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CULTURE
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Trois millions de
gourdes détournées
au MENFP
Par Reynold Aris
Jacques Roche :
dix ans déjà !
Par Schultz Laurent jr
Brutalité policière :
un slogan à la modePar Lionel Édouard
FOOTBALL / GOLD CUP 2015
MARDI 14 JUILLET 2015 NUMÉRO 38
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
Haïti qualifiée pour
les quarts de finale
HAÏTI / SÉCURITÉ
L
a brutalité policière, un fait
courant dans le paysage haï-
tien. Presque familier même.
Un peu partout à travers le
pays, les citoyens bastonnés ou vic-
times d’abus des agents de police sont
légion. Chauffeurs de camionnette et
autres automobilistes, motocyclistes,
prostituées, et même des policiers,
sont en proie à cette forme de violence
et portent les séquelles de ces affronts
causés par ces policiers déviants.
Certains, des « superchefs » à la botte
de certains hauts fonctionnaires de
l’État, s’érigent même en maîtres de
la vie. « M ta tire w wi », un discours
à la mode, à chaque altercation, pour
inspirer une certaine crainte de ces
bourreaux autoproclamés.
En battant la sélection hondurienne sur le score d’un but à zéro, la Sélection nationale senior s’est
e
e
La population
aux abois !
par Jean Michel Cadet
2 | N0
38 MARDI 14 JUILLET 2015
TRIBUNE
Un défi au bon sens
« Personne ici ne met en question
le droit qu’a l’État dominicain
de réglementer parce qu’ici le
gouvernement crie qu’il a le droit
de règlementer, et qui a dit non ?
Il a le droit de réglementer. Mais
maintenant, peut-il défaire du jour
au lendemain ce qui a été permis
pendant 70 ans ? Le gouvernement
dominicain peut-il dire maintenant,
“les Haïtiens doivent tous partir, je
prends 30 autobus et je fais monter
tous ceux qui se trouvent dans les
rues, je les prends”. Il importe de
tenir compte du fait que ces gens
ont été ici depuis des décennies.
C’est la dimension humaine de la
question qui doit primer, car si le
monde ne met pas les êtres humains
au premier plan, à quoi sert-il ?
Donc, ici c‘est la dimension
humaine qu’on doit prendre en
considération, l’autre dimension,
c’est l’avantage économique que
tire la République Dominicaine
des Haïtiens. Vous avez vu ces jours
derniers, vous avez vu l’industrie
de la construction, comment
c’était hier ? Sans personne. J’ai
vu dans le rapport de Santiago ce
que disait le chauffeur d’autobus
public. “Aujourd’hui je n’ai eu
personne. Normalement les gens
qui montent dans mon autobus
sont des Haïtiens”.
L’activité agricole, vous avez vu
comment étaient les gens de
Constanza. Ils disaient que la
production agricole va diminuer
parce qu’il n’y a personne pour
travailler la terre. On ne peut pas
défaire une structure de production
du jour au lendemain. C’est une
chose stupide. » « La façon de faire
des agents du gouvernement est
stupide. Ils étaient ici avec plein
d’autobus, évoquant le patriotisme
et disant “nous avons 2000 soldats,
il faut que ça se termine ici, nous
devons mettre un terme à cette
situation”.
Le pire, et le plus honteux pour
notre pays, c’est le pillage. Voler
est un délit, mais on dit que voler
un indigent, c’est plus qu’un
délit et ici depuis que ce plan de
régularisation a commencé tous ces
gens qui allaient là-bas (au bureau)
disaient : “Écoutez, on me vole, j’ai
pas mal de temps dans la file et je
ne rentre jamais si je ne paie pas
une somme d’argent. Et ceux qui
arrivent en dernier avec de l’argent
en main entrent et moi je ne peux
pas rentrer parce que je n’ai pas
1,500 pesos. J’ai dépensé 20,000
pesos que je n’avais pas à cause
de toute cette bureaucratie que le
gouvernement a imposée. Le patron
doit te donner une lettre (qu’aucun
patron ne veut donner), ou encore
cette lettre ne vaut rien, tu dois la
faire légaliser, etc. ” Enfin, vous
voyez ce que ça coûte, tout ça ! “ »
Le saccage des Haïtiens
« Mais de plus, regardez jusqu’où
nous sommes arrivés. Je vous ai
expliqué plusieurs fois comment
les Haïtiens s’en vont. C’est sans
un rond. C’est pour cette raison
qu’ils ne veulent pas marcher avec
de l’argent en poche. Parce que
les Haïtiens qui sont pris, on leur
dit : “Laisse-moi voir ce que tu as
dans tes poches”. On lui enlève
tout, c’est un saccage. Donc c’est
ce qui se passe ici, c’est ce que
vivent ces gens qui sont ici, c’est
ce que nous avons vu avec ce plan
de régularisation.
On a vu ce qui s’est passé à Moca
où des Dominicains ont saccagé la
maison d’un groupe d’Haïtiens et
une dame avec laquelle j’ai honte
de partager la nationalité a crié
“la bonbonne de gaz est à moi”. Et
d’autres ont utilisé des enfants, ce
qui est incroyable, avec des draps
pour prendre tout ce qui est utile.
Ils ont emballé des choses et les
enfants sont sortis des maisons,
volant ces choses. »
« En ce qui concerne cet exode
des Haïtiens qui a commencé, tous
nos journalistes depuis plusieurs
points du pays ont reporté les faits
suivants. Les Haïtiens cherchent
des camionnettes pour s’en aller
avant qu’on leur vole ce qu’ils ont,
parce qu’ils savent que si on les
rencontre dans la rue et qu’ils n’ont
pas ce fameux papier (inscription
au Plan de régularisation), on va
les expulser sans qu’ils n’aient droit
à rien. Les Haïtiens savent que ce
n’est pas vrai qu’on va réviser les
dossiers au cas par cas, qu’il n’y
aura pas d’arbitraire et qu’on va
respecter la procédure. Le ministre
était là dans nos studios et a dit
: “Nous, nous ne voulons pas que
ceci passe par une procédure
judiciaire”.
Ça c’est du “friendo y comiendo”
( kou l cho l kwit ). Les centres
d’accueil, ce n’est pas plus
qu’un jour. Mais tous ceux qu’ils
rencontrent dans la rue, si c’est
de nuit, comme il y a un horaire,
comme ici c’est à 5 heures, s’ils
arrivent après, ils doivent dormir
sur les lieux pour être renvoyés
le lendemain ; là il n’y a pas la
procédure de rigueur, ni le respect
du protocole. Que disent les
Haïtiens ? “On va tout nous voler”.
Leurs biens pour nous, ce n’est rien,
mais pour eux, ils mettent toutes
leurs affaires ici et ils ne veulent
pas qu’on les leur vole. Ils s’en vont
comme vous le voyez. »
Le pouls de la réalité
« Déjà, hier, les Haïtiens qui par-
taient volontairement dénonçaient
les mauvais traitements dont ils
étaient l’objet. Ils disaient “Main-
tenant les gens du CESFRONT
(Cuerpo Especializado de Seguri-
dad Fronteriza) veulent nous
prendre les économies que nous
emmenons et ils veulent que nous
payions même pour nous en aller.
Ils ne veulent pas de nous ici, nous
partons volontairement et ils veu-
lent que nous leur payions pour
nous laisser partir”.
Telle est la situation réelle qui est
en train de se produire. De plus,
quand vous appartenez à une
partie, et j’appartiens à cette partie,
les journalistes ici appartiennent
à cette partie, laquelle ? La partie
dominicaine, la situation est
délicate. Les loups ne se mangent
pas entre eux. (Entre bomberos no
se pisan las mangueras). On vous
dit que “vous ne pouvez pas parler
mal contre les Dominicains, que
le Dominicain peut faire n’importe
quoi, peut faire du mal, et si on est
Dominicain, il ne faut pas parler du
mal que fait un Dominicain”.
Eh bien non, moi, non ! Si on veut
me considérer chinois, qu’ils me
considèrent chinois, je crois que
la justice, c’est l’unique chose
importante dans la vie. C’est la
seule qui peut améliorer tant soi
peu l’humanité. »
Entre survie et usure jusqu'à la corde :
les rapports Haïtiano-dominicains (3 de 3)
Suite des éditions du 10 au 12 et du 13 juillet, numéros 36 et 37
Par Leslie Péan / AlterPresse
MARDI 14 JUILLET 2015 N0
38 | 3
ACTUALITÉ
La Révolution Propre
Lamémoiredespeuplesnemeurtjamais.C’estGramsciqui,faceauxhauteurs
académiqueset,desfois,abstraitesqueprenaientlesidéesenEuropeetdansle
restedumonde,avaitfaitcirculerleconcept«d’intellectuelorganique».Pourlui,
ladistanceconstatéeentrelejoueurdesmots,delaparoleetdesthématiques
faceauxproblèmespratiquesposésdanslessociétésoùilévolueestunegrande
introversion.Silessavoirsviennentdespeuplesdansleursexpériencesavecle
réel,l’articulationdecessavoirsdoiventpermettreàcesderniersd’évoluerdu
magmaauraffinementoudesortirdesarchaïsmesrudespouruneentréedans
laclartéscientifique.
La problématique de l’intellectuel haïtien face aux diverses situations posées
au pays semble venir d’un bovarysme face aux hauteurs académiques et
formalistesdel’intelligentsiaeuropéenne.Influencéspardesdésillusionnésde
guerres affreuses et des adeptes de la chute des idéologies collectivistes, nos
intellectuels se sont glissés dans les interstices des abstractions poétiques ou
philosophiques. Ils ont adopté une littérature de l’intimisme beaucoup plus
proche de Borges que de Gorki. Leur rejet en bloc du réalisme socialiste, dont
leroman«LaMère»étaitl’exempleleplusévident,basculaitnos«éclaireurs
»danslarupturesocialeaveclesdramesd’unpaysmisenétatdechoc.Or,ily
avaitl’alternatived’unecompréhensionplus«organique»desparticularitésde
notreculture.Del’indigénismeauréalismemerveilleux,lesintellectuelshaïtiens
n’ont pas compris que le mouvement des idées nationales ne s’arrêtait pas à
JeanPrice-MarsetJacquesStéphenAlexis.
Aujourd’huiquelatragédied’unpaysdemandenonpassimplementleprag-
matismerégulier,maisunearticulationplusvisionnaire,onfaitleconstatdu
vide,del’horlogearrêtée,dudéficitdematièregrise,dumanquederêveetdela
chuteduraffinementidéologique.Lepeuplen’estpascomprisparl’intellectuel
parcequelerejetenblocdel’indigénismeneportaitpascedernieràmépriser
larécupérationduvaliéristepourmieuxexplorerlessavoirsdunègreetduTaïno.
Cetteincompréhensionaprovoquéunedistanceentrel’intellectueletlepeuple.À
uneépoqueélectoraledetouslesdramesetdetouslesgrandsdéfis,leproposest
plusàl’accusationqu’àdespropositions.Alorsquel’errance,lesexpulsions,les
épidémies,l’insalubrité,lavillegrotesqueetlacampagnerapetisséedevraient
servirdebaseàdesidéesfortesdemobilisationsocialedefoulesabattues,on
vaplutôt,hélas,versdesdébatssansgrandeuretdespetitessespoliticiennes.
Pargénérosité,voilàuneidéequeLENATIONALjettedanslamêlée:LaRévolu-
tionPropre!
Le National
Édito
» suite de la première page
La semaine écoulée, sur la route de
l’Aéroport, ce fut un policier qui s’est
fait agresser par quatre de ses frères
d’armes qui accompagnaient un juge
de paix. Au vu et au su de tous, les
policiers ont dégainé et mis en joue
l’homme qui était à bord d’une Toyota
Four Runner, lui intimant l’ordre
de rendre son arme et son badge,
alors que ce sont eux qui ont été les
responsables de l’incident, après
avoir opéré un dépassement, côté
droit. Le mauvais côté.
Lelundi13juillet,aucoursd’unepetite
visite aux stations de camionnettes
reliant Débrosse (Route de Canapé-
Vert) à l’ancien marché de Pétion-
Ville, des chauffeurs expliquent leur
calvaire. L’un d’entre eux, « Ti jean »,
s’est-il identifié, informe que certains
chauffeurs peuvent tourner où ils
veulent parce qu’ils « entretiennent
les commandants ». Un jargon
incompréhensible qui prend tout son
sens dans le milieu. Parfois, ils se font
gifler par les agents de l’ordre, sans
compter le remorquage des voitures
qui se fait dans le désordre le plus
total et qui représente, soutient-il,
un business dont le contrôle échappe
totalement à l’État haïtien.
L’anarchie qui règne au rond-point de
l’ancien marché serait peut-être liée
à cette pratique. Certains chauffeurs
donneraient de l’argent aux policiers
pour éviter les contraventions, alors
que d’autres, rapportent-ils, sont
punis pour la moindre inattention.
Les permis de conduire saisis sans
aucun motif sérieux et qui sont
négociés dans les coins sombres et
obscurs ne sont jamais déposés dans
les commissariats, dit-il. La liste
des violations signalées n’est pas
exhaustive.
Il y a environ un mois, un petit
commerçant, dont nous nous gardons
de citer le nom, a eu les quatre pneus
de sa voiture crevés par un policier en
courroux, l’accusant de lui barrer la
route menant à sa résidence. Celui-ci
est descendu de sa voiture, a sorti
son pistolet et tiré dans les pneus de
la camionnette. Pourtant un camion
de transport d’eau était déjà engagé
dans l’impasse où il se trouvait. Si
l’IGPNH annonce toutes les semaines
des mesures disciplinaires contre des
policiers délinquants, celles-ci ne
paraissent pas assez fermes pour
casser les velléités de certains.
Le dernier cas en date, l’agression
subie par le cameraman de la Radio-
Télé Signal, Samus David François.
L’agent de police Guerrier Séide,
affecté au commissariat de la Croix-
des-Bouquets, est l’auteur de l’acte.
Il a saisi la moto qui transportait les
journalistes qui revenaient d’une
activité, après qu’il eut usé du trépied
devant supporter la caméra pour
frapper le journaliste qui porte encore
des blessures à la tête. Ce cas vient
s’ajouter à celui du journaliste de
Radio-Télé Kiskeya, Rodrigue Lalane,
molesté par un policier le mardi 1er
octobre 2013.
Une fois de plus, le porte-parole
de la PNH, le commissaire Frantz
Lerebours, informe que l’Inspection
générale de la police est saisie du
dossier, arguant que la PNH n’a pas
pour mission de brutaliser les gens,
mais plutôt, dit-il, de les protéger et
les servir. « Le policier sera entendu.
Il faut équilibrer la question avant
d’acheminer le dossier à la Direction
générale », a insisté le commissaire
Lerebours qui, au nom de l’institution
policière, en a profité pour s’excuser
auprès de Télé Signal et de Samus
David François.
Ces pratiques policières déviantes
ne seraient plus un secret à Port-
au-Prince, tant les témoignages sont
nombreux. D’autant que les agents de
l’ordre, aujourd’hui, contrairement
à ce qui se faisait sur la gestion du
chef de la Police antérieure, Mario
Andrésol, faut-il le citer, n’ont
aucune signe d’identification, sinon
leur uniforme. Les numéros qui y
étaient brodés ont disparu. Leurs
voitures, pour la plupart, n’ont ni
plaque, ni assurance, ni feux arrière.
Aussi, des policiers administratifs
qui portent des cagoules à longueur
de journée sont d’autres signes
inquiétants. Ces policiers qui
enfreignent les règlements de la
circulation ne prennent d’ailleurs pas
de contravention. Même lorsqu’ils
roulent en contresens. Le fautif est
toujours le paisible citoyen. Mais quel
règlement leur attribue ces droits ?
Sûrement pas la loi de 1995 portant
création de la PNH qui ne dit rien à
ce sujet.
Brutalité
policière :
un slogan
à la modePar Lionel Édouard
HAÏTI/SÉCURITÉ
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LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
4 | N0
38 MARDI 14 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
Trois millions de gourdes
détournées au MENFPPar Reynold Aris
HAÏTI/ÉDUCATION/CORRUPTION
L
e ministère de l’Éducation
nationale et de la Formation
professionnelle (MENFP)
n’entend s’endormir sur ses
lauriers. Près d’un mois après la
réalisation de l’enquête sur le fonc-
tionnement du Programme de scolari-
sation universelle, gratuite et obliga-
toire (Psugo), l’Unité de lutte contre
la corruption (ULCC), à l’initiative du
MENFP, a déjà diligenté une enquête
suite à la disparition de trois millions
de gourdes dans le cadre d’un projet
avec la Coopération espagnole.
Un réseau de faussaires au sein du
MENFP est mis sur la sellette, si
l’on en croit les propos du titulaire
dudit ministère, Nesmy Manigat,
à l’occasion de sa participation à
l’émission sans détours sur Télé
Plurielle, le dimanche 12 juillet
2015.
Ce projet, financé par la Coopération
espagnole, indique M. Manigat, est
l’objet d’une enquête interne où
près de trois millions de gourdes ont
disparu en fumée. Il cite en exemple
un chèque qui a été émis pour 79 mille
gourdes et qui a été encaissé pour un
montant de 879 mille gourdes. En
multipliant ce montant par quatre
dans le cadre de ce dossier, la somme
serait estimée à environ trois millions
de gourdes. Selon ce qu’il affirme, ce
dossier est déjà devant la Justice.
Il a précisé que plusieurs employés
sont déjà interrogés afin de faire la
lumière autour de cette affaire.
Le Ministère a entrepris des
investigations en ce qui concerne
d’autres projets. Il s’agit de rétablir la
confiance des partenaires nationaux
ou internationaux. Car, l’objectif
principal consiste à doubler le budget
alloué à l’Éducation dans l’intérêt du
pays, néanmoins il convient d’éviter
le gaspillage.
Se voulant impartial, le numéro un
du Ministère a affirmé que ce n’est
pas seulement le Psugo qui est
l’objet d’enquête et d’audit au niveau
du MENFP. Il s’agit de plusieurs
projets qui sont sujets à évaluation.
Il informe en ce sens avoir sollicité
de l’ULCC ou d’un autre organisme
d’apporter son appui dans le cadre
de la supervision de ces projets dont
il s’est gardé de citer les noms.
Dans l’administration publique,
convient le Ministre, le système
de gestion est extrêmement faible
en général. Ce qui entraîne des
vulnérabilités dans ce domaine.
Face à cette situation, les ministères
appellent à la collaboration d’autres
partenaires de l’État dotés d’un
plus grand nombre d’experts en vue
d’enrayer les pratiques de ces réseaux
de corrompus.
Le MENFP s’engage aussi à renforcer
son service d’inspectorat, voire créer
un corps d’inspection générale qui
lui permettra au-delà de ses six
inspecteurs d’accomplir leur travail
de supervision pédagogique et
administrative. Cette démarche, dit-
il, contribuera au renforcement du
Ministère à l’interne dans le cadre de
son contrôle sur le flux financier qui
circule dans cette institution.
Quid des 85 écoles exclues ?
Quant aux établissements exclus
du Psugo, M. Manigat informe que
le MENFP a choisi de publier une
liste de 85 établissements scolaires
éclaboussés dans la corruption,
soulignant que le ministère pourrait
en rendre public entre 100, 110 et
120 écoles qui y sont impliquées. Il
s’agit d’une vaste liste d’institutions
scolaires qui sont concernées par ce
dossier. Cette publication s’inscrit
dans le cadre du constat du ministère
où l’effectif subventionné est
supérieur à 10 par rapport à l’effectif
de l’école en question.
Les directeurs fautifs, poursuit le
titulaire du MENFP, doivent restituer
à l’État les fonds dont ils ont bénéficié
en vue de permettre au ministère
de financer ceux qui respectent les
clauses du contrat dans la cadre du
Psugo. Il a en outre rappelé que s’il
existe des cas de complicité à établir,
la Justice doit faire son travail,
arguant que s’il est des coupables au
niveau du ministère, l’institution qu’il
dirige ne lésinera pas à sanctionner
les fraudeurs. Il indique toutefois
avoir laissé une porte ouverte à ces
directeurs jusqu’à ce mardi 14 juillet
2015 de sorte qu’ils puissent se rendre
dans la direction départementale
de leur zone respective et fournir
les explications nécessaires. Ces
éléments d’information, précise le
patron du MENFP, permettront de
rayer le nom de leurs établissements
dans cette liste d’ « établissements
suspects » ou non, informant que
jusqu’à la preuve du contraire, ces
85 écoles sont exclues.
En ce qui concerne le Collège
Pierre Corneille dont le directeur
est Philistin Rilet (candidat à la
députation), membre du parti poli-
tique PPG-18 et de la plateforme
« PHTK », le Ministre dit ne pas
avoir abordé le volet politique de la
question. Il a indiqué que les enquê-
teurs de l’ULCC et les responsables
du MENFP ne se sont accrochés
qu’au fonctionnement du Psugo.
Les autres volets relèvent des auto-
rités compétentes.
L e ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, Nesmy Manigat. / Photo: J.J. Augustin
MARDI 14 JUILLET 2015 N0
38 | 5
ACTUALITÉ
ÉCHO
Cornillon, trois
présumés bandits
arrêtés par la police
La police a procédé, samedi, à
l’arrestation de Jackson Saint-
Fleur, Jackenson Saintilus
et Jean Berex Camille, trois
présumés bandits qui auraient
tenté d’assassiner Méléus
Alphonse, candidat à la
députation à Cornillon. Sur
cinq bandits impliqués dans
le forfait, deux d’entre eux ont
pu s’échapper. Au moment de
l’opération, la police a libéré
un individu kidnappé par ces
présumés bandits transférés à
Croix-des-Bouquets pour les
suites de droit.
Fort-Liberté,
quatre morts dans
un accident de la
circulation
Un terrible accident survenu
dimanche sur la route
nationale #6 dans le Nord-Est,
a occasionné la mort de quatre
personnes, notamment Madsen
Souverain, un médecin. Deux
motocyclettes transportant
chacune plus de deux
personnes et qui circulaient
en sens inverse sont entrées en
collision, provoquant la mort
sur place de deux personnes.
Deux autres, transportées
d’urgence à l’hôpital, n’ont pas
survécu à leurs blessures, a
rapporté la presse locale.
Formation en
entrepreneuriat
biblique : Ezechias
Ductan sacré
Champion national
Suite à différentes sessions de
formation en entrepreneuriat
biblique à travers le pays (Cap-
Haïtien, Pignon, Port-au-Prince,
La Victoire et Port-de-Paix), le
projet intitulé « Nehemiah Week
Haiti » a organisé le 9 juillet un
concours de plan d’affaires à Le
Villate à Pétion-Ville. Le pasteur
Ezechias Ductan a été désigné
champion national pour son
projet intitulé « Eben Ezer »,
une entreprise commerciale
dont l’objectif est de développer
les NTIC (nouvelle technologie
de l’information et de la com-
munication) en Haïti. Monsieur
Ductan, qui doit se rendre aux
États-Unis en septembre pro-
chain pour participer à un con-
cours international à Orlando,
a promis de ramener le trophée
en Haïti.
Corail : le BEC
ferme ses portes
à la demande des
citoyens
Des citoyens voulant porter
des modifications d’adresse
dans le Registre électoral ont
été surpris d’apprendre que
des inconnus auraient fait ces
changements à leur place en
utilisant leur CIN. Ces citoyens,
membres de Fusion des sociaux-
démocrates, Fanmi lavalas et
Inite patriotique, crient à la
fraude et exigent la fermeture
du bureau électoral communal.
Le président du BEC de Corail
promet de diligenter une
enquête pour faire la lumière
sur la question.
La PNH joue son rôle
dans la lutte contre
la violence basée sur
le genre
L’unité basée sur le genre au
sein de la Police nationale
d’Haïti (PNH), créée en 2005,
déploie tous ses efforts afin de
jouer convenablement son rôle
en dépit du manque de moyens
auquel elle fait face. C’est ce qu’a
estimé Marie Louise Gauthier,
commissaire divisionnaire et
responsable de la Coordination
nationale des affaires féminines,
des questions de genre et des
violences sexuelles au sein de la
PNH. Mille policières et policiers
nationaux, qui ont suivi des
sessions de formation basées
sur le genre, accompagnent
les femmes victimes jusqu’au
niveau de la justice, informe
madame Gauthier.
Le festival Libérez la
parole se tient du 12
au 19 juillet 2015
Le Centre PEN Haïti informe
que la 4e édition du festival «
Libérez la parole » se tient du 12
au 19 juillet 2015. Le festival,
qui se déroulera dans plusieurs
villes du pays (Port-au-Prince,
Cayes, Jacmel et Gonaïves) est
un moment de convivialité dans
un format qui permet à des
travailleurs de la plume d’ici et
d’ailleurs de prendre la route
pour provoquer des échanges
toujours sincères, lit-on dans
un communiqué indiquant que,
cette année, le festival rend
hommage au journaliste Jean
Dominique.
