SlideShare una empresa de Scribd logo
1 de 4
Descargar para leer sin conexión
Conférences
                        Prise en charge du traumatisé grave en salle de déchoquage
                                               Dr N. SOUISSI

	       La mortalité hospitalière du patient traumatisé grave survient essentiellement au cours des premières heu-
res d’où l’importance d’une prise en charge rapide préhospitalière et aux Urgences. Elle est essentiellement liée à
une atteinte cérébrale et/ou une hémorragie. Elle nécessite un plateau technique complet disponible 24 h/24 h,
capable de dépister et de faire face à la nécessité d’une hémostase chirurgicale et/ou radiologique intervention-
nelle en urgence. Une équipe rodée, bien coordonnée, multidisciplinaire est indispensable et permet d’améliorer le
pronostic. Le facteur temps est central dans la prise en charge tant au plan du monitorage initial que dans le choix
raisonné des investigations complémentaires. Ce bilan doit s’effectuer sans interrompre la continuité de la réanima-
tion.
I.	     Définitions
	       Un traumatisé grave et un blessé qui à souffert d’un traumatisme violent quelque soit les lésions anatomi-
ques apparentes.
La définition du polytraumatisé est retenue après que le patient traumatisé a bénéficié de toutes les explorations
radiologiques. Dans ce cas un polytraumatisé est un blessé qui présente deux ou plusieurs lésions viscérales profon-
des et/ou superficielles dont une au moins peut mettre en jeu le pronostic vital.

II.	    Prise en charge initiale
	        Trois principes sont à garder à l’esprit lors de la prise en charge d’un traumatisé grave :
•	       le pronostic vital est engagé, il faut être rapide et efficace ;
•	       les lésions sont multiples, il faut les reconnaître ;
•	       la prise en charge doit être hiérarchisée en tenant compte de l’évolutivité des lésions
Cette prise en charge se conçoit au mieux dans un contexte de chaine de secours qui commence sur les lieux de
l’accident et se poursuit à l’intérieur de l’hôpital. Le premier témoin déclenche cette chaine en assurant la protection,
l’alerte et de prodiguer les premiers gestes de secours : arrêter une hémorragie, mettre un patient en PLS quand
nécessaire etc.…
Dans la stratégie générale de prise en charge préhospitalière des traumatisés graves, deux méthodes s’opposent :
1.	      Scoop and run anglo-saxon préconise une évacuation rapide après une mise en condition minimale (se-
lon des protocoles stéréotypés) par les «paramedics» formés à l’advanced trauma life support (ATLS). Le but est de
limiter le temps préhospitalier qui est considéré comme perdu. Les blessés nord-américains qui bénéficient de ce
système sont surtout des victimes de traumatismes balistiques ou par arme blanche. Cette stratégie devient pénali-
sante en cas d’incarcération ou lorsque le temps de transport est long.
2.	      Stay and play : la médicalisation préhospitalière européenne permet de réaliser une mise en condition de
qualité et d’élaborer une stratégie thérapeutique. Les objectifs des équipes médicales sont :
• d’identifier les détresses vitales, et de réaliser les gestes adaptés
• d’effectuer un bilan lésionnel « de la tête aux pieds » et d’instaurer les thérapeutiques complémentaires pour lutter
contre les facteurs aggravants (douleur, hypothermie…)
• d’évacuer le blessé vers un service d’accueil des urgences au plateau technique approprié, et mis en alerte par la
régulation du SAMU,
• de surveiller le blessé et de poursuivre les soins pendant le transport
Si la réanimation préhospitalière est plus longue, elle permet un temps de prise en charge hospitalier préopératoire
plus court. Certains gestes ne sont plus à réaliser à l’hôpital, le plateau technique du Service d’Urgence prévenu est
disponible. Le temps de la médicalisation préhospitalière est donc investi et non perdu. Cependant dans les cas
d’hémorragies non contrôlées, le blessé doit bénéficier d’un traitement chirurgical dans les plus brefs délais. Les
gestes thérapeutiques doivent alors être pertinents et adaptés, réalisés en quelques minutes par une équipe médi-
cale entraînée.
Au service d’accueil des urgences, la prise en charge des patients traumatisés graves se conçoit à l’avenir dans le
cadre du « trauma team » dirigé par un « trauma team leader » et basé sur une distribution des rôles à jouer par les
différents membres d’une équipe assez rodée :
A : Airway and cervical spine control
B : Breathing and ventilation
C : Circulation and control of haemorrhage	
D : Dysfunction of the CNS (neurological assessment)
E : Exposure and environmental control
Conférences
                        Prise en charge du traumatisé grave en salle de déchoquage
                                               Dr N. SOUISSI

A.	     Evaluation initiale :
En plus de l’évaluation de la cinétique et de la violence du traumatisme, une appréciation des grandes fonctions
vitales est l’élément capital dans la gestion d’un traumatisé grave.
1.	      Détresse respiratoire :
La réanimation ventilatoire est la première étape de prise en charge des traumatisés graves. Son objectif prioritaire
est d’assurer une oxygénation adaptée.
Le diagnostic de la détresse respiratoire est souvent évident :
-	       Dyspnée (différents stades) avec polypnée ou bradypnée
-	       Dyspnée laryngée
-	       Une respiration superficielle
-	       Une cyanose
Devant une détresse respiratoire chez un traumatisé grave il faut chercher :
a.	      Un traumatisme thoracique : la présence d’un emphysème sous cutané, d’un craquement costal à la palpa-
tion, d’une asymétrie à l’auscultation pulmonaire.
b.	      Un traumatisme maxillo-facial : l’obstruction des voies aériennes supérieures par des corps étrangers (débris
osseux, dentaires, prothèse,..).
Se méfier en cas de :
-	       Un traumatisme crânien induisant un coma : une altération de l’état de conscience peut être responsable
d’une obstruction des voies aériennes et donc d’une détresse respiratoire.
-	       Lésion médullaire : toute lésion médullaire située au dessus de C4 peut entrainer une détresse respiratoire.




