen-age
A quoi ressemblait_paris_au_moyen-ageA quoi ressemblait_paris_au_moyen-age
A quoi ressemblait_paris_au_moyen-age
 
Julien dupre
Julien dupreJulien dupre
Julien dupre
 
Machu Picchu
Machu PicchuMachu Picchu
Machu Picchu
 
Lalibela2
Lalibela2Lalibela2
Lalibela2
 
Vie entre 1935 et 1960
Vie entre 1935 et 1960Vie entre 1935 et 1960
Vie entre 1935 et 1960
 
L'allegorie de la caverne de Platon
L'allegorie de la caverne de PlatonL'allegorie de la caverne de Platon
L'allegorie de la caverne de Platon
 
The Years of "Dolce Vita"
The Years of "Dolce Vita"The Years of "Dolce Vita"
The Years of "Dolce Vita"
 
Orsay múzeum, la musee d'orsay, paris 7 e (hu)
Orsay múzeum, la musee d'orsay, paris 7 e (hu)Orsay múzeum, la musee d'orsay, paris 7 e (hu)
Orsay múzeum, la musee d'orsay, paris 7 e (hu)
 
El fotografo era_pintor
El fotografo era_pintorEl fotografo era_pintor
El fotografo era_pintor
 

Similar a 1ere guerre mondiale

La première guerre mondiale 2007 (Patry)
La première guerre mondiale 2007 (Patry)La première guerre mondiale 2007 (Patry)
La première guerre mondiale 2007 (Patry)Marc-André Patry
 
L’Europe en 1914
L’Europe en 1914L’Europe en 1914
L’Europe en 1914Xavier Monty
 
La PremièRe Guerre Mondiale2008
La PremièRe Guerre Mondiale2008La PremièRe Guerre Mondiale2008
La PremièRe Guerre Mondiale2008origene
 
La PremièRe Guerre Mondiale2007
La PremièRe Guerre Mondiale2007La PremièRe Guerre Mondiale2007
La PremièRe Guerre Mondiale2007origene
 
Cahier mémoire C. Morand Fehr
Cahier mémoire C. Morand FehrCahier mémoire C. Morand Fehr
Cahier mémoire C. Morand FehrAurélie Stauder
 
Verdun a prendre daumerie 38
Verdun a prendre daumerie 38Verdun a prendre daumerie 38
Verdun a prendre daumerie 38Aurélie Stauder
 
Verdun a prendre d daumerie 38
Verdun a prendre d daumerie 38Verdun a prendre d daumerie 38
Verdun a prendre d daumerie 38Aurélie Stauder
 
L’affirmation des nationalismes
L’affirmation des nationalismesL’affirmation des nationalismes
L’affirmation des nationalismesXavier Monty
 
la première guerre mondiale.pdf
la première guerre mondiale.pdfla première guerre mondiale.pdf
la première guerre mondiale.pdflucaslefeuvre1
 
La fin de la première GM
La fin de la première GMLa fin de la première GM
La fin de la première GMCM_Noyers08
 
La PremièRe Guerre Mondiale2008
La PremièRe Guerre Mondiale2008La PremièRe Guerre Mondiale2008
La PremièRe Guerre Mondiale2008origene
 
Ii.4, l'impérialisme, la première guerre mondiale et la rev. russe.
Ii.4, l'impérialisme, la première guerre mondiale et la rev. russe.Ii.4, l'impérialisme, la première guerre mondiale et la rev. russe.
Ii.4, l'impérialisme, la première guerre mondiale et la rev. russe.Csar457529
 

Similar a 1ere guerre mondiale (20)

La première guerre mondiale 2007 (Patry)
La première guerre mondiale 2007 (Patry)La première guerre mondiale 2007 (Patry)
La première guerre mondiale 2007 (Patry)
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12g. La guerre franco-alleman...
 
L’Europe en 1914
L’Europe en 1914L’Europe en 1914
L’Europe en 1914
 
La PremièRe Guerre Mondiale2008
La PremièRe Guerre Mondiale2008La PremièRe Guerre Mondiale2008
La PremièRe Guerre Mondiale2008
 
La PremièRe Guerre Mondiale2007
La PremièRe Guerre Mondiale2007La PremièRe Guerre Mondiale2007
La PremièRe Guerre Mondiale2007
 
Cahier mémoire C. Morand Fehr
Cahier mémoire C. Morand FehrCahier mémoire C. Morand Fehr
Cahier mémoire C. Morand Fehr
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12b. Mémoire des guerres : la...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12b. Mémoire des guerres : la...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12b. Mémoire des guerres : la...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12b. Mémoire des guerres : la...
 
Verdun a prendre daumerie 38
Verdun a prendre daumerie 38Verdun a prendre daumerie 38
Verdun a prendre daumerie 38
 
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12f. Mémoire des guerres : le...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12f. Mémoire des guerres : le...Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12f. Mémoire des guerres : le...
Mémoire et reconnaissance de crimes du passé. — 12f. Mémoire des guerres : le...
 
Verdun a prendre d daumerie 38
Verdun a prendre d daumerie 38Verdun a prendre d daumerie 38
Verdun a prendre d daumerie 38
 
L’affirmation des nationalismes
L’affirmation des nationalismesL’affirmation des nationalismes
L’affirmation des nationalismes
 
la première guerre mondiale.pdf
la première guerre mondiale.pdfla première guerre mondiale.pdf
la première guerre mondiale.pdf
 
Les grandes guerres
Les grandes guerresLes grandes guerres
Les grandes guerres
 
La fin de la première GM
La fin de la première GMLa fin de la première GM
La fin de la première GM
 
Grande Guerre (1)
Grande Guerre (1)Grande Guerre (1)
Grande Guerre (1)
 
Justice, pardon et réconciliation. — 04. La réconciliation franco-allemande
Justice, pardon et réconciliation. — 04. La réconciliation franco-allemandeJustice, pardon et réconciliation. — 04. La réconciliation franco-allemande
Justice, pardon et réconciliation. — 04. La réconciliation franco-allemande
 
La PremièRe Guerre Mondiale2008
La PremièRe Guerre Mondiale2008La PremièRe Guerre Mondiale2008
La PremièRe Guerre Mondiale2008
 
Ii.4, l'impérialisme, la première guerre mondiale et la rev. russe.
Ii.4, l'impérialisme, la première guerre mondiale et la rev. russe.Ii.4, l'impérialisme, la première guerre mondiale et la rev. russe.
Ii.4, l'impérialisme, la première guerre mondiale et la rev. russe.
 