Cent treize interpellés,
neuf retenus!
Par Lionel Édouard
HAÏTI/PNH/INTERVENTION
La Police Nationale d’Haïti a présenté lundi, un bilan de
ses interventions dans la capitale haïtienne, durant le
Week-end écoulé. Le quartier de La Saline était au centre
de toutes les attentions avec l’arrestation de plusieurs
présumés bandits et la saisie de plusieurs paquets de
stupéfiants.
L
a police a, en effet, mené une
opération dans la zone de La
Saline, le samedi 11 juillet
2015. Accompagnés d’environ
140agentsdelaMinustah,destroupes
du Corps d’intervention et de main-
tien de l’ordre (Cimo), de la Brigade
d’opération et d’intervention départe-
mentale (BOID) et du SWAT, entre
autres, ont procédé à l’interpellation
de 113 personnes, rapporte le porte-
parole a. i. de la PNH, Garry Desro-
siers.
Après interrogation au commissariat
de Port-au-Prince, M. Desrosiers
informe que neuf parmi les personnes
interpellées ont été retenues pour les
chefs d’accusations d’assassinat, vol
à main armée, association de malfait-
eurs et trafic de stupéfiants. Plusieurs
sachets de marijuana ont été saisis
lors de cette opération.
Plusieurs chefs de gang qui entreti-
ennent l’insécurité au centre-ville
de Port-au-Prince feraient l’objet de
recherche active de la police, à l’issue
de cette intervention. Il s’agit de
Lemoine ainsi connu, Ti Jinyò ainsi
connu, Bouyon ainsi connu. Léonel
Lexius, Tibo vòlè, Edson Fils-aimé
alias Féfé, Léonel Altème dit « Bout
Janjan », et le dénomé Sadam Vòlè,
sont d’autres bandits activement
recherchés par la PNH.
Garry Desrosiers attire l’attention
des citoyens sur le fait que ces chefs
de gang seraient des bandits très
dangereux, impliqués dans tous les
actes d’insécurité répertoriés au cen-
tre-ville. Aussi, dit-il que l’opération
lancée, samedi dernier, continue au
niveau du commissariat de Port-au-
Prince.
Par ailleurs, Garry Desrosiers soutient
que cette opération était une réussite
du fait que personne n’en est sorti
victime. Soulignons qu’aucune arme
n’a été saisie, durant cette interven-
tion. Les présumés bandits retenus
ont, pour leur part, été présentés à la
presse. Il s’agit de Félix Pyram (alias
Toutou), Christophe Junior (alias fal
anlè), Robenson Saint-Cyr, Jackson
Téralien, Ogourt Raymond, Charles
Bertin, Ullrick Célestin, Jean Charles
Charleston, Béatrice Lucin.
Garry Desrosiers invite également la
population à fournir des informations
à la police, une manière de mettre fin
à l’action des bandits. Cette interven-
tion a été réalisée dans les bâtiments
dénommés « projet Aristide » à La
Saline, a-t-il conclu.
Le porte-parole a. i. de la PNH, Garry Desrosiers. / Photo : Ruben Chéry
6 | N0
38 MARDI 14 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
O
n est au lundi 13 juillet
2015. Le dollar améric-
ain s’échange contre 56
gourdes dans de nom-
breuses banques commerciales du
pays. Alors que, quelques semaines
auparavant les esprits étaient sur-
chauffés quand le dollar s’achetait à
50 gourdes. Et certains observateurs,
tenant compte des spéculations sur le
marché de change, estiment logique
de s’attendre à une chute continue
de la gourde par rapport à la devise
américaine.
Les conséquences de cette descente
aux enfers, selon plus d’un,
affectent l’économie réelle du pays
dans ses entrailles car reposant sur
le secteur informel déjà précaire.
Les petits commerçants spécialisés
dans la vente et l’achat du dollar
affirment leur désarroi devant
ce drame. Jamais auparavant la
gourde n’a été aussi dépréciée,
déplore-t-ils. Ils disent assister,
impuissants, à cette dégringolade
de la gourde par rapport au dollar
qu’ils achètent aux prix fort au
niveau des banques commerciales.
Celles-ci ne leur font pas de cadeau.
Pour toute transaction supérieure
à 250 dollars, raconte un de ces
commerçants, l’institution bancaire
augmente le taux de change.
Pour ces commerçants qui
vivent essentiellement de cette
activité, la situation générale est
préoccupante à plus d’un titre. Très
faible demande, d’une part, de la
population, constatent-ils. D’autre
part, ce phénomène, se désolent-
ils, rejaillissent sur l’ensemble des
activités économiques. Le coût de
la vie augmente de fait. Et en tant
que parents, nombreux sont ceux
qui redoutent les conséquences de
cette crise sur les frais scolaires à
la veille de la rentrée des classes
prévue le 8 septembre prochain.
Comme pour cracher son ras-le-bol
face à cette situation, Rose-Marie,
affirme, malgré elle, vouloir fermer
son shop, si aucune amélioration
n’est apportée à cette crise. Car,
argumente-t-elle, en mobilisant
plus de devises nationales que
d’habitude pour se procurer le
dollar nécessaire pour l’achat de
ses marchandises en République
dominicaine, elle se voit contrainte
d’augmenter le coût unitaire de ses
produits. Ce qui engendre une forte
réticence des acheteurs.
Même réaction de Robert qui
s’occupe de la vente de tissus
et des ustensiles de cuisine.
Les consommateurs refusent
systématiquement, selon lui, de
s’acheter un produit dont le coût
augmente sur le marché local à
cause de la hausse croissante du
dollar par rapport à la gourde.
En conséquence, avoue-t-il,
après maints désaccords avec
eux et au terme d’une journée
infructueuse, il est contraint,
au risque probable d’une marge
bénéficiaire défavorable, de se plier
aux prix exigés par les acheteurs.
Contrairement à Rose-Marie, il
n’entend pas fermer boutique.
Il envisage de se battre, au côté
d’autres commerçants révoltés,
pour exiger du gouvernement de
rectifier le tir.
Silence complice ?
Les autorités financières
et monétaires du pays et le
gouvernement dans son ensemble
gardent, de l’avis de nombre
d’observateurs, un silence
complice. La Banque centrale,
dont l’une des attributions consiste
à stabiliser le taux de change, n’a
daigné se prononcer sur un fait
qui relève de ses compétences. Le
gouverneur de la BRH, M. Charles
Castel, rapporte un des médias de la
capitale, pourrait, au cours de cette
semaine, donner une conférence de
presse sur le sujet.
Mais, entre-temps, l’information
disponible sur la question fait état
de mesures prises par l’institution
financière dont les effets s’étendent
sur le long terme. La solution n’est
pas pour demain.
La BRH aurait astreint les banques
commerciales à une réserve
obligatoire. C’est-à-dire qu’il leur
est fait obligation de ne pas investir
tout l’épargne des déposants.
Laquelle disposition expliquerait,
selon l’économiste Kesner Pharel,
que ces institutions financières
augmentent le taux de crédit initial
accordé à des clients.
Quid des réserves de la BRH ?
Les réserves nettes de la BRH sont
aujourd’hui estimées à plus de 800
millions de dollars américains. Pas
question, pour M. Pharel, d’injecter
une partie de ces réserves dans
l’économie nationale. À court terme,
argumente-t-il, cette disposition
favoriserait un ralentissement
de la dégringolade de la gourde.
Cependant, met-il en garde, la BRH
en serait fragilisée. Car, en injectant
200 millions de dollars dans
l’économie, à titre d’illustration,
explique l’économiste, il en resterait
que 600 millions environ. Ce qui
serait l’équivalent des trois mois de
réserves exigées par les institutions
financières internationales à la
BRH. Des spéculateurs sur le
marché, redoute-t-il, pourraient en
profiter pour pressurer davantage
le dollar sachant que les marges
de manœuvres de ladite institution
financière sont désormais très
limitées.
Cettepositionnefaitpasl’unanimité
chez les économistes. Le président
de l’Association haïtienne des
économistes, Eddy Labossière,
croit judicieux, qu’à court terme la
BRH injecte, comme elle l’a fait à
une période de l’histoire du pays,
une partie de ses réserves sur le
marché. Toutefois, l’économiste
plaide pour la mise en place de
mesures structurelles. À savoir, une
équipe dirigeante du pays dotée
d’une double légitimité obtenue
auprès des électeurs, d’une part
et, d’autre part, venant de toutes
les élites du pays. Ce, en vue de
redresser l’économie nationale et
refonder l’État.
La population aux abois !par Jean Michel Cadet
ÉCONOMIE/DÉPRÉCIATIONDELAGOURDE
Un marchant de dollars américains.
Alors que la dégringolade accélérée de la gourde par rapport au dollar se poursuit, les autorités étatiques se
taisent. Les spécialistes en économie théorisent sur la question. Peu de propositions concrètes, cependant,
surgissent des débats. Entre-temps, le secteur informel et une frange importante des ménages subissent les
effets pervers de cette crise économique.
A
lors que la campagne élec-
torale pour les législatives
du 9 août est officiellement
lancée, le Conseil électoral
provisoire n’est pas encore en mesure
de publier la liste des membres de
bureaux de vote conformément aux
dispositions de l’article 139-1 du
décret électoral du 2 mars 2015 Qui
stipule : « Les membres des Bureaux
de vote, dans leurs zones respectives,
sont choisis par les partis politiques,
sur une liste de citoyens électeurs sou-
mise par les universités, les écoles, les
cultes, les associations socioprofes-
sionnelles et culturelles reconnues
et les organisations de femmes, au
moins soixante (60) jours avant le
scrutin. » Aujourd’hui, à environ 25
jours du scrutin, les MBV ne sont pas
encore connus.
De plus, le CEP semble avoir
passé outre les dispositions de cet
article dans sa façon de procéder
au recrutement des MBV. S’il est
vrai que le tirage au sort a été
fait en public tel que stipulé à
l’article 139-2, ce tirage était de
préférence destiné à désigner
les partis politiques habilités à
soumettre les membres de BV. « On
a procédé au tirage au sort pour
chaque circonscription électorale
en présence des représentants des
différents partis politiques. Dans
un tirage au sort sans remise, on
distribue les trois postes de chaque
bureau de vote. Le parti tiré en
premier, à la présidence du bureau
ainsi de suite », a expliqué Claudy
Sylfa Morisseau, vice-président du
BED OUEST 1.
Après avoir fait cette répartition,
les partis politiques sont invités à
soumettre les noms des personnes
appelées à combler les différents
postes obtenus, a renchéri, pour sa
part, Wally Désence, président de ce
BED, annonçant que cette opération
devrait prendre fin le jeudi 16 juillet
2015.
En ce qui concerne les recrutements
des superviseurs, le vice-président
du Bed Ouest 1 a indiqué que tout
a été fait selon les dispositions
de l’article 11 du décret électoral
qui veut que les superviseurs
électoraux soient des agents
recrutés en toute indépendance, en
toute transparence, sur concours
par le Conseil électoral provisoire
qui détermine les critères de
compétence requis. Ils sont de
deux catégories : les superviseurs
principaux et les superviseurs
adjoints. Ils sont sous la hiérarchie
immédiate des membres du BEC.
Le concours devant aboutir au
recrutement de ce personnel aurait
dû avoir lieu cette semaine, soit le
mercredi 15 juillet 2015 selon des
informations non encore officielles.
Entre-temps, l’opération de
changement de centre de vote a
pris fin le dimanche 12 juillet. Cette
étape franchie est importante pour
la publication de la liste électorale
qui devait être rendue publique
trente jours avant le scrutin. Les
responsables du Conseil électoral
provisoire, en particulier le directeur
exécutif, Mosler Geroges, avaient
donné la garantie qu’au plus tard
le 10 juillet la liste des électeurs
serait affichée dans tous les bureaux
électoraux communaux (BEC).
MARDI 14 JUILLET 2015 N0
38 | 7
ACTUALITÉ
Le CEP bousculé par son propre calendrier
Par Nocles Débreus
HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
Le Conseil électoral provisoire (CEP) s’active en vue de rattraper le retard enregistré dans le calendrier électoral en ce qui
a trait au processus de recrutement des membres de bureaux de vote (MBV). Ce lundi 13 juillet 2015, les responsables des
partis et regroupements politiques ont défilé dans les locaux logeant le Bureau électoral départemental Ouest 1 (BED
OUEST 1) qui regroupe pas moins de treize bureaux électoraux communaux (BEC), en vue de soumettre les noms retenus
comme MBV suite au tirage au sort qui avait eu lieu la semaine écoulée.
De gauche à droite, Ricardo Augustin, Pierre Manigat Jr, Pierre Louis Opont et
Néhémy Joseph. / Photo : J.J. Augustin
8 | N0
38 MARDI 14 JUILLET 2015
MONDE
H
illaryClinton,considéréepar
ses détracteurs comme trop
proche des milieux finan-
ciers, s’est positionnée lundi
comme celle qui augmenterait les
revenus de la classe moyenne tout en
disciplinant les excès de Wall Street,
en présentant sa vision économique
en vue de la présidentielle 2016.
Dans le premier grand discours
économique de sa campagne,
l’ancienne secrétaire d’Etat et
ancienne sénatrice, largement en
tête des sondages côté démocrate,
a insisté sur le besoin d’une
« croissance forte, juste et à
long terme », profitant à tous les
Américains, et non seulement « à
ceux au sommet ».
« L’inégalité est un frein pour notre
économie et c’est un problème
auquel nous devons nous attaquer »,
a-t-elle ajouté.
« Le défi économique de notre
époque est clair, nous devons
augmenter les revenus des
Américains qui travaillent dur
», a-t-elle insisté, égratignant au
passage son opposant républicain
Jeb Bush, qui avait récemment
estimé que les Américains devaient
travailler plus.
« Ils n’ont pas besoin d’un sermon,
ils ont besoin d’augmentations »,
a-t-elle déclaré dans un discours
de 50 minutes à l’université « The
New School », dans le très chic
Greenwich Village à Manhattan.
Mme Clinton, en costume pantalon
noir, s’est dite pour une hausse du
salaire minimum, pour une baisse
du coût de la santé, pour un rôle
plus large pour les syndicats,
attaquant sur ce thème un autre
de ses adversaires républicains,
le gouverneur du Wisconsin Scott
Walker, qui s’est lancé lundi dans
la course à la présidence. Elle l’a
accusé de « piétiner » les droits des
salariés.
Mme Clinton, parfois accusée d’être
trop proche des milieux financiers,
a aussi déclaré que « ceux au
sommet » devaient « payer une
part équitable » en termes d’impôts,
et que les familles travaillant dur
« méritaient une aide fiscale ».
Elle a aussi dénoncé un monde
de la finance et des grandes
entreprises qui se préoccupe selon
elle plus des résultats trimestriels
pour ses actionnaires que des
investissements à long terme pour
les employés.
« Certaines de nos grandes
entreprises ont dépensé plus de
la moitié de leurs revenus pour
racheter leurs propres actions, et
un autre tiers pour acheter des
dividendes, cela doit changer », a
insisté Mme Clinton, qui a aussi
promis « un plan pour freiner les
risques excessifs à Wall Street ».
Détails plus tard
Durant tout son discours, elle
n’est entrée dans aucun détail, les
promettant pour plus tard.
Mme Clinton a aussi plaidé pour
des congés maladie payés, ce qui
n’est pas la norme aux Etats-Unis,
pour l’école maternelle pour tous
dès 4 ans dans un délai de dix ans,
et a insisté sur sa détermination à
faire de la famille une priorité si elle
devenait présidente.
« Des gardes d’enfants de qualité
et abordables ne sont pas un luxe,
c’est une stratégie de croissance »,
a-t-elle expliqué.
Mme Clinton est très largement en
tête des sondages des intentions
de vote parmi les démocrates, les
récents sondages lui donnant entre
58 % (CNN) et 75 % (Wall Street
journal/NBC). Elle l’emporterait
aussi face à son adversaire
républicain, quel qu’il soit.
Mais ces dernières semaines ont vu
aussi la progression sur sa gauche
du sénateur du Vermont Bernie
Sanders, grand pourfendeur des
inégalités qui se sont creusées ces
dernières années aux Etats-Unis. Il
est désormais à 15 % des intentions
de vote.
Avant le prononcé de son discours,
l’équipe de campagne de Mme
Clinton avait fait savoir que cette
allocution était l’aboutissement
de discussions avec quelque 200
experts politiques et économistes.
Hillary Clinton s’est présentée lundi
comme résolument tournée vers
l’avenir.
« Nous ne sommes plus aujourd’hui
en 1993 (quand son mari Bill était
au pouvoir), ce n’est pas 2009
(première présidence de Barack
Obama), et nous avons besoin de
solutions pour les grands défis que
nous affrontons aujourd’hui ».
Les républicains n’ont pas même
attendu son discours pour la
critiquer, l’associant sciemment à
Bernie Sanders.
« Ils sont déconnectés de
l’Américain ordinaire », a déclaré
dimanche le président républicain
de la Chambre des Représentants
John Boehner.
« Il n’y a pas de limite au nombre
d’impôts que Bernie Sanders et
Hillary Clinton veulent augmenter, il
n’y a pas de limite à l’augmentation
de la taille du gouvernement qu’ils
veulent créer ».
Hillary Clinton plaide pour une hausse
des revenus de la classe moyennesources : AFP
L’ancienne secrétaire d’État et candidate à la présidentielle américaine Hillary Clinton, à New York le 13 juillet 2015. / Photo: AFP/AFP
MARDI 14 JUILLET 2015 N0
38 | 9
MONDE
A
vec le voyage inédit du pape
François en Amérique latine,
qui s’est achevé dimanche,
l’Eglise catholique a cher-
ché à réaffirmer son influence dans
la région qui regroupe le plus grand
nombre de fidèles de la planète, mais
où la désaffection guette.
Tout au long de son périple de huit
jours qui l’a mené en Equateur,
en Bolivie et au Paraguay, le
charismatique pape argentin de 78
ans a voulu diffuser un message de
justice sociale, dans ce continent
marqué par la pauvreté et les
inégalités.
Premier souverain pontife né hors
d’Europe en 1 200 ans, il est apparu
en forme malgré son programme
chargé, se sentant visiblement
« chez lui » parmi les millions de
fidèles venus le voir et prier avec
lui.
Mais plus qu’un retour sentimental
sur ses terres d’origine, son
déplacement avait valeur de
mission, dans cette Amérique
latine qui compte 425 millions
de catholiques, soit 40 % du total
mondial, mais où l’Eglise est en
perte de vitesse.
Selon une étude du centre de
recherche américain Pew, 69 %
des Latino-Américains se déclarent
catholiques aujourd’hui. En 1970,
ils étaient 92 %. Dans le même
temps, les protestants sont passés
de 4 à 19 % de la population, alors
que montait l’influence des cultes
évangéliques.
Il y a une « perte de parts de marché
de l’Eglise » dans la région, où
« elle n’a plus le monopole comme
cela a été le cas pendant 400 ans »,
observe le politologue Daniel H.
Levine, professeur émérite de
l’université de Michigan.
Pour 81 % des catholiques passés
au protestantisme, la raison
principale était la recherche d’une
connexion personnelle avec Dieu,
selon l’institut Pew.
Pendant son voyage, le pape a
insisté, auprès des représentants
du clergé, sur le danger de tomber
dans l’ « Alzheimer spirituel » en
oubliant leurs origines modestes,
les appelant à être plus proches de
la population.
« L’Amérique reste un territoire
d’évangélisation pour l’Eglise »,
remarque Hernan Olano,
directeur du département des
Sciences humaines de l’université
colombienne de la Sabana.
« La hiérarchie catholique sait que
la foi est présente, mais il ne faut
pas la laisser tiédir. La flamme doit
rester vivante », assure-t-il.
Discours progressiste
Car l’Amérique latine est
fondamentale pour l’avenir de
l’Eglise catholique, assurent les
analystes.
« Le pape n’a pas peur de dire :
« Je viens car mes petites brebis
sont en train de partir » », explique à
l’AFP Monseigneur Juan Espinoza,
secrétaire général du Conseil
épiscopal latino-américain (Celam),
dont le siège est à Bogota.
« Il est nécessaire pour lui
d’encourager ces communautés
vivantes », ajoute-t-il, prônant
« une véritable évangélisation qui
imprègne la vie des personnes et
ne soit pas juste un rite ».
« Je crois que c’est ça, le grand défi
de l’Eglise ».
Lors de sa visite, le pape François
a d’ailleurs appelé à lancer « une
révolution » pour évangéliser
l’Amérique, “un cri” pour “guérir
les blessures” et “construire des
ponts”.
Et le souverain pontife a
demandé, de manière historique,
« humblement pardon, non
seulement pour les offenses de
l’Eglise même, mais pour les crimes
contre les peuples autochtones
durant ce que l’on appelle la
conquête de l’Amérique ».
Il a aussi montré le visage d’une
nouvelle Eglise, plus à l’écoute
des revendications populaires,
qu’il s’agisse de la lutte contre
les exclusions ou la nécessaire
protection de l’environnement.
« Il a un discours progressiste sur
les questions d’écologie sociale et
d’inclusion, mais je ne le vois pas
comme un « rouge » », estime M.
Levine, en allusion aux critiques
que lui adressent les observateurs
les plus conservateurs.
Multipliant les déclarations en
défense des pauvres lors de
son voyage, le pape a semblé
souvent proche de la théologie
de la libération, un courant de
pensée visant à émanciper les
plus démunis, né dans les années
1970 en Amérique latine et
très controversé au Vatican, qui
craignait des dérives marxistes.
Pour Hernan Olano, « il y a
beaucoup de thèmes de la doctrine
de l’Eglise qui, depuis le Concile
du Vatican II, dont découle
la théologie de la libération,
n’ont plus été évoqués et ce
pape les aborde car il connaît la
réalité du peuple » et, en tant que
Latino-américain, « ce qui se
passe sur ce continent ne lui est
pas éloigné ».
En Amérique latine, l'Eglise cherche
à retrouver son influence d'antanSources : AFP
Une croyante arbore un chapelet, lors de la visite du Pape François près
d’Asuncion, au Paraguay, le 12 juillet 2015. / Photo: AFP/AFP/Archives
14 juillet : Hollande appelle les Français
à rester unis face au terrorisme
Sources : AFP
F
rançois Hollande a appelé
lundi,àlaveilledelafêtenatio-
nale, les Français à rester unis
face à la menace terroriste et à
« refuser la peur », qui serait le « pire
poison » pour le « vivre ensemble ».
« Un terrorisme fondamentaliste
s’est installé à quelques heures
d’avion de chez nous. Il détruit,
il assassine, il massacre, il viole,
au Moyen-Orient, au Maghreb,
en Afrique subsaharienne mais
aussi sur notre sol », a-t-il dit lors
d’une réception au ministère de
la Défense, à l’Hôtel de Brienne.
« Face à ces agressions, à ces
menaces, notre pays doit refuser
la division parce que c’est ce que
cherchent les terroristes et la peur
parce que ce pourrait être le pire
poison au sein de notre commu-
nauté nationale », a-t-il ajouté
en présence du Premier ministre
Manuel Valls et du ministre de la
Défense Jean-Yves Le Drian.
« La peur nous conduirait à aban-
donner ce que nous avons de plus
cher: nos libertés, notre capacité
à vivre ensemble, notre respect
des uns et des autres », a estimé
le chef de l’Etat.
« Face à ces menaces nous devons
tenir bon, avoir la fermeté néces-
saire mais également le sang froid ».
François Hollande a salué
l’engagement des armées pour la
défense de ces valeurs sur le ter-
ritoire national comme sur les
théâtres d’opérations extérieurs.
« La menace a atteint un niveau qui
n’a pas d’équivalent dans notre his-
toire récente et justifie la mobilisa-
tion exceptionnelle de nos armées »,
a-t-il souligné, en référence aux
10 000 soldats déployés en urgence
sur le territoire national au len-
demain des attentats de janvier.
L’opération, baptisée Sentinelle,
compte désormais 7 000 militaires
mobilisés en permanence pour la
défense de sites sensibles, notam-
ment juifs.
Le président de la République François
Hollande s’exprime au ministère de la
Défense le 13 juillet 2015 à Paris.
10 | N0
38 MARDI 14 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Le gouvernement haïtien interdit l'importation
de farine de blé en provenance de la République
dominicaine ?
Par Henri Alphonse
Désormais les producteurs dominicains devront montrer patte blanche avant d’être autorisés à introduire la
farine de blé en Haïti.
L
a nouvelle est tombée au
moment où l’on s’y attendait
le moins, les autorités haïti-
ennes paraissant générale-
ment soucieuses de ne pas froisser le
voisin dominicain chaque fois qu’il
est question, au niveau des relations
bilatérales, de l’image de marque du
pays et du respect de sa souveraineté
nationale.
