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Dialogues cruciaux chapitre3
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V.O.F. LCCB 2014 1
Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
Un changement de comportement est toujours accompagné
de résistance. Personne n’aime vraiment changer son
comportement. D’où vient cette résistance au
comportement ? La réponse se trouve dans le Cercle Vicieux.
Ce qui suit est un condensé de nombreuses conversations que
nous avons eues avec les auteurs du livre « The Chicken
Conspiracy »1
: dr. Charles Palmgren et Stacie Hagan durant
la période 1994-2000. Vous pouvez le trouver également
repris dans mon livre précédent : ‘Creatieve
wisselwerking’ de 2001. Nous reprenons ce chapitre ici en
l’élargissant un peu parce que le concept du Cercle Vicieux
est très important dans le contexte de l’Interéchange
Créatif et donc des Dialogues Cruciaux. En effet, des
Dialogues Cruciaux ne peuvent être couronnés de succès que
si nous reconnaissons, comprenons profondément et
arrêtons la réalité du Cercle Vicieux.
Les processus de l’Interéchange Créatif et du Cercle
Vicieux sont véritablement deux processus qui interviennent
simultanément. Si le processus de l’Interéchange Créatif
l’emporte, nous apprenons et évoluons à la vitesse d’un
bambin. Par contre, si nous sommes prisonniers de notre
Cercle Vicieux, le processus de changement positif s’arrête,
avec toutes les conséquences que cela entraîne. Une des
conséquences néfastes est justement la résistance au
changement, résistance à la transformation personnelle
dans toutes les domaines et donc pas uniquement à la
résistance au changement de comportement personnel.
Cette présentation du Cercle Vicieux comporte deux volets :
1. Le Modèle du processus du Cercle Vicieux ;
2. Cercle Vicieux comme frein au processus de
l’Interéchange Créatif.
Comme nous l’avons déjà stipulé, dès le début de la vie,
chaque personne possède une valeur intrinsèque. Cette
valeur lui a été donnée.
1
Hagan, Stacie and Palmgren, Charlie. The Chicken Conspiracy.
Breaking the Cycle of Personnal Stress and Organizational
Mediocrity. Baltimore: Recovery Communications, Inc. 1998.
Le Cercle Vicieux
1. Introduction
2. Présentation
Le Modèle du
processus du
Cercle Vicieux
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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
Nous avons évoqué largement cette valeur intrinsèque dans
le chapitre précédent. Chacun a donc une valeur intrinsèque.
La plupart des gens ne voient plus cette valeur initiale et
sont devenu anxieux et parfois même hypocrite. Au niveau
émotionnel la plupart des hommes ont pratiquement toujours
cette arrière-pensée : « Si vous me connaissiez vraiment à
fond, vous ne m’aimeriez pas ; je ne suis pas bon dans le
fond ; j’ai des caractéristiques qui ne sont pas vraiment
bonnes, je fais des choses qui ne sont pas correctes, j’ai des
pensées que je ne devrais pas avoir, … ». Chacun est plus ou
moins en guerre avec lui-même. Comment cela est-il
possible ? La réponse réside dans le Cercle Vicieux, qui est
représenté dans la figure 36.
Figure 36 : Le Cercle Vicieux
Les différentes parties de cette figure sont
interconnectées avec une double ligne. L’être humain peut – à
côté de la classification homme/femme – être classé selon le
tempérament : actif/passif. C’est cette dernière
classification qui est utilisée dans la description du Cercle
Vicieux, puisque vos réactions aux évènements se
différencient selon votre tempérament.
La valeur intrinsèque ne reste pas longtemps « intangible »
et voici pourquoi :
Valeur Intrinsèque
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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
La valeur initiale, qui n’est pas acquise mais innée, devient
vite conditionnelle. « Vous avez de la valeur, vous valez la
peine, … si vous arrêtez ou commencez avec … » Les enfants
doivent démontrer le plus vite possible un comportement
adulte. Par exemple : « Si tu arrêtes de renverser ton jus
d’orange… je t’accepterai à nouveau. » L’enfant traite aussi
avec de la science. Il a prouvé hier que le jus d’orange
tombait par terre si le verre était renversé ; qui dit que
c’est encore le cas aujourd’hui ? Qui me prouve que ceci est
vrai aujourd’hui ?» Il se le demande – certainement s’il a vu
hier, sur le petit écran d’une petite armoire, des hommes en
costume blanc s’occuper de choses étranges. Quand ces
personnes laissaient « tomber » quelque chose, cet objet ne
tombait pas du tout, cet objet commençait à planer ! Jusqu’à
ce que la mère ou le père en aient assez des expériences
scientifiques du petit et qu’ils formulent des conditions.
Si l’enfant ne suit pas scrupuleusement ces conditions,
l’enfant reçoit finalement une réprimande. La question
primordiale est la suivante : « Est-il possible de réprimander
l’enfant sans que cet enfant se sente rejeté ? » Comment
nous sentons-nous si nous sommes rejetés ? Par exemple :
vous-êtes humilié par quelqu’un que vous connaissez et
estimez : comment vous vous sentez-vous ? En effet, le
ressenti est terrifiant !
Il est vrai que la plupart des gens ne peuvent pas
réprimander quelqu’un sans envoyer le message : « vous ne
valez vraiment pas la peine…, puisque vous avez faites
cela… » De ce fait l’enfant est chargé de péchés. Le concept
« péché » vient du grec et signifie originalement : « manquer
le but, ne pas obtenir le niveau recherché » Autrement dit, il
a été prévu que vous vivrez d’une certaine manière, mais par
le péché vous n’arrivez pas au niveau prévu. Bref, nous ne
vivons pas la vie prévue pour nous.
