Réflexions sur l'émergence de la métacognition en centre de documentation.
Du structuralisme à la systémique, comment ces approches mettent en évidence les connaissances métacognitives et l'affectivité dans un usage d'apprentissage en centre de documentation.
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2. L’émergence de la métacognition en centre de documentation.
Du structuralisme à la systémique, comment ces approches mettent‐elles en
évidence les connaissances métacognitives et l’affectivité dans un usage
d’apprentissage en centre de documentation.
INTRODUCTION ............................................................................................................................... 3
1 De la syllogistique à l’inconcevabilité...................................................................................... 4
1.1 Aristote démontre, Descartes compartimente................................................................ 4
1.2 On a perdu la 71ème section.............................................................................................. 4
1.3 Complexité de Kolmogorov et incomplétude de Gödel................................................... 5
1.4 Des « besoins » de Maslow, inconcevables ..................................................................... 6
2 De la kybernêtikê de Google à l’homéostasie de Facebook ................................................... 8
2.1 Qui sauve le vaisseau en perdition ?................................................................................ 8
2.2 Les invariants d’un centre de documentation ................................................................. 9
2.3 Rat de bibliothèque versus Google ................................................................................ 10
2.4 De la nécessité d’une culture informationnelle............................................................. 11
CONCLUSION ................................................................................................................................ 12
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................. 13
SITOGRAHIE .................................................................................................................................. 16
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Guillaume‐Nicolas MEYER 2010 – 2011
3. INTRODUCTION
À travers l’étude de l’histoire de la logique aristotélicienne, nous verrons quelle incidence la
formalisation par Descartes a scellé une forme de vision linéaire à l’approche analytique.
Nous nous interrogerons alors sur l’impact de cette approche dans les Sciences de
l’Information et de la Communication et spécifiquement au sein d’un centre de
documentation. Nous verrons comment les différentes opérations de la chaîne
documentaire, pur produit de la conception mécaniste, ont logiquement engendré des
modèles analytiques détaillés comme la bibliométrie.
Nous nous appuierons sur une théorie algorithmique de l'information et un théorème de
logique mathématique pour démontrer que prises séparément ou combinées, les méthodes
et conceptions analytiques ne peuvent pas appréhender la complexité d’une situation, ni
concevoir d’équifinalité face un à problème rencontré dans un centre de documentation ; ce
que permet la systémique.
Nous détournerons ensuite la pyramide de Maslow pour définir que le besoin le plus élaboré
que l’on peut attendre d’un centre de documentation est l’évaluation de l’information.
Nous nous interrogerons donc sur la pertinence de l’approche analytique pour la résolution
d’un problème dans le champ des sciences humaines. La communication étant une
constante anthropologique, à quoi peut donc servir une approche qui n’appréhende pas les
interactions entre les individus, les objets ?
De fait, en s’efforçant de relier les ensembles au lieu de les isoler, et en insistant sur l’étude
des transactions, l’approche structurale, et plus précisément la systémique ne sont‐elles pas
plus adaptées ? Nous mettrons en évidence les invariants d’un centre de documentation
puis nous re‐situerons (in situ) le centre de documentation dans ses objectifs
d’apprentissage en milieu scolaire et montrerons que l’approche systémique permet de faire
émerger, les connaissances métacognitives, les émotions, la motivation et la confiance en soi
dans une démarche didactique.
Nous illustrerons les difficultés d’un documentaliste d’aujourd’hui face aux phénomènes
d’immédiateté (Google, Facebook), vécu par ses interlocuteurs (collégiens, lycéens) et la
pertinence d’utiliser l’approche systémique pour concevoir plus qu’une culture
informationnelle.
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4. 1 De la syllogistique à l’inconcevabilité
1.1 Aristote démontre, Descartes compartimente
En développant la syllogistique et la logique dans ses « Premiers Analytiques », Aristote
donne naissance à la logique comme discipline formelle. Il introduit la démonstration
et le syllogisme, bases de la réflexion mathématique, de la logique, de la rhétorique.