Dans une note de presse rendue
publique le 6 juillet écoulé, le
ministère du Commerce et de
l’Industrie informe le public en
général et les importateurs de
farine de blé en particulier que «
toute importation de farine de blé
en provenance de la République
dominicaine doit être assujettie
d’un certificat de vente libre (CVL)
du pays exportateur avant la mise
en vente sur le marché haïtien ».
« La farine de blé en provenance
de la République dominicaine
contient un taux élevé et nocif
d’azodicarbonamide », a précisé les
ministères de la Santé publique,
du Commerce, et de l’Agriculture
dans un communiqué publié à
l’issue d’une réunion de travail
regroupant les responsables de
ces institutions. Ces derniers ont
fait valoir que « les dispositions
prises sont conformes aux mesures
sanitaires et phytosanitaires de
l’Organisation mondiale du Com-
merce (OMC) ».
« Ces mesures visent à protéger la
santé des consommateurs haïtiens
», précise le communiqué qui dans
la foulée exhorte les institutions
et agences concernées de l’État,
particulièrement l’Administration
générale des Douanes (AGD),
à mettre en place un dispositif
chargé d’empêcher l’introduction
du produit sur le sol haïtien.
Le gouvernement a par ailleurs
décidé d’enlever du marché tout
stock de farine de blé jugé non
conforme à la consommation et a
informé que toute nouvelle impor-
tation de la farine de blé dominic-
aine sera mise en quarantaine aux
fins de vérification.
Renforcement des services
phytozoosanitaires
Entre temps, le ministère de
l’Agriculture (MARNDR) a con-
voqué les directions de la santé
animale, de la protection des
végétaux, de la quarantaine et de
laboratoire quant aux préparatifs
de la mise sur pied d’un dispositif
de régulation phytozoosanitaire.
L’Unité Phytozoosanitaire (UPS) du
MARNDR sera cette nouvelle struc-
ture de l’UPS chargée de faciliter
au pays l’accès à une plus grande
part des marchés internationaux
et d’améliorer l’innocuité des ali-
ments sur les marchés internes.
L’azodicarbonamide : un
produit dangereux
L’azodicarbonamide est un produit
chimique servant à blanchir la
farine utilisé dans la préparation du
pain et d’autres produits utilisant
la farine de blé parmi leurs ingrédi-
ents. Il rend aussi la pâte du pain
plus malléable et l’Organisation
mondiale de la Santé (OMS) a lié
l’ingestion de ce produit à des pro-
blèmes respiratoires, les allergies
et l’asthme.
Plusieurs pays européens, dont
le Royaume-Uni, ont interdit
l’utilisation de cet additif chimique
utilisé notamment dans la confec-
tion des semelles de chaussures et
du cuir synthétique.
ENQUARANTAINE
La farine de blé en provenance de la République dominicaine contient un taux
élevé et nocif d’azodicarbonamide . / Photo: ukrmillers.com
TRANSFRONTALIER
Les produits dominicains du marché binational
désormais taxés
Par Henri Alphonse
Les autorités douanières haïtiennes autoriseront, à partir de ce lundi 13 juillet, l’entrée sur le marché haïtien de
produits dominicains vendus dans le cadre du « Marché Binational » de Dajabon, à la seule condition, toutefois,
qu’ils soient taxés en bonne et due forme.
U
ne situation qui, paradox-
alement, plait aux usagers
haïtiens qui franchissent la
frontière les lundi et ven-
dredi pour se procurer les diverses
marchandises. « Nous préférons que
l’on nous taxe plutôt que de voir notre
marchandise confisquée ou détruite »,
a confié le commerçant haïtien Jean
Joseph au quotidien Le National.
« Évidemment, cela provoquera
une hausse certaine des prix de ces
produits, mais les consommateurs
haïtiens seront compréhensifs et
accepteront de payer plus cher les
produits achetés de l’autre côté
de la frontière », a-t-il prévu. C’est
bien, la toute première fois, en
effet, que les autorités haïtiennes
décident de taxer les produits
dominicains à la foire bihebdoma-
daire qui se tient régulièrement
du coté de Dajabon, à la frontière
haïtiano-dominicaine. « Juste,
c’est juste qu’il en soit ainsi ! »,
triomphe Georges F., un des mil-
liers d’étudiants haïtiens fréquen-
tant les universités dominicaines.
« Des millions de dollars sont en
circulation au marché binational
et, jusqu’à présent, seules les
autorités dominicaines avaient
la présence d’esprit de taxer les
produits vendus aux Haïtiens qui
franchissent la frontière ».
La municipalité de Dajabon pré-
lève chaque semaine des millions
de pesos de ces échanges grâce à
un dispositif de perception bien
localisé et renforcé par des soldats
de la garnison toute proche. « Ils
étaient les seuls à en bénéficier »,
laisse croire une commerçante de
Ouanaminthe qui saisit l’occasion
pour fustiger la naïveté des auto-
rités haïtiennes. « Ce n’était pas
vraiment un marché binational,
renchérit un étudiant en méde-
cine en des termes que voici : « ces
activités se tiennent seulement du
côté dominicain, comment peut-on
appeler ça un marché binational
?! ». Les produits taxés vont des
pâtes alimentaires, des tomates
à la farine de blé, en passant par
les vivres, les légumes, les épices,
entre autres, et les produits de con-
sommation courante. Par contre,
il est jusqu’à présent interdit
d’importer les poulets, les œufs
et la charcuterie. Bien que ce
ne soit plus un secret pour per-
sonne – et même la douane –des
gens contournent allègrement ces
restrictions en traversant la rivière
Massacre qui sépare Ouanaminthe
de Dajabon, avec les produits en
question et en toute quiétude. Ils
sont au nombre de 14, les points
d’échanges commerciaux entre
les deux pays recensés le long de
la frontière. «Quatorze marchés
binationaux qui échappent au
contrôle des autorités haïtiennes
», grommelle un jeune vendeur
d’eau traité en sachet. 51.1% des
plus de cinq mille fournisseurs de
ce marché sont des commerçants
haïtiens (63.51 de sexe féminin)
et 48.23% sont de nationalité
dominicaine. Les commerçants
haïtiens sont lourdement taxés
par l’administration municipale de
Dajabon et l’application du prin-
cipe de réciprocité fait des heureux
du coté haïtien.
Rien n’indique par ailleurs que
cette décision de taxer les produits
dominicains sera adoptée dans les
autres points d’échanges dissémi-
nés le long de cette frontière de
360 km qui sépare les deux Etats
sur un axe nord-sud.
MARDI 14 JUILLET 2015 N0
38 | 11
ÉCONOMIE
Ce que la Grèce a accepté en
contrepartie de l'aide financièreSources : Le Monde.fr
CRISEDEL’EURO
L
l aura fallu un long week-end
et une interminable nuit de
négociations pour que la zone
euro trouve finalement, lundi
13 juillet à 9 heures, un accord pour
venir en aide à la Grèce. Athènes
pourra bien faire appel à un troisième
plan d’aide financier européen en
contrepartie d’importantes réformes,
d’un montant de plus de 80 milliards
d’euros.
C’est Donald Tusk, président du
Conseil européen, qui a annoncé
la fin des pourparlers peu avant
9 heures :
« Le sommet de la zone euro a
trouvé un accord à l’unanimité.
Nous sommes tous prêts pour un
programme d’aide pour la Grèce
via le Mécanisme européen de
stabilité (MES), avec des réformes
sérieuses et un soutien financier. »
«Le“Grexit”adisparu»,aenchaîné
Jean-Claude Juncker, président
de la Commission européenne,
écartant définitivement tout
scénario d’une sortie de la Grèce
de la zone euro, qui avait semblé
être sérieusement posé à la table
des négociations durant le week-
end.
Catalogue de mesures
Les négociations ont duré toute la
nuit entre les chefs d’Etat, sur une
liste de propositions ébauchées
par l’Eurogroupe quelques heures
plus tôt.
C’est cette liste, acceptée par le
premier ministre Alexis Tsipras,
qui était au cœur des tractations
jusqu’à tôt lundi matin.
Finalement, l’accord inclut :
Une liste de mesures drastiques,
dont au moins quatre doivent être
approuvées d’ici au mercredi 15
juillet par le Parlement :
•une réforme de la TVA ;
•une réforme fiscale ;
•des mesures pour améliorer la
« durabilité » du système des
retraites en vue d’une plus vaste
réforme de ce dernier ;
•la garantie de l’indépendance
de l’Elstat, l’organisme des
statistiques grec ;
•le respect plein et entier des
dispositions de différents traités
européens, en particulier en
mettant en place des mesures
des coupes quasi automatiques
dans les dépenses en cas d’excès
budgétaire.
De plus, avant le 22 juillet, les
Grecs devront :
•adopter un code de procédure
civile dont l’ambition sera
d’accélérer le système de justice
civile en vue d’en réduire les coûts
;
•transposer dans leur législation
une directive européenne sur
le renflouement des banques
(appelée « BRRD »).
Enfin, à terme, Athènes devra
renforcer ses propositions de
réformes, présentées juste avant
le week-end de négociations, pour
mieux prendre en compte la «
forte dégradation de son économie
». Cela implique :
•une réforme des retraites ;
•une réforme du marché intérieur
suivant les recommandations de
l’OCDE (incluant par exemple
une législation sur l’ouverture
des commerces le dimanche,
sur les périodes de soldes, les
pharmacies, les boulangeries,
etc.) ;
•la privatisation du réseau de
transports électrique ;
•une réforme du marché du travail
;
•un renforcement du secteur
financier.
La Grèce devra revoir certaines
mesures adoptées par le
gouvernement d’Alexis Tsipras qui
sont contraires aux engagements
des précédents gouvernements
grecs. Le texte ne précise pas
lesquelles. La dureté de ces
exigences européennes heurtait
jusqu’aux fonctionnaires
européens qui participaient aux
négociations. Un « catalogue des
horreurs », estimait pour sa part
le magazine allemand Der Spiegel.
Un fonds pour gérer les
actifs grecs
En plus de cela, l’accord de lundi
envisage « un programme de
privatisation plus développé »,
adossé à la création d’un fonds
chargé de privatiser les actifs
grecs pour générer 50 milliards
d’euros. Dans le brouillon de
compromis, il devait être localisé
au Luxembourg.
Une condition inacceptable pour
M. Tsipras qui est parvenu à le
faire déménager en Grèce, même
s’il restera sous la « supervision »
des autorités européennes.
Vingt-cinq milliards d’euros
serviront à restructurer les
banques et les 25 autres iront
au service de la dette et aux
investissements.
L’accord évoque également,
laconiquement, le fait qu’Athènes
devra « consulter les institutions
[créancières] et convenir avec elles
de tout projet législatif dans les
domaines concernés dans un délai
approprié avant de le soumettre
à la consultation publique ou au
Parlement ».
Un droit de regard des créanciers
sur la politique intérieure grecque
dont les contours restent à
éclaircir. Sur la question de la
dette, François Hollande a évoqué
la perspective d’un « reprofilage
» de celle-ci, portant sur ses
échéances et ses intérêts.
Le texte est moins catégorique
et précise que « l’Eurogroupe
est prêt à évaluer, si nécessaire,
des mesures additionnelles
(allongement des délais de grâce
et des maturités) », seulement si la
Grèce a respecté ses engagements.
Autre point d’achoppement : le
recours, ou pas, à une nouvelle
aide du Fonds monétaire
international (FMI).
Là aussi pour Alexis Tsipras,
il en était hors de question,
d’autant que l’institution dirigée
par Christine Lagarde refusait
jusque-là de remettre la main à
la poche en raison du précédent
défaut de paiement grec à son
égard. Finalement, selon Angela
Merkel, « la Grèce demandera une
nouvelle aide au FMI lorsque le
programme en cours aura expiré,
en mars 2016 ».
Un accord qui doit encore
être approuvé par les
Parlements
Cette base d’accord doit encore
être avalisée par un certain
nombre de Parlements européens,
dont le Parlement français, lequel
votera dès mercredi.
Au total, la procédure pourrait
prendre deux ou trois semaines
au cours desquelles la Grèce
se trouvera toujours à court
de liquidités, alors même que
s’approche la perspective d’un
nouveau défaut de paiement grec,
cette fois à l’égard de la BCE, à qui
Athènes doit 3,5 milliards d’euros
à l’échéance du 20 juillet.
D’ici là, Athènes pourrait bénéficier
d’un financement d’urgence qu’un
nouvel Eurogroupe prévu lundi
après-midi pourrait acter.
La BCE, quant à elle, a annoncé
qu’elle ne relèverait pas le plafond
des liquidités d’urgence (les prêts
dits ELA) qui aurait redonné de
l’air aux banques grecques, comme
elle l’avait fait le 1er juillet.
Elle s’est contentée de les
maintenir au même niveau, à
savoir 89 milliards d’euros, ce
qui risque de rendre les banques
hellènes rapidement en manque
de liquidités, puis insolvables,
et accélérerait la nécessité pour
le gouvernement de trouver les
moyens de les recapitaliser.
Pour l’heure, le gouvernement
grec devrait, selon une source du
ministère des finances, annoncer
une prolongation de la fermeture
des banques, lundi soir, mesure
imposée au pays depuis le 29 juin.
*Lire Le texte de l’accord dans
son intégralité et en version
française : https://fr.scribd.
com/doc/271435068/L-accord-
europeen-sur-la-Grece
Alexis Tsipras le 12 juillet / Jean-Claude Coutausse, French politics pour le
Monde
12 | N0
38 MARDI 14 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
JEUXVIDÉO
Satoru Iwata,
le PDG de Nintendo, est mortPar William Audureau / Le Monde.fr avec AFP
Le PDG du groupe de jeux vidéo Nintendo, Satoru Iwata, est mort à l’âge de 55 ans d’un cancer, a annoncé
l’entreprise lundi 13 juillet.
M
. Iwata dirigeait le groupe
depuis 2002, diversifiant
ses activités et lui don-
nant un nouvel élan avec
des consoles aussi emblématiques
que les gammes DS (portables) et
Wii (modèles de salon). Il sera dans
un premier temps remplacé par deux
personnes, Shigeru Miyamoto, le père
de Mario, et Genyo Takeda, un des
actuels dirigeants de Nintendo, histo-
riquement chargé du développement
des consoles.
Premier président non
héritier
Satoru Iwata était rentré chez
Nintendo en 1984, en tant que
programmeur au sein de HAL,
une société de sous-traitance
informatique intégrée à la firme
de Kyoto. Après avoir participé à
la naissance de nombreux jeux,
dont la série « Kirby », il devient
président de HAL puis est nommé
président de Nintendo par Hiroshi
Yamauchi à la retraite de ce dernier.
Premier président sans lien familial
avec le fondateur de la firme, M.
Iwata rompt avec l’autoritarisme
de son prédécesseur. Il sort
l’entreprise de l’isolement qui était
le sien à la fin des années 1990
en se réconciliant avec d’autres
compagnies japonaises, comme
Namco (« Pac-Man ») ou Square («
Final Fantasy ») et Sega (« Sonic »).
Sensible à l’érosion de ventes de
jeux vidéo au Japon au début des
années 2000, il prend également
le pari de stopper la course à la
puissance et de viser un nouveau
public. « Pour le futur du jeu
vidéo, il est indispensable que
nous élargissions le marché. Nous
devons retourner aux basiques »,
annonce-t-il en 2003, préfigurant
les succès colossaux de la Nintendo
DS et de la Wii, deux consoles
pensées pour le grand public.
Ouverture et autodérision
Adepte du management par le
consensus, il met également
en place un conseil de gestion
permanent, au sein duquel il
fait notamment entrer Shigeru
Miyamoto, créateur de jeux
vidéo phares de Nintendo, qu’il
délègue à la supervision des
jeux. A l’occasion de nombreuses
interviews, M. Iwata se présentait
avec humour comme « numéro un
mondial en études sur Miyamoto
», dont il jalousait tendrement le
talent créatif.
En retour, ce dernier avait avoué
son admiration pour l’esprit
scientifique de M. Iwata et son sens
de la synthèse.
En parallèle, M. Iwata contribue
à largement dépoussiérer l’image
de Nintendo et ouvrir les coulisses
de la création de jeux vidéo au
public, à travers la série des «
Iwata demande », des entretiens
avec des concepteurs de Nintendo
menés par le jeune président de
la firme et très populaires auprès
des amateurs de la marque, sur
Internet.
Plus récemment, face à l’échec
du successeur de la Wii, la Wii
U, il instaure un lien encore plus
direct avec son public, à travers
les « Nintendo Direct », des séries
de vidéos en ligne dans lesquelles
M. Satoru Iwata n’hésite pas à
présenter lui-même les projets de
la firme, tout en affichant un sens
de l’humour et de l’autodérision
peu commun.
Vidéos populaires
Mise en scène d’un combat
à effets spéciaux contre un
collègue, saynète dans lequel il
se balade devant la caméra avec
un aspirateur dorsal, ou encore
fixe profondément une banane…
Avec ses vidéos décalées, son ton
humble et son éternel sourire,
Satoru Iwata était une des figures
les plus populaires auprès des
joueurs sur Internet, et la nuit de
dimanche à lundi a été marquée
par d’innombrables hommages
sur les réseaux sociaux. « Ma foi,
ce qui est sûr, c’est que vous avez
réussi à rendre heureux un grand
nombre de personnes », pouvait-on
lire sur un tweet très repris, issu
d’un dialogue de Zelda détourné.
Les problèmes de santé de M. Iwata
étaient connus. Dans ses dernières
vidéos au printemps, celui-ci était
apparu très affaibli.
Au Salon du jeu vidéo de Los
Angeles de juin 2015, les jeux
Nintendo avaient tous étaient
présentés par des marionnettes
à l’effigie des trois personnages
publics les plus connus de la
firme, Shigeru Miyamoto, le
charismatique américain Reggie
Fils-Aimé, et lui-même. L’ancien
programmeur, malade et affaibli,
n’avait pas fait le déplacement.
Satoru Iwata a contribué largement à dépoussiérer l’image de Nintendo et ouvrir les coulisses de la création de
jeux vidéo au public / Toru Yamanaka / AFP
MARDI 14 JUILLET 2015 N0
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14 | N0
38 MARDI 14 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
LN : Depuis l’accident de votre
mari, feu Dr. Daniel Mathurin, vous
êtes engagée dans une entreprise
de Fondation scientifique. Ceci
pour la mémoire de Daniel et
pour mobiliser les jeunes vers
la recherche scientifique de leur
identité. L’administration locale
est très lente en procédure de
légalisation. Où en êtes-vous?
GPJ : Je te remercie, Pierre, de
m’avoir donné l’opportunité de
cette entrevue. En effet, au cours
de l’accompagnement de Daniel
à sa dernière demeure, j’ai eu à
promettre, à la jeunesse haïtienne,
de mettre à son service une
Fondation au nom et à la mémoire
du chercheur très inspiré : Dr
Daniel Mathurin, afin de poursuivre
les recherches et lui permettre
de s’approprier son identité par
la maîtrise de la connaissance
des richesses matérielles et
immatérielles du pays. Un an
après, la Fondation a été mise sur
pied. Mais, étant donné qu’elle se
veut un centre de recherche et de
formation, elle doit se donner les
atouts nécessaires afin de répondre
à sa tâche première.
Pour cela, dès le lendemain de
son inauguration, les membres
fondateurs se sont donné pour
tâche de mettre sur pied la stratégie
pour atteindre les principaux buts
visés à savoir :
a) monter une base de données
scientifiques sur le patrimoine
matériel et immatériel haïtien ;
b) de promouvoir la culture de la
recherche scientifique chez les
étudiants haïtiens.
Pour ce faire, nous nous sommes
concentrés sur le montage du site
web qui est aujourd’hui ouvert à
tous. Je vous invite donc à y aller:
www.fondationdrdanielmathurin.
org.
Parallèlement, nous voulons mettre
au service de la jeunesse haïtienne
la bibliothèque virtuelle qui, dans
un premier temps, sera composée
essentiellement de la bibliothèque
du Dr Daniel Mathurin et dans
un second temps, comptera des
documents de recherches d’autres
chercheurs et doctorants. Cette
dernière sera implémentée vers le
mois d’août, et sera disponible en
janvier 2016.
Avant de faire une quelconque
demande de fonds pour la
Fondation, nous voulons montrer
la capacité de l’équipe au moins
dans la réussite de ces deux projets
et je crois qu’à ce niveau on pourra
dire, d’ici la fin du mois, « mission
accomplie. »
Une fois concrétisée, la Fondation
va se mettre, alors, à l’œuvre pour
trouver des donateurs nationaux,
dans un premier temps, puis
internationaux, dans un second
temps, après avoir fait la preuve de
sa capacité. Ces fonds permettront
d’acquérir du matériel de
recherches, de payer un personnel
administratif et technique à travers
le montage de ces multiples projets.
Toutefois, je dois dire que le
ministère des Finances a promis
de donner une aide financière à la
Fondation pour lui permettre de
couvrir, dans les premiers moments,
ses frais de fonctionnement.
LENTEUR DES PROCEDURES
ADMINISTRATIVES
LN : Quels sont les besoins
physiques de cette fondation:
espace, immeuble, matériel,
personnel, équipements ?
GPJ : Pour le moment, la Fondation
est logée à ma résidence privée à
Montagne Noire, mais d’ici le mois
de janvier prochain, il nous faudra
trouver un local plus accessible
pour les rencontres mensuelles
avec les jeunes et les conférences.
Nos besoins physiques sont donc
: un local accessible; un véhicule
tout terrain pour les visites des
sites; un personnel administratif
et de recherche, du matériel
informatique pour le stockage des
données, du matériel bureautique
etc.
Nous avons pour le moment,
l’appui de jeunes universitaires qui
croient dans ces recherches et qui
nous donnent un appui logistique
désintéressé en attendant
de trouver des fonds pour les
embaucher définitivement.
Nous serons aussi appelés à payer
logements et billets d’avion pour
des chercheurs qui viendront
nous accompagner surtout dans
l’initiation des jeunes haïtiens à la
recherche scientifique.
LN : Quelles sont les exigences
légales pour la mise en place de
cette fondation scientifique?
GPJ : En termes d’exigence légale,
je crois qu’à ce niveau nous
les avons remplies, sinon nous
attendons la publication officielle
de notre création dans le Moniteur
et une reconnaissance publique
de l’État haïtien. Mais, je sais que
cela prendra un peu de temps car
les procédures administratives
étatiques sont très lentes chez
nous.
LN : Aviez-vous contacté des
institutions internationales comme
L’UNESCO pour un soutien à la
réalisation attendue d’un tel projet?
GPJ : Comme je vous l’ai dit
tantôt, avant de frapper les portes
de l’international, nous voulons
d’abord faire la preuve par nous-
mêmes d’abord avec les maigres
fonds de la Fondation et mes
propres fonds puis avec l’appui de
donateurs haïtiens, puisqu’il s’agit
de sujets propres à nos patrimoines.
Jusqu’ici nous avons pu acquérir
du matériel rendant possibles les
premiers éléments de recherche et
de fonctionnement de la Fondation.
DÉCODADAGE DE SYMBOLES
ET DE SONS
LN : Les institutions nationales
doivent donner leur apport. Car
c’est avant tout une institution qui
va se consacrer à des approches
scientifiques de nos symboles,
nos mythes, notre écriture, notre
langage, nos rituels, nos « vèvès »,
à nos chants...
GPJ : Justement, Clitandre, c’est la
raison pour laquelle nous voudrions
sensibiliser nos investisseurs et les
institutions privées en leur faisant
connaitre la vraie valeur scientifique
de nos recherches avant de frapper
aux portes des bailleurs étrangers
qui, certainement marcheront
quand ils comprendront la portée
universelle des résultats de ces
recherches.
LN : Pensez-vous qu’il y ait une
résistance à la concrétisation du
projet?
GPM : Comme Paul dans les épitres
des Saintes Écritures l’a dit « vous
connaitrez la vérité et la vérité vous
affranchira » cette vérité, synonyme
de savoir, de connaissance rend libre
et éclaire le chemin du peuple. Or,
nous savons que depuis la création
de l’État haïtien voire même avant,
on a toujours maintenu le peuple
haïtien dans l’ignorance pour mieux
l’asservir mentalement. Cette
ignorance peut paraitre pour nous
la première forme de résistance
à notre projet tenant compte
d’ailleurs du fait qu’en Haïti il n’y
a pas une culture de la recherche
scientifique. Ainsi, la fondation
veut aller à contre-courant de toute
forme d’ignorance et susciter chez
la jeunesse haïtienne le goût pour
la recherche scientifique.