Dans mon livre précédent « Creatieve wissselwerking »je
cite un exemple que j’ai vécu moi-même, quand je n’avais pas
encore trois ans. Cinquante années plus tard je fus témoin
du fait qu’une mère rejetait son enfant d’une manière
dramatique. J’étais en train de faire des courses dans un
grand magasin quand je fus bloqué dans un des couloirs par
la scène suivante : un petit garçon se trouvait à terre en
criant de toutes ses forces et en gesticulant de tous ses
Conditionnel
Rejet
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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
membres. Etant expert en la matière, ceci me fut
immédiatement très clair. L’enfant avait – malgré les
avertissements sans fin de sa mère que son comportement
n’était pas acceptable – continué de charger le chariot
d’achat avec des friandises. A ce moment-là, la limite
d’acceptation de la mère fût atteinte: elle sortit l’enfant du
chariot en lui disant vraiment sa façon de penser. La
conséquence fût immédiate : l’enfant se jeta par terre en
criant et se déchaînant, d’une manière vraiment réservée
aux tout-petits. Très vite il se forma un embouteillage de
chariots dans ce couloir. Quelque chose d’étonnant se passa
alors. La mère rejoignit le cercle des spectateurs autour de
l’enfant et demanda à ceux qui passaient : « Quelqu’un peut-
il me dire à qui est cet enfant ? » C’était le rejet le plus
dramatique que j’ai vécu dans ma vie.
La réaction au rejet est universelle, vous le constatez en
chaque enfant, vous le trouvez toujours, d’une manière ou
d’une autre, dans chaque culture. Si vous rejetez un enfant,
vous remarquez plusieurs choses : premièrement la cadence
de la respiration augmente et devient agitée, accompagnée
d’une expression spécifique du visage et parfois finalement
d’une larme. Ce qui arrive à ce moment dépend fortement du
type de l’enfant. Un processus est déclenché : « attaquer »
chez l’enfant actif et « fuir » chez l’enfant passif. Il peut en
découler la conséquence que l’enfant actif devient «furieux»
et l’enfant passif «apeuré». Ce processus est appelé
scientifiquement le syndrome général d’adaptation. C’est un
merveilleux processus chimique que se déroule dans le corps
et qui veille à ce que la personne soit préparée pour l’attaque
ou la fuite (« fight or flight »). Le sang et l’énergie sont
dirigés presque immédiatement vers les muscles concernés.
C’est le processus qui a fait que nous avons, comme sortie
spécifique, survécu.
Le syndrome général d’adaptation est un système général
d’alarme et veille à ce que nos sens soient aiguisés (voir,
entendre, sentir) de sorte que le corps soit préparé pour
l’attaque ou la fuite.
En plus, les sentiments de « culpabilité » ou de « douleur »
se développent. L’enfant ressent ce sentiment puisqu’il lui
est signifié d’une manière brutale qu’il a fait quelque chose
d’inacceptable. L’enfant passif ressent ceci comme vraiment
douloureux. Cette douleur aboutit – certainement chez
Attaque/Fuite
Furieux/Peur
Coupable/Douleur
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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
l’enfant passif – à ce que l’enfant veuille se retirer, qu’il ne
veuille plus être impliqué. L’enfant actif par contre se sent
coupable et veut également ne plus revivre cette expérience.
Furie et Peur, Culpabilité et Douleur sont des sentiments qui
sont parfaitement visibles dans le non- verbal de l’enfant.
Même des bébés, qui ne peuvent pas encore parler, le
montrent clairement quand ils sont furieux ou ressentent de
la peur.
Qu’est-ce qui se passe avec tout cela ? Un enfant montre
encore ces réactions spontanément. Mais, petit à petit,
l’enfant apprend qu’il n’est vraiment pas possible de toujours
montrer ses émotions. Il faut apprendre à se contrôler !
Chez une personne se développe un comportement
d’évitement, chez une autre personne de d’asservissement.
Dans le cas d’enfants ceci est encore visible. L’énergie est
encore dispensée totalement.
A partir d’un certain âge, montrer ses émotions peut même
être puni. Par ces punitions il se peut que l’adolescent se
retrouve finalement dans une crise d’identité. L’enfant veut
être et rester lui-même, mais le monde autour de lui ne le
tolère pas. Dans ce conflit l’enfant apprend ce que nous
avons tous vécu : le sentiment d’inadéquation. Il est vrai que
l’enfant ne peut pas gagner avec un adulte. Sa force, ses
connaissances et sa maîtrise ne sont pas adéquates. L’enfant
réalise de plus en plus qu’il est inadéquat et finalement ceci
se cristallise dans ce que Charles L. Palmgren appelle : le
« jeu de culture ».
Peter M. Senge parle, dans ce contexte, de « distinctions
culturelles ». Nous apprenons la distinction entre « bon »
et « mauvais », « correct » et « incorrect », et cetera. Le
jeu de culture a une règle de base. Ce jeu se joue de cette
manière de sorte que ce qui est inacceptable au niveau du
comportement – aussi bien le comportement de l’un et de
l’autre – n’est pas exhibé. Cette règle de jeu de base est
respectée par les deux joueurs. Dans l’interaction avec une
autre personne vous ne pouvez pas faire voir ce qui est
inacceptable concernant vous-même, ni dévoiler ce qui est
inacceptable du comportement de l’autre. Parce que, si cela
était, ceci conduirait inévitablement à un nouveau rejet et
donc finalement à une nouvelle situation qui démontrerait
que vous-êtes inadéquat. Ce qui complique le jeu de culture
Inadéquation
Jeu de culture
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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
c’est que tous les participants à l’interaction ou au dialogue
jouent le même jeu.
