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4 juillet 1776 - 4 juillet 2015. Les États-Unis d’amérique fêtent les 239 ans de son
indépendance. En Haiti, c’est à la résidence officielle de l’ambassadeur que la
cérémonie de commération s’est déroulée en présence d’un public select composé
du Premier ministre Évans Paul, des membres du cabinet ministériel, des membres
du Corps diplomatique, des autoriés judiciaires et policières, des représentants du
secteur religieux, de la classe politique, de la presse, des candidats à la présidence, et
autres.
» P. 21
» P. 13
»   P. 4
SPORT
JUSTICE
» lire page 10
Le CSPJ boucle
son premier mandat
par Schultz Laurent
Junior
» suite page 5
Les Tigresses
remportent
la Coupe Alix
« Kado » Avin !
par Gérald Bordes
Les dernières leçons de Pamela White
Noclès Débréus
LA GOURDE MALADE DE SES PROTECTEURS
DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 NUMÉRO 31
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
Une curée financière
qui ne dit pas son nom
Le renforcement de la résilience de la population et la protection de l’environnement, axes essentiels du budget 2014-2015,
ne seront que lettre morte. / Photo : pambazuka.org
«
Merci à tous d’être venus ce soir
pour célébrer l’anniversaire de
l’indépendance des États- Unis
d’Amérique. C’est toujours le
jour le plus important de l’ambassade
et pour moi personnellement. C’est
particulièrement émouvant puisque
c’est ma dernière célébration du
jour de l’indépendance en tant
qu’ambassadeur en Haïti».
C’est avec ces mots que madame
Pamela A. white a débuté son dis-
cours de circonstance à l’occasion
des 239 ans de l’indépendance
des États-Unis d’Amérique, après
quarante ans passés au service de
la diplomatie américaine. Madame
White qui doit rendre son badge
au terme de sa mission en Haiti,
se dit très reconnaissante qu’Haïti
soit son dernier pays de service,
parce qu’elle pourra emporter tous
ses souvenirs avec elle et mieux les
ressasser avec l’âge.
Cette cérémonie a été aussi
l’ocasion pour Pamela Anne White
de faire un survol historique des
relations haïtiano-américaines
en passant en revue quelques
brillants ambassadeurs ayant
servi la République étoilée sur la
terre de Dessalines. Elle a surtout
cité en exemple des figures afro-
américaines éminentes telles Colin
Powell et Condoleezza Rice qui ont
servi les États-Unis en Haiti, avant
d’arriver sur Ebenezer D. Basset,
HAÏTI / INDÉPENDANCE AMÉRICAINE
Le Port Lafito ouvre
ses portes !
Par Lionel Edouard
2 | N0
31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015
TRIBUNE
L
a démocratie délibérative et la
démocratie participative sont
des idées extrêmement en
vogue aujourd’hui, en France
aussi bien qu’au Canada, aux Etats-
Unis aussi bien qu’au Brésil. On passe
souvent insensiblement de l’une à
l’autre notion, la démocratie délibéra-
tive étant souvent perçue comme une
sorte de variante contemporaine de
la démocratie participative, mettant
l’accent plus que les variantes plus
anciennes, rousseauiste par exemple,
sur l’exigence de débats argumentés
entre les citoyens.
Pourtant, entre les expériences de
gestion du budget de la munici-
palité de Porto Alegre par les
habitants de la ville (« budget
participatif ») et les débats des
théoriciens du droit américains
sur le sens à donner à la Constitu-
tion de 1787 (amendée et modifiée
de nombreuses fois, mais toujours
en vigueur) et sur le rôle qui doit
être, en conséquence, celui de la
Cour suprême, entre ces expéri-
ences mêmes et les procédures
diverses de concertation ou de
débat public désormais coutu-
mières en France et au Canada,
il y a plus qu’une marge. Surgit
en conséquence l’idée que, sous
une unité qui pourrait n’être que
de façade, seraient en jeu des
conceptions très sensiblement
différentes de ce que veut dire «
délibérer » et « participer » dans
une démocratie.
Malgré une confusion conceptuelle
certaine – mais qui n’est pas plus
propre à ce champ qu’à d’autres
champs en voie de constitution –
les questions posées, en des lieux
et des époques différents et à des
niveaux de la vie politico-sociale
eux-mêmes différents, sont par-
fois étroitement similaires et les
réponses apportées elles-mêmes
fort semblables.
Ainsi, les habitants de Porto
Alegre, censés gérer directement
une partie du budget de leur
ville – une ville de plus d’1 mil-
lion d’habitants, qui en viennent
à se poser la question de savoir
s’ils ne doivent pas abandonner la
pratique des mandats impératifs
donnés aux délégués de leurs dif-
férents quartiers parce que cette
pratique, en rendant impossible
la discussion entre les délégués,
rend aussi impossible la délibéra-
tion sur les meilleures décisions à
prendre en vue de l’intérêt collec-
tif – laquelle requiert, en effet, que
les participants à la discussion
ne se sentent pas absolument liés
par leurs mandataires mais soient
disposés à changer d’avis sous le
coup des arguments échangés avec
les autres délégués – retrouvent
les problèmes qui étaient ceux
mêmes des « Pères Fondateurs »
de l’Amérique, et ceux que Siéyès
en France et Edmund Burke en
Allemagne avaient, à peu près à
la même époque, eux-mêmes for-
mulés.
Sans prétendre vouloir faire une
histoire complète de la notion de
démocratie délibérative, même
à l’époque contemporaine1,
tant celle-ci est déjà ramifiée
et complexe, ni même me livrer
ici à une analyse raisonnée des
usages diversifiés des notions de
délibération et de participation
en ces contextes2, il me semble
instructif de fixer quelques points
de repère historiques pas forcé-
ment très saillants dans la littéra-
ture, pour dégager les traditions
fort sensiblement différentes qui
sont sous-jacentes aux probléma-
tiques diverses du champ et dont
le caractère largement implicite
entraîne des « torsions » dans
les controverses, conduisant à
apprécier de façon parfois surpre-
nante et même à certains égards
franchement paradoxale les
enjeux de la valorisation contem-
poraine de l’idée de démocratie
délibérative.
Le succès contemporain de l’idée
de démocratie délibérative prend
sa source la plus manifeste dans
un texte d’Habermas qui relève
en tant que tel non de la philoso-
phie politique mais – a priori – de
la philosophie morale : les Notes
Programmatiques pour fonder en
raison une Ethique de la discus-
sion, parues en 1983 (et circulant
sous forme miméographiée dès
1982 (Habermas, 1996 [1983])).
Ces Notes ont exercé, à l’évidence,
un rôle majeur dans le renouveau
de l’idée de démocratie délibéra-
tive, mais elles ne l’ont exercé
ni seules ni même en vertu des
développements qu’Habermas ou
les philosophes qui s’en inspirent
leur auraient donnés en philoso-
phie politique.
J
e déteste parler de la Répu-
blique Dominicaine. Non pas
que je déteste les dominicains.
Au contraire. Malgré les sond-
ages alarmants étalant leur solidarité
par rapport aux actions de leurs gou-
vernants dans le dossier de déporta-
tion des haïtiens, je reste convaincu
que nombre d’entre eux sont soit
asphyxiés par la propagande soit
profondément contre l’injustice et
partisans d’une cohabitation insulaire
pacifique et harmonieuse.
Si je ne parle pas de la RD, c’est
surtout par certitude que la faiblesse
de mon propos ne prendra jamais la
mesure de la catastrophe actuelle.
Ni pour la décrire encore moins la
dénoncer. Il est des drames absolus
qu’il convient de taire. Car en ces
circonstances, toute parole inutile
ajoute à la déchéance, l’exacerbe et
la généralise.
Pourquoi des haïtiens sont
aujourd’hui indésirables, spoliés,
maltraités, violés, blessés et tués en
RD ? Pourquoi les puissants de ce
monde étalent leurs impuissances
à coup de dénonciations ou pires,
d’indifférences devant l’une des
violations les plus flagrantes des
droits de la personne humaine et
de sa dignité de cette décennie ?
Pourquoi un état qui méprise le
droit international, expulse des
organisations qui condamnent
ses forfaits, reste impuni dans
un contexte où la lutte contre le
terrorisme et les extrêmes est
partout célébrée ?
Il ne faut pourtant pas se tromper
d’ennemis. À côté des coups de becs
de la volaille vorace, le vers est aussi
dans le fruit et le ronge depuis plus
de deux cents ans, de l’intérieur.
Après avoir regardé, médusé, se
défiler les conséquences de la
propagande, de la manipulation de
l’histoire et des concepts juridiques
à la faveur de la haine de tout un
peuple, de toute l’humanité, nous
devrons en tant que nation cesser
de trainer l’avenir derrière nous
et forger par le travail le destin de
dignité qu’on nous refuse et qu’il
faudra conquérir comme jadis on
l’a fait pour notre indépendance.
Où commencer ?
Il est encore temps de faire de
ces élections une insurrection
civique. Une insurrection contre
l’incompétence érigée en valeur,
l’indécence, l’indifférence,
la corruption, la gabegie, les
folles dépenses de parvenus, la
lâcheté... Un sursaut collectif
pour l’éducation, la croissance,
la participation active dans les
affaires de la cité, la valorisation
du savoir et de l’Université... La
politique seule ne changera pas
Haïti mais un bon leadership peut
congédier la torpeur et galvaniser
cette énergie, aujourd’hui employée
dans le carnaval, vers le progrès et
le développement.
URBANISMEETDROITSHUMAINS
Démocratie délibérative, démocratie
débattante, démocratie participativePar Alban Bouvier / 1ère partie*
Faut-il attaquer la République Dominicaine ?
Par Widlore Mérancourt
L
a piste d’atterrissage et de
décollage 10-28 sera bientôt
réhabilitée. L’entreprise Vorbe
et Fils Construction (V&F) con-
jointement avec Razel, une entreprise
française spécialisée en génie civil
(groupe Fayat), a la charge d’effectuer
ces importants travaux de réhabilita-
tion en profondeur. Selon les infor-
mations, ces firmes de constructions
vont s’attaquer, entre autre, au prob-
lème du sous-sol déclaré impropre à
supporter les charges des gros avions
actuels.
Elle sera élargie à 60 m avec la
construction de deux accotements
de 8.625 m de chaque côté. La voie
de circulation qui canalise le trafic
vers l’aérogare principale, d’une
largeur de 23 m sera élargie à 44 m,
au moyen de l’édification de deux
accotements de 10.5 m à construire
de part et d’autre de la voie.
L’industriel Jean Marie Vorbe, PDG
du Groupe Jean Vorbe a expliqué
que « La piste de cet aéroport a
déjà été rénovée dans le passé.
Haïti n’aurait pas été autorisée par
l’Organisation de l’Aviation Civile
Internationale (OACI), à recevoir
des vols internationaux, si la piste
n’était pas régulièrement mise dans
un état jugé acceptable.
Quand cet aéroport a été mis
en service en 1965, sous le
gouvernement de François Duvalier,
la piste était en béton. En 1988,
l’entreprise française, Fougerolle,
a été chargée de la réhabiliter et
de l’asphalter. Presque trente ans
après, des travaux importants
doivent à nouveau être entrepris ».
Concernant la nature des travaux,
Jean Marie Vorbe a expliqué qu’ils
seront différents de ceux entrepris
au Cap Haïtien, où il s’agissait de la
mise en place de couches d’enrobé
sur la piste d’envol existante ainsi
que sur son prolongement. « Dans
le cas de l’Aéroport International
Toussaint Louverture, il s’agit de
travaux de réhabilitation qui visent
tant les fondations que la chaussée.
Nature des travaux
Le gros des travaux débutera avec
le terrassement au niveau des
accotements et le drainage. Un total
de 738,000 m3 de matériaux est à
excaver ou décaper. La plateforme
recevra 60,000 m3 de remblai. Les
accotements seront construits sur
le remblai avec 30 cm de Granulat
Non Traité (GNT) en couche de
fondation, suivis de 5 cm de
BBSG en couche de nivellement,
et de 5 cm de Béton Bitumineux à
Module Elevé (BBME) en couche
de roulement. C’est au niveau des
accotements que se placeront les
conduits pour l’éclairage de la piste.
162,000 m2 de piste sont à fraiser et
après pontage des fissures, la pente
sera corrigée par une couche de
nivellement en Béton Bitumineux
Semi-Grenu (BBSG). La couche de
roulement qui recevra la peinture
de marquage sera constituée de 5
cm de BBME.
Vu l’intensité du trafic aérien entre
6h00 a.m. et 8h30 p.m, ces travaux
ne pourront se dérouler que durant
la nuit sur une période d’un an.
État actuel du chantier
La phase préparatoire a déjà
débuté, la localisation de la base
est faite. D’ici la semaine du 7
juillet, commenceront les rele-
vés Lidar (Light Detection And
Ranging) de la piste et de la voie
de circulation qui dureront deux
semaines, ainsi qu’une campagne
de carottage et de mesure de
déflexion de la piste. Ces données
permettront de préparer le dos-
sier d’exécution à transmettre à
l’agrément de la mission de con-
trôle. Le Groupe travaille égale-
ment sur les logements, le bureau
ainsi que le laboratoire de la mis-
sion de contrôle.
DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0
31 | 3
ACTUALITÉ
Le grand scepticisme
Noussommesàpresqueunmoisdeslégislatives.
Àquatremoisdesélectionsprésidentielles.
Siauniveaudesétats-majorsdespartisetdesmilitantsprochesonseremueun
peu,auniveaudelagrandemajoritédelapopulation,c’estpresquelagrande
indifférence.
Pasl’indifférenceparrapportauxproblèmesauxquelsnotrepaysestconfronté.
Lecitoyencomprendtrèsbiencequinousmenaceàcourt,moyenetlongterme
avecladécoteaccéléréedelagourde,notreproductionnationalequiseréduità
unepeaudechagrin,lechômagequisévit,notreenvironnementquicontinueà
sedégraderàlavitessegrandVet,biensûrl’insécurité,lecorollairedetousces
problèmes.
C’estuneindifférencenéeduscepticisme.Unscepticismeforgéaprèsdesmois
dedéceptionsaccumuléesaveclafaillitecontinuelledenosdirigeantsetaussi
aveclacertitudeacquisequelacommunautéinternationaletoujourstropim-
pliquéedansleprocessusélectoraleenraisonmêmedeladébâcledenotreÉtat,
semble presque avoir intérêt à notre situation chaotique, à notre refus d’un
fonctionnementnormaldenosinstitutions.
Unscepticismefaceàunconstatàlafoisnavrantetinquiétant.Aucundiscours
laissantentrevoiruneapprocheintelligenteetnovatricedetouscesproblèmesqui
seposentàlanation.L’impressioncommune,c’estquelaplupartdespolitiques
quibriguentnossuffragesnesontenquêtequedepouvoiretdoncdeprivilèges.
Le citoyen comprend bien aujourd’hui qu’il faut aux commandes une équipe
quidirigeavecunagenda purementnational.Uneéquipequipuissedansles
faits rompre avec ces pratiques néfastes qui perdurent et que certains, le bref
momentd’unecampagneélectoral,ontfeintd’attaquerpourseprocurerl’appui
delapopulation.
Nous avons souffert. Nous avons appris à souffrir. On nous a complimentés
pour notre « résilience ». Pour redonner place à l’espoir, pour que nos enfants
aientledroitàlavieetnonàlasurvie,nousauronscertainementàconsentir
dessacrifices.
Sicesélectionsaboutissentàl’installationd’unNOUVEAUpersonnelpolitique.
Maissinechangentquedesnoms,ceseralechapitrefinaldelacomédie.
Le National
ÉditoAéroport Toussaint
Louverture : la piste 10-28
bientôt réhabilitée
L’Aéroport Toussaint Louverture.
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ISABELLE THÉOSMY, WALTER CAMEAU,
SCHULTZ LAURENT JUNIOR
PHOTOGRAPHES :
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CARICATURISTE : FRANCISCO SILVA
DISTRIBUTION : PIERRE PAUL EMMANUEL
ADMINISTRATION : RACHELLE COMPÈRE
•••••••••••••
IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR
LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
HAÏTI-ÉCONOMIE
L
e fonds de démarrage de ce
projet s’élève à environ 80
millions de dollars américains,
précise le président de GB
group, Reuven Bigio qui a lancé cette
cérémonie inaugurale. Au total, ce
sont plus de 150 millions de dollars
qui seront déboursés pour constru-
ire les infrastructures nécessaires au
fonctionnement de cette entreprise.
Plusieurs millions de m3 de
bétons, d’aciers et de remblais ont
été utilisés pour la construction de
ce port moderne dont la longueur
avoisinerait les 320 mètres,
soutient M. Bigio.
Les travaux ont été réalisés grâce à
l’expertise de la firme REPSA, une
filiale de GB group. Cette firme
compte en son sein, explique M.
Bigio, des techniciens haïtiens,
et également des techniciens
internationaux venus monnayer
leur talent en Haïti.
À terme, ce projet qui devra être
un terminal multifonctionnel,
abritera non seulement le port
le plus profond du pays, avec
12 mètres de tirant d’eau et 450
mètres de poste d’amarrage, mais
aussi un Parc industriel, une
chaîne d’hôtel et des espaces de
loisirs. Déjà, cinq navires devront
jeter l’ancre dans ce port, dès
le 5 juillet, se félicite l’homme
d’affaires.
Lafito représente, pour M. Bigio,
un modèle de développement
économique intégré dont les
premiers objectifs sont la création
d’emploi, la production nationale
et la production destinée à
l’exportation, entre autres. « Cette
zone franche est là pour bénéficier
des accords HELP et HOPE qui
viennent d’être renouvelés pour
dix ans par le Sénat Américain
». Ces accords, se félicite Reuven
Biggio, permettent à Haïti de
pouvoir exporter les matières
premières n’importe où à travers
le monde, et d’exporter hors taxes
vers les États Unis.
« Tout s’articulera autour du Port
Lafito, le poumon des échanges
commerciaux, qui devra permettre
au pays d’être compétitif en terme
d’industrie maritime », insiste
M. Bigio. Ce projet a bénéficié
du support de l’État haïtien
qui lui aurait facilité, entre
autres, l’obtention du permis de
fonctionner.
Le chef de l’État, Michel Martelly
qui participait à cette cérémonie
d’inauguration, a salué les per-
sonnalités (physiques et morales)
qui ont participé à la réussite de
ce projet, notamment le groupe
Bigio. L’État haïtien, informe-t-il,
à travers le Fonds de Développe-
ment Industriel (FDI) et la Banque
nationale de crédit qui ont appor-
té respectivement de 2.5 mil-
lions et 1.5 million de dollars, a
également apporté sa contribu-
tion, sans compter la réalisation
du tronçon de route qui facilite
l’accès au site. « Je crois qu’on
peut bâtir un pays, je crois qu’on
a commencé à bâtir un pays.
Avec ce genre d’infrastructure,
on est sûr d’aller de l’avant », a
déclaré le président de la Répub-
lique.
Se donnant un satisfecit pour ce
projet important qui a été réalisé
sous son règne, Michel Martelly,
croit que cet investissement va
avoir des conséquences positives
sur les conditions de vie de la
population. « J’ai eu la chance de
visiter le port de Mariel à Cuba,
financer à hauteur de 600 millions
de dollars via un partenariat avec
le Brésil, le port Lafito est certes
plus petit, mais il va participer
au développement économique et
touristique du pays », soutient-il.
Le chef de l’État croit, par ailleurs,
qu’avec « ces genres de projet qui
peuvent dynamiser l’économie »,
certains problèmes économiques,
comme le déséquilibre de la
gourde par rapport au dollar,
peuvent être résolus. Aussi plaide-
t-il pour plus de projets du genre
à travers tout le pays.
Le projet Lafito global qui
occupera environ 400 carreaux
de terre à termes, offrira aux
potentiels investisseurs toute une
panoplie d’infrastructures telles
que port, eau, électricité à travers
une usine dotée d’une capacité de
25 mégawatts.
4 | N0
31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
Le Port Lafito ouvre ses portes !
Par Lionel Edouard
De nombreuses personnalités gouvernementales, notamment le chef de l’État,
Michel Martelly, le directeur général de l’APN, Alix Célestin, ont assisté, le jeudi 2
juillet 2015, à l’inauguration du projet « Port Lafito » issu d’un partenariat public-
privé.
Photo : J. J. Augustin
HAÏTI/INDÉPENDANCEAMÉRICAINE
Les dernières leçons de Pamela Whitepar Noclès Débréus
» suite de la première page
le premier diplomate noir des
États-Unis qui a été nommé
ambassadeur accrédité en Haiti.
les États-Unis ont partagé le sens
commun de l’Indépendance, a
souligné la diplomate. « Ensemble
Américains et Haïtiens sont
arrivés à mieux comprendre le
sens du mot indépendance. Haïti
a vaillamment combattu pour sa
liberté et en 1804, elle est devenue
la première nation noire libre du
monde entier », précise Anne
Pamela White tout en rapplelant
le rôle qu’avait joué Haïti dans
la lutte pour l’indépendance
américaine avec la participation
de plus de cinq cents Haitiens lors
de la bataille de Savannah, sans
compter ceux-là qui ont pris part
dans la guerre civile des États-
Unis.
S’il est vrai qu’il s’agit de la fête
des États-Unis, Madame White n’a
pas raté l’occasion de passer en
revue la situation socio-politique
d’Haïti. Tout en saluant les efforts
et le leadership du président de
la République, Joseph Michel
Martelly, elle n’a pas manqué de
souligner les points faibles de ce
pouvoir. « Il y a trop de corruption
et un dysfonctionnement du
système judicaire. Trop de gens
manquent de nourriture et trop de
personnes sont au chômage.
Les soins de santé nécessitent
plus d’améliorations et la
qualité de l’éducation doit être
considérablement améliorée », a
lancé la diplomate sous les regards
du conseiller spécial du président
de la République, Grégory Mayard-
Paul et du ministre de l’Éducation
nationale, Nesmy Manigat, en
train d’apprécier du bon vin.
Après avoir mentionné les
faiblesses constatées de ce
pouvoir, Pamela White s’en est
aussi prise à l’oppotion politique
qui se contente de critiquer sans
rien proposer. « Je rappelle aux
opposants systématiques qu’il
y a eu des succès considérables
qui ont été enregistrés au cours
des trois dernières années », dit-
elle en dressant un petit bilan
non exhaustif de réalisation du
régime Tèt Kale, soulignant
l’ouverture de quelques grands
hotels, l’aéroport du Cap, le parc
industriel de Caracol, les progrès
realisés dans le système sanitaire
avec la réduction du taux de
mortalité infantile, la réduction
de la pauvreté, l’investissement ,
le taux de scolarisation et autres.
De son côté, le Premier ministre
qui a parlé au nom du président
de la République, a fait remarquer
que la fête de l’indépendance
américaine symbolise le triomphe
de la liberté et de la démocratie, car
les pères fondateurs américains et
haïtiens avaient partagé les mêmes
idéaux d’autodétermination et
de fraternité ayant conduit à la
formation de l’indépendance
américaine le 4 juillet 1776 et
celle d’Haïti le 1er janvier 1804.
À l’occasion de ces 239 ans, le
premier ministre Paul a jugé
bon de transmettre ses mots
de remerciements au peuple
américain pour les multiples
efforts consentis en Haïti,
notamment au lendemain du
puissant séisme dévastateur du
12 janvier 2010. Il dit souhaiter
en ce sens que Dieu continue à
bénir l’Amérique.
DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0
31 | 5
ACTUALITÉ
L’Ambassadrice américaine, Pamela White. / Photo : J. J. Augustin
Visite de courtoise du Conseiller politique
de l'Ambassade américaine au National
6 | N0
31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
H
ier matin vers 10h notre
journal a reçu la visite de
M Indran Amirthanaya-
gam, conseiller politique à
l’ambassade Américaine. Homme
d’une grande culture, admirateur
de la créativité haïtienne, Mr Indran
Amirthanayagam a échangé pendant
une bonne heure avec le Conseil de
Direction du National autour de sujets
d’importance comme la question hai-
tiano dominicaine, l’environnement,
les médias, etc.