Je dois aussi dire que nous n’avons
pas encore pris en considération
notre secrétaire exécutif,
Emmanuel Stéphane Laurent,
anthropologue de formation, le
plus fidèle et le plus intelligent
élève du Dr Daniel Mathurin et de
moi, est actuellement au Canada
pour un stage de formation sur la
recherche à l’Université Laval. Nous
attendons avec impatience son
retour pour initier les premières
formations à la recherche tant
attendues par beaucoup de nos
jeunes universitaires finissants.
Lire la suite au prochain
numéro de LE NATIONAL
Ginette P. Mathurin : « la vérité
scientifique nous affranchira »par Pierre Clitandre
FOCUS
Madame l’Ingénieur Mathurin persiste. Le décès de Daniel lui donne plus de détermination. Sa Fondation
scientifique tarde à être officiellement reconnue. Mais l’équipe a posé les bases premières de la connaissance de
la culture taïno en Haïti.
Ginette P. Mathurin. / Photo : J. J. Augustin
MARDI 14 JUILLET 2015 N0
38 | 15
SOCIÉTÉ
P
réfac est un centre de prépara-
tion, un programme de forma-
tion adressé aux jeunes bach-
eliers désireux de basculer le
facteur de chance dans leur camp aux
concours d’admission organisés par
différentes facultés de l’Université
d’Etat d’Haïti (UEH) et certains cen-
tres de formation supérieure.
Selon les précisions de Mme
Dupiton Marie-Line, actuellement
responsable de Préfacelo, c’est un
mouvement qui a été initié depuis
l’année 1972, par le jeune Marcelo
Michelson, originaire du Cap et
étudiant d’alors de la Faculté de
médecine et de pharmacie (FMP),
une entité de l’UEH.
L’objectif de Marcelo, poursuit Mme
Dupiton, a été de travailler avec les
jeunes pour les aider à briser les
barrières des concours d’admission,
de les aider à combler leurs lacunes
et leur permettre de s’intégrer à
faculté Il veut que la chance de
réussite soit la même pour tous les
jeunes, quelque soit leur rang social.
Le collège Bird est réputé d’être le
premier établissement à accueillir,
à cautionner ce programme de
formation. 43 ans après, aucune
reconnaissance légale.
On ne peut oser ignorer son
utilité pour les postulants,
ni son importance pour les
étudiants. Marcelo apporte un
soutien économique aux jeunes
universitaires et aujourd’hui on
le voit comme un patron, un
sauveur pour les étudiants. À
défaut d’encadrements sociaux,
de stages, ou d’emplois, ces jeunes
universitaires ont eu recours au
préfac pour non seulement financer
leurs travaux de recherches, mais
aussi combattre la faim et payer
le loyer.
Ing Dabresil Fantinos, l’un des
pionniers de ce mouvement a
révélé que la préfac Dabrésil,
parue en 1994, a contribué à sa
réussite économique et sociale
et à celle du staff composé, entre
autres, de Gustave Dabrésil, Lorda
Dabresil, et Yrvikel Dabrésil. Suite
à d’importants investissements,
la Préfac a été vulgarisée, partout
à travers le pays, par l’ancien
président Jean Bertrand Aristide,
à partir de l’année 1998, a-t-il
informé.
Entre 1995 et 2000, raconte Ing
Dabrésil, la cotisation était de 250
gourdes. Aujourd’hui elle est au
stade de 2500 à 3000 gourdes,
pour cette formation d’une durée
de quatre à six semaines.
La perception d’aujourd’hui
Aujourd’hui, beaucoup d’étudiants
et même des directeurs d’écoles
entrent dans le mouvement. Est-ce
par souci de former et d’orienter
les postulants ? Ou du moins dans
le seul objectif de faire en un laps
de temps un capital économique?
La réalité prouve que les deux
tendances existent. Dans une
première catégorie, on enregistre
toujours des malentendus, des
disputes après les recettes, qui
donnent souvent naissance à
d’autres préfacs. C’est ce qui
explique actuellement le nombre
incalculable de ces centres de
formation dans le système éducatif.
Ceux qui sont de cette tendance, se
croient toujours avoir la capacité
de recevoir tous les postulants des
différentes facultés de l’UEH. Une
salle d’une capacité de 50 élèves, se
transforme en chapelle, et accueille
des fois plus que le double. Suivant
la façon dont le marketing a été
effectué, certaines Préfacs peuvent
avoir des salles où sont entassés des
postulants, comme dans les « bwa
fouye » de Carrefour feuilles et de
la Croix des Bouquets.
Cette situation a soulevé la colère
des étudiants adeptes du socialisme.
C’est la raison pour laquelle on peut
observer, de nos jours, une vague de
préfacs gratuites.
Michelet Dézulmé, coordonnateur
d’une Préfac gratuite de la pastorale
universitaire, fait comprendre que
l’initiative de Préfacs gratuites est
prise pour contrecarrer, boycotter
ceux qui en font une source de
revenus, une exploitation sans
le moindre souci de combler les
attentes des postulants. La vocation
de l’université, ajoute-t-il, c’est de
servir. Par conséquent les étudiants
devraient gratuitement aider les
autres à atteindre le niveau des
concours, a-t-il encouragé.
Toutefois, M. Dézulmé, a signalé
qu’il faut stopper l’émergence
d’un autre groupe de mercenaires
qui cherchent à tirer d’énormes
profits auprès des ONG et d’autres
organisations internationales,
sous prétexte d’aider des jeunes
bénévolement.
Préfac, un couloir financier
pour les étudiantspar Evens Régis
HAÏTI/UNIVERSITÉ
Environ deux semaines après les examens de fin d’études secondaires, « préfac » prend les rênes de l’actualité.
Les slogans, les discours, comme dans une campagne électorale, ont déjà pris place devant les barrières de
différentes facultés de l’Université d’État d’Haïti (UEH). Des banderoles, tableaux d’affichage, et pancartes, sont
observés dans plusieurs rues de la capitale. La concurrence s’annonce très animée.
16 | N0
38 MARDI 14 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
L
a majorité des jeunes haïtiens
rêvent d’un avenir hors d’Haïti
dont ils n’ont absolument rien
à attendre, car elle n’a vraiment
rien à offrir. Sur dix jeunes interrogés,
ils ne sont que deux ou trois à vouloir
y rester. Les autres ont chacun un
motif expliquant leur désir d’aller
vivre ailleurs.
Jean (nom d’emprunt) a seulement
15 ans. Pour lui, la seule solution
à tous ses problèmes, c’est quitter
le pays. Il prétend que les écoles
sont médiocres, dépourvues de
structures pour encadrer les élèves.
De plus, il fait croire que personne
n’est en sécurité en Haïti. Cet
adolescent de 15 ans se rend déjà
compte de l’ampleur du problème
qui vient de coûter la vie à trois
de ses voisins récemment. « C’est
un pays dangereux », ajoute-t-il. En
outre, il aimerait, dit-il, faire une
expérience autre que celle qu’il a
eue jusque là. « Ayiti pa pèmèt
ou avanse epi on moman depi w
reyisi yo rayi w. Se 50 pousan chans
reyisi, 50 pousan echwe », dit-il l’air
sérieux.
Pour une autre jeune, une
universitaire de 21 ans, vivre
en Haiti n’est pas terrible. Elle
s’attache à son pays qu’elle aime et
elle l’affirme. « Se la m leve, se la m
fèt, m paka kouri kite l konsa. M pa
ka pran pòz engra m kou m gen yon
viza ». Par contre, elle admet que
le pays n’offre pas de possibilité de
réussite. « peyi a pa ofri anyen, si
w bezwen yon opòtinite se ou k pou
kreye l », se plaint-elle. De plus,
l’insécurité crée une situation de
panique et de stress qui dérange.
« ou toujou met nan tèt ou on bagay
ap rive w », s’inquiète-elle.
Quoiqu’elle ait fait le choix de
rester, malgré tout, elle pense que
son avenir n’est pas garanti si elle
n’arrive pas à s’assumer. « avni w
pa asire nan peyi sa a », affirme-t-
elle.
L’envie de déserter le pays n’anime
pas uniquement les jeunes. Certains
adultes également affichent un
sentiment de malaise par rapport
au pays. Pierre (nom d’emprunt),
60 ans, père de trois enfants, avoue
que rien ne le retient en Haiti.
« Peyi a pa bon pou mwen, se jwen
m pa jwenn ale ki fè m la toujou. Ou
pa ka peye lekòl. Ou pa ka manje.
Pa gen travay. Lè w resi jwen on ti
job, on ti sak diri vann desan ven
dola », s’inquiète-t-il. Le problème
de l’insécurité est récurrent. « Gen
ensekirite, chèf yo pa baw sekirite
nan peyi a », renchérit Pierre, avec
une pointe de colère dans sa voix.
Pour une autre femme frisant la
cinquantaine, la situation est tout
autre. Quitter le pays n’est pas une
solution. Elle n’en a aucunement
envie. « Haiti se peyi m li ye. Kote
m prale ? Se sèl ensekirite ki bay
pwoblèm. Men apre sa, se yon bon
ti peyi. Pa gen moun ki fèt on kote
ki anvi ale kite l», déclare-t-elle.
« Il faudrait uniquement que les
autorités concernées s’organisent
pour sécuriser le pays », soutient
cette quinquagénaire en guise de
solution à ce fléau.
Quoique certaines gens veuillent
rester vivre en Haïti, la grande
majorité n’y conçoit pas son
avenir. Les jeunes qui sont censés
« remplacer » les adultes sont
enclins à partir. Parce que,
estiment-ils, vivre en Haïti est une
lutte quotidienne que l’on n’est
pas sûr de gagner malgré tout.
Si tous les jeunes universitaires
et professionnels, catégorie
majoritaire s’en vont, il importe de
se demander : qui habitera le pays
dans dix ans ?
Quitter Haïti coûte que coûtepar Stéphanie Balmir
HAÏTI/JEUNESSE
Selon une enquête de l’EMMUS IV, publiée en 2005, plus de la moitié de la population haïtienne est âgée
de moins de 21 ans et environ 30 % est âgée de 15 à 25 ans. Ces jeunes qui représentent une force de
développement de la nation n’ont plus envie de vivre en Haïti. Qu’ils soient universitaires ou professionnels, tous
les ans, nous perdons des citoyens. Ils évoquent plusieurs causes qui ont des conséquences sur leurs rapports
avec le pays et qui justifient leur désir de partir.
MARDI 14 JUILLET 2015 N0
38 | 17
CULTURE
Jacques Roche : dix ans déjà !Par Schultz Laurent junior
Le 14 juillet 2015 ramène le dixième anniversaire de la mort du journaliste Jacques Roche. Kidnappé, maltraité et
assassiné, ses funérailles ont été chantées le 21 juillet, jour de son anniversaire. Entre réalité et fiction, la leçon à
retenir, c’est qu’il faut permettre à Jacques Roche de continuer à vivre dans notre esprit et dans notre imaginaire.
L
es lueurs de l’aube pénétraient
lentement cette rue située à
l’entréeducarrefourdeDelmas
2 lorsqu’on y a découvert le
corps sans vie de Jacques Roche. La
nouvelle de sa mort brusque, inat-
tendue et violente, a suscité deuil et
révoltes dans la ville. Elle nous a tran-
chés comme un couperet. Chacun
se demandait dans les bas-fonds de
leurs désespoirs si Jacques Roche
était mort vraiment. Mais il était vrai-
ment mort, notre Jacques Roche !
Les funérailles impressionnantes qui
s’étaient déroulées en présence de sa
mère atterrée, de ses proches anéan-
tis, dévastés et catastrophés, ont été
chantées le jour de son anniversaire
de naissance.
Sa mère, dans la blancheur de
cette aube qui soupirait en silence,
ressentait dans ses entrailles
ulcérées une double douleur. Celle
de l’enfantement d’abord. Puis
cette autre douleur anonyme mais
déchirante qui la clouait sur place
en regardant contre elle-même le
corps de son cher fils allongé sans
vie dans un triste cercueil. Elle
refusait d’écouter les oraisons
funèbres qui exaltaient en des
termes émouvants la vie de son
fils. Prostrée sur sa chaise, elle
voulait être, sur ces entrefaites,
une ombre. Fermée sur sa peine,
elle était l’ombre d’elle-même.
Elle a accepté, malgré le vide
qui dessinait son paysage
terne et fané, que les amis de
Jacques déposent des fleurs sur
ses blessures. C’était pour elle
l’occasion de comprendre dans
son cœur, pauvre nid abritant
toutes les souffrances du monde,
le sens de ce qui se passe à partir
de ce qui s’est passé.
Tout le monde criait justice. Tout
le monde avait des yeux tristes,
mouillés et fâchés. L’on était tous
solidaires autour de sa dépouille,
non pas pour chanter son deuil
comme celui de Manuel des «
Gouverneurs de la rosée » avec
un chant de konbit, mais de
préférence avec des regrets et des
remords. Pourquoi Jacques Roche
? se demandait plus d’un. Pourquoi
chez nous les crimes restent-ils
toujours impunis ? Pourquoi les
crimes, les assassinats devraient-
ils faire partie de notre projet de
société ?
Devant nos interrogations
multiples auxquelles personne
n’arriverait à répondre, ils sont
nombreux ceux-là qui se sont
empressés de relire la chronique
de Jacques Roche dans le journal
Le Matin « Écrire l’essentiel » pour
y déceler l’amour que Jacques
Roche portait pour l’humanité
entière et pour s’en consoler. Il
avait ambitionné pour son pays
des rêves grandioses où tous les
Haïtiens vivraient dans l’entente,
l’harmonie et la concorde. Il
rêvait d’un autre pays fondé
sur des valeurs et des principes
déterminants. Si dans son poème
prémonitoire « Survivre », il
fournit des explications sur la
façon dont il allait mourir, il n’en
demeure pas moins que ce texte
renferme en même temps ses
profondes convictions. Dans un
sens ou dans un autre, il a aussi
rêvé d’un pays où chacun doit
apprendre à regarder l’autre avec
les yeux du cœur, avec les yeux
de l’amour.
Et aujourd’hui, dix ans après sa
mort, quel souvenir avons-nous
gardé de lui ? À un moment où
le temps cherche à recouvrir sa
mémoire de poussière et d’oubli,
il s’avère nécessaire de revenir
sur son itinéraire pour mieux
appréhender ses luttes et ses
combats, ses rêves d’avenir et
ses secrets. Poète, journaliste
culturel, éditorialiste et artiste
engagé, « il fut tout au long de sa
vie un être extrêmement sensible
et généreux.
Il souffrait beaucoup de l’état
lamentable de notre pays. C’était
un vrai artiste qui laissait si
souvent tremper sa plume dans
la sève abondante de son cœur
et de son âme », a souligné son
ami Gary Victor. Pleurant dans le
silence de son cœur la mort de son
ami, l’auteur de « L’escalier de mes
désillusions » a énoncé :
« Quand on verse le sang d’un
poète, c’est une malédiction que
l’on traîne toute sa vie. »
SURVIVRE
Tu peux détruire ma
maison
Voler mon argent
Mes vêtements
Et mes chaussures
Me laisser nu en plein
hiver
Mais tu ne peux tuer
mon rêve
Tu ne peux tuer l’espoir
Tu peux fermer ma
bouche
Me jeter en prison
Tenir mes amis loin de
moi
Et salir ma réputation
Me laisser nu en plein
désert
Mais tu ne peux tuer
mon rêve
Tu ne peux tuer l’espoir
Tu peux me crever les
yeux
Et les tympans
Me couper les bras
Et les jambes
Me laisser nu en pleine
rue
Mais tu ne peux tuer
mon rêve
Tu ne peux tuer l’espoir
Tu peux me couvrir de
plaies
Tourner le fer dans les
plaies
T’amuser à me torturer
Me faire pisser de sang
Tu peux m’enfermer sans
papier ni plume
M’interner comme un
fou
Me rendre fou
M’humilier m’écraser
m’assoiffer m’affamer
Me faire signer la reddi-
tion de mes combats
Tu peux tuer mes enfants
Tuer ma femme
Tuer tous les miens
Et me tuer
Mais tu ne peux tuer
mon rêve
Tu ne peux tuer l’espoir
Texte tiré du dernier recueil de
Jacques Roche « Survivre » .
Jacques Roche. / Photo: htmagazine.org
18 | N0
38 MARDI 14 JUILLET 2015
CULTURE
« Soixante ans du Compas :
Bilan et perspectives »Par Walcam
S
ous la baguette d’Ayiti Mizik et
de l’Association haïtienne des
professionnels de la musique,
une table ronde a été organ-
isée sur le thème « 60 ans du konpa :
bilan et perspectives ».
Il est difficile de se prononcer sur
un bilan du Compas direct, genre
porteur d’espoir à sa création et
qui, depuis les années quatre-
vingt, semble aller à la dérive. Si
les professionnels de la musique
ne font rien, ce genre musical,
d’ici dix ans pourrait tomber dans
l’oubli.
Ils étaient environ une cinquan-
taine d’animateurs, musiciens,
preneurs de son, producteurs,
économistes à répondre à l’appel
d’Ayiti Mizik.
C’est le président de l’Association
haïtienne des professionnels de
la musique, Eddy Renaud, qui a
prononcé le discours d’ouverture.
Apres avoir fait observer une
minute de recueillement à la
mémoire des musiciens décédés
ces derniers jours, il a dressé un
bilan mitigé du Compas direct qui,
selon lui, a perdu de sa fraîcheur.
Il a regretté notamment les points
négatifs du compas dans les bals.
Eddy Renaud a souligné les varié-
tés qui n’existent plus entre les
groupes musicaux. Point de dif-
férences entre eux, contrairement
avec Les Difficiles, Les Gypsies,
le Bossa Combo, Les Loups Noirs,
Les Fantaisistes, le Tabou Combo,
etc., qui avaient fait leur appari-
tion au cours de l’année soixante.
Depuis Montréal où il vit, le
parolier Ralph Boncy a fait un
survol du Compas Direct depuis
sa naissance en 1955. Il a parlé
des origines du Compas Direct, de
sa création et du rythme, de son
évolution.
Ralph a souligné que le rythme
Compas direct a un père qui
s’appelle Nemours Jean-Baptiste
et il est incontestable. Mais ce
rythme n’est pas reconnu encore
par les instances internationales
comme l’Unesco, a fait remarquer
le musicien Albert Chancy, lors
d’une intervention.
Plusieurs personnalités ont parlé
en termes élogieux du compas.
Le maestro Jean Jean Pierre a
présenté plusieurs rythmes que
Nemours Jean Baptiste, en bon
stratège, a essayés avant d’adopter
le Compas direct. Il regrette que
les batteurs négligent le « kata »
dans les morceaux, ce qui enlève
un peu de l’essence du rythme.
Est-ce que le Compas direct est un
dérivé de Tipico ou de Conjunto
International, deux orchestres
dominicains ? Ce qui est certain,
c’est que Nemours l’a agrémenté
d’un peu de troubadour.
Bobby Denis, preneur de son, a fait
remarquer comment le compas a
fait danser les Antillais qui, plus
tard, adoptaient ce rythme pour
l’appeler « Zouk ».
Des musiciens comme Joseph (Ti
Djo) Zenny, Alex Abellard, Robert
Martino, Patrick Handal, Joël
Widmaier ont abordé les différen-
tes générations qui ont traversé le
Compas direct depuis sa création
en 1955.
Dans l’après-midi, un panel thé-
matique a été formé sur la déci-
sion finale à prendre tant sur la
forme que sur la route à suivre
pour assurer la survie du Compas
direct, face à la dérive que con-
statent les intéressés.
De gauche à droite Bobby Denis, Dadou Pasquet et Joseph (Ti Djo) Zenny.
Une rencontre-débat s’est déroulée le samedi 11 juillet, à quelques jours du 26 juillet, date de la prestation et
du baptême du rythme Compas direct, créé en 1955, par le grande maestro Nemours Jean-Baptiste, sur la place
Sainte-Anne, dans le quartier de Morne-à-Tuff de Port-au-Prince.
par Walcam
On annonce la mort de Blaze One !
On avait annoncé le mort du rappeur au
cours du weekend end écoulé, alors qu’il
se rendait au centreville de Port-au-Prince.
Tout n’est que rumeur, a déclaré Dug-G
que nous avons interrogé sur la nouvelle.
Blaze One se porte bien, il n’est même pas
malade, explique l’ex-rappeur de Rockfam.
...
Invictus en rupture de stock
« Invictus », le dernier opus du groupe
compas Kreyòl la, est en rupture de stock
depuis cinq jours (7 juillet), a fait savoir le
disquaire Aly Accacia de Mélodisque. Une
bonne nouvelle pour le groupe musical,
mais il y a un hic. Aly a précisé que des
clients sont passés pour acheter le dernier
opus de Kreyòl la et sont repartis bredou-
illes, et que l’un d’entre eux s’est fâché.
Aly a dit avoir écrit à Ti Djo Zenny pour le
supplier de lui envoyer un autre stock.
Les péta d’or de Fresh la !
C’est le nouveau titre d’une composition de
Vwadèzil qui n’attend pas la période car-
navalesque pour divertir ses fans. « Nous
allons péter, péter, péter aujourd’hui », a
écrit Fresh aka Donald Joseph sur sa page
Facebook.
C’est une allusion au président Martelly qui
s’amusait lors du lancer des feux d’artifices
au Champ de Mars au concert de Lil Wayne
et de Chris Brown, mais aussi pour passer
en revue l’actualité nationale. La hausse du
dollar, les élections… tels sont les sujets
traités dans cette composition.
...
Le créateur de mode Christian Audigier
est mort : Le cancer l’a emporté, à 57 ans.
Créateur des marques Ed Hardy et Von
Dutch, il avait fait fortune aux États-Unis.
Il se battait contre un cancer depuis plu-
sieurs années. Christian Audigier a perdu
son combat contre la maladie, un syndrôme
myélodysplasique (MDS) qui touche la
moelle osseuse.
...
Corneille papa pour la deuxième fois
Le chanteur a annoncé l’heureuse nouvelle
sur les réseaux sociaux, confirmant ainsi
la rumeur. En postant une photo de son
épouse Sofia de Medeiros et de lui, visible-
ment extraite d’un magazine, il a écrit : «
Rumeurs bonnes et vraies ! »
Vu et entendu !
MARDI 14 JUILLET 2015 N0
38 | 19
CULTURE
Le choc de Léon Laleau :
Quand un roman sauve la mémoirePar Carl-Henry PIERRE
L
e choc ne correspond pas
toujours aux accidents. Aux
rumeurs. Aux pertes des êtres
chers et à on ne sait quoi. Le
choc peut être tout simplement un
choc, quand il est lié, par exemple, à
l’inattendu d’un débarquement des
Marines américains sur le sol d’un
pays comme Haïti. Cela peut créer un
roman sous les doigts d’un individu,
surtout s’il est un jeune spectateur de
22 ans qui assiste au drame d’un tel
débarquement, s’il habite la rue des
Miracles où, un soir, il voit passer le
premier contingent des occupants.
Le roman peut forcément s’intituler
: « Le choc, chronique haïtienne des
années 1915-1918 », si l’individu
né le 3 août 1892 à Port–au-Prince,
mort un 7 septembre 1979, s’appelle
exactement Léon laleau.
« Le choc, chronique haïtienne
des années 1915-1918 », de Léon
Laleau, est paru pour la première
fois en 1932. C’était le premier
cri. Le premier acte d’indignation
poussé par un romancier. Ce roman
a été réédité par les Éditions
Fardin en 1949. La collection
de l’année 2012 est précédée
d’une notice bibliographique et
littéraire. Sur les 204 pages, on
aura accès à une partie romancée
de l’histoire du peuple haïtien et
de celle des Yankees. L’histoire de
la haine et de l’exploitation.
Marquée par la verve poétique,
elle témoigne de fort belle manière
l’émotion de l’auteur face à
l’occupation américaine d’Haïti
qui allait durer plus de dix-neuf
ans sur le sol des Anthony Phelps,
des Gary Victor, Des Yanick
Lahens, des Franketienne, etc. Ce
livre, que l’auteur ne prétend pas
qu’il est un roman, porte en son
sein quatre parties : 1) La robe du
prêtre ; 2) L’ère nouvelle ; 3) Les
Heurts ; 4) Vers l’inconnu. Il y a
plusieurs livres dans ce livre. Il y
a le livre des occupés et celui des
occupants. Le livre de la masse
et celui de l’élite… Ce livre nous
apprend qu’un livre n’est jamais
essentiellement un.
À la première page du livre, on
lira ces bouts de mots : « Un matin
de dimanche, en septembre… La
messe est dite. L’église, remplie
jusqu’au bord, libère péniblement
la foule, par toutes ses portes,
ouvertes à deux battants, une
foule bariolée, bourdonnante,
congestionnée. » Au cours de la
lecture, on liera connaissance avec
des personnages comme Maurice,
Émile Vérin, Monseigneur
Kersuzan, Pierre Marchal, le
Père Ganet, Prévôt… la mort de
la souveraineté prévaut dans ce
texte. Les Américains n’ont-ils pas
influencé les votes dans le pays
? Dans ce roman, qui sont « Les
conventionnels » ? À la seconde
interrogation, Léon laleau vous
répondra que les conventionnels
sont ceux-là qui, comme Maurice,
défendaient le traité. Il vous dira
aussi que son livre n’est rien que
des faits notés comme ils furent
vécus.
