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Conclusion
Nous avions voulu cette session en l’inscrivant dans l‘idée que l’enseignement du
Fait religieux ne saurait en rester à un enseignement positiviste par lequel on ne ferait
que dispenser des connaissances.
Nous ne voulions pas non plus en rester à une approche patrimoniale, qui a
l’avantage de donner accès aux jeunes générations au trésor de la culture mais qui
parfois lui donner accès uniquement à des œuvres du passé, endormis dans des musées.
Nous pensions que le fait religieux, un bâtiment religieux, un tableau, un rite
religieux, etc pour être compris, doit être lu dans ce qui en fait la symbolique. Et que
agissant ainsi, on ouvrait sur la question du sens.
En effet les jeunes générations, croyants ou non, peuvent être en déficit de sens
donné à leur vie. Aujourd’hui dans le meilleur des cas, on insiste sur les valeurs morales
à transmettre, sur l’éthique, sur le fait de vouloir donner des points de repère. Tout cela
est fort utile mais on n’enchante pas la vie avec l’éthique. On a besoin de passer à cette
autre dimension qui est celle du sens, à ce que l’on fait, à ses choix de vie, à ses choix de
vie etc. Et donc clairement un des objectifs de l’initiation à la symbolique consiste à
ouvrir à partir des symboles, des rites et des mythes, vers la question du sens, sans
évidemment la confondre avec la croyance
En ces quelques lignes, avec Dominique, nous ne voulons pas reprendre toute la
session mais simplement repérer quelques points forts qui se sont bien éclairés durant
ces trois jours. Qu’est ce que le sens et comment le symbole ouvre à la question du sens ?
Avec Ferrante Ferranti, de ce point de vue, un aspect très important est apparu. On a
accès au sens par le sensible, par les sens. Ce n’est pas le seul accès. On accès au sens par
la réflexion. Nous privilégions souvent cette approche : réfléchir à ce que l’on fait et
donner du sens à nos actions et ultimement à notre vie mais l’approche de Ferranti par
une approche artistique des symboles nous a d’abord fait sentir, puis comprendre que
les sens, nos sens, à l’exemple de cet escalier aux cinq sens qui conduit à une basilique
nous conduit aussi dans le domaine du sens. Disons-le encore autrement que cela soit
bien clair, le sens relève aussi du senti et du ressenti. On n’entre pas dans le sens
uniquement par les sens mais on y entre aussi par ses sens. Le fait religieux, comme les
arts nous mettent sur le chemin du sensible…
Ce que vous faites quand vous conduisez des jeunes élèves ou des moins jeunes à
regarder une œuvre d’art, à lire un texte, à visiter un édifice religieux, à condition
toutefois que vous les accompagniez dans le fait qu’ils se laissent toucher par cette
œuvre d’art. A proprement parler, nous ne l’avons pas développée mais cette attitude
s’appelle l’initiation : initier au fait religieux, comme à l’histoire des arts, c’est se tenir
dans cette proximité qui permet à quelqu’un de se laisser toucher...
J’ai été frappé par la disponibilité que cela demande. Un symbole est là. Je peux le
recevoir, le lire, me laisser toucher. Je peux aussi ne pas le considérer. Si je suis fermé
aux représentations baroques de la crucifixion, un visage, une main, peuvent me laisser
parfaitement indifférent. Mais des symboles comme l’échelle ou le bain ouaté de lumière
2
blanche de la crucifixion de Chagall quand ils sont reçus peuvent dire une parole forte
comme Denise nous l’a fait voir. Le tableau de Chagall est un cri d’une force incroyable !
Le symbole demande de la disponibilité. Il échapperait au passant qui dirait :
encore une crucifixion : je connais… ou à celui qui croirait qu’une crucifixion, ça parle de
l’événement de la mort de Jésus, sans voir comme les artistes que la crucifixion comme
tant d’autres scènes bibliques ou mythologiques parlent en même temps d’autre chose…
en l’occurrence de l’homme innocent aux prises avec le mal.
Denise nous a bien montré que la crucifixion de Jésus parlait de la crucifixion des
juifs à ce moment là de l’histoire. Les tableaux religieux, une visitation, une résurrection,
disent toujours beaucoup d’autres choses et celui qui n’y voit qu’une illustration d’une
belle histoire ne s’est pas laissé porter par la vague du symbole jusque dans l’horizon du
sens.