2.	     Détresse circulatoire :
	        a.	     Le syndrome hémorragique : entrainant une hypovolémie est la cause principale d’insuffisance cir-
culatoire aigue. Révélé par une pâleur conjonctivale associée à des signes d’ICA
La première cause de survenue d’un état de choc hémorragique est le traumatisme abdominal par rupture ou fracs
des organes pleins (rate, foie, reins). L’examen clinique est capital à la recherche de :
-	       Un point d’impact abdominal
-	       Une défense à la palpation
-	       Un ballonnement abdominal
Il ne faut jamais oublier les états de choc hémorragiques extériorisés par une plaie du scalp ou par des lésions arté-
rielles ou veineuses des membres (fémur).
Le traumatisme du bassin peut être responsable d’un état de choc hémorragique.
	        b.	     La vasoplégie : liée à une perte du tonus sympathique lors d’un traumatisme médullaire siégeant au
dessus de T6.
	        c.	     La diminution du retour veineux : par pneumothorax bilatéral compressif, par tamponnade ou par
contusion myocardique.
3.	     Détresse neurologique :
L’évaluation de l’état de conscience se fait après stabilisation de l’état respiratoire et de l’état circulatoire.
Le score de Glasgow est le plus adapté à la traumatologie. L’examen clinique cherche la présence d’un point d’im-
pact crânien, des signes neurologiques de localisation, des signes méningés.
L’examen du rachis est systématique. Il doit chercher : une douleur à la palpation des épineuses, des troubles sensi-
tifs ou moteurs des membres.
Chez un traumatisé grave inconscient le rachis est toujours suspect jusqu’à preuve radiologique du contraire.
4.	     Autres lésions prioritaires :
-	      Les plaies des globes oculaires
-	      Les fractures ouvertes des membres
Attention : toute détresse respiratoire durable peut être à l’origine d’une détresse circulatoire. Et toute détresse cir-
culatoire peut être à l’origine d’une détresse respiratoire.
Conférences
                        Prise en charge du traumatisé grave en salle de déchoquage
                                               Dr N. SOUISSI


B.	     Monitorage et traitement :
1.	     En salle de déchoquage :
	       Après évaluation rapide et complète des grandes fonctions vitales il est impératif de :
-	      Déshabillage dans une ambiance chaude
-	      Mettre en place deux voies veineuses de gros calibre
-	      Prélever un groupe sanguin est une numération formule sanguine
-	      Mettre en place un collier cervical
-	      Une immobilisation par matelas coquille (matelas à dépression)

a.	     Détresse respiratoire :
	        La réanimation ventilatoire est la première étape de la prise en charge du traumatisé grave. L’objectif priori-
taire est d’assurer une oxygénation adaptée aux besoins.
En plus de l’examen clinique la mise en place d’un oxymètre de pouls est indispensable pour apprécier le degré
d’hypoxie. Une Saturation pulsée supérieure à 95% est l’objectif à atteindre chez le traumatisé grave.
Une oxygénothérapie par masque à haute concentration est parfois suffisante. Les indications d’une intubation
endotrachéale et l’assistance respiratoire doivent êtres très larges :
-	       Une détresse respiratoire grave : polypnée avec des signes de lutte, bradypnée, pauses respiratoires
-	       Une détresse neurologique : score de Glasgow altéré < 8
-	       Une détresse circulatoire malgré une réanimation adéquate
-	       Une analgésie sédation
L’intubation chez le traumatisé grave est toujours orotrachéale. Elle se fait après une induction à séquence rapide.
 Après intubation, une vérification de la bonne position de la sonde d’intubation se fait par l’auscultation pulmonaire
et par le capnographe.
Un des objectifs à atteindre pendant la prise en charge initiale du traumatisé grave et une pression télé-expiratoire
de CO2 entre 35 et 38 mm Hg.
En plus, la capnographie permet une surveillance continue des malades intubés. Elle permet de détecter précoce-
ment les complications de la ventilation mécanique (extubation accidentelle, obstruction de la sonde d’intubation,
pneumothorax).
Un drainage thoracique s’impose devant un pneumothorax mal toléré sur le plan respiratoire et/ou circulatoire.
b.	     Détresse circulatoire :
	        La détresse circulatoire reste le plus souvent en rapport avec une hypovolémie aigue par hémorragie.
Le monitorage par scope et par pression artérielle non invasive sont indispensables pour le diagnostic et pour la
surveillance du malade.
Le moyen thérapeutique efficace reste toujours l’hémostase chirurgicale.

Aux urgences face à un état de choc hémorragique, en attendant le geste chirurgical, le remplissage vasculaire per-
met de maintenir une pression de perfusion tissulaire.
 L’expansion volumique se fait par des colloïdes (Plasmagel*, hydroxy-éthylamidan). Actuellement le sérum salé hy-
pertonique à 7,5% est recommandé à la dose de 250ml en bolus non renouvelable. Il a l’avantage d’avoir un pouvoir
d’expansion à 800%.
Les catécholamines sont utilisées en deuxième intention face à un état e choc qui ne repend pas au remplissage. La
Noradrénaline ou l’Adrénaline sont les drogues de choix en cas d’état de choc hémorragique. La dose recommandée
est de 0,3 à 3 Gamma/Kg/mn de Noradrénaline.
L’objectif en absence de traumatisme crânien est d’avoir une pression artérielle systolique supérieure ou égale à
80 mm Hg.En présence d’un traumatisme crânien et pour assurer une bonne pression de perfusion cérébrale, la
pression artérielle systolique doit être maintenue supérieure à 120 mm Hg ou une pression artérielle moyenne su-
périeure à 90 mm Hg.
Conférences
                       Prise en charge du traumatisé grave en salle de déchoquage
                                              Dr N. SOUISSI

c.	     Prise en charge de la douleur :
La douleur est un symptôme fréquemment retrouvé dans le cadre du traumatisme grave. La douleur a des consé-
quences délétères sur les grandes fonctions vitales. Elle peut précipiter un équilibre déjà précaire.
Le soulagement de la douleur est obligatoire et impose le recours à la Morphine en titration. Un premier bolus de
0,05 mg/Kg puis la moitié du premier bolus toutes les 5 minutes sont administrés par voie intraveineuse jusqu’à
disparition de la douleur. On ne doit pas dépasser une dose cumulative de 10 mg chez l’adulte.

