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L’approche algorithmique
             de l’aléatoire

                           Hector Zenil

                  Institut d’Histoire et de Philosophie des
           Sciences et des Techniques (Paris 1/ENS/CNRS) et
         Laboratoire d’Informatique Fondamentale de Lille (CNRS)

                             1 décembre 2008




Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire     1 / 69
1   Introduction des approches algorithmiques

2   Complexité algorithmique

3   Raccourcis du nombre π

4   L’aléatoire déterministe

5   La dépendance du langage

6   La valeur ontologique et épistémologique des définitions

7   Le scepticisme sur la nature (in)déterministe du processus générateur

8   La contingence de l’aléatoire quantique

9   Conclusions
    Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire          2 / 69
Les notions intuitives de l’aléatoire



Depuis toujours, on associe de manière intuitive l’aléatoire
avec les notions de :

    se produire sans loi.
    ne pas être prévisible.
    toute absence de structure, de régularité.




   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   2 / 69
La correspondance des notions mathématiques
On trouve que les approches mathématiques gardent le même esprit car à
chacune des notions intuitives de l’aléatoire correspond une de ces
approches algorithmiques :


    La complexité algorithmique (Kolmogorov, Chaitin)
    Les martingales effectives (Schnorr)
    Les tests effectifs ou ’typicalité’ (Martin-Löf)


Ces approches consistent à utiliser la théorie algorithmique de l’information
pour définir ce qu’est l’aléatoire. Les auteurs de chaque approche avaient
tous dans leur esprit la motivation de capturer ce phénomène.
Ultérieurement d’autres applications ont donné une vie propre à la théorie,
surtout par rapport à la valeur méta-mathématique que nous exposons plus
tard.

   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire         3 / 69
Comment définir la complexité algorithmique d’un objet ?

Selon la théorie classique des probabilités, sous une distribution uniforme,
toute suite à n chiffres (par exemple pour des suites qui encodent les
résultats d’un jeu de pile ou face avec une pièce non truquée) :

                      PPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPP 1
                       PFPFPFPFPFPFPFPFPFPFPFPFPF
                       PFFPPFPPPFFFFPPFPPFPFPFFFP

elles ont toutes la même probabilité P(s) = 1/2n comme résultat de lancer
la pièce n fois. Alors qu’évidemment si on obtient la première on supposera
que la pièce était truquée, et si on tombe sur la deuxième on la
soupçonnera aussi, tandis que si on tombe sur la troisième, cela semblera
plus normal. On voudrait formaliser l’idée qu’on n’attend pas de régularités
d’un processus dans une suite d’événements résultant du hasard.


  1. P=pile, F=face
   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire          4 / 69
Définition de la complexité algorithmique
(Kolmogorov, Chaitin)

On peut alors définir la complexité d’une suite de la façon suivante :

Definition 1.1
La complexité KL (s) d’une suite binaire finie s sous un langage L est :
KL (s) = longueur du plus court programme p(s) qui engendre s en L.


On parle aussi de programme minimal de s 2 .

Idée : est simple ce qui se décrit brièvement.



    2. s’il y a plusieurs programmes de taille minimum, p(s) est le premier dans
l’ordre lexicographique.
    Hector Zenil (IHPST)     L’approche algorithmique de l’aléatoire               5 / 69
Application de la complexité algorithmique
Donc, en utilisant la complexité algorithmique, on peut déterminer que la
suite :


        00000000000000000000000000000000000000000000000000


a une complexité algorithmique plus faible que celle de la suite :


        26535897932384626433832795028841971693993751058209


car la première peut être produite par un programme du type ’imprime 50
zéros’ qui est certainement plus court qu’un programme de la deuxième
suite.

   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire       6 / 69
Définition de l’aléatoire par le moyen de la complexité
algorithmique
Si s est une suite finie :

Definition 1.2
s est aléatoire si K (s) > longueur (s) + c.


Idée : Une suite finie est aléatoire, si et seulement si, elle est incompressible.

Si s est une suite (séquence) infinie :

Definition 1.3
s est c-aléatoire, si et seulement si, il existe une constante c telle que la
complexité algorithmique (auto-délimitée) des n premiers chiffres de la
suite est toujours plus grande que longueur (sn ) − c.


   Hector Zenil (IHPST)     L’approche algorithmique de l’aléatoire             7 / 69
Définition de l’aléatoire par le moyen de la complexité
algorithmique

Le terme c est introduit pour s’assurer que même dès début pour les
segments initiaux et pour les courtes suites la définition est satisfaite.
Evidemment, si s est infinie, on ne peut jamais tester la
compressibilité de tous les segments initiaux sn pour toute n et on ne
peut donc jamais se prononcer de manière définitive sur le caractère
aléatoire de s.

D’autre part, si s est une suite finie, elle peut toujours faire partie
d’une suite infinie aléatoire s et donc le caractère non-aléatoire d’une
telle suite ne peut jamais être absolu (elle est dans le meilleur des cas
"semblant aléatoire" ou "random-looking").



   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire     8 / 69
Propriétés de K


    K (s) n’est pas calculable. La fonction s → K (s) n’est pas récursive
    (c’est-à-dire pas calculable par algorithme) aucun algorithme ne peut,
    pour tout suite s qu’on lui fournit en données, calculer en temps fini,
    la valeur de K (s).
    En pratique, pour évaluer K (s), on utilise des compresseurs (sans
    pertes) : la taille du fichier comprimé de s par un algorithme C de
    compression est alors une valeur approchée (une borne supérieur) de
    K (s).
    La non-calculabilité de K (s) a pour conséquence qu’on ne peut jamais
    être certain d’être proche de sa valeur (car par exemple une régularité
    non vue par le compresseur utilisé peut être présente dans s).




   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire       9 / 69
L’approche par les martingales
On peut aussi aborder ce même problème des suites qui ne semblent pas
aléatoires en d’autres termes. Pensons qu’on enregistre chaque jour et
chaque nuit avec un 0 et un 1. On obtient donc une suite de plusieurs
milliards de chiffres, un pour chaque jour ou nuit depuis des milliards
d’années 3 jusqu’à aujourd’hui :

                . . . 010101010101010101010101010101010101010

On se demande ensuite quel est le chiffre suivant, c’est-à-dire, si le soleil se
lèvera demain. Ceux qui croient à la théorie classique des probabilités
pourraient parier pour 0 ou 1 sans aucune distinction mais c’est la théorie
algorithmique de l’information qui explique pourquoi personne ne pariera
pour 0, car évidemment le fait qui produit le jour et la nuit n’est pas le
résultat du hasard, mais d’un processus.

   3. si on croit que cela est arrivé comme cela, sinon on peut commencer depuis
la prise de connaissance de chacun.
    Hector Zenil (IHPST)     L’approche algorithmique de l’aléatoire               10 / 69
En favorisant la préservation des structures




En général, lorsqu’on observe une suite de ce type, on tend
toujours à favoriser les chiffres qui maintiennent le motif de
la suite. Plus longue est la suite, plus on est certains de
parier. Avec moins de régularités, le pari devient plus risqué.
On voudrait capturer ce phénomène de manière formelle.




   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   11 / 69
Probabilité algorithmique (Chaitin, Levin, Solomonoff, Gács)

Vous ne parierez pas pour "le soleil ne se lèvera pas demain" parce
qu’obtenir un 1 après la suite . . . 01010101010 est algorithmiquement plus
probable.

La semi-mesure m (qualifiée de miraculeuse par Ming Li et Walter
Kirchherr) indique que plus une suite s est simple, plus sa probabilité m(s)
comme résultat d’un calcul, est grand :


                               m(s) = 1/2K (s)+c


Idée : plus une suite s est aléatoire plus sa probabilité m(s) est petite.



   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire            12 / 69
La métaphore du singe dactylographique


[Borel, 1952] Avec assez de temps, un singe qui tape (on
assume que chaque événement est indépendant, c’est-à-dire
que le singe tape vraiment de manière aléatoire)
indéfiniment sur une machine à écrire dactylographiera
n’importe quel texte (e.g. le roman "Les Misérables"). La
probabilité d’obtenir Les Misérables serait donc 1/50n , avec
n la taille de l’oeuvre de Victor Hugo et 50 le nombre de
touches dans la machine à écrire.



   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   13 / 69
La métaphore du singe dactylographique



La probabilité (m(s)) de produire le roman des Misérables en remplaçant la
machine à écrire par un ordinateur [Chaitin 1], est beaucoup plus forte
(même si elle reste toujours petite car la longueur du texte est assez
grande), car la complexité K (s) du texte est très faible par rapport à une
suite aléatoire de la même taille.

Autrement dit, le singe a beaucoup plus de chance de produire un roman en
le plaçant sur un ordinateur (ou chaque touche représente un programme)
que sur une machine à écrire (ou chaque touche est une donnée).




   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire      14 / 69
La métaphore du singe dactylographique

Le singe qui est une métaphore d’une source de données aléatoires devient
une analogie d’une source de programmes aléatoires. Cependant, il faut
souligner qu’à l’inverse de la valeur de K (s), si on tire des programmes au
hasard on verra que la plupart de ces programmes ne produisent pas de
séquences aléatoires.

Plus encore : le singe pourrait suivre une énumération effective des touches
est le résultat de m(s) ne variera pas, tandis que s’il suit une énumération
dans le cas de la machine à écrire évidemment il ne produira le roman que
si l’énumération est exactement celle de l’ordre des lettres dans le roman
des Misérables. En d’autre mots, le requis d’une source aléatoire est plus
faible pour la mesure m (on pourrait remplacer sans problème le singe
"aléatoire" par une source déterministe).



   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire        15 / 69
Jeux de pari
Dans n’importe quel jeu, à chaque fois que l’on mise, il existe une
probabilité p de gagner et une probabilité q de perdre.

Supposons que, comme à pile ou face, celui qui gagne récupère sa mise
plus une somme égale à sa mise.

Lorsqu’un jeu est en votre faveur (p supérieur à 1/2), même si vous
affrontez un joueur infiniment riche avec une somme de départ finie, vous
deviendrez infiniment riche dans une bonne proportion de cas.

Si vous avez une somme de départ infinie, vous deviendrez toujours riche
en jouant assez longtemps.

Cependant, si p est inférieur à 1/2 et si vous ne disposez que d’une somme
de départ finie, vous perdrez presque toujours.

   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire       16 / 69
La stratégie de la martingale

Par contre, si p est inférieur à 1/2 et vous avez une somme
infinie de départ vous pouvez gagner avec une stratégie de
jeu...