« Je sais ce que c’est qu’un
Américain, par rapport à un nègre,
car j’ai vécu aux États-Unis. Et ce
n’est que chez lui que l’on peut
bien connaître quelqu’un (page
130). ». Perplexe, on pourrait se
poser une telle question : Qu’est-
ce donc un Américain? Il est fait
d’angoisse, ce roman, face à la
convention haïtiano-américaine,
face au Parlement haïtien qui l’a
ratifiée et approuvée, donnant
libre cours à l’occupation. C’est
aussi une quête de réappropriation
de notre identité. Et lire « Le
choc, chronique haïtienne de
1915-1918 », en ce mois de juillet
qui représente le centenaire de
cette occupation est une façon de
sauver la mémoire.
Le Mexique se vit à ParisPar Dangelo Neard (notre envoyé spécial en Europe)
T
outes les nouvelles technolo-
gies mises dans un Tequila.
C’est le Mexique qui se vend,
qui se propose comme desti-
nation touristique merveilleuse.
À côté de la porte d’entrée du
ballon qui contient l’exposition : la
Catrina (personnage de l’artisanat
mexicain qui représente la dévo-
tion et le respect accordés à la
mort.
L’exposition est gratuite, on se voit
même offrir une petite fleur de la
faune mexicaine. Elle sent bon,
la fleur, elle permet de saisir au
loin les odeurs qui font le charme
de ce grand territoire d’Amérique
du Nord.
Dans le hall d’entrée du grand
ballon blanc, au rythme de
sonorités indiennes, des écrans
présentent globalement le
Mexique.
Le sol est mouvant à certains
moments, la musique bénéficie
d’une excellente amplification ; la
sensation est forte, terriblement
forte, et on se sent une grande
envie de parler espagnol.
Au cœur du ballon, lunettes 3 D
pour les visiteurs, on prend siège,
on s’accroche bien parce que, par-
delà ces lunettes, on est à bord
d’un hélicoptère et on regarde le
Mexique d’en haut. On le coupe de
bout en bout, le pays.
On va dans les sites archéologiques,
on marche presque sur le sable
éternel des plages d’Acapulco, on
entre dans les grands musées de
la ville, les bibliothèques et, s’il
vous plaît, on fait tout ça sur un
siège qui est au bord de la scène.
Ne crie-t-on pas à droite et à
gauche qu’on va remettre Haïti sur
la scène touristique internationale
; à mon sens, il faudrait, peut-être,
manger dans la soupe du Mexique
et s’engager effectivement à mettre
en place des événements dans les
grandes capitales occidentales.
Des événements qui pourront
drainer des touristes et des billets
en Haïti.
Léon Laleau. / www.lehman.cuny.edu/
ile.en.i.
Toutes les nouvelles technologies mises dans un Tequil. / Photo: Dangelo Neard
Il faut dire que Paris peut ne pas toujours savoir n’être que Paris. Au bord de la Seine, au parc de la Villette, sur un
gazon vertement beau, le Mexique s’est taillé une petite place. Dans ce qui peut être un ballon géant, le ministère
du Tourisme du Mexique ouvre les veines de la culture mexicaine au peuple de Paris.
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  • 1. » P. 6 » P. 17 »   P. 4 CULTURE » suite page 3 Trois millions de gourdes détournées au MENFP Par Reynold Aris Jacques Roche : dix ans déjà ! Par Schultz Laurent jr Brutalité policière : un slogan à la modePar Lionel Édouard FOOTBALL / GOLD CUP 2015 MARDI 14 JUILLET 2015 NUMÉRO 38 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ Haïti qualifiée pour les quarts de finale HAÏTI / SÉCURITÉ L a brutalité policière, un fait courant dans le paysage haï- tien. Presque familier même. Un peu partout à travers le pays, les citoyens bastonnés ou vic- times d’abus des agents de police sont légion. Chauffeurs de camionnette et autres automobilistes, motocyclistes, prostituées, et même des policiers, sont en proie à cette forme de violence et portent les séquelles de ces affronts causés par ces policiers déviants. Certains, des « superchefs » à la botte de certains hauts fonctionnaires de l’État, s’érigent même en maîtres de la vie. « M ta tire w wi », un discours à la mode, à chaque altercation, pour inspirer une certaine crainte de ces bourreaux autoproclamés. En battant la sélection hondurienne sur le score d’un but à zéro, la Sélection nationale senior s’est e e La population aux abois ! par Jean Michel Cadet
  • 2. 2 | N0 38 MARDI 14 JUILLET 2015 TRIBUNE Un défi au bon sens « Personne ici ne met en question le droit qu’a l’État dominicain de réglementer parce qu’ici le gouvernement crie qu’il a le droit de règlementer, et qui a dit non ? Il a le droit de réglementer. Mais maintenant, peut-il défaire du jour au lendemain ce qui a été permis pendant 70 ans ? Le gouvernement dominicain peut-il dire maintenant, “les Haïtiens doivent tous partir, je prends 30 autobus et je fais monter tous ceux qui se trouvent dans les rues, je les prends”. Il importe de tenir compte du fait que ces gens ont été ici depuis des décennies. C’est la dimension humaine de la question qui doit primer, car si le monde ne met pas les êtres humains au premier plan, à quoi sert-il ? Donc, ici c‘est la dimension humaine qu’on doit prendre en considération, l’autre dimension, c’est l’avantage économique que tire la République Dominicaine des Haïtiens. Vous avez vu ces jours derniers, vous avez vu l’industrie de la construction, comment c’était hier ? Sans personne. J’ai vu dans le rapport de Santiago ce que disait le chauffeur d’autobus public. “Aujourd’hui je n’ai eu personne. Normalement les gens qui montent dans mon autobus sont des Haïtiens”. L’activité agricole, vous avez vu comment étaient les gens de Constanza. Ils disaient que la production agricole va diminuer parce qu’il n’y a personne pour travailler la terre. On ne peut pas défaire une structure de production du jour au lendemain. C’est une chose stupide. » « La façon de faire des agents du gouvernement est stupide. Ils étaient ici avec plein d’autobus, évoquant le patriotisme et disant “nous avons 2000 soldats, il faut que ça se termine ici, nous devons mettre un terme à cette situation”. Le pire, et le plus honteux pour notre pays, c’est le pillage. Voler est un délit, mais on dit que voler un indigent, c’est plus qu’un délit et ici depuis que ce plan de régularisation a commencé tous ces gens qui allaient là-bas (au bureau) disaient : “Écoutez, on me vole, j’ai pas mal de temps dans la file et je ne rentre jamais si je ne paie pas une somme d’argent. Et ceux qui arrivent en dernier avec de l’argent en main entrent et moi je ne peux pas rentrer parce que je n’ai pas 1,500 pesos. J’ai dépensé 20,000 pesos que je n’avais pas à cause de toute cette bureaucratie que le gouvernement a imposée. Le patron doit te donner une lettre (qu’aucun patron ne veut donner), ou encore cette lettre ne vaut rien, tu dois la faire légaliser, etc. ” Enfin, vous voyez ce que ça coûte, tout ça ! “ » Le saccage des Haïtiens « Mais de plus, regardez jusqu’où nous sommes arrivés. Je vous ai expliqué plusieurs fois comment les Haïtiens s’en vont. C’est sans un rond. C’est pour cette raison qu’ils ne veulent pas marcher avec de l’argent en poche. Parce que les Haïtiens qui sont pris, on leur dit : “Laisse-moi voir ce que tu as dans tes poches”. On lui enlève tout, c’est un saccage. Donc c’est ce qui se passe ici, c’est ce que vivent ces gens qui sont ici, c’est ce que nous avons vu avec ce plan de régularisation. On a vu ce qui s’est passé à Moca où des Dominicains ont saccagé la maison d’un groupe d’Haïtiens et une dame avec laquelle j’ai honte de partager la nationalité a crié “la bonbonne de gaz est à moi”. Et d’autres ont utilisé des enfants, ce qui est incroyable, avec des draps pour prendre tout ce qui est utile. Ils ont emballé des choses et les enfants sont sortis des maisons, volant ces choses. » « En ce qui concerne cet exode des Haïtiens qui a commencé, tous nos journalistes depuis plusieurs points du pays ont reporté les faits suivants. Les Haïtiens cherchent des camionnettes pour s’en aller avant qu’on leur vole ce qu’ils ont, parce qu’ils savent que si on les rencontre dans la rue et qu’ils n’ont pas ce fameux papier (inscription au Plan de régularisation), on va les expulser sans qu’ils n’aient droit à rien. Les Haïtiens savent que ce n’est pas vrai qu’on va réviser les dossiers au cas par cas, qu’il n’y aura pas d’arbitraire et qu’on va respecter la procédure. Le ministre était là dans nos studios et a dit : “Nous, nous ne voulons pas que ceci passe par une procédure judiciaire”. Ça c’est du “friendo y comiendo” ( kou l cho l kwit ). Les centres d’accueil, ce n’est pas plus qu’un jour. Mais tous ceux qu’ils rencontrent dans la rue, si c’est de nuit, comme il y a un horaire, comme ici c’est à 5 heures, s’ils arrivent après, ils doivent dormir sur les lieux pour être renvoyés le lendemain ; là il n’y a pas la procédure de rigueur, ni le respect du protocole. Que disent les Haïtiens ? “On va tout nous voler”. Leurs biens pour nous, ce n’est rien, mais pour eux, ils mettent toutes leurs affaires ici et ils ne veulent pas qu’on les leur vole. Ils s’en vont comme vous le voyez. » Le pouls de la réalité « Déjà, hier, les Haïtiens qui par- taient volontairement dénonçaient les mauvais traitements dont ils étaient l’objet. Ils disaient “Main- tenant les gens du CESFRONT (Cuerpo Especializado de Seguri- dad Fronteriza) veulent nous prendre les économies que nous emmenons et ils veulent que nous payions même pour nous en aller. Ils ne veulent pas de nous ici, nous partons volontairement et ils veu- lent que nous leur payions pour nous laisser partir”. Telle est la situation réelle qui est en train de se produire. De plus, quand vous appartenez à une partie, et j’appartiens à cette partie, les journalistes ici appartiennent à cette partie, laquelle ? La partie dominicaine, la situation est délicate. Les loups ne se mangent pas entre eux. (Entre bomberos no se pisan las mangueras). On vous dit que “vous ne pouvez pas parler mal contre les Dominicains, que le Dominicain peut faire n’importe quoi, peut faire du mal, et si on est Dominicain, il ne faut pas parler du mal que fait un Dominicain”. Eh bien non, moi, non ! Si on veut me considérer chinois, qu’ils me considèrent chinois, je crois que la justice, c’est l’unique chose importante dans la vie. C’est la seule qui peut améliorer tant soi peu l’humanité. » Entre survie et usure jusqu'à la corde : les rapports Haïtiano-dominicains (3 de 3) Suite des éditions du 10 au 12 et du 13 juillet, numéros 36 et 37 Par Leslie Péan / AlterPresse
  • 3. MARDI 14 JUILLET 2015 N0 38 | 3 ACTUALITÉ La Révolution Propre Lamémoiredespeuplesnemeurtjamais.C’estGramsciqui,faceauxhauteurs académiqueset,desfois,abstraitesqueprenaientlesidéesenEuropeetdansle restedumonde,avaitfaitcirculerleconcept«d’intellectuelorganique».Pourlui, ladistanceconstatéeentrelejoueurdesmots,delaparoleetdesthématiques faceauxproblèmespratiquesposésdanslessociétésoùilévolueestunegrande introversion.Silessavoirsviennentdespeuplesdansleursexpériencesavecle réel,l’articulationdecessavoirsdoiventpermettreàcesderniersd’évoluerdu magmaauraffinementoudesortirdesarchaïsmesrudespouruneentréedans laclartéscientifique. La problématique de l’intellectuel haïtien face aux diverses situations posées au pays semble venir d’un bovarysme face aux hauteurs académiques et formalistesdel’intelligentsiaeuropéenne.Influencéspardesdésillusionnésde guerres affreuses et des adeptes de la chute des idéologies collectivistes, nos intellectuels se sont glissés dans les interstices des abstractions poétiques ou philosophiques. Ils ont adopté une littérature de l’intimisme beaucoup plus proche de Borges que de Gorki. Leur rejet en bloc du réalisme socialiste, dont leroman«LaMère»étaitl’exempleleplusévident,basculaitnos«éclaireurs »danslarupturesocialeaveclesdramesd’unpaysmisenétatdechoc.Or,ily avaitl’alternatived’unecompréhensionplus«organique»desparticularitésde notreculture.Del’indigénismeauréalismemerveilleux,lesintellectuelshaïtiens n’ont pas compris que le mouvement des idées nationales ne s’arrêtait pas à JeanPrice-MarsetJacquesStéphenAlexis. Aujourd’huiquelatragédied’unpaysdemandenonpassimplementleprag- matismerégulier,maisunearticulationplusvisionnaire,onfaitleconstatdu vide,del’horlogearrêtée,dudéficitdematièregrise,dumanquederêveetdela chuteduraffinementidéologique.Lepeuplen’estpascomprisparl’intellectuel parcequelerejetenblocdel’indigénismeneportaitpascedernieràmépriser larécupérationduvaliéristepourmieuxexplorerlessavoirsdunègreetduTaïno. Cetteincompréhensionaprovoquéunedistanceentrel’intellectueletlepeuple.À uneépoqueélectoraledetouslesdramesetdetouslesgrandsdéfis,leproposest plusàl’accusationqu’àdespropositions.Alorsquel’errance,lesexpulsions,les épidémies,l’insalubrité,lavillegrotesqueetlacampagnerapetisséedevraient servirdebaseàdesidéesfortesdemobilisationsocialedefoulesabattues,on vaplutôt,hélas,versdesdébatssansgrandeuretdespetitessespoliticiennes. Pargénérosité,voilàuneidéequeLENATIONALjettedanslamêlée:LaRévolu- tionPropre! Le National Édito » suite de la première page La semaine écoulée, sur la route de l’Aéroport, ce fut un policier qui s’est fait agresser par quatre de ses frères d’armes qui accompagnaient un juge de paix. Au vu et au su de tous, les policiers ont dégainé et mis en joue l’homme qui était à bord d’une Toyota Four Runner, lui intimant l’ordre de rendre son arme et son badge, alors que ce sont eux qui ont été les responsables de l’incident, après avoir opéré un dépassement, côté droit. Le mauvais côté. Lelundi13juillet,aucoursd’unepetite visite aux stations de camionnettes reliant Débrosse (Route de Canapé- Vert) à l’ancien marché de Pétion- Ville, des chauffeurs expliquent leur calvaire. L’un d’entre eux, « Ti jean », s’est-il identifié, informe que certains chauffeurs peuvent tourner où ils veulent parce qu’ils « entretiennent les commandants ». Un jargon incompréhensible qui prend tout son sens dans le milieu. Parfois, ils se font gifler par les agents de l’ordre, sans compter le remorquage des voitures qui se fait dans le désordre le plus total et qui représente, soutient-il, un business dont le contrôle échappe totalement à l’État haïtien. L’anarchie qui règne au rond-point de l’ancien marché serait peut-être liée à cette pratique. Certains chauffeurs donneraient de l’argent aux policiers pour éviter les contraventions, alors que d’autres, rapportent-ils, sont punis pour la moindre inattention. Les permis de conduire saisis sans aucun motif sérieux et qui sont négociés dans les coins sombres et obscurs ne sont jamais déposés dans les commissariats, dit-il. La liste des violations signalées n’est pas exhaustive. Il y a environ un mois, un petit commerçant, dont nous nous gardons de citer le nom, a eu les quatre pneus de sa voiture crevés par un policier en courroux, l’accusant de lui barrer la route menant à sa résidence. Celui-ci est descendu de sa voiture, a sorti son pistolet et tiré dans les pneus de la camionnette. Pourtant un camion de transport d’eau était déjà engagé dans l’impasse où il se trouvait. Si l’IGPNH annonce toutes les semaines des mesures disciplinaires contre des policiers délinquants, celles-ci ne paraissent pas assez fermes pour casser les velléités de certains. Le dernier cas en date, l’agression subie par le cameraman de la Radio- Télé Signal, Samus David François. L’agent de police Guerrier Séide, affecté au commissariat de la Croix- des-Bouquets, est l’auteur de l’acte. Il a saisi la moto qui transportait les journalistes qui revenaient d’une activité, après qu’il eut usé du trépied devant supporter la caméra pour frapper le journaliste qui porte encore des blessures à la tête. Ce cas vient s’ajouter à celui du journaliste de Radio-Télé Kiskeya, Rodrigue Lalane, molesté par un policier le mardi 1er octobre 2013. Une fois de plus, le porte-parole de la PNH, le commissaire Frantz Lerebours, informe que l’Inspection générale de la police est saisie du dossier, arguant que la PNH n’a pas pour mission de brutaliser les gens, mais plutôt, dit-il, de les protéger et les servir. « Le policier sera entendu. Il faut équilibrer la question avant d’acheminer le dossier à la Direction générale », a insisté le commissaire Lerebours qui, au nom de l’institution policière, en a profité pour s’excuser auprès de Télé Signal et de Samus David François. Ces pratiques policières déviantes ne seraient plus un secret à Port- au-Prince, tant les témoignages sont nombreux. D’autant que les agents de l’ordre, aujourd’hui, contrairement à ce qui se faisait sur la gestion du chef de la Police antérieure, Mario Andrésol, faut-il le citer, n’ont aucune signe d’identification, sinon leur uniforme. Les numéros qui y étaient brodés ont disparu. Leurs voitures, pour la plupart, n’ont ni plaque, ni assurance, ni feux arrière. Aussi, des policiers administratifs qui portent des cagoules à longueur de journée sont d’autres signes inquiétants. Ces policiers qui enfreignent les règlements de la circulation ne prennent d’ailleurs pas de contravention. Même lorsqu’ils roulent en contresens. Le fautif est toujours le paisible citoyen. Mais quel règlement leur attribue ces droits ? Sûrement pas la loi de 1995 portant création de la PNH qui ne dit rien à ce sujet. Brutalité policière : un slogan à la modePar Lionel Édouard HAÏTI/SÉCURITÉ
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 10, RUE GABART · PÉTION-VILLE EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 4611-1010 / 3214-5554 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. 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Près d’un mois après la réalisation de l’enquête sur le fonc- tionnement du Programme de scolari- sation universelle, gratuite et obliga- toire (Psugo), l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), à l’initiative du MENFP, a déjà diligenté une enquête suite à la disparition de trois millions de gourdes dans le cadre d’un projet avec la Coopération espagnole. Un réseau de faussaires au sein du MENFP est mis sur la sellette, si l’on en croit les propos du titulaire dudit ministère, Nesmy Manigat, à l’occasion de sa participation à l’émission sans détours sur Télé Plurielle, le dimanche 12 juillet 2015. Ce projet, financé par la Coopération espagnole, indique M. Manigat, est l’objet d’une enquête interne où près de trois millions de gourdes ont disparu en fumée. Il cite en exemple un chèque qui a été émis pour 79 mille gourdes et qui a été encaissé pour un montant de 879 mille gourdes. En multipliant ce montant par quatre dans le cadre de ce dossier, la somme serait estimée à environ trois millions de gourdes. Selon ce qu’il affirme, ce dossier est déjà devant la Justice. Il a précisé que plusieurs employés sont déjà interrogés afin de faire la lumière autour de cette affaire. Le Ministère a entrepris des investigations en ce qui concerne d’autres projets. Il s’agit de rétablir la confiance des partenaires nationaux ou internationaux. Car, l’objectif principal consiste à doubler le budget alloué à l’Éducation dans l’intérêt du pays, néanmoins il convient d’éviter le gaspillage. Se voulant impartial, le numéro un du Ministère a affirmé que ce n’est pas seulement le Psugo qui est l’objet d’enquête et d’audit au niveau du MENFP. Il s’agit de plusieurs projets qui sont sujets à évaluation. Il informe en ce sens avoir sollicité de l’ULCC ou d’un autre organisme d’apporter son appui dans le cadre de la supervision de ces projets dont il s’est gardé de citer les noms. Dans l’administration publique, convient le Ministre, le système de gestion est extrêmement faible en général. Ce qui entraîne des vulnérabilités dans ce domaine. Face à cette situation, les ministères appellent à la collaboration d’autres partenaires de l’État dotés d’un plus grand nombre d’experts en vue d’enrayer les pratiques de ces réseaux de corrompus. Le MENFP s’engage aussi à renforcer son service d’inspectorat, voire créer un corps d’inspection générale qui lui permettra au-delà de ses six inspecteurs d’accomplir leur travail de supervision pédagogique et administrative. Cette démarche, dit- il, contribuera au renforcement du Ministère à l’interne dans le cadre de son contrôle sur le flux financier qui circule dans cette institution. Quid des 85 écoles exclues ? Quant aux établissements exclus du Psugo, M. Manigat informe que le MENFP a choisi de publier une liste de 85 établissements scolaires éclaboussés dans la corruption, soulignant que le ministère pourrait en rendre public entre 100, 110 et 120 écoles qui y sont impliquées. Il s’agit d’une vaste liste d’institutions scolaires qui sont concernées par ce dossier. Cette publication s’inscrit dans le cadre du constat du ministère où l’effectif subventionné est supérieur à 10 par rapport à l’effectif de l’école en question. Les directeurs fautifs, poursuit le titulaire du MENFP, doivent restituer à l’État les fonds dont ils ont bénéficié en vue de permettre au ministère de financer ceux qui respectent les clauses du contrat dans la cadre du Psugo. Il a en outre rappelé que s’il existe des cas de complicité à établir, la Justice doit faire son travail, arguant que s’il est des coupables au niveau du ministère, l’institution qu’il dirige ne lésinera pas à sanctionner les fraudeurs. Il indique toutefois avoir laissé une porte ouverte à ces directeurs jusqu’à ce mardi 14 juillet 2015 de sorte qu’ils puissent se rendre dans la direction départementale de leur zone respective et fournir les explications nécessaires. Ces éléments d’information, précise le patron du MENFP, permettront de rayer le nom de leurs établissements dans cette liste d’ « établissements suspects » ou non, informant que jusqu’à la preuve du contraire, ces 85 écoles sont exclues. En ce qui concerne le Collège Pierre Corneille dont le directeur est Philistin Rilet (candidat à la députation), membre du parti poli- tique PPG-18 et de la plateforme « PHTK », le Ministre dit ne pas avoir abordé le volet politique de la question. Il a indiqué que les enquê- teurs de l’ULCC et les responsables du MENFP ne se sont accrochés qu’au fonctionnement du Psugo. Les autres volets relèvent des auto- rités compétentes. L e ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, Nesmy Manigat. / Photo: J.J. Augustin