Pour lire un symbole, un récit, un rite, il faudra s’y arrêter. Patiemment le lire
comme nous l’avons fait, tableau après tableau, symbole après symbole pour
qu’ultimement il nous apparaisse dans toute sa force… ce travail d’initiateur que vous
faites de multiples façons est un travail qui demande du temps… Le lecture n’est jamais
immédiate ! On a besoin de temps pour intérioriser et laisser résonner un tableau, un
texte, une œuvre…
Il en va de même lorsque nous visitons un bâtiment religieux. Comment le lire ?
C’est la question que nous avions posée à Bernard parce que nous connaissons bien les
dérives possibles dans la visite d’un édifice religieux pour avoir souvent eu des guides
qui prennent prétexte de l’édifice pour parler de beaucoup trop de choses et qui nous
distraient du lieu, soit pour s’en tenir à la littéralité du bâtiment : sa longueur, sa hauteur,
sa largeur, tout sauf sa profondeur symbolique. Car à vrai dire il faut aussi se taire pour
laisser parler un édifice…
Bernard nous a donné quelques clefs, nous ouvrant quelques espaces
symboliques. Vous vous souvenez de ses titres de chapitre de chapitre ? Symbolique de
la maison par exemple... Ne pas interpréter l’édifice sans penser à ceux qui l’habitent…
Un monastère n’est pas un monument des bâtiments de France, il est une maison de
moine… La symbolique de la vie… Quelle est la vie qui anime cet édifice ? Laisser ce lieu
nous parler… lui laisser la parole…
Nous pensions que les symboles étaient liés à des objets, des personnages, mais le
philosophe ne nous a pas laissé dans cette tranquille sérénité. C’est le propre des
philosophes que de venir interroger et déplacer nos représentations. Xavier a tout de
suite dressé trois attitudes possibles dans le rapport au monde : soit nous arrêter à la
stricte matérialité des choses, soit nous en évader dans des métaphores plus ou moins
illusoires ou oniriques, soit celui de l’existence authentique celle de l’intelligence du réel.
Et que sur ce chemin là nous pouvions penser le monde avec la raison et les concepts, ce
que nous faisons de multiples manières, mais que devant l’infinité des choses, le mystère
de l’être, l’inénarrable du monde, le concept éclatait et devait faire appel à ce qu’il a
appelé l’analogie, l’analogie de l’être… nous étions à nouveau par le détour de la
philosophie grecque, dans le domaine symbolique mais désormais ce n’était plus
seulement de l’interprétation des symboles ou des rites mais il ne s’agissait que de rien
de moins que de la compréhension du monde. A cause même de ce qu’est le monde, la
3
pensée rationnelle ne suffit pas, elle a besoin de cette autre forme originale de la pensée
qu’est la pensée symbolique.
Nous avions voulu interroger aussi la symbolique de l’espace, partant du constat
tout simple que les paysages ont été marqués par le fait religieux. Mais notre approche
de la géographie, la mienne en tout cas, était une peu naïve ! J’ai noté en particulier ce
phénomène très intéressant à propos du temple des hébreux. Le temple marque la
possession de cette terre lorsque le peuple juif s’y installe. Mais que se passe-t-il lorsque
le temple est détruit ? Il continue de marquer le territoire mais désormais il est
intériorisé. Au fond nous intériorisons les symboles religieux. Ils dessinent en nous une
géographie intérieure…
Nous voulions saisir une symbolique qui se met en place dans l’acte même de sa
naissance pensant ainsi que cela nous ferait mieux comprendre ce qu’est une
symbolique et son fonctionnement. Et c’est ce que nous avions demandé à Jean Guyon.
Personnellement j’ai été très sensible à ce que le savant archéologue qu’est Jean ne
puisse pas dire si telle ou telle symbole sur une sarcophage ou dans une catacombe est
un symbole chrétien ou pas… Il nous a fait comprendre ainsi que le symbole n’existe pas
en dehors de son site culturel, social. Et aussi nous y avons appris que les mêmes
symboles peuvent fonctionner dans des champs culturels différents. Ils passent d’un
monde à l’autre… Ainsi le pasteur qui existe bien avant de devenir dans la symbolique
chrétienne le bon pasteur. Non seulement ils mutent mais je crois avoir mieux compris
hier soir qu’ils sont des passeurs entre des cultures, des passeurs dans les changements
culturels.