Une martingale est une stratégie de jeu et la martingale
géométrique, c’est La martingale et elle consiste à doubler
la mise K à chaque fois qu’on perd jusqu’à ce que l’on
gagne.

Lorsque cela arrive, on a perdu K + 2K + 4K + . . . + 2n K
mais on gagne 2n+1 K , donc on a gagné à la fin K .

   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   17 / 69
L’aléatoire selon Schnorr
Dans le raisonnement des martingales, aucune référence n’est faite aux
résultats du jeu à chaque fois. Ce que ces stratégies mettent en évidence,
c’est que si le jeu n’a aucun biais, prendre en compte le passé est inutile !

Une séquence s est aléatoire s’il n’existe aucune martingale (effective)
gagnante lorsqu’on parie sur le prochain chiffre de s.

Definition 1.4
Il n’existe aucune martingale M sur une suite s telle que :
lim supn M(sn ) = ∞
Où M est le gain, sn les segments initiaux de la séquence s.

Idée : personne ne peut gagner en pariant en présence d’une suite
aléatoire. 4
  4. Déjà en 1928 von Mises parlait du "principe de l’impossibilité de pari" [von
Mises]
    Hector Zenil (IHPST)     L’approche algorithmique de l’aléatoire                18 / 69
L’aléatoire de Martin-Löf
L’univers de Cantor dénoté par 2ω contient toutes les suites binaires infinies
(elles peuvent aussi se mettre en correspondance avec les expansions des
nombres réels et donc être considérés comme des nombres réels).

Definition 1.5
Une suite s ∈ 2ω est aléatoire, si et seulement si, s réussit "tous les tests
statistiques effectifs".
On trouve qu’il y a un nombre dénombrable de tests statistiques effectifs 5
et seulement un ensemble de mesure de Lebesgue nulle de suites ne
satisfaisant pas la condition de Martin-Löf. Donc la plupart des suites sont
aléatoires au sens de Martin-Löf.

Idée : une suite est aléatoire au sens de Martin-Löf, si et seulement si, s a
toutes les propriétés communes à la plupart des suites dans l’univers de
Cantor (toutes les suites binaires infinies).
   5. On prouve l’existence d’un test universel (auquel on ne peut pas y avoir
accès) tel que si une suite passe ce test elle passera n’importe quel autre test
statistiqueZenil (IHPST)
     Hector
            effective.        L’approche algorithmique de l’aléatoire               19 / 69
L’aléatoire de Martin-Löf



Par exemple, parmi les propriétés communes, dans l’univers de Cantor, est
l’être transcendant, être normal, suivre la loi des grands nombres, avoir plus
de 0 que de 1 dans une sous-suite à n chiffres ou suivre la loi du logarithme
itéré.

Il est important de se rendre compte que la définition de Martin-Löf n’est
définie que pour des suites infinies. C’est alors une propriété intrinsèque de
cette définition ne pas pouvoir exhiber une suite aléatoire individuelle.




   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire         20 / 69
Propriétés des suites Martin-Löf aléatoires



Parmi d’autres propriétés :
    Une suite aléatoire à la Martin-Löf n’est pas calculable, et une
    suite calculable ne peut pas être aléatoire au sens de Martin-Löf.
    Presque tous les suites sont aléatoires au sens de Martin-Löf,
    même si ni les suites algébriques ni les suites calculables ne sont
    aléatoires !
Le consensus autour de la définition de Martin-Löf c’est qu’elle est la
bonne définition mathématique de l’aléatoire.




   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   21 / 69
Convergence des approches
Schnorr prouve qu’une suite s est Martin-Löf aléatoire est incompressible
au sens de la complexité algorithmique (auto-délimitée). Martin-Löf prouve
qu’une suite est aléatoire si elle est aléatoire au sens de la complexité
algorithmique (auto-delimitée).

On a donc :

complexité algorithmique (auto-delimitée) ⇔ martingale effectives ⇔ tests
statistiques effectifs (typicalité) 6

Autrement dit :

incompressibilité ⇔ imprévisibilité ⇔ absence de régularités !
   6. au niveau du premier degré de Turing, car Schnorr lui-même a prouvé
qu’il y a des nombres aléatoires au sens de Schnorr qui sont plus difficiles que le
problème de l’arrêt des machines de Turing, tandis que tous les nombres aléatoires
à la Martin-Löf appartiennent au même degré de Turing, le degré équivalent au
problème de l’arrêt.
    Hector Zenil (IHPST)      L’approche algorithmique de l’aléatoire                22 / 69
Convergence des approches


C’est ce qu’on pouvait attendre d’une définition qui capture bien le
phénomène de l’aléatoire. Car la convergence des définitions peut signifier
qu’on a touché quelque chose de fondamental, puisque plusieurs
développements théoriques qui essayent de saisir le même phénomène de
manière indépendante deviennent équivalents à la fin.

C’est ce qui est arrivé lorsqu’on a essayé de saisir le concept de calcul et on
a trouvé que les théories développées étaient équivalentes (le lambda
calcul, les machines de Turing, les systèmes de Post, les fonctions
récursives de Kleene, etc.) 7




   7. Par contre, ces arguments de convergence ont été critiqués par certains
auteurs, notamment Georg Kreisel [Kreisel]
    Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire             23 / 69
Conséquence de la convergence des approches

Une fois qu’on obtient que les trois approches algorithmiques de l’aléatoire sont
équivalentes, on peut décider d’en approfondir une seule car on sait que ce qu’on
déduit d’une approche, on le déduit des autres. Il faut cependant revenir aux
autres approches car chacune fournit une interprétation différente du phénomène,
quelquefois mises en relief plus par une que par l’autre.

Nous allons exposer quelques particularités de l’approche par le moyen de la
complexité algorithmique, qui pourraient être considérées comme des défauts ou
des problèmes que la théorie laisse sans réponse définitive.

Que la théorie ne fournisse pas de réponses absolues aux questions sur l’aléatoire
peut avoir plusieurs interprétations : soit parce que la réponse de la théorie est
précisément qu’il n’y en a pas soit parce que la théorie n’est pas toujours
complète et qu’elle ne déploie pas encore tout son pouvoir soit une combinaison
de ces deux dernières contraintes, l’une ontologique et l’autre épistémologique.
Nous reviendrons sur ces points plus tard...


   Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire             24 / 69
La nature subjective de l’aléatoire




Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire   25 / 69
La nature subjective de l’aléatoire pour des suites finies


On pourrait convenir d’appeler complexes au sens de la théorie
algorithmique, les suites finies telles que : K (s) > longueur (s)/2


                   Mais le seuil longueur (s)/2 est arbitraire.


Il n’y a pas de convention acceptée (même au sens mathématique)
pour une telle définition. Il y a une phase de transition difficile à
décider qui ne dépend que d’un choix arbitraire (la place du seuil). Le
caractère aléatoire se rend seulement moins subjectif au delà du
voisinage du seuil, c’est-à-dire aux extrêmes.



   Hector Zenil (IHPST)     L’approche algorithmique de l’aléatoire   26 / 69
La nature subjective de l’aléatoire pour des suites finies

Il faut remarquer que :

(par un raisonnement combinatoire assez simple)
Une suite tirée au hasard a toutes les chances d’avoir une forte
complexité algorithmique. Parmi toutes les suites de 0 et de 1 de
longueur n, pour n fixé,
    moins d’une suite sur 1024 a une complexité < n − 10,
    c’est-à-dire peut être comprimée de plus de 10 digits ;
    moins d’une suite sur un million a une complexité < n − 20,
    c’est-à-dire peut être comprimée de plus de 20 digits.
    etc.

Une suite tirée au hasard est très rarement compressible.

   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   27 / 69
La nature subjective de l’aléatoire pour des suites finies



Le seuil (dont on a parlé auparavant) est donc très pertinent pour
décider le caractère aléatoire de la plupart des suites, donc celles qui
sont facilement distinguables (c’est-à-dire qui sont loin de la portée
du voisinage du seuil) ne sont pas très nombreuses.

En d’autres mots, pour la plupart de suites (car il ne sont pas assez
facilement compressibles) le caractère d’être aléatoire est tout à fait
subjectif.




   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire     28 / 69
La structure cachée des nombres




Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire   29 / 69
La structure cachée du nombre π


En général, étant donné une suite quelconque il n’est pas facile de la distinguer
comme aléatoire, même avec un seuil justifié de certaine manière. Par exemple, la
deuxième suite du dernier exemple, semble aléatoire au sens de la complexité
algorithmique :

            26535897932384626433832795028841971693993751058209


mais elle ne l’est pas car il s’agit en fait de la suite des décimales du nombre π à
partir de la sixième chiffre (les cinq premières sont 14159). π n’est donc
absolument pas algorithmiquement aléatoire, puisque le simple fait que l’on puisse
l’écrire sous formes de séries permet d’écrire un programme de taille bien
inférieure à n pour calculer n décimales.




    Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire             30 / 69
La structure cachée du nombre π



On doit donc considérer les décimales du nombre π comme un exemple de
complexité organisée 8 (ou de complexité aléatoire faible) car π peut être
produit par des programmes courts qui engendrent des segments initiaux de
chiffres de π.

Idée : L’organisation de π est cachée, mais elle est extrêmement ordonnée
et donc algorithmiquement non-aléatoire .




   8. complexe peut aussi signifier : organisé, fortement structuré, riche en infor-
mation. Il y a deux types de complexité : la complexité aléatoire et la complexité
organisée. On parlera ici plutôt de la complexité aléatoire.
    Hector Zenil (IHPST)      L’approche algorithmique de l’aléatoire                 31 / 69
La structure cachée des nombres

Cette suite semble à première vue aussi aléatoire :

0110100110010110100101100110100110010110011010010110100110010110

Cependant, il s’agit de la suite de Thue-Morse construite de la façon suivante :
 (c’est la concaténation des suites précédentes niées)
 0
 01
 0110
 01101001
 0110100110010110
 ...
 tm(n + 1) = tm(n) <> Not[tm(n)]
Elle vient donc d’un algorithme assez simple (voir court).

Idée : En général, la complexité aléatoire n’est pas facile à distinguer.


    Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire           32 / 69
Raccourcis du nombre π

Les décimales de π n’ont rien d’aléatoire selon la théorie
algorithmique de la information, mais la distribution des chiffres ou
des groupes consécutifs de n chiffres de ses décimales a cependant les
caractéristiques d’un phénomène aléatoire.

Les formules BBP (Bailey-Borwein-Plouffe) permettent d’évaluer le
n-ième chiffre de π en base 16 9 sans calculer les précédents, le tout
en temps n × ln(n).