Après plusieurs expériences pas tellement positives, la règle
clé me paraissait très claire : si vous voulez être accepté
comme ami et de ce fait être invité régulièrement par lui
afin de jouer avec ses jouets (des jouets que dans la plupart
des cas vous n’avez pas vous-même), vous ne pouvez, en
aucune manière, montrer comment vous-êtes véritablement.
Vous ne pouvez pas seulement ne pas montrer qui vous êtes
en réalité, vous ne pouvez pas non plus montrer comment
votre ami est en réalité. Puisque, si vous placez l’autre
devant « votre » miroir et donc si vous le montrez comment
il est en réalité, la probabilité qu’il vous invite encore dans le
futur ne sera pas très grande.
Une fois de plus, la règle de base du jeu de culture est la
suivante : « Lors d’une interaction entre vous-même et une
autre personne il n’est pas possible de montrer ce qui est
inacceptable concernant vous-même et concernant l’autre »
Ceci est la pierre angulaire de la structure du jeu de culture,
pierre angulaire qui est respectée par tous les joueurs.
Et qu’est-ce qu’il arrive quand les adolescents grandissent ?
Dans la plupart des cas, ils deviennent amoureux d’une autre
personne et ils affinent le jeu de culture en le jouant. Quand
deux personnes se font la cour, l’une ne montrera pas à
l’autre comment il est vraiment et elle ne fera pas des
choses qui pourraient être interprétées par l’autre comme
étant inacceptables. Vous ne pouvez pas, par exemple, vous
moquer de l’autre si vous voulez donner à la relation une
bonne chance de survivre. La subtilité du jeu est le suivant :
« L’un protège l’autre et soi-même » La raison pour laquelle il
fait cela est qu’il veut que l’autre le trouve agréable. Ainsi
l’un et l’autre sont protégés et blindés.
Dans le cas où la relation n’est pas brisée (parce que le jeu
de culture est joué d’une manière parfaite), elle aboutit à un
mariage (ou une autre forme de cohabitation). Et ceci
complique la réalité encore plus. Le jeu est tellement
difficile que ceci n’est parfois plus tenable. C’est la raison
pour laquelle il arrive tellement de divorces. « Le jeu de
culture devient fatiguant » D’un autre côté, pas mal d’études
démontrent que dans les mariages qui tiennent debout, le jeu
de culture persiste. Les mariages durables sont (de ce
fait ?) pas encore des mariages heureux ; seulement un
quart des mariages durables sont vraiment des mariages
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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
couronnés de succès, dans le cas des autres trois quart le
lien formel demeure par le jeu de culture
Le jeu de culture de base donne lieu à beaucoup de sortes de
jeux. Le jeu de base sous-jacent est tel que dans
l’interaction avec des autres, ce qui n’est pas acceptable
concernant nous-même et concernant les autres, ne devient
pas visible, ne vient pas à la surface.
Et qu’est-ce qu’il arrive si un des deux partenaires ne joue
plus le jeu ? Dans ce cas, celui qu’en a marre ne montrera pas
ce qui est inacceptable concernant lui-même, mais il
montrera clairement ce qui est inacceptable concernant
l’autre. En Flandre on dit : ‘La chemise est plus proche que la
jupe.’ Et voilà la fin de la loyauté.
Dans le courant de ce processus de Cercle Vicieux nous
apprenons des « images », des « jeux », des rôles.
Dans le cas d’un jeune couple, l’homme a une image de ce qui
est un vrai homme et aussi une image de ce qui est une vraie
femme. Ces images se sont formées par le jeu de culture.
Apparemment, la femme a également formée des images : de
ce qui devrait être une vraie femme et ce qui devrait être un
vrai homme. L’homme rencontre des femmes et vice versa.
Ainsi les images se rencontrent. Petit à petit, ces images se
transforment en rôles, via des scenarios. L’homme et la
femme essaient de répondre au script qu’ils ont devant les
yeux. Ils essaient de jouer leurs rôles aussi bien que
possible et s’essaient donc à répondre parfaitement à l’image
idéale. S’ils s’apprécient mutuellement, le jeu de culture est
joué jusqu’au mariage. A ce moment, s’ajoutent d’autres
images et d’autres rôles correspondants : celui de l’époux
idéal et celui de l’épouse idéale. Chacun des deux partenaires
a actuellement quatre rôles dans la tête. Le jeu devient donc
de plus en plus complexe, puisque nous n’avons pas encore
mentionné les rôles de beau-fils et belle-fille. Importants,
puisque des rôles bigrement plus importants adviendront
dans le futur proche. En effet, si nous le choisissons, la vie
(les jeux de rôles) deviendra encore plus belle. La naissance
d’un enfant ajoute d’autres rôles à la panoplie : celui de père
idéal et mère idéale. L’homme a maintenant six rôles à
l’esprit et la femme également. A ces rôles s’ajoutent les
rôles au travail. Dans l’organisation où cela se passe, nous
avons, lors des différentes interactions, plusieurs rôles.
Rôles, Images,
Jeux
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V.O.F. LCCB 2014 8
Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
L’homme a continuellement des interactions avec son chef,
ses collègues, ses subordonnés et dans la plupart des cas la
femme doit jouer des rôles semblables. Ainsi il devient de
plus en plus difficile de jouer le jeu de sorte que ce qui est
inacceptable concernant soi-même et l’autre, n’est pas
établi. La pression augmente.
