2. La violence de l’immigration –
les limites de l’intégration à la française
Quel vivre ensemble possible ?
Des racines d’ici et d’ailleurs…
3. Chaque forme d’émigration produit inévitablement par elle-
même une sorte de déséquilibre.
On perd quelque chose de sa verticalité, quand on ne sent
pas sa propre terre sous ses pieds, on perd de sa sûreté,
on devient plus méfiant à l’égard de soi-même .
Stefan Zweig, philosophe autrichien 1881-1942
La violence de l’immigration
4. Femme
immigrée
La culture peut aujourd’hui être considérée comme l’ensemble des
traits distinctifs, spirituels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent
une société ou un groupe social.
La culture donne à l’homme la capacité de la réflexion sur
lui-même. C’est elle qui fait de nous des êtres
spécifiquement humains rationnels, critiques et
engagés…
Définition de l’UNESCO en 1982
5. La violence de la langue
L’apprentissage de la langue
ne peut être approché
seulement comme œuvre de
charité
Un certain professionnalisme
est nécessaire
Tentations sécuritaires
1) Crispations puristes
2) Crispations nostalgiques
Le mot «intégration » véhicule des concepts
négatifs tels que l’assimilation, la fusion,
l’incorporation…
6. Quel rapport, ceux qui
deviennent Français
peuvent-ils entretenir
avec l’environnement et
les pratiques de leur
nouveau pays ?
Il y a là une condition pour qu’ils puissent se sentir
pleinement Français et pas seulement « Français de
papier ».
Suffit-il devant ces problèmes existentiels de proclamer haut et fort
des impératifs moraux ?
Pour les uns, les descendants d’immigrés non-européens sont
victimes du racisme de leur compatriotes blancs.
D’autres dénoncent ceux qui revendiquent la plénitude des droits
rattachés au statut de citoyen tout en refusant de se comporter
comme des vrais Français.
7. 1. quitter notre territoire,
2. traverser la frontière,
3. entrer dans la maison de
l’autre,
4. nous exposer au bon
vouloir de l’autre,
5. renoncer à imposer
d’emblée notre façon de
voir…
Pierre-François de Béthune, l’Hospitalité
sacrée entre les religions –Ed. Albin Michel
Septembre 2007
Quel vivre
ensemble
possible ?
L’adoption réciproque
8. www.clairely.com
La mangrove protège la côte en amortissant les vents, les
cyclones, voire les tsunamis. Les migrants sont bien placés
pour amortir le choc des cultures et des civilisations.
Nous avons à inventer une nouvelle façon de vivre ensemble
pour que la rencontre des diverses cultures et religions
n’engendre ni une monophonie, ni une cacophonie, mais une
vraie symphonie…
Claire Ly – La Mangrove, À la croisée des cultures et des religions- Éd. Siloë 2011, page 156
La mangrove de Koh Kong - Cambodge
Notas del editor
Bouddhiste d’origine, convertie à la foi chrétienne à l’âge de 36 ans, réfugiée politique, naturalisée française en 1989, je fais partie de ces personnes marquées par deux cultures, deux traditions spirituelles. À l’heure où l’identité fait débat sur la terre française, je voudrais partager avec vous mes expériences de femme, femme immigrée, femme citoyenne et femme disciple de Jésus-Christ. Pour ce partage, je me placerai uniquement sur le plan existentiel. J’éviterai toute position moralisante ou politicienne. L’identité est une réflexion qui touche profondément notre être, elle mérite d’être partagée dans la sérénité, en dehors de tout discours idéologique ou religieuse… J’aborderai en première partie - la violence de l’immigration Je pointerai les limites de l’intégration à la française, Et je terminerai par - quel vivre ensemble possible ?
1) – la violence de l’immigration… L’expérience migratoire est d’abord une expérience d’altération faite de violences psychologiques. Sur la terre française, l’immigrée que je suis a perdu ce qu’Albert Camus appelle « l’accord de la terre et du pied » . Tout immigré est convoqué ainsi à vivre une sorte d’étrangeté de soi-même. J’ai vécu l’immersion dans la culture française, comme une violence psychologique. Car « Chaque forme d’émigration produit inévitablement par elle-même une sorte de
Beaucoup de facteurs vont être sollicités quand on est déplacé de sa culture native. Ce sont des facteurs qui ne laissent personne neutre ou indifférent, car ils touchent profondément notre affectif. Des facteurs qui nous affectent… L’expérience migratoire est toujours une expérience d’altération faite de violences psychologiques. La première et la plus courante est la violence de la langue. Définition de la culture
Exemple de mes enfants : Notre culture d’origine est celle qui nous structure…. Une erreur regrettable de renvoyer les enfants d’immigrés à la culture d’origine des parents… Sont-ils Français? Les enfants des immigrés de la 2 ème ou 3 ème génération, nés en France, Français par les papiers mais considérés comme étrangers par leur nom et leur faciès. Courriers des Lecteurs, le monde du 7/9/2009… Fracture d’images : Ces jeunes ont fait des études, structurés par la culture française, mais ne se sentent pas acceptés..
L’expérience migratoire est toujours une expérience d’altération faite de violences psychologiques qui font perdre leur verticalité aux migrants : La première et la plus courante est la violence de la langue . Maîtriser la langue française est l’étape essentielle que tout étranger doit franchir pour retrouver l’équilibre. C’est l’étape nécessaire pour se faire respecter par les « Français de souche ». Il ne suffit pas de « baragouiner » le français, il faut le parler jusqu’à pouvoir exposer ses idées et dire le plus profond de soi-même avec cette langue étrangère. Par conséquent, l’apprentissage de la langue ne peut pas être approché seulement comme œuvre de charité ; un certain professionnalisme est nécessaire. Il ne suffit pas de connaître la langue mais de faire de cette langue, notre langage.. Nuance entre Langue et langage… Langue : système d’expression Langage : désigne la fonction de ce système d’expression; langage est un corps et une âme, une matière et un esprit. (Le gouvernement khmer la peur ) La deuxième violence relève de l’identité . Les phénomènes migratoires ont donné naissance à l’identité qui se décline au pluriel, une identité déstabilisante pour l’être social du migrant. Ce dernier ne sait plus dans quelle mémoire, quel héritage s’inscrit véritablement sa vie. Il se sent alors « mal à l’aise » dans son nouveau lieu de vie. Une inquiétude sournoise l’habite, elle fragilise l’image qu’il se fait de lui-même. Il est ainsi soumis à des tentations sécuritaires illusoires.
Tenir un discours qui se contente seulement de dénoncer le racisme les uns envers les autres relève de tartuferie « Couvrez ce sein que je ne saurais voir »; Pour construire un vivre ensemble, nous sommes convoqués à nous poser des vraies questions : Quel rapport, ceux qui deviennent français peuvent-ils entretenir avec l’environnement et les pratiques de leur nouveau pays ? Il y a là une condition pour qu’ils puissent se sentir pleinement français et non seulement « Français de papiers ».
La mangrove est une forêt littorale située à l’interface entre la mer et la terre.. Elle se développe sur les côtes et dans les estuaires des fleuves et des rivières. Elle est née du brassage de deux eaux : l’eau salée et l’eau douce. Vivre à la frontière de l’océan et de la terre n’est pas une mince affaire La mangrove est la matrice d’une nouvelle génération où les cultures et les religions apprendraient à se connaître en vérité et à se féconder les unes les autres. Ce ne sera pas très facile, mais ce sera passionnant…