1. Master 2 Administration des Entreprises
Formation continue 2 ans
Logistique et gestion de production
L’industrialisation des ouvrages d’arts
2. 1-Introduction, préambule, problématique.
Définition : Les ouvrages d’art permettent à une voie – route, Fer ou flux de matériaux – de
franchir un obstacle. On intègre dans cette définition les ponts et les tunnels.
Les ouvrages d’art existent depuis la nuit des temps, de tout temps l’homme a eu envie
de regarder au delà de l’horizon et a eu besoin de communiquer et d’échanger. L’ouvrage
d’art est la réponse aux fleuves impétueux, à la montagne infranchissable qui limitent le
passage de l’homme. Aujourd’hui il existe des ponts et des tunnels qui étaient attendus par
tous depuis l’existence de l’homme dans ces lieux.
On peut se demander pourquoi ils n’ont pas été réalisés avant et en plus grands
nombres. Au regard du pont du Gard on se dit que la maîtrise du savoir faire ne date pas
d’hier. Et effectivement les progrès de la technique ont d’abord permis d’en diminuer le coût
par leur industrialisation.
1.1 Historique, préambule :
Voyons maintenant les ponts dit de construction traditionnelle leurs points forts, leurs
limites.
3. 1.1-a - Les ponts de lianes et de bois :
les ponts de lianes et de bois sont des ponts qui ont le bénéfice d’être rapides à mettre en
œuvre, de mobiliser des matériaux peu onéreux et facile à travailler.
Leurs limites : ils supportent peu de poids, ne peuvent franchir que de faibles longueurs et
sont peu durables dans le temps. La taille et le gabarit des ponts de bois dépend de la taille des
grumes disponibles. Ces délais de disponibilité peuvent être assez long ( de 20 à 50 ans selon
les essences)
4. 1.1 b- Les ponts de maçonnerie :
Les ponts de maçonnerie sont d’excellents ponts : ils sont solides, permettent le passage de
charges importantes, ils sont durables dans le temps, et sont un bon compromis entre la
largeur (passage de gabarit important) et la longueur ( pour peu que le terrain soit sain). Les
ponts de maçonnerie sont souvent de véritables œuvres d’art.
Ils ont pour limites : La diversité, la qualité et la durabilité des pierres. Ces ponts sont très
difficiles à mettre en œuvre. Ils sont compliqués et long à fabriquer, de plus ils sont très chers
(le matériaux de qualité est onéreux) ; la main d’œuvre nécessaire à son élaboration est
nombreuse et bien souvent peu qualifiée, la plupart du travail s’effectue en hauteur et la
sécurisation y est difficile.
Autres inconvénients, ces ponts sont lourds pour leurs fondations, (l’absence d’homogénéité
des pierres implique souvent un surdimensionnement de la construction : impact sur le poids
et le prix de l’ouvrage) ils réduisent beaucoup le passage de l’eau (deviennent fragiles lors de
crue) et réduisent fortement la hauteur utile nécessaire à la navigation.
Enfin ces ponts tant qu’ils ne sont pas achevés sont très fragiles (problème de clé de voûte,
d’appuis et des forces contraires qui s’exercent …) et leur achèvement va souvent dépendre
de conditions climatiques clémentes.
5. 1.1 c- Les ponts métalliques :
Au 19eme, les besoins ferroviaire en ponts sont importants mais aussi différents des ponts
existant jusque là : ils doivent obligatoirement être plats et droits, solides et rapides à
fabriquer, supporter des poids et des gabarits très importants pour l’époque, de plus les coûts
de construction doivent être serrés au maximum.
Les ponts métalliques sont les seuls, à l’époque, qui vont répondre à ces critères. Ils sont
légers, permettent de grands franchissements (pour l’époque) et sont rapides à mettre en
œuvre.
Les débuts de l’industrialisation :
Ce type de construction va permettre l’introduction de l’industrialisation dans la construction
d’ouvrage d’art. Le premier moyen utilisé pour réduire le coût de construction a été de
transformer un ouvrage en une multitude de barres de sections courantes. C’est l’idée des
ouvrages métalliques en treillis d’Eiffel ou des ponts dits « Cantilever » au début du XXeme
siècle. On profite ainsi à plein des progrès de l’industrialisation de la sidérurgie. 80% des
barres sont préparées en usines : coupes à longueur et perçage.
Le montage s’effectue comme « un Mécano » sur site avec des cintres provisoires selon des
méthodes traditionnelles proches de celles de la maçonnerie, ou mixte, le pont est construit
par section d’une pile à une autre. Ces ponts sont donc encore peu industrialisés du point de
vue de leur construction même.
