Les 4 relations humain - nature illustrées #noussommesvivants
La Diffusion Des Valeurs Dites Féminines - Partie 2
1. PARTIE 2
La diffusion des valeurs « dîtes » féminines
8 PHENOMENES
Crédits photo: (C) Ellen Kooi pour COTÉLAC, direction artistique Maryse Khoriaty
2. 1. Jean –Baptiste de Foucauld « Le don fondement de la relation »
2. Maité Levasseur « La génération participation »
3. Marc Luyckx « A la recherche d’un Sens commun, le paradigme transmoderne »
4. Marc Halévy « L’émergence de la société de l’information et de la communication »
5. Bernard Andrieu « La transidentité ou l’émergence de l’identité hybride »
6. Fabienne Brugère « Le care »
7. Roger Nifle « Le temps des communautés virtuelles »
8. BSV (suisse) « La société de longue-vie »
Plan de la partie
3. 1. Le don
Par Jean-Baptiste de Foucauld
fondement de la relation
4. 1. Le don : fondement de la relation
Ce qui explique l’universalité du don, c'est qu'il n'est pas totalement désintéressé : on en attend
presque toujours quelque chose en retour, ne serait-ce que la reconnaissance d'une créance et la
simple constitution du lien qui en résulte.
Et pourtant, il présente aussi une part de gratuité. Il est créatif, spontané, libre. Libre quant à ses
formes mais souvent obligé sans être obligatoire.
Ainsi apparaît la caractéristique essentielle de cet enfant de bohême quelque peu insaisissable qui,
comme l'énergie vitale, nous mène par le bout du nez, sans toujours se montrer : son ambivalence,
son caractère hybride, libre et obligé, désintéressé et intéressé tout à la fois. Ce qui explique que
Levi-Strauss ait pu, à tort selon Alain Caillé : y voir la première forme de l'échange. Le don est à
l'image même de la nature humaine, ambiguë.
Le don est pareil à la nature humaine : universel et complexe
5. 1. Le don : fondement de la relation
Recevoir un don ne va pas de soi car cela aboutit, qu'on le veuille ou non, à reconnaître une sorte
de dette. Il va donc falloir s'acquitter de celle-ci, donc rendre.
Certes, l'obligation de rendre n'est pas juridique, elle ne fait pas l'objet d'un contrat. Elle est en
quelque sorte morale : il y a bien quelque chose à rendre, mais à un terme qui n'est pas
déterminé, pas plus d'ailleurs que sa forme ; c'est le récipiendaire qui choisira, à moins
d'impossibilité de sa part, ou de volonté de rupture.
Donner ce n'est pas seulement donner. il faut pour donner que
le destinataire accepte de recevoir.
6. 1. Le don : fondement de la relation
Selon le phénomène bien connu du potlatch, le don est ce qui fait cesser la guerre de tous contre
tous.
Il faut y rattacher le mécanisme plus original et tonique d'endettement mutuel positif : lorsque
différents protagonistes se croyant, à tort ou à raison, en retard de don par rapport aux autres
relèvent simultanément le niveau et la qualité de leur don ce qui aboutit à une surenchère
mutuellement profitable.
Ainsi, le couple dans lequel chacun se sent endetté vis-à-vis de l'autre, verra le niveau de ses dons
mutuels s'accroître et les liens se consolider, alors qu'à l'inverse, le couple ou chacun croit donner
plus qu'il ne reçoit verra l'intensité de ses échanges se réduire de part et d'autre et risquera de se
délier peu à peu, par grippage mutuel du circuit des dons.
Le mécanisme de l’endettement mutuel positif crée et
renforce les liens entre les individus et les groupes
7. 1. Le don : fondement de la relation
Le Don n'est pas un acte isolé. Il s‘inscrit dans une chaîne, celle qui conduit à Donner, Recevoir et
Rendre et qui, une fois lancée, s'alimente seule tant que chacun joue le jeu.
C'est ce circuit de dons et de contre-dons qui nous lie les uns aux autres par un jeu de créances et
de dettes jamais soldées. Nous passons notre temps à donner, à recevoir et à rendre, non
seulement dans nos relations familiales, amicales, associatives (dans ce qu'il est convenu d'appeler
la socialité primaire), mais également à l'occasion de nos relations professionnelles, même si celles-
ci sont prioritairement marquées par le souci d'efficacité qui caractérise la socialité secondaire :
nous donnons, recevons, rendons en permanence, des biens, des services, des idées, des
symboles, des rites, des attentions, des sourires, des sentiments. Nous l'avons tout simplement
oublié tant sont devenues puissantes les représentations utilitaristes de nous-mêmes et de la
société.
La dynamique Donner-Recevoir-Rendre est à la société ce que
l'inconscient est à l'individu.
8. 1. Le don : fondement de la relation
Prendre-refuser-garder… Ce symétrique négatif du don, s'il fonctionne à l'état pur provoque la
déliaison sociale. Il fonctionne, comme le don lui-même, de façon plus ou moins tempérée, plus ou
moins vive : Le fonctionnement de l'économie de marché en fournit un bon exemple. Celle-ci a
socialisé le prendre-refuser-garder : prendre des parts de marché et des bénéfices (plutôt que
prendre par la contrainte), refuser la dépendance vis-à-vis d'autrui (pour ne rien lui devoir), garder
ce que l'on a gagné (et que l'on a donc pas à rendre ou à redistribuer).