1° gm diapo web
1° gm diapo web1° gm diapo web
1° gm diapo web
 
1939-1940
1939-19401939-1940
1939-1940
 

Más de fsubra

Je suis Charlie
Je suis CharlieJe suis Charlie
Je suis Charliefsubra
 
Why Teachers Strike
Why Teachers StrikeWhy Teachers Strike
Why Teachers Strikefsubra
 
The American Civil War
The American Civil WarThe American Civil War
The American Civil Warfsubra
 
Temps du Passé
Temps du PasséTemps du Passé
Temps du Passéfsubra
 
Temps Du Passé-English version
Temps Du Passé-English versionTemps Du Passé-English version
Temps Du Passé-English versionfsubra
 
Blue Angels Tribute
Blue Angels TributeBlue Angels Tribute
Blue Angels Tributefsubra
 
Guerre De Secession
Guerre De SecessionGuerre De Secession
Guerre De Secessionfsubra
 
Ecouter Sa Maman
Ecouter Sa MamanEcouter Sa Maman
Ecouter Sa Mamanfsubra
 

Más de fsubra (8)

Je suis Charlie
Je suis CharlieJe suis Charlie
Je suis Charlie
 
Why Teachers Strike
Why Teachers StrikeWhy Teachers Strike
Why Teachers Strike
 
The American Civil War
The American Civil WarThe American Civil War
The American Civil War
 
Temps du Passé
Temps du PasséTemps du Passé
Temps du Passé
 
Temps Du Passé-English version
Temps Du Passé-English versionTemps Du Passé-English version
Temps Du Passé-English version
 
Blue Angels Tribute
Blue Angels TributeBlue Angels Tribute
Blue Angels Tribute
 
Guerre De Secession
Guerre De SecessionGuerre De Secession
Guerre De Secession
 
Ecouter Sa Maman
Ecouter Sa MamanEcouter Sa Maman
Ecouter Sa Maman
 

Último

SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSKennel
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSKennel
 
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .Txaruka
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSKennel
 
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Alain Marois
 
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsPrincipe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsRajiAbdelghani
 
Bernard Réquichot.pptx Peintre français
Bernard Réquichot.pptx   Peintre françaisBernard Réquichot.pptx   Peintre français
Bernard Réquichot.pptx Peintre françaisTxaruka
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSKennel
 
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETCours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETMedBechir
 
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdfBibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdfBibdoc 37
 
Evaluation du systeme d'Education. Marocpptx
Evaluation du systeme d'Education. MarocpptxEvaluation du systeme d'Education. Marocpptx
Evaluation du systeme d'Education. MarocpptxAsmaa105193
 
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSETCours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSETMedBechir
 
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdfBibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdfBibdoc 37
 
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptx
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptxSaint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptx
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptxMartin M Flynn
 
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...Faga1939
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSKennel
 
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeLe Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeXL Groupe
 
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptxPrésentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptxrababouerdighi
 
le present des verbes reguliers -er.pptx
le present des verbes reguliers -er.pptxle present des verbes reguliers -er.pptx
le present des verbes reguliers -er.pptxmmatar2
 

Último (20)

SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_IA.pdf
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Bilan.pdf
 
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .Annie   Ernaux  Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
Annie Ernaux Extérieurs. pptx. Exposition basée sur un livre .
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Conférence_SK.pdf
 
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
Zotero avancé - support de formation doctorants SHS 2024
 
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA .
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA                 .DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA                 .
DO PALÁCIO À ASSEMBLEIA .
 
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 tempsPrincipe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
Principe de fonctionnement d'un moteur 4 temps
 
Bernard Réquichot.pptx Peintre français
Bernard Réquichot.pptx   Peintre françaisBernard Réquichot.pptx   Peintre français
Bernard Réquichot.pptx Peintre français
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_EtudiantActeur.pdf
 
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSETCours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
Cours SE Gestion des périphériques - IG IPSET
 
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdfBibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
Bibdoc 2024 - Ecologie du livre et creation de badge.pdf
 
Evaluation du systeme d'Education. Marocpptx
Evaluation du systeme d'Education. MarocpptxEvaluation du systeme d'Education. Marocpptx
Evaluation du systeme d'Education. Marocpptx
 
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSETCours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
Cours SE Le système Linux : La ligne de commande bash - IG IPSET
 
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdfBibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
Bibdoc 2024 - Les maillons de la chaine du livre face aux enjeux écologiques.pdf
 
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptx
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptxSaint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptx
Saint Georges, martyr, et la lègend du dragon.pptx
 
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
LA MONTÉE DE L'ÉDUCATION DANS LE MONDE DE LA PRÉHISTOIRE À L'ÈRE CONTEMPORAIN...
 
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdfSciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
SciencesPo_Aix_InnovationPédagogique_Atelier_FormationRecherche.pdf
 
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directeLe Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
Le Lean sur une ligne de production : Formation et mise en application directe
 
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptxPrésentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
Présentation_ Didactique 1_SVT (S4) complet.pptx
 
le present des verbes reguliers -er.pptx
le present des verbes reguliers -er.pptxle present des verbes reguliers -er.pptx
le present des verbes reguliers -er.pptx
 