6. Facile à concevoir à « distance » les ponts métalliques sont les premiers à être exportés, les
ponts Eiffel pour ne citer qu’eux ont été construits sur tout les continents. Ce type de
construction est utilisable pour tous types d’ouvrages, de la passerelle pour automobile et
piétons au pont ferroviaire … Les ponts métalliques sont les premiers à pouvoir prendre en
compte, grâce à leur souplesse, les risques sismiques.
Leurs limites : ces ponts métalliques ont cependant quelques défauts, leurs portées ne sont pas
aussi longues qu’on aimerait, ils sont gourmands en main d’œuvre lors de leur montage et leur
durée dans le temps nécessite un entretient important. La sécurisation des chantiers reste un
problème, la main d’œuvre est appelé à travailler en hauteur.
7. 1.2 problématique.
La conception d’un ouvrage d’art est un compromis en différent facteurs : charges à
supporter, poids propre, longueur et largeur du tablier, hauteur et largeur du gabarit à
dégager, résistance aux séismes et aux tempêtes. Il doit être beau, pas cher, être construit en
un temps record, facile à entretenir, neutre du point de vue environnemental. il doit être
praticable à tous véhicules et pourra soutenir de lourds convois…
Cet ensemble de questions est à chaque fois posé et il faut repenser l’ouvrage d’art en
fonction du terrain, de la voie, de la configuration géologique des sols, de l’intégration dans le
paysage etc…
Il est en effet impossible de prendre un pont et de le déplacer pour le mettre ailleurs, (
à moins que comme le « London Bridge » on veuille en faire une pièce de musée – démonté
de Londres et réinstallé sur un lac artificiel en Arizona) tout comme il est impossible de
dupliquer tel quel un pont. Par exemple, prendre les plans des ponts de la Seine et les
transposer sur la Garonne n’est pas faisable : le terrain, la configuration géologique etc…
toute les études sont à reprendre. Le pont dans son ensemble doit être repensé, il sera
différent, les contraintes n’étant pas les mêmes.
L’évolution d’un seul paramètre peut remettre en question la conception de l’ouvrage :
le prix de l’acier flambe => le choix des matériaux ne sera pas le même. Une crue
exceptionnelle se produit et doit être prise en compte => il faudra diminuer le nombre de
piles du pont et peut être hausser le tablier.
L’ensemble des aspects à prendre en compte rend unique chaque ouvrage d’art.
Pour répondre aux contraintes économiques, comment peut-on en industrialiser la construction ?
Cette industrialisation des ouvrages d’art s’est effectués au fil du temps, par une
évolution lente, en réponse aux besoins d’abord de l’industrie ferroviaire puis par le besoin de
plus en plus prégnant des gains de productivités.
Nous vous proposons d’analyser cette industrialisation selon deux axes principaux qui
sont intimement liés.
Dans un premier temps nous étudierons l’industrialisation par les matériaux et les
techniques qu’ils ont permis de mettre en oeuvre. Puis nous aborderons l’évolution des
conditions de travail qui en découlent avec les nouveaux matériels et l’impact sur le travail
humain et les équipes qui composent les chantiers.
Enfin et pour conclure nous verrons les gains de production réalisé grâce à la
combinaison de ces différents axes et les perspectives ouvertes par les progrès actuels que
nous trouverons dans la construction des ponts de demain.
8. 2 Les matériaux et techniques.
2.1 Les matériaux
Le premier obstacle à l’industrialisation tenait à la dispersion des caractéristiques des
éléments naturels : bois et pierres en particulier.
2.1.1 Le bois : Si vous voulez tailler les poutres du pont ci-dessous en bois massifs il vous
faut attendre quelques années avant d’obtenir les arbres de bonnes longueurs.
Source : Sanef
Le principe du nouveau matériaux est de coller ensemble des lamelles de bois de bonnes
caractéristiques pour créer une poutre aux dimensions voulues : c’est le lamellé collé qui
permet d’affranchir les pièces bois des contraintes de la sylviculture. Ces ouvrages sont
essentiellement utilisés pour faire des passerelles (piétons, passage à gibier…) de relativement
faibles portées.