Tout en présentant ses félicitations
au staff du National pour la qualité
du travail effectué en un temps
aussi court, il a tenu à rappeler
comment il était important qu’en
démocratie, plusieurs points de vue
puissent s’exprimer sur la chose
publique pour permettre un débat
ouvert et constructif.
Mr Indran Amirthanayagam a profité
pour rappeler la contribution de
l’ambassade américaine aux échanges
culturels entre les deux pays.
Il nous a appris ainsi la participation
prochaine de trois artistes américains
de renom d’origine haïtienne à
Carifiesta, le grand festival culturel
qui devra se tenir en Haïti au courant
du mois d’aout. Ce sont Riva Precil,
musicienne, Elizabeth Blaz de la
Nouvelle Orléan qui fabrique des
masques et Danielle Georges, une
grande poétesse.
Le Conseiller Politique a profité
de l’occasion aussi pour avoir de
brefs mais fructueux échanges avec
quelques journalistes de la rédaction
du National.
Notre équipe souhaite à Mr Indran
Amirthanayagam un travail fructueux
dans le sens d’un raffermissement
des relations entre nos deux pays
sur une base de respect mutuel dans
l’objectif premier de donner à notre
peuple de nouvelles raisons d’espérer
en un quotidien meilleur.
Plus de deux cents évadés récupérés,
les recherches se poursuiventpar Reynold Aris
HAÏTI/SÉCURITÉ/PNH
La Police nationale d’Haïti (PNH) a appréhendé plus de deux cents évadés de prison, incluant ceux ayant gagné
le maquis suite au séisme du 12 janvier 2010 et ceux de l’évasion spectaculaire du 10 août 2014 à la prison civile
de la Croix-des-Bouquets. C’est ce qu’a annoncé le porte-parole adjoint de la PNH, Garry Desrosiers lors d’une
conférence de presse donnée dans les locaux de la Direction Centrale de la Police judiciaire (DCPJ), le jeudi 2
juillet 2015.
L
es principaux chefs d’accu-
sation retenus contre la majori-
té d’entre ces fugitifs sont
assassinat, viol, trafic illicite
de stupéfiants, kidnapping et voies
de fait. Garry Desrosiers a informé
que les recherches se poursuivent en
vue d’appréhender tous les évadés.
Pour faciliter le travail à la PNH,
le porte-parole adjoint de la PNH
exhorte ainsi les membres de la
population à développer une synergie
avec l’institution policière. Il a
indiqué que lorsqu’ils sont au courant
d’un individu qui a été appréhendé
et qui se retrouve en liberté, en
dehors des procédures légales, suite
à une évasion dans l’un des centres
carcéraux susmentionnés, ils doivent
en informer la Police.
Il s’agit, précise l’inspecteur de
bandits de grand chemin qui sont
impliqués dans des actes d’assassinat.
Il invite la population à considérer
ces évadés qui ont des démêlés avec
la société comme ses ennemis. La
Justice les a sanctionnés pour purger
leur peine à cause de leurs actes
hideux et malhonnêtes.
Quant aux cas d’insécurité enregistrés
ces derniers jours dans certains
quartiers de la Capitale, Garry
Desrosiers se veut rassurant.
La Police, dit-il, a déjà identifié
ces zones, notamment la zone
métropolitaine de Port-au-Prince qui
accuse un grand nombre de victimes.
Vu la densité de la population dans
cet axe géographique et les zones
commerciales, les bandits profitent
de ce vide et imposent leur loi aux
habitants de ces endroits. En dépit
de ce constat, la PNH, dit-il, s’engage
à traquer ces malfrats jusque dans
leurs derniers retranchements. Elle
s’engage ainsi à renforcer sa présence
dans ces espaces géographiques.
Soulignant que la collaboration des
membres de la population demeure
incontournable dans la perspective
de réduction de ces actes de bandit-
isme. Il les invite à collaborer avec
la PNH de manière vigilante. Car, la
Police à elle seule ne peut abattre
cette tâche en stationnant devant
le domicile de chaque compatriote,
voire chaque corridor ou impasse.
Aussi, invite-t-il la population à alert-
er « confidentiellement » la Police
via sa ligne téléphonique qui est
« 3820-1111 » afin de ne pas exposer
leur vie.
En outre, le porte-parole adjoint de la
PNH informe que la DCPJ a déman-
telé un groupe « para policiers» dans
la localité de Rivière Froide (Carre-
four). Ce groupe, dit-il, recrutait des
jeunes en leur promettant d’intégrer
le corps des sapeurs-pompiers et
d’autres unités de la PNH. Il s’agit de
Dieudonne Edmé, Jean Philippe Max-
igène, Eliazer Louis-Juste, Sherley
Wood Marc. Les chefs d’accusation
retenus contre ces présumés bandits,
affirme M. Desrosiers, sont escroque-
rie, faux et usage de faux en écriture
publique, usurpation de titre et asso-
ciation de malfaiteurs. Il a cepen-
dant souligné que la PNH recherche
activement les nommés Estaly Jean
Joseph, Toussaint Jerry (agent de la
25e promotion de la PNH), Peterson
Wood Marc, Cazeau Marc Rodrigue
et Sala Jordanie. Garry Desrosiers a
exhibé les photos de ces jeunes qui
sont âgés de 18 à 30 ans. Contrai-
rement à la PNH, ces jeunes organ-
isent des cérémonies de graduation
en faveur des « para policiers » et en
sont à la 21e promotion.
Bilan
En prélude aux prochaines élections,
la PNH se mobilise. À cet effet, elle
a présenté le bilan des différentes
opérations menées et des dossiers
traités durant la période qui s’étend
du 10 au 30 juin dernier. Le porte-
parole de ladite institution cite
,entre autres, 67 arrestations dont
les motifs sont : crime contre les
biens, assassinat, homicide, port
et détention illégale d’armes à
feu, menaces de mort, agressions
physiques et évasion. Il a en outre
indiqué la confiscation de deux
véhicules, la saisie de quatre armes
à feu et de 15 cartouches, celle de 6
172 kilogrammes de cocaïne et de
35,183 kilogrammes de marijuana.
DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0
31 | 7
ACTUALITÉ
ÉCHO
Dix millions de gourdes
pour aider les déportés
Le gouvernement de la République
dispose d’une enveloppe de
10 millions de gourdes pour
assister des milliers de déportés
en provenance de la République
dominicaine. C’est ce qu’a
annoncé Ariel Henry, ministre de
l’Intérieur, en tournée récemment
à Anse à Pitre. « Fanm deside »,
une organisation locale, a accusé
le gouvernement de faire une
mauvaise gestion du dossier des
rapatriés.
Dondon : le Collectif
des candidats contre
la candidature de Rock
Henry Bastien
Le Collectif des candidats à Dondon
qui regroupe des entités politiques
à savoir OPL, Pitit Dessalines et
Kid prennent position contre
la candidature de Rock Henry
Bastien à la mairie de Dondon. «
Rock Henry, ancien maire de la
commune et membre de PHTK,
n’a pas de décharge et ne peut pas
participer aux prochaines joutes
électorales », a soutenu un membre
du Collectif.
Élection :
Conformément à la loi, le Conseil
électoral provisoire ne peut
réintégrer aucun candidat écarté
dans la course électorale. C’est ce
qu’a déclaré Pierre Louis Aupont,
président du CEP sur un média
privé à Port-au-Prince indiquant
qu’il est toujours possible d’écarter
d’autres candidats qui n’auront pas
répondu totalement aux conditions
requises.
RD, Human Rights
Watch contre les
déportations
La République dominicaine refuse à
des dizaines de milliers de citoyens
leur droit à la nationalité. Le gou-
vernement devrait immédiatement
cesser d’expulser les Dominicains
d’origine haïtienne, et leur per-
mettre de faire valoir leurs droits.
C’est ce qu’a exigé l’organisation de
défense des droits humains, Human
Rights Watch, dans un rapport rendu
public cette semaine. Ce rapport de
48 pages est titré « Nous sommes
dominicains : Privation arbitraire de
la nationalité en République domini-
caine ».
Promouvoir le secteur
de la construction en
Haïti
La 1e Foire de la Construction en
Haïti, « MATCON Haïti 2015 » se
tiendra du 10 au 12 juillet 2015 à
la SONAPI, sous la direction de la «
American Chamber of Commerce in
Haiti » (AmCham-Haïti). Cette foire
poursuit entre autres ces objectifs
: réunir les différents acteurs du
secteur de la construction pour dis-
cuter, apprendre et partager sur les
meilleures pratiques qui ont cours
dans le domaine ; faciliter le dével-
oppement des nouveaux projets de
construction pour la croissance des
ventes et du marché de l’immobilier
et soutenir les compagnies de con-
struction dans leurs efforts visant
à réglementer l’industrie de la con-
struction et à encourager la crois-
sance du secteur.
8 | N0
31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015
MONDE
C
’est un retour en grâce.
Barack Obama a annoncé,
mercredi 1er juillet, le
rétablissement des relations
diplomatiques entre Cuba et les Etats-
Unis. Une nouvelle victoire politique
pour le président américain, après
l’adoption du mariage gay dans tout
le pays, et la validation de sa réforme
de l’assurance-maladie. De fait, était-
ce la meilleure semaine de sa vie ? «
Ma meilleure semaine, je vais vous
dire, a été celle de mon mariage avec
Michelle.
Celles où Malia et Sasha sont nées
ont été d’excellentes semaines
aussi. Un jour, j’ai marqué 27
points dans un match de basket
: j’ai passé une plutôt bonne
semaine », relativise-t-il, cité par
Politico (en anglais), avec humour.
N’empêche, Barack Obama a peut-
être réussi son mandat sur ces
sept derniers jours.
Il valide définitivement
Obamacare
Barack Obama défend ce projet
depuis sa première élection, en
2008. Jeudi 25 juin, la Cour
suprême américaine confirme que
sa réforme de l’assurance-maladie
est conforme à la Constitution des
Etats-Unis.
La question était de savoir si les
6,4 millions d’Américains qui ont
souscrit à une couverture santé sur
le site internet du gouvernement
avaient le droit ou non à un abatte-
ment fiscal de 250 euros mensuels.
Réponse : oui. Une victoire majeure
pour Barack Obama. En novembre
2014, il s’était inquiété que cette
décision de la Cour suprême puisse
mettre en péril l’application d’ «
Obamacare », LA réforme phare de
ses huit années de présidence. Il
n’en est rien, donc.
Promulgué en mars 2010, le texte
prévoit une réforme sans précédent
du système de santé. Il vise à doter
d’une assurance-maladie les 32 mil-
lions (sur 310 millions) de citoyens
américains qui en sont actuelle-
ment privés. « Cette décision de la
Cour suprême est une victoire pour
tous les travailleurs américains,
s’est réjoui Barack Obama. L’accès
à des soins abordables et de qualité
est un droit, pas un privilège. »
Il fait adopter le mariage gay
partout aux Etats-Unis
« L’amour l’emporte. » Vendredi 26
juin, la Cour suprême des Etats-
Unis reconnaît la légalité des mar-
iages des couples homosexuels
dans tous les Etats du pays. Immé-
diatement, le président Obama se
félicite sur Twitter de cette décision
historique. Il salue « un grand pas
dans notre marche vers l’égalité.
Les gays et lesbiennes ont mainte-
nant le droit de se marier, comme
tout le monde. »
La Cour suprême considère aussi
que les 14 Etats américains qui
refusent aujourd’hui d’unir deux
personnes de même sexe doivent
non seulement les marier, mais
en plus reconnaître leur mariage
lorsqu’il a été célébré ailleurs. Dans
la foulée, les partisans du mariage
homosexuel laissent éclater leur
joie et la Maison Blanche s’illumine
aux couleurs de l’arc-en-ciel.
Il chante en hommage aux
victimes de Charleston
Quelques notes pour l’Histoire.
Lors d’une cérémonie en hommage
au pasteur noir et aux huit parois-
siens abattus à Charleston par un
partisan de la suprématie blanche,
Barack Obama a surpris la foule en
entonnant Amazing Grace, l’un des
hymnes chrétiens les plus célèbres.
Le symbole est fort.
Après cette fusillade, pour des
motifs racistes, qui a bouleversé
l’Amérique, le président américain
avait critiqué le port d’arme.
« Une nouvelle fois, des innocents
ont été tués notamment parce que
quelqu’un qui leur en voulait n’a
eu aucun mal à se procurer une
arme », avait-il déclaré. Mais, sur
ce point, le président risque fort de
se heurter à la farouche opposition
du Congrès.
Il rétablit les relations
diplomatiques avec Cuba
« C’est ce à quoi le changement res-
semble. » Quelques jours plus tard,
Barack Obama annonce, mercredi
1er juillet, le rétablissement officiel
des relations diplomatiques avec
Cuba, rompues depuis 1961.
Et appelle le Congrès à lever
l’embargo contre l’île. « Il y a un an,
il aurait pu paraître impossible que
les Etats-Unis puissent à nouveau
lever leurs couleurs au-dessus d’une
ambassade à La Havane », souligne
le président américain. C’est John
Kerry, son secrétaire d’Etat, qui se
rendra cet été sur l’île pour accom-
plir cet acte symbolique.
Les relations diplomatiques seront
donc rétablies dès le 20 juillet, date
à laquelle Cuba rouvrira son ambas-
sade à Washington. Les Etats-Unis,
eux, n’ont pas encore défini de date
pour l’ouverture de leur ambassade
à La Havane. Le processus de rap-
prochement était en route depuis le
mois de décembre. Mais, avec cette
annonce, Barack Obama consolide,
à dix-huit mois de son départ de
la Maison Blanche, l’une des ini-
tiatives majeures de sa politique
étrangère.
Comment Barack Obama a réussi à
redorer son mandat en une semaineSources : francetvinfo.fr
Barack Obama dans le jardin de la Maison Blanche, le 1er juillet, à Washington (Etats-Unis). Photo: JONATHAN ERNST / REUTERS
Mariage gay, Obamacare, réchauffement diplomatique avec Cuba... Le président américain a récemment
enchaîné les victoires politiques marquantes.
DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0
31 | 9
MONDE
L
e nombre de migrants
cubains aux Etats-Unis a
bondi depuis l’annonce du
dégel entre les deux pays fin
2014, un phénomène qui selon des
experts s’explique principalement
par l’incertitude planant autour de
l’évolution de la politique migratoire
américaine vis-à-vis des Cubains.
Selon le département des douanes
américain, 9 371 migrants cubains
sont entrés en territoire américain
entre janvier et mars, soit un bond
de 118 % par rapport à la même
période en 2014.
A l’heure où les deux pays
s’apprêtentàrétablirleursrelations
et rouvrir leurs ambassades, cet
afflux est à mettre en relation avec
« les interrogations qui ont surgi
sur ce qui va arriver au sujet de
la (...) préférence dont bénéficient
les Cubains comme immigrants
aux Etats-Unis », estime Antonio
Aja, directeur du Centre d’études
démographiques de l’Université
de La Havane.
A Cuba, « on dit que la première
mesure qu’ils vont prendre après
le rétablissement des relations
(diplomatiques) entre les Etats-
Unis et Cuba, c’est de supprimer
les aides aux Cubains » émigrés,
assure à l’AFP Orlando Garcia
Herrera, un Cubain de 53 ans
arrivé à Miami mi-juin avec un
passeport espagnol.
Depuis1966,une«loid’ajustement
cubain » offre en effet des facilités
d’installation aux Etats-Unis pour
les émigrants cubains détenteurs
ou non de visa, qui peuvent se
voir proposer un travail et obtenir
une résidence permanente au bout
d’un an.
Malgré le rapprochement en cours,
Washington n’est pas encore
disposé à lever ces privilèges
exceptionnels, alors que La
Havane proteste contre ce qu’elle
voit comme une incitation à l’exil
de ses ressortissants.
Ces huit derniers mois, les garde-
côtes américains ont comptabilisé
2 620 Cubains ayant tenté de
rallier la Floride par la mer,
confirmant un regain déjà observé
en décembre dernier (+117 % par
rapport à décembre 2013) malgré
la pratique américaine dite « pieds
secs, pieds mouillés », qui prévoit
leur rapatriement vers l’île s’ils
sont interceptés en mer.
« On recommence à voir des
embarcations de fortune, de moins
de 6 mètres, avec cinq personnes
à bord qui arrivent dans un état
déplorable », explique à l’AFP
Francisco Figueroa, de Church
World Service, ONG religieuse qui
leur vient en aide.
Un exil ‘vital
Toutefois, constatent les experts,
le franchissement du détroit
de Floride n’est plus la route
privilégiée par les Cubains pour
rejoindre leurs quelque 1,2 million
de compatriotes déjà immigrés
aux Etats-Unis.
La loi migratoire de 2013, qui
assouplit les conditions de voyage
de la plupart des citoyens cubains,
leur permet désormais de transiter
légalement dans des pays tiers
pour franchir ensuite la frontière
américaine au Mexique, et parfois
au Canada.
Ainsi pour l’année fiscale 2014,
17 459 Cubains arrivés aux Etats-
Unis sont passés par le Mexique
alors qu’ils n’étaient que de 6 087
en 2011.
Et ces six derniers mois, le
département des douanes en a
déjà comptabilisé plus de 13 000.
En plus de ces arrivées, les Etats-
Unis accordent chaque année 20
000 visas d’immigration en bonne
et due forme et environ 30 000
visas temporaires (36 500 en
2014) qui ne sont pas toujours
respectés.
Jorge Duany, directeur de
l’institut de recherche cubain
de l’Université internationale
de Floride, estime qu’environ
« 15 000 Cubains dépassent
chaque année les limites de leur
visa touriste » américain.
En autorisant le retour temporaire
ou définitif de Cubains exilés, la
réforme de 2013 visait à redresser
le solde migratoire de Cuba
et tirer profit de la migration
« circulaire ».
Pour M. Aja, l’idée était de
récupérer « de l’argent, des
compétences » et des jeunes
actifs sur une île à la population
vieillissante.
Mais l’expérience est pour l’instant
peu concluante, essentiellement
pour des raisons économiques,
qui ont supplanté les motivations
politiques des migrants.
Carlos, qui a vécu aux Etats-
Unis entre 2001 et 2013 après
avoir gagné la Floride par la mer,
raconte à l’AFP que pour lui l’exil
était « vital ».
« Là-bas, le produit de ton
travail correspond à ce que tu
consommes, alors qu’ici, c’est
une autre histoire », explique ce
gardien d’immeuble revenu à La
Havane pour raisons familiales.
Pour le think tank Migration
Policy, la loi d’ajustement n’est
plus justifiée en ces temps de
rapprochement.
« Maintenant que la détente
est à portée de main » entre les
deux pays, cette « politique qui
récompense ceux qui violent les
termes de leurs visas (...) devrait
nécessiter une révision », estime
l’institut américain.
Un Cubain suit à la télévision l’annonce du rétablissement des relations diplomatique le 1er juillet 2015 à La Havane. / Photo : AFP/AFP
Cuba : en marge du dégel,
les migrants affluent aux Etats-UnisSources : AFP
10 | N0
31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Une curée financière
qui ne dit pas son nomPar Henri Alphonse
Nous n’irons pas par quatre chemins. L’heure est grave. Cette volatilité du taux de change n’augure rien de bon
pour le pays. Des économistes avisés le confirment. Que font donc les pouvoirs publics ?
V
oici venir le temps des antici-
pations négatives, dangere-
uses à souhait pour notre
économie. En 45 jours de
dégringolade incontrôlée – et incon-
trôlable -, le taux de la gourde est
passé ce jeudi 2 juillet écoulé de
48 gourdes début mai à 56 gourdes
pour 1 dollar US à date. Sur chaque
dollar US acheté actuellement, les
détenteurs de monnaie domestique
perdent 8 gourdes.
Un commerçant détaillant, qui
avait acheté un produit à crédit
pour $US 10 et l’avait vendu avec
5% de marge, soit $US 10.50 au
taux de la première semaine du
mois de mai, doit aujourd’hui le
rembourser au taux de 56 gourdes
en enregistrant une perte nette
sur cette transaction. Et plus la
transaction était importante,
plus il perd. Mais soyez sans
inquiétude, cette perte sèche, il
s’empressera de la refiler dare-dare
aux consommateurs livrés à eux-
mêmes. Ce sera comme d’habitude.
Une question se pose alors,
lancinante : et si la dévaluation
sauvage en cours de la monnaie
domestique atteignait le niveau de
60 gourdes pour un dollar ? Et si..
Certaines personnes estimeront
prudent et utile de se précipiter
à leur banque pour garantir
l’intégrité de leur avoir.
Des détenteurs d’épargnes ou d’un
stock en gourdes achèteront des
dollars US à tour de bras sur le
marché des devises, espérant ainsi
ne pas perdre trop de plumes dans
cette incursion improvisée dans la
cour des initiés.
Imperturbable, la Banque de la
République d’Haïti poursuit de
son côté son petit bonhomme
de chemin. Quid de la stratégie
déployée – y en a-t-il ? – pour
juguler une crise qui s’annonce
désastreuse pour les moyennes et
petites bourses ? Motus et bouche
cousue. Par contre, elle ne se fait
pas prier pour publier son taux
de référence en ligne. Le taux de
référence du jour, prend la peine
d’informer la BRH, est calculé
à partir des opérations du jour
ouvré précédent. Mais de quelles
opérations s’agit-il ? Ça, c’est une
toute autre histoire.
Quoiqu’il en soit, ce mercredi
1er juillet, le Service de change
de l’entreprise bancaire publique
a évalué à Gde 52,2739 et
Gde 52,6924, le prix à payer,
respectivement, pour l’achat et la
vente d’un dollar US. Sur le marché
deschanges,c’estbienpluscher:56
gourdes pour un dollar US. Un taux
de change, dira tout économiste,
est un prix presque comme un
autre, qui varie en fonction de
l’offre et de la demande. Il est à
se demander, néanmoins, jusqu’où
il faudra croire à la naturalité
de la mécanique d’un marché
des changes aux soubresauts si
intrigants ?
L’heure est grave, disions-nous,
d’autant plus grave que la marge
de manœuvres des autorités
monétaires est limitée. Réussir à
freiner la chute de la gourde face
au dollar suppose que la Banque
centrale en ait les moyens. A-t-
elle des réserves suffisantes en
devises étrangères à éjecter sur le
théâtre des opérations ? Est-elle
en mesure d’absorber l’excédent de
gourdes en circulation ? D’aucuns
voudraient, jusqu’à preuve du
contraire, – et ce, à la limite même
de l’incrédulité – refuser de croire
que la Banque centrale ait fait
marcher la planche à billets.
Cet exercice pourrait avoir été
imposé par une nette tendance au
déséquilibre budgétaire. Si tel a été
le cas, il en résulterait logiquement
une hausse de l’offre de monnaie
renforçant la dépréciation de la
valeur de la monnaie domestique.
Par-delà les problèmes structurels
L’état de la balance des paiements
extérieurs est certes préoccupant.
La balance du mouvement des
capitaux se fragilise. La balance
commerciale est déficitaire
depuis des années. La production
nationale ne suffit pas à combler
les besoins. C’est là un secret de
polichinelle. On importe la presque
totalité de ce qu’on consomme de
la République dominicaine et des
États-Unis.
Les dépenses somptuaires du
gouvernement pèsent également
de tout leur poids dans la balance.
La plus récente est sans conteste
les millions de gourdes dépensés
pour l’organisation du festival
rap pour garantir la participation
des Lil Wayne et Chris Brown,
exemple on ne peut plus probant.
Et troublant.
La « disparition » de Petrocaribe et,
d’une façon générale, la diminution
del’aideexterneontexercéuneforte
demande de dollars. Le fait, par les
grandes compagnies de téléphonie
mobile, de transférer tout leur
revenu à l’étranger constitue une
ponction non négligeable des
dollars particulièrement issus
des transferts de la diaspora. Les
importateurs traditionnels ne
sont pas en reste dans ce dossier.
Les importations de produits
pétroliers contribuent également
à la pression sur le taux de change.
La conjoncture politique,
notamment la mise en branle du
processus électoral et ses besoins
en financement, la crise socio-
économique en cours, la fixation
d’un taux de change plus élevé par
l’ambassade américaine en Haïti
et le spectre des déportations
massives planifiées par la
République dominicaine - laissant
envisager une probable fermeture
de la frontière et de ce fait la
constitution préalable de stocks de
produitsdominicains–représentent
autant de facteurs aggravants de
la décote de la gourde. Autant de
facteurs également suscitant les
anticipations négatives.