Le risque est que ces mécanismes froids évincent peu à peu la chaleur et la fécondité du Don
anthropologique. Le rehaussement du lien social dans notre société passe donc par une prise de
conscience de l'importance du donner-recevoir-rendre dans les relations interpersonnelles, dans
la construction de la personne, et dans la vie collective.
Prendre-Refuser-Garder : ce jumeau négatif du don
qui nécrose le lien social
9. 1. Le don : fondement de la relation
Celui-ci apparaît comme le tiers paradigme introuvable auquel nous aspirons tous, à mi-chemin
tant de l'individualisme utilitariste, triste et désenchanté, que des visions holistes où l'individu
n'est que le produit de la totalité sociale qui l'entoure ; il fournit une réponse au besoin moderne
de lien social, en évitant ces deux excès qui s'attirent l'un l'autre, celui de l'individualisme
autarcique forcené et celui de son frère ennemi le communautarisme, avec tous ses risques et
déviances sectaires.
Le don anthropologique revisité par la modernité peut permettre aux individus libres de nouer des
liens de société et de communauté sans tomber dans le communautaire. L'intégration dans la
société ne repose pas seulement sur la disposition d'un travail et d'un logement ; elle suppose
aussi la participation au circuit des dons. Pouvoir donner, pouvoir recevoir, pouvoir rendre, c'est
exister aux yeux d'autrui, c'est avoir une valeur et une utilité, c'est accéder à une autonomie, et à
une certaine égalité. L'obligation d'aider est en effet inconditionnelle, mais les formes de l'aide, de
sa durée peuvent varier et résultent en partie de la façon de recevoir et de rendre. Le don est une
condition de la citoyenneté sociale.
Le don pourrait être la clé de ce nouveau modèle sociétal plus
sensé et plus humain auquel nous aspirons tous.
10. 1. Le don : fondement de la relation
Le don est inspiré et a inspiré les religions, dont la caractéristique notable est d'être soumises en
permanence à une triple exigence : d'intériorisation d’abord, de radicalisation ensuite et
d'universalisation enfin, comme en témoignent la plupart des grandes religions. En outre, l'on ne
donne pas seulement aux hommes et femmes de sa génération qui peuvent d’ailleurs eux-mêmes
être proches ou lointains ; on donne aussi aux générations qui précèdent ou qui suivent.
Les religions doivent revoir leur propre rapport avec le don : elles ont tendance à s'en attribuer le
monopole tout en le confinant dans une vision désintéressée voire éthérée. Il s'agirait pour elles
d'admettre tout d'abord que donner-recevoir-rendre est naturel, concerne tous les hommes,
religieux ou non.
Il s'agirait ensuite d'admettre que leur vision du don sacrificiel doit sortir de la gangue d'utilitarisme
et d’intérêt dans laquelle elle a souvent été engluée. Une fois ce délicat dépouillement, il s’agirait
de mettre en avant une vision du don véritablement désintéressé, coparticipation à la création
divine, lié à un travail personnel d’intériorisation, à un effort éthique de radicalisation, et à un
message social d'universalisation.
Le don anthropologique est essentiel pour que la société fonctionne. Le
don inspiré et désintéressé est nécessaire pour que la société s'élève …
12. 2. La Génération Participation
Dans son livre Génération Participation. De la société de consommation à la société de
participation, Thierry Maillet, un expert du marketing, nous amène à comprendre la génération
participation, une classe de valeurs plutôt que d’âge, ainsi que le passage de la société de
consommation, telle que nous y étions habitués, à une société de participation (…)
Se trame un changement sociétal profond, horizontal et participatif, voici donc une analyse plus
«sociologique» que «touristique» qui tente de synthétiser la vision de l’auteur de Génération
Participation et d’expliquer en partie d’où viennent ces changements marqués dans les modes de
vie.
Bienvenue dans la société de la Participation
13. 2. La Génération Participation
La société de consommation, née de l’après-guerre, se transforme parce qu’elle est de moins en
moins «possible», et ce, pour deux raisons principales :
La première est que la société, construite sur un modèle de production intensif, surexploite les
ressources naturelles de la planète. Ce lien entre consommation et dégradation de
l’environnement est devenu évident aux yeux de l’opinion publique au cours des dernières années.
Deuxièmement, les belles promesses du marketing traditionnel ont épuisé les réserves de
crédibilité dont elles bénéficiaient. On assiste à un désenchantement face à l’entreprise moderne.
Les gens sont désillusionnés et souhaitent de plus en plus une société davantage équitable et
responsable. Ce sont les dommages collatéraux de la société de consommation et ceux-ci ne se
résorberont pas en un jour. Toutefois, la prise de conscience de nombreux pays et entreprises
permettent un léger optimisme.
La fin de la société de consommation
14. 2. La Génération Participation
Les valeurs féminines actuellement en action promeuvent l’égalité plutôt que la domination, le
sens de l’écoute et de la décision libre plutôt qu’imposée, le droit à la différence plutôt que la
recherche de l’harmonisation, le partage plutôt que l’accumulation individualiste.
Nous devons cette orientation plus équilibrée de la société aux systèmes d’enseignement, aussi
imparfaits soient-ils où cheminent la transmission des nouvelles valeurs de partage et de sens de
l’écoute. Enfin, le développement des pays les plus peuplés de la planète (Chine, Inde, etc.)
représente une formidable possibilité d’enrichissements financier et mental. Nous assistons à la
rencontre de la jeunesse et de la vitalité des pays en développement avec la maturité et
l’expérience des pays développés.