René Descartes « applique », en 1637, la logique d’Aristote aux sciences en expliquant
son approche dans son célèbre « Discours de la méthode ». Nous retiendrons des
quatre préceptes que Descartes énonce, le deuxième et le dernier :
‐ « De diviser chacune des difficultés que j’examinerais en autant de parcelles qu’il se
pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre. »
‐ « De faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales que je
fusse assuré de ne rien omettre. » [LEM 94]
Du dernier précepte, la science a conçu une prétention, celle de l’universalité. Le
deuxième précepte de Descartes, quant à lui, a amené les scientifiques à fragmenter le
savoir en autant de domaines qu’il y a de phénomène à observer, étudier. L’isolement
des disciplines scientifiques les unes par rapport aux autres les conduit à chercher à
définir de façon étroite les problèmes que nous affrontons. Les résultats d’une
discipline sont soumis selon une tendance : celle de n’envisager le problème que selon
un seul prisme et d’en déduire des attributs pour un ensemble.
Checkland, de constater, en 1976 [CHE 76], que l’approche expérimentale « étant
aujourd'hui, conscient de l'incapacité manifeste, des pays les plus avancés sur le plan
scientifique, à résoudre les problèmes du monde réel (par opposition aux problèmes
artificiels de type laboratoire), on se demande si la fragmentation de la science en
plusieurs disciplines isolées n'est pas une de ses principales faiblesses. »
1.2 On a perdu la 71ème section 1
Qu’en est‐il au sein de la 71ème section ? Les Sciences de l’Information et de la
Communication sont‐elles incapables de résoudre les problèmes du monde réel ?
Appréhender aujourd’hui un centre de documentation avec les conceptions mécaniste
ou holiste, revient à le considérer comme un objet technique. Cet objet, grâce à un
assemblage de composants pluritechniques interfacés (outils informatiques,
classification et rayonnage, documentaliste formé), réalise des fonctions techniques
(classer un document par exemple) qui assurent des fonctions de services (prêter le
document trouvé pour continuer l’exemple) qui à leur tour, garantissent la fonction
globale recherchée (gestion du fonds documentaire).
1
Voyez dans cette référence au film de Robert Lamoureux, une pointe d’humour et non d’irrespect
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5. Nous sommes bien dans la juxtaposition d’éléments simples issus d’un découpage
logique de la réalité (approche mécaniste) : traiter un document, le classer, le mettre à
disposition, le conserver, permettre une évaluation de sa pertinence dans un contexte
particulier. Certains vont plus loin et n’apprécie la totalité de ces éléments (approche
holiste) qu’en ayant une vue générale : « il s’agit de la gestion d’un fonds
documentaire ». Nous rappellerons ici le quatrième précepte du Discours de la
méthode de Descartes : « De faire partout des dénombrements si entiers et des revues
si générales que je fusse assuré de ne rien omettre. »
Plus précisément, l’ensemble des opérations successives de sélection/collecte, de
traitement, de mise en mémoire et de stockage, et de diffusion de documents et
d'informations qui forme la « chaîne documentaire » est typiquement le résultat d’une
approche mécaniste. Qu’il s’agisse des opérations d’entrée (phase matérielle), des
opérations de traitement (phase intellectuelle) ou des opérations de sortie (phase
mécanique), l’ensemble de la chaîne documentaire est compartimenté. Nous
rappellerons ici le quatrième précepte du Discours de la méthode de Descartes : « De
diviser chacune des difficultés que j’examinerais en autant de parcelles qu’il se pourrait
et qu’il serait requis pour les mieux résoudre. »
De fait, on a bien en Sciences de l’Information et de la Communication, et plus
spécifiquement dans notre champ d’études en documentation, des modèles précis et
détaillés, issus d’études analytiques. Nous allons voir qu’ils sont difficilement utilisables
en pratique.