Quelles solutions ?
En valeur totale, tout raisonnement
issu d’une analyse sereine de la
situation devrait normalement
conduire au constat d’un excès
net de demande de dollars sur le
marché des changes. Et puisque,
comme tout l’indique, l’on nous
soumet à un régime de change
flottant, il est logique que les taux
soient aussi volatiles.
Cette volatilité peut être dangereuse
pour bon nombre d’entreprises et
d’investisseurs. C’est d’ailleurs la
meilleure façon, variations de taux
de change obligent, de trucider la
rentabilité d’une entreprise ou d’un
projet. Comment dans de telles
conditions assurer la durabilité
d’opérations de vente de produits
à l’étranger sans pouvoir garantir
une estimation fiable de ses
recettes et des exportations futures.
Tout projet ou potentiel d’ex-
portation, dans les conditions
actuelles, aura un fort pourcentage
de contraintes et d’incertitudes,
parce que trop dépendant de
l’évolution du taux de change,
particulièrement si les coûts
de production sont en monnaie
domestique.
Le budget de l’exercice 2014-
2015, affirment les décideurs,
avait été conçu dans la perspective
« d’apporter des réponses concrètes
par des actions ponctuelles et
spécifiques aux problèmes du pays,
et particulièrement aux couches
les plus vulnérables ».
Une démarche qui risque de passer
à coté de l’objectif, tout comme
le sera celle qui « privilégie des
investissements stratégiques
en vue de l’amélioration de la
production nationale ».
Dans l’urgence, préconisent les
experts, la Banque centrale doit
donner des signaux clairs qu’elle
ne laissera pas le marché se
détériorer d’avantage. Le pourra-
t-elle ? Et le gouvernement doit
aussi prendre des mesures dans le
sens de la réduction des dépenses
non nécessaires. Il faut mettre un
terme à ces dépenses somptuaires.
Et à la spéculation.
Autrement, le renforcement de la
résilience de la population et la
protection de l’environnement,
axes essentiels retenus dans ce
budget, ne seront que lettre morte.
Et à ce rythme, personne ne saurait
prévoir ce que sera demain. À
part, évidemment, les membres
du cercle étroit de ceux qui tirent
les ficelles – et profitent largement
- de cette curée financière qui ne
dit pas son nom.
Se pourrait-il que les autorités de
ce pays n’en aient cure ?
LAGOURDEMALADEDESESPROTECTEURS
» suite de la première page
DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0
31 | 11
ÉCONOMIE
Des mesures incitatives
à l'investissementPar Therno N. A. Sénélus
ÉCONOMIE-INVESTISSEMENT
I
nvestir en Haïti n’a toujours pas
été chose facile. Les conditions
sécuritaires toujours précaires
ont toujours menacé de mettre
en péril les investissements directs
étrangers. Dans une perspective de
régulariser le secteur investisseur,
un code des investissements et une
loi sur les zones franches ont vu le
jour en 2002. Dans ce code, Haïti
offre aux investisseurs un ensemble
de mesures incitatives axées sur la
compétition.
Pour bénéficier des avantages inci-
tatifs, des procédures d’application
sont mises en œuvre par le CFI,
instance chargée de fournir des
informations, la réception et
le traitement des demandes de
mesures incitatives aux fins de
les transférer vers les ministères
chargés de l’analyse technique des
projets.
Le CFI assurera le suivi des
demandes jusqu’à ce que la com-
mission interministérielle des
investissements prenne une déci-
sion administrative. A cet effet,
les formulaires d’application sur
les mesures incitatives sont dis-
ponibles au siège du CFI.
d’éligibilité ?
Pour être éligible, tout candidat
devra « être propriétaire d’une
entreprise enregistrée ou en
cours d’enregistrement en Haïti,
adresser une requête au Directeur
général du CFI accompagnée des
documents relatifs à l’étude de
faisabilité, le plan d’affaires quin-
quennal, la liste détaillée des équi-
pements, matériel et matières pre-
mières à importer, l’autorisation
du ministère du commerce et de
l’industrie, une copie du journal
officiel « Le Moniteur », dans lequel
sont publiés les statuts de la socié-
té et aussi une copie du quotidien
dans lequel l’annonce légale a été
publiée (société en nom collectif et
société en commandite simple) ».
S’agissant d’une entreprise indi-
viduelle, il faut se présenter
avec une copie du certificat
d’enregistrement du nom com-
mercial de l’entreprise, délivré
par le Ministère du commerce et
de l’industrie, ainsi que la carte
d’identification fiscale, la patente,
le quitus fiscal, le bilan d’ouverture
et la déclaration d’impôt sur le
revenu des membres ou parte-
naires du conseil d’administration
de l’entreprise.
de l’investissement ?
On peut ne pas pouvoir investir
dans n’importe quel secteur. Le
CFI donne la priorité au secteur
agricole, artisanal, touristique et
les services associés.
Les investissements seront axés
sur l’exportation et la réexporta-
tion. Il faut au moins 35% d’au
moins de valeur ajoutée pour des
investissements réalisés dans le
cadre de l’industrie nationale et
pour la consommation locale. Les
investissements dans les zones
franches et d’autres secteurs ou
régimes spéciaux sont également
pris en compte. A en croire les
propos du guide de l’investisseur,
le code des investissements de
2002 présentait un ensemble
d’avantages incitatifs, parmi
lesquels, on peut notamment citer
l’exonération totale de l’impôt sur
le revenu sur une période qui ne
devrait pas dépasser 15 ans, la
dépréciation accélérée des biens
immobiliers, de l’équipement, du
matériel, des logiciels et de cer-
taines dépenses.
Lors de la présentation du guide
de l’investisseur, le chef des opéra-
tions de la Banque interaméric-
aine de développement en Haïti,
Gilles Damais, a mis l’accent sur
l’investissement direct étranger.
« Pour générer un développe-
ment économique durable,
le secteur privé doit investir.
L’investissement du secteur privé
favorisera la création d’emploi et
le transfert de compétences pour
le renforcement du capital humain
du pays ». L’attraction des inves-
tissements directs étrangers, a-t-il
ajouté, facilitera « l’accès d’Haïti
aux marchés internationaux et
pourra aussi placer le pays dans
une croissance économique dura-
ble ».
L’ouvrage « le guide de l’investisseur » élaboré par le Centre de facilitation des investissements (CFI) présenté
ce mercredi 1er juillet tombe, selon les observateurs, à point nommé. L’ouvrage propose tout un ensemble
d’outils traitant plusieurs points notamment les procédures relatives à la création d’une entreprise, les mesures
incitatives à l’investissement, la décision de faire affaires en Haïti et fourmille aussi bien de réflexions qui
tournent entre autres autour de l’éducation et les règlementations douanières.
Haïti offre aux investisseurs un ensemble de mesures incitatives axées sur la compétition. / Photo : www.tripadvisor.co.uk
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31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Le Bitcoin, la monnaie 100%
virtuelle qui a le vent en poupe !
Inventé en 2009 par le japonais Satoshi Nakamoto - pseudonyme d’une ou plusieurs personnes s’étant
manifestées pour la dernière fois sur le web en 2010 - , le Bitcoin est en tant que moyen d’échange une monnaie à
part entière, d’ailleurs convertible en euros ou en dollars américains.
TRANSACTIONSVIRTUELLES
V
ia une technologie spécifique
qui passe par un logiciel
développé par le site internet
«bitcoin.org », cette monnaie
est définie par un protocole d’échange
sécurisé comparable à « BitTorrent
» (qui permet l’échange de fichiers
– son, musique, vidéo) en « peer to
peer », c’est-à-dire d’un PC connecté
n’importe où dans le monde à un
autre PC connecté.
L’objectif initial de cette création
est d’établir un réseau de transac-
tions financières décentralisées,
anonymes et sans frais, en con-
currence des transactions identi-
fiées, centralisées et payantes qui
sont réalisées en quasi-oligopole
par Visa, Mastercard ou encore
PayPal.
Il y aurait en 2013 environ 15,000
ordinateurs personnels connectés
ou connectables via les différents
sites d’échange qui se sont créés
parallèlement à « bitcoin.org »
(Mt Gox, Bitcoin Central, Inter-
sango, Bitcoin-24, etc.) et plus de
200,000 transactions auraient été
enregistrées depuis 2009.
Personne ne possède cette mon-
naie virtuelle qui compte actuel-
lement 11 millions d’unités en
circulation, mais tous ceux qui
permettent que leur PC fasse fonc-
tionner le réseau sont à l’occasion
récompensés en Bitcoins. Moyen
d’échange, le Bitcoin n’a pas
les autres fonctions tradition-
nelles d’une monnaie : il n’est ni
mesure de valeur (on ne peut pas
emprunter en Bitcoins), ni réserve
de valeur (des épargnants existent
mais le risque d’interdiction, de
chute des cours Bitcoin/USD, mais
encore et surtout de crashage d’un
disque dur dont tout dépend est
réel).
Lorsqu’un ordinateur se connecte
à réseau ou site d’échange bitcoin,
il peut utiliser un compte (une
adresse Bitcoin) qui comporte par
cryptographie asymétrique une
clé publique (destinée à être trans-
mise et à recevoir des dépôts) et
une clé privée (qui sert à payer).
Une transaction consiste en un
transfert d’un certain montant de
Bitcoins d’un compte à un autre,
mais elle doit toujours être inté-
grée à un bloc de « transactions
», ce qui fait qu’une « preuve de
calcul » et la validation des trans-
actions sont assurées par chaque
utilisateur.
Ce rôle donne lieu à rémunéra-
tion en Bitcoins par tirage au
sort, sachant que les 4 premières
années de fonctionnement 50 BTC
(abréviation de Bitcoins) étaient
émis toutes les 10 minutes (25
à présent puis 2 fois moins tous
les 4 ans selon une pré-program-
mation, le nombre de 21 millions
de Bitcoins comme total maximal
étant également pré-programmé,
ce qui conduira à une inévitable «
déflation » de cette monnaie). Une
adresse Bitcoin est la seule infor-
mation nécessaire (l’anonymat
étant protégé) pour recevoir des
Bitcoins : il n’est donc pas néces-
saire de faire tourner le logiciel.
Chaque partie de transaction
(vendre, acheter) dure environ 10
minutes.
Les Bourses d’échange organisent
notamment les transactions
Bitcoins/USD ou Bitcoins/EUR, et
si ce n’est par carte bleue ou par
Paypal, il est possible d’accéder
à ces Bourses par virement
bancaire.
Un peu comme tout réseau social
de type Second Life (ou même
Facebook), une économie réelle est
en jeu via les Bitcoins : l’hébergeur
de blogs Wordpress accepte les
Bitcoins pour ses services payants
depuis novembre 2012, mais
d’autres types de biens et services
(biens alimentaires, prestations
médicales, produits illicites) ont
fait l’objet et continuent de faire
l’objet de transactions monnayées
en Bitcoins, dès lors qu’un
acheteur de n’importe quel bien ou
service (en Bitcoins) ne demande
qu’une seule chose : rencontrer un
vendeur de n’importe quel bien ou
service (en Bitcoins).
L
e 5 juillet, le peuple grec doit
se prononcer par référendum
sur la dernière proposition
d’accord faite à Athènes par
ses créanciers. Selon les économistes
Paul Krugman et Joseph Stiglitz, il
ferait mieux de voter non et ainsi la
rejeter.
A quelques jours du référendum
en Grèce, deux économistes
américains de haut vol, l’un et
l’autre lauréats du prix Nobel
d’économie, l’un et l’autre
adeptes du néokeynésianisme,
s’impliquent avec force dans le
débat.
Le premier, Paul Krugman, 62
ans, appelle clairement les Grecs
à voter non. « Le gouvernement
devrait être prêt, si nécessaire, à
abandonner l’euro », écrit-il dans
The New York Times, titre dans
lequel il tient une chronique. Le
deuxième, Joseph Stiglitz, 72 ans,
dit simplement, dans un article
publié dans The Guardian, qu’il
sait bien ce qu’il voterait. De toute
évidence, il cocherait la case non
sur le bulletin.
Un pays épuisé
Accepter « les propositions de
la troïka [Union européenne,
Banque centrale européenne et
Fonds monétaire international]»
plongerait la Grèce « dans
une dépression économique
quasiment sans fin », argumente-
t-il. “Peut-être qu’un pays épuisé
– qui aurait vendu tous ses actifs
et dont la jeunesse brillante aurait
émigré – finirait par obtenir une
remise de sa dette. (…) Peut-être
que la Grèce, racornie au point de
devenir une économie à revenu
moyen, finirait par obtenir l’aide
de la Banque mondiale. Tout cela
pourrait peut-être se produire au
cours de la prochaine décennie
ou de la suivante.» Voter non, en
revanche, permettrait au moins à
la Grèce « de prendre son destin
en main » et de se construire un
avenir qui, sans être aussi prospère
que son passé, serait préférable à
« la torture » insupportable qu’elle
subit.
Krugman et Stiglitz font en gros
le même constat : c’est l’austérité
imposée par ses créditeurs qui a
plongé la Grèce dans une crise
aussi profonde. Et c’est encore
la même politique qu’ils lui
proposent aujourd’hui.
« C’est une proposition que le
Premier ministre Alexis Tsipras ne
peut accepter, car cela détruirait
sa raison d’être politique » – et les
interlocuteurs du pays le savent
fort bien, analyse Krugman.
« L’objectif est de pousser Tsipras
à quitter ses fonctions, ce qui
se produira probablement si les
Grecs redoutent la confrontation
avec la troïka au point de voter
oui.»
Stiglitz est encore plus dur : « Les
dirigeants européens révèlent
enfin la vraie nature du conflit
concernant la dette grecque ;
il est question de pouvoir et
de démocratie, bien plus que
d’argent et d’économie ». L’euro
« n’a jamais été un projet très
démocratique », assène-t-il.
« Le modèle économique qui
soutient la zone euro est fondé
sur des relations de pouvoir qui
désavantagent les travailleurs.»
Ce qui se passe aujourd’hui, c’est
« l’antithèse de la démocratie :
nombre de dirigeants européens
veulent simplement en finir
avec le gouvernement de gauche
radicale d’Alexis Tsipras. »
Deux Prix Nobel d'économie
volent au secours de Tsipras
CRISEGRECQUE
DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0
31 | 13
JUSTICE
M
is à part les deux mem-
bres d’office du CSPJ, à
savoir le président de la
cour de cassation, Me.
Jules Cantave et le commissaire du
gouvernement près ladite cour Me.
Tièrce Malette, tous les membres du
CPSJ ont un mandat de trois ans,
selon l’article 8 de la loi du 13 novem-
bre 2007. Environ trois mois avant la
fin officielle des mandats de ses dif-
férents membres, les élections pour
les nouveaux membres du conseil ont
été organisées au sein des organes
désignés par la loi.
Plusieurs membres
reconduits au sein du CSPJ
Au moins trois membres sortants
du CSPJ ont été reconduits. Me.
Jean Étienne Mercier a obtenu de
nouveau le vote de ses pairs dans
l’assemblée des juges de paix.
Les juges de la cour d’appel ont
renouvelé leur confiance en Me. Max
Élibert tandis que les organisations
de droits humains ont choisi
d’attribuer un nouveau mandat de
trois ans à leur représentante, Me.
Dilia Lemaire.
La Fédération des barreaux d’Haïti
(FBH) lors de sa retraite tenue en
avril dernier a réélu Me. Patrice
Cadet, cette fois pour un mandat
de trois ans, après avoir été désigné
en octobre 2013, pour compléter
le mandat de Me. Jacques Letang
qui avait dû laisser le conseil en
raison de la fin de son mandat de
bâtonnier des Coteaux. Le siège du
représentant de l’assemblée des
bâtonniers en exercice aura connu
deux changements en l’espace de
trois ans ce, en raison d’un détail
majeur qui n’a pas été réglé dans
la loi du 13 novembre 2007 créant
le CSPJ. Alors que le mandat d’un
bâtonnier est de deux ans au terme
du décret du 29 mars 1979 sur
la profession d’avocat, le mandat
d’un membre du CSPJ, y compris
le bâtonnier membre dudit conseil,
est de trois ans. Ainsi, la fin des
mandats des bâtonniers Néhémie
Joseph (Gonaïves) et Jacques
Létang (Coteaux) ont tour à tour
obligé la FBH à se choisir de
nouveaux représentants au sein du
CSPJ.
La représentante des juges à la cour
de cassation Me. Wendel Télot Coq
sera vraisemblablement reconduite
par ses pairs et pourrait ainsi prêter
serment le 9 juillet prochain. Quant
à Me. Alix Civil, commissaire du
gouvernement près le tribunal
de première instance (TPI) de
Petit-Goâve qui représentait les
officiers du ministère public en
première instance, il serait sur le
plan d’être remplacé. Le nom de
son remplaçant n’a pas encore été
rendu public.
Aussi, l’une des rares nouvelles têtes
qui intégreront le CSPJ au cours de
son deuxième mandat, c’est le doyen
du tribunal de première instance
de Saint-Marc, Me. Noé Massillon
qui vient remplacer Me. Gustave
Pharaon comme représentant des
juges en première instance. Me.
Massillon, qui a été plébiscité par
ses pairs, deviendra à partir de sa
prestation de serment, le plus jeune
membre du CSPJ.
CSPJ : Des scandales à… la sérénité
Les trois premières années de ce
Conseil auront été marquées à la fois
par des scandales très médiatisés et
des changements importants dans
le mode de fonctionnement de la
magistrature haïtienne.
Ce conseil qui, dans l’esprit du
législateur de 2007, est appelé à
« matérialiser l’indépendance du
pouvoir judiciaire », allait connaitre
par la suite des nouvelles missions
attribuées notamment par la loi du
9 mai 2011 portant révision de la
constitution de 1987.
Cette Loi constitutionnelle fait
intervenir le CSPJ dans un
processus très délicat et aux enjeux
hautement politiques, qui consiste
à choisir les membres du conseil
électoral. L’un des plus grands
calvaires du CSPJ au cours de ces
troisansaété,sansconteste,lechoix
des trois représentants du pouvoir
judiciaire au sein de l’institution
électorale. Le conseil dont la vie
interne a été exposée dans les
médias a dû revenir sur ses choix
dans un contexte où son président
d’alors, Me. Anel Alexis Joseph,
était très critiqué. Ce dossier
relatif à l’institution électorale
provoquera, parmi d’autres, la
démission forcée du président du
CSPJ qui est également le président
de la plus haute instance judiciaire
du pays. Me. Anel Alexis Joseph a
été remplacé par Me. Jules Cantave
qui a prêté serment le 9 mars 2015,
comme président de la Cour de
cassation et du CSPJ.
Dans la foulée de ces scandales et
des malaises internes, le CSPJ a
visiblement gagné en maturité, au
point qu’au cours de ces derniers
jours aucun de ses membres n’est
intervenu dans la presse pour
dénoncer des mésententes internes.
Cette sérénité retrouvée au sein du
conseil ne l’a cependant pas enlevé
définitivement des projecteurs de
la presse notamment en raison de
certaines mesures disciplinaires
spectaculaires prises par ledit
conseil. Parmi ces mesures prises
contre des juges et qui ont eu un
écho dans la presse, on peut citer
les mises en disponibilité des juges
suivants : Me. Fermo Jude Paul
(juge d’instruction au TPI de la
Croix-des-Bouquets), Me. Raymond
Jean Michel (Doyen du TPI de Port-
au-Prince), Me. Ickenson Edumé
(juge d’instruction au TPI de
Port-au-Prince) et Me. Eczéckiel
Vaval (Doyen du TPI des Cayes).
Ce dernier bénéficie du support
de l’Association nationale des
magistrats haïtiens (ANAMAH) qui
juge que la décision du CSPJ à son
encontre est injuste.
Tandis qu’il s’apprête à entamer
son deuxième mandat, le Conseil
supérieur du pouvoir judiciaire
a, entre autres devoirs, celui
de poursuivre le processus de
certification des magistrats de la
République. Aussi pour dynamiser
sontravailetéviterdeschangements
répétés au sein de sa composition,
le CSPJ devrait, selon plus l’un,
faire l’objet d’une nouvelle loi dès
la prochaine législature.
Le CSPJ boucle
son premier mandatpar Eddy Laguerre
Ce 3 juillet 2015 marque la fin du mandat de trois ans des premiers membres du Conseil supérieur du pouvoir
judiciaire (CSPJ). Même si plusieurs changements sont intervenus dans la composition de cette institution créée
par la loi du 13 novembre 2027 - et dont les membres ont pu finalement prêter serment le 3 juillet 2012 - c’est la
première fois que le mandat de tous les membres élus ou désignés arrive à terme. La prestation de serment des
nouveaux membres du Conseil qui devait se tenir ce vendredi, a été reportée en raison du voyage du président
de la République, Michel Martelly et du ministre de la Justice, Pierre-Richard Casimir qui participeent à la 36ème
réunion ordinaire de la CARICOM, tenue à la Barbade. La cérémonie de prestation de serment devrait se ternir le
9 juillet prochain.
Le président de la cour de cassation, Me. Jules Cantave.
Crédit : mangodhaiti.blogspot.com
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31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
«
Mesye !? Pou dat mpa wè
mòn… », s’est exclamé un jeune
haïtien, les yeux rivés vers le
hublot, tandis que l’Airbus
qui le ramenait de Fort Lauderdale
s’apprêtait à atterrir à l’aéroport Tous-
sait Louverture de Port-au-Prince.
Son expression empreinte d’un cer-
tain accent a fait éclater de rire les
passagers. Robert est dans la tren-
taine, il a confié que c’est sa première
visite depuis les 10 ans qu’il a laissé le
pays. De nombreux autres haïtiens y
sont également venus pour visiter leur
famille, pour des raisons spirituelles
ou pour profiter de l’ambiance des
fêtes champêtres estivales.
Robert explique qu’en quittant
le pays en 2005, sous fond de
troubles et de bouleversements
politiques (« opération Bagdad »,
il pensait ne plus jamais y revenir.
Mais cela fait deux ans que le désir
de revoir le pays lui tient.
Cependant, « les nouvelles sur
Haïti sont tellement déprimantes »
que Robert a dû repousser à chaque
fois son projet. C’est seulement
le mois dernier, après le drame à
l’église épiscopale en Caroline du
Sud aux Etats-Unis -soldé par 9
morts- que finalement il s’est fait
une raison. « A ce moment-là, je
me suis rendu compte que l’on n’
est à l’abri nulle part sur terre »,
reconnait-il.
Un homme dans la cinquantaine,
également notre voisin, a déclaré
que c’est après 11 ans qu’il
est revenu en Haïti. Les fêtes
champêtres lui manquent. Mais il
regrette de devoir faire le voyage
avec la peur au ventre et a fustigé,
au passage, les autorités haïtiennes
qui crient sur les toits du monde
« Haïti is open for business », alors
qu’ils sont incapables d’assurer la
sécurité des citoyens.
À ma gauche, un groupe d’une
vingtaine de personnes, composé
principalement de femmes et de
filles protestantes. Elles parlent
de leur mission « spirituelle » en
perspective. Leur cible : Jérémie
pour chasser les « baka » et les
«démons » en vue de « libérer Haïti».
D’autres jeunes parlent de la
cuisine haïtienne, du dossier des
Haïtiens rapatriés, des élections.
Notre vol a duré 1h45 minutes,
mais, pas un moment de répit sans
un récit croustillant des Haïtiens
à bord.
Une fois l’avion atterrit, les
mauvaises habitudes refont
surface. Tous les Haïtiens
veulent sortir en même temps.
Et quand l’hôtesse leur adresse
le traditionnel : « Ladies and
gentlemen please remain seated…
» Un jeune homme rétorque : « E
pa kounnya » Ce qui a provoqué
des commentaires hilarants de
tous les passagers.