A ce stade, s’ajoutent des « exigences/attentes »’.
Finalement, celles-ci forment nos « neuf points » (voir ‘thinking
out of the box’ plus bas), notre cadre de référence ou modèle
mental. Nous essayons de coopérer avec les autres à partir de
notre cadre de référence. Ces autres se trouvent également
plus ou moins dans leur cadre de référence. Etre prisonnier de
son cadre de référence conduit tôt ou tard, puisque nous ne
pouvons jamais satisfaire à cent pour cent tous ces exigences
et attentes, à de la frustration.
Si cette frustration dure un certain temps, elle met en œuvre
un processus qui – dépendant du type (actif/passif) – conduira à
différentes conséquences négatives et nocives.
La côté de Peur-Honte-Douleur (passif) conduit finalement à
une Peur Psychique. La côté de Agressivité-Reproche-Stress
(actif) conduit à de l’hostilité. Il ne s’agit pas de « je suis un
peu fâché » mais plutôt de « je suis fou furieux ». Tout ceci
conduit finalement à respectivement de la honte et du
reproche. Ultérieurement les personnes ressentent une
douleur énorme ou un stress immense.
Etant adulte – tous ces sentiments sont conservés le plus
longtemps possible à l’intérieur de soi puis finalement ce
n’est plus tenable et cela génère de ce fait des symptômes.
Ces symptômes peuvent être de différentes formes comme
des comportements compulsifs suivant : boire trop d’alcool,
manger d’une manière compulsive, devenir un « bourreau de
travail ».
Prenons ce dernier comportement excessif : être
un « bourreau de travail ». Quelle est la réaction
« normale » de l’environnement vis-à-vis de ce comportement
du « bourreau de travail » dans la culture actuelle? En effet,
ce comportement est glorifié. De ce fait la victime de ce
comportement en rajoute encore une couche et devient
encore plus « bourreau de travail ». Ceci conduit, dans pas
mal de temps, à une promotion, à davantage de
Exigences et
Attentes
Frustration
Peur/Agressivité
Honte/Reproche
Douleur/Stress
Symptômes
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V.O.F. LCCB 2014 9
Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
responsabilités et à encore plus de travail, bref plus
d’exigences. En acceptant cela le stress augmente encore. A
un certain moment le « bourreau de travail » réagit à ce
stress par un comportement négatif, d’abord à la maison.
Où se dirige cette pression ? Nous ne sommes plus des
enfants et ne pouvons donc plus réagir physiquement comme
un enfant. Cependant ces frustrations, ces pressions doivent
s’échapper finalement par un « clapet de sécurité », une
soupape d’échappement autrement dit. Une solution
première est de garder ces frustrations et pression le plus
longtemps possible à l’intérieur de soi. C’est le corps qui est
attaqué par cette solution. Des ulcères d’estomac, une
tension artérielle élevée et d’autres maladies ne sont plus
éloignés. « J’en ai plein le dos » « Tu me tapes sur le
système » sont des expressions typiques de cette phase. De
plus en plus des expressions corporelles sont formulées :
« Je n’ai plus le cœur à cela », « Je ne vois plus rien » « Ca
me sort par les yeux ». Des maladies et irritations diverses
se manifestent. Ce n’est pas étonnant que les irritations
psychiques conduisent à des irritations physiques. « What’s
in a word ! » L’expression suivante est d’ailleurs utilisée dans
les interactions humaines : « Vous m’irritez ! ». Dans pas mal
de cas le « remède » est l’alcool, dans d’autres cas
l’utilisation excessive de médicaments (compris des calmants
et des somnifères).
Cela devient encore plus grave quand les symptômes se
révèlent au niveau mental, nous pénétrons à proprement
parler dans notre propre allergie (voir plus haut dans la
partie Qualités Fondamentales du chapitre 2). Finalement
nous risquons de devenir la victime d’un burnout ou, encore
plus grave, d’une dépression massive.
A un certain moment les symptômes sont de plus en plus
visibles et, à ce stade, il n’est plus besoin d’une autre
personne pour être rejeté, la personne se rejette elle-
même. La conséquence est lourde : la peur psychique se
transforme dans le cas d’une dépression massive en ce que
j’appelle la peur existentielle. Cette situation de stress peut
conduire, dans des cas extrêmes, au rejet total, donc au
suicide.
En cas de rejet de soi-même, la personne se ressent comme
loin d’être adéquate. Cela crée une réaction : elle travaille de
plus en plus sur elle-même et essaye de résoudre, dans la
Rejet
Le Cercle Vicieux
en action
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V.O.F. LCCB 2014 10
Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
plupart des cas, tout seul le problème. En outre, plus vous
essayez de formuler des exigences pour vous-même, plus
vous créez des attentes. Plus seront grands le nombre et
l’amplitude des exigences et des attentes (aussi des autres
envers vous), plus grande la probabilité de ne pas être
parfois à la hauteur de ces exigences et attentes, d’où des
frustrations. Plus grande sera la frustration, plus grand
sera la peur et le sentiment de « culpabilité ». Le stress
augmente, ce qui conduit finalement à plus de symptômes.
Davantage de symptômes et plus est grande la probabilité de
se rejeter soi-même et… le Cercle Vicieux devient une
réalité destructrice.