1.3 Complexité de Kolmogorov et incomplétude de Gödel
Nous utiliserons ici le fallacieux prétexte du champ d’études transverse des Sciences de
l’Information et de la Communication pour faire appel à la théorie algorithmique de
l'information et au célèbre théorème de logique mathématique de Gödel. Leur emploi
est selon nous nécessaire, pour illustrer, à l’aide de la quintessence de la science la plus
« dure » (les mathématiques) la réduction des données opérées par les modèles
bibliométriques (une science un peu plus « molle ») et mettre en évidence
l’impossibilité de l’approche analytique à modéliser la complexité.
La théorie de la complexité de Kolmogorov synthétise plusieurs mesures de
complexité, dont celle proposée par Shannon dans sa théorie de l'information. La
théorie établit que la complexité d’un objet fini peut se définir par la taille du plus petit
programme informatique (au sens théorique) qui permet de produire cet objet. La
particularité supplémentaire de cette théorie est qu’elle n’est pas décidable. En effet,
on peut concevoir un algorithme produisant l'objet voulu, ce qui prouve que la
complexité de cet objet est au plus la taille de cet algorithme, mais on ne peut pas
écrire de programme qui donne la complexité de Kolmogorov de tout objet que l'on
voudrait lui donner en entrée.
Nous retiendrons de cette théorie qu’une information n’est jamais contenue dans un
message seul, mais dans le couple message et décodeur, de façon indissociable. Ce
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6. constat nous permet d’établir que l’approche analytique, en divisant les éléments, ne
peut pas appréhender la relation entre un message et son décodeur, base de la
complexité.
Ce constat est renforcé par le fameux théorème d’incomplétude de Gödel, publié en
1931 dans son article « Über formal unentscheidbare Sätze der Principia Mathematica
und verwandter Systeme » (Sur les propositions formellement indécidables des
Principia Mathematica et des systèmes apparentés).
« Dans n'importe quelle théorie récursivement axiomatisable, cohérente et capable de
« formaliser l'arithmétique », on peut construire un énoncé arithmétique qui ne peut
être ni prouvé ni réfuté dans cette théorie.
Si T est une théorie cohérente qui satisfait des hypothèses analogues, la cohérence de T,
qui peut s'exprimer dans la théorie T, n'est pas démontrable dans T. »
Nous retiendrons et transposerons du premier énoncé aux Sciences de l’Information et
de la Communication, qu’une théorie suffisante pour « faire » de la documentation est
nécessairement incomplète. Il existe dans cette théorie des énoncés qu’on ne sait pas
démontrer à partir des seuls axiomes de la logique et dont la négation n’est pas non
plus démontrable. « Il n’existe aucun formalisme qui embrasserait toutes ces étapes
[du développement mathématique]. » [BON 08] La science la plus « dure » éprouve ses
frontières avec humilité, la documentation en est‐elle capable ?
L’approche scientifique, analytique, logique, montre ici ses limites. Cette volonté
d’appréhender le réel de façon linéaire rend les aristotéliciens incapables de se rendre
compte de leur incompétence face à la complexité.
1.4 Des « besoins » de Maslow, inconcevables
Paul Watzlawick enfonce le clou [WAT 72] : "...tant que la science a eu pour objet des
relations causales linéaires, univoques et progressives, des phénomènes fort importants
sont restés à l'extérieur de l'immense territoire conquis par la science depuis les quatre
derniers siècles".
Jacques Jean Lapointe [LAP 92] ouvre une piste de réflexion intéressante : « Ce fait
nous incite à explorer des méthodologies susceptibles de mieux composer avec la
complexité des phénomènes qui nous entourent sans les isoler de l'environnement dans
lequel ils naissent et évoluent. »
Sur la réflexion de J.J. Lapointe, nous avons conduit une étude de besoins pour un
centre de documentation. Nous avons transposé la pyramide de hiérarchisation des
besoins d’un individu de Maslow aux fonctions d’un centre de documentation.