1ere guerre mondiale

  • 2. 1870-1871 — guerre franco-prussienne Bismarck Guillaume Ier Napoléon III 2
  • 3. L’Allemagne unifiée derrière la Prusse forme le IIe Reich juste après avoir pris l’Alsace-Lorraine à la France. Napoléon III, prisonnier, s’exile en Angleterre pendant que la IIIe République hérite d’une France humiliée, qui voudra sa revanche. 3
  • 4. 1879: Double-Alliance entre l’Autriche et l’Allemagne 1882: Triple-Alliance: l’Italie se joint aux précédentes car elle convoite la Tunisie dont s’est emparée la France 1890: Guillaume II renvoie Bismarck, qui s’oppose à l’expansion coloniale pour éviter un conflit avec la Grande-Bretagne 1894: Alliance franco-russe 1904: Entente cordiale entre Londres et Paris 1907: Entente entre Londres et Moscou — Triple-Entente 4
  • 5. 5
  • 6. De quelle alliance ce dessin exprime-t-il le point de vue? 6
  • 7. 7
  • 8. On récapitule: pourquoi cette guerre? - Rivalité des empires coloniaux: Guillaume II en a assez que l’Angleterre ait le plus grand empire, alors il veut des colonies (qu’il va falloir prendre à d’autres). Première étape: développer la marine de guerre. Bismarck n’était pas d’accord, il a été mis à la retraite. - Militarisme: puisque Guillaume II achète des canons, l’Angleterre, la France, tout le monde doit suivre et dépense des fortunes pour être au niveau. Cela prépare les esprits à l’imminence et à l’inévitabilité d’un conflit: si on a dépensé autant il faut bien que l’investissement rapporte—pour ça il va falloir battre quelqu’un. - Esprit revanchard: humiliée en 1871, la France veut récupérer l’Alsace-Lorraine et sa fierté nationale (depuis quarante ans on a exhumé ou imaginé des super-héros bien de chez nous: Vercingétorix, Roland, Jeanne d’Arc, du Guesclin, Cyrano, Arsène Lupin—notons que les héros français, malgré leur panache, ont une fâcheuse tendance à mourir vaincus). - Montée des nationalismes: l’Europe centrale et les Balkans sont pleins de petites nations soumises à de grands empires—ces nations veulent leur indépendance et cherchent l’amitié des rivaux de leurs oppresseurs (la Serbie, par exemple, a l’appui de la Russie et de la France). - Jeu des alliances: si deux pays se battent, leurs alliés auront du mal à ne pas y aller aussi. Voilà pourquoi cette guerre sera mondiale. (L’Italie sera le seul pays à se donner le temps de réfléchir, pour finalement s’engager du côté opposé à son alliance d’avant-guerre!) 8
  • 9. George V Raymond Poincaré Nicolas II Victor Emmanuel III Guillaume II François Joseph Ier Chefs d’États en 1914 9
  • 10. 28 juin 1914: L’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône autrichien, est assassiné avec sa femme à Sarajevo par Gavrilo Princip, nationaliste serbe. 23 juillet: L’Autriche-Hongrie présente un ultimatum humiliant à la Serbie. La Serbie accepte presque toutes les conditions. 10
  • 11. 28 juillet - 4 août 1914: 1. L’Autriche déclare la guerre à la Serbie. 2. Le jeu des alliances entraîne la Russie à mobiliser. 3. L’Allemagne déclare la guerre à la Russie, 4. occupe le Luxembourg, 5. déclare la guerre à la France, 6. envahit la Belgique, qui est neutre. 7. L’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne. 11
  • 12. Lord Kitchener, Secrétaire d’État pour la Guerre, invite les sujets du roi George à s’engager pour défendre l’Angleterre: 59.000 Canadiens, y compris des infirmières, répondent à l’appel britannique en 1914. (Au total, 620.000 Canadiens ont servi dans la Grande Guerre.) Kitchener est mort noyé/de froid avec son état-major et 643 marins, le 5 juin 1916—le croiseur Hampshire qui l’emmenait en Russie pour une mission diplomatique a percuté une mine allemande au nord de l’Écosse. Seuls 12 hommes ont survécu. 12
  • 13. Sam Hughes, Ministre de la Défense depuis 1911. Très orgueilleux, orangiste anti-catholique, convaincu de son propre héroïsme—il a demandé plusieurs fois la Victoria Cross pour son (petit) rôle dans la guerre des Boers, il fut compromis dans le scandale du fusil Ross, arme sportive dont il avait fait équiper les troupes canadiennes, alors qu’elle n’était pas fiable en conditions de combat (les soldats les jetteraient pour récupérer les Lee-Enfield des morts anglais...). Hughes refusa de laisser les Francophones former leurs propres bataillons, comme c’était l’usage dans les unités de réserve: sous commandement britannique, l’armée canadienne parlerait la langue de son roi. À leur arrivée au camp de Valcartier, à Québec, les volontaires étaient forcés d’apprendre l’anglais, ce qui n’aida pas au recrutement des Québécois. Il y eut une exception: les “Van Doos” du 22e bataillon, tous Québécois, qui perdirent près de 4000 hommes dans la guerre. 13
  • 14. Le plan Schlieffen: «La Belgique est neutre, attaquons la France par là... Ensuite on s’occupera des Russes.» MAIS: 1. les Belges ont résisté plus que prévu; 2. la Grande-Bretagne est entrée en guerre aux côtés de la France; 3. la rapidité de la mobilisation russe a forcé l’Allemagne à diviser ses troupes plus que prévu; 4. la France, avec ses trains et ses taxis parisiens, a eu le temps de déplacer ses soldats pour repousser l’offensive. 14
  • 15. Généraux des Empires centraux Paul Von Hindenburg Erich Ludendorff Conrad Von Hötzendorf Mustafa Kemal 15
  • 16. 5-12 septembre 1914: Bataille de la Marne Joffre et Galliéni, aidés des Britanniques de la BEF, repoussent l’offensive allemande. 16
  • 17. Front de l’ouest, 1914 Ce front continu s'étend sur 750 kilomètres de la Mer du Nord aux Vosges, c’est-à-dire à la frontière suisse. 17
  • 18. Le front est bloqué: pendant quatre ans les soldats du front de l’ouest vivront comme des rats, organisant tant bien que mal leur vie dans les tranchées. Sous la pluie ou la neige, avec les morts qui pourrissent tout autour, comme les rations, et l’ennemi qui est toujours prêt à vous attaquer (au canon, au gaz, au fusil, au lance- flamme), les rats qui mordent indifféremment morts et vivants, c’est particulièrement abominable. 18
  • 19. Mais le pire, évidemment, c’est quand il faut sortir dans le no man’s land. 19
  • 20. 20
  • 21. 21
  • 22. 22
  • 23. L’avantage d’avoir un empire, c’est qu’on dispose de troupes coloniales... 23
  • 24. 24
  • 25. 25
  • 26. 26
  • 27. 27
  • 28. Avril 1915: Ypres La 2e bataille d’Ypres est le premier combat pour les Canadiens, qui empêchent une percée allemande malgré l’utilisation de chlore, contre lequel ils ne sont pas équipés. C’est la première utilisation de gaz mortel, même si les Français ont utilisé des “engins suffocants” dès 1914. 28
  • 29. Pertes 70.000 morts, blessés, ou disparus pour les Alliés 35.000 morts, blessés, ou disparus pour les Allemands 29
  • 30. Le masque à gaz fait désormais partie du paquetage. 30