L’accumulation des découvertes de la science, leur transmission grâce à l’éducation et l’utilisation
des notions de partage diffusées par les valeurs féminines contribuent à cette volonté de
participation croissante des individus. De plus, les nouveaux pays désirent participer. C’est
l’ouverture aux autres.
La société de la Participation est la société de
l’ouverture aux autres
15. 2. La Génération Participation
La révolution technologique n’est plus à expliquer. La musique et les films se téléchargent
gratuitement depuis longtemps, Microsoft vient de révéler son code source, des milliers
d’entreprises ne vivent que par e-Bay, et Wikipedia est l’entreprise universelle qui n’appartient à
personne et à tout le monde.
La technologie a façonné la génération des jeunes nés après 1980. Le taux de pénétration d’Internet
et des téléphones cellulaires atteste de leur appartenance à une ère nouvelle. C’est avec eux que
se construit la Génération Participation, mais ils n’en sont pas les seuls adeptes. Ils expriment leur
volonté d’implication et de connexion à travers les nouvelles technologies et s’en servent pour
communiquer et participer.
La révolution technologique nous a donné le
pouvoir nécessaire pour Participer
16. 2. La Génération Participation
La Génération Participation pourrait devenir la nouvelle classe dominante et concrétiser ainsi le
passage d’une société de consommation à une de participation.
En effet, cette génération dicte déjà aux entreprises de grande consommation la conception de
leurs produits, parfois de façon informelle, d’autres de façon collaborative. Il importe de
comprendre l’évolution de la société dans laquelle nous vivons pour ensuite y œuvrer
efficacement et perdurer. Aujourd’hui, le partage d’information est clairement établi.
Demain sera-t-il le partage de biens?
La Génération Participation est en train de
devenir la nouvelle classe dominante
17. 2. La Génération Participation
La participation s’accroît dans le monde de l’entreprise: entreprise 2.0, entreprise étendue, en
réseaux, etc. D’un côté, les actionnaires s’attendent à recevoir des dividendes et, de l’autre, elles
sont confrontées à des pressions sociales et environnementales de la population qui sollicite
davantage de transparence, d’éthique et d’engagement de la part des entreprises.
Les organisations souhaitant fonctionner sur le mode participatif doivent modifier
progressivement leurs méthodes de travail ainsi que la répartition des pouvoirs. Elles sont
amenées à décider de leur approche: séduire ou expliquer, vendre ou convaincre, imposer ou
faciliter.
D’autres entreprises innovent, par exemple, Amazon facilite la communication entre les auteurs et
les acheteurs, Une compagnie de téléphonie mobile française permet à ses employés de s’engager
au sein d’une association et d’y œuvrer durant les heures de travail.
La Génération Participation et l’Entreprise 2.0
18. 2. La Génération Participation
L’implication des citoyens croît et les marques font de plus en plus appel au consommateur pour
connaître son opinion et même co-concevoir des produits et des services. Le blog du vice-président
marketing de Boeing offre un bon exemple d’une entreprise qui a échangé avec ses clients sur
certains aspects critiques de la conception de la nouvelle génération de l’avion 787 Dreamliner.
Plusieurs sociétés, telles qu’eBay et Facebook, tentent de s’effacer au profit du besoin du
consommateur et se veulent facilitatrices (au service du consommateur) et non prescriptives (de
ce qui est bon pour lui). Les entreprises ne peuvent plus continuer à pratiquer un marketing tourné
vers elles-mêmes sans tenir compte de la volonté d’implication du consommateur. C’est un retour
au marketing de la demande.
Un dialogue s’installe, l’entreprise prend le point de vue du consommateur, fait tester ses produits
et crée ses publicités avec son aide. On observe aussi une hausse de la publicité participative
(marketing viral, publicité réalisée par les consommateurs, etc.). Enfin, le rôle social de
l’organisation devient un élément clé de son marketing. Coca-Cola apporte un exemple du
changement d’orientation de la publicité. Après des années à vendre un style de vie, sa dernière
publicité explique comment on fabrique un Coca-Cola. Tout simplement.
Le Marketing 2.0 ou le marketing de la participation
19. 3. A la Recherche d’un « Sens Commun »
Le Paradigme Transmoderne
Par Marc Luyckx
20. 5. Le paradigme transmoderne
Après l’échec de la postmodernité pour donner du sens aux choses du monde, le paradigme
transmoderne permet de repartir en quête de Sens en s’appuyant sur une vision systémique du
bien commun se basant sur des principes de réconciliation et d’égalité pour résoudre ensemble les
problèmes de notre société.
Il fait également exploser la notion de hiérarchie dans la quête du Sens. Nous sommes tous assis
autour d’une même table ronde qui remplace la pyramide des hiérarchies et travaillons à
chercher une vérité que nous ne trouverons peut-être pas … c’est le processus qui, per se, est
créateur de Sens.
Déconstruire les hiérarchies et s’asseoir autour
d’une table ronde pour trouver un Sens Commun
21. 5. Le paradigme transmoderne
Les citoyens, hommes et femmes, sont sur un pied d’égalité. Les cultures et les religions aussi. Il n’y
a plus de supériorité qui vaille. Il incombe à chacun d’apporter sa contribution spécifique à la
construction d’un monde viable, juste et soutenable.
On découvre une « présence-absence» universelle, comme en témoignent aussi les mystiques de
toutes les religions. Les différences entre religions s’estompent et les parois entre les cultures
deviennent de plus en plus transparentes.
La table ronde a remplacé la pyramide. La décision de ne plus défendre seulement ses intérêts
particuliers mais de se consacrer en priorité aux problèmes communs urgents constitue un saut
qualitatif éthique important.