Il est pertinent de remarquer que la complexité algorithmique ne
prend pas en compte le temps du calcul (le nombre de pas qu’un
calcul prend).


  9. ou en n’importe quelle base multiple de 2n .
   Hector Zenil (IHPST)     L’approche algorithmique de l’aléatoire   33 / 69
La question de l’existence des raccourcis

On peut alors formuler la question de savoir si pour tout nombre il
existe ces types de raccourcis.

D’après Stephen Wolfram [Wolfram], cela n’est pas le cas en général
(par exemple la règle 30 des automates cellulaires). D’après lui du fait
que tout système de calcul non-trivial atteint un pouvoir de calcul
également sophistiqué. Un système ne peut pas raccourcir le calcul
d’un autre sans passer par toutes les étapes (ou la plupart des étapes)
précédentes du système qu’on essaye de raccourcir 10 . Soit parce
qu’on ne peut pas trouver le raccourci soit parce qu’il n’existe pas
(Wolfram ne prend pas de position philosophique à cet égard).
Wolfram appelle ce phénomène principe d’irréductibilité de calcul.


 10. [Dubucs]
   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   34 / 69
La profondeur logique de Bennett

Une tentative pour expliquer ce phénomène, c’est la "profondeur
logique" de Charles Bennett. La profondeur logique exprime le
"contenu en calcul" d’un objet fini [Bennett, 1986].

La profondeur logique d’une suite s est définie par :

Definition 3.1
P(s) = temps de calcul du programme minimal de s.

Ce qui tient en compte à la fois la complexité algorithmique (la taille
du programme qui engendre s) et le nombre de pas du calcul que ce
programme prend pour l’engendre.



   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   35 / 69
L’aléatoire intrinsèque de Wolfram



Une conséquence du principe d’irréductibilité de Wolfram, c’est que
des systèmes simples qui atteignent un pouvoir de calcul minimal
peuvent produire une sortie si complexe qu’aucun autre système ne
peut la déchiffrer en avance (le raccourcir) sans le parcourir étape par
étape, ce qui donne lieu à la définition d’aléatoire déterministe de
Wolfram.

Pour illustrer ce phénomène Wolfram utilise des exemples
d’automates cellulaires. En voici :




   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   36 / 69
Un automate qui préserve la nature des entrées




                 Figure: Automate cellulaire élémentaire à règle 22.


   Hector Zenil (IHPST)     L’approche algorithmique de l’aléatoire    37 / 69
Un automate qui préserve la nature des entrées
À des entrées simples, des sorties simples. À des entrées complexes des sorties
complexes.




Figure: Automate cellulaire élémentaire à règle 22 : condition initiale périodique
n = 2 (...010101...).

    Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire              38 / 69
Brisure de symétrie




Figure: Automate cellulaire élémentaire à règle 22 : condition initiale périodique
asymétrique n = 3 (...01101...).




    Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire              39 / 69
L’aléatoire extrinsèque venu d’un système déterministe
Le système le laisse passer (l’amplifie peut-être) vers la sortie, mais la source de
l’aléatoire vient de l’extérieur.




        Figure: Automate cellulaire à règle 22 à condition initiale aléatoire.
    Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire              40 / 69
L’aléatoire intrinsèque
Le système produit de l’aléatoire même à partir de conditions initiales simples
(voir même une cellule noire).




                           Figure: Automate cellulaire à règle 30.

    Hector Zenil (IHPST)        L’approche algorithmique de l’aléatoire           41 / 69
L’aléatoire intrinsèque

D’après Wolfram, la sortie de l’automate cellulaire à règle 30 produit
une sortie assez complexe pour être considérée comme aléatoire. Il
appelle ce type d’aléatoire venu du système même (opposé à
l’aléatoire venu de l’extérieur et transporté/transferé vers la sortie) de
l’aléatoire intrinsèque.

Pour Wolfram, ce type d’aléatoire comme celui de la règle 30 11 est
aussi bon en qualité que celui venu des systèmes non-déterministes
(s’il y en a, car Wolfram ne se prononce pas à cet égard).


  11. Wolfram utilise un automate cellulaire comme générateur de nombres aléa-
toires dans son logiciel Mathematica, ce qui rend évident la valeur qu’il donne à
ses croyances et le défaut de trouver la manière de déchiffrer ce type d’automates
cellulaires si simples qu’ils soient, même beaucoup plus simples que les chiffres
de π.
    Hector Zenil (IHPST)     L’approche algorithmique de l’aléatoire                42 / 69
L’aléatoire intrinsèque


Pourtant, l’aléatoire algorithmique s’oppose évidemment à l’aléatoire
intrinsèque de Wolfram car ce dernier, comme pour la règle 30, vient d’une
règle très courte qui génère l’évolution complète de l’automate (on n’a
besoin que de 8 bits pour l’en décrire).

Cependant, lorsqu’on essaie de comprimer la sortie de l’automate à règle 30
aucun compresseur ne semble bien la comprimer, comme cela arrive aussi
pour les chiffres décimaux du nombre π. Aucun compresseur ni l’analyse
soigneuse des chercheurs n’ont réussi à trouver des motifs réguliers dans la
partie droite de la règle (par exemple, une période).




   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire       43 / 69
La définition de la complexité algorithmique, est-elle
                      robuste ?




Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   44 / 69
Théorème d’Invariance
On peut se demander si la définition de la complexité algorithmique, est robuste :
Est-ce qu’en changeant de langage (ou de machine universelle de Turing), on ne
change pas la complexité mesurée ?

Le théorème d’invariance donne sens à la définition de la complexité
algorithmique :

Théorème 5.1
Si L et M sont deux machines de Turing universelles, et si on note KL (s)
(respectivement KM (s)) la complexité algorithmique quand on utilise
L(respectivement M) comme machine de référence, alors il existe une constante
cL,M telle que pour toute suite binaire finie s :

                              |KL (s) − KM (s)| < cL,M

Idée : On utilise la possibilité d’écrire en L un compilateur pour M, et
réciproquement.


    Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire          45 / 69
Le choix de machine universelle est pertinent
Alors que la formalisation de la notion d’algorithme dans la théorie de la
calculabilité a permis de fixer le modèle de calcul sur lequel on peut définir la
complexité algorithmique d’une suite (avec une machine universelle de Turing)
sans la relativiser à aucun autre modèle de calcul (ce qui a permis d’encadrer la
notion de complexité) la dépendance du langage joue un rôle important lorsqu’on
veut évaluer la complexité d’une suite fini, comme le théorème d’invariance le met
en évidence.

Pour les courtes suites par exemple, parler de K (s) ne semble pas avoir vraiment
de sens car la constante additive c est trop forte par rapport à la taille des suites
courtes.

Pourtant, on a envie de dire que :
01010101 est plus simple que 1010110

On pourrait essayer de les comprimer pour approcher la valeur de la complexité
algorithmique...


    Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire              46 / 69
Le problème de la compression
Cependant, si vous essayez de comprimer une suite aussi courte, vous
n’obtiendrez rien. En fait, la suite compressée sera plus longue ! 12

Flatten@(IntegerDigits[#, 2] & /@ToCharacterCode
/@StringSplit[Compress["01010101"], ""])
=11000111101011001011001010111100010101001010100100110111011
0000111101101101101011010101011001100011110000011110111100110
0100101000010100000110000101101001110001010000011110011100010

KMathematica (”01010101”) ≈ 207

une méthode permet d’évaluer la complexité algorithmique des suites,
même si elles sont courtes...
  12. Attention : si vous composez un texte avec des 0 et de 1 tirés au hasard,
n’importe quel compresseur de texte le réduira d’environ 7/8 (car chaque 0 ou 1
est codé sur 8 bits –codage ANSI).
    Hector Zenil (IHPST)     L’approche algorithmique de l’aléatoire              47 / 69
Une définition indépendante du langage

Voici l’idée :

Si on fait fonctionner une machine universelle (à
programmes auto-délimités) en lui donnant un programme
au hasard, alors elle produit la suite s avec la probabilité
m(s) (la mesure de Levin [Levin 1]).

alors calculer m(s) pourrait nous approcher de K (s) par la
formule :

                            m(s) = 1/2K (s)+c


   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   48 / 69
Vers une définition stable

Les expériences suggèrent qu’on peut donner un sens stable à m(s),
même pour des s petites en procédant expérimentalement :


    en faisant fonctionner des mécanismes de calculs de manière
    systématique (machines de Turing, automates cellulaires, etc.)
    pour produire des suites s au hasard ;
    ou en prenant des données du monde réel et en les traduisant en
    suites de 0 et de 1 ; puis en observant quelles sont les
    distributions obtenues pour les s.


Ce travail a été fait (et est toujours en train de se développer)
[Delahaye, Gauvrit, Zenil].


   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   49 / 69
Convergence en distribution
Nos distributions expérimentales trouvées (surtout les classements) sont
relativement stables. On croit avoir trouvé une distribution distinguée me qu’on
conjecture égale à la distribution générée à partir de la mesure m.




  Figure: Comparaison des distributions de fréquences des sorties : TM et CA.

   Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire            50 / 69
Convergence en distribution




Figure: Graphique de corrélation des distributions des fréquences des sorties : TM
et CA.

   Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire            51 / 69
Convergence en distribution


On propose alors une distribution naturelle, et de définitions de machines de
Turing naturelles et c-exactes si elles s’approchent de la distribution naturelle.

Definition 5.2
Une machine universelle de Turing est naturelle si elle préserve depuis le début
(donc même pour les courtes suites) l’ordre des suites imposé par la distribution
naturelle.
Definition 5.3
Une machine universelle de Turing est c-exacte si elle ne s’écarte jamais par plus
d’une distance c des valeurs de la distribution naturelle.
Il semble donc possible de définir m (et donc K ) d’une manière indépendante du
langage. Ce qui rend stable la définition de complexité algorithmique.




    Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire              52 / 69
La valeur ontologique et épistémologique des définitions




Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   53 / 69
Le problème de l’aléatoire local

De la définition de séquence aléatoire, on déduit que toute suite finie
est contenue dans n’importe quelle séquence aléatoire infinie. Cela
implique que si s n’est pas une suite finie aléatoire définie comme
telle par le moyen de la théorie, elle n’est toujours que partie d’une
séquence infinie aléatoire ! Et à l’inverse : si s est une suite finie
aléatoire, elle peut toujours être partie d’une suite plus longue non
aléatoire.