  • 5. MARDI 14 JUILLET 2015 N0 38 | 5 ACTUALITÉ ÉCHO Cornillon, trois présumés bandits arrêtés par la police La police a procédé, samedi, à l’arrestation de Jackson Saint- Fleur, Jackenson Saintilus et Jean Berex Camille, trois présumés bandits qui auraient tenté d’assassiner Méléus Alphonse, candidat à la députation à Cornillon. Sur cinq bandits impliqués dans le forfait, deux d’entre eux ont pu s’échapper. Au moment de l’opération, la police a libéré un individu kidnappé par ces présumés bandits transférés à Croix-des-Bouquets pour les suites de droit. Fort-Liberté, quatre morts dans un accident de la circulation Un terrible accident survenu dimanche sur la route nationale #6 dans le Nord-Est, a occasionné la mort de quatre personnes, notamment Madsen Souverain, un médecin. Deux motocyclettes transportant chacune plus de deux personnes et qui circulaient en sens inverse sont entrées en collision, provoquant la mort sur place de deux personnes. Deux autres, transportées d’urgence à l’hôpital, n’ont pas survécu à leurs blessures, a rapporté la presse locale. Formation en entrepreneuriat biblique : Ezechias Ductan sacré Champion national Suite à différentes sessions de formation en entrepreneuriat biblique à travers le pays (Cap- Haïtien, Pignon, Port-au-Prince, La Victoire et Port-de-Paix), le projet intitulé « Nehemiah Week Haiti » a organisé le 9 juillet un concours de plan d’affaires à Le Villate à Pétion-Ville. Le pasteur Ezechias Ductan a été désigné champion national pour son projet intitulé « Eben Ezer », une entreprise commerciale dont l’objectif est de développer les NTIC (nouvelle technologie de l’information et de la com- munication) en Haïti. Monsieur Ductan, qui doit se rendre aux États-Unis en septembre pro- chain pour participer à un con- cours international à Orlando, a promis de ramener le trophée en Haïti. Corail : le BEC ferme ses portes à la demande des citoyens Des citoyens voulant porter des modifications d’adresse dans le Registre électoral ont été surpris d’apprendre que des inconnus auraient fait ces changements à leur place en utilisant leur CIN. Ces citoyens, membres de Fusion des sociaux- démocrates, Fanmi lavalas et Inite patriotique, crient à la fraude et exigent la fermeture du bureau électoral communal. Le président du BEC de Corail promet de diligenter une enquête pour faire la lumière sur la question. La PNH joue son rôle dans la lutte contre la violence basée sur le genre L’unité basée sur le genre au sein de la Police nationale d’Haïti (PNH), créée en 2005, déploie tous ses efforts afin de jouer convenablement son rôle en dépit du manque de moyens auquel elle fait face. C’est ce qu’a estimé Marie Louise Gauthier, commissaire divisionnaire et responsable de la Coordination nationale des affaires féminines, des questions de genre et des violences sexuelles au sein de la PNH. Mille policières et policiers nationaux, qui ont suivi des sessions de formation basées sur le genre, accompagnent les femmes victimes jusqu’au niveau de la justice, informe madame Gauthier. Le festival Libérez la parole se tient du 12 au 19 juillet 2015 Le Centre PEN Haïti informe que la 4e édition du festival « Libérez la parole » se tient du 12 au 19 juillet 2015. Le festival, qui se déroulera dans plusieurs villes du pays (Port-au-Prince, Cayes, Jacmel et Gonaïves) est un moment de convivialité dans un format qui permet à des travailleurs de la plume d’ici et d’ailleurs de prendre la route pour provoquer des échanges toujours sincères, lit-on dans un communiqué indiquant que, cette année, le festival rend hommage au journaliste Jean Dominique. Cent treize interpellés, neuf retenus! Par Lionel Édouard HAÏTI/PNH/INTERVENTION La Police Nationale d’Haïti a présenté lundi, un bilan de ses interventions dans la capitale haïtienne, durant le Week-end écoulé. Le quartier de La Saline était au centre de toutes les attentions avec l’arrestation de plusieurs présumés bandits et la saisie de plusieurs paquets de stupéfiants. L a police a, en effet, mené une opération dans la zone de La Saline, le samedi 11 juillet 2015. Accompagnés d’environ 140agentsdelaMinustah,destroupes du Corps d’intervention et de main- tien de l’ordre (Cimo), de la Brigade d’opération et d’intervention départe- mentale (BOID) et du SWAT, entre autres, ont procédé à l’interpellation de 113 personnes, rapporte le porte- parole a. i. de la PNH, Garry Desro- siers. Après interrogation au commissariat de Port-au-Prince, M. Desrosiers informe que neuf parmi les personnes interpellées ont été retenues pour les chefs d’accusations d’assassinat, vol à main armée, association de malfait- eurs et trafic de stupéfiants. Plusieurs sachets de marijuana ont été saisis lors de cette opération. Plusieurs chefs de gang qui entreti- ennent l’insécurité au centre-ville de Port-au-Prince feraient l’objet de recherche active de la police, à l’issue de cette intervention. Il s’agit de Lemoine ainsi connu, Ti Jinyò ainsi connu, Bouyon ainsi connu. Léonel Lexius, Tibo vòlè, Edson Fils-aimé alias Féfé, Léonel Altème dit « Bout Janjan », et le dénomé Sadam Vòlè, sont d’autres bandits activement recherchés par la PNH. Garry Desrosiers attire l’attention des citoyens sur le fait que ces chefs de gang seraient des bandits très dangereux, impliqués dans tous les actes d’insécurité répertoriés au cen- tre-ville. Aussi, dit-il que l’opération lancée, samedi dernier, continue au niveau du commissariat de Port-au- Prince. Par ailleurs, Garry Desrosiers soutient que cette opération était une réussite du fait que personne n’en est sorti victime. Soulignons qu’aucune arme n’a été saisie, durant cette interven- tion. Les présumés bandits retenus ont, pour leur part, été présentés à la presse. Il s’agit de Félix Pyram (alias Toutou), Christophe Junior (alias fal anlè), Robenson Saint-Cyr, Jackson Téralien, Ogourt Raymond, Charles Bertin, Ullrick Célestin, Jean Charles Charleston, Béatrice Lucin. Garry Desrosiers invite également la population à fournir des informations à la police, une manière de mettre fin à l’action des bandits. Cette interven- tion a été réalisée dans les bâtiments dénommés « projet Aristide » à La Saline, a-t-il conclu. Le porte-parole a. i. de la PNH, Garry Desrosiers. / Photo : Ruben Chéry
  • 6. 6 | N0 38 MARDI 14 JUILLET 2015 ACTUALITÉ O n est au lundi 13 juillet 2015. Le dollar améric- ain s’échange contre 56 gourdes dans de nom- breuses banques commerciales du pays. Alors que, quelques semaines auparavant les esprits étaient sur- chauffés quand le dollar s’achetait à 50 gourdes. Et certains observateurs, tenant compte des spéculations sur le marché de change, estiment logique de s’attendre à une chute continue de la gourde par rapport à la devise américaine. Les conséquences de cette descente aux enfers, selon plus d’un, affectent l’économie réelle du pays dans ses entrailles car reposant sur le secteur informel déjà précaire. Les petits commerçants spécialisés dans la vente et l’achat du dollar affirment leur désarroi devant ce drame. Jamais auparavant la gourde n’a été aussi dépréciée, déplore-t-ils. Ils disent assister, impuissants, à cette dégringolade de la gourde par rapport au dollar qu’ils achètent aux prix fort au niveau des banques commerciales. Celles-ci ne leur font pas de cadeau. Pour toute transaction supérieure à 250 dollars, raconte un de ces commerçants, l’institution bancaire augmente le taux de change. Pour ces commerçants qui vivent essentiellement de cette activité, la situation générale est préoccupante à plus d’un titre. Très faible demande, d’une part, de la population, constatent-ils. D’autre part, ce phénomène, se désolent- ils, rejaillissent sur l’ensemble des activités économiques. Le coût de la vie augmente de fait. Et en tant que parents, nombreux sont ceux qui redoutent les conséquences de cette crise sur les frais scolaires à la veille de la rentrée des classes prévue le 8 septembre prochain. Comme pour cracher son ras-le-bol face à cette situation, Rose-Marie, affirme, malgré elle, vouloir fermer son shop, si aucune amélioration n’est apportée à cette crise. Car, argumente-t-elle, en mobilisant plus de devises nationales que d’habitude pour se procurer le dollar nécessaire pour l’achat de ses marchandises en République dominicaine, elle se voit contrainte d’augmenter le coût unitaire de ses produits. Ce qui engendre une forte réticence des acheteurs. Même réaction de Robert qui s’occupe de la vente de tissus et des ustensiles de cuisine. Les consommateurs refusent systématiquement, selon lui, de s’acheter un produit dont le coût augmente sur le marché local à cause de la hausse croissante du dollar par rapport à la gourde. En conséquence, avoue-t-il, après maints désaccords avec eux et au terme d’une journée infructueuse, il est contraint, au risque probable d’une marge bénéficiaire défavorable, de se plier aux prix exigés par les acheteurs. Contrairement à Rose-Marie, il n’entend pas fermer boutique. Il envisage de se battre, au côté d’autres commerçants révoltés, pour exiger du gouvernement de rectifier le tir. Silence complice ? Les autorités financières et monétaires du pays et le gouvernement dans son ensemble gardent, de l’avis de nombre d’observateurs, un silence complice. La Banque centrale, dont l’une des attributions consiste à stabiliser le taux de change, n’a daigné se prononcer sur un fait qui relève de ses compétences. Le gouverneur de la BRH, M. Charles Castel, rapporte un des médias de la capitale, pourrait, au cours de cette semaine, donner une conférence de presse sur le sujet. Mais, entre-temps, l’information disponible sur la question fait état de mesures prises par l’institution financière dont les effets s’étendent sur le long terme. La solution n’est pas pour demain. La BRH aurait astreint les banques commerciales à une réserve obligatoire. C’est-à-dire qu’il leur est fait obligation de ne pas investir tout l’épargne des déposants. Laquelle disposition expliquerait, selon l’économiste Kesner Pharel, que ces institutions financières augmentent le taux de crédit initial accordé à des clients. Quid des réserves de la BRH ? Les réserves nettes de la BRH sont aujourd’hui estimées à plus de 800 millions de dollars américains. Pas question, pour M. Pharel, d’injecter une partie de ces réserves dans l’économie nationale. À court terme, argumente-t-il, cette disposition favoriserait un ralentissement de la dégringolade de la gourde. Cependant, met-il en garde, la BRH en serait fragilisée. Car, en injectant 200 millions de dollars dans l’économie, à titre d’illustration, explique l’économiste, il en resterait que 600 millions environ. Ce qui serait l’équivalent des trois mois de réserves exigées par les institutions financières internationales à la BRH. Des spéculateurs sur le marché, redoute-t-il, pourraient en profiter pour pressurer davantage le dollar sachant que les marges de manœuvres de ladite institution financière sont désormais très limitées. Cettepositionnefaitpasl’unanimité chez les économistes. Le président de l’Association haïtienne des économistes, Eddy Labossière, croit judicieux, qu’à court terme la BRH injecte, comme elle l’a fait à une période de l’histoire du pays, une partie de ses réserves sur le marché. Toutefois, l’économiste plaide pour la mise en place de mesures structurelles. À savoir, une équipe dirigeante du pays dotée d’une double légitimité obtenue auprès des électeurs, d’une part et, d’autre part, venant de toutes les élites du pays. Ce, en vue de redresser l’économie nationale et refonder l’État. La population aux abois !par Jean Michel Cadet ÉCONOMIE/DÉPRÉCIATIONDELAGOURDE Un marchant de dollars américains. Alors que la dégringolade accélérée de la gourde par rapport au dollar se poursuit, les autorités étatiques se taisent. Les spécialistes en économie théorisent sur la question. Peu de propositions concrètes, cependant, surgissent des débats. Entre-temps, le secteur informel et une frange importante des ménages subissent les effets pervers de cette crise économique.
  • 7. A lors que la campagne élec- torale pour les législatives du 9 août est officiellement lancée, le Conseil électoral provisoire n’est pas encore en mesure de publier la liste des membres de bureaux de vote conformément aux dispositions de l’article 139-1 du décret électoral du 2 mars 2015 Qui stipule : « Les membres des Bureaux de vote, dans leurs zones respectives, sont choisis par les partis politiques, sur une liste de citoyens électeurs sou- mise par les universités, les écoles, les cultes, les associations socioprofes- sionnelles et culturelles reconnues et les organisations de femmes, au moins soixante (60) jours avant le scrutin. » Aujourd’hui, à environ 25 jours du scrutin, les MBV ne sont pas encore connus. De plus, le CEP semble avoir passé outre les dispositions de cet article dans sa façon de procéder au recrutement des MBV. S’il est vrai que le tirage au sort a été fait en public tel que stipulé à l’article 139-2, ce tirage était de préférence destiné à désigner les partis politiques habilités à soumettre les membres de BV. « On a procédé au tirage au sort pour chaque circonscription électorale en présence des représentants des différents partis politiques. Dans un tirage au sort sans remise, on distribue les trois postes de chaque bureau de vote. Le parti tiré en premier, à la présidence du bureau ainsi de suite », a expliqué Claudy Sylfa Morisseau, vice-président du BED OUEST 1. Après avoir fait cette répartition, les partis politiques sont invités à soumettre les noms des personnes appelées à combler les différents postes obtenus, a renchéri, pour sa part, Wally Désence, président de ce BED, annonçant que cette opération devrait prendre fin le jeudi 16 juillet 2015. En ce qui concerne les recrutements des superviseurs, le vice-président du Bed Ouest 1 a indiqué que tout a été fait selon les dispositions de l’article 11 du décret électoral qui veut que les superviseurs électoraux soient des agents recrutés en toute indépendance, en toute transparence, sur concours par le Conseil électoral provisoire qui détermine les critères de compétence requis. Ils sont de deux catégories : les superviseurs principaux et les superviseurs adjoints. Ils sont sous la hiérarchie immédiate des membres du BEC. Le concours devant aboutir au recrutement de ce personnel aurait dû avoir lieu cette semaine, soit le mercredi 15 juillet 2015 selon des informations non encore officielles. Entre-temps, l’opération de changement de centre de vote a pris fin le dimanche 12 juillet. Cette étape franchie est importante pour la publication de la liste électorale qui devait être rendue publique trente jours avant le scrutin. Les responsables du Conseil électoral provisoire, en particulier le directeur exécutif, Mosler Geroges, avaient donné la garantie qu’au plus tard le 10 juillet la liste des électeurs serait affichée dans tous les bureaux électoraux communaux (BEC). MARDI 14 JUILLET 2015 N0 38 | 7 ACTUALITÉ Le CEP bousculé par son propre calendrier Par Nocles Débreus HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES Le Conseil électoral provisoire (CEP) s’active en vue de rattraper le retard enregistré dans le calendrier électoral en ce qui a trait au processus de recrutement des membres de bureaux de vote (MBV). Ce lundi 13 juillet 2015, les responsables des partis et regroupements politiques ont défilé dans les locaux logeant le Bureau électoral départemental Ouest 1 (BED OUEST 1) qui regroupe pas moins de treize bureaux électoraux communaux (BEC), en vue de soumettre les noms retenus comme MBV suite au tirage au sort qui avait eu lieu la semaine écoulée. De gauche à droite, Ricardo Augustin, Pierre Manigat Jr, Pierre Louis Opont et Néhémy Joseph. / Photo : J.J. Augustin
  • 8. 8 | N0 38 MARDI 14 JUILLET 2015 MONDE H illaryClinton,considéréepar ses détracteurs comme trop proche des milieux finan- ciers, s’est positionnée lundi comme celle qui augmenterait les revenus de la classe moyenne tout en disciplinant les excès de Wall Street, en présentant sa vision économique en vue de la présidentielle 2016. Dans le premier grand discours économique de sa campagne, l’ancienne secrétaire d’Etat et ancienne sénatrice, largement en tête des sondages côté démocrate, a insisté sur le besoin d’une « croissance forte, juste et à long terme », profitant à tous les Américains, et non seulement « à ceux au sommet ». « L’inégalité est un frein pour notre économie et c’est un problème auquel nous devons nous attaquer », a-t-elle ajouté. « Le défi économique de notre époque est clair, nous devons augmenter les revenus des Américains qui travaillent dur », a-t-elle insisté, égratignant au passage son opposant républicain Jeb Bush, qui avait récemment estimé que les Américains devaient travailler plus. « Ils n’ont pas besoin d’un sermon, ils ont besoin d’augmentations », a-t-elle déclaré dans un discours de 50 minutes à l’université « The New School », dans le très chic Greenwich Village à Manhattan. Mme Clinton, en costume pantalon noir, s’est dite pour une hausse du salaire minimum, pour une baisse du coût de la santé, pour un rôle plus large pour les syndicats, attaquant sur ce thème un autre de ses adversaires républicains, le gouverneur du Wisconsin Scott Walker, qui s’est lancé lundi dans la course à la présidence. Elle l’a accusé de « piétiner » les droits des salariés. Mme Clinton, parfois accusée d’être trop proche des milieux financiers, a aussi déclaré que « ceux au sommet » devaient « payer une part équitable » en termes d’impôts, et que les familles travaillant dur « méritaient une aide fiscale ». Elle a aussi dénoncé un monde de la finance et des grandes entreprises qui se préoccupe selon elle plus des résultats trimestriels pour ses actionnaires que des investissements à long terme pour les employés. « Certaines de nos grandes entreprises ont dépensé plus de la moitié de leurs revenus pour racheter leurs propres actions, et un autre tiers pour acheter des dividendes, cela doit changer », a insisté Mme Clinton, qui a aussi promis « un plan pour freiner les risques excessifs à Wall Street ». Détails plus tard Durant tout son discours, elle n’est entrée dans aucun détail, les promettant pour plus tard. Mme Clinton a aussi plaidé pour des congés maladie payés, ce qui n’est pas la norme aux Etats-Unis, pour l’école maternelle pour tous dès 4 ans dans un délai de dix ans, et a insisté sur sa détermination à faire de la famille une priorité si elle devenait présidente. « Des gardes d’enfants de qualité et abordables ne sont pas un luxe, c’est une stratégie de croissance », a-t-elle expliqué. Mme Clinton est très largement en tête des sondages des intentions de vote parmi les démocrates, les récents sondages lui donnant entre 58 % (CNN) et 75 % (Wall Street journal/NBC). Elle l’emporterait aussi face à son adversaire républicain, quel qu’il soit. Mais ces dernières semaines ont vu aussi la progression sur sa gauche du sénateur du Vermont Bernie Sanders, grand pourfendeur des inégalités qui se sont creusées ces dernières années aux Etats-Unis. Il est désormais à 15 % des intentions de vote. Avant le prononcé de son discours, l’équipe de campagne de Mme Clinton avait fait savoir que cette allocution était l’aboutissement de discussions avec quelque 200 experts politiques et économistes. Hillary Clinton s’est présentée lundi comme résolument tournée vers l’avenir. « Nous ne sommes plus aujourd’hui en 1993 (quand son mari Bill était au pouvoir), ce n’est pas 2009 (première présidence de Barack Obama), et nous avons besoin de solutions pour les grands défis que nous affrontons aujourd’hui ». Les républicains n’ont pas même attendu son discours pour la critiquer, l’associant sciemment à Bernie Sanders. « Ils sont déconnectés de l’Américain ordinaire », a déclaré dimanche le président républicain de la Chambre des Représentants John Boehner. « Il n’y a pas de limite au nombre d’impôts que Bernie Sanders et Hillary Clinton veulent augmenter, il n’y a pas de limite à l’augmentation de la taille du gouvernement qu’ils veulent créer ». Hillary Clinton plaide pour une hausse des revenus de la classe moyennesources : AFP L’ancienne secrétaire d’État et candidate à la présidentielle américaine Hillary Clinton, à New York le 13 juillet 2015. / Photo: AFP/AFP
  • 9. MARDI 14 JUILLET 2015 N0 38 | 9 MONDE A vec le voyage inédit du pape François en Amérique latine, qui s’est achevé dimanche, l’Eglise catholique a cher- ché à réaffirmer son influence dans la région qui regroupe le plus grand nombre de fidèles de la planète, mais où la désaffection guette. Tout au long de son périple de huit jours qui l’a mené en Equateur, en Bolivie et au Paraguay, le charismatique pape argentin de 78 ans a voulu diffuser un message de justice sociale, dans ce continent marqué par la pauvreté et les inégalités. Premier souverain pontife né hors d’Europe en 1 200 ans, il est apparu en forme malgré son programme chargé, se sentant visiblement « chez lui » parmi les millions de fidèles venus le voir et prier avec lui. Mais plus qu’un retour sentimental sur ses terres d’origine, son déplacement avait valeur de mission, dans cette Amérique latine qui compte 425 millions de catholiques, soit 40 % du total mondial, mais où l’Eglise est en perte de vitesse. Selon une étude du centre de recherche américain Pew, 69 % des Latino-Américains se déclarent catholiques aujourd’hui. En 1970, ils étaient 92 %. Dans le même temps, les protestants sont passés de 4 à 19 % de la population, alors que montait l’influence des cultes évangéliques. Il y a une « perte de parts de marché de l’Eglise » dans la région, où « elle n’a plus le monopole comme cela a été le cas pendant 400 ans », observe le politologue Daniel H. Levine, professeur émérite de l’université de Michigan. Pour 81 % des catholiques passés au protestantisme, la raison principale était la recherche d’une connexion personnelle avec Dieu, selon l’institut Pew. Pendant son voyage, le pape a insisté, auprès des représentants du clergé, sur le danger de tomber dans l’ « Alzheimer spirituel » en oubliant leurs origines modestes, les appelant à être plus proches de la population. « L’Amérique reste un territoire d’évangélisation pour l’Eglise », remarque Hernan Olano, directeur du département des Sciences humaines de l’université colombienne de la Sabana. « La hiérarchie catholique sait que la foi est présente, mais il ne faut pas la laisser tiédir. La flamme doit rester vivante », assure-t-il. Discours progressiste Car l’Amérique latine est fondamentale pour l’avenir de l’Eglise catholique, assurent les analystes. « Le pape n’a pas peur de dire : « Je viens car mes petites brebis sont en train de partir » », explique à l’AFP Monseigneur Juan Espinoza, secrétaire général du Conseil épiscopal latino-américain (Celam), dont le siège est à Bogota. « Il est nécessaire pour lui d’encourager ces communautés vivantes », ajoute-t-il, prônant « une véritable évangélisation qui imprègne la vie des personnes et ne soit pas juste un rite ». « Je crois que c’est ça, le grand défi de l’Eglise ». Lors de sa visite, le pape François a d’ailleurs appelé à lancer « une révolution » pour évangéliser l’Amérique, “un cri” pour “guérir les blessures” et “construire des ponts”. Et le souverain pontife a demandé, de manière historique, « humblement pardon, non seulement pour les offenses de l’Eglise même, mais pour les crimes contre les peuples autochtones durant ce que l’on appelle la conquête de l’Amérique ». Il a aussi montré le visage d’une nouvelle Eglise, plus à l’écoute des revendications populaires, qu’il s’agisse de la lutte contre les exclusions ou la nécessaire protection de l’environnement. « Il a un discours progressiste sur les questions d’écologie sociale et d’inclusion, mais je ne le vois pas comme un « rouge » », estime M. Levine, en allusion aux critiques que lui adressent les observateurs les plus conservateurs. Multipliant les déclarations en défense des pauvres lors de son voyage, le pape a semblé souvent proche de la théologie de la libération, un courant de pensée visant à émanciper les plus démunis, né dans les années 1970 en Amérique latine et très controversé au Vatican, qui craignait des dérives marxistes. Pour Hernan Olano, « il y a beaucoup de thèmes de la doctrine de l’Eglise qui, depuis le Concile du Vatican II, dont découle la théologie de la libération, n’ont plus été évoqués et ce pape les aborde car il connaît la réalité du peuple » et, en tant que Latino-américain, « ce qui se passe sur ce continent ne lui est pas éloigné ». En Amérique latine, l'Eglise cherche à retrouver son influence d'antanSources : AFP Une croyante arbore un chapelet, lors de la visite du Pape François près d’Asuncion, au Paraguay, le 12 juillet 2015. / Photo: AFP/AFP/Archives 14 juillet : Hollande appelle les Français à rester unis face au terrorisme Sources : AFP F rançois Hollande a appelé lundi,àlaveilledelafêtenatio- nale, les Français à rester unis face à la menace terroriste et à « refuser la peur », qui serait le « pire poison » pour le « vivre ensemble ». « Un terrorisme fondamentaliste s’est installé à quelques heures d’avion de chez nous. Il détruit, il assassine, il massacre, il viole, au Moyen-Orient, au Maghreb, en Afrique subsaharienne mais aussi sur notre sol », a-t-il dit lors d’une réception au ministère de la Défense, à l’Hôtel de Brienne. « Face à ces agressions, à ces menaces, notre pays doit refuser la division parce que c’est ce que cherchent les terroristes et la peur parce que ce pourrait être le pire poison au sein de notre commu- nauté nationale », a-t-il ajouté en présence du Premier ministre Manuel Valls et du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. « La peur nous conduirait à aban- donner ce que nous avons de plus cher: nos libertés, notre capacité à vivre ensemble, notre respect des uns et des autres », a estimé le chef de l’Etat. « Face à ces menaces nous devons tenir bon, avoir la fermeté néces- saire mais également le sang froid ». François Hollande a salué l’engagement des armées pour la défense de ces valeurs sur le ter- ritoire national comme sur les théâtres d’opérations extérieurs. « La menace a atteint un niveau qui n’a pas d’équivalent dans notre his- toire récente et justifie la mobilisa- tion exceptionnelle de nos armées », a-t-il souligné, en référence aux 10 000 soldats déployés en urgence sur le territoire national au len- demain des attentats de janvier. L’opération, baptisée Sentinelle, compte désormais 7 000 militaires mobilisés en permanence pour la défense de sites sensibles, notam- ment juifs. Le président de la République François Hollande s’exprime au ministère de la Défense le 13 juillet 2015 à Paris.