Un système démocratique, équitable et
participatif dont l’éthique repose sur la
préservation du Bien Commun
22. 5. Le paradigme transmoderne
Développer une « tolérance active » et des valeurs féminines
La transmodernité est tolérante par définition, d’une tolérance active. Son épistémologie est
inclusive. Sa définition de la Vérité inclut toutes les cultures et tous les citoyens du monde.
Plus personne n’est exclu. Au contraire, elle encourage chacun à suivre son chemin propre pour
aller vers le centre, vers la sagesse et l’accomplissement (…) post patriarcale, il n’y a plus aucune
raison d’introduire une quelconque discrimination.
Les visions et les intuitions des femmes sont une ressource à ne plus gaspiller pour accélérer
l’innovation et la découverte de réponses nouvelles à de vieilles questions.
Les valeurs féminines sont le moteur du
paradigme transmoderne
23. 5. Le paradigme transmoderne
La transmodernité supprime et dissout complètement la notion même de clergé, de technocrate et
de spécialiste.
La notion de l’expert qui est « celui qui sait » est mise en question. De même que l’objectivité de
la démarche scientifique elle-même. Elle redéfinit fondamentalement la relation entre la science,
l’éthique et la société.
La science elle-même connaît une transformation profonde. Elle décloisonne ses disciplines et se
redéfinit de manière radicalement transdisciplinaire, en intégrant l’éthique et la recherche du
sens à tous les niveaux. La distinction entre sciences dures et douces devient obsolète.
La transmodernité a tué l’expert et a laissé place à un
explorateur transdisciplinaire qui crée du Sens
24. 5. Le paradigme transmoderne
La transmodernité est capable de réenchanter le monde car elle peut libérer l’accès à l’âme. Si la
dimension spirituelle n’est plus un tabou, une réconciliation entre corps, intelligences, esprits et
âmes, ces différentes dimensions qui composent toute personne, devient possible.
Cette réconciliation libère une énergie profondément enfouie en nous, inattendue et puissante. À
l’opposé du désenchantement, ce réenchantement peut commencer lorsque l’âme se reprend à
vivre et à espérer.
La nouvelle spiritualité c’est la Vie
25. 4. L’émergence de la société de
l’information
et de la communication
Par Marc Halévy
26. 5. La Société de l’information et de la communication
L'homme n'est plus le centre du monde : il est désormais au service de son évolution. La révolution
noétique signe la fin de la vision "moderne" et anthropocentrique du monde et impose un
changement radical de regard où l'esprit, l'intelligence et la connaissance prennent le pas sur
l'économique et le politique.
La mission profonde de l'homme est de réussir cette révolution. L'enjeu est immense, car la Vie va
et ira son chemin, avec ou sans l'homme. Si celui-ci relève le défi noétique, il restera dans la course
cosmique. S'il renonce, il sera évincé, restera sur le quai et disparaîtra. Tout l'enjeu humain est là.
Notre monde est irréversiblement en train de changer : voici une invitation à le regarder en face,
car une humanité nouvelle y est en germe.
L’enjeu de la société de l’information et de la
communication est que l’humanité réussisse
sa révolution noétique
27. 5. La Société de l’information et de la communication
La découverte récente de l'évolutionnisme généralisé (dont la théorie du big-bang) et de la
complexité généralisée (dont la mécanique quantique et les sciences de la vie) a bouleversé tous
les référentiels.
De plus, le développement rapide des technologies de l'information et des télécommunications
(TIC) a permis à la pensée et aux idées de se libérer des contraintes matérielles lourdes d'antan et,
ce faisant, a suscité l'émergence de ce qu'après Pierre Teilhard de Chardin on peut appeler la
noosphère : ce monde des idées autonomes qui, tel un arbre, s'enracine dans la sociosphère
humaine commence à s'épanouir pour remettre le monde en marche et bâtir une humanité
surpassée.
Le concept de noosphère permet d’envisager la
complexité et la richesse du monde
28. 5. La Société de l’information et de la communication
La noosphère, à l'instar de la biosphère qui la porte, est un vaste organisme vivant qui se
construit et évolue, qui connaît des règles de sélection et des modes d'association ceux-ci restent
encore largement à explorer …
Les idées germent, se propagent et prolifèrent, s'associent, se combattent et s'amalgament tout
comme les organismes vivants. Elles diffèrent d'eux en ceci : elle sont immatérielles (…)
La sociosphère humaine si fermée, si prédatrice doit d'urgence s'ouvrir "en grand" : vers la
biosphère qui la nourrit et qu'elle épuise et vers la noosphère qui la justifie et qu'elle néglige. La
révolution noétique est donc à la fois une révolution naturaliste et écologique et une révolution
cognitive et créatrice.
La révolution noétique est donc à la fois une révolution naturaliste
et écologique et une révolution cognitive et créatrice
29. 5. La Société de l’information et de la communication
Créer un nouveau « Sens Commun » pour permettre l’accomplissement de tous
La sociosphère était centrée sur le débat entre politique et économique. Ce débat est dépassé :
l'économique et le politique deviennent singulièrement périphériques et se cantonnent à devenir
l'intendance de l'humanité créatrice de sens (…) Les vraies appartenances, les vraies activités sont
ailleurs. La carte d'identité, symbole de l'appartenance forcée à l'Etat-nation, devient une simple
carte de crédit ou de membre d'un service club public local. Le travail, naguère devoir moral ou
civique, ou mal nécessaire du gagne-pain, devient processus d'accomplissement personnel.