Théorème 6.1
Toute suite (même non aléatoire) est partie d’une séquence infinie
aléatoire (pire encore : elle est partie de toutes les séquences
aléatoires dans chacune une infinité de fois !).



   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   54 / 69
Le problème de l’aléatoire local


Donc évidement, les définitions ne sont pas tout à fait compatibles,
car l’une implique que l’autre ne fait aucune vraie distinction. Elle ne
permet pas de discriminer entre les suites finies qui sont aléatoires de
celles qui ne le sont pas.

En fait, la définition 13 de suite finie aléatoire n’a pas vraiment de sens
en ces termes algorithmiques où on laisse coexister une définition
pour les suites finies et une autre pour les suites infinies (même si la
première peut être décrite en termes de la seconde comme cas
particulier).



  13. Une définition est une définition quand elle permet d’opposer ce qui le
satisfait à ce qui ne le satisfait pas.
   Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire            55 / 69
L’aléatoire fini vs. l’aléatoire infinie
D’autre part, dû au fait que la définition de séquence aléatoire infinie
n’apporte rien au sens épistémologique, quand on n’a pas accès ni à
la connaissance des nombres aléatoires ni aux tests pour les
démontrer ou exhiber, c’est la définition de l’aléatoire pour des suites
finies qui apporte une valeur épistémologique. Car même si elle n’est
pas capable de se positionner sur le caractère absolu d’une suite, elle
apporte des outils pour s’approcher et donner un sens (même si c’est
un sens subjectif) à la l’aléatoire en termes de complexité.

De plus, la valeur épistémologique pour apporter de la connaissance
sur une suite quelconque, soit qu’elle soit aléatoire soit qu’elle ne le
soit pas, n’est qu’approchable, car elle n’est pas calculable ; c’est à
dire, même s’il y a une méthode de calcul, le calcul mené ne garantit
pas toujours d’obtenir la réponse correcte (l’exemple concret, c’est
demander si le programme qui engendre une suite est vraiment le plus
court ou non).
   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   56 / 69
La valeur meta-épistémologique de la définition de
l’aléatoire pour des suites finies
En dépit du manque de valeur épistémologique de la définition de
l’aléatoire pour de suites infinies, car elle ne fournit aucune méthode
pour exhiber les suites qu’elle essaie de caractériser, cette définition
fournit de la valeur ontologique et ce que j’appelle une valeur
méta-epistémologique très riche.

D’un coté, parce que la définition de l’aléatoire pour de suites infinies
caractérise de manière absolue le caractère aléatoire d’une suite
inifine. D’autre coté, quelques fondateurs de la théorie (notamment
Chaitin [Chaitin 2]) soutiennent que la valeur de la théorie n’est que
méta-mathématique parce qu’elle ne fournit que de la connaissance
sur la limite de la connaissance même. Chaitin démontre qu’on peut
obtenir des résultats d’indécidabilité par les biais de la complexité
algorithmique (ce qu’on appelle le principe heuristique de Chaitin) :

   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire    57 / 69
Principe heuristique de Chaitin

Definition 6.2
(principe heuristique de Chaitin [Chaitin 2]) Si T est une théorie
axiomatique, on ne peut déduire de T que des théorèmes t tels que
ses valeurs de complexité algorithmique K (t) ≤ K (T ) + c.

On ne peut pas donc connaître ces suites aléatoires comme on ne
peut pas résoudre le problème de l’arrêt [Turing] des machines de
Turing, comme on ne peut pas non plus décider [Gödel] si un
théorème appartient, en général, à une théorie quelconque.

S’interroger sur les chiffres d’une suite aléatoire est alors équivalent à
s’interroger sur l’arrêt d’une machine de Turing (dont le meilleur
exemple et celle du nombre de Chaitin Ω).


   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire    58 / 69
Le scepticisme sur la nature (in)déterministe
                   du processus générateur




Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   59 / 69
Le scepticisme sur la nature du processus générateur

"Le caractère aléatoire d’un résultat ne garantit pas qu’il ait été
généré par un processus aléatoire et, à l’inverse, le caractère aléatoire
d’un processus n’implique pas nécessairement qu’il produise un
résultat aléatoire". [Earman, 1986].

En effet, les définitions de l’aléatoire par la théorie algorithmique de
l’information ne fournissent aucune information sur les propriétés du
processus à l’origine, pouvant être intrinsèquement déterministe ou
indéterministe.

Le caractère algorithmiquement aléatoire d’une suite finie ne
détermine pas le caractère déterministe ou indéterministe du
processus qui l’engendre.


   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire     60 / 69
Le scepticisme sur la nature du processus générateur

Nonobstant, la nature de la distribution des sorties, à partir de la
fréquence dans laquelle les suites sont produites, fournit information
sur le processus à l’origine. Une distribution qui s’approche à ce qu’on
attend par la mesure de Levin suggère que le processus générateur
mène des calculs qui ressemblent à ceux qui pourraient être menés par
des programmes sur une machine universelle de Turing (formalisme
sur lequel la théorie de la complexité est fondée et définie).

C’est la fréquence d’apparition de s, et donc la probabilité m(s), qui
détermine si l’origine des suites est générée par un programme de
calcul à l’origine de la même façon que trouver une distribution
gaussienne suggérait fortement que le processus d’origine a été le
résultat d’un processus aléatoire au sens classique.


   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   61 / 69
Le scepticisme sur la nature du processus générateur

Étant donné que la théorie moderne du calcul ne fait aucune
distinction entre le programme et les données d’entrée du programme,
on peut penser aux données fixées d’entrée d’un programme comme
faisant partie du programme même, dont la mesure de Levin va
prédire la même probabilité algorithmique sans s’occuper des entrées.
Leonid Levin [Levin 2] a démontré qu’il suffit de trouver une fonction
"one-way" pour construire un générateur de nombres aléatoires
déterministes aussi bon que n’importe quel autre générateur (voir
même non-déterministe).

Comme on l’a expliqué auparavant (section de la semi-mesure m), la
probabilité algorithmique n’a pas besoin nécessairement d’une source
aléatoire car la plupart des énumérations effectives (et évidement
déterministes) produira les mêmes résultats.


   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   62 / 69
Le scepticisme sur la nature du processus générateur

Dans une étude statistique sur les sorties des générateurs
des nombres aléatoires on a trouvé [Calude, Dinneen, Zenil]
que les tests statistiques les plus connus (une centaine)
appliqués à des suites (pseudo) aléatoires d’origines bien
déterministes et (dit) non-déterministes (générateurs basés
sur des processus quantiques) aucune différence ne pouvait
être repérée. En fait, ce sont 2 suites qui ont le mieux
réussi, une suite produite par le générateur des nombres
aléatoires du logiciel Mathematica et la suite des décimales
du nombre π


   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   63 / 69
La contingence de l’aléatoire quantique




Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   64 / 69
La contingence de l’aléatoire quantique

         "Quantum mechanics is the origin of randomness"
         Charles Bennett [Bennett]


Une croyance partagée aussi par Seth Lloyd [Lloyd].

C’est l’inégalité de Bell et la nature non-locale de la mécanique
quantique qui suggèrent que cette dernière est capable de produire de
l’aléatoire d’une nature non-déterministe (car la violation du théorème
de Bell signifie qu’il est impossible de construire une théorie locale
déterministe à variables cachées rendant compte des résultats
expérimentaux et donc que les mesures au niveau quantique sont
réellement probabilistes et les états intrinsèques correctement décrits
par la mécanique quantique).

   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   65 / 69
La contingence de l’aléatoire quantique

Il faut aborder ces questions car le sujet reste comme un
problème ouvert (la violation du théorème de Bell a
d’autres solutions possibles, mais également ou encore plus
difficiles à accepter car elles contredissent par exemple la
théorie de la relativité).

C’est une question ouverte parce qu’il faut supposer que la
théorie quantique est correcte et qu’effectivement ces
propriétés étranges sont présentes pour arriver à la
conclusion de la nature non-deterministe de l’aléatoire
quantique.

   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   66 / 69
La contingence de l’aléatoire quantique

D’un autre coté, il reste à savoir si on peut extraire de la valeur
additionnelle de l’accès aux suites aléatoires non-déterministes. Si
c’est le cas, car une machine universelle de Turing est incapable de
produire de l’aléatoire non-déterministe, les générateurs des nombres
aléatoires quantiques sont les appareils les plus proches de ce qu’on
appelle un oracle dans la théorie de la calculabilité [Calude, Casti],
mais il se pourrait que même l’accès à un tel pouvoir reste limité par
ce qu’on peut interpréter ou manipuler (ce qui semble toujours être
d’une nature finie et limitée).

La valeur pour la cryptographie cependant semble évidente, mais il se
pourrait, comme plusieurs auteurs le soupçonnent, qu’aucun vrai
avantage n’existe en pratique face aux bons générateurs de nombres
aléatoires déterministes.

   Hector Zenil (IHPST)   L’approche algorithmique de l’aléatoire   67 / 69
Conclusions 1

    La définition de l’aléatoire algorithmique pour des suites finies ne distingue
    pas les suites aléatoires de celles qui ne le sont pas, mais elle distingue ce qui
    ne semble pas aléatoire de ce qui le semble par rapport à la taille de la suite
    originale.
    Pour la définition de l’aléatoire pour des suites finies, la taille de la suite joue
    un rôle important, tandis que pour la définition infinie la taille est évidement
    négligeable.
    La définition de l’aléatoire pour des suites infinies est ontologiquement
    robuste mais épistemologiquement faible.
    La définition de l’aléatoire pour des suites finies est épistemologiquement
    plus forte, mais relative et subjective.
    Bien que la définition de l’aléatoire pour des suites infinies est
    épistémologiquement faible, elle est méta - épistémologiquement riche.



   Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire               68 / 69
Conclusions 2

    Il semble y avoir une distribution qui donne de la stabilité à la définition de la
    complexité algorithmique et donc la rend indépendante du langage. Il semble
    possible alors de se débarrasser du problème du choix du langage et donc des
    choix arbitraires pour définir et mesurer la complexité algorithmique.
    La théorie de la complexité algorithmique n’adopte aucune présomption à
    l’égard de la nature déterministe ou indéterminisme du processus générateur.
    Cependant la distribution obtenue des événements détermine, avec
    probabilité m(s), si à l’origine des données se trouve un processus de calcul.
    Finalement, les approches algorithmiques capturent bien le phénomène en
    correspondance avec les notions intuitives, y compris la nature difficile de
    calculer et d’exhiber ce qu’est l’aléatoire.
    La vraie nature de l’aléatoire quantique et sa caractérisation algorithmique
    est une question qui reste ouverte (même si on fait du progrès [Calude2]).