III.	   Examens complémentaires et orientation :
A.	     Examens complémentaires :
	        Ne doivent jamais retarder la prise en charge chirurgicale. Après examens clinique complet et rapide ces
examens doivent être bien ciblés pour compléter le bilan lésionnel et pour mieux orienter le patient.
1.	      Les examens biologiques :
-	       Un groupage sanguin et une numération formule sanguine
-	       Une première détermination des agglutinines irrégulières
-	       Un bilan d’hémostase : TP, TCA
2.	      Les examens radiologiques :
Chez un traumatisé grave il est impératif de réaliser :
-	       Une radiographie du thorax face : à la recherche d’un épanchement pleural liquidien ou gazeux, d’une
contusion pulmonaire ou des fractures de cotes.
-	       Une radiographie du bassin : à la recherche d’une fracture du bassin
-	       Une échographie abdominale : à la recherche d’un épanchement péritonéal (hémopéritoine), d’une atteinte
d’un organe plein (rate, foie, rein).
Actuellement il est recommandé de réaliser un scanner corps entier pour les traumatisés graves.
La réalisation de ces examens complémentaires ne doit pas retarder l’hémostase chirurgicale

B.	     Orientation
	        Après conditionnement et réanimation
1.	      Malade instable sur le plan hémodynamique malgré une réanimation adéquate:
Le patient doit être transporté directement au bloc opératoire.
L’hémostase chirurgicale est le seul geste salvateur.
2.	      Malade en état de choc stabilisé par une réanimation :
Le malade est acheminé directement en salle de radiologie, ou un scanner corps entier est réalisé.
La réalisation des examens radiologique ne doit pas retarder la prise en charge chirurgicale.
3.	      Malade stable sur le plan hémodynamique :
Le patient doit bénéficier d’un bilan radiologique complet et doit être hospitalisé en réanimation.
IV.	    Conclusion :
	        La prise en charge initiale du patient traumatisé grave est axée sur le dépistage et le traitement précoce
d’une hémorragie et de ses conséquences ce qui justifie une réanimation débutant dès la phase préhospitalière. La
concentration de moyens dans des centres de traumatologie répond à une qualité de prestation qui a une incidence
pronostique. Cependant, leur éloignement potentiel des lieux de l’accident donne aux hôpitaux de proximité un
rôle déterminant dans la prise en charge initiale. En effet, tout retard peut avoir une incidence pronostique péjo-
rative immédiate mais aussi retardée par le biais de l’hypoperfusion. Un bilan radiologique initial simple au lit du
malade permet de prendre des décisions thérapeutiques urgentes adaptées ce qui lui confère une place de choix en
amont du bilan exhaustif indispensable mais plus consommateur de temps.

Más contenido relacionado

La actualidad más candente

La chirurgie thyroïdienne en images f.menegaux
La chirurgie thyroïdienne en images f.menegauxLa chirurgie thyroïdienne en images f.menegaux
La chirurgie thyroïdienne en images f.menegaux
all-in-web
 
la prise en charge d'un cardiopathe en odontostomatologie
la prise en charge d'un cardiopathe en odontostomatologie la prise en charge d'un cardiopathe en odontostomatologie
la prise en charge d'un cardiopathe en odontostomatologie
debla roumaissa
 
Les bonnes armes pour réussir une CTO
Les bonnes armes pour réussir une CTOLes bonnes armes pour réussir une CTO
Les bonnes armes pour réussir une CTO
Hervé Faltot
 
Voie radiale : suivi du point de ponction
Voie radiale : suivi du point de ponctionVoie radiale : suivi du point de ponction
Voie radiale : suivi du point de ponction
Hervé Faltot
 
1 cours anesthesie ristescu
1 cours anesthesie ristescu1 cours anesthesie ristescu
1 cours anesthesie ristescu
Salah Eddine
 
Le Damage Control à la phase Préhospitalière
Le Damage Control à la phase Préhospitalière Le Damage Control à la phase Préhospitalière
Le Damage Control à la phase Préhospitalière
Réseau Pro Santé
 
Semiologie semio neuroradio
Semiologie semio neuroradioSemiologie semio neuroradio
Semiologie semio neuroradio
Elsa von Licy
 
Semiologie semio neuroradio
Semiologie semio neuroradioSemiologie semio neuroradio
Semiologie semio neuroradio
Elsa von Licy
 

La actualidad más candente (19)

La chirurgie thyroïdienne en images f.menegaux
La chirurgie thyroïdienne en images f.menegauxLa chirurgie thyroïdienne en images f.menegaux
La chirurgie thyroïdienne en images f.menegaux
 
la prise en charge d'un cardiopathe en odontostomatologie
la prise en charge d'un cardiopathe en odontostomatologie la prise en charge d'un cardiopathe en odontostomatologie
la prise en charge d'un cardiopathe en odontostomatologie
 
prise en charge d'un cardiopathe en odontologie conservatrice
prise en charge d'un cardiopathe en odontologie conservatriceprise en charge d'un cardiopathe en odontologie conservatrice
prise en charge d'un cardiopathe en odontologie conservatrice
 
P42
P42P42
P42
 
Radiographie standard
Radiographie standardRadiographie standard
Radiographie standard
 
Les bonnes armes pour réussir une CTO
Les bonnes armes pour réussir une CTOLes bonnes armes pour réussir une CTO
Les bonnes armes pour réussir une CTO
 
Voie radiale : suivi du point de ponction
Voie radiale : suivi du point de ponctionVoie radiale : suivi du point de ponction
Voie radiale : suivi du point de ponction
 
Embolie pulmonaire
Embolie pulmonaireEmbolie pulmonaire
Embolie pulmonaire
 
Angioplastie des membres inférieurs
Angioplastie des membres inférieursAngioplastie des membres inférieurs
Angioplastie des membres inférieurs
 
insuffisance mitrale ischémique
insuffisance mitrale ischémiqueinsuffisance mitrale ischémique
insuffisance mitrale ischémique
 