Accomplissement de soi et autonomisation collective
au centre de la révolution noétique
La sociosphère était centrée sur le débat entre politique et économique. Ce débat est dépassé :
l'économique et le politique deviennent singulièrement périphériques et se cantonnent à devenir
l'intendance de l'humanité créatrice de sens (…)
Les vraies appartenances, les vraies activités sont ailleurs. La carte d'identité, symbole de
l'appartenance forcée à l'Etat-nation, devient une simple carte de crédit ou de membre d'un
service club public local.
Le travail, naguère devoir moral ou civique, ou mal nécessaire du gagne-pain, devient processus
d'accomplissement personnel.
30. 5. La Société de l’information et de la communication
Les valeurs masculines et viriles d'hier, celles du héros triomphant, du guerrier combattant, du
compétiteur courant contre la montre pour des chimères, s'effondrent.
Les valeurs féminines émergent : coopération et convergence, durée et durabilité, amour et
respect, gratuité et générosité, inclusion et spiritualité (…) cette révolution expérimente d'autres
pistes au mieux-vivre en meilleure harmonie avec le monde, la nature et les autres
L’émergence des valeurs féminines
31. 5. La Société de l’information et de la communication
La pensée complexe dépasse tous les bastions de la pensée réductionniste et simpliste. Elle
inaugure l'âge noétique qui devient sous nos yeux, notamment avec les créatifs culturels, la
référence de base du monde de demain.
D'autres langages émergent peu à peu - et bien d'autres restent à inventer … - pour soutenir cette
pensée large, globale, englobante et holistique : les langages symboliques et métaphoriques
forgent déjà d'autres méthodologies de recherche et de création.
Parce qu’elle impacte toutes les dimensions de la vie et de la culture humaine, la révolution
noétique est à la fois une révolution naturaliste et écologique et une révolution cognitive et
créatrice.
La révolution noétique ouvre de
nouvelles voies à la créativité
32. 5. La Transidentité ou l’émergence de
l’identité hybride
Par Bernard Andrieu
33. 5. La Transidentité ou l’émergence de l’identité hybride
Un individu ne se construit plus comme il y a 50 ans. Les mentalités ont évolués, le déterminisme
social a cédé la place au mélange des genres. Chacun peut librement piocher les éléments du
masculin et féminin qui lui correspondent, transformer son identité, s’hybrider … je choisi qui je
veux être et ce que je veux faire.
La nouvelle identité est multidimensionnelle et interactive. Il est donc nécessaire de repenser la
notion d’identité. Comme il y a une transversalité en psychanalyse et une transsexualité pour
dépasser l’homosexualité, on peut imaginer une transidentité qui transcende l’identité, en
l’hybridant pour lui permettre d’évoluer librement d’un genre à l’autre, d’une identité à l’autre,
d’une interaction à une autre, en s’adaptant à un environnement en perpétuelle évolution.
La nouvelle identité est multidimensionnelle et
interactive … Vive la Transidentité !
34. Ce qu’il faut combattre c’est ce qui interdit, empêche, censure et limite le mouvement du vivant
dans l’être au nom de normes, d’impératifs qui relèvent d’une conception homogène du corps
sociale et du corps du sujet .
Ce n’est pas l’homme qui pense, qui contrôle la pulsion ; il faut consentir à l’abandon de la maîtrise
de soi et de l’autre pour livrer le désir en passant du chaos au cerveau. Le cerveau n’est pas à
traiter comme l’objet constitué des neurosciences (…) le cerveau devient sujet, il est l’esprit même,
ou plutôt « supersujet ».
L’hybridation permet alors en déchaînant les chaînes Homme/Femme, gènes Hox/Hom,
espaces/individu, Nature culture … de devenir femme, devenir enfant, devenir animal, végétal ou
minéral, devenir moléculaire de toute sorte, devenir particules …
5. La Transidentité ou l’émergence de l’identité hybride
Pour s’hybrider, il faut se défaire de ce qui interdit,
consentir à l’abandon de la maîtrise de soi et de l’autre
35. Il ne s’agit pas de rester toujours le même puisque l’être est en devenir, multiple, variable et
interactif.
Cette multiplicité ne se contrôle pas, elle déborde les frontières identitaires en hybridant le sujet
à ses autres possibilités d’être.
Il devient un autre en lui-même, à la manière d’une performance accomplie sans s’en rendre
compte, parce que l’interaction environnementale actualise ce qu’il pourrait être, mais dont la
possibilité n’avait pas été jusque-là créée par l’interaction avec l’environnement.
5. La Transidentité ou l’émergence de l’identité hybride
L’hybride peut alors « s’inventer, se créer, prendre soin de soi,
développer un style de vie, une technologie de soi, une éthique de soi »
36. 5. La Transidentité ou l’émergence de l’identité hybride
La prise de possession du dedans du corps révèle la multidimensionalité du corps : car la
possession, l’implantation, la greffe, la chimérisation, la transgenèse, l’hybridation sont autant de
procédés biotechnoculturels qui utilisent la plasticité du vivant.
Le débordement de la forme est le principe à mettre en œuvre par des « reconversions,
agencements qui débordent de toutes parts le corps, le Moi, l’individu ». Cette « immanence
plurielle » implique une réalisation du soi à travers des actes corporels de plus en plus hybridés
par les moyens de communication comme le satellite, l’internet, le portable, l’informatique et par
les modes d’amélioration de l’existence que sont le viagra, les hormones, les anti-virus, les cultures
in vitro etc.