La pyramide originale de Maslow définit cinq niveaux de besoins qui constituent la
base des motivations des individus. Présents chez chacun de nous de façon
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7. inconsciente, ces besoins sont hiérarchisés et régit par une règle simple : un besoin
supérieur ne devient conscient que lorsque les besoins inférieurs sont satisfaits. Par
exemple, un individu ne peut se sentir en sécurité (niveau 2) si sa première
préoccupation est de trouver à boire et à manger (niveau 1).
Pyramide des besoins de Maslow.
Nous transposons le besoin d’accomplissement (niveau ultime) en fonction
d’apprentissage à l’évaluation de l’information qui, selon nous, est le besoin / fonction
le plus évolué que l’on peut attendre d’un centre de documentation.
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8. D’un point de vue général retenons que « l’exploitation de l’information est un
processus complexe qui, de ce fait, n’est pas infaillible. » [BUL 04]
Dans le cas particulier d’un centre de documentation en milieu scolaire, ayons à l’esprit
que les lycéens (Digitales Natives) ne sont pas à même d’évaluer l’information trouvée
sur le Web. [LOR 01] « One writer noted that the major difficulty in the use of the World
Wide Web by children was their inability to distinguish between accurate and
inaccurate information. »
En hiérarchisant les fonctions / besoins d’un centre de documentation selon la
pyramide de Maslow, nous montrons que la fonction d’évaluation de l’information est
complexe. Hors, ayant expliqué auparavant que l’approche analytique n’est pas en
capacité d’appréhender la complexité, nous démontrons, n’en déplaise à Aristote, que
les besoins les plus évolués et les problèmes liés à ces besoins doivent être
appréhendés par une autre approche. Une approche qui tienne compte des relations
entre les objets / individus.
2 De la kybernêtikê de Google à l’homéostasie de Facebook
2.1 Qui sauve le vaisseau en perdition ?
"Aujourd'hui la science se trouve en quelque sorte sur une ligne de partage. Pendant
deux siècles elle a étudié des systèmes intrinsèquement simples... Le fait qu'un dogme
comme 'faire varier les facteurs un par un' ait pu être admis pendant un siècle, montre
que l'objet des recherches scientifiques était dans une large mesure les systèmes
qu'autorisait justement cette méthode, car une telle méthode est souvent totalement
impropre à l'étude des systèmes complexes... Jusqu'à une époque récente, la science a
eu tendance à concentrer son attention sur les systèmes simples et, notamment, sur les
systèmes réductibles par l'analyse." [ASH 56]
Cette ligne de partage dressée par Ashby en 1956 opposait déjà le maître et l’élève il y
a 2300 ans. Comme nous avons vu ce qu’en pensait l’élève, étudions maintenant les
propos de son maître.
« N'est‐ce pas à la fois le pilote et les matelots, dont les sens s'unissent à l'intelligence
du pilote, qui se sauvent eux‐mêmes en même temps que le vaisseau. » Loin de fermer
la porte au rire, Platon, dans cet extrait de « Les lois » (Livre XII), met en évidence la
première approche systémique. Ni le pilote seul, ni les matelots, non plus que le
vaisseau, ne peuvent trouver une solution à leur problème (sauver le vaisseau). Platon
conçoit le vaisseau, le pilote et les matelots comme un système. Quand il parle de sens
et d’intelligence, il est de plus dans l’analyse des relations de ce système.