J
e me suis retrouvé chez Albert Buron par ennui. Je m’étais dit que la
compagnie du grand homme comme il faut me donnerait quelques sujets
réflexions originales bien que ces jours ci, ce ne sont pas les sujets qui
manquent. Entre les rapatriements, les bulletins de vote imprimés à
Dubaï, les dépenses faramineuses du président de la république lors de ses
déplacements, la question de décharge qui fait couler tant d’encre et de salive,
on a de quoi perdre sa rhétorique. Mais je ne m’attendais pas à plonger ainsi
dans l’univers buronien. C’est vrai qu’il y a longtemps que je ne fréquentais
plus l’homme comme il faut. Je savais qu’il s’était fait oublier, lui, haut cadre
dans une grande administration, comme savent le faire tant de gens chez
nous. On jouit de ses grands privilèges et on espère rester à son poste le plus
longtemps possible sans se faire remarquer.
-Edouard ! Heureux de vous voir après tout ce temps.
Il me donna une chaleureuse accolade, s’empressa d’aller prendre deux
verres et une bouteille de whisky.
-Comment voyez-vous la situation politique ? me demanda-t-il.
Avec Buron, il fallait être prudent. Pour ne pas l’offusquer avec ce qu’il
considérerait comme une ineptie et aussi pour ne pas freiner sa verve.
On apprenait beaucoup en laissant parler un membre aussi éminent
de l’élite haïtienne.
-Un peu brumeux, lui répondis-je, cherchant à rester dans le neutre,
dans la brume.
-Brumeux, c’est vous qui le dites… Moi, je dirais qu’elle foisonne
d’opportunités… intéressantes.
J’attendis qu’il me dévoile le fond de sa pensée.
-Croyez-vous que Medina va nous envoyer une centaine de milliers de
gens ? me demanda-t-il.
-Les dominicains ne sont pas fous, lui dis-je. Ils risquent de se mettre
an banc des nations.
Buron me regarda d’un œil glauque.
-Vous, vous ne connaissez rien aux opportunités. J’ai déjà proposé
plusieurs projets à des organisations caritatives, à l’ONU et à des ONG.
Constructions de camps, de logements, déploiements d’installations
sanitaires. Eau potable aux réfugiés. J’ai même imaginé un projet de
théâtre pour divertir les rapatriés. J’en ai plein d’autres. Jan m fè kòb
apre goudougoudou an !
-C’est ce que vous appelez une opportunité, Buron ?
Buron se versa un verre de whisky.
-Vous connaissez cette chanson, cher ami. Cyclone vini m ap ba w
bonbon.. Cyclone vini m ap ba w bonbon.
-Donc le cyclone serait pour vous une opportunité ? lui demandai-je
d’une voix blanche.
-J’aurais chanté cher ami « Medina fè yo vini m ap ba w bonbon…
J’avais envie de me lever pour partir. Mes jambes tremblaient tant
devant le monstre que je n’y arrivai pas.
-Ici nous les avons vendus pour faire du fric. On nous les renvoie. Nous
ferons encore du fric. Ils sont de l’or, cher ami.
Il se pencha vers moi avec un rictus.
-C’est une affaire d’opportunité, cher ami.
Plus tard, le monstre loin derrière moi, j’entendis sa voix à mes oreilles
« Medina fè yo vini m a ba w bonbon. »
Quand le mal
du pays vous tientpar Vantz Brutus
Les Opportunités
D'Albert Buronpar Gary VICTOR
HAITI-SOCIÉTÉEXIT
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31 | 15
SOCIÉTÉ
P
etite charrette contenant, à
l’intérieur, soit un igloo, soit
un morceau de carton pour
empêcher que la glace fonde
très vite. Des bouteilles de sirop de
différentes couleurs rangées au bord
de la charrette. Mais aussi des cups.
Une râpe fabriquée exclusivement
pour la besogne. C’est avec elle qu’on
pulvérise la glace avant de la mettre
dans le cup pour y ajouter du sirop.
Un homme, mais de nos jours proba-
blement une femme, pousse la petite
charrette. On les reconnait à première
vue. Ou s’ils le veulent, par une petite
cloche ils annoncent leur arrivée. Ils
se positionnent dans des zones stra-
tégiques. Devant les écoles. Sur les
places publiques. Dans les stations de
service… on les appelle marchands de
« fresko ». Ils sont disséminés partout
à travers Port-au-Prince.
Apparemment, ils sont de deux
catégories : ceux qui sont de sim-
ples livreurs qui vendent pour des
compagnies et qui sont rémunérés
au prorata de la vente. Une dame
nous raconte. « iglou a gen pou
1500 gourdes fresko ladann. Si
nou rive vann tout, n’ap touche
250 goud pou jounen an ».
Mais si, diable, ces marchands
de « fresko » ne vendent pas la
totalité de leurs marchandises,
ils ne seront pas bien rémunérés.
Heureusement, le « fresko » se
vend vite à Port-au-Prince. Il fait
encore les délices des enfants.
« chans pou nou se 10 goud fresko
pa nou yo vann, sa pèmèt nou fè
300 dola a fasil avan jounen an
fini », précise la jeune femme qui
accompagne un homme. Celui-ci
a plus d’expériences dans la vente
des « fresko ». « lè w fèk vini, kon-
payi a pa lage yon bwat fresko nan
men w tousuit, men yo mete w ak
yon moun ki gentan fò », ajoute
l’homme. La compagnie s’assure
ainsi de ne rien perdre.
Certaines fois, les employés
auraient voulu démissionner. Ils
déclarent qu’ils sont très mal
payés. Cependant la construction
de la charrette coûte plus de 25
cinq mille gourdes. De ce fait, Ils
se trouvent en situation d’éternels
exploités de la société.
D’autres, au contraire, n’ont
aucun boss. Eux aussi ils sont
de deux types. Ceux de la vielle
école. C’est-à-dire : les marchands
de « fresko » qui vendent sur des
charrettes en bois et, qui dans
le temps, étaient suivis par un
essaim d’abeilles et ceux qui veu-
lent moderniser leur petit busi-
ness en se dotant de charrettes
plutôt en métal. Ces « fresko »
se vendent à 5 gourdes. Si l’on
veut des cacahuètes, l’on donne
10 gourdes. Ils n’ont de compte
à rendre à personne en fin de
journée. Sauf à leurs familles. Ils
peuvent vendre jusqu’à 250 fresko
la journée. Toto vend des « fresko
» à Carrefour depuis plus de 3
ans. Il avait abandonné son com-
merce pour autre chose. Au bout
de quelque temps, il l’a repris.
Depuis six mois, il avoue être très
satisfait. Tout le monde le connait
à Bizoton 53.
Et d’ailleurs, il est candidat au
conseil d’administration de cette
section communale. Il nous parle
de son « fresko ». « li a ap vann
toujou, se paske moun yo konnen
mwen pa gen pwodui chimik nan
fresko a », déclare-t-il. Il a fait
savoir que c’est avec les fruits les
plus appréciés que les marchands
de « fresko » devraient fabriquer
les sirops.
Ainsi peut-on le constater, chaque
sirop a une couleur. Celle-ci ne
provient pas du fruit à base duquel
on le fabrique. On doit y ajouter
de l’essence pour l’agrémenter.
Si l’on peut mélanger plusieurs
essences dans un sirop, le blanc
se fait rien qu’avec de l’anisette ou
liqueur d’anis. « esans sa a spesyal
li menm, li paka melanje ak lòt
koulè yo », a fait savoir toto.
Il constate que le fresko se vend
de mieux en mieux. Il explique
cela par le réchauffement clima-
tique. Plus il fait chaud, plus les
gens ont besoin de quelque chose
de rafraichissant. « chalè a vin
pi cho nan dènye tan sa yo, sa fè
moun achte fresko a plis », expli-
que le quinquagénaire-costaud. Et
il ne cesse de clamer « se janm di
w la, se paske fresko a pa pwodui
chimik ». Toutefois, il ne cache
pas ses regrets quant à certaines
pertes que connait ce produit
dans ses valeurs. « lontan nèg te
konn fè womans ak fresko sou plas
yo wi, men kounya pa gen sa », se
plaint-il.
S’il n’y a plus d’abeilles qui oscil-
lent près des marchands de fresko
de nos jours, raconte toto, cela
n’a rien à voir avec la qualité du
produit. « lontan nou te konn
itilize esans mant. Se li menm
myèl yo renmen paske li santi bon,
li atire yo menm. Men kounya pa
genyen l ankò. Fòk yon moun lite
anpil avan w jwenn li », défend-
il. Il ajoute de surcroit que la
menthe n’apporte rien quant à la
qualité d’un fresko. Sauf un goût
de fraicheur laissé sur la langue.
La tradition des fresko devrait
se perpétuer dans le pays suiv-
ant le point de vue de Toto. Mais
il déplore que des compagnies
exploitent des gens sous prétexte
de sauver ce produit. « gen yon
bann grannèg ki pran fresko a yo
fè bisnis. Yo eksplwate kont kò yo
ti malere, epi yo di se fresko y’ap
sove ».
Entre modernité et exploitationpar Ritzamarum ZETRENNE
HAÏTISOCIÉTÉ/MARCHANDDEFRESKO
Si, dans le pays, certaines pratiques et certains produits tendent à disparaître, il y en a qui existe encore et qui,
semble-t-il, reste en vie malgré l’évolution de la société. Aujourd’hui, les « fresko » par exemple se vendent dans
toutes les rues de la Capitale et dans ses agglomérations. Mais avec un élan vers la modernité qui tue le côté
original et traditionnel du « Fresko » des années 90.
Photo : pixfocus.com
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C
omme l’a fait remarquer
Suzy Castor dans son texte
« l’occupation américaine
d’Haïti, Henri Deschamps»,
de 1922 à 1929, Borno fit voter dix
lois qui restreignirent la liberté de la
presse. À cette époque, fut instituée la
prison préventive contre les journali-
stes. Avec la dictature duvaliérienne,
la censure a été la stratégie gouverne-
mentale pour réduire au silence les
voix protestataires. Les politiques,
les artistes, les journalistes, qui
n’approuvaient pas les modes de gou-
vernance du régime, devaient subir
toutes les formes de répressions ou
partir pour L’exil. Mais, certains citoy-
ens, particulièrement de la presse,
ont pu mener une longue résistance.
Tantôt ouvertement, tantôt dans la
clandestinité.
Les assassinats, les emprisonne-
ments, les censures ont été le
sort pénible de ceux qui menaient
la résistance et le combat pour
l’établissement d’un état de droit.
Le régime Lavalas a offert des
scènes où les libertés d’expression
et de la presse ont été systéma-
tiquement violées. En somme, tout
le 20e siècle fut une période de
censure et de répression contre la
presse.
Mais aussi une période de résis-
tance et de lutte pour le respect
de la liberté d’expression, de la
presse et l’avènement d’un Etat de
droit. Mais, nous sommes encore
aujourd’hui en train de nous
demander que valent les libertés
d’expression et de la presse en
Haïti ?
Les différents rapports du RNDDH
sur la liberté d’expression et
de presse dont « Les libertés
d’expression, d’association et de
réunion en péril en Haïti publiés
le 9 décembre 2013, Plaidoyer
du RNDDH pour le maintien
du rapporteur pour la liberté
d’expression du 22 mars 2013,
et Haïti : Menaces contre les
organisations de défense des droits
humains et la presse du 11 avril
2014 de la POHDH» proposent un
diagnostic de cette problématique
en éclairant l’opinion des acteurs
qui voudraient s’ informer sur la
situation des droits humains en
Haïti.
En effet, le rapport du 9 décembre
2013, présente les dispositions
légales internationales et nationales
sur l’exercice de la liberté
d’expression, d’association et de
réunion. Les articles 19 et 20 de la
déclaration universelle des droits de
l’homme et les articles 28, 28.1, 31
et 31.2 de la Constitution haïtienne
du 29 mars 1987 établissent les
cadres légaux de la jouissance du
droit à la liberté d’expression et
de la presse. Néanmoins, malgré
l’existence de ces cadres normatifs
et légaux, nombreux cas de
violations et de répressions ont été
enregistrés depuis l’avènement du
président Michel Joseph Martelly.
Selon le RNDDH, de 2010 à
2013, vingt quatre cas d’agression
contre les journalistes ont été
enregistrés. Et dans le rapport de
la POHDH il est relaté que des actes
d’intimidation portant atteinte à la
liberté d’expression et d’association
des citoyens ont été des faits
courants dont l’impunité demeure
flagrante aux yeux de la population
haïtienne.
Delaprésentationdecesdocuments
informatifs, il faut retenir que les
libertés d’expression et de la presse
sont systématiquement violées par
les autorités étatiques qui auraient
dû les faire respecter. Dans les
conclusions et les recommandations
du rapport du RNDDH et de celui de
la POHDH, des appels à la vigilance
ont été lancés aux organismes de
défense des droits humains afin
de garantir l’exercice des libertés
d’expression et d’association
indispensables à l’établissement
d’un Etat de droit et à la sauvegarde
des acquis démocratiques. Par
ailleurs, le RNDDH recommandait,
aux autorités étatiques, entre
autres, de cesser les menaces, les
attaques et les intimidations contre
la presse. De respecter le droit à
l’information de la population.
Les faits exposés dans ces rapports
portent à comprendre l’urgence de
s’interroger sur la valeur des libertés
d’expression et de la presse, dans
une société où l’Etat s’est institué en
principal violateur de ces libertés.
Doit-on croire qu’elles doivent
être mises en valeur sans que leur
jouissance ne constitue un obstacle
à l’exercice du pouvoir politique ?
Valent-elles quelque chose quand
elles n’interpellent pas les citoyens
à exercer un droit de contrôle sur
les modes de gouvernance politique
? Ou comme disait Aristote sur
l’amitié en politique, les citoyens
et les journalistes exerçant leur
droit d’expression, auraient-ils
la clémence, la sympathie des
autorités politiques quand ils ne
leur nuisent pas et quand ils se
montrent utiles à leur gouvernance
? Ces interrogations devraient
inviter les citoyens à discuter
sur les rôles qu’ils doivent jouer
dans la définition de ces libertés
et réactualiser les discussions sur
les violations et répressions, les
résistances, les luttes, qui ont déjà
eu lieu sur la question. Les droits
démocratiques ne sont jamais des
acquis définitifs, en raison des
dérives des pouvoirs politiques.
Il s’agit toujours d’un chantier en
construction exposé à toutes les
menaces des pouvoirs publics.
L'urgence de s'interrogerpar CHERISCLER Evens Boukman
HAÏTISOCIÉTÉ/LIBERTÉD’EXPRESSION/PRESSEHAÏTIENNE
SOCIÉTÉ
DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0
31 | 17
CULTURE
Le National : Depuis quelques
années COSAFH anime Regards
Croisés sur la TNH parlez-nous
du contenu et de la réalisation de
cette émission ?
Georges Béleck : Cela fait quatre
ans depuis que COSAFH, la
Comédie sans Frontière d’Haïti,
présente sur la Télévision natio-
nale d’Haïti Regards Croisés. Cette
émission vise à divertir et veut
susciter une prise de conscience
dans la société. Nous ne cherchons
pas seulement à comprendre la
société mais il s’agit surtout de
dire notre manière d’appréhender
certains problèmes handicapant
notre milieu. On ne dénonce pas
on partage de préférence un con-
stat tout en faisant revivre tout
ce qui a bercé notre enfance à
travers des chants, des jeux. Tout
cela nous permet de créer une
ambiance de bonne humeur pour
nos milliers de téléspectateurs qui
nous suivent un peu partout en
Haïti.
Le National : Et comment COSAFH
voit elle la société haïtienne ?
Georges Béleck : La COSAFH est
constituée de plusieurs membres.
Lesquels ont des points de vue
qui diffèrent d’une personne à une
autre. Ainsi la COSAFH n’a pas une
manière unique d’appréhender
les faits sociaux, l’actualité, les
train-train quotidiens. La vue a
des limites. La vision va au-delà
de l’horizon. Et là encore, notre
vision, elle est multiple. Chaque
membre a une famille. Chaque
membre vit dans une microsocié-
té. Donc nous essayons de con-
verger nos dissemblances pour
aller plus facilement vers l’autre
même quand il est différent de
nous. Cette démarche qui nous
pousse vers l’autre nous aide à
l’accepter en dépit des faux- sem-
blants car nous sommes condam-
nés en quelque sorte à cheminer,
à grandir et à vivre ensemble.
Le National : Outre le théâtre, la
COSAFH s’investit dans la télédif-
fusion en Haïti. Pourquoi un tel
choix ?
Georges Béleck : On a fait ce choix,
il faut le comprendre, quelque part
l’écran propulse mieux l’artiste. À
travers un poste de téléviseur ou
de dvd nous pouvons aller à la
rencontre de cet artiste, compren-
dre mieux son cheminement, son
itinéraire. Parce que nous avons
constaté qu’il y a beaucoup de tal-
ents dans le pays et nous avons
décidé de les révéler aux autres.
Le National : Qu’est-ce que vous
allez présenter dans votre spec-
tacle au Palais de l’Art ?
Georges Béleck : La question est à
la fois simple et belle. Parce qu’un
jour quelqu’un m’avait dit c’est
toujours Stella, Madam Piman,
Madan Inclus. Qu’est ce qu’il y a
de problématique ? Mais on a joué
le Cid plus de 400 fois. On contin-
ue à jouer Shakespeare, Marivaux.
On continue à jouer les pièces
célèbres du dramaturge Francké-
tienne. Donc la nouveauté juste-
ment n’est pas le produit en soi,
c’est dans la manière de reprendre
le produit. Et la qualité du sujet ce
n’est pas dans le sujet c’est dans la
manière de le traiter. Et au théâtre
chaque représentation est une
nouvelle représentation. C’est le
regard parfois qui change et non le
produit. À travers Regards Croisés
c’est le rire, la parodie, la carica-
ture c’est un spectacle stand up.
Des humoristes seront debout. Il
y aura plusieurs sketchs. Plus de
20 acteurs seront sur scènes dont
Madan Inclus qui se porte candi-
date ; pour quel poste ? Mais elle
est candidate.
Le National : Parlez-nous des
activités de la COSAFH depuis
votre participation en France et
dans certaines villes de la caraïbe
avec votre pièce fétiche « Haïti cri
d’espoir » ?
Georges Béleck : Il faut dire qu’il
y a une évolution. Cette évolution
est constatée à différents niveaux.
Mis à part le nombre de jeunes qui
se sont inscrits à la COSAFH.
Il y a aussi une évolution dans
les différentes activités que nous
avons implémentées dans notre
institution. Même avant Haïti
cri d’espoir, nous avons concen-
tré l’énergie un peu plus sur les
aspects forts. Nous essayons de
définir une politique culturelle
avec Regards Croisés qui dépend
de la réalité sociale du pays et non
une politique individuelle de la
culture. Cela peut détruire la cul-
ture. Il faut une concertation par
rapport à l’avenir, par rapport aux
réalités, par rapport à la vision
concertée pour combiner l’art et
l’argent pour que l’artiste puisse
vivre de son art. Il faut encourager
les artistes qui sont les artisans
du beau.
Le National : Comment COSAFH
voit-elle l’avenir du théâtre en
Haïti ?
Georges Béleck : Le théâtre peut
transformer la société. Il faut une
autre manière de comprendre la
mission de l’artiste qui est appelé
à changer son milieu. Le théâtre
en Haïti aujourd’hui se résume à
L’ENARTS qui est la seule école
publique qui forme des acteurs,
des metteurs en scène etc.
L’avenir n’est pas demain mais
aujourd’hui affirme un auteur. Si
on veut avoir beaucoup d’acteurs
dans ce domaine, il faut que
l’État investisse dans ce secteur
et dans des infrastructures adé-
quates pour permettre à cet art
de vivre en Haïti. L’avenir passe
par la formation, l’encadrement,
la production et la création. Il faut
nécessairement encourager ces
paramètres.
Une version « live »par Schultz Laurent Junior
L’équipe de COSAFH.
Georges Béleck.
HAÏTI/COSAFH/REGARDSCROISÉS
18 | N0
31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015
CULTURE
Des artistes chantent contre le
racisme des autorités dominicainesPar Schultz Laurent Junior
« Fok dominikin gin
respè pou chak ayisyen
Yo konin se move moune
nou ye yo pran nou pou
sanginè
Fok dominikin respecte
ayisyen
E fok dirijan nou yo
pran konsyans. »
Après « Viejo », composition célè-
bre de Jean-Claude Martineau, «
koralen », décrivant avec réalisme
la tristesse et le désarroi qui plon-
gent dans une angoisse démesurée
nos compatriotes vivant dans les
« bateys », le groupe APKA , un
mouvement socioculturel haï-
tien travaillant pour la promo-
tion de notre langue maternelle
a mis en circulation une nouvelle
chanson : « Fok dominikin ». Ce
morceau interprété par dix sept
jeunes artistes haïtiens issus du
rap créole parmi lesquels : Faya-
man, Double M, Lywes, Ridka,
Annie Alerte, et d’autres, est une
invitation lancée à tous les enfants
d’Haïti Thomas pour protester
énergiquement contre l’arrêt
168/3 de la Cour constitution-
nelle dominicaine.
Cet arrêté vise à déchoir des
dominicains d’ascendance
haïtienne de leur nationalité.
Blessés dans leur orgueil
patriotique, ces artistes ont uni
leurs voix pour dénoncer « cette
mesure injuste qui pose non
seulement un grave problème de
citoyenneté, et de nationalité mais
qui crée après coup un malaise dans
les relations diplomatiques entre
les deux pays », pour reprendre les
réflexions pertinentes de Watson
Denis, professeur d’ Histoire de
la caraïbe dans nos universités.
Les artistes ont exprimé leur
frustration, leur indignation, leur
ras-le-bol contre cette attitude
discriminatoire.
« Devan tout diskrimi-
sayon nap subi nou rele
non
Nou rele fok dominikin
yo konnin se nou ki fos la
Sou min m zile nou ye
met tèt ansanm fok nou
pale
Epanye tot malè pandye.
»
Dans : « Fok dominikin », les
rappeurs ont exprimé leur amour
pour Haïti. Ils élèvent leurs voix
pour faire entendre le cri déchirant
de leurs cœurs blessés, leurs
bleus à l’âme et leurs tourments.
Ils font aussi entendre dans cette
chanson les supplications et les
lamentations de tous ces migrants
rabaissés dans leur dignité
humaine. En même temps, ils
demandent aux haïtiens de croire
en leur identité, de s’unir dans
l’unité qui fait la force.
« Frèm, sèm, ayisyen
chache identite nou
Nou gin lè pa wè jan
dominikin ap imilye nou
An n met tèt ansan m
konsa na jwen n Fyète
nou, na jwen respè nou.»
Ce morceau : « Fok dominikin » est
vidéoclipé et est déjà disponible
sur les réseaux sociaux. Certaines
stations de télévision commencent
à le diffuser pour permettre aux
internautes et au monde en général
de le visualiser. Il s’agit aussi pour
ces artistes de nous sensibiliser
et d’inciter les politiques
d’ici ou d’ailleurs à agir avec
circonspection, tact et modération.
Mais, sans l’ombre d’un doute,
il est déjà trop tard. Des milliers
de dominicains d’ascendance
haïtienne ont déjà laissé le pays du
leader noir Francisco Pena Gomes
pour s’orienter vers un ailleurs
incertain et sans lendemain. Fondé
en 2012, APKA : (An Pale kreyol
Ayisyen) est une organisation
socioculturelle qui travaille à la
valorisation de la culture haïtienne
et de la langue créole en particulier.
Elle regroupe des étudiants, des
intellectuels, des artistes haïtiens
désireux de faire la promotion de
la langue créole. Comme il est écrit
dans leur devise : « Lang nou se
nan m nou, yon lang pou nou tout.
»
Le chanteur Baby Joe
Mon ami Péralte,
J’ai reçu ta lettre cher ami Char-
lemagne Péralte. Je suis ému et
heureux de savoir qu’on pense à
moi. Tout le monde va bien. Mais
personnellement tout va de trav-
ers en moi, contrairement à toi
j’imagine. Car ca fait un bon bout
de temps depuis que j’ai perdu
un manuscrit qui comptait une
cinquantaine de poèmes engagés.
J’étais saoul et je venais de chez
Émile Roumer. C’était son anni-
versaire le 5 février. Et depuis,
je me suis mis à écrire comme
un besoin de grimper aux arbres,
comme dirait Georges Castera,
pour récupérer mes vers égarés je
ne sais où.