9. 2.1.2 Le béton :
La pierre, on l’a vu, est utilisée depuis longtemps comme matériaux de construction mais les
contraintes de transports rendent les ouvrages très dépendants des sources locales
d’approvisionnement. Il y a d’une région à l’autre, de grandes variations de qualité en termes
de résistance mécanique, de durabilité mais aussi de facilité d’extraction et d’abondance du
matériaux. De plus, au sein même d’une même carrière les blocs extraits présentent des
variations de caractéristiques qui nécessitent d’utiliser le matériau selon la plus petite valeur
garantie. Par exemple pour la pierre de tuffaut : il faut 7 ans en piscine avant de déterminer si
elle est propre à une utilisation « noble ». Cette valeur est nettement inférieure à la valeur
moyenne et oblige donc à sur dimensionner les ouvrages.
Le béton représente dans ce sens une première étape d’industrialisation puisque qu’il
consiste à reconstituer une pierre artificielle à partir d’éléments directement accessibles sur
place. Les caractéristiques de cette « pierre » sont relativement médiocres par rapport à un
granit par exemple mais on sait la produire en grandes quantités avec une dispersion
réduite de la qualité.
Valeurs réelles constatées Valeur d’utilisation
Mini Maxi
Pierre 7 60 5
Béton fin 19ème 15 35 12
Béton actuel
Classique bâtiment 25 30 25
Classique ouvrage d’art 40 45 40
Haute performance 70 72 70
Résistance à la compression caractérisées en « Mpa »
2.1.2 L’acier.
Les constructions en acier ont été les premières à avoir été pensées de manière
industrielle en utilisant au maximum les éléments normalisés du commerce : H, I, U, cornières
et plats.
Le moyen utilisé pour réduire le coût de construction a donc été de transformer un
ouvrage – une poutre énorme, intransportable, non industrialisable – en une multitude de
barres de sections courantes. C’est l’idée des ouvrages métalliques en treillis d’Eiffel ou des
ponts dits « Cantilever » à la fin du XIXème et au début du XXème siècle.
10. On profite ainsi à plein des progrès de l’industrialisation de la sidérurgie. 80% des
barres sont préparées en usines : coupe à longueur et perçage.
source : Jen Sapelu – www structurae.de
ponts métalliques à structure treillis : viaduc de Gabarit
Par contre le montage s’effectue encore sur site avec des cintres provisoires selon des
méthodes traditionnelles proches de celles de la maçonnerie.
Ces ponts sont donc encore peu industrialisés du point de vue de leur construction
même, alors qu’ils commencent à l’être du point de vue de leurs constituants. Ce premier
raisonnement devient petit à petit caduc du fait des progrès de la métallurgie – baisse du prix
de l’acier – combiné avec la hausse du coût de la main d’œuvre. On préfère maintenant
utiliser des profilés plus gros, éventuellement reconstitués par soudures en ateliers. On se
pénalise ainsi en poids propre mais avec moins de main d’œuvre sur chantier.
D’autre part, l’expérience apprend aux concepteurs qu’un pont tout métallique n’est
pas fiable sur la durée .... voir le pont de Richemond. En particulier du fait de sa trop grande
sensibilité aux vibrations. Les progrès vont alors porter sur l’association métal / béton.
2.1.4 L’association Béton / Métal
Le béton armé et le béton précontraint
Le béton – comme la pierre – possède une bonne résistance mécanique en compression mais
quasi aucune en traction. Hors un franchissement pose typiquement des problèmes de flexion,
qui se traduit par un déséquilibre entre la compression de la partie haute de la poutre et la
partie tendue en bas de la poutre.
Pour s’affranchir de la forme traditionnelle de la voûte l’idée est d’associer une partie béton
qui reprendra les efforts de compression et une partie acier qui reprend les efforts de traction.
11. Cet acier peut être simplement noyé dans le béton : c’est ce qu’on appelle le béton armé.
Il peut être également mis en tension pour utiliser une plus grande partie de la section en
béton : on parle alors de béton précontraint.
Il peut être enfin constitué d’une poutre extérieure en acier surmontée d’une partie béton :
c’est une poutre mixte.
Ces éléments théoriques sur les matériaux, s’ils ne sont pas en eux même des éléments
d’industrialisation vont permettre de mettre en œuvres de nouvelles techniques et de nouvelles
formes qui elles seront industrialisables : à formes extérieurs identiques deux pièces béton
peuvent s’adapter à des cas différents en faisant varier le ferraillages dit « passif » ou la
tension de précontrainte.