   Hector Zenil (IHPST)    L’approche algorithmique de l’aléatoire              69 / 69
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  • 1. L’approche algorithmique de l’aléatoire Hector Zenil Institut d’Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques (Paris 1/ENS/CNRS) et Laboratoire d’Informatique Fondamentale de Lille (CNRS) 1 décembre 2008 Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 1 / 69
  • 2. 1 Introduction des approches algorithmiques 2 Complexité algorithmique 3 Raccourcis du nombre π 4 L’aléatoire déterministe 5 La dépendance du langage 6 La valeur ontologique et épistémologique des définitions 7 Le scepticisme sur la nature (in)déterministe du processus générateur 8 La contingence de l’aléatoire quantique 9 Conclusions Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 2 / 69
  • 3. Les notions intuitives de l’aléatoire Depuis toujours, on associe de manière intuitive l’aléatoire avec les notions de : se produire sans loi. ne pas être prévisible. toute absence de structure, de régularité. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 2 / 69
  • 4. La correspondance des notions mathématiques On trouve que les approches mathématiques gardent le même esprit car à chacune des notions intuitives de l’aléatoire correspond une de ces approches algorithmiques : La complexité algorithmique (Kolmogorov, Chaitin) Les martingales effectives (Schnorr) Les tests effectifs ou ’typicalité’ (Martin-Löf) Ces approches consistent à utiliser la théorie algorithmique de l’information pour définir ce qu’est l’aléatoire. Les auteurs de chaque approche avaient tous dans leur esprit la motivation de capturer ce phénomène. Ultérieurement d’autres applications ont donné une vie propre à la théorie, surtout par rapport à la valeur méta-mathématique que nous exposons plus tard. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 3 / 69
  • 5. Comment définir la complexité algorithmique d’un objet ? Selon la théorie classique des probabilités, sous une distribution uniforme, toute suite à n chiffres (par exemple pour des suites qui encodent les résultats d’un jeu de pile ou face avec une pièce non truquée) : PPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPP 1 PFPFPFPFPFPFPFPFPFPFPFPFPF PFFPPFPPPFFFFPPFPPFPFPFFFP elles ont toutes la même probabilité P(s) = 1/2n comme résultat de lancer la pièce n fois. Alors qu’évidemment si on obtient la première on supposera que la pièce était truquée, et si on tombe sur la deuxième on la soupçonnera aussi, tandis que si on tombe sur la troisième, cela semblera plus normal. On voudrait formaliser l’idée qu’on n’attend pas de régularités d’un processus dans une suite d’événements résultant du hasard. 1. P=pile, F=face Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 4 / 69
  • 6. Définition de la complexité algorithmique (Kolmogorov, Chaitin) On peut alors définir la complexité d’une suite de la façon suivante : Definition 1.1 La complexité KL (s) d’une suite binaire finie s sous un langage L est : KL (s) = longueur du plus court programme p(s) qui engendre s en L. On parle aussi de programme minimal de s 2 . Idée : est simple ce qui se décrit brièvement. 2. s’il y a plusieurs programmes de taille minimum, p(s) est le premier dans l’ordre lexicographique. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 5 / 69
  • 7. Application de la complexité algorithmique Donc, en utilisant la complexité algorithmique, on peut déterminer que la suite : 00000000000000000000000000000000000000000000000000 a une complexité algorithmique plus faible que celle de la suite : 26535897932384626433832795028841971693993751058209 car la première peut être produite par un programme du type ’imprime 50 zéros’ qui est certainement plus court qu’un programme de la deuxième suite. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 6 / 69
  • 8. Définition de l’aléatoire par le moyen de la complexité algorithmique Si s est une suite finie : Definition 1.2 s est aléatoire si K (s) > longueur (s) + c. Idée : Une suite finie est aléatoire, si et seulement si, elle est incompressible. Si s est une suite (séquence) infinie : Definition 1.3 s est c-aléatoire, si et seulement si, il existe une constante c telle que la complexité algorithmique (auto-délimitée) des n premiers chiffres de la suite est toujours plus grande que longueur (sn ) − c. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 7 / 69
  • 9. Définition de l’aléatoire par le moyen de la complexité algorithmique Le terme c est introduit pour s’assurer que même dès début pour les segments initiaux et pour les courtes suites la définition est satisfaite. Evidemment, si s est infinie, on ne peut jamais tester la compressibilité de tous les segments initiaux sn pour toute n et on ne peut donc jamais se prononcer de manière définitive sur le caractère aléatoire de s. D’autre part, si s est une suite finie, elle peut toujours faire partie d’une suite infinie aléatoire s et donc le caractère non-aléatoire d’une telle suite ne peut jamais être absolu (elle est dans le meilleur des cas "semblant aléatoire" ou "random-looking"). Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 8 / 69
  • 10. Propriétés de K K (s) n’est pas calculable. La fonction s → K (s) n’est pas récursive (c’est-à-dire pas calculable par algorithme) aucun algorithme ne peut, pour tout suite s qu’on lui fournit en données, calculer en temps fini, la valeur de K (s). En pratique, pour évaluer K (s), on utilise des compresseurs (sans pertes) : la taille du fichier comprimé de s par un algorithme C de compression est alors une valeur approchée (une borne supérieur) de K (s). La non-calculabilité de K (s) a pour conséquence qu’on ne peut jamais être certain d’être proche de sa valeur (car par exemple une régularité non vue par le compresseur utilisé peut être présente dans s). Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 9 / 69
  • 11. L’approche par les martingales On peut aussi aborder ce même problème des suites qui ne semblent pas aléatoires en d’autres termes. Pensons qu’on enregistre chaque jour et chaque nuit avec un 0 et un 1. On obtient donc une suite de plusieurs milliards de chiffres, un pour chaque jour ou nuit depuis des milliards d’années 3 jusqu’à aujourd’hui : . . . 010101010101010101010101010101010101010 On se demande ensuite quel est le chiffre suivant, c’est-à-dire, si le soleil se lèvera demain. Ceux qui croient à la théorie classique des probabilités pourraient parier pour 0 ou 1 sans aucune distinction mais c’est la théorie algorithmique de l’information qui explique pourquoi personne ne pariera pour 0, car évidemment le fait qui produit le jour et la nuit n’est pas le résultat du hasard, mais d’un processus. 3. si on croit que cela est arrivé comme cela, sinon on peut commencer depuis la prise de connaissance de chacun. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 10 / 69
  • 12. En favorisant la préservation des structures En général, lorsqu’on observe une suite de ce type, on tend toujours à favoriser les chiffres qui maintiennent le motif de la suite. Plus longue est la suite, plus on est certains de parier. Avec moins de régularités, le pari devient plus risqué. On voudrait capturer ce phénomène de manière formelle. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 11 / 69
  • 13. Probabilité algorithmique (Chaitin, Levin, Solomonoff, Gács) Vous ne parierez pas pour "le soleil ne se lèvera pas demain" parce qu’obtenir un 1 après la suite . . . 01010101010 est algorithmiquement plus probable. La semi-mesure m (qualifiée de miraculeuse par Ming Li et Walter Kirchherr) indique que plus une suite s est simple, plus sa probabilité m(s) comme résultat d’un calcul, est grand : m(s) = 1/2K (s)+c Idée : plus une suite s est aléatoire plus sa probabilité m(s) est petite. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 12 / 69
  • 14. La métaphore du singe dactylographique [Borel, 1952] Avec assez de temps, un singe qui tape (on assume que chaque événement est indépendant, c’est-à-dire que le singe tape vraiment de manière aléatoire) indéfiniment sur une machine à écrire dactylographiera n’importe quel texte (e.g. le roman "Les Misérables"). La probabilité d’obtenir Les Misérables serait donc 1/50n , avec n la taille de l’oeuvre de Victor Hugo et 50 le nombre de touches dans la machine à écrire. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 13 / 69
  • 15. La métaphore du singe dactylographique La probabilité (m(s)) de produire le roman des Misérables en remplaçant la machine à écrire par un ordinateur [Chaitin 1], est beaucoup plus forte (même si elle reste toujours petite car la longueur du texte est assez grande), car la complexité K (s) du texte est très faible par rapport à une suite aléatoire de la même taille. Autrement dit, le singe a beaucoup plus de chance de produire un roman en le plaçant sur un ordinateur (ou chaque touche représente un programme) que sur une machine à écrire (ou chaque touche est une donnée). Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 14 / 69
  • 16. La métaphore du singe dactylographique Le singe qui est une métaphore d’une source de données aléatoires devient une analogie d’une source de programmes aléatoires. Cependant, il faut souligner qu’à l’inverse de la valeur de K (s), si on tire des programmes au hasard on verra que la plupart de ces programmes ne produisent pas de séquences aléatoires. Plus encore : le singe pourrait suivre une énumération effective des touches est le résultat de m(s) ne variera pas, tandis que s’il suit une énumération dans le cas de la machine à écrire évidemment il ne produira le roman que si l’énumération est exactement celle de l’ordre des lettres dans le roman des Misérables. En d’autre mots, le requis d’une source aléatoire est plus faible pour la mesure m (on pourrait remplacer sans problème le singe "aléatoire" par une source déterministe). Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 15 / 69
  • 17. Jeux de pari Dans n’importe quel jeu, à chaque fois que l’on mise, il existe une probabilité p de gagner et une probabilité q de perdre. Supposons que, comme à pile ou face, celui qui gagne récupère sa mise plus une somme égale à sa mise. Lorsqu’un jeu est en votre faveur (p supérieur à 1/2), même si vous affrontez un joueur infiniment riche avec une somme de départ finie, vous deviendrez infiniment riche dans une bonne proportion de cas. Si vous avez une somme de départ infinie, vous deviendrez toujours riche en jouant assez longtemps. Cependant, si p est inférieur à 1/2 et si vous ne disposez que d’une somme de départ finie, vous perdrez presque toujours. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 16 / 69
  • 18. La stratégie de la martingale Par contre, si p est inférieur à 1/2 et vous avez une somme infinie de départ vous pouvez gagner avec une stratégie de jeu... Une martingale est une stratégie de jeu et la martingale géométrique, c’est La martingale et elle consiste à doubler la mise K à chaque fois qu’on perd jusqu’à ce que l’on gagne. Lorsque cela arrive, on a perdu K + 2K + 4K + . . . + 2n K mais on gagne 2n+1 K , donc on a gagné à la fin K . Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 17 / 69