Pour ce qui est de l’alcool, tu sais
que je ne pourrais jamais lâcher
mes verres. Je n’ai pas encore lu
le livre du docteur Yves Dorestal
sur Roumain. Antonio Vieux m’en
a parlé. Je tiens à te dire que
Philippe Thoby-Marcelin et moi, on
a prévu de rentrer à Port-au-Prince
un de ces jours.
Cher ami, Charles Baudelaire te
renvoie le bonjour. Mon ami Fran-
çois Borgia Charlemagne Péralte,
tu aurais eu 130 ans le 10 octobre
de cette année 2015. Quand les
américains t’ont exécuté le 31 octo-
bre 1919 près de la grande-rivière-
froide-du-nord, J’étais triste même
au bout de mes ongles. Pour cela,
je t’ai composé un long poème. Ah,
tu es mort comme un christ. Laisse-
moi te dire que Conzé n’a pas été le
dernier des «CONZÉ». Car le pays
en a plein, jusqu’à aujourd’hui. J’ai
envie de dire au peuple haïtien, «
indignez-vous » comme Stéphane
Hessel.
« J’avais imaginé autrement
l’abime. Je n’aurais jamais pensé
que l’intensité me rendrait si fri-
able, démantelé par des pensées
et des mots étrangers à moi-même.
Je ne suis nulle part». Je l’ai dit
comme Évelyne Trouillot dans
«Islande» juste pour te parler un
peu du néant, ce moelleux hamac
qu’il est. C’est aussi une façon de
te dire que les publications de ces
jours ne me sont pas étrangères.
Je compte bien me procurer des
romans : Le bout du monde est une
fenêtre d’Emmelie Prophète, Bain
de lune de Yanick Lahens… J’estime
que Bonel Auguste est un poète
accompli. Il ya des écrivains, entre
autres, qu’on pas assez rendu jus-
tice et qu’on ne lit pas assez. Jean-
Euphèle Milcé, par exemple, est de
ces écrivains-là. As-tu déjà lu «Les
jardins naissent» de ce dernier?
Le révolutionnaire Péralte, je con-
state que ta lettre n’a pas été datée.
Moi non plus, je n’ai pas l’intention
de le faire. Nous avons tous les deux
horreur de cette date qui marque le
centenaire de l’occupation améri-
caine d’Haïti. Camarade, je suis
un peu pris, et surtout Je viens à
peine de prendre une douche pour
aller voir les frères Nau. On con-
tinuera à discuter mon cher ami.
Tiens bon!
Affectueusement Ton ami Carl
Brouard
Billet à Charlemagne PéraltePar Carl-Henry Pierre
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Le progressiste n° 2113
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N47
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  • 1. 4 juillet 1776 - 4 juillet 2015. Les États-Unis d’amérique fêtent les 239 ans de son indépendance. En Haiti, c’est à la résidence officielle de l’ambassadeur que la cérémonie de commération s’est déroulée en présence d’un public select composé du Premier ministre Évans Paul, des membres du cabinet ministériel, des membres du Corps diplomatique, des autoriés judiciaires et policières, des représentants du secteur religieux, de la classe politique, de la presse, des candidats à la présidence, et autres. » P. 21 » P. 13 »   P. 4 SPORT JUSTICE » lire page 10 Le CSPJ boucle son premier mandat par Schultz Laurent Junior » suite page 5 Les Tigresses remportent la Coupe Alix « Kado » Avin ! par Gérald Bordes Les dernières leçons de Pamela White Noclès Débréus LA GOURDE MALADE DE SES PROTECTEURS DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 NUMÉRO 31 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ Une curée financière qui ne dit pas son nom Le renforcement de la résilience de la population et la protection de l’environnement, axes essentiels du budget 2014-2015, ne seront que lettre morte. / Photo : pambazuka.org « Merci à tous d’être venus ce soir pour célébrer l’anniversaire de l’indépendance des États- Unis d’Amérique. C’est toujours le jour le plus important de l’ambassade et pour moi personnellement. C’est particulièrement émouvant puisque c’est ma dernière célébration du jour de l’indépendance en tant qu’ambassadeur en Haïti». C’est avec ces mots que madame Pamela A. white a débuté son dis- cours de circonstance à l’occasion des 239 ans de l’indépendance des États-Unis d’Amérique, après quarante ans passés au service de la diplomatie américaine. Madame White qui doit rendre son badge au terme de sa mission en Haiti, se dit très reconnaissante qu’Haïti soit son dernier pays de service, parce qu’elle pourra emporter tous ses souvenirs avec elle et mieux les ressasser avec l’âge. Cette cérémonie a été aussi l’ocasion pour Pamela Anne White de faire un survol historique des relations haïtiano-américaines en passant en revue quelques brillants ambassadeurs ayant servi la République étoilée sur la terre de Dessalines. Elle a surtout cité en exemple des figures afro- américaines éminentes telles Colin Powell et Condoleezza Rice qui ont servi les États-Unis en Haiti, avant d’arriver sur Ebenezer D. Basset, HAÏTI / INDÉPENDANCE AMÉRICAINE Le Port Lafito ouvre ses portes ! Par Lionel Edouard
  • 2. 2 | N0 31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 TRIBUNE L a démocratie délibérative et la démocratie participative sont des idées extrêmement en vogue aujourd’hui, en France aussi bien qu’au Canada, aux Etats- Unis aussi bien qu’au Brésil. On passe souvent insensiblement de l’une à l’autre notion, la démocratie délibéra- tive étant souvent perçue comme une sorte de variante contemporaine de la démocratie participative, mettant l’accent plus que les variantes plus anciennes, rousseauiste par exemple, sur l’exigence de débats argumentés entre les citoyens. Pourtant, entre les expériences de gestion du budget de la munici- palité de Porto Alegre par les habitants de la ville (« budget participatif ») et les débats des théoriciens du droit américains sur le sens à donner à la Constitu- tion de 1787 (amendée et modifiée de nombreuses fois, mais toujours en vigueur) et sur le rôle qui doit être, en conséquence, celui de la Cour suprême, entre ces expéri- ences mêmes et les procédures diverses de concertation ou de débat public désormais coutu- mières en France et au Canada, il y a plus qu’une marge. Surgit en conséquence l’idée que, sous une unité qui pourrait n’être que de façade, seraient en jeu des conceptions très sensiblement différentes de ce que veut dire « délibérer » et « participer » dans une démocratie. Malgré une confusion conceptuelle certaine – mais qui n’est pas plus propre à ce champ qu’à d’autres champs en voie de constitution – les questions posées, en des lieux et des époques différents et à des niveaux de la vie politico-sociale eux-mêmes différents, sont par- fois étroitement similaires et les réponses apportées elles-mêmes fort semblables. Ainsi, les habitants de Porto Alegre, censés gérer directement une partie du budget de leur ville – une ville de plus d’1 mil- lion d’habitants, qui en viennent à se poser la question de savoir s’ils ne doivent pas abandonner la pratique des mandats impératifs donnés aux délégués de leurs dif- férents quartiers parce que cette pratique, en rendant impossible la discussion entre les délégués, rend aussi impossible la délibéra- tion sur les meilleures décisions à prendre en vue de l’intérêt collec- tif – laquelle requiert, en effet, que les participants à la discussion ne se sentent pas absolument liés par leurs mandataires mais soient disposés à changer d’avis sous le coup des arguments échangés avec les autres délégués – retrouvent les problèmes qui étaient ceux mêmes des « Pères Fondateurs » de l’Amérique, et ceux que Siéyès en France et Edmund Burke en Allemagne avaient, à peu près à la même époque, eux-mêmes for- mulés. Sans prétendre vouloir faire une histoire complète de la notion de démocratie délibérative, même à l’époque contemporaine1, tant celle-ci est déjà ramifiée et complexe, ni même me livrer ici à une analyse raisonnée des usages diversifiés des notions de délibération et de participation en ces contextes2, il me semble instructif de fixer quelques points de repère historiques pas forcé- ment très saillants dans la littéra- ture, pour dégager les traditions fort sensiblement différentes qui sont sous-jacentes aux probléma- tiques diverses du champ et dont le caractère largement implicite entraîne des « torsions » dans les controverses, conduisant à apprécier de façon parfois surpre- nante et même à certains égards franchement paradoxale les enjeux de la valorisation contem- poraine de l’idée de démocratie délibérative. Le succès contemporain de l’idée de démocratie délibérative prend sa source la plus manifeste dans un texte d’Habermas qui relève en tant que tel non de la philoso- phie politique mais – a priori – de la philosophie morale : les Notes Programmatiques pour fonder en raison une Ethique de la discus- sion, parues en 1983 (et circulant sous forme miméographiée dès 1982 (Habermas, 1996 [1983])). Ces Notes ont exercé, à l’évidence, un rôle majeur dans le renouveau de l’idée de démocratie délibéra- tive, mais elles ne l’ont exercé ni seules ni même en vertu des développements qu’Habermas ou les philosophes qui s’en inspirent leur auraient donnés en philoso- phie politique. J e déteste parler de la Répu- blique Dominicaine. Non pas que je déteste les dominicains. Au contraire. Malgré les sond- ages alarmants étalant leur solidarité par rapport aux actions de leurs gou- vernants dans le dossier de déporta- tion des haïtiens, je reste convaincu que nombre d’entre eux sont soit asphyxiés par la propagande soit profondément contre l’injustice et partisans d’une cohabitation insulaire pacifique et harmonieuse. Si je ne parle pas de la RD, c’est surtout par certitude que la faiblesse de mon propos ne prendra jamais la mesure de la catastrophe actuelle. Ni pour la décrire encore moins la dénoncer. Il est des drames absolus qu’il convient de taire. Car en ces circonstances, toute parole inutile ajoute à la déchéance, l’exacerbe et la généralise. Pourquoi des haïtiens sont aujourd’hui indésirables, spoliés, maltraités, violés, blessés et tués en RD ? Pourquoi les puissants de ce monde étalent leurs impuissances à coup de dénonciations ou pires, d’indifférences devant l’une des violations les plus flagrantes des droits de la personne humaine et de sa dignité de cette décennie ? Pourquoi un état qui méprise le droit international, expulse des organisations qui condamnent ses forfaits, reste impuni dans un contexte où la lutte contre le terrorisme et les extrêmes est partout célébrée ? Il ne faut pourtant pas se tromper d’ennemis. À côté des coups de becs de la volaille vorace, le vers est aussi dans le fruit et le ronge depuis plus de deux cents ans, de l’intérieur. Après avoir regardé, médusé, se défiler les conséquences de la propagande, de la manipulation de l’histoire et des concepts juridiques à la faveur de la haine de tout un peuple, de toute l’humanité, nous devrons en tant que nation cesser de trainer l’avenir derrière nous et forger par le travail le destin de dignité qu’on nous refuse et qu’il faudra conquérir comme jadis on l’a fait pour notre indépendance. Où commencer ? Il est encore temps de faire de ces élections une insurrection civique. Une insurrection contre l’incompétence érigée en valeur, l’indécence, l’indifférence, la corruption, la gabegie, les folles dépenses de parvenus, la lâcheté... Un sursaut collectif pour l’éducation, la croissance, la participation active dans les affaires de la cité, la valorisation du savoir et de l’Université... La politique seule ne changera pas Haïti mais un bon leadership peut congédier la torpeur et galvaniser cette énergie, aujourd’hui employée dans le carnaval, vers le progrès et le développement. URBANISMEETDROITSHUMAINS Démocratie délibérative, démocratie débattante, démocratie participativePar Alban Bouvier / 1ère partie* Faut-il attaquer la République Dominicaine ? Par Widlore Mérancourt
  • 3. L a piste d’atterrissage et de décollage 10-28 sera bientôt réhabilitée. L’entreprise Vorbe et Fils Construction (V&F) con- jointement avec Razel, une entreprise française spécialisée en génie civil (groupe Fayat), a la charge d’effectuer ces importants travaux de réhabilita- tion en profondeur. Selon les infor- mations, ces firmes de constructions vont s’attaquer, entre autre, au prob- lème du sous-sol déclaré impropre à supporter les charges des gros avions actuels. Elle sera élargie à 60 m avec la construction de deux accotements de 8.625 m de chaque côté. La voie de circulation qui canalise le trafic vers l’aérogare principale, d’une largeur de 23 m sera élargie à 44 m, au moyen de l’édification de deux accotements de 10.5 m à construire de part et d’autre de la voie. L’industriel Jean Marie Vorbe, PDG du Groupe Jean Vorbe a expliqué que « La piste de cet aéroport a déjà été rénovée dans le passé. Haïti n’aurait pas été autorisée par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), à recevoir des vols internationaux, si la piste n’était pas régulièrement mise dans un état jugé acceptable. Quand cet aéroport a été mis en service en 1965, sous le gouvernement de François Duvalier, la piste était en béton. En 1988, l’entreprise française, Fougerolle, a été chargée de la réhabiliter et de l’asphalter. Presque trente ans après, des travaux importants doivent à nouveau être entrepris ». Concernant la nature des travaux, Jean Marie Vorbe a expliqué qu’ils seront différents de ceux entrepris au Cap Haïtien, où il s’agissait de la mise en place de couches d’enrobé sur la piste d’envol existante ainsi que sur son prolongement. « Dans le cas de l’Aéroport International Toussaint Louverture, il s’agit de travaux de réhabilitation qui visent tant les fondations que la chaussée. Nature des travaux Le gros des travaux débutera avec le terrassement au niveau des accotements et le drainage. Un total de 738,000 m3 de matériaux est à excaver ou décaper. La plateforme recevra 60,000 m3 de remblai. Les accotements seront construits sur le remblai avec 30 cm de Granulat Non Traité (GNT) en couche de fondation, suivis de 5 cm de BBSG en couche de nivellement, et de 5 cm de Béton Bitumineux à Module Elevé (BBME) en couche de roulement. C’est au niveau des accotements que se placeront les conduits pour l’éclairage de la piste. 162,000 m2 de piste sont à fraiser et après pontage des fissures, la pente sera corrigée par une couche de nivellement en Béton Bitumineux Semi-Grenu (BBSG). La couche de roulement qui recevra la peinture de marquage sera constituée de 5 cm de BBME. Vu l’intensité du trafic aérien entre 6h00 a.m. et 8h30 p.m, ces travaux ne pourront se dérouler que durant la nuit sur une période d’un an. État actuel du chantier La phase préparatoire a déjà débuté, la localisation de la base est faite. D’ici la semaine du 7 juillet, commenceront les rele- vés Lidar (Light Detection And Ranging) de la piste et de la voie de circulation qui dureront deux semaines, ainsi qu’une campagne de carottage et de mesure de déflexion de la piste. Ces données permettront de préparer le dos- sier d’exécution à transmettre à l’agrément de la mission de con- trôle. Le Groupe travaille égale- ment sur les logements, le bureau ainsi que le laboratoire de la mis- sion de contrôle. DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0 31 | 3 ACTUALITÉ Le grand scepticisme Noussommesàpresqueunmoisdeslégislatives. Àquatremoisdesélectionsprésidentielles. Siauniveaudesétats-majorsdespartisetdesmilitantsprochesonseremueun peu,auniveaudelagrandemajoritédelapopulation,c’estpresquelagrande indifférence. Pasl’indifférenceparrapportauxproblèmesauxquelsnotrepaysestconfronté. Lecitoyencomprendtrèsbiencequinousmenaceàcourt,moyenetlongterme avecladécoteaccéléréedelagourde,notreproductionnationalequiseréduità unepeaudechagrin,lechômagequisévit,notreenvironnementquicontinueà sedégraderàlavitessegrandVet,biensûrl’insécurité,lecorollairedetousces problèmes. C’estuneindifférencenéeduscepticisme.Unscepticismeforgéaprèsdesmois dedéceptionsaccumuléesaveclafaillitecontinuelledenosdirigeantsetaussi aveclacertitudeacquisequelacommunautéinternationaletoujourstropim- pliquéedansleprocessusélectoraleenraisonmêmedeladébâcledenotreÉtat, semble presque avoir intérêt à notre situation chaotique, à notre refus d’un fonctionnementnormaldenosinstitutions. Unscepticismefaceàunconstatàlafoisnavrantetinquiétant.Aucundiscours laissantentrevoiruneapprocheintelligenteetnovatricedetouscesproblèmesqui seposentàlanation.L’impressioncommune,c’estquelaplupartdespolitiques quibriguentnossuffragesnesontenquêtequedepouvoiretdoncdeprivilèges. Le citoyen comprend bien aujourd’hui qu’il faut aux commandes une équipe quidirigeavecunagenda purementnational.Uneéquipequipuissedansles faits rompre avec ces pratiques néfastes qui perdurent et que certains, le bref momentd’unecampagneélectoral,ontfeintd’attaquerpourseprocurerl’appui delapopulation. Nous avons souffert. Nous avons appris à souffrir. On nous a complimentés pour notre « résilience ». Pour redonner place à l’espoir, pour que nos enfants aientledroitàlavieetnonàlasurvie,nousauronscertainementàconsentir dessacrifices. Sicesélectionsaboutissentàl’installationd’unNOUVEAUpersonnelpolitique. Maissinechangentquedesnoms,ceseralechapitrefinaldelacomédie. Le National ÉditoAéroport Toussaint Louverture : la piste 10-28 bientôt réhabilitée L’Aéroport Toussaint Louverture.
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 2, DELMAS 40 B EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 4611-1010 / 3214-5554 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. SA DIRECTEUR : JEAN GARDY LORCY PUBLICITÉ: SASKIA P.L.MICHEL DIRECTION ARTISTIQUE : FABRICE LAFLEUR RÉDACTEUR EN CHEF : GARY VICTOR RÉDACTEUR EN CHEF ADJ : HENRI ALPHONSE SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : JACQUES DESROSIERS JDESROSIERS@LENATIONAL.HT CONSEILLER À LA RÉDACTION : PIERRE CLITANDRE SECTION ACTUALITÉ : LIONEL EDOUARD SECTION CULTURE : DANGELO NÉARD SECTION ECONOMIE : HENRI ALPHONSE SECTION SPORTS : GERALD BORDES SECTION SOCIÉTÉ : JOE ANTOINE JN-BAPTISTE RÉDACTEURS : NOCLÈS DEBRÉUS, CADET JEAN MICHEL, STÉPHANIE BALMIR, EDDY LAGUERRE, VANTZ BRUTUS, KENSON DÉSIR, MONDÉSIR JEAN BILLY, REYNOLD ARIS, ISABELLE THÉOSMY, WALTER CAMEAU, SCHULTZ LAURENT JUNIOR PHOTOGRAPHES : JEAN JACQUES AUGUSTIN, RUBEN CHÉRY CORRECTEURS : JEAN ERIC FOUCHÉ, FRANTZ CLERGÉ GRAPHISTE : JUNIOR ADME CARICATURISTE : FRANCISCO SILVA DISTRIBUTION : PIERRE PAUL EMMANUEL ADMINISTRATION : RACHELLE COMPÈRE ••••••••••••• IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A HAÏTI-ÉCONOMIE L e fonds de démarrage de ce projet s’élève à environ 80 millions de dollars américains, précise le président de GB group, Reuven Bigio qui a lancé cette cérémonie inaugurale. Au total, ce sont plus de 150 millions de dollars qui seront déboursés pour constru- ire les infrastructures nécessaires au fonctionnement de cette entreprise. Plusieurs millions de m3 de bétons, d’aciers et de remblais ont été utilisés pour la construction de ce port moderne dont la longueur avoisinerait les 320 mètres, soutient M. Bigio. Les travaux ont été réalisés grâce à l’expertise de la firme REPSA, une filiale de GB group. Cette firme compte en son sein, explique M. Bigio, des techniciens haïtiens, et également des techniciens internationaux venus monnayer leur talent en Haïti. À terme, ce projet qui devra être un terminal multifonctionnel, abritera non seulement le port le plus profond du pays, avec 12 mètres de tirant d’eau et 450 mètres de poste d’amarrage, mais aussi un Parc industriel, une chaîne d’hôtel et des espaces de loisirs. Déjà, cinq navires devront jeter l’ancre dans ce port, dès le 5 juillet, se félicite l’homme d’affaires. Lafito représente, pour M. Bigio, un modèle de développement économique intégré dont les premiers objectifs sont la création d’emploi, la production nationale et la production destinée à l’exportation, entre autres. « Cette zone franche est là pour bénéficier des accords HELP et HOPE qui viennent d’être renouvelés pour dix ans par le Sénat Américain ». Ces accords, se félicite Reuven Biggio, permettent à Haïti de pouvoir exporter les matières premières n’importe où à travers le monde, et d’exporter hors taxes vers les États Unis. « Tout s’articulera autour du Port Lafito, le poumon des échanges commerciaux, qui devra permettre au pays d’être compétitif en terme d’industrie maritime », insiste M. Bigio. Ce projet a bénéficié du support de l’État haïtien qui lui aurait facilité, entre autres, l’obtention du permis de fonctionner. Le chef de l’État, Michel Martelly qui participait à cette cérémonie d’inauguration, a salué les per- sonnalités (physiques et morales) qui ont participé à la réussite de ce projet, notamment le groupe Bigio. L’État haïtien, informe-t-il, à travers le Fonds de Développe- ment Industriel (FDI) et la Banque nationale de crédit qui ont appor- té respectivement de 2.5 mil- lions et 1.5 million de dollars, a également apporté sa contribu- tion, sans compter la réalisation du tronçon de route qui facilite l’accès au site. « Je crois qu’on peut bâtir un pays, je crois qu’on a commencé à bâtir un pays. Avec ce genre d’infrastructure, on est sûr d’aller de l’avant », a déclaré le président de la Répub- lique. Se donnant un satisfecit pour ce projet important qui a été réalisé sous son règne, Michel Martelly, croit que cet investissement va avoir des conséquences positives sur les conditions de vie de la population. « J’ai eu la chance de visiter le port de Mariel à Cuba, financer à hauteur de 600 millions de dollars via un partenariat avec le Brésil, le port Lafito est certes plus petit, mais il va participer au développement économique et touristique du pays », soutient-il. Le chef de l’État croit, par ailleurs, qu’avec « ces genres de projet qui peuvent dynamiser l’économie », certains problèmes économiques, comme le déséquilibre de la gourde par rapport au dollar, peuvent être résolus. Aussi plaide- t-il pour plus de projets du genre à travers tout le pays. Le projet Lafito global qui occupera environ 400 carreaux de terre à termes, offrira aux potentiels investisseurs toute une panoplie d’infrastructures telles que port, eau, électricité à travers une usine dotée d’une capacité de 25 mégawatts. 4 | N0 31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 ACTUALITÉ Le Port Lafito ouvre ses portes ! Par Lionel Edouard De nombreuses personnalités gouvernementales, notamment le chef de l’État, Michel Martelly, le directeur général de l’APN, Alix Célestin, ont assisté, le jeudi 2 juillet 2015, à l’inauguration du projet « Port Lafito » issu d’un partenariat public- privé. Photo : J. J. Augustin
  • 5. HAÏTI/INDÉPENDANCEAMÉRICAINE Les dernières leçons de Pamela Whitepar Noclès Débréus » suite de la première page le premier diplomate noir des États-Unis qui a été nommé ambassadeur accrédité en Haiti. les États-Unis ont partagé le sens commun de l’Indépendance, a souligné la diplomate. « Ensemble Américains et Haïtiens sont arrivés à mieux comprendre le sens du mot indépendance. Haïti a vaillamment combattu pour sa liberté et en 1804, elle est devenue la première nation noire libre du monde entier », précise Anne Pamela White tout en rapplelant le rôle qu’avait joué Haïti dans la lutte pour l’indépendance américaine avec la participation de plus de cinq cents Haitiens lors de la bataille de Savannah, sans compter ceux-là qui ont pris part dans la guerre civile des États- Unis. S’il est vrai qu’il s’agit de la fête des États-Unis, Madame White n’a pas raté l’occasion de passer en revue la situation socio-politique d’Haïti. Tout en saluant les efforts et le leadership du président de la République, Joseph Michel Martelly, elle n’a pas manqué de souligner les points faibles de ce pouvoir. « Il y a trop de corruption et un dysfonctionnement du système judicaire. Trop de gens manquent de nourriture et trop de personnes sont au chômage. Les soins de santé nécessitent plus d’améliorations et la qualité de l’éducation doit être considérablement améliorée », a lancé la diplomate sous les regards du conseiller spécial du président de la République, Grégory Mayard- Paul et du ministre de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, en train d’apprécier du bon vin. Après avoir mentionné les faiblesses constatées de ce pouvoir, Pamela White s’en est aussi prise à l’oppotion politique qui se contente de critiquer sans rien proposer. « Je rappelle aux opposants systématiques qu’il y a eu des succès considérables qui ont été enregistrés au cours des trois dernières années », dit- elle en dressant un petit bilan non exhaustif de réalisation du régime Tèt Kale, soulignant l’ouverture de quelques grands hotels, l’aéroport du Cap, le parc industriel de Caracol, les progrès realisés dans le système sanitaire avec la réduction du taux de mortalité infantile, la réduction de la pauvreté, l’investissement , le taux de scolarisation et autres. De son côté, le Premier ministre qui a parlé au nom du président de la République, a fait remarquer que la fête de l’indépendance américaine symbolise le triomphe de la liberté et de la démocratie, car les pères fondateurs américains et haïtiens avaient partagé les mêmes idéaux d’autodétermination et de fraternité ayant conduit à la formation de l’indépendance américaine le 4 juillet 1776 et celle d’Haïti le 1er janvier 1804. À l’occasion de ces 239 ans, le premier ministre Paul a jugé bon de transmettre ses mots de remerciements au peuple américain pour les multiples efforts consentis en Haïti, notamment au lendemain du puissant séisme dévastateur du 12 janvier 2010. Il dit souhaiter en ce sens que Dieu continue à bénir l’Amérique. DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0 31 | 5 ACTUALITÉ L’Ambassadrice américaine, Pamela White. / Photo : J. J. Augustin
  • 6. Visite de courtoise du Conseiller politique de l'Ambassade américaine au National 6 | N0 31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 ACTUALITÉ H ier matin vers 10h notre journal a reçu la visite de M Indran Amirthanaya- gam, conseiller politique à l’ambassade Américaine. Homme d’une grande culture, admirateur de la créativité haïtienne, Mr Indran Amirthanayagam a échangé pendant une bonne heure avec le Conseil de Direction du National autour de sujets d’importance comme la question hai- tiano dominicaine, l’environnement, les médias, etc. Tout en présentant ses félicitations au staff du National pour la qualité du travail effectué en un temps aussi court, il a tenu à rappeler comment il était important qu’en démocratie, plusieurs points de vue puissent s’exprimer sur la chose publique pour permettre un débat ouvert et constructif. Mr Indran Amirthanayagam a profité pour rappeler la contribution de l’ambassade américaine aux échanges culturels entre les deux pays. Il nous a appris ainsi la participation prochaine de trois artistes américains de renom d’origine haïtienne à Carifiesta, le grand festival culturel qui devra se tenir en Haïti au courant du mois d’aout. Ce sont Riva Precil, musicienne, Elizabeth Blaz de la Nouvelle Orléan qui fabrique des masques et Danielle Georges, une grande poétesse. Le Conseiller Politique a profité de l’occasion aussi pour avoir de brefs mais fructueux échanges avec quelques journalistes de la rédaction du National. Notre équipe souhaite à Mr Indran Amirthanayagam un travail fructueux dans le sens d’un raffermissement des relations entre nos deux pays sur une base de respect mutuel dans l’objectif premier de donner à notre peuple de nouvelles raisons d’espérer en un quotidien meilleur.