Ceci permet de pré-fabriquer des éléments, soit spécifiques à l’ouvrage, soit avec un
raisonnement de type catalogue
12. 2.2 LES TECHNIQUES
2.2.1 Par la mise en œuvre d’éléments Préfabriqués :
L’ouvrage d’art étant un objet dont le poids total interdit le transport, il n’a jamais été produit
selon un processus Fordien. Par contre, il peut être découpé en éléments industrialisés et
transportables.
La préfabrication en usine d’éléments en béton armé ou précontraint et leur assemblage sur
chantier est une première solution d’industrialisation : c’est une solution très utilisée en
bâtiment mais qui trouve également son application en ouvrage d’art :
Usine ECHO – principe des bancs de préfabrication.
Source : Echo®
Exemple de pont réalisé à partir d’éléments préfabriqués :
13. Source : Echo®
Ce type de solution est adapté à des ouvrages « courants » à faibles franchissements.
Le principe est de découper le tablier en éléments reproductibles en séries : des « tranches »
que l’on appelle des voussoirs.
La fabrication de ces voussoirs peut être faite en usine – éventuellement créée spécialement –
ou au sol à proximité du chantier : la technique consiste à « amener l’usine » sur le lieu de
construction. L’avantage de cette fabrication est de concevoir les éléments ( piles, voussoirs )
sur place ( pas de logistique de transport externe à développer) , on travaille en flux tendu, le
stock tend vers zéro.
L’avantage de cette préfabrication est de :
• diminuer les opérations à faire sur site
• diminuer la dangerosité
• travailler en site abrité pour la fabrication des voussoirs, ce qui rend le délai moins
dépendant des intempéries.
Ce type de construction met en lumière toute l’importance de la chaîne logistique de
production pour assurer la coordination et la continuité du chantier.
2.2.1 a- l’encorbellement successif –
Pour les ouvrages exceptionnels, l’industrialisation de la construction a été regardée
dés les années 60 avec des outils spécialisés dont le coût nécessite une réutilisation d’un
ouvrage sur un autre, au besoin avec des réadaptations. Dans ce sens, la construction des
ouvrages d’arts est venue rapidement à un modèle qui n’est pas sans rappeler celui de la
chaîne de production et de l’atelier flexible.
15. 2.2.2 Coulage sur équipages mobiles. « L’atelier flexible ».
La fabrication de ces voussoirs peut aussi être faite par un « Equipage mobile » accroché à la
structure en cours. L’avantage étant de limiter les opérations de levage : l’outil se déplace seul
grâce à un système d’ancrages successifs et de vérins, le béton quand à lui est pompé.
Exemple : pont Vasco de Gama
Source : Groupe Vinci
16. 2.2.3 lançage, poussage– travail à poste fixe, déplacement de la production « transporteur »
C’est la technique intermédiaire : l’outil reste en place pour fabriquer le voussoir à la suite des
autres, et l’ensemble du pont est poussé en place sur ses appuis au fur et à mesure de son
avancement. Par exemple : Jules Verne, Miribel-Jonage, Millau
Miribel-Jonage
Millau
Cette industrialisation joue fortement sur la conception même de l’ouvrage qui est le résultat
d’un compromis entre
• Le coût final de l’ouvrage – qui comprend aussi le coût de son entretien.
• La qualité dont dépendra sa durabilité – en général garantie pour 30 ans.
• Le délai de construction – qui intervient également dans le prix global par le
financement avant mise en exploitation
• La sécurité en cours de construction : sur les 700 accidents de travail mortels annuel,
50% concernent le BTP.
17. 3. Construire au XXIème siecle : du matériel et des hommes.
3.1 Toujours plus d’intégration autour des outils.
La césure entre technique et matériel est mince, très mince. L’avancée des techniques de
fabrication ne s’est faite que grâce à l’évolution des matériels dont le leitmotiv est : toujours
plus gros, toujours plus fort. Cependant l’industrialisation par les matériels prend une part
spécifique. Elle change les modes de fabrication, les métiers et utilisent de plus en plus
d’éléments standardisés.
Dans l’industrialisation des matériels, on a surtout travailler sur trois aspects du chantier :
le levage – les terrassements – les coffrages. Le développement de ces outils a non seulement
permis d’augmenter la cadence sur les chantiers, mais il a aussi permis de diminuer
considérablement la main d’œuvre .
De + en + de puissance et de mieux en mieux maîtrisée : pneumatisme et hydraulisme.
Automatismes programmables en aide à la conduite : limitation de charge, anti-
collisions, automatisation de cycles par auto apprentissage.
Guidages par lasers sur stations fixes ou embarquées
Repérage et guidage par GPS – asservissement automatique de l’outil.