  • 19. L’aléatoire selon Schnorr Dans le raisonnement des martingales, aucune référence n’est faite aux résultats du jeu à chaque fois. Ce que ces stratégies mettent en évidence, c’est que si le jeu n’a aucun biais, prendre en compte le passé est inutile ! Une séquence s est aléatoire s’il n’existe aucune martingale (effective) gagnante lorsqu’on parie sur le prochain chiffre de s. Definition 1.4 Il n’existe aucune martingale M sur une suite s telle que : lim supn M(sn ) = ∞ Où M est le gain, sn les segments initiaux de la séquence s. Idée : personne ne peut gagner en pariant en présence d’une suite aléatoire. 4 4. Déjà en 1928 von Mises parlait du "principe de l’impossibilité de pari" [von Mises] Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 18 / 69
  • 20. L’aléatoire de Martin-Löf L’univers de Cantor dénoté par 2ω contient toutes les suites binaires infinies (elles peuvent aussi se mettre en correspondance avec les expansions des nombres réels et donc être considérés comme des nombres réels). Definition 1.5 Une suite s ∈ 2ω est aléatoire, si et seulement si, s réussit "tous les tests statistiques effectifs". On trouve qu’il y a un nombre dénombrable de tests statistiques effectifs 5 et seulement un ensemble de mesure de Lebesgue nulle de suites ne satisfaisant pas la condition de Martin-Löf. Donc la plupart des suites sont aléatoires au sens de Martin-Löf. Idée : une suite est aléatoire au sens de Martin-Löf, si et seulement si, s a toutes les propriétés communes à la plupart des suites dans l’univers de Cantor (toutes les suites binaires infinies). 5. On prouve l’existence d’un test universel (auquel on ne peut pas y avoir accès) tel que si une suite passe ce test elle passera n’importe quel autre test statistiqueZenil (IHPST) Hector effective. L’approche algorithmique de l’aléatoire 19 / 69
  • 21. L’aléatoire de Martin-Löf Par exemple, parmi les propriétés communes, dans l’univers de Cantor, est l’être transcendant, être normal, suivre la loi des grands nombres, avoir plus de 0 que de 1 dans une sous-suite à n chiffres ou suivre la loi du logarithme itéré. Il est important de se rendre compte que la définition de Martin-Löf n’est définie que pour des suites infinies. C’est alors une propriété intrinsèque de cette définition ne pas pouvoir exhiber une suite aléatoire individuelle. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 20 / 69
  • 22. Propriétés des suites Martin-Löf aléatoires Parmi d’autres propriétés : Une suite aléatoire à la Martin-Löf n’est pas calculable, et une suite calculable ne peut pas être aléatoire au sens de Martin-Löf. Presque tous les suites sont aléatoires au sens de Martin-Löf, même si ni les suites algébriques ni les suites calculables ne sont aléatoires ! Le consensus autour de la définition de Martin-Löf c’est qu’elle est la bonne définition mathématique de l’aléatoire. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 21 / 69
  • 23. Convergence des approches Schnorr prouve qu’une suite s est Martin-Löf aléatoire est incompressible au sens de la complexité algorithmique (auto-délimitée). Martin-Löf prouve qu’une suite est aléatoire si elle est aléatoire au sens de la complexité algorithmique (auto-delimitée). On a donc : complexité algorithmique (auto-delimitée) ⇔ martingale effectives ⇔ tests statistiques effectifs (typicalité) 6 Autrement dit : incompressibilité ⇔ imprévisibilité ⇔ absence de régularités ! 6. au niveau du premier degré de Turing, car Schnorr lui-même a prouvé qu’il y a des nombres aléatoires au sens de Schnorr qui sont plus difficiles que le problème de l’arrêt des machines de Turing, tandis que tous les nombres aléatoires à la Martin-Löf appartiennent au même degré de Turing, le degré équivalent au problème de l’arrêt. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 22 / 69
  • 24. Convergence des approches C’est ce qu’on pouvait attendre d’une définition qui capture bien le phénomène de l’aléatoire. Car la convergence des définitions peut signifier qu’on a touché quelque chose de fondamental, puisque plusieurs développements théoriques qui essayent de saisir le même phénomène de manière indépendante deviennent équivalents à la fin. C’est ce qui est arrivé lorsqu’on a essayé de saisir le concept de calcul et on a trouvé que les théories développées étaient équivalentes (le lambda calcul, les machines de Turing, les systèmes de Post, les fonctions récursives de Kleene, etc.) 7 7. Par contre, ces arguments de convergence ont été critiqués par certains auteurs, notamment Georg Kreisel [Kreisel] Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 23 / 69
  • 25. Conséquence de la convergence des approches Une fois qu’on obtient que les trois approches algorithmiques de l’aléatoire sont équivalentes, on peut décider d’en approfondir une seule car on sait que ce qu’on déduit d’une approche, on le déduit des autres. Il faut cependant revenir aux autres approches car chacune fournit une interprétation différente du phénomène, quelquefois mises en relief plus par une que par l’autre. Nous allons exposer quelques particularités de l’approche par le moyen de la complexité algorithmique, qui pourraient être considérées comme des défauts ou des problèmes que la théorie laisse sans réponse définitive. Que la théorie ne fournisse pas de réponses absolues aux questions sur l’aléatoire peut avoir plusieurs interprétations : soit parce que la réponse de la théorie est précisément qu’il n’y en a pas soit parce que la théorie n’est pas toujours complète et qu’elle ne déploie pas encore tout son pouvoir soit une combinaison de ces deux dernières contraintes, l’une ontologique et l’autre épistémologique. Nous reviendrons sur ces points plus tard... Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 24 / 69
  • 26. La nature subjective de l’aléatoire Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 25 / 69
  • 27. La nature subjective de l’aléatoire pour des suites finies On pourrait convenir d’appeler complexes au sens de la théorie algorithmique, les suites finies telles que : K (s) > longueur (s)/2 Mais le seuil longueur (s)/2 est arbitraire. Il n’y a pas de convention acceptée (même au sens mathématique) pour une telle définition. Il y a une phase de transition difficile à décider qui ne dépend que d’un choix arbitraire (la place du seuil). Le caractère aléatoire se rend seulement moins subjectif au delà du voisinage du seuil, c’est-à-dire aux extrêmes. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 26 / 69
  • 28. La nature subjective de l’aléatoire pour des suites finies Il faut remarquer que : (par un raisonnement combinatoire assez simple) Une suite tirée au hasard a toutes les chances d’avoir une forte complexité algorithmique. Parmi toutes les suites de 0 et de 1 de longueur n, pour n fixé, moins d’une suite sur 1024 a une complexité < n − 10, c’est-à-dire peut être comprimée de plus de 10 digits ; moins d’une suite sur un million a une complexité < n − 20, c’est-à-dire peut être comprimée de plus de 20 digits. etc. Une suite tirée au hasard est très rarement compressible. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 27 / 69
  • 29. La nature subjective de l’aléatoire pour des suites finies Le seuil (dont on a parlé auparavant) est donc très pertinent pour décider le caractère aléatoire de la plupart des suites, donc celles qui sont facilement distinguables (c’est-à-dire qui sont loin de la portée du voisinage du seuil) ne sont pas très nombreuses. En d’autres mots, pour la plupart de suites (car il ne sont pas assez facilement compressibles) le caractère d’être aléatoire est tout à fait subjectif. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 28 / 69
  • 30. La structure cachée des nombres Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 29 / 69
  • 31. La structure cachée du nombre π En général, étant donné une suite quelconque il n’est pas facile de la distinguer comme aléatoire, même avec un seuil justifié de certaine manière. Par exemple, la deuxième suite du dernier exemple, semble aléatoire au sens de la complexité algorithmique : 26535897932384626433832795028841971693993751058209 mais elle ne l’est pas car il s’agit en fait de la suite des décimales du nombre π à partir de la sixième chiffre (les cinq premières sont 14159). π n’est donc absolument pas algorithmiquement aléatoire, puisque le simple fait que l’on puisse l’écrire sous formes de séries permet d’écrire un programme de taille bien inférieure à n pour calculer n décimales. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 30 / 69
  • 32. La structure cachée du nombre π On doit donc considérer les décimales du nombre π comme un exemple de complexité organisée 8 (ou de complexité aléatoire faible) car π peut être produit par des programmes courts qui engendrent des segments initiaux de chiffres de π. Idée : L’organisation de π est cachée, mais elle est extrêmement ordonnée et donc algorithmiquement non-aléatoire . 8. complexe peut aussi signifier : organisé, fortement structuré, riche en infor- mation. Il y a deux types de complexité : la complexité aléatoire et la complexité organisée. On parlera ici plutôt de la complexité aléatoire. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 31 / 69
  • 33. La structure cachée des nombres Cette suite semble à première vue aussi aléatoire : 0110100110010110100101100110100110010110011010010110100110010110 Cependant, il s’agit de la suite de Thue-Morse construite de la façon suivante : (c’est la concaténation des suites précédentes niées) 0 01 0110 01101001 0110100110010110 ... tm(n + 1) = tm(n) <> Not[tm(n)] Elle vient donc d’un algorithme assez simple (voir court). Idée : En général, la complexité aléatoire n’est pas facile à distinguer. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 32 / 69
  • 34. Raccourcis du nombre π Les décimales de π n’ont rien d’aléatoire selon la théorie algorithmique de la information, mais la distribution des chiffres ou des groupes consécutifs de n chiffres de ses décimales a cependant les caractéristiques d’un phénomène aléatoire. Les formules BBP (Bailey-Borwein-Plouffe) permettent d’évaluer le n-ième chiffre de π en base 16 9 sans calculer les précédents, le tout en temps n × ln(n). Il est pertinent de remarquer que la complexité algorithmique ne prend pas en compte le temps du calcul (le nombre de pas qu’un calcul prend). 9. ou en n’importe quelle base multiple de 2n . Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 33 / 69
  • 35. La question de l’existence des raccourcis On peut alors formuler la question de savoir si pour tout nombre il existe ces types de raccourcis. D’après Stephen Wolfram [Wolfram], cela n’est pas le cas en général (par exemple la règle 30 des automates cellulaires). D’après lui du fait que tout système de calcul non-trivial atteint un pouvoir de calcul également sophistiqué. Un système ne peut pas raccourcir le calcul d’un autre sans passer par toutes les étapes (ou la plupart des étapes) précédentes du système qu’on essaye de raccourcir 10 . Soit parce qu’on ne peut pas trouver le raccourci soit parce qu’il n’existe pas (Wolfram ne prend pas de position philosophique à cet égard). Wolfram appelle ce phénomène principe d’irréductibilité de calcul. 10. [Dubucs] Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 34 / 69
  • 36. La profondeur logique de Bennett Une tentative pour expliquer ce phénomène, c’est la "profondeur logique" de Charles Bennett. La profondeur logique exprime le "contenu en calcul" d’un objet fini [Bennett, 1986]. La profondeur logique d’une suite s est définie par : Definition 3.1 P(s) = temps de calcul du programme minimal de s. Ce qui tient en compte à la fois la complexité algorithmique (la taille du programme qui engendre s) et le nombre de pas du calcul que ce programme prend pour l’engendre. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 35 / 69