Embolie pulmonaire
Embolie pulmonaireEmbolie pulmonaire
Embolie pulmonaire
 
Cricothyroïdotomie
CricothyroïdotomieCricothyroïdotomie
Cricothyroïdotomie
 
Tout peut arriver
Tout peut arriverTout peut arriver
Tout peut arriver
 
Dissection de l'aorte
Dissection de l'aorteDissection de l'aorte
Dissection de l'aorte
 
1 cours anesthesie ristescu
1 cours anesthesie ristescu1 cours anesthesie ristescu
1 cours anesthesie ristescu
 
Accidents de plongée 2015
Accidents de plongée 2015Accidents de plongée 2015
Accidents de plongée 2015
 
Le Damage Control à la phase Préhospitalière
Le Damage Control à la phase Préhospitalière Le Damage Control à la phase Préhospitalière
Le Damage Control à la phase Préhospitalière
 
Semiologie semio neuroradio
Semiologie semio neuroradioSemiologie semio neuroradio
Semiologie semio neuroradio
 
Semiologie semio neuroradio
Semiologie semio neuroradioSemiologie semio neuroradio
Semiologie semio neuroradio
 

Destacado

Traumatismes craniens prise en charge
Traumatismes craniens prise en chargeTraumatismes craniens prise en charge
Traumatismes craniens prise en charge
Egn Njeba
 
Prise en charge du polytraumatisé année 2009
Prise en charge du polytraumatisé année 2009Prise en charge du polytraumatisé année 2009
Prise en charge du polytraumatisé année 2009
Haifa Ben Abid
 

Destacado (8)

Traumatismes craniens prise en charge
Traumatismes craniens prise en chargeTraumatismes craniens prise en charge
Traumatismes craniens prise en charge
 
Traumatisés crâniens graves Recommandations 2016
Traumatisés crâniens graves Recommandations 2016Traumatisés crâniens graves Recommandations 2016
Traumatisés crâniens graves Recommandations 2016
 
Anesthésie loco régionale en service d’urgence
Anesthésie loco régionale en service d’urgenceAnesthésie loco régionale en service d’urgence
Anesthésie loco régionale en service d’urgence
 
Partenariat Service de Santé des Armées / CH Eure Seine Evreux
Partenariat Service de Santé des Armées / CH Eure Seine EvreuxPartenariat Service de Santé des Armées / CH Eure Seine Evreux
Partenariat Service de Santé des Armées / CH Eure Seine Evreux
 
Damage control JL Daban HIA Percy
Damage control JL Daban HIA PercyDamage control JL Daban HIA Percy
Damage control JL Daban HIA Percy
 
Prise en charge du blessé balistique
Prise en charge du blessé balistiquePrise en charge du blessé balistique
Prise en charge du blessé balistique
 
Traumatismes thorax Recommandations formalisées d'expert
Traumatismes thorax Recommandations formalisées d'expertTraumatismes thorax Recommandations formalisées d'expert
Traumatismes thorax Recommandations formalisées d'expert
 
Prise en charge du polytraumatisé année 2009
Prise en charge du polytraumatisé année 2009Prise en charge du polytraumatisé année 2009
Prise en charge du polytraumatisé année 2009
 

Similar a Prise en charge du traumatisé grave en salle de déchoquage

Caderno Médico para Doenças by Slidesgo-1.pptx
Caderno Médico para Doenças by Slidesgo-1.pptxCaderno Médico para Doenças by Slidesgo-1.pptx
Caderno Médico para Doenças by Slidesgo-1.pptx
SimoChabbai
 
Traumatisme de l’abdomen trauma abodminal.pdf
Traumatisme de l’abdomen trauma abodminal.pdfTraumatisme de l’abdomen trauma abodminal.pdf
Traumatisme de l’abdomen trauma abodminal.pdf
mtourad09
 
288 arrêt cardiaque rfe2006
288 arrêt cardiaque rfe2006288 arrêt cardiaque rfe2006
288 arrêt cardiaque rfe2006
7496285
 
traumatisme abdominaux.pdf cours a minima
traumatisme abdominaux.pdf cours a minimatraumatisme abdominaux.pdf cours a minima
traumatisme abdominaux.pdf cours a minima
madiassakonate1
 
CAT devant une hémoptysie dr innocent kashongwe
CAT devant une hémoptysie dr innocent kashongweCAT devant une hémoptysie dr innocent kashongwe
CAT devant une hémoptysie dr innocent kashongwe
Université de kinshasa
 

Similar a Prise en charge du traumatisé grave en salle de déchoquage (20)

Caderno Médico para Doenças by Slidesgo-1.pptx
Caderno Médico para Doenças by Slidesgo-1.pptxCaderno Médico para Doenças by Slidesgo-1.pptx
Caderno Médico para Doenças by Slidesgo-1.pptx
 
POLYTRAUMATISME.ppt
POLYTRAUMATISME.pptPOLYTRAUMATISME.ppt
POLYTRAUMATISME.ppt
 
Polytraumatise-cours-16-fevrier-2017pptx.pptx
Polytraumatise-cours-16-fevrier-2017pptx.pptxPolytraumatise-cours-16-fevrier-2017pptx.pptx
Polytraumatise-cours-16-fevrier-2017pptx.pptx
 
Copie de CAT polytraumatisé.pptx.pdf
Copie de CAT polytraumatisé.pptx.pdfCopie de CAT polytraumatisé.pptx.pdf
Copie de CAT polytraumatisé.pptx.pdf
 
Defaillances cardio circulatoires aigues
Defaillances cardio circulatoires aiguesDefaillances cardio circulatoires aigues
Defaillances cardio circulatoires aigues
 
Traumatisme de l’abdomen trauma abodminal.pdf
Traumatisme de l’abdomen trauma abodminal.pdfTraumatisme de l’abdomen trauma abodminal.pdf
Traumatisme de l’abdomen trauma abodminal.pdf
 
Les traumatismes abdominaux
Les traumatismes abdominauxLes traumatismes abdominaux
Les traumatismes abdominaux
 