La réalité du Cercle Vicieux est également la cause du fait
que nous n’apprenons plus à la vitesse nécessaire, la cause
également de pas mal de « troubles d’apprentissage »
individuels et collectifs. Ceci est vrai parce que le Cercle
Vicieux est la raison pour laquelle les hommes oublient dans
le courant des années les propriétés qui sont nécessaires
pour pouvoir apprendre et qui sont par définition des
propriétés du processus de l’Interéchange Créatif.
Les hommes créent – par le fonctionnement de leur Cercle
Vicieux – des obstacles d’apprentissage comme : « Je ne dois
plus apprendre », « Je sais déjà tout » (dissimulation dans
son propre modèle mental) ou sentiment d’anxiété. Ces
sentiments d’anxiété peuvent prendre plusieurs
formes comme la peur de faire des erreurs, de se
ridiculiser, par des réactions négatives, pour prendre une
position, voir pour poser des questions pertinentes.
Que les hommes n’apprennent plus à la vitesse initiale est,
entre autres choses, dû au fait qu’ils ne peuvent plus
penser « à l’extérieur de leur cadre de référence ».
Cette métaphore « thinking out of the box » ou « penser en
dehors de ces neuf points » est basée sur un exercice
classique dans la cadre de formations à la créativité. La
tâche consiste à connecter neuf points (trois rangées et
trois colonnes – la distance entre les rangées et les colonnes
étant identique) avec quatre lignes droites qui se suivent
(deux lignes qui se suivent ont un point commun). La seule
manière de résoudre ce « problème » exige de sortir du
cadre (le carré qui est formé par les points extérieurs des
neuf points). Pour une raison ou une autre, pratiquement tous
Cercle Vicieux,
frein au
processus de
L’Interéchange
Créatif
La métaphore des
neuf points
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V.O.F. LCCB 2014 11
Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
ceux qui sont placés pour la première fois devant cette
tâche, ne trouvent pas facilement la réponse correcte. Ils
essayent automatiquement de trouver la solution dans ce
carré formé par les points extérieurs. Et bien évidemment
la solution n’est pas là. Vous devez littéralement sortir « out
of the box » pour trouver les solutions de cet exercice.
Dans notre approche cette métaphore est devenue une
visualisation de l’ensemble des exigences et attentes du
Cercle Vicieux. Penser en dehors du carré ou penser en
dehors du cadre (de référence) veut dire que vous
n’analysez pas les éléments qui ne se trouvent pas dans
votre propre cadre de pensée personnel. Si vous ne sortez
pas de vos propres modèles mentaux, l’ensemble augmentera
nos « exigences et attentes » et conduira à augmenter la
pression sur votre modèle mental. Notre perception
(évidemment définie par ce modèle mental) se fige et nous
nous enfermons. Plus exactement, il est comme la pression
qui agit de l’extérieur vers l’intérieur sur notre cadre de
pensée et comprime les parois de ce cadre, qui deviennent
opaques, ce qui limite notre perception de la réalité. Ainsi il
n’est plus possible de sortir de nos « neuf points », notre
cadre à penser, notre modèle mental.
Si par contre, le processus de l’Interéchange Créatif vit
vraiment en moi, ma perception s’améliore. Je redécouvre ma
valeur originale. Je peux absorber la pression générée par
l’expansion des exigences et attentes, puisque je l’invite à
l’intérieur de mon modèle mental. De ce fait, la pression
fonctionne de l’intérieur vers l’extérieur dont la paroi gonfle
et devient transparente. Notre perception s’améliore, nous
voyons plus facilement des choses qui se trouvent à
l’extérieur de notre cadre de référence. Nous pouvons
autrement dit plus facilement sortir de nos « neuf points »,
de notre cadre de pensée, de notre modèle mental.
Le grand risque dans le cadre des Dialogues Cruciaux basés
sur le processus de l’Interéchange Créatif est donc ce
Cercle Vicieux ! Si quelqu’un pénètre dans son Cercle Vicieux
personnel (le Cercle Vicieux collectif étant le phénomène
« Groupthink »), le dialogue devient difficile. C’est la raison
pour laquelle il est d’une importance essentielle, lors de la
première phase du Dialogue Crucial, d’observer
correctement afin de détecter si le Cercle Vicieux d’une des
participants (inclusivement vous-même) n’est pas commencé.
Le fonctionnement
néfaste du Cercle
Vicieux
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V.O.F. LCCB 2014 12
Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
Ceci est le cas si soudainement la Peur ou la Colère entre
dans le dialogue. La Peur ou la Colère sont notamment des
signes du fonctionnement du Cercle Vicieux. Il est clair que
quand quelqu’un a de la peur ou est fâché, la communication
authentique n’est vraiment pas possible. La Fuite ou la
Bataille sont dans cette situation des
réactions « normales ».
En d’autre termes, nous devons observer très attentivement
pour pouvoir identifier si les conditions de base de la
première phase du Dialogue Crucial – confiance et ouverture
– sont vraiment présentes. Il faut donc distinguer trois
choses :
1. Apprendre à identifier quand le Cercle Vicieux se met
en marche ;
2. Identifier les caractéristiques de fonctionnement du
Cercle Vicieux : la Peur et la Colère ;
3. Analyser votre comportement si vous ressentez du
stress.