Je voudrais encore faire une remarque. Jean nous a montrés beaucoup de
symboles du Christ. Dans l’antiquité chrétienne, la croix n’existe pas ! Ainsi ce qui me
parle en l’occurrence, ce n’est pas la symbole mais l’absence de ce symbole qui fait
comprendre deux anthropologies assez différentes, une dans laquelle on valorise la
victoire sur le mal, une autre dans laquelle on est fasciné par la souffrance…
Et puis nous n’avons pas fait que parler. Nous avons aussi eu des rites. Nous vous
avons proposé une célébration. Je crois pouvoir dire que dans sa simplicité, elle était
belle. Chacun l’a habitée à sa manière. Il y a été question de puits, de désir, d’eau, de
fleuve qui coule en soi… qui pourrait dire comment cette célébration a résonné pour
chacun… sauf qu’au dire de ceux qui nous avait dressé la table pour un autre rite, celui
de l’apéro, nos visages étaient quelques peu lumineux…
La République aussi a ses symboles. Nous évoquions en commençant le panthéon
et la prochaine apothéose qui doit être célébrée. Nous avons en mémoire la demande du
ministère de l’éducation nationale de remettre dans l’école les symboles de la
République : le drapeau et la devise. Il y a une certaine indigence dans la symbolique
républicaine et en disant cela, il ne s’agit pas tant de critiquer que de prendre la mesure
d’un déficit de rite qui marque la société. Dominique nous a montré comment se met en
place avec la guerre de 14 un vraie culte républicain, avec ses rituels, le 11 novembre,
ses symboles : le poilu, le drapeau, le coq, sa polysémie : le héros, la grandeur de la
France, se sacrifice héroïque mais aussi non à la guerre, la paix…
Dominique nous a fait saisir le fait religieux au cœur de ce qui est le plus laïque,
républicain. Et ce religieux aussi fait sens, à condition là encore de ne pas l’écraser dans
la littéralité de l’image…
4
Jean-François Noel est dans son registre propre équivalent à Xavier Manzano.
Nous lui avions demandé de nous dire comment le symbolique participait à la
constitution des individus. Nous n’avons pas été déçu du voyage. Qualifiant le
symbolique de résonnance intérieure ou de fil d’Ariane, il nous a montré comment la
réalité est ce sur quoi nous butons, l’équivalent du réductionnisme dont a parlé xavier à
propos de la matérialité, invitation à prendre de la distance vis-à-vis de nos urgences, de
nos calendriers, de nos activités frénétiques etc… Et il a insisté pour que nous fassions
droit à l’imaginaire qui était l’équivalent de ce que Xavier a dit en parlant de la
métaphore, de sa nécessité et de sa limite avec le risque de se perdre dans l’onirique…
ou bien, d’être bigot défini comme celui qui a l’imaginaire sec. Les bigots ne sont pas
tous des adeptes des religions. Il y a les bigots de l’organisation, du coaching , les bigots
de l’économie etc. On m’a dit qu’il y en avait dans l’enseignement catholique des bigots
insécurisés à l’imaginaire sec !
Et alors il est proposé l’ouverture au symbolique… Le symbole va au-delà de
l’image et de l’imaginaire. Il éveille la conscience. il nous met en chemin vers le sens, vers
un ailleurs… Il nous a été proposé la figure – le symbole - du pèlerin… Sur ce chemin-là
nos représentations s’épurent, nos convictions évoluent jusqu’à la représentation de
Dieu déshabillé nu sur la croix. L’expérience symbolique ne console pas, comme le
prétend la religion à trois sous, elle ne guérit pas les blessures restent mais elle met à la
place du vivant…
Enfin Marie Hélène nous a introduits à la célébration de la semaine sainte à
Perpignan. Nous avons vu comment dans un même geste on enseigne le fait religieux et
on initie à une culture.