288 arrêt cardiaque rfe2006
288 arrêt cardiaque rfe2006288 arrêt cardiaque rfe2006
288 arrêt cardiaque rfe2006
 
traumatisme abdominaux.pdf cours a minima
traumatisme abdominaux.pdf cours a minimatraumatisme abdominaux.pdf cours a minima
traumatisme abdominaux.pdf cours a minima
 
Formaion Secourisme DRPCK.pdf.pdf
Formaion Secourisme DRPCK.pdf.pdfFormaion Secourisme DRPCK.pdf.pdf
Formaion Secourisme DRPCK.pdf.pdf
 
CAT devant une contusion abdominale.dr abidpdf
CAT devant une contusion abdominale.dr abidpdfCAT devant une contusion abdominale.dr abidpdf
CAT devant une contusion abdominale.dr abidpdf
 
Les amputes des membres tp med physique doc ii g7
Les amputes des membres tp med physique doc ii g7Les amputes des membres tp med physique doc ii g7
Les amputes des membres tp med physique doc ii g7
 
Sauvetage au combat
Sauvetage au combatSauvetage au combat
Sauvetage au combat
 
CAT devant une hémoptysie dr innocent kashongwe
CAT devant une hémoptysie dr innocent kashongweCAT devant une hémoptysie dr innocent kashongwe
CAT devant une hémoptysie dr innocent kashongwe
 
NCNM question and answer 6.docx
NCNM question and answer  6.docxNCNM question and answer  6.docx
NCNM question and answer 6.docx
 
Français médical · Anesthésie et réanimation · 1- Exercices de grammaire · Co...
Français médical · Anesthésie et réanimation · 1- Exercices de grammaire · Co...Français médical · Anesthésie et réanimation · 1- Exercices de grammaire · Co...
Français médical · Anesthésie et réanimation · 1- Exercices de grammaire · Co...
 
Avc aux urgences
 Avc aux urgences Avc aux urgences
Avc aux urgences
 
Pneumothorax spontané
Pneumothorax spontané Pneumothorax spontané
Pneumothorax spontané
 
Oce5
Oce5Oce5
Oce5
 
Test effort
Test effortTest effort
Test effort
 

Más de Abryda Aity

Prise en charge des intoxications aiguës aux organophosphoré
Prise en charge des intoxications aiguës aux organophosphoréPrise en charge des intoxications aiguës aux organophosphoré
Prise en charge des intoxications aiguës aux organophosphoré
Abryda Aity
 
Prise en charge de l’anaphylaxie aux urgences.
Prise en charge de l’anaphylaxie aux urgences.Prise en charge de l’anaphylaxie aux urgences.
Prise en charge de l’anaphylaxie aux urgences.
Abryda Aity
 
Prise en charge aux urgences du syndrome coronarien aigu san
Prise en charge aux urgences du syndrome coronarien aigu sanPrise en charge aux urgences du syndrome coronarien aigu san
Prise en charge aux urgences du syndrome coronarien aigu san
Abryda Aity
 
Les plaies abdominales graves
Les plaies abdominales gravesLes plaies abdominales graves
Les plaies abdominales graves
Abryda Aity
 
Les pertes de connaissance
Les pertes de connaissanceLes pertes de connaissance
Les pertes de connaissance
Abryda Aity
 
Le raisennement clinique
Le raisennement cliniqueLe raisennement clinique
Le raisennement clinique
Abryda Aity
 
Forme severe d’insuffisance cardiaque aiguë hypertensive
Forme severe d’insuffisance cardiaque aiguë hypertensiveForme severe d’insuffisance cardiaque aiguë hypertensive
Forme severe d’insuffisance cardiaque aiguë hypertensive
Abryda Aity
 
Crise convulsive aux urgences
Crise convulsive aux urgencesCrise convulsive aux urgences
Crise convulsive aux urgences
Abryda Aity
 
Choc electrique externe (cee) en dehors de l’arret
Choc electrique externe (cee) en dehors de l’arretChoc electrique externe (cee) en dehors de l’arret
Choc electrique externe (cee) en dehors de l’arret
Abryda Aity
 
Strategie de prise en charge des traumatismes craniens leger
Strategie de prise en charge des traumatismes craniens legerStrategie de prise en charge des traumatismes craniens leger
Strategie de prise en charge des traumatismes craniens leger
Abryda Aity
 

Más de Abryda Aity (11)

Prise en charge des intoxications aiguës aux organophosphoré
Prise en charge des intoxications aiguës aux organophosphoréPrise en charge des intoxications aiguës aux organophosphoré
Prise en charge des intoxications aiguës aux organophosphoré
 
Prise en charge de l’anaphylaxie aux urgences.
Prise en charge de l’anaphylaxie aux urgences.Prise en charge de l’anaphylaxie aux urgences.
Prise en charge de l’anaphylaxie aux urgences.
 
Prise en charge aux urgences du syndrome coronarien aigu san
Prise en charge aux urgences du syndrome coronarien aigu sanPrise en charge aux urgences du syndrome coronarien aigu san
Prise en charge aux urgences du syndrome coronarien aigu san
 
Les plaies abdominales graves
Les plaies abdominales gravesLes plaies abdominales graves
Les plaies abdominales graves
 
Les pertes de connaissance
Les pertes de connaissanceLes pertes de connaissance
Les pertes de connaissance
 
Le raisennement clinique
Le raisennement cliniqueLe raisennement clinique
Le raisennement clinique
 
Forme severe d’insuffisance cardiaque aiguë hypertensive
Forme severe d’insuffisance cardiaque aiguë hypertensiveForme severe d’insuffisance cardiaque aiguë hypertensive
Forme severe d’insuffisance cardiaque aiguë hypertensive
 
Crise convulsive aux urgences
Crise convulsive aux urgencesCrise convulsive aux urgences
Crise convulsive aux urgences
 
Choc electrique externe (cee) en dehors de l’arret
Choc electrique externe (cee) en dehors de l’arretChoc electrique externe (cee) en dehors de l’arret
Choc electrique externe (cee) en dehors de l’arret
 