Tout comme Blaise Pascal pour qui « Toutes choses étant causées et causantes, aidées
et aidantes, médiates et immédiates, et toutes s’entretenant par un lien naturel et
insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes, je tiens impossible de
connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans
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9. connaître particulièrement les parties », Ludwig von Bertalanffy formalise les
réflexions de Platon dans sa théorie générale des systèmes : « Le tout d’un système
est plus que la somme de toutes les parties du système. Toute approche s’y rapportant
doit partir d’une recherche globale de la solution. »
Joël de Rosnay va plus loin [ROS 75] et intègre le kybernêtikê de la pensée grecque à la
systémique : « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à […] l’infiniment complexe […]
Nous sommes confondus par le nombre et la prodigieuse variété des éléments, des
relations, des interactions ou des combinaisons sur lesquels reposent le fonctionnement
des grands systèmes […] Nous sommes déroutés par le jeu de leurs interdépendances et
de leur dynamique propre, qui les font se transformer au moment même où nous les
étudions. L'approche systémique […]s'appuie sur une démarche globale des problèmes
ou des systèmes que l'on étudie et se concentre sur le jeu des interactions entre leurs
éléments. »
2.2 Les invariants d’un centre de documentation
Tout comme Gödel, les structuralistes tels que Levy‐Strauss, Lacan, Piaget ou Bourdieu
sont convaincus de la présence d’invariants qui échappent à la conscience du sujet, du
système. Car, contrairement au holisme, le structuralisme explique le complexe par
l’interaction entre les éléments d’un système.
Cette conception particulière se retrouve chez les chercheurs du Mental Research
Institute de Palo Alto qui considère exclusivement les systèmes humains comme des
systèmes de relations, des systèmes de communication. Pour eux, « Les liens qui
unissent les éléments d’un système sont si étroits qu’une modification de l’un des
éléments entraînera une modification de tous les autres, et du système entier. » [WAT
72]
Cette capacité à laisser la porte ouverte à un phénomène que l’on ne maîtrise pas,
voire dont on a pas conscience est plus qu’un pied de nez à l’approche scientifique, elle
est tout simplement magique. Magie, identifiée par Flawell comme « La métacognition
se rapporte à la connaissance qu'on a de ses propres processus cognitifs, de leurs
produits et de tout ce qui y touche, par exemple, les propriétés pertinentes pour
l'apprentissage d'information ou de données... » [FLA 76]
Dans notre champ d’études concernant un centre de documentation, l’évaluation de
l’information est notre besoin / fonction identifié comme étant le plus élevé, le plus
complexe, attendu / proposé. Or, en psychologie cognitive, l´étude du système de
traitement de l´information chez l´être humain a fait apparaître que celui‐ci est et
devient un acte de connaissance. Tout ce qui se passe donc dans un centre de
documentation est acte de connaissance.
Nous allons étudier le cas particulier de l’approche systémique en milieu scolaire et au
rôle que peut / doit jouer le centre de documentation dans un tel milieu. La systémique
permet d’étudier la difficulté scolaire dans le cadre d’un système. Cette approche va
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10. observer les interactions dynamiques entre les différents éléments (élève,
documentaliste, savoir, centre de documentation, école, famille, environnement) et
leur structuration organisée en fonction d’un but. Nous retiendrons qu’un de ces buts
est l’acquisition autonome de connaissances et de compétences (apprendre à
chercher des informations, apprendre à les évaluer).
L’approche systémique permet l’appréhension de systèmes complexes et donc de
problèmes complexes. La systémique permet donc d’éviter les réponses binaires de
l’approche linéaire telle qu’« une difficulté en français nécessite uniquement une
remédiation en français » (souvent avec le même type d'exercices déjà proposé).
2.3 Dans la bibliothèque de Google, le rat n’a plus rien à ronger
Nous ne prenons guère de risque en énonçant qu’en milieu scolaire (CDI) un centre de
documentation reste pour beaucoup aujourd’hui un lieu inintéressant où végète un
« rat de bibliothèque », avec qui, bien souvent, il est difficile de discuter.