Les grues sont de plus en plus hautes et lèvent des charges de plus en importantes, il existe
des vérins énormes utilisés au poussage des tabliers, les équipages mobiles coffrent de façon
automatique les voussoirs des ponts. Dans tous ces matériels puissance et précision sont
asservis par l’électronique, l’informatique et moyens de communication moderne (GPS,
centrale inertielle, accéléromètre …)
L’ « outil » qui concentre le plus de technologies innovantes est à l’heure actuelle le
tunnelier (un tunnel est un ouvrage d’art.)
3.2 L’exemple du tunnelier.
Le tunnelier est à lui tout seul une usine complète, son montage s’effectue en 2 ou 3 mois.
19. Percée du canal d’irrigation de Abda Doukkala (Maroc) : « Une usine de préfabrication a été
construite sur le site pour ce chantier, elle est constituée de 36 moules et d’une chaîne de
fabrication. Le béton utilisé devait avoir une résistance de 35 MPa et nécessitait un étuvage de
7 heures minimum. Le carrousel était constitué des postes de démoulage, nettoyage
ferraillage, bétonnage et finition. Cette usine avait été dimensionné pour fabriquer 20 mètres
linéaire de galerie par jour, soit un voussoir toute les 14 minutes à raison de 20 heures de
production par jour. Par la suite, il est apparu qu’il était possible de descendre à un voussoir
toutes les 8 minutes. Par contre l’étuvage n’était plus assez long. »
3.3 L’évolution du travail humain.
L’ouvrier constructeur d’ouvrage d’art va énormément évoluer. Si on effectue un
rapide balayage à travers les ages, la main d’œuvre a été : esclave, puis manœuvre
transporteur de pierres ou poseur de moellons, tailleur de pierre, charpentier et poseur de
cintres en bois pour l’élaboration des voûtes. Avec l’arrivée du métal, il est devenu
mécanicien (de haute voltige) il est maintenant conducteur d’engins très sophistiqués,
ingénieur ou logisticien.
L’évolution des techniques a radicalement changé la main d’œuvre utilisée sur et autour des
chantiers :
Sur un ouvrage en maçonnerie il y a beaucoup de main d’œuvre mais que l’on peut regrouper
en 3 métiers :
o Les maçons
o Les « boiseurs » : charpentiers chargés des ouvrages provisoires
(échafaudages, cintres…)
o Beaucoup de manœuvres pour tout le reste
Si on regardait le film de la construction d’un pont en maçonnerie en accéléré, on
verrait une concentration d’hommes affairés autour d’une tâche : élévation d’une pile, mise en
place d’un cintre, remplissage du tablier etc… et au fur et à mesure de l’avancer du pont on
verrait une concentration d’homme sur le point en construction du pont.
20. Sur un chantier moderne d’ouvrage la main d’œuvre est beaucoup plus réduite mais avec des
métiers très différents :
Les terrassiers
o conducteurs d’engins – autant de spécialité qu’il y a de types d’engins
o mécaniciens
Le gros oeuvre
o coffreurs
o ferrailleurs
o conducteurs d’engins (grues, chariots télescopiques…)
Les prestation spécialisées
o précontrainte
o hydrauliciens
o électroniciens
o pose des câbles, haubans
Les corps d’état techniques et architecturaux
o habillages
o équipements (enrobés ou voies)
o peintures
o serrurerie
o éclairage
o électronique de surveillance
et toujours quelques manœuvres mais le moins possible
Exemple : 1 grue à tour
- 1 chef de chantier
- 1 technicien (hydraulique, maintenance)
- 10 coffreurs dont 2 chefs d’équipes
- 5 ferrailleurs dont 1 chef d’équipe
- 2 finisseurs
- 1 manœuvre
un niveau de formation relativement élevé : Chef de chantier de bac + 2 à bac + 5 (ou
expérience équivalente) Chefs d’équipes de bac à bac + 2
Si, toujours en accéléré, on regardait la construction d’un pont moderne, on verrait une
succession d’arrivées et de départs d’équipes autour des différents matériels nécessaires à
l’élaboration du pont : montage des grues, mise en place de l’usine à béton, parc de stockage
du ferraillage, montage des matériels de coffrage… lors de l’élaboration du pont en lui même
les équipes sont beaucoup plus restreintes, seul restent les personnels nécessaire au
fonctionnement des outils. Puis, successivement, vont apparaître, pour aussitôt disparaître une
fois la tâche accomplie, les hommes nécessaires aux démontages des matériels devenus
inutiles.