Les signes que le Cercle Vicieux est démarré peuvent être
déduits des comportements des participants au Dialogue
Crucial. Des changements au niveau de la couleur du visage,
du timbre de la voix, l’usage des mots vides, la cadence du
discours (trébucher sur les mots), un trait hargneux autour
de la bouche, … sont des signes que vraisemblablement le
Cercle Vicieux est en action. Ces comportements sont
évidemment des réactions émotionnelles. Le problème avec
notre modèle de dialogue éternel est que nous présentons
une donnée dynamique – les Dialogues Cruciaux – d’une façon
plus ou moins statique – un dessin à deux dimensions. Nous
utilisons encore trop notre cadre de pensée d’ingénieur (ou
Descartes si vous voulez) et peu le paradigme de
penser « Système » ; nous vous prions de nous excuser pour
cette faiblesse.
Tandis que nous observons, dans la première phase, les
autres participants parcourent plusieurs cycles du modèle de
dialogue. Chaque participant interprète à proprement parler
en continu toutes les données qu’il reçoit, ces
interprétations créent des émotions qui sont à la base d’une
ou plusieurs des réactions, qui deviennent des données pour
le cycle suivant (en général d’un autre participant du
dialogue).
Le Cercle Vicieux
est-il en action ?
- 13. ©
V.O.F. LCCB 2014 13
Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
Lors d’un Dialogue Crucial il est donc souvent rencontré des
émotions comme la Peur ou le Colère, qui créent soit un
comportement de fuite (se rendre « invisible ») ou un
comportement d’attaque (élever la voix et commencer à
gesticuler fortement).
Si nous identifions les caractéristiques du Cercle Vicieux –
la Peur ou le Colère – d’une façon adéquate nous savons que
le Cercle Vicieux est en fonctionnement et que la qualité du
Dialogue Crucial se trouve de ce fait sous pression. La
stratégie consiste en l’identification rapide des signes de
Peur et Colère. Si les participants présentent soudainement
d’une part leurs arguments et opinions d’une manière très
véhément en termes « clairs » ou d’autre part gardent leurs
idées volontairement pour eux-mêmes et se cachent dans le
silence, ceux qui sont experts en la conduite d’excellents
Dialogues Cruciaux voient que ces participants sont tombés
dans leur Cercle Vicieux.
Dans le cas où aucun Cercle Vicieux n’est en train de
tourner tout peut vraiment être dit. Le dialogue est à ce
moment vraiment ce qu’il devrait être : une expression libre
de ces opinions. Rien ne détruit plus efficacement cette
expression libre d’opinions que la Peur et la Colère. La peur
créée dans la plupart des cas une fuite négative dans le
silence ou une dissimulation dans un comportement évasif.
La colère créée dans la plupart des cas un enfoncement
agressif de sa propre vision. Les deux réactions – la fuite ou
le combat – sont les fruits d’un couple néfaste des
émotions : la Peur et le Colère.
Si nous n’éprouvons ni peur, ni colère, nous acceptons
pratiquement chaque feedback – même le feedback non
agréable – sans que nous ne nous dirigions vers une défense
exagérée. Ceci exige une confiance énorme en l’autre.
[Pensez une fois à ces moments où vous avez reçu un
feedback pas très positif de quelqu’un dans lequel vous aviez
pleine confiance et dont vous étiez sûr qu’il était positif vis-
à-vis de vous]. Ce commentaire n’est pas uniquement
accepté, nous ne sommes pas uniquement ouvert à ce
commentaire, nous nous laissons influencer par ce
commentaire. A ce moment le processus de l’Interéchange
Créatif est en plein fonctionnement correct et n’est pas
freiné du tout par la force du Cercle Vicieux. Ceci puisque le
Cercle Vicieux n’est pas en fonctionnement. De plus, le sens
Les caractéristiques
du Cercle Vicieux
- 14. ©
V.O.F. LCCB 2014 14
Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
de rotation du Cercle Vicieux est inversé par l’énergie du
processus de l’interéchange Créatif et finalement vous
découvrez à nouveau votre Valeur Intrinsèque, votre Être
Original. Et de quoi avions-nous besoin pour réaliser cette
transformation ? Des choses simples comme avoir des
intentions positives vis-à-vis des autres.
Le chemin que nous prenons, quand nous avons peur ou quand
nous sommes fâchés, donc quand nous nous trouvons dans un
Cercle Vicieux, se dirige vers deux sentiers pas clairs. Le
premier sentier est désigné « évitement », par lequel
certaines choses sont déguisées. L’autre sentier se nomme
« attaque », par lequel certaines données sont enfoncées de
manière univoque (imposer sa propre vision d’une manière
violente au « travers la gorge de l’autre »). Il est bien
évidemment important de connaître et reconnaître les
expressions spécifiques du comportement « évitement » et
du comportement « attaque » afin de pouvoir conclure avec
certitude que le Cercle Vicieux a démarré son travail mortel.
Le comportement « évitement » se réalise dans chaque
action qui résulte dans le non dévoilement de l’information à
disposition. La raison pour laquelle nous avons ce
comportement est pratiquement toujours que nous voulons
éviter qu’un problème se développe et ceci limite toujours
l’expression libre d’opinions. Les trois formes qui arrivent le
plus dans le contexte du comportement évitement sont :
Masquer, Éviter et Se retirer.
Masquer
Masquer c’est cacher ses idées et opinions derrière une
masque de sarcasme, camoufler ses idées et déformer la
vérité.
Éviter
Éviter se concrétise dans le détournement total de la
conversation autour des thèmes sensibles. Nous continuons à
parler, mais nous évitons de parler des sujets réels et
cruciaux.
Se retirer
Se retirer veut dire que nous nous retirons littéralement de
la conversation. Nous nous taisons ou nous nous retirons
physiquement : nous sortons de l’espace où le dialogue se
déroule.