Arret cardiaque
Arret cardiaqueArret cardiaque
Arret cardiaque
 
Strategie de prise en charge des traumatismes craniens leger
Strategie de prise en charge des traumatismes craniens legerStrategie de prise en charge des traumatismes craniens leger
Strategie de prise en charge des traumatismes craniens leger
 

Último

ANATOMIE SYSTEME DIGESTIF AI1354789.pdf
ANATOMIE  SYSTEME DIGESTIF AI1354789.pdfANATOMIE  SYSTEME DIGESTIF AI1354789.pdf
ANATOMIE SYSTEME DIGESTIF AI1354789.pdf
MadickNDAO1
 

Último (12)

Amibiase Cours diagnostic biologique .pptx
Amibiase Cours diagnostic biologique .pptxAmibiase Cours diagnostic biologique .pptx
Amibiase Cours diagnostic biologique .pptx
 
Les tumeurs malignes des glandes salivaires'.pptx
Les tumeurs malignes des glandes salivaires'.pptxLes tumeurs malignes des glandes salivaires'.pptx
Les tumeurs malignes des glandes salivaires'.pptx
 
LES HÉMOPHILIES.pptx pour les étudiants.
LES HÉMOPHILIES.pptx pour les étudiants.LES HÉMOPHILIES.pptx pour les étudiants.
LES HÉMOPHILIES.pptx pour les étudiants.
 
Histologie du Tube Digestif (Chapitre 2/3 de l'Histologie du l'appareil diges...
Histologie du Tube Digestif (Chapitre 2/3 de l'Histologie du l'appareil diges...Histologie du Tube Digestif (Chapitre 2/3 de l'Histologie du l'appareil diges...
Histologie du Tube Digestif (Chapitre 2/3 de l'Histologie du l'appareil diges...
 
Histologie de la Cavité Buccale (Chapitre 1/3 de l'Histologie du l'appareil d...
Histologie de la Cavité Buccale (Chapitre 1/3 de l'Histologie du l'appareil d...Histologie de la Cavité Buccale (Chapitre 1/3 de l'Histologie du l'appareil d...
Histologie de la Cavité Buccale (Chapitre 1/3 de l'Histologie du l'appareil d...
 
ANATOMIE SYSTEME DIGESTIF AI1354789.pdf
ANATOMIE  SYSTEME DIGESTIF AI1354789.pdfANATOMIE  SYSTEME DIGESTIF AI1354789.pdf
ANATOMIE SYSTEME DIGESTIF AI1354789.pdf
 
physologie de la croissance : age osseux.pptx
physologie de la croissance : age osseux.pptxphysologie de la croissance : age osseux.pptx
physologie de la croissance : age osseux.pptx
 
présentation PowerPoint sur les technique d'anesthésie en neurochirurgie.ppt
présentation PowerPoint sur les technique d'anesthésie en neurochirurgie.pptprésentation PowerPoint sur les technique d'anesthésie en neurochirurgie.ppt
présentation PowerPoint sur les technique d'anesthésie en neurochirurgie.ppt
 
INTRODUCTION GENERALE A LA PARASITOLOGIE.pptx
INTRODUCTION GENERALE  A LA PARASITOLOGIE.pptxINTRODUCTION GENERALE  A LA PARASITOLOGIE.pptx
INTRODUCTION GENERALE A LA PARASITOLOGIE.pptx
 
Les aménorrhée primaire et secondaire .ppt
Les aménorrhée primaire et secondaire .pptLes aménorrhée primaire et secondaire .ppt
Les aménorrhée primaire et secondaire .ppt
 
Phytochemical profile and antioxidant activity of two varieties of dates (Pho...
Phytochemical profile and antioxidant activity of two varieties of dates (Pho...Phytochemical profile and antioxidant activity of two varieties of dates (Pho...
Phytochemical profile and antioxidant activity of two varieties of dates (Pho...
 
Histologie des Glandes Annexes Digestives (Chapitre 3/3 de l'Histologie du l'...
Histologie des Glandes Annexes Digestives (Chapitre 3/3 de l'Histologie du l'...Histologie des Glandes Annexes Digestives (Chapitre 3/3 de l'Histologie du l'...
Histologie des Glandes Annexes Digestives (Chapitre 3/3 de l'Histologie du l'...
 