  • 31. 31
  • 32. Soldats tués lors d’une attaque au gaz. 32
  • 33. 33
  • 34. 34
  • 35. 35
  • 36. Pendant ce temps, au pays... 36
  • 37. ... les femmes doivent remplacer les hommes dans tous les secteurs. 37
  • 38. Il sera bientôt difficile de dire qu’elles sont trop fragiles ou frivoles pour s’occuper de politique et voter. 38
  • 39. 7 mai 1915: Un U-boot coule le paquebot Lusitania, tuant 1198 personnes, dont 128 Américains. 39
  • 40. Où l’on s’est battu: les Canadiens ont envoyé l’essentiel de leurs troupes en Belgique et en France, mais c’était loin d’être le seul front. 40
  • 41. Avril - décembre 1915 Gallipolli: Français et Britanniques—dont Australiens et Néo-Zélandais (ANZAC)—débarquent dans les Dardanelles pour prendre Istanbul aux Turcs, selon un plan de Winston Churchill. Après 180.000 pertes alliées et 220.000 pour les Turco- Allemands de Mustafa Kemal (futur fondateur de la République Turque après la dissolution de l’Empire Ottoman) et Von Sanders, les Franco-Britanniques évacuent. Cette défaite aura pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande la même portée symbolique que Vimy pour le Canada. 41
  • 42. 42
  • 43. Au Canada Premiers camps d’internement pour les “étrangers ennemis”, suite à l’Acte des mesures de guerre de 1914. 43
  • 44. Le 9 juin 1915, les premiers ressortissants allemands et “autrichiens”, c’est-à-dire, souvent, ukrainiens, sont internés dans l’arène de curling de Fernie. 44
  • 45. 45
  • 46. Entre 1914 et 1920, 8.579 “étrangers ennemis”, y compris des femmes et des enfants, ont été incarcérés. Selon un certain colonel Otter, officier responsable des camps, seuls 3.138 pouvaient être classés comme prisonniers de guerre. Des 5.441 restants, l’immense majorité, environ 5.000, étaient d’origine ukrainienne. 46
  • 47. Un camp d’internement au Québec 47
  • 48. Le génocide arménien, 1915-1916 Enver Pacha, principal leader du parti jeune-turc qui a pris la tête de l’Empire Ottoman avant-guerre, s’est allié à l’Allemagne, qui lui a envoyé des conseillers militaires pour se préparer à la guerre. En 1915, prétextant la présence d’Arméniens aux côtés des Russes, il ordonne la déportation et le massacre de la population arménienne de Turquie. 48
  • 49. 49
  • 50. Axes de déportation des populations arméniennes et camps de concentration en 1915-1916 50
  • 51. Peut-on vraiment parler de “génocide”? La grande majorité des historiens indépendants (ni turcs ni arméniens) semble s’accorder sur 1.2 à 1.5 millions de victimes, sur une population estimée à 2.1 millions avant la guerre. 51
  • 52. Aujourd’hui, la Turquie refuse toujours de reconnaître ce génocide. Elle conteste le nombre de morts: le chiffre officiel serait d’environ 300 000. Elle conteste qu’il y ait eu une volonté politique délibérée, de la part du gouvernement turc, d’éliminer l’ensemble de la population arménienne. Elle préfère donc qu’on parle de “massacres”, dont elle affirme en outre que sont en grande partie responsables Kurdes et Bédouins. Cela permet de ne pas remettre en question la mémoire de dirigeants dont certains sont toujours révérés comme fondateurs de la République de Turquie en 1923. Cela évite des réparations financières énormes à l’État turc. Cela évite une honte nationale bien lourde (les Allemands ont eu terriblement de mal à restaurer leur honneur après l’Holocauste—leur admission de culpabilité collective a été un pas déterminant pour regagner le respect de la communauté internationale). La loi turque punit de prison l’affirmation publique du génocide, ce qui pose problème pour entrer dans la Communauté Européenne. 52
  • 53. 30 mai 1916: bataille du Jutland Les marines allemande et britannique se rencontrent au large du Jutland. Malgré un avantage numérique pour les Anglais des amiraux Jellicoe et Beatty, personne ne gagne: les pertes britanniques sont plus lourdes mais la Navy garde le contrôle de la mer. La marine allemande évitera les confrontations directes au profit de ses sous-marins, les U-boots, dont l’activité avait ralenti sous pression américaine, à cause du Lusitania. 53
  • 54. Forces en présence Angleterre Allemagne 28 navires de ligne 16 navires de ligne 9 croiseurs 5 croiseurs 8 cuirassiers 6 pre-dreadnoughts 26 croiseurs légers 11 croiseurs léger 78 destroyers 61 torpilleurs 54
  • 55. Pertes Angleterre Allemagne 6 094 morts 2 551 morts 510 blessés 507 blessés 177 prisonniers 1 navire de ligne 3 croiseurs de bataille 1 pre-dreadnought 3 croiseurs cuirassé 4 croiseurs légers 8 destroyers 5 torpilleurs 55
  • 56. 1er juillet - mi-novembre 1916: bataille de la Somme Le 1er juillet 1916 reste la journée la plus sanglante de l’histoire de l’armée britannique, qui perdit 57.470 hommes, dont 19.240 tués. 56
  • 57. Français (sous Joffre) et Britanniques (sous Haig) ont prévu une offensive, mais les Allemands, qui le savent, attaquent à Verdun, forçant le gros de l’armée française à la défensive. Du coup, la bataille de la Somme sera surtout une affaire britannique, où les Canadiens confirmeront leur bonne réputation. Cette bataille marquera notamment l’emploi de chars d’assaut—3e méthode, après l’artillerie et les gaz toxiques, tentée en vain pour débloquer l’horrifiante situation des tranchées. 57
  • 58. Pertes 420 000 Britanniques (dont 24 000 Canadiens), 204 000 Français 435 000 Allemands 58
  • 59. L’aviation va se développer très vite grâce à cette guerre, et ses missions vont se diversifier: - observation, - bombardement, - chasse aux avions ennemis, et même aux sous-marins. 59
  • 60. Loin des carnages anonymes des tranchées, les as de tous pays vont devenir des héros nationaux, des chevaliers du ciel, signant des photos ou des cartes postales à leur effigie, recevant des lettres d’admiratrices, des demandes en mariage, etc. Certains seront célèbres même chez l’ennemi. 60
  • 61. 61
  • 62. Un tiers des aviateurs de la Première Guerre mondiale, dont 1 600 Canadiens, sont morts au combat. 25.000 Canadiens ont servi comme pilotes, observateurs et mécanos dans les forces britanniques. 62
  • 63. 63
  • 64. 21 février-19 décembre 1916: Verdun 64
  • 65. Erich Von Falkenhayn Philippe Pétain Robert Nivelle se sont livré à Verdun une guerre d’attrition: il s’agissait d’épuiser les ressources et le moral de l’adversaire en tuant le plus de monde possible. Quand un des côtés n’en pourrait plus, la guerre serait finie. En l’occurrence les “vainqueurs” (les Français, qui ont tenu leur front à 30.000 contre 150.000 au départ, avant l’arrivée des renforts) ont perdu plus d’hommes que leurs adversaires. 65
  • 66. Pertes 378.000 Français (120.000 morts) 337.000 Allemands (100.000 morts) 66