Fuite ou Attaque
Évitement
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V.O.F. LCCB 2014 15
Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
Le comportement attaque se trouve en chaque stratégie
verbale consistant à convaincre les autres en les mettant
« sous pression » et/ou en les contrôlant (de l’extérieur vers
l’intérieur). Les trois formes les plus rependues de la
violence verbale sont : contrôler l’autre, étiqueter l’autre, ou
carrément attaquer l’autre verbalement.
Contrôler
Contrôler consiste à faire accepter des autres « sous
pression » votre manière de penser et donc, à proprement
parler, les mettre à plat. Tous les « trucs des Jésuites »
sont utilisés afin que l’autre vous donne raison, en changeant
constamment de sujet de conversation et en posant des
questions directives et fermées.
Etiqueter
Etiqueter des personnes veut dire que coller une étiquette
sur les gens et/ou leurs idées, les qualifier comme négatif ;
placer des gens ou leurs idées dans une certaine catégorie
péjorative.
Enfoncer le clou
Ceci dit tout : au lieu et en place de convaincre l’autre sont
utilisés – pratiquement littéralement – des arguments
« battants ». Implorer voir menacer sont des techniques qui
sont souvent pratiquées. Soyons honnêtes, tout ceci peut
nous être appliqué ou nous l’appliquons aux autres !
Quand vous réalisez que le Cercle Vicieux est en marche, il
faut évidemment faire quelque chose vis à vis de cette
réalité. Premièrement, il faut sortir véritablement du Cercle
Vicieux de façon à remettre à flot le processus de
l’Interéchange Créatif. A partir du moment où le
fonctionnement du Cercle Vicieux est arrêté, il est possible
de redémarrer à nouveau un dialogue sain. Il s’agit donc de
stopper le Cercle Vicieux le plus vite possible.
Pour faire cela, il faut sortir du contenu même du dialogue,
exprimer les causes fondamentales du Cercle Vicieux et les
affronter. Il faut donc premièrement indiquer les causes
fondamentales du démarrage du Cercle Vicieux. Dans la
plupart des cas, ces causes fondamentales consistent en la
non-réalisation des conditions de bases du noyau du Cercle
Vicieux même. Le modèle de Dialogues Cruciaux est un moyen
d’aide formidable pour arrêter le Cercle Vicieux.
Attaque
3. Briser le
Cercle Vicieux
Affronter les
Causes
Fondamentales
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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
La première cause fondamentale est liée à l’objectif
commun. Clarifier ce qui est le but final du dialogue est en
fait la première aptitude ou outil du Dialogue Crucial, comme
nous l’avons vu. Comment peut-on être certain que le fait de
ne pas disposer d’un but commun est la cause première de
notre « Cercle Vicieux » ? Pour répondre à cette question, il
faut évidemment observer les signes de la non-existence du
but commun. Une des signes précurseurs qu’il s’agit bien de
ce cas est le changement de la tonalité de la conversation,
conversation qui se transforme de dialogue en discussion. Au
moins un des interlocuteurs quitte le chemin du « fleuve de
la signification » et s’embourbe dans une discussion du style
« win-lose ». Ceci est visible entre autres choses à sa
dynamique pour faire accepter son opinion, il veut gagner à
tout prix.
Les questions à se poser de préférence dans cette situation
sont :
Les autres, croient-ils vraiment que nous nous
engageons pour leurs buts dans ce dialogue ?
Ont-ils une confiance dans mes motivations ?
Notre objectif est-il vraiment commun ?
Est-il envisagé ainsi ?
Recherchons- nous vraiment une attitude impliquant
les uns et les autres ?
Il faut aussi reposer les questions de bases
suivantes (veuillez voir chapitre 1) :
Qu’est-ce que je souhaite pour mon Etre Original ?
Qu’est-ce que je souhaite pour l’autre ?
Qu’est-ce que je souhaite pour notre relation réciproque ?
La deuxième cause fondamentale est liée au respect mutuel.
Il est clair que, lorsque le respect mutuel n’existe pas entre
les participants au dialogue, un dialogue Crucial réussi est
impossible. Le Respect Mutuel est en effet une condition
nécessaire pour un Dialogue sain. Si certains ont la
perception de ne pas être respectés, le Cercle Vicieux
démarre aussitôt et le dialogue sain grince et s’arrête. La
raison de cela est évidente : le respect est pour le dialogue
ce que l’eau est pour les poissons.
Afin d’identifier si le respect mutuel est contrarié, il faut
observer principalement les émotions des interlocuteurs.
But Commun
Respect Mutuel
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V.O.F. LCCB 2014 17
Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
La question centrale, dans ce cadre, est :
L’autre croie-t-il que je le respecte ?
Comment est-il possible d’arrêter effectivement le Cercle
Vicieux ? Ceci est possible si une stratégie spécifique est
mise en œuvre. Cette stratégie comporte les étapes
suivantes :
s’excuser ;
souligner les oppositions ;
et surtout, pratiquer l’approche ERIC :
o s’Engager pour un objectif commun ;
o Reconnaître l’objectif derrière la stratégie
appliquée ;
o Inventer un objectif commun ;
o Créer une nouvelle stratégie adaptée.
Si vous avez été en défaut et donc heurté l’autre, il faut
primordialement faire aveu de ses fautes. Ceci veut dire que
vous avez le courage de reconnaître votre part du
démarrage du Cercle Vicieux et que vous l’avouez
ouvertement sans ambages. Cet aveu ne doit pas être
considéré comme un échec. Au contraire, c’est, dans pas mal
de cas, une vraie victoire, pas seulement sur soi-même, mais,
ce qui est plus important, sur le Cercle Vicieux. Vous sortez
du libre arbitre du jeu possible des jeux improductifs, ce qui
vous rend intègre et ceci rétablit le respect.