Prise en charge du traumatisé grave en salle de déchoquage

  • 1. Conférences Prise en charge du traumatisé grave en salle de déchoquage Dr N. SOUISSI La mortalité hospitalière du patient traumatisé grave survient essentiellement au cours des premières heu- res d’où l’importance d’une prise en charge rapide préhospitalière et aux Urgences. Elle est essentiellement liée à une atteinte cérébrale et/ou une hémorragie. Elle nécessite un plateau technique complet disponible 24 h/24 h, capable de dépister et de faire face à la nécessité d’une hémostase chirurgicale et/ou radiologique intervention- nelle en urgence. Une équipe rodée, bien coordonnée, multidisciplinaire est indispensable et permet d’améliorer le pronostic. Le facteur temps est central dans la prise en charge tant au plan du monitorage initial que dans le choix raisonné des investigations complémentaires. Ce bilan doit s’effectuer sans interrompre la continuité de la réanima- tion. I. Définitions Un traumatisé grave et un blessé qui à souffert d’un traumatisme violent quelque soit les lésions anatomi- ques apparentes. La définition du polytraumatisé est retenue après que le patient traumatisé a bénéficié de toutes les explorations radiologiques. Dans ce cas un polytraumatisé est un blessé qui présente deux ou plusieurs lésions viscérales profon- des et/ou superficielles dont une au moins peut mettre en jeu le pronostic vital. II. Prise en charge initiale Trois principes sont à garder à l’esprit lors de la prise en charge d’un traumatisé grave : • le pronostic vital est engagé, il faut être rapide et efficace ; • les lésions sont multiples, il faut les reconnaître ; • la prise en charge doit être hiérarchisée en tenant compte de l’évolutivité des lésions Cette prise en charge se conçoit au mieux dans un contexte de chaine de secours qui commence sur les lieux de l’accident et se poursuit à l’intérieur de l’hôpital. Le premier témoin déclenche cette chaine en assurant la protection, l’alerte et de prodiguer les premiers gestes de secours : arrêter une hémorragie, mettre un patient en PLS quand nécessaire etc.… Dans la stratégie générale de prise en charge préhospitalière des traumatisés graves, deux méthodes s’opposent : 1. Scoop and run anglo-saxon préconise une évacuation rapide après une mise en condition minimale (se- lon des protocoles stéréotypés) par les «paramedics» formés à l’advanced trauma life support (ATLS). Le but est de limiter le temps préhospitalier qui est considéré comme perdu. Les blessés nord-américains qui bénéficient de ce système sont surtout des victimes de traumatismes balistiques ou par arme blanche. Cette stratégie devient pénali- sante en cas d’incarcération ou lorsque le temps de transport est long. 2. Stay and play : la médicalisation préhospitalière européenne permet de réaliser une mise en condition de qualité et d’élaborer une stratégie thérapeutique. Les objectifs des équipes médicales sont : • d’identifier les détresses vitales, et de réaliser les gestes adaptés • d’effectuer un bilan lésionnel « de la tête aux pieds » et d’instaurer les thérapeutiques complémentaires pour lutter contre les facteurs aggravants (douleur, hypothermie…) • d’évacuer le blessé vers un service d’accueil des urgences au plateau technique approprié, et mis en alerte par la régulation du SAMU, • de surveiller le blessé et de poursuivre les soins pendant le transport Si la réanimation préhospitalière est plus longue, elle permet un temps de prise en charge hospitalier préopératoire plus court. Certains gestes ne sont plus à réaliser à l’hôpital, le plateau technique du Service d’Urgence prévenu est disponible. Le temps de la médicalisation préhospitalière est donc investi et non perdu. Cependant dans les cas d’hémorragies non contrôlées, le blessé doit bénéficier d’un traitement chirurgical dans les plus brefs délais. Les gestes thérapeutiques doivent alors être pertinents et adaptés, réalisés en quelques minutes par une équipe médi- cale entraînée. Au service d’accueil des urgences, la prise en charge des patients traumatisés graves se conçoit à l’avenir dans le cadre du « trauma team » dirigé par un « trauma team leader » et basé sur une distribution des rôles à jouer par les différents membres d’une équipe assez rodée : A : Airway and cervical spine control B : Breathing and ventilation C : Circulation and control of haemorrhage D : Dysfunction of the CNS (neurological assessment) E : Exposure and environmental control
  • 2. Conférences Prise en charge du traumatisé grave en salle de déchoquage Dr N. SOUISSI A. Evaluation initiale : En plus de l’évaluation de la cinétique et de la violence du traumatisme, une appréciation des grandes fonctions vitales est l’élément capital dans la gestion d’un traumatisé grave. 1. Détresse respiratoire : La réanimation ventilatoire est la première étape de prise en charge des traumatisés graves. Son objectif prioritaire est d’assurer une oxygénation adaptée. Le diagnostic de la détresse respiratoire est souvent évident : - Dyspnée (différents stades) avec polypnée ou bradypnée - Dyspnée laryngée - Une respiration superficielle - Une cyanose Devant une détresse respiratoire chez un traumatisé grave il faut chercher : a. Un traumatisme thoracique : la présence d’un emphysème sous cutané, d’un craquement costal à la palpa- tion, d’une asymétrie à l’auscultation pulmonaire. b. Un traumatisme maxillo-facial : l’obstruction des voies aériennes supérieures par des corps étrangers (débris osseux, dentaires, prothèse,..). Se méfier en cas de : - Un traumatisme crânien induisant un coma : une altération de l’état de conscience peut être responsable d’une obstruction des voies aériennes et donc d’une détresse respiratoire. - Lésion médullaire : toute lésion médullaire située au dessus de C4 peut entrainer une détresse respiratoire. 2. Détresse circulatoire : a. Le syndrome hémorragique : entrainant une hypovolémie est la cause principale d’insuffisance cir- culatoire aigue. Révélé par une pâleur conjonctivale associée à des signes d’ICA La première cause de survenue d’un état de choc hémorragique est le traumatisme abdominal par rupture ou fracs des organes pleins (rate, foie, reins). L’examen clinique est capital à la recherche de : - Un point d’impact abdominal - Une défense à la palpation - Un ballonnement abdominal Il ne faut jamais oublier les états de choc hémorragiques extériorisés par une plaie du scalp ou par des lésions arté- rielles ou veineuses des membres (fémur). Le traumatisme du bassin peut être responsable d’un état de choc hémorragique. b. La vasoplégie : liée à une perte du tonus sympathique lors d’un traumatisme médullaire siégeant au dessus de T6. c. La diminution du retour veineux : par pneumothorax bilatéral compressif, par tamponnade ou par contusion myocardique. 3. Détresse neurologique : L’évaluation de l’état de conscience se fait après stabilisation de l’état respiratoire et de l’état circulatoire. Le score de Glasgow est le plus adapté à la traumatologie. L’examen clinique cherche la présence d’un point d’im- pact crânien, des signes neurologiques de localisation, des signes méningés. L’examen du rachis est systématique. Il doit chercher : une douleur à la palpation des épineuses, des troubles sensi- tifs ou moteurs des membres. Chez un traumatisé grave inconscient le rachis est toujours suspect jusqu’à preuve radiologique du contraire. 4. Autres lésions prioritaires : - Les plaies des globes oculaires - Les fractures ouvertes des membres Attention : toute détresse respiratoire durable peut être à l’origine d’une détresse circulatoire. Et toute détresse cir- culatoire peut être à l’origine d’une détresse respiratoire.