  • 7. Plus de deux cents évadés récupérés, les recherches se poursuiventpar Reynold Aris HAÏTI/SÉCURITÉ/PNH La Police nationale d’Haïti (PNH) a appréhendé plus de deux cents évadés de prison, incluant ceux ayant gagné le maquis suite au séisme du 12 janvier 2010 et ceux de l’évasion spectaculaire du 10 août 2014 à la prison civile de la Croix-des-Bouquets. C’est ce qu’a annoncé le porte-parole adjoint de la PNH, Garry Desrosiers lors d’une conférence de presse donnée dans les locaux de la Direction Centrale de la Police judiciaire (DCPJ), le jeudi 2 juillet 2015. L es principaux chefs d’accu- sation retenus contre la majori- té d’entre ces fugitifs sont assassinat, viol, trafic illicite de stupéfiants, kidnapping et voies de fait. Garry Desrosiers a informé que les recherches se poursuivent en vue d’appréhender tous les évadés. Pour faciliter le travail à la PNH, le porte-parole adjoint de la PNH exhorte ainsi les membres de la population à développer une synergie avec l’institution policière. Il a indiqué que lorsqu’ils sont au courant d’un individu qui a été appréhendé et qui se retrouve en liberté, en dehors des procédures légales, suite à une évasion dans l’un des centres carcéraux susmentionnés, ils doivent en informer la Police. Il s’agit, précise l’inspecteur de bandits de grand chemin qui sont impliqués dans des actes d’assassinat. Il invite la population à considérer ces évadés qui ont des démêlés avec la société comme ses ennemis. La Justice les a sanctionnés pour purger leur peine à cause de leurs actes hideux et malhonnêtes. Quant aux cas d’insécurité enregistrés ces derniers jours dans certains quartiers de la Capitale, Garry Desrosiers se veut rassurant. La Police, dit-il, a déjà identifié ces zones, notamment la zone métropolitaine de Port-au-Prince qui accuse un grand nombre de victimes. Vu la densité de la population dans cet axe géographique et les zones commerciales, les bandits profitent de ce vide et imposent leur loi aux habitants de ces endroits. En dépit de ce constat, la PNH, dit-il, s’engage à traquer ces malfrats jusque dans leurs derniers retranchements. Elle s’engage ainsi à renforcer sa présence dans ces espaces géographiques. Soulignant que la collaboration des membres de la population demeure incontournable dans la perspective de réduction de ces actes de bandit- isme. Il les invite à collaborer avec la PNH de manière vigilante. Car, la Police à elle seule ne peut abattre cette tâche en stationnant devant le domicile de chaque compatriote, voire chaque corridor ou impasse. Aussi, invite-t-il la population à alert- er « confidentiellement » la Police via sa ligne téléphonique qui est « 3820-1111 » afin de ne pas exposer leur vie. En outre, le porte-parole adjoint de la PNH informe que la DCPJ a déman- telé un groupe « para policiers» dans la localité de Rivière Froide (Carre- four). Ce groupe, dit-il, recrutait des jeunes en leur promettant d’intégrer le corps des sapeurs-pompiers et d’autres unités de la PNH. Il s’agit de Dieudonne Edmé, Jean Philippe Max- igène, Eliazer Louis-Juste, Sherley Wood Marc. Les chefs d’accusation retenus contre ces présumés bandits, affirme M. Desrosiers, sont escroque- rie, faux et usage de faux en écriture publique, usurpation de titre et asso- ciation de malfaiteurs. Il a cepen- dant souligné que la PNH recherche activement les nommés Estaly Jean Joseph, Toussaint Jerry (agent de la 25e promotion de la PNH), Peterson Wood Marc, Cazeau Marc Rodrigue et Sala Jordanie. Garry Desrosiers a exhibé les photos de ces jeunes qui sont âgés de 18 à 30 ans. Contrai- rement à la PNH, ces jeunes organ- isent des cérémonies de graduation en faveur des « para policiers » et en sont à la 21e promotion. Bilan En prélude aux prochaines élections, la PNH se mobilise. À cet effet, elle a présenté le bilan des différentes opérations menées et des dossiers traités durant la période qui s’étend du 10 au 30 juin dernier. Le porte- parole de ladite institution cite ,entre autres, 67 arrestations dont les motifs sont : crime contre les biens, assassinat, homicide, port et détention illégale d’armes à feu, menaces de mort, agressions physiques et évasion. Il a en outre indiqué la confiscation de deux véhicules, la saisie de quatre armes à feu et de 15 cartouches, celle de 6 172 kilogrammes de cocaïne et de 35,183 kilogrammes de marijuana. DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0 31 | 7 ACTUALITÉ ÉCHO Dix millions de gourdes pour aider les déportés Le gouvernement de la République dispose d’une enveloppe de 10 millions de gourdes pour assister des milliers de déportés en provenance de la République dominicaine. C’est ce qu’a annoncé Ariel Henry, ministre de l’Intérieur, en tournée récemment à Anse à Pitre. « Fanm deside », une organisation locale, a accusé le gouvernement de faire une mauvaise gestion du dossier des rapatriés. Dondon : le Collectif des candidats contre la candidature de Rock Henry Bastien Le Collectif des candidats à Dondon qui regroupe des entités politiques à savoir OPL, Pitit Dessalines et Kid prennent position contre la candidature de Rock Henry Bastien à la mairie de Dondon. « Rock Henry, ancien maire de la commune et membre de PHTK, n’a pas de décharge et ne peut pas participer aux prochaines joutes électorales », a soutenu un membre du Collectif. Élection : Conformément à la loi, le Conseil électoral provisoire ne peut réintégrer aucun candidat écarté dans la course électorale. C’est ce qu’a déclaré Pierre Louis Aupont, président du CEP sur un média privé à Port-au-Prince indiquant qu’il est toujours possible d’écarter d’autres candidats qui n’auront pas répondu totalement aux conditions requises. RD, Human Rights Watch contre les déportations La République dominicaine refuse à des dizaines de milliers de citoyens leur droit à la nationalité. Le gou- vernement devrait immédiatement cesser d’expulser les Dominicains d’origine haïtienne, et leur per- mettre de faire valoir leurs droits. C’est ce qu’a exigé l’organisation de défense des droits humains, Human Rights Watch, dans un rapport rendu public cette semaine. Ce rapport de 48 pages est titré « Nous sommes dominicains : Privation arbitraire de la nationalité en République domini- caine ». Promouvoir le secteur de la construction en Haïti La 1e Foire de la Construction en Haïti, « MATCON Haïti 2015 » se tiendra du 10 au 12 juillet 2015 à la SONAPI, sous la direction de la « American Chamber of Commerce in Haiti » (AmCham-Haïti). Cette foire poursuit entre autres ces objectifs : réunir les différents acteurs du secteur de la construction pour dis- cuter, apprendre et partager sur les meilleures pratiques qui ont cours dans le domaine ; faciliter le dével- oppement des nouveaux projets de construction pour la croissance des ventes et du marché de l’immobilier et soutenir les compagnies de con- struction dans leurs efforts visant à réglementer l’industrie de la con- struction et à encourager la crois- sance du secteur.
  • 8. 8 | N0 31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 MONDE C ’est un retour en grâce. Barack Obama a annoncé, mercredi 1er juillet, le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats- Unis. Une nouvelle victoire politique pour le président américain, après l’adoption du mariage gay dans tout le pays, et la validation de sa réforme de l’assurance-maladie. De fait, était- ce la meilleure semaine de sa vie ? « Ma meilleure semaine, je vais vous dire, a été celle de mon mariage avec Michelle. Celles où Malia et Sasha sont nées ont été d’excellentes semaines aussi. Un jour, j’ai marqué 27 points dans un match de basket : j’ai passé une plutôt bonne semaine », relativise-t-il, cité par Politico (en anglais), avec humour. N’empêche, Barack Obama a peut- être réussi son mandat sur ces sept derniers jours. Il valide définitivement Obamacare Barack Obama défend ce projet depuis sa première élection, en 2008. Jeudi 25 juin, la Cour suprême américaine confirme que sa réforme de l’assurance-maladie est conforme à la Constitution des Etats-Unis. La question était de savoir si les 6,4 millions d’Américains qui ont souscrit à une couverture santé sur le site internet du gouvernement avaient le droit ou non à un abatte- ment fiscal de 250 euros mensuels. Réponse : oui. Une victoire majeure pour Barack Obama. En novembre 2014, il s’était inquiété que cette décision de la Cour suprême puisse mettre en péril l’application d’ « Obamacare », LA réforme phare de ses huit années de présidence. Il n’en est rien, donc. Promulgué en mars 2010, le texte prévoit une réforme sans précédent du système de santé. Il vise à doter d’une assurance-maladie les 32 mil- lions (sur 310 millions) de citoyens américains qui en sont actuelle- ment privés. « Cette décision de la Cour suprême est une victoire pour tous les travailleurs américains, s’est réjoui Barack Obama. L’accès à des soins abordables et de qualité est un droit, pas un privilège. » Il fait adopter le mariage gay partout aux Etats-Unis « L’amour l’emporte. » Vendredi 26 juin, la Cour suprême des Etats- Unis reconnaît la légalité des mar- iages des couples homosexuels dans tous les Etats du pays. Immé- diatement, le président Obama se félicite sur Twitter de cette décision historique. Il salue « un grand pas dans notre marche vers l’égalité. Les gays et lesbiennes ont mainte- nant le droit de se marier, comme tout le monde. » La Cour suprême considère aussi que les 14 Etats américains qui refusent aujourd’hui d’unir deux personnes de même sexe doivent non seulement les marier, mais en plus reconnaître leur mariage lorsqu’il a été célébré ailleurs. Dans la foulée, les partisans du mariage homosexuel laissent éclater leur joie et la Maison Blanche s’illumine aux couleurs de l’arc-en-ciel. Il chante en hommage aux victimes de Charleston Quelques notes pour l’Histoire. Lors d’une cérémonie en hommage au pasteur noir et aux huit parois- siens abattus à Charleston par un partisan de la suprématie blanche, Barack Obama a surpris la foule en entonnant Amazing Grace, l’un des hymnes chrétiens les plus célèbres. Le symbole est fort. Après cette fusillade, pour des motifs racistes, qui a bouleversé l’Amérique, le président américain avait critiqué le port d’arme. « Une nouvelle fois, des innocents ont été tués notamment parce que quelqu’un qui leur en voulait n’a eu aucun mal à se procurer une arme », avait-il déclaré. Mais, sur ce point, le président risque fort de se heurter à la farouche opposition du Congrès. Il rétablit les relations diplomatiques avec Cuba « C’est ce à quoi le changement res- semble. » Quelques jours plus tard, Barack Obama annonce, mercredi 1er juillet, le rétablissement officiel des relations diplomatiques avec Cuba, rompues depuis 1961. Et appelle le Congrès à lever l’embargo contre l’île. « Il y a un an, il aurait pu paraître impossible que les Etats-Unis puissent à nouveau lever leurs couleurs au-dessus d’une ambassade à La Havane », souligne le président américain. C’est John Kerry, son secrétaire d’Etat, qui se rendra cet été sur l’île pour accom- plir cet acte symbolique. Les relations diplomatiques seront donc rétablies dès le 20 juillet, date à laquelle Cuba rouvrira son ambas- sade à Washington. Les Etats-Unis, eux, n’ont pas encore défini de date pour l’ouverture de leur ambassade à La Havane. Le processus de rap- prochement était en route depuis le mois de décembre. Mais, avec cette annonce, Barack Obama consolide, à dix-huit mois de son départ de la Maison Blanche, l’une des ini- tiatives majeures de sa politique étrangère. Comment Barack Obama a réussi à redorer son mandat en une semaineSources : francetvinfo.fr Barack Obama dans le jardin de la Maison Blanche, le 1er juillet, à Washington (Etats-Unis). Photo: JONATHAN ERNST / REUTERS Mariage gay, Obamacare, réchauffement diplomatique avec Cuba... Le président américain a récemment enchaîné les victoires politiques marquantes.
  • 9. DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0 31 | 9 MONDE L e nombre de migrants cubains aux Etats-Unis a bondi depuis l’annonce du dégel entre les deux pays fin 2014, un phénomène qui selon des experts s’explique principalement par l’incertitude planant autour de l’évolution de la politique migratoire américaine vis-à-vis des Cubains. Selon le département des douanes américain, 9 371 migrants cubains sont entrés en territoire américain entre janvier et mars, soit un bond de 118 % par rapport à la même période en 2014. A l’heure où les deux pays s’apprêtentàrétablirleursrelations et rouvrir leurs ambassades, cet afflux est à mettre en relation avec « les interrogations qui ont surgi sur ce qui va arriver au sujet de la (...) préférence dont bénéficient les Cubains comme immigrants aux Etats-Unis », estime Antonio Aja, directeur du Centre d’études démographiques de l’Université de La Havane. A Cuba, « on dit que la première mesure qu’ils vont prendre après le rétablissement des relations (diplomatiques) entre les Etats- Unis et Cuba, c’est de supprimer les aides aux Cubains » émigrés, assure à l’AFP Orlando Garcia Herrera, un Cubain de 53 ans arrivé à Miami mi-juin avec un passeport espagnol. Depuis1966,une«loid’ajustement cubain » offre en effet des facilités d’installation aux Etats-Unis pour les émigrants cubains détenteurs ou non de visa, qui peuvent se voir proposer un travail et obtenir une résidence permanente au bout d’un an. Malgré le rapprochement en cours, Washington n’est pas encore disposé à lever ces privilèges exceptionnels, alors que La Havane proteste contre ce qu’elle voit comme une incitation à l’exil de ses ressortissants. Ces huit derniers mois, les garde- côtes américains ont comptabilisé 2 620 Cubains ayant tenté de rallier la Floride par la mer, confirmant un regain déjà observé en décembre dernier (+117 % par rapport à décembre 2013) malgré la pratique américaine dite « pieds secs, pieds mouillés », qui prévoit leur rapatriement vers l’île s’ils sont interceptés en mer. « On recommence à voir des embarcations de fortune, de moins de 6 mètres, avec cinq personnes à bord qui arrivent dans un état déplorable », explique à l’AFP Francisco Figueroa, de Church World Service, ONG religieuse qui leur vient en aide. Un exil ‘vital Toutefois, constatent les experts, le franchissement du détroit de Floride n’est plus la route privilégiée par les Cubains pour rejoindre leurs quelque 1,2 million de compatriotes déjà immigrés aux Etats-Unis. La loi migratoire de 2013, qui assouplit les conditions de voyage de la plupart des citoyens cubains, leur permet désormais de transiter légalement dans des pays tiers pour franchir ensuite la frontière américaine au Mexique, et parfois au Canada. Ainsi pour l’année fiscale 2014, 17 459 Cubains arrivés aux Etats- Unis sont passés par le Mexique alors qu’ils n’étaient que de 6 087 en 2011. Et ces six derniers mois, le département des douanes en a déjà comptabilisé plus de 13 000. En plus de ces arrivées, les Etats- Unis accordent chaque année 20 000 visas d’immigration en bonne et due forme et environ 30 000 visas temporaires (36 500 en 2014) qui ne sont pas toujours respectés. Jorge Duany, directeur de l’institut de recherche cubain de l’Université internationale de Floride, estime qu’environ « 15 000 Cubains dépassent chaque année les limites de leur visa touriste » américain. En autorisant le retour temporaire ou définitif de Cubains exilés, la réforme de 2013 visait à redresser le solde migratoire de Cuba et tirer profit de la migration « circulaire ». Pour M. Aja, l’idée était de récupérer « de l’argent, des compétences » et des jeunes actifs sur une île à la population vieillissante. Mais l’expérience est pour l’instant peu concluante, essentiellement pour des raisons économiques, qui ont supplanté les motivations politiques des migrants. Carlos, qui a vécu aux Etats- Unis entre 2001 et 2013 après avoir gagné la Floride par la mer, raconte à l’AFP que pour lui l’exil était « vital ». « Là-bas, le produit de ton travail correspond à ce que tu consommes, alors qu’ici, c’est une autre histoire », explique ce gardien d’immeuble revenu à La Havane pour raisons familiales. Pour le think tank Migration Policy, la loi d’ajustement n’est plus justifiée en ces temps de rapprochement. « Maintenant que la détente est à portée de main » entre les deux pays, cette « politique qui récompense ceux qui violent les termes de leurs visas (...) devrait nécessiter une révision », estime l’institut américain. Un Cubain suit à la télévision l’annonce du rétablissement des relations diplomatique le 1er juillet 2015 à La Havane. / Photo : AFP/AFP Cuba : en marge du dégel, les migrants affluent aux Etats-UnisSources : AFP
  • 10. 10 | N0 31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 ÉCONOMIE Une curée financière qui ne dit pas son nomPar Henri Alphonse Nous n’irons pas par quatre chemins. L’heure est grave. Cette volatilité du taux de change n’augure rien de bon pour le pays. Des économistes avisés le confirment. Que font donc les pouvoirs publics ? V oici venir le temps des antici- pations négatives, dangere- uses à souhait pour notre économie. En 45 jours de dégringolade incontrôlée – et incon- trôlable -, le taux de la gourde est passé ce jeudi 2 juillet écoulé de 48 gourdes début mai à 56 gourdes pour 1 dollar US à date. Sur chaque dollar US acheté actuellement, les détenteurs de monnaie domestique perdent 8 gourdes. Un commerçant détaillant, qui avait acheté un produit à crédit pour $US 10 et l’avait vendu avec 5% de marge, soit $US 10.50 au taux de la première semaine du mois de mai, doit aujourd’hui le rembourser au taux de 56 gourdes en enregistrant une perte nette sur cette transaction. Et plus la transaction était importante, plus il perd. Mais soyez sans inquiétude, cette perte sèche, il s’empressera de la refiler dare-dare aux consommateurs livrés à eux- mêmes. Ce sera comme d’habitude. Une question se pose alors, lancinante : et si la dévaluation sauvage en cours de la monnaie domestique atteignait le niveau de 60 gourdes pour un dollar ? Et si.. Certaines personnes estimeront prudent et utile de se précipiter à leur banque pour garantir l’intégrité de leur avoir. Des détenteurs d’épargnes ou d’un stock en gourdes achèteront des dollars US à tour de bras sur le marché des devises, espérant ainsi ne pas perdre trop de plumes dans cette incursion improvisée dans la cour des initiés. Imperturbable, la Banque de la République d’Haïti poursuit de son côté son petit bonhomme de chemin. Quid de la stratégie déployée – y en a-t-il ? – pour juguler une crise qui s’annonce désastreuse pour les moyennes et petites bourses ? Motus et bouche cousue. Par contre, elle ne se fait pas prier pour publier son taux de référence en ligne. Le taux de référence du jour, prend la peine d’informer la BRH, est calculé à partir des opérations du jour ouvré précédent. Mais de quelles opérations s’agit-il ? Ça, c’est une toute autre histoire. Quoiqu’il en soit, ce mercredi 1er juillet, le Service de change de l’entreprise bancaire publique a évalué à Gde 52,2739 et Gde 52,6924, le prix à payer, respectivement, pour l’achat et la vente d’un dollar US. Sur le marché deschanges,c’estbienpluscher:56 gourdes pour un dollar US. Un taux de change, dira tout économiste, est un prix presque comme un autre, qui varie en fonction de l’offre et de la demande. Il est à se demander, néanmoins, jusqu’où il faudra croire à la naturalité de la mécanique d’un marché des changes aux soubresauts si intrigants ? L’heure est grave, disions-nous, d’autant plus grave que la marge de manœuvres des autorités monétaires est limitée. Réussir à freiner la chute de la gourde face au dollar suppose que la Banque centrale en ait les moyens. A-t- elle des réserves suffisantes en devises étrangères à éjecter sur le théâtre des opérations ? Est-elle en mesure d’absorber l’excédent de gourdes en circulation ? D’aucuns voudraient, jusqu’à preuve du contraire, – et ce, à la limite même de l’incrédulité – refuser de croire que la Banque centrale ait fait marcher la planche à billets. Cet exercice pourrait avoir été imposé par une nette tendance au déséquilibre budgétaire. Si tel a été le cas, il en résulterait logiquement une hausse de l’offre de monnaie renforçant la dépréciation de la valeur de la monnaie domestique. Par-delà les problèmes structurels L’état de la balance des paiements extérieurs est certes préoccupant. La balance du mouvement des capitaux se fragilise. La balance commerciale est déficitaire depuis des années. La production nationale ne suffit pas à combler les besoins. C’est là un secret de polichinelle. On importe la presque totalité de ce qu’on consomme de la République dominicaine et des États-Unis. Les dépenses somptuaires du gouvernement pèsent également de tout leur poids dans la balance. La plus récente est sans conteste les millions de gourdes dépensés pour l’organisation du festival rap pour garantir la participation des Lil Wayne et Chris Brown, exemple on ne peut plus probant. Et troublant. La « disparition » de Petrocaribe et, d’une façon générale, la diminution del’aideexterneontexercéuneforte demande de dollars. Le fait, par les grandes compagnies de téléphonie mobile, de transférer tout leur revenu à l’étranger constitue une ponction non négligeable des dollars particulièrement issus des transferts de la diaspora. Les importateurs traditionnels ne sont pas en reste dans ce dossier. Les importations de produits pétroliers contribuent également à la pression sur le taux de change. La conjoncture politique, notamment la mise en branle du processus électoral et ses besoins en financement, la crise socio- économique en cours, la fixation d’un taux de change plus élevé par l’ambassade américaine en Haïti et le spectre des déportations massives planifiées par la République dominicaine - laissant envisager une probable fermeture de la frontière et de ce fait la constitution préalable de stocks de produitsdominicains–représentent autant de facteurs aggravants de la décote de la gourde. Autant de facteurs également suscitant les anticipations négatives. Quelles solutions ? En valeur totale, tout raisonnement issu d’une analyse sereine de la situation devrait normalement conduire au constat d’un excès net de demande de dollars sur le marché des changes. Et puisque, comme tout l’indique, l’on nous soumet à un régime de change flottant, il est logique que les taux soient aussi volatiles. Cette volatilité peut être dangereuse pour bon nombre d’entreprises et d’investisseurs. C’est d’ailleurs la meilleure façon, variations de taux de change obligent, de trucider la rentabilité d’une entreprise ou d’un projet. Comment dans de telles conditions assurer la durabilité d’opérations de vente de produits à l’étranger sans pouvoir garantir une estimation fiable de ses recettes et des exportations futures. Tout projet ou potentiel d’ex- portation, dans les conditions actuelles, aura un fort pourcentage de contraintes et d’incertitudes, parce que trop dépendant de l’évolution du taux de change, particulièrement si les coûts de production sont en monnaie domestique. Le budget de l’exercice 2014- 2015, affirment les décideurs, avait été conçu dans la perspective « d’apporter des réponses concrètes par des actions ponctuelles et spécifiques aux problèmes du pays, et particulièrement aux couches les plus vulnérables ». Une démarche qui risque de passer à coté de l’objectif, tout comme le sera celle qui « privilégie des investissements stratégiques en vue de l’amélioration de la production nationale ». Dans l’urgence, préconisent les experts, la Banque centrale doit donner des signaux clairs qu’elle ne laissera pas le marché se détériorer d’avantage. Le pourra- t-elle ? Et le gouvernement doit aussi prendre des mesures dans le sens de la réduction des dépenses non nécessaires. Il faut mettre un terme à ces dépenses somptuaires. Et à la spéculation. Autrement, le renforcement de la résilience de la population et la protection de l’environnement, axes essentiels retenus dans ce budget, ne seront que lettre morte. Et à ce rythme, personne ne saurait prévoir ce que sera demain. À part, évidemment, les membres du cercle étroit de ceux qui tirent les ficelles – et profitent largement - de cette curée financière qui ne dit pas son nom. Se pourrait-il que les autorités de ce pays n’en aient cure ? LAGOURDEMALADEDESESPROTECTEURS » suite de la première page