Ces difficultés de compréhension sont en grande partie dues aux nouvelles typologies
de recherche. On est passé de « Madame, il me faudrait un livre d'histoire récent pour
une photo du président des USA. » à un jeune devant un ordinateur qui « cherche une
photo du visage de Barack Obama, de grandes tailles, au format JPEG, et dont la licence
autorise des modifications. » (lien vers la requête). De plus, Google, le principal moteur
de recherche, propose une interface si simple qu’elle ne requiert aucun effort de
structuration et de formulation de la demande. Ainsi donc, on saisit « vacances en
Laponie » pour trouver aussi bien une agence de voyages spécialisée dans cette
destination que pour regarder des photos de rennes tirant un traîneau. Des finalités
très différentes et pourtant une formulation identique. Aucun documentaliste
n’accepte une requête de ce genre. La première chose qu’il demandera sera de
préciser la requête. « Vous cherchez une agence de voyages ou des fichiers
multimédias ? »
Le fossé est trop large. D’un côté, nous avons un univers pensé, normalisé et classifié,
régi par un professionnel qui inscrit ses démarches dans le temps (conservation) et de
l’autre, un monde de l’immédiateté, de l’instant, dans lequel trouver par erreur (effet
serendip) est presque devenu une étape incontournable de l’activité de recherche (je
ne recherche plus, je navigue). Notre rapport à l’information a tellement évolué depuis
la démocratisation du web que « les schèmes cognitifs changent, on ne joue plus de la
même manière avec les outils de recherche. » [GAL 08]
On s’aperçoit bien qu’appréhender un centre de documentation sans analyser,
cartographier et évaluer les relations qui sont en jeu dans des méthodes pédagogiques,
des techniques d’enseignement, des modalités d’évaluation et des activités
d’apprentissage, réduit considérablement sa portée et sa compréhension.
L’entropie informationnelle [ERT 03, GAL 02] change notre rapport à l’information, nos
façons de la rechercher, de l’évaluer, de la stocker, de l’annoter. L’équifinalité de
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11. l’approche systémique permet d’envisager plusieurs chemins pour apprendre la même
chose.
2.4 De la nécessité d’une culture informationnelle
Les nouvelles typologies de recherche ont créé un lien de dépendance très fort des
utilisateurs vis‐à‐vis des moteurs de recherche. « Une écrasante majorité d’utilisateurs
considère que les résultats donnés par les moteurs de recherche sont fiables et
questionne peu la pertinence des résultats. » [BRO 07] Un centre de documentation
peut difficilement rivaliser avec Google.
De plus, « Je l’ai trouvé sur Internet » est devenu le nouveau « dicton d’autorité
personnelle », selon la formule de Régis Debray, de la cybershère. [SER 05]
Or, des notions « évidentes » pour chacun comme la confiance, la pertinence, la
qualité, la crédibilité et la fiabilité deviennent très vite difficiles à définir dans un cadre
d’évaluation de l’information. Et c’est sans compter que « les moteurs de recherche ne
sont pas à l’abri des manipulations et de la propagande. » [SIM 09]
Comme le concept de réseau social, les concepts de qualité et d’autorité ne sont pas
nouveaux. [RIE 02] « The concepts of quality and authority are not new. » Mais arriver à
une pertinence sociocognitive satisfaisante est un processus itératif complexe que
nous mettons en œuvre à toutes les étapes de notre vie. De l’enfance à l’analyse
stratégique, nous devons régulièrement évaluer la pertinence sociocognitive d’une
information et donc accepter de, parfois, nous tromper. Se tromper n’est pas
envisageable dans l’approche analytique.
Quand on sait que « La maîtrise de l’information […] est l’une des cinq habiletés
essentielles pour pouvoir intégrer le marché de travail dans l’avenir. » [INF 95], on se dit
qu’il est grand temps d’opter pour l’approche systémique, qui nous permettra, nous en
sommes convaincus de développer une culture informationnelle durable.
« On croyait que le numérique nous apporterait un accès facilité à la connaissance, il
n’en est rien. La littératie se complexifie au contraire et l’illusion de la transparence
dissimule délégations techniques et intellectuelles. » [LED 10]
Tu ne m’apprends rien si tu ne
m’apprends à faire quelque chose.