Je crois qu’on a été conduit plus loin que prévu… Nous pensions peut-être
apprendre le sens de quelques symboles… nous nous doutions qu’il fallait pousser cette
porte et que le fait religieux présent dans les disciplines, comme les arts peut permettre
d’initier au symbolique mais surtout de conduire vers le chemin du sens que chacun est
amené à donner à ce qu’il fait, là où il aime, là où il souffre, là où il se sent perdu, là où il
est traversé par le doute… mais là aussi où il a le cœur tout brûlant.
Nous avons bien compris que le symbole est là présent. Il ne se laisse pas réduire
à quelques symboles religieux. Nos attitudes, nos comportements, l’organisation de
l’espace, le rapport au temps, tout finalement comporte une dimension symbolique qui
de toute manière opère, la plupart du temps à notre insu, mais efficacement cependant.
Et la suite …
Cela fait la seconde année que nous organisons une session. Marc a dit que c’était
le seul endroit en France à proposer ce genre d’initiative, avec la collaboration de
5
presque tous les diocèses. Nous avons envie de vous proposer de faire de cette session
un rendez-vous annuel. Il y a d’abord beaucoup de bonheur à se retrouver ! Et on va pas
s’interdire du bonheur surtout que vous le savez, nous pensons que toute formation doit
être agréable…
Cette session a l’avantage de croiser des publics, de symboliser autre chose que
les hiérarchies et répartitions des rôles qui ne rendent pas compte de l’unicité du travail
éducatif dans lequel dans la diversité des fonctions nous sommes tous engagés. Nous ne
voulons pas reproduire en terme de formation des cloisonnements que l’on peut parfois
trouver dans les établissements…
Et puis nous avons des idées… plusieurs… parce que constamment nous pensons.
Mais faut-il en parler maintenant. Probablement que c’est trop tôt… Nous avions pensé
au rapport entre enseignement du fait religieux et enracinement dans la dimension
régionale de nos cultures… mais peut-être vaut-il mieux traiter cela à travers d’autres
thématiques que d’en faire un sujet…
Et si on regardait le fait religieux sous l’angle du féminin ???
Des dates
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Conclusion session 2014 - Christian Salenson

  • 1. 1 Conclusion Nous avions voulu cette session en l’inscrivant dans l‘idée que l’enseignement du Fait religieux ne saurait en rester à un enseignement positiviste par lequel on ne ferait que dispenser des connaissances. Nous ne voulions pas non plus en rester à une approche patrimoniale, qui a l’avantage de donner accès aux jeunes générations au trésor de la culture mais qui parfois lui donner accès uniquement à des œuvres du passé, endormis dans des musées. Nous pensions que le fait religieux, un bâtiment religieux, un tableau, un rite religieux, etc pour être compris, doit être lu dans ce qui en fait la symbolique. Et que agissant ainsi, on ouvrait sur la question du sens. En effet les jeunes générations, croyants ou non, peuvent être en déficit de sens donné à leur vie. Aujourd’hui dans le meilleur des cas, on insiste sur les valeurs morales à transmettre, sur l’éthique, sur le fait de vouloir donner des points de repère. Tout cela est fort utile mais on n’enchante pas la vie avec l’éthique. On a besoin de passer à cette autre dimension qui est celle du sens, à ce que l’on fait, à ses choix de vie, à ses choix de vie etc. Et donc clairement un des objectifs de l’initiation à la symbolique consiste à ouvrir à partir des symboles, des rites et des mythes, vers la question du sens, sans évidemment la confondre avec la croyance En ces quelques lignes, avec Dominique, nous ne voulons pas reprendre toute la session mais simplement repérer quelques points forts qui se sont bien éclairés durant ces trois jours. Qu’est ce que le sens et comment le symbole ouvre à la question du sens ? Avec Ferrante Ferranti, de ce point de vue, un aspect très important est apparu. On a accès au sens par le sensible, par les sens. Ce n’est pas le seul accès. On accès au sens par la réflexion. Nous privilégions souvent cette approche : réfléchir à ce que l’on fait et donner du sens à nos actions et ultimement à notre vie mais l’approche de Ferranti