  • 11. DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0 31 | 11 ÉCONOMIE Des mesures incitatives à l'investissementPar Therno N. A. Sénélus ÉCONOMIE-INVESTISSEMENT I nvestir en Haïti n’a toujours pas été chose facile. Les conditions sécuritaires toujours précaires ont toujours menacé de mettre en péril les investissements directs étrangers. Dans une perspective de régulariser le secteur investisseur, un code des investissements et une loi sur les zones franches ont vu le jour en 2002. Dans ce code, Haïti offre aux investisseurs un ensemble de mesures incitatives axées sur la compétition. Pour bénéficier des avantages inci- tatifs, des procédures d’application sont mises en œuvre par le CFI, instance chargée de fournir des informations, la réception et le traitement des demandes de mesures incitatives aux fins de les transférer vers les ministères chargés de l’analyse technique des projets. Le CFI assurera le suivi des demandes jusqu’à ce que la com- mission interministérielle des investissements prenne une déci- sion administrative. A cet effet, les formulaires d’application sur les mesures incitatives sont dis- ponibles au siège du CFI. d’éligibilité ? Pour être éligible, tout candidat devra « être propriétaire d’une entreprise enregistrée ou en cours d’enregistrement en Haïti, adresser une requête au Directeur général du CFI accompagnée des documents relatifs à l’étude de faisabilité, le plan d’affaires quin- quennal, la liste détaillée des équi- pements, matériel et matières pre- mières à importer, l’autorisation du ministère du commerce et de l’industrie, une copie du journal officiel « Le Moniteur », dans lequel sont publiés les statuts de la socié- té et aussi une copie du quotidien dans lequel l’annonce légale a été publiée (société en nom collectif et société en commandite simple) ». S’agissant d’une entreprise indi- viduelle, il faut se présenter avec une copie du certificat d’enregistrement du nom com- mercial de l’entreprise, délivré par le Ministère du commerce et de l’industrie, ainsi que la carte d’identification fiscale, la patente, le quitus fiscal, le bilan d’ouverture et la déclaration d’impôt sur le revenu des membres ou parte- naires du conseil d’administration de l’entreprise. de l’investissement ? On peut ne pas pouvoir investir dans n’importe quel secteur. Le CFI donne la priorité au secteur agricole, artisanal, touristique et les services associés. Les investissements seront axés sur l’exportation et la réexporta- tion. Il faut au moins 35% d’au moins de valeur ajoutée pour des investissements réalisés dans le cadre de l’industrie nationale et pour la consommation locale. Les investissements dans les zones franches et d’autres secteurs ou régimes spéciaux sont également pris en compte. A en croire les propos du guide de l’investisseur, le code des investissements de 2002 présentait un ensemble d’avantages incitatifs, parmi lesquels, on peut notamment citer l’exonération totale de l’impôt sur le revenu sur une période qui ne devrait pas dépasser 15 ans, la dépréciation accélérée des biens immobiliers, de l’équipement, du matériel, des logiciels et de cer- taines dépenses. Lors de la présentation du guide de l’investisseur, le chef des opéra- tions de la Banque interaméric- aine de développement en Haïti, Gilles Damais, a mis l’accent sur l’investissement direct étranger. « Pour générer un développe- ment économique durable, le secteur privé doit investir. L’investissement du secteur privé favorisera la création d’emploi et le transfert de compétences pour le renforcement du capital humain du pays ». L’attraction des inves- tissements directs étrangers, a-t-il ajouté, facilitera « l’accès d’Haïti aux marchés internationaux et pourra aussi placer le pays dans une croissance économique dura- ble ». L’ouvrage « le guide de l’investisseur » élaboré par le Centre de facilitation des investissements (CFI) présenté ce mercredi 1er juillet tombe, selon les observateurs, à point nommé. L’ouvrage propose tout un ensemble d’outils traitant plusieurs points notamment les procédures relatives à la création d’une entreprise, les mesures incitatives à l’investissement, la décision de faire affaires en Haïti et fourmille aussi bien de réflexions qui tournent entre autres autour de l’éducation et les règlementations douanières. Haïti offre aux investisseurs un ensemble de mesures incitatives axées sur la compétition. / Photo : www.tripadvisor.co.uk
  • 12. 12 | N0 31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 ÉCONOMIE Le Bitcoin, la monnaie 100% virtuelle qui a le vent en poupe ! Inventé en 2009 par le japonais Satoshi Nakamoto - pseudonyme d’une ou plusieurs personnes s’étant manifestées pour la dernière fois sur le web en 2010 - , le Bitcoin est en tant que moyen d’échange une monnaie à part entière, d’ailleurs convertible en euros ou en dollars américains. TRANSACTIONSVIRTUELLES V ia une technologie spécifique qui passe par un logiciel développé par le site internet «bitcoin.org », cette monnaie est définie par un protocole d’échange sécurisé comparable à « BitTorrent » (qui permet l’échange de fichiers – son, musique, vidéo) en « peer to peer », c’est-à-dire d’un PC connecté n’importe où dans le monde à un autre PC connecté. L’objectif initial de cette création est d’établir un réseau de transac- tions financières décentralisées, anonymes et sans frais, en con- currence des transactions identi- fiées, centralisées et payantes qui sont réalisées en quasi-oligopole par Visa, Mastercard ou encore PayPal. Il y aurait en 2013 environ 15,000 ordinateurs personnels connectés ou connectables via les différents sites d’échange qui se sont créés parallèlement à « bitcoin.org » (Mt Gox, Bitcoin Central, Inter- sango, Bitcoin-24, etc.) et plus de 200,000 transactions auraient été enregistrées depuis 2009. Personne ne possède cette mon- naie virtuelle qui compte actuel- lement 11 millions d’unités en circulation, mais tous ceux qui permettent que leur PC fasse fonc- tionner le réseau sont à l’occasion récompensés en Bitcoins. Moyen d’échange, le Bitcoin n’a pas les autres fonctions tradition- nelles d’une monnaie : il n’est ni mesure de valeur (on ne peut pas emprunter en Bitcoins), ni réserve de valeur (des épargnants existent mais le risque d’interdiction, de chute des cours Bitcoin/USD, mais encore et surtout de crashage d’un disque dur dont tout dépend est réel). Lorsqu’un ordinateur se connecte à réseau ou site d’échange bitcoin, il peut utiliser un compte (une adresse Bitcoin) qui comporte par cryptographie asymétrique une clé publique (destinée à être trans- mise et à recevoir des dépôts) et une clé privée (qui sert à payer). Une transaction consiste en un transfert d’un certain montant de Bitcoins d’un compte à un autre, mais elle doit toujours être inté- grée à un bloc de « transactions », ce qui fait qu’une « preuve de calcul » et la validation des trans- actions sont assurées par chaque utilisateur. Ce rôle donne lieu à rémunéra- tion en Bitcoins par tirage au sort, sachant que les 4 premières années de fonctionnement 50 BTC (abréviation de Bitcoins) étaient émis toutes les 10 minutes (25 à présent puis 2 fois moins tous les 4 ans selon une pré-program- mation, le nombre de 21 millions de Bitcoins comme total maximal étant également pré-programmé, ce qui conduira à une inévitable « déflation » de cette monnaie). Une adresse Bitcoin est la seule infor- mation nécessaire (l’anonymat étant protégé) pour recevoir des Bitcoins : il n’est donc pas néces- saire de faire tourner le logiciel. Chaque partie de transaction (vendre, acheter) dure environ 10 minutes. Les Bourses d’échange organisent notamment les transactions Bitcoins/USD ou Bitcoins/EUR, et si ce n’est par carte bleue ou par Paypal, il est possible d’accéder à ces Bourses par virement bancaire. Un peu comme tout réseau social de type Second Life (ou même Facebook), une économie réelle est en jeu via les Bitcoins : l’hébergeur de blogs Wordpress accepte les Bitcoins pour ses services payants depuis novembre 2012, mais d’autres types de biens et services (biens alimentaires, prestations médicales, produits illicites) ont fait l’objet et continuent de faire l’objet de transactions monnayées en Bitcoins, dès lors qu’un acheteur de n’importe quel bien ou service (en Bitcoins) ne demande qu’une seule chose : rencontrer un vendeur de n’importe quel bien ou service (en Bitcoins). L e 5 juillet, le peuple grec doit se prononcer par référendum sur la dernière proposition d’accord faite à Athènes par ses créanciers. Selon les économistes Paul Krugman et Joseph Stiglitz, il ferait mieux de voter non et ainsi la rejeter. A quelques jours du référendum en Grèce, deux économistes américains de haut vol, l’un et l’autre lauréats du prix Nobel d’économie, l’un et l’autre adeptes du néokeynésianisme, s’impliquent avec force dans le débat. Le premier, Paul Krugman, 62 ans, appelle clairement les Grecs à voter non. « Le gouvernement devrait être prêt, si nécessaire, à abandonner l’euro », écrit-il dans The New York Times, titre dans lequel il tient une chronique. Le deuxième, Joseph Stiglitz, 72 ans, dit simplement, dans un article publié dans The Guardian, qu’il sait bien ce qu’il voterait. De toute évidence, il cocherait la case non sur le bulletin. Un pays épuisé Accepter « les propositions de la troïka [Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international]» plongerait la Grèce « dans une dépression économique quasiment sans fin », argumente- t-il. “Peut-être qu’un pays épuisé – qui aurait vendu tous ses actifs et dont la jeunesse brillante aurait émigré – finirait par obtenir une remise de sa dette. (…) Peut-être que la Grèce, racornie au point de devenir une économie à revenu moyen, finirait par obtenir l’aide de la Banque mondiale. Tout cela pourrait peut-être se produire au cours de la prochaine décennie ou de la suivante.» Voter non, en revanche, permettrait au moins à la Grèce « de prendre son destin en main » et de se construire un avenir qui, sans être aussi prospère que son passé, serait préférable à « la torture » insupportable qu’elle subit. Krugman et Stiglitz font en gros le même constat : c’est l’austérité imposée par ses créditeurs qui a plongé la Grèce dans une crise aussi profonde. Et c’est encore la même politique qu’ils lui proposent aujourd’hui. « C’est une proposition que le Premier ministre Alexis Tsipras ne peut accepter, car cela détruirait sa raison d’être politique » – et les interlocuteurs du pays le savent fort bien, analyse Krugman. « L’objectif est de pousser Tsipras à quitter ses fonctions, ce qui se produira probablement si les Grecs redoutent la confrontation avec la troïka au point de voter oui.» Stiglitz est encore plus dur : « Les dirigeants européens révèlent enfin la vraie nature du conflit concernant la dette grecque ; il est question de pouvoir et de démocratie, bien plus que d’argent et d’économie ». L’euro « n’a jamais été un projet très démocratique », assène-t-il. « Le modèle économique qui soutient la zone euro est fondé sur des relations de pouvoir qui désavantagent les travailleurs.» Ce qui se passe aujourd’hui, c’est « l’antithèse de la démocratie : nombre de dirigeants européens veulent simplement en finir avec le gouvernement de gauche radicale d’Alexis Tsipras. » Deux Prix Nobel d'économie volent au secours de Tsipras CRISEGRECQUE
  • 13. DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0 31 | 13 JUSTICE M is à part les deux mem- bres d’office du CSPJ, à savoir le président de la cour de cassation, Me. Jules Cantave et le commissaire du gouvernement près ladite cour Me. Tièrce Malette, tous les membres du CPSJ ont un mandat de trois ans, selon l’article 8 de la loi du 13 novem- bre 2007. Environ trois mois avant la fin officielle des mandats de ses dif- férents membres, les élections pour les nouveaux membres du conseil ont été organisées au sein des organes désignés par la loi. Plusieurs membres reconduits au sein du CSPJ Au moins trois membres sortants du CSPJ ont été reconduits. Me. Jean Étienne Mercier a obtenu de nouveau le vote de ses pairs dans l’assemblée des juges de paix. Les juges de la cour d’appel ont renouvelé leur confiance en Me. Max Élibert tandis que les organisations de droits humains ont choisi d’attribuer un nouveau mandat de trois ans à leur représentante, Me. Dilia Lemaire. La Fédération des barreaux d’Haïti (FBH) lors de sa retraite tenue en avril dernier a réélu Me. Patrice Cadet, cette fois pour un mandat de trois ans, après avoir été désigné en octobre 2013, pour compléter le mandat de Me. Jacques Letang qui avait dû laisser le conseil en raison de la fin de son mandat de bâtonnier des Coteaux. Le siège du représentant de l’assemblée des bâtonniers en exercice aura connu deux changements en l’espace de trois ans ce, en raison d’un détail majeur qui n’a pas été réglé dans la loi du 13 novembre 2007 créant le CSPJ. Alors que le mandat d’un bâtonnier est de deux ans au terme du décret du 29 mars 1979 sur la profession d’avocat, le mandat d’un membre du CSPJ, y compris le bâtonnier membre dudit conseil, est de trois ans. Ainsi, la fin des mandats des bâtonniers Néhémie Joseph (Gonaïves) et Jacques Létang (Coteaux) ont tour à tour obligé la FBH à se choisir de nouveaux représentants au sein du CSPJ. La représentante des juges à la cour de cassation Me. Wendel Télot Coq sera vraisemblablement reconduite par ses pairs et pourrait ainsi prêter serment le 9 juillet prochain. Quant à Me. Alix Civil, commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance (TPI) de Petit-Goâve qui représentait les officiers du ministère public en première instance, il serait sur le plan d’être remplacé. Le nom de son remplaçant n’a pas encore été rendu public. Aussi, l’une des rares nouvelles têtes qui intégreront le CSPJ au cours de son deuxième mandat, c’est le doyen du tribunal de première instance de Saint-Marc, Me. Noé Massillon qui vient remplacer Me. Gustave Pharaon comme représentant des juges en première instance. Me. Massillon, qui a été plébiscité par ses pairs, deviendra à partir de sa prestation de serment, le plus jeune membre du CSPJ. CSPJ : Des scandales à… la sérénité Les trois premières années de ce Conseil auront été marquées à la fois par des scandales très médiatisés et des changements importants dans le mode de fonctionnement de la magistrature haïtienne. Ce conseil qui, dans l’esprit du législateur de 2007, est appelé à « matérialiser l’indépendance du pouvoir judiciaire », allait connaitre par la suite des nouvelles missions attribuées notamment par la loi du 9 mai 2011 portant révision de la constitution de 1987. Cette Loi constitutionnelle fait intervenir le CSPJ dans un processus très délicat et aux enjeux hautement politiques, qui consiste à choisir les membres du conseil électoral. L’un des plus grands calvaires du CSPJ au cours de ces troisansaété,sansconteste,lechoix des trois représentants du pouvoir judiciaire au sein de l’institution électorale. Le conseil dont la vie interne a été exposée dans les médias a dû revenir sur ses choix dans un contexte où son président d’alors, Me. Anel Alexis Joseph, était très critiqué. Ce dossier relatif à l’institution électorale provoquera, parmi d’autres, la démission forcée du président du CSPJ qui est également le président de la plus haute instance judiciaire du pays. Me. Anel Alexis Joseph a été remplacé par Me. Jules Cantave qui a prêté serment le 9 mars 2015, comme président de la Cour de cassation et du CSPJ. Dans la foulée de ces scandales et des malaises internes, le CSPJ a visiblement gagné en maturité, au point qu’au cours de ces derniers jours aucun de ses membres n’est intervenu dans la presse pour dénoncer des mésententes internes. Cette sérénité retrouvée au sein du conseil ne l’a cependant pas enlevé définitivement des projecteurs de la presse notamment en raison de certaines mesures disciplinaires spectaculaires prises par ledit conseil. Parmi ces mesures prises contre des juges et qui ont eu un écho dans la presse, on peut citer les mises en disponibilité des juges suivants : Me. Fermo Jude Paul (juge d’instruction au TPI de la Croix-des-Bouquets), Me. Raymond Jean Michel (Doyen du TPI de Port- au-Prince), Me. Ickenson Edumé (juge d’instruction au TPI de Port-au-Prince) et Me. Eczéckiel Vaval (Doyen du TPI des Cayes). Ce dernier bénéficie du support de l’Association nationale des magistrats haïtiens (ANAMAH) qui juge que la décision du CSPJ à son encontre est injuste. Tandis qu’il s’apprête à entamer son deuxième mandat, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire a, entre autres devoirs, celui de poursuivre le processus de certification des magistrats de la République. Aussi pour dynamiser sontravailetéviterdeschangements répétés au sein de sa composition, le CSPJ devrait, selon plus l’un, faire l’objet d’une nouvelle loi dès la prochaine législature. Le CSPJ boucle son premier mandatpar Eddy Laguerre Ce 3 juillet 2015 marque la fin du mandat de trois ans des premiers membres du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ). Même si plusieurs changements sont intervenus dans la composition de cette institution créée par la loi du 13 novembre 2027 - et dont les membres ont pu finalement prêter serment le 3 juillet 2012 - c’est la première fois que le mandat de tous les membres élus ou désignés arrive à terme. La prestation de serment des nouveaux membres du Conseil qui devait se tenir ce vendredi, a été reportée en raison du voyage du président de la République, Michel Martelly et du ministre de la Justice, Pierre-Richard Casimir qui participeent à la 36ème réunion ordinaire de la CARICOM, tenue à la Barbade. La cérémonie de prestation de serment devrait se ternir le 9 juillet prochain. Le président de la cour de cassation, Me. Jules Cantave. Crédit : mangodhaiti.blogspot.com
  • 14. 14 | N0 31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 SOCIÉTÉ « Mesye !? Pou dat mpa wè mòn… », s’est exclamé un jeune haïtien, les yeux rivés vers le hublot, tandis que l’Airbus qui le ramenait de Fort Lauderdale s’apprêtait à atterrir à l’aéroport Tous- sait Louverture de Port-au-Prince. Son expression empreinte d’un cer- tain accent a fait éclater de rire les passagers. Robert est dans la tren- taine, il a confié que c’est sa première visite depuis les 10 ans qu’il a laissé le pays. De nombreux autres haïtiens y sont également venus pour visiter leur famille, pour des raisons spirituelles ou pour profiter de l’ambiance des fêtes champêtres estivales. Robert explique qu’en quittant le pays en 2005, sous fond de troubles et de bouleversements politiques (« opération Bagdad », il pensait ne plus jamais y revenir. Mais cela fait deux ans que le désir de revoir le pays lui tient. Cependant, « les nouvelles sur Haïti sont tellement déprimantes » que Robert a dû repousser à chaque fois son projet. C’est seulement le mois dernier, après le drame à l’église épiscopale en Caroline du Sud aux Etats-Unis -soldé par 9 morts- que finalement il s’est fait une raison. « A ce moment-là, je me suis rendu compte que l’on n’ est à l’abri nulle part sur terre », reconnait-il. Un homme dans la cinquantaine, également notre voisin, a déclaré que c’est après 11 ans qu’il est revenu en Haïti. Les fêtes champêtres lui manquent. Mais il regrette de devoir faire le voyage avec la peur au ventre et a fustigé, au passage, les autorités haïtiennes qui crient sur les toits du monde « Haïti is open for business », alors qu’ils sont incapables d’assurer la sécurité des citoyens. À ma gauche, un groupe d’une vingtaine de personnes, composé principalement de femmes et de filles protestantes. Elles parlent de leur mission « spirituelle » en perspective. Leur cible : Jérémie pour chasser les « baka » et les «démons » en vue de « libérer Haïti». D’autres jeunes parlent de la cuisine haïtienne, du dossier des Haïtiens rapatriés, des élections. Notre vol a duré 1h45 minutes, mais, pas un moment de répit sans un récit croustillant des Haïtiens à bord. Une fois l’avion atterrit, les mauvaises habitudes refont surface. Tous les Haïtiens veulent sortir en même temps. Et quand l’hôtesse leur adresse le traditionnel : « Ladies and gentlemen please remain seated… » Un jeune homme rétorque : « E pa kounnya » Ce qui a provoqué des commentaires hilarants de tous les passagers. J e me suis retrouvé chez Albert Buron par ennui. Je m’étais dit que la compagnie du grand homme comme il faut me donnerait quelques sujets réflexions originales bien que ces jours ci, ce ne sont pas les sujets qui manquent. Entre les rapatriements, les bulletins de vote imprimés à Dubaï, les dépenses faramineuses du président de la république lors de ses déplacements, la question de décharge qui fait couler tant d’encre et de salive, on a de quoi perdre sa rhétorique. Mais je ne m’attendais pas à plonger ainsi dans l’univers buronien. C’est vrai qu’il y a longtemps que je ne fréquentais plus l’homme comme il faut. Je savais qu’il s’était fait oublier, lui, haut cadre dans une grande administration, comme savent le faire tant de gens chez nous. On jouit de ses grands privilèges et on espère rester à son poste le plus longtemps possible sans se faire remarquer. -Edouard ! Heureux de vous voir après tout ce temps. Il me donna une chaleureuse accolade, s’empressa d’aller prendre deux verres et une bouteille de whisky. -Comment voyez-vous la situation politique ? me demanda-t-il. Avec Buron, il fallait être prudent. Pour ne pas l’offusquer avec ce qu’il considérerait comme une ineptie et aussi pour ne pas freiner sa verve. On apprenait beaucoup en laissant parler un membre aussi éminent de l’élite haïtienne. -Un peu brumeux, lui répondis-je, cherchant à rester dans le neutre, dans la brume. -Brumeux, c’est vous qui le dites… Moi, je dirais qu’elle foisonne d’opportunités… intéressantes. J’attendis qu’il me dévoile le fond de sa pensée. -Croyez-vous que Medina va nous envoyer une centaine de milliers de gens ? me demanda-t-il. -Les dominicains ne sont pas fous, lui dis-je. Ils risquent de se mettre an banc des nations. Buron me regarda d’un œil glauque. -Vous, vous ne connaissez rien aux opportunités. J’ai déjà proposé plusieurs projets à des organisations caritatives, à l’ONU et à des ONG. Constructions de camps, de logements, déploiements d’installations sanitaires. Eau potable aux réfugiés. J’ai même imaginé un projet de théâtre pour divertir les rapatriés. J’en ai plein d’autres. Jan m fè kòb apre goudougoudou an ! -C’est ce que vous appelez une opportunité, Buron ? Buron se versa un verre de whisky. -Vous connaissez cette chanson, cher ami. Cyclone vini m ap ba w bonbon.. Cyclone vini m ap ba w bonbon. -Donc le cyclone serait pour vous une opportunité ? lui demandai-je d’une voix blanche. -J’aurais chanté cher ami « Medina fè yo vini m ap ba w bonbon… J’avais envie de me lever pour partir. Mes jambes tremblaient tant devant le monstre que je n’y arrivai pas. -Ici nous les avons vendus pour faire du fric. On nous les renvoie. Nous ferons encore du fric. Ils sont de l’or, cher ami. Il se pencha vers moi avec un rictus. -C’est une affaire d’opportunité, cher ami. Plus tard, le monstre loin derrière moi, j’entendis sa voix à mes oreilles « Medina fè yo vini m a ba w bonbon. » Quand le mal du pays vous tientpar Vantz Brutus Les Opportunités D'Albert Buronpar Gary VICTOR HAITI-SOCIÉTÉEXIT