L’hybridation révèle les virtualités physiques et intellectuelles de
l’homme et permette d’atteindre l’accomplissement de soi
37. Être hybride n’est pas statique, c’est le devenir, ne pas être dans l’être mais dans la multiplicité
possible dont l’incarnation sera provisoire et éphémère.
L’hybride n’est pas stable, il varie sans cesse en modifiant son intensité et ses états. La vitesse est
remplacée aujourd’hui par le mouvement, forçant à une mobilité mentale, corporelle et sexuelle
ce qui favorise l’isolement pour ceux et celles qui ne peuvent s’hybrider aux changements de
l’environnement.
L’hybridation sert de techniques pour vivre ces existences en se connectant à des postures de
genres, à des objets interactifs et à des actions.
5. La Transidentité ou l’émergence de l’identité hybride
Etre hybride c’est « se connecter » en permanence à son environnement
de manière interactive
39. 6. Le « Care »
Le livre de Joan Tronto, Un monde vulnérable, pour une politique du care, représente une tentative
convaincante pour élaborer une théorie du care.
Le terme de « care » s’avère particulièrement difficile à traduire en français car il désigne à la fois
ce qui relève de la sollicitude et du soin ; il comprend à la fois l’attention préoccupée à autrui qui
suppose une disposition, une attitude ou un sentiment et les pratiques de soin qui font
du care une affaire d’activité et de travail.
Le défi philosophique de Joan Tronto revient, par-delà ces partages entre disposition et activité, à
proposer une définition globale du care qui désigne : « une activité générique qui comprend tout
ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre « monde », de sorte que nous
puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde comprend nos corps, nous-mêmes et notre
environnement, tous éléments que nous cherchons à relier en un réseau complexe, en soutien à
la vie. »
Elaborer une théorie générale du Care
40. 6. Le « Care »
La vulnérabilité humaine c’est le fait de toute vie, l’incomplétude anthropologique par laquelle, au
cours de nos vies, nous passons, à des degrés variables par des phases de dépendance et
d’indépendance, d’autonomie et de vulnérabilité.
En d’autres termes, nous ne sommes pas seulement des sujets de droits que l’injonction à
l’autonomie et à l’impartialité transforme en individus égaux voués à des relations de réciprocité.
Nous sommes plus réellement et plus concrètement des êtres interdépendants, de part en part
relationnels, impliqués dans des situations différentes et des liens souvent asymétriques.
il existe une sorte d’universalité du care qui peut ainsi caractériser le type de relation qu’il convient
d’avoir avec un être, un élément naturel ou un objet à condition de reconnaître son appartenance à
un monde vulnérable. L’être vulnérable est donc fait de liens et d’attaches qui le rendent
dépendant des autres, du soin ou de l’attention qu’ils peuvent lui accorder tant il est dans le besoin.
La prise de conscience de l’interdépendance des hommes
41. 6. Le « Care»
S’est opérée, dans nos sociétés, une marginalisation du care (..) ces tâches ont principalement été
dévolues aux femmes, aux gens de couleur, aux classes ouvrières. Le care est l’objet d’un partage
social selon le genre, la race et la classe. Il peut alors devenir l’objet d’un travail mal rémunéré
(travail des dominés ou des faibles au service des puissants) et peu considéré alors même qu’il
constitue un rouage essentiel du fonctionnement de la société de marché.
Cette dévalorisation systématique du care s’enracine dans une association constante avec la sphère
privée, l’affectivité et la proximité ; le care est ainsi naturalisé et sa reconnaissance comme travail
difficile, déniée. Comment, dès lors, saisir sa place structurellement centrale dans la vie sociale ?
Redéfinir le care c’est dénoncer un processus de marginalisation de ses activités.
En effet, l’idéologie libérale de tradition kantienne reprise par John Rawls, qui fait de l’individu
autonome une valeur morale et la figure magistrale d’une égalité abstraite, cache une distribution
inégale du pouvoir, des ressources et des distinctions sociales. Remettre en cause les frontières de
la morale, c’est donc interroger la valeur morale de l’individualisme libéral et proposer d’élaborer
une nouvelle éthique politique qui est autre chose qu’un fondement moral de la politique.
Le care constitue un rouage essentiel du fonctionnement de la
société de marché il est nécessaire d’arrêter de le marginaliser
42. 6. Le « Care»
Il s’agit de sortir de la défense d’une morale des femmes – morale minoritaire de la sollicitude et du
soin.
La finalité est de proposer une approche politique et sociale du care, ce qui suppose de prendre au
sérieux les activités de service et toutes les institutions qui prennent en charge la grande
vulnérabilité vitale ou sociale.
Dès lors, la réflexion sur le care est infléchie par une approche sociale et politique, radicalement
dénaturalisante, non romantique, qui montre aussi la violence de l’assignation aux soins et les jeux
de pouvoir dans de telles relations. « care is burden », une tâche ou un fardeau ; il faut donc
échapper à une position strictement sentimentale qui ferait de la relation mère-enfant et du
maternage – relation essentiellement dyadique – le modèle de l’éthique du care.
Le care n’est pas exclusivement féminin, il est humain
43. 6. Le « Care»
Nous pouvons réformer une économie des services à la personne ; le monde du care ne saurait se
dissoudre dans une adaptation néolibérale aux règles strictes de la rentabilité marchande.