De plus le pont moderne, contrairement à notre pont monté à « l’ancienne », avance
sur plusieurs points en même temps –Rion-Antirion monté selon la technique de
l’encorbellement successif à été monté de la façon suivante : mise en place de toute les piles
puis mise en place du tablier à partir de chaque pile jusqu’à rejoindre (un élément à droite un
élément à gauche) les éléments de tablier de la pile suivante. Les hommes intervenant sur
cette construction sont pour l’essentiel dédiés à une tâche unique et quitte le chantier une fois
la besogne effectuée.
21. 4. Conclusion
4.1 Les gains de productivité
Bien sur les évolutions technologiques ont permis des franchissements qui n’étaient pas
imaginables avant :
o tunnel sous la manche
o pont de Rion-Antirion (zone sismique)
mais elles ont aussi permit de diminuer considérablement le prix des ouvrages à
franchissement équivalent.
Les gains de productivité réalisés sont dus à la sommes des améliorations successives que
nous venons de voir : Amélioration des matériaux,
Amélioration des techniques,
Amélioration des matériels.
Les uns entraînants les autres dans une spirale vertueuse, une amélioration dans une de ces
catégories entraîne d’autres évolutions. Les matériaux sont plus chers unitairement, mais on
en utilise moins.
Comparaison de 2 ouvrages :
Gain en volume de matériaux.
22. Evolution des postes principaux (par le prix ) lors de la construction d’ouvrage d’art.
Matériel : 0, 2%
Ouvrage en maçonnerie
Matériaux : 26%
Main d’œuvre : 74%
Ouvrage en béton précontraint Matériel : 16%
(1980)
Matériaux : 24%
Main d’œuvre : 60%
Matériel : 28%
Ouvrage en béton précontraint
(2005)
Matériaux : 26%
Main d’œuvre : 46%
Plus vite … moins cher … nécessité d’introduire de plus en plus de matériel
Impact du retard à la construction : T2 – T1
23. des outils pour diminuer la main d’œuvre et produire plus grand et surtout plus vite.
Pour les tunnels nécessaires au perçage du métro Madrilène, un tunnelier Mitsubishi de 9.4m
de diamètre à effectué jusqu’à 42 m de tunnel en une journée et sur une durée de 31 jours
l’avancée moyenne est de 27,5 m. En terme de frais financier, de durée du chantier, les gains
de production sont inenvisageables sans cet outillage.
Voir en annexes
• Les conditions de travail en tunneliers (Film SOCATOP)
• Les outils de formations mis en place (Film Demathieu et Bard)
4.2 Perspectives… les ouvrages d’arts de demain.
De nouveaux défis se présentent aux constructeurs :
4.2.2 Défis techniques par leur complexité et leur ampleur : pont sur le détroit de Messine
ou TGV Lyon – Turin sous les Alpes...
Pour y répondre des développements sont en cours :
o améliorer les matériaux existants
Bétons « résistant à la traction » : utilisable en plaques au même titre
que l’acier
Bétons auto plaçant : mise en place facilité par super fluidifiants
Bétons fibrés : remplacements des aciers passifs par fibres
polypropylènes
Aciers HLE
tôle à épaisseurs variables
24. o Utiliser de nouveaux matériaux
Poutrelles composites pultrudées polyester – fibres de verre : résistance
accrue à la corrosion, aux cycles gel/dégels
Renforcements par fibres de carbones
Câbles en fibre de carbones et fibres de verre
o Utiliser de nouvelles techniques
Méthode « Tarzan » : se suspendre aux câbles préalablement lancés
pour poser le tablier
Modélisation de plus en plus fine des efforts et condition de vie des
ouvrages : modélisation numérique, essais en souffleries.
Intégration des NTIC : gestions des interférences et compatibilités de
matériel....
4.2.2 Et aussi défis financiers :
Dans tout les pays les finances publiques se désengagent de la construction des infrastructures
pour faire de plus en plus souvent appel aux concessions.
les entreprises, en partenariat avec d’autres acteurs vont devoir mettre une démarche
globale de
Conception
Construction
Concession
Ce qui va se traduire par une recherche de productivité accrue mais facilitée par
l’intégration de la chaîne
La grande évolution des prochaines années sera donc également une évolution stratégique des
ressources humaines. Les mêmes compétences seront nécessaires, mais avec ne nouvelles
façons de travailler ensemble.
Pour aller plus loin : quelques sites
- www.structurae.de
- www.planete-tp.com
- www.fntp.fr