par une approche artistique des symboles nous a d’abord fait sentir, puis comprendre que les sens, nos sens, à l’exemple de cet escalier aux cinq sens qui conduit à une basilique nous conduit aussi dans le domaine du sens. Disons-le encore autrement que cela soit bien clair, le sens relève aussi du senti et du ressenti. On n’entre pas dans le sens uniquement par les sens mais on y entre aussi par ses sens. Le fait religieux, comme les arts nous mettent sur le chemin du sensible… Ce que vous faites quand vous conduisez des jeunes élèves ou des moins jeunes à regarder une œuvre d’art, à lire un texte, à visiter un édifice religieux, à condition toutefois que vous les accompagniez dans le fait qu’ils se laissent toucher par cette œuvre d’art. A proprement parler, nous ne l’avons pas développée mais cette attitude s’appelle l’initiation : initier au fait religieux, comme à l’histoire des arts, c’est se tenir dans cette proximité qui permet à quelqu’un de se laisser toucher... J’ai été frappé par la disponibilité que cela demande. Un symbole est là. Je peux le recevoir, le lire, me laisser toucher. Je peux aussi ne pas le considérer. Si je suis fermé aux représentations baroques de la crucifixion, un visage, une main, peuvent me laisser parfaitement indifférent. Mais des symboles comme l’échelle ou le bain ouaté de lumière
  • 2. 2 blanche de la crucifixion de Chagall quand ils sont reçus peuvent dire une parole forte comme Denise nous l’a fait voir. Le tableau de Chagall est un cri d’une force incroyable ! Le symbole demande de la disponibilité. Il échapperait au passant qui dirait : encore une crucifixion : je connais… ou à celui qui croirait qu’une crucifixion, ça parle de l’événement de la mort de Jésus, sans voir comme les artistes que la crucifixion comme tant d’autres scènes bibliques ou mythologiques parlent en même temps d’autre chose… en l’occurrence de l’homme innocent aux prises avec le mal. Denise nous a bien montré que la crucifixion de Jésus parlait de la crucifixion des juifs à ce moment là de l’histoire. Les tableaux religieux, une visitation, une résurrection, disent toujours beaucoup d’autres choses et celui qui n’y voit qu’une illustration d’une belle histoire ne s’est pas laissé porter par la vague du symbole jusque dans l’horizon du sens. Pour lire un symbole, un récit, un rite, il faudra s’y arrêter. Patiemment le lire comme nous l’avons fait, tableau après tableau, symbole après symbole pour qu’ultimement il nous apparaisse dans toute sa force… ce travail d’initiateur que vous faites de multiples façons est un travail qui demande du temps… Le lecture n’est jamais immédiate ! On a besoin de temps pour intérioriser et laisser résonner un tableau, un texte, une œuvre… Il en va de même lorsque nous visitons un bâtiment religieux. Comment le lire ? C’est la question que nous avions posée à Bernard parce que nous connaissons bien les dérives possibles dans la visite d’un édifice religieux pour avoir souvent eu des guides qui prennent prétexte de l’édifice pour parler de beaucoup trop de choses et qui nous distraient du lieu, soit pour s’en tenir à la littéralité du bâtiment : sa longueur, sa hauteur, sa largeur, tout sauf sa profondeur symbolique. Car à vrai dire il faut aussi se taire pour laisser parler un édifice… Bernard nous a donné quelques clefs, nous ouvrant quelques espaces symboliques. Vous vous souvenez de ses titres de chapitre de chapitre ? Symbolique de la maison par exemple... Ne pas interpréter l’édifice sans penser à ceux qui l’habitent… Un monastère n’est pas un monument des bâtiments de France, il est une maison de moine… La symbolique de la vie… Quelle est la vie qui anime cet édifice ? Laisser ce lieu nous parler… lui laisser la parole… Nous pensions que les symboles étaient liés à des objets, des personnages, mais le philosophe ne nous a pas laissé dans cette tranquille sérénité. C’est le propre des philosophes que de venir interroger et déplacer nos représentations. Xavier a tout de suite dressé trois attitudes possibles dans le rapport au monde : soit nous arrêter à la stricte matérialité des choses, soit nous en évader dans des métaphores plus ou moins illusoires ou oniriques, soit