  • 37. L’aléatoire intrinsèque de Wolfram Une conséquence du principe d’irréductibilité de Wolfram, c’est que des systèmes simples qui atteignent un pouvoir de calcul minimal peuvent produire une sortie si complexe qu’aucun autre système ne peut la déchiffrer en avance (le raccourcir) sans le parcourir étape par étape, ce qui donne lieu à la définition d’aléatoire déterministe de Wolfram. Pour illustrer ce phénomène Wolfram utilise des exemples d’automates cellulaires. En voici : Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 36 / 69
  • 38. Un automate qui préserve la nature des entrées Figure: Automate cellulaire élémentaire à règle 22. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 37 / 69
  • 39. Un automate qui préserve la nature des entrées À des entrées simples, des sorties simples. À des entrées complexes des sorties complexes. Figure: Automate cellulaire élémentaire à règle 22 : condition initiale périodique n = 2 (...010101...). Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 38 / 69
  • 40. Brisure de symétrie Figure: Automate cellulaire élémentaire à règle 22 : condition initiale périodique asymétrique n = 3 (...01101...). Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 39 / 69
  • 41. L’aléatoire extrinsèque venu d’un système déterministe Le système le laisse passer (l’amplifie peut-être) vers la sortie, mais la source de l’aléatoire vient de l’extérieur. Figure: Automate cellulaire à règle 22 à condition initiale aléatoire. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 40 / 69
  • 42. L’aléatoire intrinsèque Le système produit de l’aléatoire même à partir de conditions initiales simples (voir même une cellule noire). Figure: Automate cellulaire à règle 30. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 41 / 69
  • 43. L’aléatoire intrinsèque D’après Wolfram, la sortie de l’automate cellulaire à règle 30 produit une sortie assez complexe pour être considérée comme aléatoire. Il appelle ce type d’aléatoire venu du système même (opposé à l’aléatoire venu de l’extérieur et transporté/transferé vers la sortie) de l’aléatoire intrinsèque. Pour Wolfram, ce type d’aléatoire comme celui de la règle 30 11 est aussi bon en qualité que celui venu des systèmes non-déterministes (s’il y en a, car Wolfram ne se prononce pas à cet égard). 11. Wolfram utilise un automate cellulaire comme générateur de nombres aléa- toires dans son logiciel Mathematica, ce qui rend évident la valeur qu’il donne à ses croyances et le défaut de trouver la manière de déchiffrer ce type d’automates cellulaires si simples qu’ils soient, même beaucoup plus simples que les chiffres de π. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 42 / 69
  • 44. L’aléatoire intrinsèque Pourtant, l’aléatoire algorithmique s’oppose évidemment à l’aléatoire intrinsèque de Wolfram car ce dernier, comme pour la règle 30, vient d’une règle très courte qui génère l’évolution complète de l’automate (on n’a besoin que de 8 bits pour l’en décrire). Cependant, lorsqu’on essaie de comprimer la sortie de l’automate à règle 30 aucun compresseur ne semble bien la comprimer, comme cela arrive aussi pour les chiffres décimaux du nombre π. Aucun compresseur ni l’analyse soigneuse des chercheurs n’ont réussi à trouver des motifs réguliers dans la partie droite de la règle (par exemple, une période). Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 43 / 69
  • 45. La définition de la complexité algorithmique, est-elle robuste ? Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 44 / 69
  • 46. Théorème d’Invariance On peut se demander si la définition de la complexité algorithmique, est robuste : Est-ce qu’en changeant de langage (ou de machine universelle de Turing), on ne change pas la complexité mesurée ? Le théorème d’invariance donne sens à la définition de la complexité algorithmique : Théorème 5.1 Si L et M sont deux machines de Turing universelles, et si on note KL (s) (respectivement KM (s)) la complexité algorithmique quand on utilise L(respectivement M) comme machine de référence, alors il existe une constante cL,M telle que pour toute suite binaire finie s : |KL (s) − KM (s)| < cL,M Idée : On utilise la possibilité d’écrire en L un compilateur pour M, et réciproquement. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 45 / 69
  • 47. Le choix de machine universelle est pertinent Alors que la formalisation de la notion d’algorithme dans la théorie de la calculabilité a permis de fixer le modèle de calcul sur lequel on peut définir la complexité algorithmique d’une suite (avec une machine universelle de Turing) sans la relativiser à aucun autre modèle de calcul (ce qui a permis d’encadrer la notion de complexité) la dépendance du langage joue un rôle important lorsqu’on veut évaluer la complexité d’une suite fini, comme le théorème d’invariance le met en évidence. Pour les courtes suites par exemple, parler de K (s) ne semble pas avoir vraiment de sens car la constante additive c est trop forte par rapport à la taille des suites courtes. Pourtant, on a envie de dire que : 01010101 est plus simple que 1010110 On pourrait essayer de les comprimer pour approcher la valeur de la complexité algorithmique... Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 46 / 69
  • 48. Le problème de la compression Cependant, si vous essayez de comprimer une suite aussi courte, vous n’obtiendrez rien. En fait, la suite compressée sera plus longue ! 12 Flatten@(IntegerDigits[#, 2] & /@ToCharacterCode /@StringSplit[Compress["01010101"], ""]) =11000111101011001011001010111100010101001010100100110111011 0000111101101101101011010101011001100011110000011110111100110 0100101000010100000110000101101001110001010000011110011100010 KMathematica (”01010101”) ≈ 207 une méthode permet d’évaluer la complexité algorithmique des suites, même si elles sont courtes... 12. Attention : si vous composez un texte avec des 0 et de 1 tirés au hasard, n’importe quel compresseur de texte le réduira d’environ 7/8 (car chaque 0 ou 1 est codé sur 8 bits –codage ANSI). Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 47 / 69
  • 49. Une définition indépendante du langage Voici l’idée : Si on fait fonctionner une machine universelle (à programmes auto-délimités) en lui donnant un programme au hasard, alors elle produit la suite s avec la probabilité m(s) (la mesure de Levin [Levin 1]). alors calculer m(s) pourrait nous approcher de K (s) par la formule : m(s) = 1/2K (s)+c Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 48 / 69
  • 50. Vers une définition stable Les expériences suggèrent qu’on peut donner un sens stable à m(s), même pour des s petites en procédant expérimentalement : en faisant fonctionner des mécanismes de calculs de manière systématique (machines de Turing, automates cellulaires, etc.) pour produire des suites s au hasard ; ou en prenant des données du monde réel et en les traduisant en suites de 0 et de 1 ; puis en observant quelles sont les distributions obtenues pour les s. Ce travail a été fait (et est toujours en train de se développer) [Delahaye, Gauvrit, Zenil]. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 49 / 69
  • 51. Convergence en distribution Nos distributions expérimentales trouvées (surtout les classements) sont relativement stables. On croit avoir trouvé une distribution distinguée me qu’on conjecture égale à la distribution générée à partir de la mesure m. Figure: Comparaison des distributions de fréquences des sorties : TM et CA. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 50 / 69
  • 52. Convergence en distribution Figure: Graphique de corrélation des distributions des fréquences des sorties : TM et CA. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 51 / 69
  • 53. Convergence en distribution On propose alors une distribution naturelle, et de définitions de machines de Turing naturelles et c-exactes si elles s’approchent de la distribution naturelle. Definition 5.2 Une machine universelle de Turing est naturelle si elle préserve depuis le début (donc même pour les courtes suites) l’ordre des suites imposé par la distribution naturelle. Definition 5.3 Une machine universelle de Turing est c-exacte si elle ne s’écarte jamais par plus d’une distance c des valeurs de la distribution naturelle. Il semble donc possible de définir m (et donc K ) d’une manière indépendante du langage. Ce qui rend stable la définition de complexité algorithmique. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 52 / 69
  • 54. La valeur ontologique et épistémologique des définitions Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 53 / 69
  • 55. Le problème de l’aléatoire local De la définition de séquence aléatoire, on déduit que toute suite finie est contenue dans n’importe quelle séquence aléatoire infinie. Cela implique que si s n’est pas une suite finie aléatoire définie comme telle par le moyen de la théorie, elle n’est toujours que partie d’une séquence infinie aléatoire ! Et à l’inverse : si s est une suite finie aléatoire, elle peut toujours être partie d’une suite plus longue non aléatoire. Théorème 6.1 Toute suite (même non aléatoire) est partie d’une séquence infinie aléatoire (pire encore : elle est partie de toutes les séquences aléatoires dans chacune une infinité de fois !). Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 54 / 69
  • 56. Le problème de l’aléatoire local Donc évidement, les définitions ne sont pas tout à fait compatibles, car l’une implique que l’autre ne fait aucune vraie distinction. Elle ne permet pas de discriminer entre les suites finies qui sont aléatoires de celles qui ne le sont pas. En fait, la définition 13 de suite finie aléatoire n’a pas vraiment de sens en ces termes algorithmiques où on laisse coexister une définition pour les suites finies et une autre pour les suites infinies (même si la première peut être décrite en termes de la seconde comme cas particulier). 13. Une définition est une définition quand elle permet d’opposer ce qui le satisfait à ce qui ne le satisfait pas. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 55 / 69
  • 57. L’aléatoire fini vs. l’aléatoire infinie D’autre part, dû au fait que la définition de séquence aléatoire infinie n’apporte rien au sens épistémologique, quand on n’a pas accès ni à la connaissance des nombres aléatoires ni aux tests pour les démontrer ou exhiber, c’est la définition de l’aléatoire pour des suites finies qui apporte une valeur épistémologique. Car même si elle n’est pas capable de se positionner sur le caractère absolu d’une suite, elle apporte des outils pour s’approcher et donner un sens (même si c’est un sens subjectif) à la l’aléatoire en termes de complexité. De plus, la valeur épistémologique pour apporter de la connaissance sur une suite quelconque, soit qu’elle soit aléatoire soit qu’elle ne le soit pas, n’est qu’approchable, car elle n’est pas calculable ; c’est à dire, même s’il y a une méthode de calcul, le calcul mené ne garantit pas toujours d’obtenir la réponse correcte (l’exemple concret, c’est demander si le programme qui engendre une suite est vraiment le plus court ou non). Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 56 / 69