Paul Valéry
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12. CONCLUSION
Aujourd’hui « Nous donnons du pouvoir aux gens quand nous leur accordons notre attention
et les gens gagnent du pouvoir quand ils font le pont entre des mondes différents et
déterminent quelles informations seront reversées dans les réseaux » dont ils sont l’un des
nœuds. [BOY 09]
D’un autre côté, avec « Google Suggest » qui prédit les requêtes de recherche en temps réel
et « Google Instant Search », qui affiche automatiquement les résultats associés à une
requête populaire commençant par ces lettres on peut légitimement se dire que « suggérer
n'est pas prédire, mais peut fortement y ressembler ». [ERT 10]
Dès lors, on peut se poser la question : « la capacité prédictive de nos systèmes socio‐
techniques va‐t‐elle tuer notre libre arbitre ? » [SCH 09] Et qui mieux qu’un centre de
documentation peut appendre à apprendre, peut développer le libre arbitre ?
L’approche linéaire ne permet pas d’intervenir sur la métacognition et l’affectivité de
l’apprentissage, voire même de prendre en compte ces notions. Or cette erreur, cet oubli, a
déjà été commis il y a quinze ans par le Ministère de la Recherche et de la Technologie.
Quand il a demandé à sa délégation à l’Information Scientifique et Technique (la DIST) un
rapport sur la qualité de l’information scientifique et technique (IST), il a oublié l’analyse des
relations des producteurs et des consommateurs d’IST.
Cet oubli a été comblé depuis par le Ministère de l’Éducation Nationale qui mentionne dans
« Repères pour la mise en œuvre du Parcours de formation à la culture de l’information »
paru en octobre 2010 que « L’activité informationnelle sollicite plusieurs compétences
cognitives, au premier rang desquelles arrive, bien sûr, la lecture mais aussi différentes
modalités de raisonnement, l’aptitude à analyser, évaluer et synthétiser ainsi que des
compétences sociales et communicationnelles. »
Tout comme vous, nous sommes convaincus que « La notion de culture de l’information a eu
très tôt une connotation pédagogique. » [CHA 10] et qu’avec les nouvelles typologies de
recherche et la lecture participative des documents sur le web, on assiste à une déformation
de l'hexagone cognitif [SAL 03] du lecteur / chercheur.
C’est bien l’approche systémique de la documentation qui a permis l’épanouissement du
knowledge management (gestion des connaissances) dans les entreprises, via, notamment
les réseaux sociaux d’entreprise.
Va‐t‐on arriver, doit‐on arriver, à un réseau social en collège et lycée, dont la gestion des
connaissances serait un héritage du centre de documentation ?
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16. SITOGRAHIE
Affordance.info
http://affordance.typepad.com
Blog d’Olivier Ertzscheid, maître de conférences en sciences de l'information.
Archimag
http://beta.archimag.com/
Stratégies & ressources de la mémoire & du savoir
Archive Ouverte en Sciences de l'Information et de la Communication
http://hal.archives‐ouvertes.fr
@rchiveSIC a vu le jour en Mai 2002. Il s'inscrit dans le mouvement mondial des Archives
ouvertes pluridisciplinaire HAL, et est destinée au dépôt et à la diffusion d'articles
scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, et de thèses, émanant des établissements
d'enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
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Créée en 1963, l'ADBS, forte de ses 5 000 adhérents professionnels, est la première
association professionnelle de l'information et de la documentation en Europe.
Huyghe.fr
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Le blog de François‐Bernard Huyghe, Docteur d'État en Sciences Politiques
Habilité à diriger des recherches en Sciences de l'Information et Communication.
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www.internetactu.net
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domaine des technologies de l’information et de la communication, est soutenu par 15
acteurs de l’innovation et de la recherche pour garantir son indépendance, assurer son
développement et enrichir son contenu.
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Blog d’Olivier Le Deuff dont les mots‐clés sont : Information literacy, documentation, CDI,
Internet, Pédagogie, culture de l'information, sciences de l'information et de la
communication.
Société française des sciences de l'information et de la communication
http://www.sfsic.org
La Société Française des Sciences de l'Information et de la Communication, créée en 1974,
est une Association régie par la loi de 1901.
Master 1 Information et Communication, parcours Documentation 16
Guillaume‐Nicolas MEYER 2010 – 2011