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Furzedon-fr
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Un sol contemporain en terre
battue pour cette maison neuve.
Furzedon est une construction récente située dans un petit village
rural du Devon, en Grande-Bretagne. Il s’agit d’un bâtiment ayant su
associer des techniques traditionnelles de la région avec des matériaux
écologiques. Il en résulte un espace de vie très confortable pour les
habitants.
Présentation
Truro
Exeter
Okehampton
Furzedon
Chronologie
Construction de 2003
à 2005.
Extérieur - Photo © Jan and Jerry Sharpe - J&J Sharpe
- 2. www.libnam.eu 2
Contexte
Le maître d’œuvre de ce chantier,
Jerry Sharpe, bénéficie de
nombreuses années d’expérience
dans le domaine de la restauration
du patrimoine bâti. Il est à la tête
d’une entreprise spécialisée dans
les techniques traditionnelles et
maîtrise l’utilisation de la terre
argileuse (bauge) et de la chaux.
Avec sa femme, Jan, il a exprimé
le souhait de construire une
maison familiale. Naturellement,
ils ont privilégié le matériau terre,
avec le but de concilier habitat
contemporain et matériaux
traditionnels.
L’idée d’intégrer un sol de terre
battue à leur projet de maison est
née lors d’un voyage en Arizona.
C’était un moyen d’apporter du
cachet et une touche d’originalité à
leur demeure.
Compte-tenu de la nature
particulière des matériaux employés,
Jan et Jerry ont fait appel à un
cabinet d’architecture spécialisé :
« Bedford et Johnson ».
La conception contemporaine du
projet impliquait, pour utiliser des
matériaux naturels, des techniques
différentes que celles utilisées pour
l’habitat traditionnel en bauge.
Ils ont transmis leur cahier des
charges à l’architecte, qui leur a
dessiné un projet. La construction
est située en zone protégée, et leur
demande de permis de construire a
donc été rigoureusement examinée.
Il a fallu trois présentations du
dossier et plusieurs modifications
avant d’obtenir l’autorisation.
Plan © Jan and Jerry Sharpe - J&J Sharpe
N
- 3. Collectif franco-britannique Libnam3
Système constructif
Du béton armé a été utilisé pour les
fondations en raison de la hauteur
du bâtiment et des contraintes
réglementaires.
Un film anti-radon a été installé
sous la dalle, du fait de la nature
géologique du sous-sol.
En conformité avec la
réglementation, des blocs de
maçonnerie à forte capacité isolante
ont été posés jusqu’au niveau des
rebords de fenêtres, au rez-de-
chaussée. Ils intègrent une couche
de polystyrène expansé, d’une
épaisseur de 300 mm.
La partie haute des murs, du rebord
des fenêtres jusqu’à la toiture, est
en bauge.
Ces parties de murs du bâtiment,
tout comme le sol de la cuisine,
ont été édifiés à partir de la terre
disponible sur le site.
La charpente de la maison est
construite avec des poutres en I
composites.
L’isolation du toit a été réalisée
en ouate de cellulose (Warmcell),
insufflée sous les combles.
Les murs intérieurs et extérieurs
sont recouverts d’un enduit à la
chaux que Jerry produit et distribue
lui-même.
La pièce centrale est un vaste
espace occupant toute la hauteur
de l’habitation, incorporant une
passerelle en bois tendre, vitrée,
qui relie les deux parties situées à
l’étage.
Des baies vitrées y favorisent
l’apport d’énergie solaire passive.
Le verre utilisé est d’indice 1.7 U.
Préparation de la bauge - Photo © Jan and Jerry Sharpe - J&J Sharpe
- 4. www.libnam.eu 4
Focus technique :
Un sol contemporain
en terre battue
Furzedon intègre un plancher en
terre battue d’une surface de 40
m². Ce type d’ouvrage est rare en
construction neuve. La terre crue est
mise à l’honneur autrement qu’en
élévation.
Il faut souligner que le sol en terre
battueestlaplusanciennetechnique
connue pour la réalisation d’un
sol intérieur et qu’elle est encore
répandue dans les régions sèches
du monde.
Des précautions préalables ont
été nécessaires, par exemple une
série de tests a été réalisée afin
d’identifier la composition de terre
Celui-ci aurait pu être plus élevé
mais le choix a été contraint pour
des raisons budgétaires.
Des panneaux stratifiés (à base de
bois de feuillus) ont été choisis pour
la finition des sols, dans cette partie
de la maison.
Le sol de la cuisine, au rez-de-
chaussée, est en terre battue et a été
vitrifié pour en faciliter l’entretien.
Le plancher des autres pièces du
rez-de-chaussée est en chêne
massif, posé sur une chape de sable
et de ciment. Quant aux planchers à
l’étage, ils sont faits de bois tendre,
d’origine locale.
L’eau chaude est fournie par des
panneaux solaires et le chauffage
est assuré par la combinaison d’un
plancher chauffant et d’un poêle à
bois.