  • 10. 10 | N0 38 MARDI 14 JUILLET 2015 ÉCONOMIE Le gouvernement haïtien interdit l'importation de farine de blé en provenance de la République dominicaine ? Par Henri Alphonse Désormais les producteurs dominicains devront montrer patte blanche avant d’être autorisés à introduire la farine de blé en Haïti. L a nouvelle est tombée au moment où l’on s’y attendait le moins, les autorités haïti- ennes paraissant générale- ment soucieuses de ne pas froisser le voisin dominicain chaque fois qu’il est question, au niveau des relations bilatérales, de l’image de marque du pays et du respect de sa souveraineté nationale. Dans une note de presse rendue publique le 6 juillet écoulé, le ministère du Commerce et de l’Industrie informe le public en général et les importateurs de farine de blé en particulier que « toute importation de farine de blé en provenance de la République dominicaine doit être assujettie d’un certificat de vente libre (CVL) du pays exportateur avant la mise en vente sur le marché haïtien ». « La farine de blé en provenance de la République dominicaine contient un taux élevé et nocif d’azodicarbonamide », a précisé les ministères de la Santé publique, du Commerce, et de l’Agriculture dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion de travail regroupant les responsables de ces institutions. Ces derniers ont fait valoir que « les dispositions prises sont conformes aux mesures sanitaires et phytosanitaires de l’Organisation mondiale du Com- merce (OMC) ». « Ces mesures visent à protéger la santé des consommateurs haïtiens », précise le communiqué qui dans la foulée exhorte les institutions et agences concernées de l’État, particulièrement l’Administration générale des Douanes (AGD), à mettre en place un dispositif chargé d’empêcher l’introduction du produit sur le sol haïtien. Le gouvernement a par ailleurs décidé d’enlever du marché tout stock de farine de blé jugé non conforme à la consommation et a informé que toute nouvelle impor- tation de la farine de blé dominic- aine sera mise en quarantaine aux fins de vérification. Renforcement des services phytozoosanitaires Entre temps, le ministère de l’Agriculture (MARNDR) a con- voqué les directions de la santé animale, de la protection des végétaux, de la quarantaine et de laboratoire quant aux préparatifs de la mise sur pied d’un dispositif de régulation phytozoosanitaire. L’Unité Phytozoosanitaire (UPS) du MARNDR sera cette nouvelle struc- ture de l’UPS chargée de faciliter au pays l’accès à une plus grande part des marchés internationaux et d’améliorer l’innocuité des ali- ments sur les marchés internes. L’azodicarbonamide : un produit dangereux L’azodicarbonamide est un produit chimique servant à blanchir la farine utilisé dans la préparation du pain et d’autres produits utilisant la farine de blé parmi leurs ingrédi- ents. Il rend aussi la pâte du pain plus malléable et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lié l’ingestion de ce produit à des pro- blèmes respiratoires, les allergies et l’asthme. Plusieurs pays européens, dont le Royaume-Uni, ont interdit l’utilisation de cet additif chimique utilisé notamment dans la confec- tion des semelles de chaussures et du cuir synthétique. ENQUARANTAINE La farine de blé en provenance de la République dominicaine contient un taux élevé et nocif d’azodicarbonamide . / Photo: ukrmillers.com TRANSFRONTALIER Les produits dominicains du marché binational désormais taxés Par Henri Alphonse Les autorités douanières haïtiennes autoriseront, à partir de ce lundi 13 juillet, l’entrée sur le marché haïtien de produits dominicains vendus dans le cadre du « Marché Binational » de Dajabon, à la seule condition, toutefois, qu’ils soient taxés en bonne et due forme. U ne situation qui, paradox- alement, plait aux usagers haïtiens qui franchissent la frontière les lundi et ven- dredi pour se procurer les diverses marchandises. « Nous préférons que l’on nous taxe plutôt que de voir notre marchandise confisquée ou détruite », a confié le commerçant haïtien Jean Joseph au quotidien Le National. « Évidemment, cela provoquera une hausse certaine des prix de ces produits, mais les consommateurs haïtiens seront compréhensifs et accepteront de payer plus cher les produits achetés de l’autre côté de la frontière », a-t-il prévu. C’est bien, la toute première fois, en effet, que les autorités haïtiennes décident de taxer les produits dominicains à la foire bihebdoma- daire qui se tient régulièrement du coté de Dajabon, à la frontière haïtiano-dominicaine. « Juste, c’est juste qu’il en soit ainsi ! », triomphe Georges F., un des mil- liers d’étudiants haïtiens fréquen- tant les universités dominicaines. « Des millions de dollars sont en circulation au marché binational et, jusqu’à présent, seules les autorités dominicaines avaient la présence d’esprit de taxer les produits vendus aux Haïtiens qui franchissent la frontière ». La municipalité de Dajabon pré- lève chaque semaine des millions de pesos de ces échanges grâce à un dispositif de perception bien localisé et renforcé par des soldats de la garnison toute proche. « Ils étaient les seuls à en bénéficier », laisse croire une commerçante de Ouanaminthe qui saisit l’occasion pour fustiger la naïveté des auto- rités haïtiennes. « Ce n’était pas vraiment un marché binational, renchérit un étudiant en méde- cine en des termes que voici : « ces activités se tiennent seulement du côté dominicain, comment peut-on appeler ça un marché binational ?! ». Les produits taxés vont des pâtes alimentaires, des tomates à la farine de blé, en passant par les vivres, les légumes, les épices, entre autres, et les produits de con- sommation courante. Par contre, il est jusqu’à présent interdit d’importer les poulets, les œufs et la charcuterie. Bien que ce ne soit plus un secret pour per- sonne – et même la douane –des gens contournent allègrement ces restrictions en traversant la rivière Massacre qui sépare Ouanaminthe de Dajabon, avec les produits en question et en toute quiétude. Ils sont au nombre de 14, les points d’échanges commerciaux entre les deux pays recensés le long de la frontière. «Quatorze marchés binationaux qui échappent au contrôle des autorités haïtiennes », grommelle un jeune vendeur d’eau traité en sachet. 51.1% des plus de cinq mille fournisseurs de ce marché sont des commerçants haïtiens (63.51 de sexe féminin) et 48.23% sont de nationalité dominicaine. Les commerçants haïtiens sont lourdement taxés par l’administration municipale de Dajabon et l’application du prin- cipe de réciprocité fait des heureux du coté haïtien. Rien n’indique par ailleurs que cette décision de taxer les produits dominicains sera adoptée dans les autres points d’échanges dissémi- nés le long de cette frontière de 360 km qui sépare les deux Etats sur un axe nord-sud.
  • 11. MARDI 14 JUILLET 2015 N0 38 | 11 ÉCONOMIE Ce que la Grèce a accepté en contrepartie de l'aide financièreSources : Le Monde.fr CRISEDEL’EURO L l aura fallu un long week-end et une interminable nuit de négociations pour que la zone euro trouve finalement, lundi 13 juillet à 9 heures, un accord pour venir en aide à la Grèce. Athènes pourra bien faire appel à un troisième plan d’aide financier européen en contrepartie d’importantes réformes, d’un montant de plus de 80 milliards d’euros. C’est Donald Tusk, président du Conseil européen, qui a annoncé la fin des pourparlers peu avant 9 heures : « Le sommet de la zone euro a trouvé un accord à l’unanimité. Nous sommes tous prêts pour un programme d’aide pour la Grèce via le Mécanisme européen de stabilité (MES), avec des réformes sérieuses et un soutien financier. » «Le“Grexit”adisparu»,aenchaîné Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, écartant définitivement tout scénario d’une sortie de la Grèce de la zone euro, qui avait semblé être sérieusement posé à la table des négociations durant le week- end. Catalogue de mesures Les négociations ont duré toute la nuit entre les chefs d’Etat, sur une liste de propositions ébauchées par l’Eurogroupe quelques heures plus tôt. C’est cette liste, acceptée par le premier ministre Alexis Tsipras, qui était au cœur des tractations jusqu’à tôt lundi matin. Finalement, l’accord inclut : Une liste de mesures drastiques, dont au moins quatre doivent être approuvées d’ici au mercredi 15 juillet par le Parlement : •une réforme de la TVA ; •une réforme fiscale ; •des mesures pour améliorer la « durabilité » du système des retraites en vue d’une plus vaste réforme de ce dernier ; •la garantie de l’indépendance de l’Elstat, l’organisme des statistiques grec ; •le respect plein et entier des dispositions de différents traités européens, en particulier en mettant en place des mesures des coupes quasi automatiques dans les dépenses en cas d’excès budgétaire. De plus, avant le 22 juillet, les Grecs devront : •adopter un code de procédure civile dont l’ambition sera d’accélérer le système de justice civile en vue d’en réduire les coûts ; •transposer dans leur législation une directive européenne sur le renflouement des banques (appelée « BRRD »). Enfin, à terme, Athènes devra renforcer ses propositions de réformes, présentées juste avant le week-end de négociations, pour mieux prendre en compte la « forte dégradation de son économie ». Cela implique : •une réforme des retraites ; •une réforme du marché intérieur suivant les recommandations de l’OCDE (incluant par exemple une législation sur l’ouverture des commerces le dimanche, sur les périodes de soldes, les pharmacies, les boulangeries, etc.) ; •la privatisation du réseau de transports électrique ; •une réforme du marché du travail ; •un renforcement du secteur financier. La Grèce devra revoir certaines mesures adoptées par le gouvernement d’Alexis Tsipras qui sont contraires aux engagements des précédents gouvernements grecs. Le texte ne précise pas lesquelles. La dureté de ces exigences européennes heurtait jusqu’aux fonctionnaires européens qui participaient aux négociations. Un « catalogue des horreurs », estimait pour sa part le magazine allemand Der Spiegel. Un fonds pour gérer les actifs grecs En plus de cela, l’accord de lundi envisage « un programme de privatisation plus développé », adossé à la création d’un fonds chargé de privatiser les actifs grecs pour générer 50 milliards d’euros. Dans le brouillon de compromis, il devait être localisé au Luxembourg. Une condition inacceptable pour M. Tsipras qui est parvenu à le faire déménager en Grèce, même s’il restera sous la « supervision » des autorités européennes. Vingt-cinq milliards d’euros serviront à restructurer les banques et les 25 autres iront au service de la dette et aux investissements. L’accord évoque également, laconiquement, le fait qu’Athènes devra « consulter les institutions [créancières] et convenir avec elles de tout projet législatif dans les domaines concernés dans un délai approprié avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement ». Un droit de regard des créanciers sur la politique intérieure grecque dont les contours restent à éclaircir. Sur la question de la dette, François Hollande a évoqué la perspective d’un « reprofilage » de celle-ci, portant sur ses échéances et ses intérêts. Le texte est moins catégorique et précise que « l’Eurogroupe est prêt à évaluer, si nécessaire, des mesures additionnelles (allongement des délais de grâce et des maturités) », seulement si la Grèce a respecté ses engagements. Autre point d’achoppement : le recours, ou pas, à une nouvelle aide du Fonds monétaire international (FMI). Là aussi pour Alexis Tsipras, il en était hors de question, d’autant que l’institution dirigée par Christine Lagarde refusait jusque-là de remettre la main à la poche en raison du précédent défaut de paiement grec à son égard. Finalement, selon Angela Merkel, « la Grèce demandera une nouvelle aide au FMI lorsque le programme en cours aura expiré, en mars 2016 ». Un accord qui doit encore être approuvé par les Parlements Cette base d’accord doit encore être avalisée par un certain nombre de Parlements européens, dont le Parlement français, lequel votera dès mercredi. Au total, la procédure pourrait prendre deux ou trois semaines au cours desquelles la Grèce se trouvera toujours à court de liquidités, alors même que s’approche la perspective d’un nouveau défaut de paiement grec, cette fois à l’égard de la BCE, à qui Athènes doit 3,5 milliards d’euros à l’échéance du 20 juillet. D’ici là, Athènes pourrait bénéficier d’un financement d’urgence qu’un nouvel Eurogroupe prévu lundi après-midi pourrait acter. La BCE, quant à elle, a annoncé qu’elle ne relèverait pas le plafond des liquidités d’urgence (les prêts dits ELA) qui aurait redonné de l’air aux banques grecques, comme elle l’avait fait le 1er juillet. Elle s’est contentée de les maintenir au même niveau, à savoir 89 milliards d’euros, ce qui risque de rendre les banques hellènes rapidement en manque de liquidités, puis insolvables, et accélérerait la nécessité pour le gouvernement de trouver les moyens de les recapitaliser. Pour l’heure, le gouvernement grec devrait, selon une source du ministère des finances, annoncer une prolongation de la fermeture des banques, lundi soir, mesure imposée au pays depuis le 29 juin. *Lire Le texte de l’accord dans son intégralité et en version française : https://fr.scribd. com/doc/271435068/L-accord- europeen-sur-la-Grece Alexis Tsipras le 12 juillet / Jean-Claude Coutausse, French politics pour le Monde
  • 12. 12 | N0 38 MARDI 14 JUILLET 2015 ÉCONOMIE JEUXVIDÉO Satoru Iwata, le PDG de Nintendo, est mortPar William Audureau / Le Monde.fr avec AFP Le PDG du groupe de jeux vidéo Nintendo, Satoru Iwata, est mort à l’âge de 55 ans d’un cancer, a annoncé l’entreprise lundi 13 juillet. M . Iwata dirigeait le groupe depuis 2002, diversifiant ses activités et lui don- nant un nouvel élan avec des consoles aussi emblématiques que les gammes DS (portables) et Wii (modèles de salon). Il sera dans un premier temps remplacé par deux personnes, Shigeru Miyamoto, le père de Mario, et Genyo Takeda, un des actuels dirigeants de Nintendo, histo- riquement chargé du développement des consoles. Premier président non héritier Satoru Iwata était rentré chez Nintendo en 1984, en tant que programmeur au sein de HAL, une société de sous-traitance informatique intégrée à la firme de Kyoto. Après avoir participé à la naissance de nombreux jeux, dont la série « Kirby », il devient président de HAL puis est nommé président de Nintendo par Hiroshi Yamauchi à la retraite de ce dernier. Premier président sans lien familial avec le fondateur de la firme, M. Iwata rompt avec l’autoritarisme de son prédécesseur. Il sort l’entreprise de l’isolement qui était le sien à la fin des années 1990 en se réconciliant avec d’autres compagnies japonaises, comme Namco (« Pac-Man ») ou Square (« Final Fantasy ») et Sega (« Sonic »). Sensible à l’érosion de ventes de jeux vidéo au Japon au début des années 2000, il prend également le pari de stopper la course à la puissance et de viser un nouveau public. « Pour le futur du jeu vidéo, il est indispensable que nous élargissions le marché. Nous devons retourner aux basiques », annonce-t-il en 2003, préfigurant les succès colossaux de la Nintendo DS et de la Wii, deux consoles pensées pour le grand public. Ouverture et autodérision Adepte du management par le consensus, il met également en place un conseil de gestion permanent, au sein duquel il fait notamment entrer Shigeru Miyamoto, créateur de jeux vidéo phares de Nintendo, qu’il délègue à la supervision des jeux. A l’occasion de nombreuses interviews, M. Iwata se présentait avec humour comme « numéro un mondial en études sur Miyamoto », dont il jalousait tendrement le talent créatif. En retour, ce dernier avait avoué son admiration pour l’esprit scientifique de M. Iwata et son sens de la synthèse. En parallèle, M. Iwata contribue à largement dépoussiérer l’image de Nintendo et ouvrir les coulisses de la création de jeux vidéo au public, à travers la série des « Iwata demande », des entretiens avec des concepteurs de Nintendo menés par le jeune président de la firme et très populaires auprès des amateurs de la marque, sur Internet. Plus récemment, face à l’échec du successeur de la Wii, la Wii U, il instaure un lien encore plus direct avec son public, à travers les « Nintendo Direct », des séries de vidéos en ligne dans lesquelles M. Satoru Iwata n’hésite pas à présenter lui-même les projets de la firme, tout en affichant un sens de l’humour et de l’autodérision peu commun. Vidéos populaires Mise en scène d’un combat à effets spéciaux contre un collègue, saynète dans lequel il se balade devant la caméra avec un aspirateur dorsal, ou encore fixe profondément une banane… Avec ses vidéos décalées, son ton humble et son éternel sourire, Satoru Iwata était une des figures les plus populaires auprès des joueurs sur Internet, et la nuit de dimanche à lundi a été marquée par d’innombrables hommages sur les réseaux sociaux. « Ma foi, ce qui est sûr, c’est que vous avez réussi à rendre heureux un grand nombre de personnes », pouvait-on lire sur un tweet très repris, issu d’un dialogue de Zelda détourné. Les problèmes de santé de M. Iwata étaient connus. Dans ses dernières vidéos au printemps, celui-ci était apparu très affaibli. Au Salon du jeu vidéo de Los Angeles de juin 2015, les jeux Nintendo avaient tous étaient présentés par des marionnettes à l’effigie des trois personnages publics les plus connus de la firme, Shigeru Miyamoto, le charismatique américain Reggie Fils-Aimé, et lui-même. L’ancien programmeur, malade et affaibli, n’avait pas fait le déplacement. Satoru Iwata a contribué largement à dépoussiérer l’image de Nintendo et ouvrir les coulisses de la création de jeux vidéo au public / Toru Yamanaka / AFP
  • 13. MARDI 14 JUILLET 2015 N0 38 | 13
  • 14. 14 | N0 38 MARDI 14 JUILLET 2015 SOCIÉTÉ LN : Depuis l’accident de votre mari, feu Dr. Daniel Mathurin, vous êtes engagée dans une entreprise de Fondation scientifique. Ceci pour la mémoire de Daniel et pour mobiliser les jeunes vers la recherche scientifique de leur identité. L’administration locale est très lente en procédure de légalisation. Où en êtes-vous? GPJ : Je te remercie, Pierre, de m’avoir donné l’opportunité de cette entrevue. En effet, au cours de l’accompagnement de Daniel à sa dernière demeure, j’ai eu à promettre, à la jeunesse haïtienne, de mettre à son service une Fondation au nom et à la mémoire du chercheur très inspiré : Dr Daniel Mathurin, afin de poursuivre les recherches et lui permettre de s’approprier son identité par la maîtrise de la connaissance des richesses matérielles et immatérielles du pays. Un an après, la Fondation a été mise sur pied. Mais, étant donné qu’elle se veut un centre de recherche et de formation, elle doit se donner les atouts nécessaires afin de répondre à sa tâche première. Pour cela, dès le lendemain de son inauguration, les membres fondateurs se sont donné pour tâche de mettre sur pied la stratégie pour atteindre les principaux buts visés à savoir : a) monter une base de données scientifiques sur le patrimoine matériel et immatériel haïtien ; b) de promouvoir la culture de la recherche scientifique chez les étudiants haïtiens. Pour ce faire, nous nous sommes concentrés sur le montage du site web qui est aujourd’hui ouvert à tous. Je vous invite donc à y aller: www.fondationdrdanielmathurin. org. Parallèlement, nous voulons mettre au service de la jeunesse haïtienne la bibliothèque virtuelle qui, dans un premier temps, sera composée essentiellement de la bibliothèque du Dr Daniel Mathurin et dans un second temps, comptera des documents de recherches d’autres chercheurs et doctorants. Cette dernière sera implémentée vers le mois d’août, et sera disponible en janvier 2016. Avant de faire une quelconque demande de fonds pour la Fondation, nous voulons montrer la capacité de l’équipe au moins dans la réussite de ces deux projets et je crois qu’à ce niveau on pourra dire, d’ici la fin du mois, « mission accomplie. » Une fois concrétisée, la Fondation va se mettre, alors, à l’œuvre pour trouver des donateurs nationaux, dans un premier temps, puis internationaux, dans un second temps, après avoir fait la preuve de sa capacité. Ces fonds permettront d’acquérir du matériel de recherches, de payer un personnel administratif et technique à travers le montage de ces multiples projets. Toutefois, je dois dire que le ministère des Finances a promis de donner une aide financière à la Fondation pour lui permettre de couvrir, dans les premiers moments, ses frais de fonctionnement. LENTEUR DES PROCEDURES ADMINISTRATIVES LN : Quels sont les besoins physiques de cette fondation: espace, immeuble, matériel, personnel, équipements ? GPJ : Pour le moment, la Fondation est logée à ma résidence privée à Montagne Noire, mais d’ici le mois de janvier prochain, il nous faudra trouver un local plus accessible pour les rencontres mensuelles avec les jeunes et les conférences. Nos besoins physiques sont donc : un local accessible; un véhicule tout terrain pour les visites des sites; un personnel administratif et de recherche, du matériel informatique pour le stockage des données, du matériel bureautique etc. Nous avons pour le moment, l’appui de jeunes universitaires qui croient dans ces recherches et qui nous donnent un appui logistique désintéressé en attendant de trouver des fonds pour les embaucher définitivement. Nous serons aussi appelés à payer logements et billets d’avion pour des chercheurs qui viendront nous accompagner surtout dans l’initiation des jeunes haïtiens à la recherche scientifique. LN : Quelles sont les exigences légales pour la mise en place de cette fondation scientifique? GPJ : En termes d’exigence légale, je crois qu’à ce niveau nous les avons remplies, sinon nous attendons la publication officielle de notre création dans le Moniteur et une reconnaissance publique de l’État haïtien. Mais, je sais que cela prendra un peu de temps car les procédures administratives étatiques sont très lentes chez nous. LN : Aviez-vous contacté des institutions internationales comme L’UNESCO pour un soutien à la réalisation attendue d’un tel projet? GPJ : Comme je vous l’ai dit tantôt, avant de frapper les portes de l’international, nous voulons d’abord faire la preuve par nous- mêmes d’abord avec les maigres fonds de la Fondation et mes propres fonds puis avec l’appui de donateurs haïtiens, puisqu’il s’agit de sujets propres à nos patrimoines. Jusqu’ici nous avons pu acquérir du matériel rendant possibles les premiers éléments de recherche et de fonctionnement de la Fondation. DÉCODADAGE DE SYMBOLES ET DE SONS LN : Les institutions nationales doivent donner leur apport. Car c’est avant tout une institution qui va se consacrer à des approches scientifiques de nos symboles, nos mythes, notre écriture, notre langage, nos rituels, nos « vèvès », à nos chants... GPJ : Justement, Clitandre, c’est la raison pour laquelle nous voudrions sensibiliser nos investisseurs et les institutions privées en leur faisant connaitre la vraie valeur scientifique de nos recherches avant de frapper aux portes des bailleurs étrangers qui, certainement marcheront quand ils comprendront la portée universelle des résultats de ces recherches. LN : Pensez-vous qu’il y ait une résistance à la concrétisation du projet? GPM : Comme Paul dans les épitres des Saintes Écritures l’a dit « vous connaitrez la vérité et la vérité vous affranchira » cette vérité, synonyme de savoir, de connaissance rend libre et éclaire le chemin du peuple. Or, nous savons que depuis la création de l’État haïtien voire même avant, on a toujours maintenu le peuple haïtien dans l’ignorance pour mieux l’asservir mentalement. Cette ignorance peut paraitre pour nous la première forme de résistance à notre projet tenant compte d’ailleurs du fait qu’en Haïti il n’y a pas une culture de la recherche scientifique. Ainsi, la fondation veut aller à contre-courant de toute forme d’ignorance et susciter chez la jeunesse haïtienne le goût pour la recherche scientifique. Je dois aussi dire que nous n’avons pas encore pris en considération notre secrétaire exécutif, Emmanuel Stéphane Laurent, anthropologue de formation, le plus fidèle et le plus intelligent élève du Dr Daniel Mathurin et de moi, est actuellement au Canada pour un stage de formation sur la recherche à l’Université Laval. Nous attendons avec impatience son retour pour initier les premières formations à la recherche tant attendues par beaucoup de nos jeunes universitaires finissants. Lire la suite au prochain numéro de LE NATIONAL Ginette P. Mathurin : « la vérité scientifique nous affranchira »par Pierre Clitandre FOCUS Madame l’Ingénieur Mathurin persiste. Le décès de Daniel lui donne plus de détermination. Sa Fondation scientifique tarde à être officiellement reconnue. Mais l’équipe a posé les bases premières de la connaissance de la culture taïno en Haïti. Ginette P. Mathurin. / Photo : J. J. Augustin
  • 15. MARDI 14 JUILLET 2015 N0 38 | 15 SOCIÉTÉ P réfac est un centre de prépara- tion, un programme de forma- tion adressé aux jeunes bach- eliers désireux de basculer le facteur de chance dans leur camp aux concours d’admission organisés par différentes facultés de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) et certains cen- tres de formation supérieure. Selon les précisions de Mme Dupiton Marie-Line, actuellement responsable de Préfacelo, c’est un mouvement qui a été initié depuis l’année 1972, par le jeune Marcelo Michelson, originaire du Cap et étudiant d’alors de la Faculté de médecine et de pharmacie (FMP), une entité de l’UEH. L’objectif de Marcelo, poursuit Mme Dupiton, a été de travailler avec les jeunes pour les aider à briser les barrières des concours d’admission, de les aider à combler leurs lacunes et leur permettre de s’intégrer à faculté Il veut que la chance de réussite soit la même pour tous les jeunes, quelque soit leur rang social. Le collège Bird est réputé d’être le premier établissement à accueillir, à cautionner ce programme de formation. 43 ans après, aucune reconnaissance légale. On ne peut oser ignorer son utilité pour les postulants, ni son importance pour les étudiants. Marcelo apporte un soutien économique aux jeunes universitaires et aujourd’hui on le voit comme un patron, un sauveur pour les étudiants. À défaut d’encadrements sociaux, de stages, ou d’emplois, ces jeunes universitaires ont eu recours au préfac pour non seulement financer leurs travaux de recherches, mais aussi combattre la faim et payer le loyer. Ing Dabresil Fantinos, l’un des pionniers de ce mouvement a révélé que la préfac Dabrésil, parue en 1994, a contribué à sa réussite économique et sociale et à celle du staff composé, entre autres, de Gustave Dabrésil, Lorda Dabresil, et Yrvikel Dabrésil. Suite à d’importants investissements, la Préfac a été vulgarisée, partout à travers le pays, par l’ancien président Jean Bertrand Aristide, à partir de l’année 1998, a-t-il informé. Entre 1995 et 2000, raconte Ing Dabrésil, la cotisation était de 250 gourdes. Aujourd’hui elle est au stade de 2500 à 3000 gourdes, pour cette formation d’une durée de quatre à six semaines. La perception d’aujourd’hui Aujourd’hui, beaucoup d’étudiants et même des directeurs d’écoles entrent dans le mouvement. Est-ce par souci de former et d’orienter les postulants ? Ou du moins dans le seul objectif de faire en un laps de temps un capital économique? La réalité prouve que les deux tendances existent. Dans une première catégorie, on enregistre toujours des malentendus, des disputes après les recettes, qui donnent souvent naissance à d’autres préfacs. C’est ce qui explique actuellement le nombre incalculable de ces centres de formation dans le système éducatif. Ceux qui sont de cette tendance, se croient toujours avoir la capacité de recevoir tous les postulants des différentes facultés de l’UEH. Une salle d’une capacité de 50 élèves, se transforme en chapelle, et accueille des fois plus que le double. Suivant la façon dont le marketing a été effectué, certaines Préfacs peuvent avoir des salles où sont entassés des postulants, comme dans les « bwa fouye » de Carrefour feuilles et de la Croix des Bouquets. Cette situation a soulevé la colère des étudiants adeptes du socialisme. C’est la raison pour laquelle on peut observer, de nos jours, une vague de préfacs gratuites. Michelet Dézulmé, coordonnateur d’une Préfac gratuite de la pastorale universitaire, fait comprendre que l’initiative de Préfacs gratuites est prise pour contrecarrer, boycotter ceux qui en font une source de revenus, une exploitation sans le moindre souci de combler les attentes des postulants. La vocation de l’université, ajoute-t-il, c’est de servir. Par conséquent les étudiants devraient gratuitement aider les autres à atteindre le niveau des concours, a-t-il encouragé. Toutefois, M. Dézulmé, a signalé qu’il faut stopper l’émergence d’un autre groupe de mercenaires qui cherchent à tirer d’énormes profits auprès des ONG et d’autres organisations internationales, sous prétexte d’aider des jeunes bénévolement. Préfac, un couloir financier pour les étudiantspar Evens Régis HAÏTI/UNIVERSITÉ Environ deux semaines après les examens de fin d’études secondaires, « préfac » prend les rênes de l’actualité. Les slogans, les discours, comme dans une campagne électorale, ont déjà pris place devant les barrières de différentes facultés de l’Université d’État d’Haïti (UEH). Des banderoles, tableaux d’affichage, et pancartes, sont observés dans plusieurs rues de la capitale. La concurrence s’annonce très animée.