À l’heure de la réforme de l’Hôpital en France, des remises en cause du service public de
l’éducation, le livre de Tronto résonne par son actualité ; il fait du care une activité fondamentale
pour la nature humaine tout en montrant comment les perspectives de la sollicitude et du soin
peuvent s’intégrer à l’exigence d’égalité portée par la justice dans une société démocratique. Avec
le care, la démocratie se découvre un contenu sensible.
Avec le Care, la démocratie se découvre un contenu sensible
44. 7. Le temps des communautés virtuelles
Par Roger Nifle
45. Les communautés virtuelles et néanmoins réelles se caractérisent par une conception de la
communauté entièrement née des personnes et du Sens mis en commun.
Elles ne sont justifiées que par l'engagement de virtualités humaines. L'âge du Sens, âge de
l'homme-VIR, advient par un dépassement de l'âge des représentations où l'identité, et
singulièrement l'identité individuelle, prévalaient.
Des deux racines homo et vir, la première a prévalu faisant du monde la matrice de l'homme.
L'autre racine vir fait du monde la "réalité virtuelle" de l'homme, c'est-à-dire le témoignage de
son humanité qui le découvre comme sujet intentionnel, "réalisant" par cela le "monde".
7. Le temps des communautés virtuelles
Les communautés virtuelles rendent réelle les
« virtualités » humaines
46. Le collectif était associé à la société, elle-même identifiée à tout un système de représentations :
règles, droit, image, identité collective dans un rapport dialectique, identité individuelle – identité
collective.
Cet âge des représentations s'est targué à juste titre d'avoir dépassé le stade des groupes de
cohabitation purement économique et des "tribus" ou communautés archaïques.
Cependant pour certains le terme de communauté reste entièrement attaché à l'archaïque alors
qu'il n'évoque que l'en-commun. On devrait donc, à chaque âge, qualifier les types de
communauté, l'en-commun par lequel elles se définissent.
7. Le temps des communautés virtuelles
Une communauté se crée lorsque qu’un groupe d’individus
partage un but commun
47. Dans une communauté virtuelle le lien de Sens devient un lien de concourance et la trialectique
sujet-objet-projet en donne la structure. Dans une communauté virtuelle dont la convergence des
intentions est fondatrice, il est possible que tous ne soient pas au même stade de maturité et que
beaucoup n'aperçoivent pas la nature proprement humaine (de nature humaine) de la
communauté, la réduisant à l'une ou l'autre des figures d'appartenance : affective, matérielle ou
identitaire.
7. Le temps des communautés virtuelles
Si un Sens commun est le lien qui unit les membres d’une communauté,
chacun peu choisir son niveau d’implication car les communautés
virtuelles sont démocratiques
48. Sous le régime de l'homme "homo" (d'humus) les communautés sont toutes plutôt des
communautés d'appartenances : communautés archaïques (d'affects ou de sang), communautés
économiques (de faits, territoires et cohabitations), communautés identitaires (de droit, de loi et
de titre).
Or nous passons à un temps de communautés virtuelles où ce n'est pas l'accessoire existentiel qui
prime mais l'essentiel de l'humain qui détermine la réalité commune, c'est-à-dire le Sens (ou
esprit). Dès lors les communautés virtuelles sont d'abord des communautés d'humanité, c'est-à-
dire de Sens, que l'intention quelque peu maîtrisée, libre et responsable, traduit.
7. Le temps des communautés virtuelles
Les communautés virtuelles créent du Sens car leurs membres ne
sont liés que par une intention commune
49. Si la communauté virtuelle est communauté de Sens alors elle ne se définit pas par son état, son
vécu, son identité mais par son devenir, sa vocation, son engagement. Dès lors une communauté,
si elle engage les différents modes existentiels de l'homme ne se définit pas par eux mais par le
principe d'humanité lui-même, le lien est Sens.
La communauté virtuelle est donc réalisatrice et révélatrice du Sens partagé (Consensus) et en
cela elle réalise et révèle l'homme et ses virtualités, c'est une communauté de l'âge d'homme,
c'est-à-dire mondaine (cf. la racine VIR et celle de World ou Welt : âge d'homme).
Le monde du virtuel intègre toutes les dimensions de l'expression humaine, médiations de Sens,
multimédiations d'ailleurs. Il fait de l'homme et de l'humanité de l'homme le soubassement de
toute réalité et, de toute réalité, la médiatrice de la révélation et de l'accomplissement humain,
dans les petites et les grandes choses.
7. Le temps des communautés virtuelles
Les communautés virtuelles sont des autant de moyens
d’accomplissement personnel pour leurs membres
51. L’humanité se trouve devant une situation qu’elle n’a encore jamais connue au cours de sa longue
histoire : il y a toujours plus de personnes – notamment dans les nations industrielles – qui
atteignent un âge élevé et, la plupart du temps, en étant en bonne santé.
Dans le monde « développé », une mort prématurée causée par une hygiène ou une aide médicale
déficiente constitue aujourd’hui l’exception. Le rêve humain d’une longue vie dans des conditions
dignes se réalise de plus en plus, mais cela n’est toutefois vrai que pour les sociétés riches.
La phase de vie qui suit la période de travail professionnel ou celle de l’éducation des enfants
s’allonge sans cesse. Ce n’est pas seulement le nombre des années mais aussi la qualité de la vie
qui augmente
8. La société de longue vie
L’émergence de la société de longue vie
52. Des responsables politiques s’inquiètent du financement futur de la prévoyance vieillesse et les
médias évoquent régulièrement un « survieillissement », comme si les personnes âgées
représentaient une partie « inutile » de la population. Nous avançons à vrai dire en terrain inconnu
et écrivons un chapitre inédit de l’histoire de l’humanité.