  • 67. 6 avril 1917: Les Etats-Unis entrent en guerre. L’opinion publique américaine a été choquée par les attaques des U-boots sur les navires joignant l’Amérique à l’Angleterre—pour l’Allemagne il s’agissait, en livrant une guerre sous-marine totale, d’affaiblir suffisamment la Grande-Bretagne pour la contraindre à la paix avant que les Américains ne s’en mêlent... Raté. La goutte d’eau fut un message pour l’ambassadeur allemand à Washington, intercepté par les Britanniques: il devait encourager son homologue à Mexico de proposer une alliance au gouvernement mexicain, qui attaquerait les Etats-Unis au sud pour les empêcher d’envoyer leurs troupes en Europe. Le Mexique n’était pas intéressé. 67
  • 68. Dès 1914, des Américains s’étaient engagés dans les armées française (Légion étrangère; escadrille LaFayette) et britannique. 68
  • 69. L’escadrille La Fayette “Parmi les légionnaires américains, plusieurs souhaitaient s'engager dans l'aviation. Après de longues démarches, un groupe d'Américains réussit à former, en avril 1916, avec l'aide de Français, l'Escadrille 124, “l'Escadrille américainequot; basée à Luxeuil (Haute- Saône). Elle fut dès lors affectée sur les différentes zones de combat. Cette période d'intense activité fut ponctuée de moments symboliques dont : le 6 décembre 1916, l'Escadrille prend le nom officiel d'quot;Escadrille La Fayettequot; ; le 4 juillet 1917 (Independance Day) une délégation de cette escadrille défile devant les statues de Washington et La Fayette, à Paris ; le 15 août 1917, l'Escadrille est citée à l'ordre de l'Armée. Le 1er janvier 1918, l'Escadrille La Fayette sera intégrée dans l'Armée de l'Air américaine.” (Antonin Guillot, http://www.lib.byu.edu/estu/wwi/comment/Allerey/Allerey02.html) 69
  • 70. “Au moment où l’escadrille disparaît officiellement, son bilan est le suivant: * 267 Américains se sont engagés dans l'aviation française * 255 ont reçu leur brevet de pilote * 180 servirent au Front * 66 moururent, dont 51 au combat * 15 furent faits prisonniers * 19 furent blessés * 199 victoires furent officiellement reconnues.” 70
  • 71. Avril 1917: Vimy Français et Britanniques avaient perdu 150.000 hommes en essayant de prendre cette crête. Currie a exigé que la prochaine attaque soit entièrement confiée à ses Canadiens (jusqu’alors toujours incorporés aux troupes anglaises). Byng l’a soutenu. Ils se sont attachés à la préparation: Julian Byng - les hommes devaient connaître le terrain et Arthur Currie leur rôle, et ont été soumis à un entraînement sévère, - des savants, les “sound rangers”, avec parmi eux un prix Nobel de Physique, ont utilisé des techniques très modernes pour situer les canons allemands, - un “barrage rampant” d’artillerie, soigneusement minuté, offrait un soutien beaucoup plus précis et efficace que les traditionnels pilonnages (ils ont quand même bombardé les tranchées ennemies pendant une semaine...) 71
  • 72. Sans oublier la logistique... Bref, Byng et Currie n’ont rien épargné, sauf la vie de leurs troupes: 3.600 tués et 7.000 blessés (contre 24.000 pertes allemandes ), pour une telle opération c’est assez peu (1/3 de pertes, quand même, puisque 30.000 Canadiens ont combattu). 72
  • 73. 73
  • 74. 74
  • 75. Le général Currie est anobli par le roi George V. 75
  • 76. La même offensive, ordonnée par Nivelle, qui voit le triomphe canadien de Vimy, tourne à la catastrophe pour les Français au Chemin des Dames, du 16 au 21 avril 1917. Les Allemands ont l’avantage aérien, leurs lignes sont fortifiées, etc. Les Poilus doivent avancer dans la boue. 150 à 180 000 hommes sont tués côté français. 76
  • 77. 77
  • 78. Les soldats français n’en peuvent plus. Depuis Vimy on sait que leurs chefs pourraient, s’il leur importait d’épargner la vie de leurs hommes, essayer des tactiques différentes. Mais les généraux français ont dû se durcir devant les souffrances de leurs troupes, sinon ils auraient perdu la guerre depuis longtemps. Et ils n’ont de leçons à recevoir de personne. Contrairement aux Britanniques, les Français se battent sur leur sol, pour la survie de la nation. En haut lieu le prix importe peu, il faut absolument y aller et chasser les “Fridolins” de la mère patrie. Bref, des mutineries éclatent: les hommes refusent de continuer à crever comme des rats, pour rien, pour la gloire de leurs officiers qui, le samedi soir, sirotent du champagne à l’arrière en charmante compagnie. 2/3 des régiments français seront touchés par cette grogne. Les hommes acceptent de tenir leurs positions mais refusent les attaques suicidaires que leurs chefs ont pris l’habitude d’ordonner sans trop se demander combien de morts elles feront, ni si les gains vaudront les pertes. Nivelle est remplacé par Pétain, qui fait juger et exécuter les meneurs, mais devra adopter des tactiques moins sanglantes. Il prendra aussi des mesures pour améliorer la vie des hommes au front. 78
  • 79. Les tribunaux militaires prononcent 3427 condamnations dont 554 à mort. 1381 soldats sont envoyés en prison ou aux travaux forcés. Entre 30 et 70 mutins sont exécutés (chiffres controversés, mais assez faibles par rapport aux 200 exécutions de 1914 et aux 260 de 1915). 79
  • 80. Mai 1917: Ecœuré par ce qu’il a vu en Europe, le premier ministre du Canada, Robert Borden, annonce la conscription dans l’espoir d’achever le conflit le plus vite possible en y engageant 500.000 hommes. Le Québec est furieux, il y a des émeutes. Bientôt arrive l’élection fédérale: le Québec vote massivement pour les Libéraux de Laurier, opposés à la conscription. Mais Borden n’a pris aucun risque: il a accordé pour la 1ère fois le droit de vote aux soldats stationnés à l’étranger, à leurs femmes, et aux infirmières militaires... tous désireux de renforcer l’armée. La conscription passe, enrôlant 125.000 hommes, dont 25.000 seulement iront au feu. Le Québec ne votera pas Conservateur pendant cinquante ans. 80
  • 81. Il y a longtemps que les Anglaises, les Canadiennes et les Américaines réclament le droit de vote. 81
  • 82. 82
  • 83. 83
  • 84. 84
  • 85. Grâce à leur contribution à l’effort de guerre, elles vont enfin pouvoir participer aux élections. 85
  • 86. Vote des femmes au Canada Manitoba, Alberta, Saskatchewan: 1916 Colombie-Britannique, Ontario: 1917 Nouvelle-Ecosse: 1918 Nouveau-Brunswick: 1919 Ile du Prince Edouard: 1922 Québec, 1940 « …les Canadiennes françaises risquent de devenir des «femmes publiques», «de véritables femmes-hommes, des hybrides qui détruiraient la femme-mère et la femme-femme.» Henri Bourassa 86
  • 87. Juillet - novembre 1917: Passchendaele (3e bataille d’Ypres) Première utilisation du gaz moutarde, ou ypérite. Enlisés dans la boue, les Alliés subissent des pertes monstrueuses: 448.000 blessés et tués, contre 260.000 pour les Allemands. 87