celui de l’existence authentique celle de l’intelligence du réel. Et que sur ce chemin là nous pouvions penser le monde avec la raison et les concepts, ce que nous faisons de multiples manières, mais que devant l’infinité des choses, le mystère de l’être, l’inénarrable du monde, le concept éclatait et devait faire appel à ce qu’il a appelé l’analogie, l’analogie de l’être… nous étions à nouveau par le détour de la philosophie grecque, dans le domaine symbolique mais désormais ce n’était plus seulement de l’interprétation des symboles ou des rites mais il ne s’agissait que de rien de moins que de la compréhension du monde. A cause même de ce qu’est le monde, la
  • 3. 3 pensée rationnelle ne suffit pas, elle a besoin de cette autre forme originale de la pensée qu’est la pensée symbolique. Nous avions voulu interroger aussi la symbolique de l’espace, partant du constat tout simple que les paysages ont été marqués par le fait religieux. Mais notre approche de la géographie, la mienne en tout cas, était une peu naïve ! J’ai noté en particulier ce phénomène très intéressant à propos du temple des hébreux. Le temple marque la possession de cette terre lorsque le peuple juif s’y installe. Mais que se passe-t-il lorsque le temple est détruit ? Il continue de marquer le territoire mais désormais il est intériorisé. Au fond nous intériorisons les symboles religieux. Ils dessinent en nous une géographie intérieure… Nous voulions saisir une symbolique qui se met en place dans l’acte même de sa naissance pensant ainsi que cela nous ferait mieux comprendre ce qu’est une symbolique et son fonctionnement. Et c’est ce que nous avions demandé à Jean Guyon. Personnellement j’ai été très sensible à ce que le savant archéologue qu’est Jean ne puisse pas dire si telle ou telle symbole sur une sarcophage ou dans une catacombe est un symbole chrétien ou pas… Il nous a fait comprendre ainsi que le symbole n’existe pas en dehors de son site culturel, social. Et aussi nous y avons appris que les mêmes symboles peuvent fonctionner dans des champs culturels différents. Ils passent d’un monde à l’autre… Ainsi le pasteur qui existe bien avant de devenir dans la symbolique chrétienne le bon pasteur. Non seulement ils mutent mais je crois avoir mieux compris hier soir qu’ils sont des passeurs entre des cultures, des passeurs dans les changements culturels. Je voudrais encore faire une remarque. Jean nous a montrés beaucoup de symboles du Christ. Dans l’antiquité chrétienne, la croix n’existe pas ! Ainsi ce qui me parle en l’occurrence, ce n’est pas la symbole mais l’absence de ce symbole qui fait comprendre deux anthropologies assez différentes, une dans laquelle on valorise la victoire sur le mal, une autre dans laquelle on est fasciné par la souffrance… Et puis nous n’avons pas fait que parler. Nous avons aussi eu des rites. Nous vous avons proposé une célébration. Je crois pouvoir dire que dans sa simplicité, elle était belle. Chacun l’a habitée à sa manière. Il y a été question de puits, de désir, d’eau, de fleuve qui coule en soi… qui pourrait dire comment cette célébration a résonné pour chacun… sauf qu’au dire de ceux qui nous avait dressé la table pour un autre rite, celui de l’apéro, nos visages étaient quelques peu lumineux… La République aussi a ses symboles. Nous évoquions en commençant le panthéon et la prochaine apothéose qui doit être célébrée. Nous avons en mémoire la demande du ministère de l’éducation nationale de remettre dans l’école les symboles de la République : le drapeau et la devise. Il y a une certaine indigence dans la symbolique républicaine et en disant cela, il ne s’agit pas tant de critiquer que de prendre la mesure d’un déficit de rite qui marque la société. Dominique nous a montré comment se met en place avec la guerre de 14 un vraie culte républicain, avec ses rituels, le 11 novembre, ses symboles : le poilu, le drapeau, le coq, sa polysémie : le héros, la grandeur de la France, se sacrifice héroïque mais aussi non à la guerre, la paix… Dominique nous a fait saisir le fait religieux au cœur de ce qui est le plus laïque, républicain. Et ce religieux aussi fait sens, à condition là encore de ne pas l’écraser dans la littéralité de l’image…