  • 15. DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0 31 | 15 SOCIÉTÉ P etite charrette contenant, à l’intérieur, soit un igloo, soit un morceau de carton pour empêcher que la glace fonde très vite. Des bouteilles de sirop de différentes couleurs rangées au bord de la charrette. Mais aussi des cups. Une râpe fabriquée exclusivement pour la besogne. C’est avec elle qu’on pulvérise la glace avant de la mettre dans le cup pour y ajouter du sirop. Un homme, mais de nos jours proba- blement une femme, pousse la petite charrette. On les reconnait à première vue. Ou s’ils le veulent, par une petite cloche ils annoncent leur arrivée. Ils se positionnent dans des zones stra- tégiques. Devant les écoles. Sur les places publiques. Dans les stations de service… on les appelle marchands de « fresko ». Ils sont disséminés partout à travers Port-au-Prince. Apparemment, ils sont de deux catégories : ceux qui sont de sim- ples livreurs qui vendent pour des compagnies et qui sont rémunérés au prorata de la vente. Une dame nous raconte. « iglou a gen pou 1500 gourdes fresko ladann. Si nou rive vann tout, n’ap touche 250 goud pou jounen an ». Mais si, diable, ces marchands de « fresko » ne vendent pas la totalité de leurs marchandises, ils ne seront pas bien rémunérés. Heureusement, le « fresko » se vend vite à Port-au-Prince. Il fait encore les délices des enfants. « chans pou nou se 10 goud fresko pa nou yo vann, sa pèmèt nou fè 300 dola a fasil avan jounen an fini », précise la jeune femme qui accompagne un homme. Celui-ci a plus d’expériences dans la vente des « fresko ». « lè w fèk vini, kon- payi a pa lage yon bwat fresko nan men w tousuit, men yo mete w ak yon moun ki gentan fò », ajoute l’homme. La compagnie s’assure ainsi de ne rien perdre. Certaines fois, les employés auraient voulu démissionner. Ils déclarent qu’ils sont très mal payés. Cependant la construction de la charrette coûte plus de 25 cinq mille gourdes. De ce fait, Ils se trouvent en situation d’éternels exploités de la société. D’autres, au contraire, n’ont aucun boss. Eux aussi ils sont de deux types. Ceux de la vielle école. C’est-à-dire : les marchands de « fresko » qui vendent sur des charrettes en bois et, qui dans le temps, étaient suivis par un essaim d’abeilles et ceux qui veu- lent moderniser leur petit busi- ness en se dotant de charrettes plutôt en métal. Ces « fresko » se vendent à 5 gourdes. Si l’on veut des cacahuètes, l’on donne 10 gourdes. Ils n’ont de compte à rendre à personne en fin de journée. Sauf à leurs familles. Ils peuvent vendre jusqu’à 250 fresko la journée. Toto vend des « fresko » à Carrefour depuis plus de 3 ans. Il avait abandonné son com- merce pour autre chose. Au bout de quelque temps, il l’a repris. Depuis six mois, il avoue être très satisfait. Tout le monde le connait à Bizoton 53. Et d’ailleurs, il est candidat au conseil d’administration de cette section communale. Il nous parle de son « fresko ». « li a ap vann toujou, se paske moun yo konnen mwen pa gen pwodui chimik nan fresko a », déclare-t-il. Il a fait savoir que c’est avec les fruits les plus appréciés que les marchands de « fresko » devraient fabriquer les sirops. Ainsi peut-on le constater, chaque sirop a une couleur. Celle-ci ne provient pas du fruit à base duquel on le fabrique. On doit y ajouter de l’essence pour l’agrémenter. Si l’on peut mélanger plusieurs essences dans un sirop, le blanc se fait rien qu’avec de l’anisette ou liqueur d’anis. « esans sa a spesyal li menm, li paka melanje ak lòt koulè yo », a fait savoir toto. Il constate que le fresko se vend de mieux en mieux. Il explique cela par le réchauffement clima- tique. Plus il fait chaud, plus les gens ont besoin de quelque chose de rafraichissant. « chalè a vin pi cho nan dènye tan sa yo, sa fè moun achte fresko a plis », expli- que le quinquagénaire-costaud. Et il ne cesse de clamer « se janm di w la, se paske fresko a pa pwodui chimik ». Toutefois, il ne cache pas ses regrets quant à certaines pertes que connait ce produit dans ses valeurs. « lontan nèg te konn fè womans ak fresko sou plas yo wi, men kounya pa gen sa », se plaint-il. S’il n’y a plus d’abeilles qui oscil- lent près des marchands de fresko de nos jours, raconte toto, cela n’a rien à voir avec la qualité du produit. « lontan nou te konn itilize esans mant. Se li menm myèl yo renmen paske li santi bon, li atire yo menm. Men kounya pa genyen l ankò. Fòk yon moun lite anpil avan w jwenn li », défend- il. Il ajoute de surcroit que la menthe n’apporte rien quant à la qualité d’un fresko. Sauf un goût de fraicheur laissé sur la langue. La tradition des fresko devrait se perpétuer dans le pays suiv- ant le point de vue de Toto. Mais il déplore que des compagnies exploitent des gens sous prétexte de sauver ce produit. « gen yon bann grannèg ki pran fresko a yo fè bisnis. Yo eksplwate kont kò yo ti malere, epi yo di se fresko y’ap sove ». Entre modernité et exploitationpar Ritzamarum ZETRENNE HAÏTISOCIÉTÉ/MARCHANDDEFRESKO Si, dans le pays, certaines pratiques et certains produits tendent à disparaître, il y en a qui existe encore et qui, semble-t-il, reste en vie malgré l’évolution de la société. Aujourd’hui, les « fresko » par exemple se vendent dans toutes les rues de la Capitale et dans ses agglomérations. Mais avec un élan vers la modernité qui tue le côté original et traditionnel du « Fresko » des années 90. Photo : pixfocus.com
  • 16. 16 | N0 31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 C omme l’a fait remarquer Suzy Castor dans son texte « l’occupation américaine d’Haïti, Henri Deschamps», de 1922 à 1929, Borno fit voter dix lois qui restreignirent la liberté de la presse. À cette époque, fut instituée la prison préventive contre les journali- stes. Avec la dictature duvaliérienne, la censure a été la stratégie gouverne- mentale pour réduire au silence les voix protestataires. Les politiques, les artistes, les journalistes, qui n’approuvaient pas les modes de gou- vernance du régime, devaient subir toutes les formes de répressions ou partir pour L’exil. Mais, certains citoy- ens, particulièrement de la presse, ont pu mener une longue résistance. Tantôt ouvertement, tantôt dans la clandestinité. Les assassinats, les emprisonne- ments, les censures ont été le sort pénible de ceux qui menaient la résistance et le combat pour l’établissement d’un état de droit. Le régime Lavalas a offert des scènes où les libertés d’expression et de la presse ont été systéma- tiquement violées. En somme, tout le 20e siècle fut une période de censure et de répression contre la presse. Mais aussi une période de résis- tance et de lutte pour le respect de la liberté d’expression, de la presse et l’avènement d’un Etat de droit. Mais, nous sommes encore aujourd’hui en train de nous demander que valent les libertés d’expression et de la presse en Haïti ? Les différents rapports du RNDDH sur la liberté d’expression et de presse dont « Les libertés d’expression, d’association et de réunion en péril en Haïti publiés le 9 décembre 2013, Plaidoyer du RNDDH pour le maintien du rapporteur pour la liberté d’expression du 22 mars 2013, et Haïti : Menaces contre les organisations de défense des droits humains et la presse du 11 avril 2014 de la POHDH» proposent un diagnostic de cette problématique en éclairant l’opinion des acteurs qui voudraient s’ informer sur la situation des droits humains en Haïti. En effet, le rapport du 9 décembre 2013, présente les dispositions légales internationales et nationales sur l’exercice de la liberté d’expression, d’association et de réunion. Les articles 19 et 20 de la déclaration universelle des droits de l’homme et les articles 28, 28.1, 31 et 31.2 de la Constitution haïtienne du 29 mars 1987 établissent les cadres légaux de la jouissance du droit à la liberté d’expression et de la presse. Néanmoins, malgré l’existence de ces cadres normatifs et légaux, nombreux cas de violations et de répressions ont été enregistrés depuis l’avènement du président Michel Joseph Martelly. Selon le RNDDH, de 2010 à 2013, vingt quatre cas d’agression contre les journalistes ont été enregistrés. Et dans le rapport de la POHDH il est relaté que des actes d’intimidation portant atteinte à la liberté d’expression et d’association des citoyens ont été des faits courants dont l’impunité demeure flagrante aux yeux de la population haïtienne. Delaprésentationdecesdocuments informatifs, il faut retenir que les libertés d’expression et de la presse sont systématiquement violées par les autorités étatiques qui auraient dû les faire respecter. Dans les conclusions et les recommandations du rapport du RNDDH et de celui de la POHDH, des appels à la vigilance ont été lancés aux organismes de défense des droits humains afin de garantir l’exercice des libertés d’expression et d’association indispensables à l’établissement d’un Etat de droit et à la sauvegarde des acquis démocratiques. Par ailleurs, le RNDDH recommandait, aux autorités étatiques, entre autres, de cesser les menaces, les attaques et les intimidations contre la presse. De respecter le droit à l’information de la population. Les faits exposés dans ces rapports portent à comprendre l’urgence de s’interroger sur la valeur des libertés d’expression et de la presse, dans une société où l’Etat s’est institué en principal violateur de ces libertés. Doit-on croire qu’elles doivent être mises en valeur sans que leur jouissance ne constitue un obstacle à l’exercice du pouvoir politique ? Valent-elles quelque chose quand elles n’interpellent pas les citoyens à exercer un droit de contrôle sur les modes de gouvernance politique ? Ou comme disait Aristote sur l’amitié en politique, les citoyens et les journalistes exerçant leur droit d’expression, auraient-ils la clémence, la sympathie des autorités politiques quand ils ne leur nuisent pas et quand ils se montrent utiles à leur gouvernance ? Ces interrogations devraient inviter les citoyens à discuter sur les rôles qu’ils doivent jouer dans la définition de ces libertés et réactualiser les discussions sur les violations et répressions, les résistances, les luttes, qui ont déjà eu lieu sur la question. Les droits démocratiques ne sont jamais des acquis définitifs, en raison des dérives des pouvoirs politiques. Il s’agit toujours d’un chantier en construction exposé à toutes les menaces des pouvoirs publics. L'urgence de s'interrogerpar CHERISCLER Evens Boukman HAÏTISOCIÉTÉ/LIBERTÉD’EXPRESSION/PRESSEHAÏTIENNE SOCIÉTÉ
  • 17. DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 N0 31 | 17 CULTURE Le National : Depuis quelques années COSAFH anime Regards Croisés sur la TNH parlez-nous du contenu et de la réalisation de cette émission ? Georges Béleck : Cela fait quatre ans depuis que COSAFH, la Comédie sans Frontière d’Haïti, présente sur la Télévision natio- nale d’Haïti Regards Croisés. Cette émission vise à divertir et veut susciter une prise de conscience dans la société. Nous ne cherchons pas seulement à comprendre la société mais il s’agit surtout de dire notre manière d’appréhender certains problèmes handicapant notre milieu. On ne dénonce pas on partage de préférence un con- stat tout en faisant revivre tout ce qui a bercé notre enfance à travers des chants, des jeux. Tout cela nous permet de créer une ambiance de bonne humeur pour nos milliers de téléspectateurs qui nous suivent un peu partout en Haïti. Le National : Et comment COSAFH voit elle la société haïtienne ? Georges Béleck : La COSAFH est constituée de plusieurs membres. Lesquels ont des points de vue qui diffèrent d’une personne à une autre. Ainsi la COSAFH n’a pas une manière unique d’appréhender les faits sociaux, l’actualité, les train-train quotidiens. La vue a des limites. La vision va au-delà de l’horizon. Et là encore, notre vision, elle est multiple. Chaque membre a une famille. Chaque membre vit dans une microsocié- té. Donc nous essayons de con- verger nos dissemblances pour aller plus facilement vers l’autre même quand il est différent de nous. Cette démarche qui nous pousse vers l’autre nous aide à l’accepter en dépit des faux- sem- blants car nous sommes condam- nés en quelque sorte à cheminer, à grandir et à vivre ensemble. Le National : Outre le théâtre, la COSAFH s’investit dans la télédif- fusion en Haïti. Pourquoi un tel choix ? Georges Béleck : On a fait ce choix, il faut le comprendre, quelque part l’écran propulse mieux l’artiste. À travers un poste de téléviseur ou de dvd nous pouvons aller à la rencontre de cet artiste, compren- dre mieux son cheminement, son itinéraire. Parce que nous avons constaté qu’il y a beaucoup de tal- ents dans le pays et nous avons décidé de les révéler aux autres. Le National : Qu’est-ce que vous allez présenter dans votre spec- tacle au Palais de l’Art ? Georges Béleck : La question est à la fois simple et belle. Parce qu’un jour quelqu’un m’avait dit c’est toujours Stella, Madam Piman, Madan Inclus. Qu’est ce qu’il y a de problématique ? Mais on a joué le Cid plus de 400 fois. On contin- ue à jouer Shakespeare, Marivaux. On continue à jouer les pièces célèbres du dramaturge Francké- tienne. Donc la nouveauté juste- ment n’est pas le produit en soi, c’est dans la manière de reprendre le produit. Et la qualité du sujet ce n’est pas dans le sujet c’est dans la manière de le traiter. Et au théâtre chaque représentation est une nouvelle représentation. C’est le regard parfois qui change et non le produit. À travers Regards Croisés c’est le rire, la parodie, la carica- ture c’est un spectacle stand up. Des humoristes seront debout. Il y aura plusieurs sketchs. Plus de 20 acteurs seront sur scènes dont Madan Inclus qui se porte candi- date ; pour quel poste ? Mais elle est candidate. Le National : Parlez-nous des activités de la COSAFH depuis votre participation en France et dans certaines villes de la caraïbe avec votre pièce fétiche « Haïti cri d’espoir » ? Georges Béleck : Il faut dire qu’il y a une évolution. Cette évolution est constatée à différents niveaux. Mis à part le nombre de jeunes qui se sont inscrits à la COSAFH. Il y a aussi une évolution dans les différentes activités que nous avons implémentées dans notre institution. Même avant Haïti cri d’espoir, nous avons concen- tré l’énergie un peu plus sur les aspects forts. Nous essayons de définir une politique culturelle avec Regards Croisés qui dépend de la réalité sociale du pays et non une politique individuelle de la culture. Cela peut détruire la cul- ture. Il faut une concertation par rapport à l’avenir, par rapport aux réalités, par rapport à la vision concertée pour combiner l’art et l’argent pour que l’artiste puisse vivre de son art. Il faut encourager les artistes qui sont les artisans du beau. Le National : Comment COSAFH voit-elle l’avenir du théâtre en Haïti ? Georges Béleck : Le théâtre peut transformer la société. Il faut une autre manière de comprendre la mission de l’artiste qui est appelé à changer son milieu. Le théâtre en Haïti aujourd’hui se résume à L’ENARTS qui est la seule école publique qui forme des acteurs, des metteurs en scène etc. L’avenir n’est pas demain mais aujourd’hui affirme un auteur. Si on veut avoir beaucoup d’acteurs dans ce domaine, il faut que l’État investisse dans ce secteur et dans des infrastructures adé- quates pour permettre à cet art de vivre en Haïti. L’avenir passe par la formation, l’encadrement, la production et la création. Il faut nécessairement encourager ces paramètres. Une version « live »par Schultz Laurent Junior L’équipe de COSAFH. Georges Béleck. HAÏTI/COSAFH/REGARDSCROISÉS
  • 18. 18 | N0 31 DU VENDREDI 3 AU DIMANCHE 5 JUILLET 2015 CULTURE Des artistes chantent contre le racisme des autorités dominicainesPar Schultz Laurent Junior « Fok dominikin gin respè pou chak ayisyen Yo konin se move moune nou ye yo pran nou pou sanginè Fok dominikin respecte ayisyen E fok dirijan nou yo pran konsyans. » Après « Viejo », composition célè- bre de Jean-Claude Martineau, « koralen », décrivant avec réalisme la tristesse et le désarroi qui plon- gent dans une angoisse démesurée nos compatriotes vivant dans les « bateys », le groupe APKA , un mouvement socioculturel haï- tien travaillant pour la promo- tion de notre langue maternelle a mis en circulation une nouvelle chanson : « Fok dominikin ». Ce morceau interprété par dix sept jeunes artistes haïtiens issus du rap créole parmi lesquels : Faya- man, Double M, Lywes, Ridka, Annie Alerte, et d’autres, est une invitation lancée à tous les enfants d’Haïti Thomas pour protester énergiquement contre l’arrêt 168/3 de la Cour constitution- nelle dominicaine. Cet arrêté vise à déchoir des dominicains d’ascendance haïtienne de leur nationalité. Blessés dans leur orgueil patriotique, ces artistes ont uni leurs voix pour dénoncer « cette mesure injuste qui pose non seulement un grave problème de citoyenneté, et de nationalité mais qui crée après coup un malaise dans les relations diplomatiques entre les deux pays », pour reprendre les réflexions pertinentes de Watson Denis, professeur d’ Histoire de la caraïbe dans nos universités. Les artistes ont exprimé leur frustration, leur indignation, leur ras-le-bol contre cette attitude discriminatoire. « Devan tout diskrimi- sayon nap subi nou rele non Nou rele fok dominikin yo konnin se nou ki fos la Sou min m zile nou ye met tèt ansanm fok nou pale Epanye tot malè pandye. » Dans : « Fok dominikin », les rappeurs ont exprimé leur amour pour Haïti. Ils élèvent leurs voix pour faire entendre le cri déchirant de leurs cœurs blessés, leurs bleus à l’âme et leurs tourments. Ils font aussi entendre dans cette chanson les supplications et les lamentations de tous ces migrants rabaissés dans leur dignité humaine. En même temps, ils demandent aux haïtiens de croire en leur identité, de s’unir dans l’unité qui fait la force. « Frèm, sèm, ayisyen chache identite nou Nou gin lè pa wè jan dominikin ap imilye nou An n met tèt ansan m konsa na jwen n Fyète nou, na jwen respè nou.» Ce morceau : « Fok dominikin » est vidéoclipé et est déjà disponible sur les réseaux sociaux. Certaines stations de télévision commencent à le diffuser pour permettre aux internautes et au monde en général de le visualiser. Il s’agit aussi pour ces artistes de nous sensibiliser et d’inciter les politiques d’ici ou d’ailleurs à agir avec circonspection, tact et modération. Mais, sans l’ombre d’un doute, il est déjà trop tard. Des milliers de dominicains d’ascendance haïtienne ont déjà laissé le pays du leader noir Francisco Pena Gomes pour s’orienter vers un ailleurs incertain et sans lendemain. Fondé en 2012, APKA : (An Pale kreyol Ayisyen) est une organisation socioculturelle qui travaille à la valorisation de la culture haïtienne et de la langue créole en particulier. Elle regroupe des étudiants, des intellectuels, des artistes haïtiens désireux de faire la promotion de la langue créole. Comme il est écrit dans leur devise : « Lang nou se nan m nou, yon lang pou nou tout. » Le chanteur Baby Joe Mon ami Péralte, J’ai reçu ta lettre cher ami Char- lemagne Péralte. Je suis ému et heureux de savoir qu’on pense à moi. Tout le monde va bien. Mais personnellement tout va de trav- ers en moi, contrairement à toi j’imagine. Car ca fait un bon bout de temps depuis que j’ai perdu un manuscrit qui comptait une cinquantaine de poèmes engagés. J’étais saoul et je venais de chez Émile Roumer. C’était son anni- versaire le 5 février. Et depuis, je me suis mis à écrire comme un besoin de grimper aux arbres, comme dirait Georges Castera, pour récupérer mes vers égarés je ne sais où. Pour ce qui est de l’alcool, tu sais que je ne pourrais jamais lâcher mes verres. Je n’ai pas encore lu le livre du docteur Yves Dorestal sur Roumain. Antonio Vieux m’en a parlé. Je tiens à te dire que Philippe Thoby-Marcelin et moi, on a prévu de rentrer à Port-au-Prince un de ces jours. Cher ami, Charles Baudelaire te renvoie le bonjour. Mon ami Fran- çois Borgia Charlemagne Péralte, tu aurais eu 130 ans le 10 octobre de cette année 2015. Quand les américains t’ont exécuté le 31 octo- bre 1919 près de la grande-rivière- froide-du-nord, J’étais triste même au bout de mes ongles. Pour cela, je t’ai composé un long poème. Ah, tu es mort comme un christ. Laisse- moi te dire que Conzé n’a pas été le dernier des «CONZÉ». Car le pays en a plein, jusqu’à aujourd’hui. J’ai envie de dire au peuple haïtien, « indignez-vous » comme Stéphane Hessel. « J’avais imaginé autrement l’abime. Je n’aurais jamais pensé que l’intensité me rendrait si fri- able, démantelé par des pensées et des mots étrangers à moi-même. Je ne suis nulle part». Je l’ai dit comme Évelyne Trouillot dans «Islande» juste pour te parler un peu du néant, ce moelleux hamac qu’il est. C’est aussi une façon de te dire que les publications de ces jours ne me sont pas étrangères. Je compte bien me procurer des romans : Le bout du monde est une fenêtre d’Emmelie Prophète, Bain de lune de Yanick Lahens… J’estime que Bonel Auguste est un poète accompli. Il ya des écrivains, entre autres, qu’on pas assez rendu jus- tice et qu’on ne lit pas assez. Jean- Euphèle Milcé, par exemple, est de ces écrivains-là. As-tu déjà lu «Les jardins naissent» de ce dernier? Le révolutionnaire Péralte, je con- state que ta lettre n’a pas été datée. Moi non plus, je n’ai pas l’intention de le faire. Nous avons tous les deux horreur de cette date qui marque le centenaire de l’occupation améri- caine d’Haïti. Camarade, je suis un peu pris, et surtout Je viens à peine de prendre une douche pour aller voir les frères Nau. On con- tinuera à discuter mon cher ami. Tiens bon! Affectueusement Ton ami Carl Brouard Billet à Charlemagne PéraltePar Carl-Henry Pierre