  • 3. Conférences Prise en charge du traumatisé grave en salle de déchoquage Dr N. SOUISSI B. Monitorage et traitement : 1. En salle de déchoquage : Après évaluation rapide et complète des grandes fonctions vitales il est impératif de : - Déshabillage dans une ambiance chaude - Mettre en place deux voies veineuses de gros calibre - Prélever un groupe sanguin est une numération formule sanguine - Mettre en place un collier cervical - Une immobilisation par matelas coquille (matelas à dépression) a. Détresse respiratoire : La réanimation ventilatoire est la première étape de la prise en charge du traumatisé grave. L’objectif priori- taire est d’assurer une oxygénation adaptée aux besoins. En plus de l’examen clinique la mise en place d’un oxymètre de pouls est indispensable pour apprécier le degré d’hypoxie. Une Saturation pulsée supérieure à 95% est l’objectif à atteindre chez le traumatisé grave. Une oxygénothérapie par masque à haute concentration est parfois suffisante. Les indications d’une intubation endotrachéale et l’assistance respiratoire doivent êtres très larges : - Une détresse respiratoire grave : polypnée avec des signes de lutte, bradypnée, pauses respiratoires - Une détresse neurologique : score de Glasgow altéré < 8 - Une détresse circulatoire malgré une réanimation adéquate - Une analgésie sédation L’intubation chez le traumatisé grave est toujours orotrachéale. Elle se fait après une induction à séquence rapide. Après intubation, une vérification de la bonne position de la sonde d’intubation se fait par l’auscultation pulmonaire et par le capnographe. Un des objectifs à atteindre pendant la prise en charge initiale du traumatisé grave et une pression télé-expiratoire de CO2 entre 35 et 38 mm Hg. En plus, la capnographie permet une surveillance continue des malades intubés. Elle permet de détecter précoce- ment les complications de la ventilation mécanique (extubation accidentelle, obstruction de la sonde d’intubation, pneumothorax). Un drainage thoracique s’impose devant un pneumothorax mal toléré sur le plan respiratoire et/ou circulatoire. b. Détresse circulatoire : La détresse circulatoire reste le plus souvent en rapport avec une hypovolémie aigue par hémorragie. Le monitorage par scope et par pression artérielle non invasive sont indispensables pour le diagnostic et pour la surveillance du malade. Le moyen thérapeutique efficace reste toujours l’hémostase chirurgicale. Aux urgences face à un état de choc hémorragique, en attendant le geste chirurgical, le remplissage vasculaire per- met de maintenir une pression de perfusion tissulaire. L’expansion volumique se fait par des colloïdes (Plasmagel*, hydroxy-éthylamidan). Actuellement le sérum salé hy- pertonique à 7,5% est recommandé à la dose de 250ml en bolus non renouvelable. Il a l’avantage d’avoir un pouvoir d’expansion à 800%. Les catécholamines sont utilisées en deuxième intention face à un état e choc qui ne repend pas au remplissage. La Noradrénaline ou l’Adrénaline sont les drogues de choix en cas d’état de choc hémorragique. La dose recommandée est de 0,3 à 3 Gamma/Kg/mn de Noradrénaline. L’objectif en absence de traumatisme crânien est d’avoir une pression artérielle systolique supérieure ou égale à 80 mm Hg.En présence d’un traumatisme crânien et pour assurer une bonne pression de perfusion cérébrale, la pression artérielle systolique doit être maintenue supérieure à 120 mm Hg ou une pression artérielle moyenne su- périeure à 90 mm Hg.
  • 4. Conférences Prise en charge du traumatisé grave en salle de déchoquage Dr N. SOUISSI c. Prise en charge de la douleur : La douleur est un symptôme fréquemment retrouvé dans le cadre du traumatisme grave. La douleur a des consé- quences délétères sur les grandes fonctions vitales. Elle peut précipiter un équilibre déjà précaire. Le soulagement de la douleur est obligatoire et impose le recours à la Morphine en titration. Un premier bolus de 0,05 mg/Kg puis la moitié du premier bolus toutes les 5 minutes sont administrés par voie intraveineuse jusqu’à disparition de la douleur. On ne doit pas dépasser une dose cumulative de 10 mg chez l’adulte. III. Examens complémentaires et orientation : A. Examens complémentaires : Ne doivent jamais retarder la prise en charge chirurgicale. Après examens clinique complet et rapide ces examens doivent être bien ciblés pour compléter le bilan lésionnel et pour mieux orienter le patient. 1. Les examens biologiques : - Un groupage sanguin et une numération formule sanguine - Une première détermination des agglutinines irrégulières - Un bilan d’hémostase : TP, TCA 2. Les examens radiologiques : Chez un traumatisé grave il est impératif de réaliser : - Une radiographie du thorax face : à la recherche d’un épanchement pleural liquidien ou gazeux, d’une contusion pulmonaire ou des fractures de cotes. - Une radiographie du bassin : à la recherche d’une fracture du bassin - Une échographie abdominale : à la recherche d’un épanchement péritonéal (hémopéritoine), d’une atteinte d’un organe plein (rate, foie, rein). Actuellement il est recommandé de réaliser un scanner corps entier pour les traumatisés graves. La réalisation de ces examens complémentaires ne doit pas retarder l’hémostase chirurgicale B. Orientation Après conditionnement et réanimation 1. Malade instable sur le plan hémodynamique malgré une réanimation adéquate: Le patient doit être transporté directement au bloc opératoire. L’hémostase chirurgicale est le seul geste salvateur. 2. Malade en état de choc stabilisé par une réanimation : Le malade est acheminé directement en salle de radiologie, ou un scanner corps entier est réalisé. La réalisation des examens radiologique ne doit pas retarder la prise en charge chirurgicale. 3. Malade stable sur le plan hémodynamique : Le patient doit bénéficier d’un bilan radiologique complet et doit être hospitalisé en réanimation. IV. Conclusion : La prise en charge initiale du patient traumatisé grave est axée sur le dépistage et le traitement précoce d’une hémorragie et de ses conséquences ce qui justifie une réanimation débutant dès la phase préhospitalière. La concentration de moyens dans des centres de traumatologie répond à une qualité de prestation qui a une incidence pronostique. Cependant, leur éloignement potentiel des lieux de l’accident donne aux hôpitaux de proximité un rôle déterminant dans la prise en charge initiale. En effet, tout retard peut avoir une incidence pronostique péjo- rative immédiate mais aussi retardée par le biais de l’hypoperfusion. Un bilan radiologique initial simple au lit du malade permet de prendre des décisions thérapeutiques urgentes adaptées ce qui lui confère une place de choix en amont du bilan exhaustif indispensable mais plus consommateur de temps.