  • 58. La valeur meta-épistémologique de la définition de l’aléatoire pour des suites finies En dépit du manque de valeur épistémologique de la définition de l’aléatoire pour de suites infinies, car elle ne fournit aucune méthode pour exhiber les suites qu’elle essaie de caractériser, cette définition fournit de la valeur ontologique et ce que j’appelle une valeur méta-epistémologique très riche. D’un coté, parce que la définition de l’aléatoire pour de suites infinies caractérise de manière absolue le caractère aléatoire d’une suite inifine. D’autre coté, quelques fondateurs de la théorie (notamment Chaitin [Chaitin 2]) soutiennent que la valeur de la théorie n’est que méta-mathématique parce qu’elle ne fournit que de la connaissance sur la limite de la connaissance même. Chaitin démontre qu’on peut obtenir des résultats d’indécidabilité par les biais de la complexité algorithmique (ce qu’on appelle le principe heuristique de Chaitin) : Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 57 / 69
  • 59. Principe heuristique de Chaitin Definition 6.2 (principe heuristique de Chaitin [Chaitin 2]) Si T est une théorie axiomatique, on ne peut déduire de T que des théorèmes t tels que ses valeurs de complexité algorithmique K (t) ≤ K (T ) + c. On ne peut pas donc connaître ces suites aléatoires comme on ne peut pas résoudre le problème de l’arrêt [Turing] des machines de Turing, comme on ne peut pas non plus décider [Gödel] si un théorème appartient, en général, à une théorie quelconque. S’interroger sur les chiffres d’une suite aléatoire est alors équivalent à s’interroger sur l’arrêt d’une machine de Turing (dont le meilleur exemple et celle du nombre de Chaitin Ω). Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 58 / 69
  • 60. Le scepticisme sur la nature (in)déterministe du processus générateur Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 59 / 69
  • 61. Le scepticisme sur la nature du processus générateur "Le caractère aléatoire d’un résultat ne garantit pas qu’il ait été généré par un processus aléatoire et, à l’inverse, le caractère aléatoire d’un processus n’implique pas nécessairement qu’il produise un résultat aléatoire". [Earman, 1986]. En effet, les définitions de l’aléatoire par la théorie algorithmique de l’information ne fournissent aucune information sur les propriétés du processus à l’origine, pouvant être intrinsèquement déterministe ou indéterministe. Le caractère algorithmiquement aléatoire d’une suite finie ne détermine pas le caractère déterministe ou indéterministe du processus qui l’engendre. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 60 / 69
  • 62. Le scepticisme sur la nature du processus générateur Nonobstant, la nature de la distribution des sorties, à partir de la fréquence dans laquelle les suites sont produites, fournit information sur le processus à l’origine. Une distribution qui s’approche à ce qu’on attend par la mesure de Levin suggère que le processus générateur mène des calculs qui ressemblent à ceux qui pourraient être menés par des programmes sur une machine universelle de Turing (formalisme sur lequel la théorie de la complexité est fondée et définie). C’est la fréquence d’apparition de s, et donc la probabilité m(s), qui détermine si l’origine des suites est générée par un programme de calcul à l’origine de la même façon que trouver une distribution gaussienne suggérait fortement que le processus d’origine a été le résultat d’un processus aléatoire au sens classique. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 61 / 69
  • 63. Le scepticisme sur la nature du processus générateur Étant donné que la théorie moderne du calcul ne fait aucune distinction entre le programme et les données d’entrée du programme, on peut penser aux données fixées d’entrée d’un programme comme faisant partie du programme même, dont la mesure de Levin va prédire la même probabilité algorithmique sans s’occuper des entrées. Leonid Levin [Levin 2] a démontré qu’il suffit de trouver une fonction "one-way" pour construire un générateur de nombres aléatoires déterministes aussi bon que n’importe quel autre générateur (voir même non-déterministe). Comme on l’a expliqué auparavant (section de la semi-mesure m), la probabilité algorithmique n’a pas besoin nécessairement d’une source aléatoire car la plupart des énumérations effectives (et évidement déterministes) produira les mêmes résultats. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 62 / 69
  • 64. Le scepticisme sur la nature du processus générateur Dans une étude statistique sur les sorties des générateurs des nombres aléatoires on a trouvé [Calude, Dinneen, Zenil] que les tests statistiques les plus connus (une centaine) appliqués à des suites (pseudo) aléatoires d’origines bien déterministes et (dit) non-déterministes (générateurs basés sur des processus quantiques) aucune différence ne pouvait être repérée. En fait, ce sont 2 suites qui ont le mieux réussi, une suite produite par le générateur des nombres aléatoires du logiciel Mathematica et la suite des décimales du nombre π Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 63 / 69
  • 65. La contingence de l’aléatoire quantique Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 64 / 69
  • 66. La contingence de l’aléatoire quantique "Quantum mechanics is the origin of randomness" Charles Bennett [Bennett] Une croyance partagée aussi par Seth Lloyd [Lloyd]. C’est l’inégalité de Bell et la nature non-locale de la mécanique quantique qui suggèrent que cette dernière est capable de produire de l’aléatoire d’une nature non-déterministe (car la violation du théorème de Bell signifie qu’il est impossible de construire une théorie locale déterministe à variables cachées rendant compte des résultats expérimentaux et donc que les mesures au niveau quantique sont réellement probabilistes et les états intrinsèques correctement décrits par la mécanique quantique). Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 65 / 69
  • 67. La contingence de l’aléatoire quantique Il faut aborder ces questions car le sujet reste comme un problème ouvert (la violation du théorème de Bell a d’autres solutions possibles, mais également ou encore plus difficiles à accepter car elles contredissent par exemple la théorie de la relativité). C’est une question ouverte parce qu’il faut supposer que la théorie quantique est correcte et qu’effectivement ces propriétés étranges sont présentes pour arriver à la conclusion de la nature non-deterministe de l’aléatoire quantique. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 66 / 69
  • 68. La contingence de l’aléatoire quantique D’un autre coté, il reste à savoir si on peut extraire de la valeur additionnelle de l’accès aux suites aléatoires non-déterministes. Si c’est le cas, car une machine universelle de Turing est incapable de produire de l’aléatoire non-déterministe, les générateurs des nombres aléatoires quantiques sont les appareils les plus proches de ce qu’on appelle un oracle dans la théorie de la calculabilité [Calude, Casti], mais il se pourrait que même l’accès à un tel pouvoir reste limité par ce qu’on peut interpréter ou manipuler (ce qui semble toujours être d’une nature finie et limitée). La valeur pour la cryptographie cependant semble évidente, mais il se pourrait, comme plusieurs auteurs le soupçonnent, qu’aucun vrai avantage n’existe en pratique face aux bons générateurs de nombres aléatoires déterministes. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 67 / 69
  • 69. Conclusions 1 La définition de l’aléatoire algorithmique pour des suites finies ne distingue pas les suites aléatoires de celles qui ne le sont pas, mais elle distingue ce qui ne semble pas aléatoire de ce qui le semble par rapport à la taille de la suite originale. Pour la définition de l’aléatoire pour des suites finies, la taille de la suite joue un rôle important, tandis que pour la définition infinie la taille est évidement négligeable. La définition de l’aléatoire pour des suites infinies est ontologiquement robuste mais épistemologiquement faible. La définition de l’aléatoire pour des suites finies est épistemologiquement plus forte, mais relative et subjective. Bien que la définition de l’aléatoire pour des suites infinies est épistémologiquement faible, elle est méta - épistémologiquement riche. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 68 / 69
  • 70. Conclusions 2 Il semble y avoir une distribution qui donne de la stabilité à la définition de la complexité algorithmique et donc la rend indépendante du langage. Il semble possible alors de se débarrasser du problème du choix du langage et donc des choix arbitraires pour définir et mesurer la complexité algorithmique. La théorie de la complexité algorithmique n’adopte aucune présomption à l’égard de la nature déterministe ou indéterminisme du processus générateur. Cependant la distribution obtenue des événements détermine, avec probabilité m(s), si à l’origine des données se trouve un processus de calcul. Finalement, les approches algorithmiques capturent bien le phénomène en correspondance avec les notions intuitives, y compris la nature difficile de calculer et d’exhiber ce qu’est l’aléatoire. La vraie nature de l’aléatoire quantique et sa caractérisation algorithmique est une question qui reste ouverte (même si on fait du progrès [Calude2]). Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 69 / 69
  • 71. J.P. Delahaye, H. Zenil, On the Kolmogorov-Chaitin complexity for short sequences, in C. Calude (ed.) Complexity and Randomness : From Leibniz to Chaitin, World Scientific, 2007. J.P. Delahaye, N. Gauvrit, H. Zenil, Towards a stable definition of Kolmogorov-Chaitin complexity, to be submitted. H. Zenil, How does Nature compute (Series in Computer Science.) in G. Dodig-Crnkovic and M. Burgin (eds.) Information and Computation, World Scientific ; to appear, 2010. H. Zenil (ed.), Computation and Randomness : 5 questions, Automatic Press, to appear, 2009. C.H. Bennett, Logical depth and physical complexity, The Universal Turing Machine : A Half-Century Survey, Springer, 2nd. edition, 1995. E. Borel, Traité du calcul des probabilités et de ses applications, Gauthier-Villars, 1952. C.S. Calude, Information and Randomness : An Algorithmic Perspective (Texts in Theoretical Computer Science. An EATCS Series), Springer, 2nd. edition, 2002. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 69 / 69
  • 72. C. S. Calude, K. Svozil, Quantum randomness and value indefiniteness, Advanced Science Letters, accepted. R.G. Downey, D. Hirschfeldt, Algorithmic Randomness and Complexity, Springer Verlag, to appear. G. J. Chaitin, A theory of program size formally identical to information theory, Association for Computing Machinery Journal, vol. 22, pp. 329–340, 1975. G. J. Chaitin, Meta Math ! : The Quest for Omega, Vintage, 2006. J.P. Dubucs, Unfolding cognitives capacities, in M. Okada and Alli (eds.), Reasoning and Cognition, Keio University Press. 2006, p. 95-101. J. Earman, A Primer on Determinism, Dordrecht : Reidel, 1986. M. Li and P. Vitányi, An Introduction to Kolmogorov-Chaitin Complexity and Its Applications, Springer, 1997. A.N. Kolmogorov, Three approaches to the quantitative definition of information,, Problems in Information Transmission, 1965. Hector Zenil (IHPST) L’approche algorithmique de l’aléatoire 69 / 69
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