Nous manquons donc de repères pour nous situer correctement dans cette société de longue vie
en devenir. Nous vivons à une époque où tout va de plus en plus vite : les processus de
renouvellement dans la technique et la production s’accélèrent. Ces changements permanents
entraînent des bouleversements des échelles de valeurs et exigent beaucoup, tant des personnes
professionnellement actives que de celles qui vivent à l’extérieur du monde des activités
professionnelles. On peut craindre qu’un nombre croissant de personnes ne tiennent pas ce
rythme et soient marginalisées.
Cette société qui prend de l’âge et qui mûrit pourrait redonner tout leur sens à des valeurs qu’on
veut « démodées », tels la tranquillité, le calme ou la placidité, évitant ainsi la rupture entre les
gagnants et les perdants de ce phénomène d’accélération
8. La société de longue vie
De nos jours, on ne parle pas encore assez des chances tant
individuelles que collectives d’une « société de longue vie ».
53. Apprendre sa vie durant : il ne s’agit pas seulement de rester en contact avec l’évolution
extérieure, mais surtout de bien vivre sa propre maturation intérieure.
Le moment est venu de permettre à tous les êtres humains d’accéder à cette sagesse, de la «
démocratiser ». La formation (…) doit permettre de s’adapter aux changements sur tous les plans,
sur la base de l’expérience de vie acquise jusque-là, au plan spirituel comme au plan intellectuel.
Ces changements touchent l’existence de chacun, mais aussi tout ce qui peut se passer dans son
environnement proche et lointain et jusqu’aux événements de dimension mondiale.
Reste qu’il ne faut pas sous-estimer l’importance des formations informelles comme les voyages,
les médias ou les conversations. C’est ici que la « société de longue vie » a une tâche essentielle à
assumer : reconnaître le sens et l’utilité d’efforts de formation la vie durant et créer les
institutions et les instruments à cet effet.
8. La société de longue vie
Apprendre sa vie durant pour bien vivre sa
mutation intérieure
54. La population âgée forme un facteur économique important (…) même si les énormes inégalités
économiques parmi la population âgée posent un problème politico-social central, à savoir celui du
renforcement de la solidarité entre les personnes âgées riches et celles qui sont dépourvues de
moyens.
En raison de l’apparition d’une « quatrième génération », c’est surtout la « troisième génération »,
bénéficiant la plupart du temps d’une bonne santé, qui devra assumer davantage de
responsabilités pour encadrer et éventuellement aussi prodiguer des soins aux personnes d’un très
grand âge.
Le passage à une société de longue vie fera que les relations entre les générations se modifieront
dans une proportion que l’on ne peut pas encore prévoir aujourd’hui. Il importera, dans nombre de
domaines de la société, de rendre possible un « mélange des générations » qui soit adéquat.
L’échange entre aînés, plus jeunes et plus âgés, peut constituer un enrichissement pour les deux
parties.
8. La société de longue vie
Inventer de nouvelles solidarités intergénérationnelles
55. Les relations avec la famille, les amis et les voisins contribuent également à la qualité de l’endroit
où l’on habite. La thèse selon laquelle les personnes âgées vivraient actuellement plus isolées qu’il
y a deux générations, fait partie des mythes tenaces sur la vieillesse mais ne colle plus avec les
réalités de la société actuelle.
Si la « grande famille d’autrefois » doit toutefois être rangée au rang des mythes (…) Il est souvent
avancé que la solitude augmenterait l’âge venu parce que les relations entre les générations se
seraient détériorées. Les relations actuelles entre les générations des jeunes et des aînés peuvent
être définies comme une « intimité à distance ».
Cette manière de vivre, qui a permis des contacts personnels étroits entre les ménages séparés a
désamorcé les conflits entre les générations « car les plus graves conflits familiaux entre
générations se produisent là où les enfants adultes sont obligés, pour des raisons économiques, de
vivre chez leurs parents ». Les relations que les personnes âgées entretiennent en dehors de la
famille se sont aussi intensifiées.
8. La société de longue vie
Les générations entretiennent des relations de proximité,
d’intimité même à distance
56. L’importance sociale, mais aussi l’importance économique de la génération des aînés, ne doit pas
être sous-estimée. Par le biais de leurs prestations matérielles et immatérielles, elles contribuent
beaucoup à la cohésion familiale et sociale. Il importe que l’on en soit davantage conscient.
Les femmes et les hommes âgés ont en tout cas droit à une vie digne, ce qui implique une sécurité
matérielle suffisante. Les services de soins, d’aide au ménage et de repas à domicile permettent
de continuer à vivre dans son environnement habituel, même si l’on n’est plus à même d’assumer
seul les tâches quotidiennes.
Ce service public est rentable, car il permet à des personnes âgées de vivre de manière très
largement autonome. De plus, la mise en réseau « home-soins à domicile-chez soi » des systèmes
d’aide et d’accompagnement est importante. À l’avenir, les institutions de prise en charge devront
offrir une palette de services beaucoup plus diversifiés qu’aujourd’hui. La génération des aînés de
demain aura de nouvelles aspirations. Elle voudra continuer à vivre de manière indépendante tout
en pouvant bénéficier à domicile des services de bases
8. La société de longue vie
La société de longue vie est également la
société des services
57. Un rapport d’innovation Courts-Circuits,
le cercle d’innovation 2.0
Une initiative de Pourquoi tu cours
(l’agence des idées) :
www.pourquoitucours.fr