  • 88. Parmi les pertes alliées: 16.000 Canadiens, 36.500 Australiens. 88
  • 89. La 2 mars 1917: Révolution Nicolas II abdique après la Révolution de Février. Kerensky arrive au russe pouvoir, et décide de poursuivre la guerre. Novembre 1917: Révolution d’Octobre—les Bolchéviks de Lénine s’emparent du pouvoir, ils fonderont l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Mars 1918: le traité de Brest-Litovsk — après l’armistice de décembre 1917, Trotsky négocie la paix entre Russie et Empires centraux, qui peuvent envoyer des troupes à l’ouest pour tenter de gagner la guerre avant l’arrivée des Américains. Le 17 juillet 1918, Nicolas II est exécuté avec toute sa famille par les Bolchéviks. 89
  • 90. 24 octobre - 9 novembre 1917: Caporetto Allemands (dont Erwin Rommel, bientôt 26 ans, qui capture 3 000 Italiens à la tête de sa compagnie) et Austro-Hongrois réussissent à percer le front italien. Luigi Cardona L’Italie perd la moitié de son armée: Otto Von Below 40 000 morts et 20 000 blessés, Aujourd’hui, les 275 000 prisonniers, 2 500 canons. Italiens parlent de Caporetto comme les Français de la Bérézina... Les Austro-Allemands avancent de 100 km vers Venise, mais une nouvelle ligne de front, tenue par les Italiens avec l’aide de troupes françaises et britanniques, interrompt leur percée. 90
  • 91. 6 décembre 1917: L’explosion de Halifax Le Mont-Blanc, un navire de transport français chargé de 2 400 tonnes d’explosifs (TNT, acide picrique, ...), entre en collision avec le Imo, transport norvégien. Un incendie se déclare, les marins paniquent... Ce fut la plus grande explosion d’origine humaine jusqu’à Hiroshima. 91
  • 92. Des badauds s’étant assemblés pour regarder le navire en perdition, la déflagration tua 1 000 personnes sur le coup, fit 7 000 blessés graves dont 1 000 mourraient de leurs blessures, 3 000 blessés plus légers, 1 500 sans-abris. De nombreuses blessures laissèrent des gens handicapés, en particulier au niveau des yeux, à cause des éclats de verre. 92
  • 93. 93
  • 94. 94
  • 95. Printemps 1918: Ludendorff lance une offensive pour finir la guerre avant que les troupes américaines ne puissent faire la différence (les premiers hommes sont arrivés avec Pershing en mai 17, mais il faut les former avant de les envoyer combattre, et il faut qu’ils acquièrent de l’expérience). S’ensuit une série de batailles où les Américains feront leur baptême du feu: Michael (21-25 mars: 255 000 pertes alliées, 239 000 pour les Allemands), Georgette (4-30 avril: 110 000 pertes de chaque côté), Blücher-Yorck (27 mai-12 juin: 137 000 pertes à 130 000). Chaque fois, les Alliés, désormais sous le commandement unique de Foch, reculent mais tiennent leur front. Les Allemands ont avancé jusqu’à une soixantaine de kilomètres de Paris, mais ils sont épuisés, sans avoir réussi à terminer la guerre. 95
  • 96. 96
  • 97. Offensive allemande sur Reims le 15 juillet. Le 18 juillet 1918: c’est au tour des Alliés de mener une contre-offensive avec la 2e bataille de la Marne. Aidés de 85 000 Américains et de troupes britanniques et italiennes, les Français repoussent les Allemands jusqu’au 6 août, où l’ennemi parvient à stopper leur avance. Pertes 95 000 Français 13 000 Britanniques 12 000 Américains 168 000 Allemands 97
  • 98. Pershing a d’abord dû laisser “amalgamer” ses troupes à l’armée française, mais après leur bonne conduite dans les contre-offensives alliées de l’été, on leur laissera plus d’autonomie. À Cantigny le 28 mai, les Américains remportent leur premier succès indépendant. En septembre, avec 500.000 hommes, Pershing bat une armée allemande en retraite à Saint-Mihiel au prix de 5.000 pertes. L’affaire est assez modeste par rapport à d’autres batailles, mais elle remonte le moral des Alliés et scelle l’autonomie de l’AEF. 98
  • 99. 99
  • 100. 26 septembre-11 novembre: Offensive Meuse-Argonne La dernière grande bataille! Au nord-ouest de Verdun les troupes américaines sont lancées à l’assaut des lignes allemandes. Partout le long du front, les Alliés poussent leur avantage. La victoire est là mais elle coûte cher: 26 000 tués, 96 000 blessés pour les Américains; 28 et 92 000 côté allemand. Leur inexpérience fait commettre aux Américains des erreurs que les Franco-Britanniques ont appris à éviter—un bataillon de 550 hommes, par exemple, avance seul et finit par se perdre, encerclé par l’ennemi: seulement 194 soldats s’en sortiront. Cela dit, la diversion qu’ils ont créée a permis à d’autres unités de percer les lignes allemandes. 100
  • 101. 101
  • 102. L’évolution du front de l’ouest 102
  • 103. La fin: la révolution allemande ✦ Janvier, avril 1918: grèves d’ouvriers allemands réclamant la paix ✦ Fin octobre 1918: à Kiel, deux équipages de la marine impériale refusent d’appareiller, 400 marins sont emprisonnés ✦ Début novembre: 20 000 révoltés arrivent à Kiel, exigeant la libération des marins et l’abdication de l’empereur ✦ Grèves et manifestations ouvrières éclatent un peu partout en Allemagne (la ligue spartakiste espère une révolution communiste, comme en Russie) ✦ 10 novembre: Guillaume II s’enfuit en Hollande ✦ 11 novembre 1918: le nouveau pouvoir signe l’armistice 103
  • 104. New York, 1919 Parade de la victoire pour les troupes de Pershing 104
  • 105. Généraux alliés Douglas Haig et Ferdinand Foch sont les principaux vainqueurs de cette guerre. Mais les pertes abominables qu’ils ont consenties posent problème: ces hommes étaient-ils des héros ou des bouchers? Leur incapacité à limiter certains carnages tenait-elle en partie au peu d’importance qu’ils accordaient à la vie de leurs hommes, ou étaient-ils dans l’impossibilité de procéder autrement? Le fait qu’Arthur Currie, principal stratège à Vimy, ait la réputation d’avoir cherché à épargner ses troupes (en expliquant son rôle à chacun, en faisant des répétitions, etc.) semble indiquer que limiter les pertes n’était pas une préoccupation majeure pour certains généraux. De fait, là où d’autres avaient sacrifié 150.00 hommes pour rien, Currie a atteint ses objectifs pour un coût comparativement modique: 3.600 tués et 7.000 blessés. 105
  • 106. David Lloyd George Robert Borden Vladimir Ilitch Lénine Woodrow Wilson Georges Clémenceau Charles Ier Dirigeants en 1918 106