Si vous avez l’impression que vous avez été mal compris et
que de ce fait le Cercle Vicieux a démarré, un bon « outil »
stratégique est de « souligner les oppositions ».
Mettre les choses en contraste comporte deux parties : ce
que vous n’avez pas voulu transmettre (1) et ce que vous avez
voulu transmettre (2). La première partie est la plus
importante, puisqu’il d’agit de ce que l’autre a interprété de
manière erronée et par quoi le Cercle Vicieux a démarré. IL
faut donc clairement spécifier ce que vous n’avez PAS voulu
dire et ce qui n’était PAS l’objectif. Quand sont devenus
clairs, dans l’esprit de votre interlocuteur, ce que vous
n’avez pas voulu communiquer et ce qui n’était pas votre but
– ce qui finalement avait blessé l’autre – la probabilité est
grande que ceci restaure la confiance et ceci aplanit le
Stratégie pour
stopper le
Cercle Vicieux
S’excuser si
nécessaire
Souligner les
oppositions
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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
chemin pour la deuxième partie : alléguer tranquillement ce
que vous avez visé et ce qui était votre but.
Faites attention, mettre en contraste n’est pas s’excuser.
Contraster donne un contexte, le cadre et a comme but de
placer le tout dans les vraies proportions. Utilisez le
« contraste » surtout pour prévenir des malentendus, donc
plutôt de manière préventive que de manière réactive, tel un
« équipement de premiers soins ».
Quand il est devenu limpide que n’existe pas de
but commun, une approche toute indiquée – loin d’être facile
mais très forte – est à l’ordre du jour : ERIC. Cette
approche comporte les étapes suivantes :
1. s’Engager pour un but commun
Il faut donc retourner au noyau du modèle de
Dialogues Cruciaux et ne pas croire que NOTRE but
est d’office le but COMMUN. Dans ce cadre il faut
veiller à ne pas utiliser une tactique – attribuée
souvent aux Jésuites – qui consiste à continuer à
argumenter jusqu’à ce que l’autre abandonne.
Par contre, il faut arrêter d’argumenter et, plus
important encore, dénoncer notre conviction que
notre solution est la meilleure. En lieu en et place
nous devons expliquer et vivre notre engagement à
trouver un but vraiment commun.
2. Reconnaître le but derrière la stratégie appliquée
Dès qu’il est clair que nous aspirons à des buts
différents, une promesse de notre part – que nous
nous engageons à trouver un but commun – ne suffit
généralement pas pour arrêter le ronronnement du
Cercle Vicieux. Nous ne devons pas uniquement
comprendre qu’il existe une ambiguïté entre le but et
la stratégie, il faut également identifier le but final
derrière la stratégie. Dans ce contexte l’utilisation de
la technique du « Purpose Game »2
est à conseiller.
2
Le ‘Purpose Game’ est un exercice solide que j’ai appris de Charlie
Palgmren. Comme nous le fait supposer le nom de cet exercice, le but de
ce jeu est de découvrir pourquoi nous faisons régulièrement des actions
de libre arbitre (et donc notre vrai but « individuel »). Finalement le jeu
abouti à une réponse simple et toujours surprenante, de façon certaine si
L’approche ERIC
pour obtenir un but
commun
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Dialogues Cruciaux – Chapitre 3 : Le Cercle Vicieux
3. Innover un but commun
Hang on to your hopes my friend
That’s an easy thing to say
But if your hopes should pass away
Simply pretend
That you can build them again
Paul Simon, A hazy shade of Winter
Dans le cas où nous avons effectivement constaté,
lors de l’étape précédente, que n’existe pas un but
commun, nous devons le créer. Arrêter le
ronronnement du Cercle Vicieux, identifier et
reconnaître le vrai but commun est notre tâche. En
effet, nous ne l’avons pas encore trouvé par les
étapes précédentes, il est donc grand temps de le
découvrir. Ceci est plus facile à dire qu’à faire et
c’est le seul moyen pour arrêter le fonctionnement du
Cercle Vicieux. N’oubliez pas d’utiliser lors de ce
voyage de découverte les questions d’intention déjà
citées !
4. Création d’une nouvelle stratégie
Lorsque nous avons finalement trouvé le but commun,
il nous reste à établir, à créer une nouvelle stratégie,
une nouvelle approche afin d’atteindre ce but. Par
cela nous relancerons le dialogue, nous entrons à
nouveau dans le « huit couché ». Est notamment
devenu clair ce que nous voulons obtenir ensemble.
Le processus de l’Interéchange Créatif peut
finalement redémarrer. Dans la première phase nous
éviterons totalement de juger. Nous dénonçons, si
nécessaire dans la deuxième phase nos modèles
mentaux anciens et en découvrons des nouveaux.
Pendant la troisième phase nous pensons « out of the
box » et donnons à la créativité humaine (à nouveau)
la possibilité de saisir l’occasion par les cheveux. Dans
la quatrième phase nous faisons ce que nous avons
choisi et décidé de faire !
ce jeu est pratiqué en groupe. Réponse qui nous apprend une vérité très
importante, aussi bien sur nous-mêmes que sur les autres participants,
concernant ce but final. Cet exercice nous amène à la question cruciale :
« Comment est-ce possible que nous nous trouvions si souvent comme
obstacle sur notre chemin pour obtenir « notre » but ? »