  • 16. 16 | N0 38 MARDI 14 JUILLET 2015 SOCIÉTÉ L a majorité des jeunes haïtiens rêvent d’un avenir hors d’Haïti dont ils n’ont absolument rien à attendre, car elle n’a vraiment rien à offrir. Sur dix jeunes interrogés, ils ne sont que deux ou trois à vouloir y rester. Les autres ont chacun un motif expliquant leur désir d’aller vivre ailleurs. Jean (nom d’emprunt) a seulement 15 ans. Pour lui, la seule solution à tous ses problèmes, c’est quitter le pays. Il prétend que les écoles sont médiocres, dépourvues de structures pour encadrer les élèves. De plus, il fait croire que personne n’est en sécurité en Haïti. Cet adolescent de 15 ans se rend déjà compte de l’ampleur du problème qui vient de coûter la vie à trois de ses voisins récemment. « C’est un pays dangereux », ajoute-t-il. En outre, il aimerait, dit-il, faire une expérience autre que celle qu’il a eue jusque là. « Ayiti pa pèmèt ou avanse epi on moman depi w reyisi yo rayi w. Se 50 pousan chans reyisi, 50 pousan echwe », dit-il l’air sérieux. Pour une autre jeune, une universitaire de 21 ans, vivre en Haiti n’est pas terrible. Elle s’attache à son pays qu’elle aime et elle l’affirme. « Se la m leve, se la m fèt, m paka kouri kite l konsa. M pa ka pran pòz engra m kou m gen yon viza ». Par contre, elle admet que le pays n’offre pas de possibilité de réussite. « peyi a pa ofri anyen, si w bezwen yon opòtinite se ou k pou kreye l », se plaint-elle. De plus, l’insécurité crée une situation de panique et de stress qui dérange. « ou toujou met nan tèt ou on bagay ap rive w », s’inquiète-elle. Quoiqu’elle ait fait le choix de rester, malgré tout, elle pense que son avenir n’est pas garanti si elle n’arrive pas à s’assumer. « avni w pa asire nan peyi sa a », affirme-t- elle. L’envie de déserter le pays n’anime pas uniquement les jeunes. Certains adultes également affichent un sentiment de malaise par rapport au pays. Pierre (nom d’emprunt), 60 ans, père de trois enfants, avoue que rien ne le retient en Haiti. « Peyi a pa bon pou mwen, se jwen m pa jwenn ale ki fè m la toujou. Ou pa ka peye lekòl. Ou pa ka manje. Pa gen travay. Lè w resi jwen on ti job, on ti sak diri vann desan ven dola », s’inquiète-t-il. Le problème de l’insécurité est récurrent. « Gen ensekirite, chèf yo pa baw sekirite nan peyi a », renchérit Pierre, avec une pointe de colère dans sa voix. Pour une autre femme frisant la cinquantaine, la situation est tout autre. Quitter le pays n’est pas une solution. Elle n’en a aucunement envie. « Haiti se peyi m li ye. Kote m prale ? Se sèl ensekirite ki bay pwoblèm. Men apre sa, se yon bon ti peyi. Pa gen moun ki fèt on kote ki anvi ale kite l», déclare-t-elle. « Il faudrait uniquement que les autorités concernées s’organisent pour sécuriser le pays », soutient cette quinquagénaire en guise de solution à ce fléau. Quoique certaines gens veuillent rester vivre en Haïti, la grande majorité n’y conçoit pas son avenir. Les jeunes qui sont censés « remplacer » les adultes sont enclins à partir. Parce que, estiment-ils, vivre en Haïti est une lutte quotidienne que l’on n’est pas sûr de gagner malgré tout. Si tous les jeunes universitaires et professionnels, catégorie majoritaire s’en vont, il importe de se demander : qui habitera le pays dans dix ans ? Quitter Haïti coûte que coûtepar Stéphanie Balmir HAÏTI/JEUNESSE Selon une enquête de l’EMMUS IV, publiée en 2005, plus de la moitié de la population haïtienne est âgée de moins de 21 ans et environ 30 % est âgée de 15 à 25 ans. Ces jeunes qui représentent une force de développement de la nation n’ont plus envie de vivre en Haïti. Qu’ils soient universitaires ou professionnels, tous les ans, nous perdons des citoyens. Ils évoquent plusieurs causes qui ont des conséquences sur leurs rapports avec le pays et qui justifient leur désir de partir.
  • 17. MARDI 14 JUILLET 2015 N0 38 | 17 CULTURE Jacques Roche : dix ans déjà !Par Schultz Laurent junior Le 14 juillet 2015 ramène le dixième anniversaire de la mort du journaliste Jacques Roche. Kidnappé, maltraité et assassiné, ses funérailles ont été chantées le 21 juillet, jour de son anniversaire. Entre réalité et fiction, la leçon à retenir, c’est qu’il faut permettre à Jacques Roche de continuer à vivre dans notre esprit et dans notre imaginaire. L es lueurs de l’aube pénétraient lentement cette rue située à l’entréeducarrefourdeDelmas 2 lorsqu’on y a découvert le corps sans vie de Jacques Roche. La nouvelle de sa mort brusque, inat- tendue et violente, a suscité deuil et révoltes dans la ville. Elle nous a tran- chés comme un couperet. Chacun se demandait dans les bas-fonds de leurs désespoirs si Jacques Roche était mort vraiment. Mais il était vrai- ment mort, notre Jacques Roche ! Les funérailles impressionnantes qui s’étaient déroulées en présence de sa mère atterrée, de ses proches anéan- tis, dévastés et catastrophés, ont été chantées le jour de son anniversaire de naissance. Sa mère, dans la blancheur de cette aube qui soupirait en silence, ressentait dans ses entrailles ulcérées une double douleur. Celle de l’enfantement d’abord. Puis cette autre douleur anonyme mais déchirante qui la clouait sur place en regardant contre elle-même le corps de son cher fils allongé sans vie dans un triste cercueil. Elle refusait d’écouter les oraisons funèbres qui exaltaient en des termes émouvants la vie de son fils. Prostrée sur sa chaise, elle voulait être, sur ces entrefaites, une ombre. Fermée sur sa peine, elle était l’ombre d’elle-même. Elle a accepté, malgré le vide qui dessinait son paysage terne et fané, que les amis de Jacques déposent des fleurs sur ses blessures. C’était pour elle l’occasion de comprendre dans son cœur, pauvre nid abritant toutes les souffrances du monde, le sens de ce qui se passe à partir de ce qui s’est passé. Tout le monde criait justice. Tout le monde avait des yeux tristes, mouillés et fâchés. L’on était tous solidaires autour de sa dépouille, non pas pour chanter son deuil comme celui de Manuel des « Gouverneurs de la rosée » avec un chant de konbit, mais de préférence avec des regrets et des remords. Pourquoi Jacques Roche ? se demandait plus d’un. Pourquoi chez nous les crimes restent-ils toujours impunis ? Pourquoi les crimes, les assassinats devraient- ils faire partie de notre projet de société ? Devant nos interrogations multiples auxquelles personne n’arriverait à répondre, ils sont nombreux ceux-là qui se sont empressés de relire la chronique de Jacques Roche dans le journal Le Matin « Écrire l’essentiel » pour y déceler l’amour que Jacques Roche portait pour l’humanité entière et pour s’en consoler. Il avait ambitionné pour son pays des rêves grandioses où tous les Haïtiens vivraient dans l’entente, l’harmonie et la concorde. Il rêvait d’un autre pays fondé sur des valeurs et des principes déterminants. Si dans son poème prémonitoire « Survivre », il fournit des explications sur la façon dont il allait mourir, il n’en demeure pas moins que ce texte renferme en même temps ses profondes convictions. Dans un sens ou dans un autre, il a aussi rêvé d’un pays où chacun doit apprendre à regarder l’autre avec les yeux du cœur, avec les yeux de l’amour. Et aujourd’hui, dix ans après sa mort, quel souvenir avons-nous gardé de lui ? À un moment où le temps cherche à recouvrir sa mémoire de poussière et d’oubli, il s’avère nécessaire de revenir sur son itinéraire pour mieux appréhender ses luttes et ses combats, ses rêves d’avenir et ses secrets. Poète, journaliste culturel, éditorialiste et artiste engagé, « il fut tout au long de sa vie un être extrêmement sensible et généreux. Il souffrait beaucoup de l’état lamentable de notre pays. C’était un vrai artiste qui laissait si souvent tremper sa plume dans la sève abondante de son cœur et de son âme », a souligné son ami Gary Victor. Pleurant dans le silence de son cœur la mort de son ami, l’auteur de « L’escalier de mes désillusions » a énoncé : « Quand on verse le sang d’un poète, c’est une malédiction que l’on traîne toute sa vie. » SURVIVRE Tu peux détruire ma maison Voler mon argent Mes vêtements Et mes chaussures Me laisser nu en plein hiver Mais tu ne peux tuer mon rêve Tu ne peux tuer l’espoir Tu peux fermer ma bouche Me jeter en prison Tenir mes amis loin de moi Et salir ma réputation Me laisser nu en plein désert Mais tu ne peux tuer mon rêve Tu ne peux tuer l’espoir Tu peux me crever les yeux Et les tympans Me couper les bras Et les jambes Me laisser nu en pleine rue Mais tu ne peux tuer mon rêve Tu ne peux tuer l’espoir Tu peux me couvrir de plaies Tourner le fer dans les plaies T’amuser à me torturer Me faire pisser de sang Tu peux m’enfermer sans papier ni plume M’interner comme un fou Me rendre fou M’humilier m’écraser m’assoiffer m’affamer Me faire signer la reddi- tion de mes combats Tu peux tuer mes enfants Tuer ma femme Tuer tous les miens Et me tuer Mais tu ne peux tuer mon rêve Tu ne peux tuer l’espoir Texte tiré du dernier recueil de Jacques Roche « Survivre » . Jacques Roche. / Photo: htmagazine.org
  • 18. 18 | N0 38 MARDI 14 JUILLET 2015 CULTURE « Soixante ans du Compas : Bilan et perspectives »Par Walcam S ous la baguette d’Ayiti Mizik et de l’Association haïtienne des professionnels de la musique, une table ronde a été organ- isée sur le thème « 60 ans du konpa : bilan et perspectives ». Il est difficile de se prononcer sur un bilan du Compas direct, genre porteur d’espoir à sa création et qui, depuis les années quatre- vingt, semble aller à la dérive. Si les professionnels de la musique ne font rien, ce genre musical, d’ici dix ans pourrait tomber dans l’oubli. Ils étaient environ une cinquan- taine d’animateurs, musiciens, preneurs de son, producteurs, économistes à répondre à l’appel d’Ayiti Mizik. C’est le président de l’Association haïtienne des professionnels de la musique, Eddy Renaud, qui a prononcé le discours d’ouverture. Apres avoir fait observer une minute de recueillement à la mémoire des musiciens décédés ces derniers jours, il a dressé un bilan mitigé du Compas direct qui, selon lui, a perdu de sa fraîcheur. Il a regretté notamment les points négatifs du compas dans les bals. Eddy Renaud a souligné les varié- tés qui n’existent plus entre les groupes musicaux. Point de dif- férences entre eux, contrairement avec Les Difficiles, Les Gypsies, le Bossa Combo, Les Loups Noirs, Les Fantaisistes, le Tabou Combo, etc., qui avaient fait leur appari- tion au cours de l’année soixante. Depuis Montréal où il vit, le parolier Ralph Boncy a fait un survol du Compas Direct depuis sa naissance en 1955. Il a parlé des origines du Compas Direct, de sa création et du rythme, de son évolution. Ralph a souligné que le rythme Compas direct a un père qui s’appelle Nemours Jean-Baptiste et il est incontestable. Mais ce rythme n’est pas reconnu encore par les instances internationales comme l’Unesco, a fait remarquer le musicien Albert Chancy, lors d’une intervention. Plusieurs personnalités ont parlé en termes élogieux du compas. Le maestro Jean Jean Pierre a présenté plusieurs rythmes que Nemours Jean Baptiste, en bon stratège, a essayés avant d’adopter le Compas direct. Il regrette que les batteurs négligent le « kata » dans les morceaux, ce qui enlève un peu de l’essence du rythme. Est-ce que le Compas direct est un dérivé de Tipico ou de Conjunto International, deux orchestres dominicains ? Ce qui est certain, c’est que Nemours l’a agrémenté d’un peu de troubadour. Bobby Denis, preneur de son, a fait remarquer comment le compas a fait danser les Antillais qui, plus tard, adoptaient ce rythme pour l’appeler « Zouk ». Des musiciens comme Joseph (Ti Djo) Zenny, Alex Abellard, Robert Martino, Patrick Handal, Joël Widmaier ont abordé les différen- tes générations qui ont traversé le Compas direct depuis sa création en 1955. Dans l’après-midi, un panel thé- matique a été formé sur la déci- sion finale à prendre tant sur la forme que sur la route à suivre pour assurer la survie du Compas direct, face à la dérive que con- statent les intéressés. De gauche à droite Bobby Denis, Dadou Pasquet et Joseph (Ti Djo) Zenny. Une rencontre-débat s’est déroulée le samedi 11 juillet, à quelques jours du 26 juillet, date de la prestation et du baptême du rythme Compas direct, créé en 1955, par le grande maestro Nemours Jean-Baptiste, sur la place Sainte-Anne, dans le quartier de Morne-à-Tuff de Port-au-Prince. par Walcam On annonce la mort de Blaze One ! On avait annoncé le mort du rappeur au cours du weekend end écoulé, alors qu’il se rendait au centreville de Port-au-Prince. Tout n’est que rumeur, a déclaré Dug-G que nous avons interrogé sur la nouvelle. Blaze One se porte bien, il n’est même pas malade, explique l’ex-rappeur de Rockfam. ... Invictus en rupture de stock « Invictus », le dernier opus du groupe compas Kreyòl la, est en rupture de stock depuis cinq jours (7 juillet), a fait savoir le disquaire Aly Accacia de Mélodisque. Une bonne nouvelle pour le groupe musical, mais il y a un hic. Aly a précisé que des clients sont passés pour acheter le dernier opus de Kreyòl la et sont repartis bredou- illes, et que l’un d’entre eux s’est fâché. Aly a dit avoir écrit à Ti Djo Zenny pour le supplier de lui envoyer un autre stock. Les péta d’or de Fresh la ! C’est le nouveau titre d’une composition de Vwadèzil qui n’attend pas la période car- navalesque pour divertir ses fans. « Nous allons péter, péter, péter aujourd’hui », a écrit Fresh aka Donald Joseph sur sa page Facebook. C’est une allusion au président Martelly qui s’amusait lors du lancer des feux d’artifices au Champ de Mars au concert de Lil Wayne et de Chris Brown, mais aussi pour passer en revue l’actualité nationale. La hausse du dollar, les élections… tels sont les sujets traités dans cette composition. ... Le créateur de mode Christian Audigier est mort : Le cancer l’a emporté, à 57 ans. Créateur des marques Ed Hardy et Von Dutch, il avait fait fortune aux États-Unis. Il se battait contre un cancer depuis plu- sieurs années. Christian Audigier a perdu son combat contre la maladie, un syndrôme myélodysplasique (MDS) qui touche la moelle osseuse. ... Corneille papa pour la deuxième fois Le chanteur a annoncé l’heureuse nouvelle sur les réseaux sociaux, confirmant ainsi la rumeur. En postant une photo de son épouse Sofia de Medeiros et de lui, visible- ment extraite d’un magazine, il a écrit : « Rumeurs bonnes et vraies ! » Vu et entendu !
  • 19. MARDI 14 JUILLET 2015 N0 38 | 19 CULTURE Le choc de Léon Laleau : Quand un roman sauve la mémoirePar Carl-Henry PIERRE L e choc ne correspond pas toujours aux accidents. Aux rumeurs. Aux pertes des êtres chers et à on ne sait quoi. Le choc peut être tout simplement un choc, quand il est lié, par exemple, à l’inattendu d’un débarquement des Marines américains sur le sol d’un pays comme Haïti. Cela peut créer un roman sous les doigts d’un individu, surtout s’il est un jeune spectateur de 22 ans qui assiste au drame d’un tel débarquement, s’il habite la rue des Miracles où, un soir, il voit passer le premier contingent des occupants. Le roman peut forcément s’intituler : « Le choc, chronique haïtienne des années 1915-1918 », si l’individu né le 3 août 1892 à Port–au-Prince, mort un 7 septembre 1979, s’appelle exactement Léon laleau. « Le choc, chronique haïtienne des années 1915-1918 », de Léon Laleau, est paru pour la première fois en 1932. C’était le premier cri. Le premier acte d’indignation poussé par un romancier. Ce roman a été réédité par les Éditions Fardin en 1949. La collection de l’année 2012 est précédée d’une notice bibliographique et littéraire. Sur les 204 pages, on aura accès à une partie romancée de l’histoire du peuple haïtien et de celle des Yankees. L’histoire de la haine et de l’exploitation. Marquée par la verve poétique, elle témoigne de fort belle manière l’émotion de l’auteur face à l’occupation américaine d’Haïti qui allait durer plus de dix-neuf ans sur le sol des Anthony Phelps, des Gary Victor, Des Yanick Lahens, des Franketienne, etc. Ce livre, que l’auteur ne prétend pas qu’il est un roman, porte en son sein quatre parties : 1) La robe du prêtre ; 2) L’ère nouvelle ; 3) Les Heurts ; 4) Vers l’inconnu. Il y a plusieurs livres dans ce livre. Il y a le livre des occupés et celui des occupants. Le livre de la masse et celui de l’élite… Ce livre nous apprend qu’un livre n’est jamais essentiellement un. À la première page du livre, on lira ces bouts de mots : « Un matin de dimanche, en septembre… La messe est dite. L’église, remplie jusqu’au bord, libère péniblement la foule, par toutes ses portes, ouvertes à deux battants, une foule bariolée, bourdonnante, congestionnée. » Au cours de la lecture, on liera connaissance avec des personnages comme Maurice, Émile Vérin, Monseigneur Kersuzan, Pierre Marchal, le Père Ganet, Prévôt… la mort de la souveraineté prévaut dans ce texte. Les Américains n’ont-ils pas influencé les votes dans le pays ? Dans ce roman, qui sont « Les conventionnels » ? À la seconde interrogation, Léon laleau vous répondra que les conventionnels sont ceux-là qui, comme Maurice, défendaient le traité. Il vous dira aussi que son livre n’est rien que des faits notés comme ils furent vécus. « Je sais ce que c’est qu’un Américain, par rapport à un nègre, car j’ai vécu aux États-Unis. Et ce n’est que chez lui que l’on peut bien connaître quelqu’un (page 130). ». Perplexe, on pourrait se poser une telle question : Qu’est- ce donc un Américain? Il est fait d’angoisse, ce roman, face à la convention haïtiano-américaine, face au Parlement haïtien qui l’a ratifiée et approuvée, donnant libre cours à l’occupation. C’est aussi une quête de réappropriation de notre identité. Et lire « Le choc, chronique haïtienne de 1915-1918 », en ce mois de juillet qui représente le centenaire de cette occupation est une façon de sauver la mémoire. Le Mexique se vit à ParisPar Dangelo Neard (notre envoyé spécial en Europe) T outes les nouvelles technolo- gies mises dans un Tequila. C’est le Mexique qui se vend, qui se propose comme desti- nation touristique merveilleuse. À côté de la porte d’entrée du ballon qui contient l’exposition : la Catrina (personnage de l’artisanat mexicain qui représente la dévo- tion et le respect accordés à la mort. L’exposition est gratuite, on se voit même offrir une petite fleur de la faune mexicaine. Elle sent bon, la fleur, elle permet de saisir au loin les odeurs qui font le charme de ce grand territoire d’Amérique du Nord. Dans le hall d’entrée du grand ballon blanc, au rythme de sonorités indiennes, des écrans présentent globalement le Mexique. Le sol est mouvant à certains moments, la musique bénéficie d’une excellente amplification ; la sensation est forte, terriblement forte, et on se sent une grande envie de parler espagnol. Au cœur du ballon, lunettes 3 D pour les visiteurs, on prend siège, on s’accroche bien parce que, par- delà ces lunettes, on est à bord d’un hélicoptère et on regarde le Mexique d’en haut. On le coupe de bout en bout, le pays. On va dans les sites archéologiques, on marche presque sur le sable éternel des plages d’Acapulco, on entre dans les grands musées de la ville, les bibliothèques et, s’il vous plaît, on fait tout ça sur un siège qui est au bord de la scène. Ne crie-t-on pas à droite et à gauche qu’on va remettre Haïti sur la scène touristique internationale ; à mon sens, il faudrait, peut-être, manger dans la soupe du Mexique et s’engager effectivement à mettre en place des événements dans les grandes capitales occidentales. Des événements qui pourront drainer des touristes et des billets en Haïti. Léon Laleau. / www.lehman.cuny.edu/ ile.en.i. Toutes les nouvelles technologies mises dans un Tequil. / Photo: Dangelo Neard Il faut dire que Paris peut ne pas toujours savoir n’être que Paris. Au bord de la Seine, au parc de la Villette, sur un gazon vertement beau, le Mexique s’est taillé une petite place. Dans ce qui peut être un ballon géant, le ministère du Tourisme du Mexique ouvre les veines de la culture mexicaine au peuple de Paris.