  • 107. Les 14 points En janvier 1918, alors que la guerre n'était pas terminée, le président américain Woodrow Wilson avait adressé au congrès américain un plan qui devait garantir la paix. Ce discours des 14 points (« The world must be made safe for democracy ») réclame notamment la création d'une « League of Nations ». Les autres points servent de base au traité de Versailles de 1919. Wilson recommande : 1 la fin de la diplomatie secrète, 2 la liberté de navigation et de commerce, 3 l’égalité des conditions de commerce entre toutes nations, 4 la réduction des armements, 5 le règlement des rivalités coloniales, 6 l'évacuation de la Russie, 7 l'évacuation de la Belgique, 8 la restitution de l'Alsace-Lorraine à la France, 9 la rectification des frontières italiennes, 10 l'autonomie des peuples d'Autriche-Hongrie, 11 l'évacuation de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro, 12 l'autonomie des peuples non turcs de l'empire ottoman, 13 la refondation d'une Pologne indépendante, 14 la création d'une association des nations (SDN). 107
  • 108. Le Traité de Versailles, 1919 La France veut punir l’Allemagne et l’empêcher de recommencer: on occupe une partie du territoire, on fait payer des indemnités astronomiques (suspendues en 1931), on impose des limites très strictes à l’armée (en particulier, pas d’aviation ni de marine de guerre). Ce “Diktat” inspiré par la haine engendrera assez de haine pour mener Hitler au pouvoir. Sa mission: laver cette humiliation et rendre sa fierté à son peuple. 108
  • 109. Pays (re)créés par les Alliés après la guerre: Pologne, Autriche, Hongrie, Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie, URSS. 109
  • 110. Coût humain Pays Mobilisés Tués Blessés Allemagne 13 millions 1,6 millions 4 millions Autriche-Hongrie 7.8 millions 1.2 millions 3.6 millions Canada 620 000 67 000 173 000 Etats-Unis 4.35 millions 120 000 234 000 France 8,41 millions 1,35 millions 3,5 millions Grande-Bretagne 8 millions 950 000 2 millions Italie 5.6 millions 650 000 950 000 Russie 12 millions 1.7 millions 4.95 millions Au total: plus de 15 millions de morts (dont 6,6 millions de civils), 22 millions de blessés N.B. Les chiffres varient selon les sources: ce tableau est évidemment très approximatif 110
  • 111. 111
  • 112. 112
  • 113. 113
  • 114. Le mémorial canadien à Vimy 114
  • 115. La grippe “espagnole” de 1918-1919 Cette épidémie doit son nom au fait que les Français voulaient la tenir secrète: l’armée était affaiblie, on ne voulait pas le dire aux Allemands... Les journaux publiaient donc des informations sur ce qui se passait “en Espagne”, car il fallait quand même informer les gens des précautions à prendre. Les estimations des victimes varient de 20 à 100 millions de morts, mais on s’accorde généralement sur 30 millions en 18 mois: c’est la pandémie la plus mortelle de l’histoire avec la Peste noire de 1350 (34 millions?). Partie de Chine et passant par les Etats-Unis, elle a touché le monde entier (d’où les estimations très variées), et conduit à la création de l’ancêtre de l’Organisation Mondiale de la Santé par la SDN. Curieusement, ce sont les jeunes adultes qui en ont le plus souffert. Les conditions de vie des soldats (hygiène, malnutrition, gaz, etc.) et le stress des combats peuvent expliquer que, leur système immunitaire étant affaibli, beaucoup de jeunes gens n’aient pas survécu. On estime que cette maladie a fait plus de victimes que la guerre. 115
  • 116. Nombre de morts par pays: Etats-Unis 500 à 675 000 Grande-Bretagne 200 000 France 400 000 Canada 50 000 Australie 10 000 Inde 17 millions? 116
  • 117. Avancées technologiques L’industrie d’armement est toujours le premier bénéficiaire de la guerre: les chars d’assaut, les avions, les gaz, etc. ont été développés lors de ce conflit. La médecine, elle aussi, progresse plus vite en temps de guerre. Un certain nombre de soldats dont les blessures auraient été mortelles auparavant ont pu survivre, notamment parmi ceux qui avaient été blessés à la tête. On les appelait les “gueules cassées”. 117
  • 118. Ces hommes sont un autre facteur qui explique le pacifisme virulent des années folles: chacun sait, désormais, ce que coûte une guerre moderne. 118
  • 120. Edith Cavell 1865-1915 Infirmière britannique travaillant en Belgique occupée par les Allemands, elle a aidé des centaines de soldats alliés à passer aux Pays-Bas, pays neutre d’où ils pouvaient regagner leurs lignes et reprendre le combat. En août 1915, les Allemands l’ont arrêtée, bien qu’elle ait aussi sauvé des vies allemandes. Elle a reconnu les faits et a été condamnée à mort. Elle a été fusillée en octobre, malgré l’intervention d’un diplomate américain (donc neutre à ce moment-là). <><><><><><> La propagande alliée a utilisé cette martyre pour galvaniser l’effort de guerre—notez comme l’affiche l’a quelque peu rajeunie... Incidemment, la chanteuse française Edith Piaf, née en décembre 1915, lui doit son prénom. 120
  • 121. Mata Hari (Margaretha Geertruida Zelle) 1876-1917 D’origine néerlandaise, cette célébrité sulfureuse du Paris d’avant-guerre (danseuse exotique, elle était généreusement entretenue par ses riches amants) a été recrutée par un officier du contre-espionnage français en 1916: ses aventures avec des notables de tous pays lui permettraient, espérait-on, de recueillir des renseignements pour la France. Ses voyages entre France, Espagne, Angleterre et Pays-Bas la rendent suspecte. Après l’interception d’un message radio allemand mentionnant un espion que les Français identifient comme Mata Hari, elle est arrêtée en février 1917, accusée d’avoir fourni à l’Allemagne des informations ayant causé la mort de milliers de poilus. Lesquelles? On ne sait pas. Les Français la fusillent en octobre, ce qui permet en outre de détourner l’attention des horreurs du front. Très vite les rumeurs circulent sur son éventuelle innocence—aujourd’hui encore, on ignore complètement ce qu’elle a fait pour ou contre tel ou tel pays. 121
  • 122. Manfred Von Richthofen 1892-1918 Le Baron rouge est le pilote légendaire de cette guerre, l’As des as, avec 80 victoires homologuées. Blessé à la tête en juillet 1917, il a refusé d’arrêter de voler bien qu’il fût diminué et eût de violents maux de tête. Sa mort n’est pas claire: des soldats australiens ou le pilote canadien Roy Brown l’ont abattu en avril 1918. 122
  • 123. Ernst Udet 1896-1941 Le 2e as allemand de la guerre (62 victoires) y a survécu, mais il a eu de la chance, comme le montre ce récit: «Au cours du combat, nous sommes passés parfois si près l'un de l'autre que j'ai pu observer en détail le visage de mon adversaire - ou du moins ce que je pouvais en voir sous son casque. Sur le flanc de l'appareil, il y avait une cigogne et deux mots peints en blanc. A la cinquième passe il me frôla de si près que je sentis le souffle de son hélice - Je réussis à lire les lettres du mot V-I-E-U-X. Et tout le monde savait à l'époque que le quot;Vieux Charlesquot; était l'avion de Guynemer. J'aurais dû m'en douter. Il n'y avait pas deux pilotes alliés à manier un appareil avec une telle maîtrise. Comme la plupart des bêtes de proie, cet homme aimait chasser tout seul. Ce fut Guynemer qui mit au point la tactique d'attaque du soleil dans le dos. C'est comme cela qu'il avait descendu mon copain Puz. Il était à l'époque crédité de 30 victoires déjà et je sentis que ce serait le combat de ma vie. (...) 123