Pour des raisons économiques, la
ventilation est simple flux.
Première levée de bauge - Photo © Jan and Jerry Sharpe - J&J Sharpe
- 5. Collectif franco-britannique Libnam5
la plus adaptée.
Plusieurs caissons de 400 x 600 mm
ont été installés au sol dans lesquels
des mélanges différents de terre
locale, de paille hachée, de sable et
de chaux ont été placés.
Ensuite, un plus grand caisson
de 1 m x 2 m a été construit pour
évaluer la résistance de la terre
battue et la propension du mélange
à se fissurer au séchage. Les travaux
d’exécution ont démarré seulement
après ces tests.
Ce sol en terre présente une
épaisseur de 60 cm. 4 tonnes de
terre ont du être tamisées. Le
tamisage aurait constitué un travail
titanesque s’il avait fallu l’effectuer
manuellement. Ici, la terre a donc
été tamisée mécaniquement,
mais l’opération a nécessité de
transporter la matière jusqu’au site
de tamisage.
Pour obtenir le rendu souhaité, il a
fallu extraire tous les composants
excédant 10 mm de diamètre de la
terre initiale.
La terre, ainsi tamisée, a ensuite été
mélangée aux autres matériaux,
à sec, dans une bétonnière, puis
transférée dans un malaxeur rotatif,
afin d’être mélangée avec de l’eau.
Si la terre avait été mélangée à l’eau
dès l’étape de la bétonnière, il aurait
été difficile de l’extraire des parois en
raison de son pouvoir accrochant.
Dans le but d’organiser la pose,
l’espace de 40 m² a été divisé en 4
parties, délimitées par des caissons
dans lesquels le mélange a été
coulé.
Le mélange a ensuite été compacté
Sol en terre - Photo © Jan and Jerry Sharpe - J&J Sharpe
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à l’aide de planches et d’un niveau à
bulles, pour garantir la planéité. En
cours de séchage, le plancher a été
lissé et taloché.
Une dame mécanique a été utilisée
pour réduire le degré de pénibilité
de la tâche.
Le climat du Devon ne s’avère pas
particulièrement propice à la pose
d’un sol en terre. La région connaît
une pluviométrie élevée, l’air est
humide, cela prolonge les temps de
séchage.
Deux déshumidificateurs industriels
ont été installés en conséquence.
Malgré tout, il a fallu être attentif
à ne pas provoquer un temps de
séchage trop rapide, pour éviter
l’apparition de fissures importantes.
C’estpourquoiunpulvérisateurd’eau
manuel a été utilisé pour assouplir
la terre et effectuer un nouveau
talochage, au fur et à mesure que
des fissures apparaissaient. Malgré
ces précautions, quelques fissures
n’ont pu être évitées.
Dans des conditions
météorologiques favorables, c’est-
à-dire par temps sec et venteux, un
plancher de cette surface nécessite
approximativement 6 semaines
de séchage. Sur ce chantier, il a
fallu 1 mois, avec l’utilisation des
déshumidificateurs. Cette durée de
séchage se rajoute aux 7 journées
de travail, à 4 personnes, qui ont été
employées à mélanger puis réaliser
le sol.
Après le séchage du sol en terre,
il a fallu le traiter pour éviter la
Sol en terre terminé - Photo © Jan and Jerry Sharpe - J&J Sharpe
- 7. génération de poussières dans
la pièce, assurer sa pérennité et
faciliter son entretien.
Un mélange d’huile de lin et
d’essence de térébenthine a été
appliqué à cet effet. La première
couche était constituée d’huile de
lin pure. Pour la seconde couche,
le mélange était composé de
75% d’huile de lin et de 25% de
térébenthine, et ainsi de suite de
couche en couche en inversant
graduellement les proportions,
jusqu’à l’application d’un mélange
composé de 10% d’huile et de 90%
de térébenthine. Dix couches ont
ainsi été appliquées.
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Photo © Jan and Jerry Sharpe - J&J Sharpe
Intervenants
Maître d’ouvrage et maître d’œuvre : J&J
Sharpe ltd
Architectes : Bedford and Jobson
Couverture : A Mason Roofing
Double-vitrage : Oakhampton Glass
Chauffe-eau solaire : Southern Solar
Menuiserie : WD Joinery
Photo © Jan and Jerry Sharpe - J&J Sharpe
Ce procédé permet à l’huile
de pénétrer jusqu’à saturation
dans la terre et au sol de durcir
considérablement.
Enfin, une couche d’encaustique a
été appliquée en protection finale,
particulièrement utile dans cette
pièce qui n’est autre que la cuisine
de l’habitation.
L’expérience montre que le sol
est résistant et imperméable. Une
nouvelle couche d’encaustique est
appliquée une fois par an, ce qui
permet de combler les éventuelles
fissures.
Contact
Petroc
www.petroc.ac.uk