  • 4. 4 Jean-François Noel est dans son registre propre équivalent à Xavier Manzano. Nous lui avions demandé de nous dire comment le symbolique participait à la constitution des individus. Nous n’avons pas été déçu du voyage. Qualifiant le symbolique de résonnance intérieure ou de fil d’Ariane, il nous a montré comment la réalité est ce sur quoi nous butons, l’équivalent du réductionnisme dont a parlé xavier à propos de la matérialité, invitation à prendre de la distance vis-à-vis de nos urgences, de nos calendriers, de nos activités frénétiques etc… Et il a insisté pour que nous fassions droit à l’imaginaire qui était l’équivalent de ce que Xavier a dit en parlant de la métaphore, de sa nécessité et de sa limite avec le risque de se perdre dans l’onirique… ou bien, d’être bigot défini comme celui qui a l’imaginaire sec. Les bigots ne sont pas tous des adeptes des religions. Il y a les bigots de l’organisation, du coaching , les bigots de l’économie etc. On m’a dit qu’il y en avait dans l’enseignement catholique des bigots insécurisés à l’imaginaire sec ! Et alors il est proposé l’ouverture au symbolique… Le symbole va au-delà de l’image et de l’imaginaire. Il éveille la conscience. il nous met en chemin vers le sens, vers un ailleurs… Il nous a été proposé la figure – le symbole - du pèlerin… Sur ce chemin-là nos représentations s’épurent, nos convictions évoluent jusqu’à la représentation de Dieu déshabillé nu sur la croix. L’expérience symbolique ne console pas, comme le prétend la religion à trois sous, elle ne guérit pas les blessures restent mais elle met à la place du vivant… Enfin Marie Hélène nous a introduits à la célébration de la semaine sainte à Perpignan. Nous avons vu comment dans un même geste on enseigne le fait religieux et on initie à une culture. Je crois qu’on a été conduit plus loin que prévu… Nous pensions peut-être apprendre le sens de quelques symboles… nous nous doutions qu’il fallait pousser cette porte et que le fait religieux présent dans les disciplines, comme les arts peut permettre d’initier au symbolique mais surtout de conduire vers le chemin du sens que chacun est amené à donner à ce qu’il fait, là où il aime, là où il souffre, là où il se sent perdu, là où il est traversé par le doute… mais là aussi où il a le cœur tout brûlant. Nous avons bien compris que le symbole est là présent. Il ne se laisse pas réduire à quelques symboles religieux. Nos attitudes, nos comportements, l’organisation de l’espace, le rapport au temps, tout finalement comporte une dimension symbolique qui de toute manière opère, la plupart du temps à notre insu, mais efficacement cependant. Et la suite … Cela fait la seconde année que nous organisons une session. Marc a dit que c’était le seul endroit en France à proposer ce genre d’initiative, avec la collaboration de
  • 5. 5 presque tous les diocèses. Nous avons envie de vous proposer de faire de cette session un rendez-vous annuel. Il y a d’abord beaucoup de bonheur à se retrouver ! Et on va pas s’interdire du bonheur surtout que vous le savez, nous pensons que toute formation doit être agréable… Cette session a l’avantage de croiser des publics, de symboliser autre chose que les hiérarchies et répartitions des rôles qui ne rendent pas compte de l’unicité du travail éducatif dans lequel dans la diversité des fonctions nous sommes tous engagés. Nous ne voulons pas reproduire en terme de formation des cloisonnements que l’on peut parfois trouver dans les établissements… Et puis nous avons des idées… plusieurs… parce que constamment nous pensons. Mais faut-il en parler maintenant. Probablement que c’est trop tôt… Nous avions pensé au rapport entre enseignement du fait religieux et enracinement dans la dimension régionale de nos cultures… mais peut-être vaut-il mieux traiter cela à travers d’autres thématiques que d’en faire un sujet… Et si on regardait le fait religieux sous l’angle du féminin ??? Des dates 18-19-20 mars 2015 Un site et des textes… Des textes en ligne… Les actes… Des formations Des retraites chefs d’établissement : Lérins Une formation : Eduquer acte politique : donner le sens de la formation… Des cours à l’ISTR