  • 124. Je sortis le grand jeu, tout ce que je savais faire, virages boucles, tonneaux, glissades... Il collait au moindre de mes mouvements avec des réflexes incroyablement rapides et précis. Petit à petit, je réalisais que je n'étais pas de sa force. Non seulement son avion était supérieur, mais le pilote était un duelliste hors de pair. Seulement je n'avais pas le choix: me battre ou rompre le combat? Tourner le dos serait signer mon arrêt de mort. J'engageais un virage très serré, et l'espace d'un instant, je l'eus enfin dans mon collimateur. Je pressais la détente... Rien! Ma mitrailleuse était enrayée. Tenant le manche de la main gauche, je secouai énergiquement la mitrailleuse de ma main droite. Rien à faire. J'eus une seconde la tentation de lui échapper en piquant à mort, mais avec un tel adversaire la manœuvre aurait été sans espoir. En quatre secondes dans ma queue, il m'aurait descendu sans la moindre difficulté. Alors le combat tournoyant se poursuivit. Pour moi, c'était la plus extraordinaire leçon de pilotage - abstraction faite des risques, bien sûr - j'avoue avoir totalement oublié pendant un moment que mon partenaire s'appelait Guynemer, et que c'était mon ennemi. Il m'a semblé que j'étais à l'entraînement, au dessus d'un terrain, avec un vieil ami... Mais cette impression ne dura guère. Nous étions en combat tournoyant depuis 8 minutes déjà, les 8 minutes les plus longues de ma carrière de pilote. Brusquement, Guynemer partit en retournement, en vol sur le dos il me passa sur la tête. Du coup, je lâchai le manche pour cogner de mes deux points sur ma foutue mitrailleuse! La méthode était primitive, mais quelquefois ça marchait! 124
  • 125. Guynemer m'avait regardé faire et savait désormais que j'étais sa victime sans défense. Il fit une nouvelle passe juste sur ma tête, il était pratiquement en vol inversé, et là, à ma stupéfaction, il me fit signe de la main, en un geste amical, et mit cap à l'ouest.» 125
  • 126. Georges Guynemer 1894-1917 De santé fragile (tuberculose), Guynemer a quand même survécu à sept crashs au cours de ses 600 missions. On lui attribue 53 victoires homologuées (et 30 “probables”—il aimait voler seul). Le plus populaire des pilotes français a disparu en mission, à 22 ans. Ni lui ni son “Vieux Charles” n’ont été retrouvés. 126
  • 127. Billy Bishop 1894-1956 L’As des as de l’Empire britannique est canadien. Il est né à Owen Sound, en Ontario. Bishop a remporté 72 victoires entre mars 1917 et la fin de la guerre, dont 25 en douze jours. (Comme pour la plupart des pilotes, le nombre exact de ses victoires est controversé.) 127
  • 128. Francis Pegahmagabow 1891-1952 Originaire de la bande de Parry Island, en Ontario. Ayant participé aux batailles d’Ypres, de la Somme (blessé à la jambe), du Mont Sorrel, de Passchendaele, de la Scarpe, d’Amiens, il a tué 378 allemands et en a capturé 300. Après la guerre il représentera la nation Ojibwé et sera un éminent leader autochtone. 128
  • 129. Caporal Joseph Kaeble 1892-1918 Affecté au 22e bataillon (les “Van Doos”), il a participé à l’offensive de Vimy, où il a été blessé. Le 8 juin 1918, pendant une attaque allemande, les hommes de sa section étant tous blessés, il est sorti de la tranchée pour faire face à une cinquantaine de soldats ennemis. Touché à plusieurs reprises, Kaeble ne cesse de tirer, vide plusieurs magasins de sa mitrailleuse Lewis, et réussit à stopper l'offensive. Mortellement blessé, il retombe dans la tranchée. Il tire ses dernières cartouches allongé sur le dos aux Allemands qui reculent, tout en encourageant ses hommes à tenir bon. Il est mort le lendemain. Il sera le premier Canadien francophone à recevoir la croix de Victoria, la plus haute distinction britannique. 129
  • 130. Lt. Col. Arnold Kemball Le 1er mars 1917, il devait mener son bataillon, le 54e Kootenay (il habitait Kelso), dans un raid de préparation à la bataille de Vimy. Les ordres qu’il avait reçus pour ses hommes étaient irréalisables. Il s’agissait de donner suite à une attaque au gaz dont tout le monde parlait depuis des semaines, et ce par mauvais temps—non seulement les Allemands étaient en pleine forme puisque le vent emportait le gaz loin de leurs tranchées, mais en plus ils étaient avertis de l’assaut. Kemball protesta auprès de son commandement pour faire annuler l’ordre. On refusa sa requête. Il prit alors la tête de ses hommes malgré l’ordre de rester personnellement en arrière, et fut tué. Sachant que l’affaire était sans espoir, il refusait d’envoyer ses hommes au carnage sans partager leur sort. Les Allemands proposèrent une trêve pour rendre son corps à ses camarades, ce qui fut fait dans le plus grand respect mutuel. 130
  • 131. Bibliographie ✦ http://canadawiki.org ✦ http://www.firstworldwar.com/ ✦ http://www.flyandrive.com/histoire2.htm http://www.histoirealacarte.com Musique ✦ ✦ http://history.cbc.ca/history/ Albinoni, Tomaso. Adagio pour cordes et orgue. ✦ http://www.infoukes.com ✦ http://www.warmuseum.ca/cwm/vimy/index_f.html ✦ http://wikipedia.org ✦ Berton, Pierre. Vimy. Toronto: McClelland and Stewart, 1986. ✦ Newman, Garfield, et al. Regard sur le Canada, 2e édition. Chenelière/McGraw-Hill. Montréal, 2001. 131
  • 132. Et après? Vous ne pourrez pas comprendre la 2e guerre mondiale sans réfléchir au bilan de la 1ère. Si l’Allemagne hitlérienne a soif de victoires et balaie tout le monde sur son passage, c’est que les Allemands ont été humiliés à Versailles, désignés responsables de la guerre, forcés de payer des indemnités qui ont ruiné le pays, occupés, alors que, comme les autres, ils s’étaient sacrifiés pour leur patrie et leur empereur, le vrai responsable, qui voulait jouer à Jules César avec ses cousins russe et anglais. Ils parlent de “défaite imposée”. Si l’Italie mussolinienne tombe dans les excès du nationalisme et s’unit à Hitler pour la revanche, c’est qu’elle estime ne pas avoir reçu sa part quand les Alliés se sont partagé le monde en 1919 (la côte adriatique et Fiume ont été données à la Yougoslavie). Les Italiens, eux, souffrent d’une “victoire mutilée”. 132
  • 133. «La guerre est le massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui eux se connaissent mais ne se massacrent pas.» Paul Valéry 1870-1945 133
  • 134. «If we don't end war, war will end us.» H. G. Wells 1866-1946 134
  • 135. Images de la Grande Guerre 135
  • 136. Fin F. Subra, septembre 2006 - avril 2008 136