1. République Algérienne Démocratique et Populaire
Université d’Alger- Faculté de Médecine
Département de chirurgie dentaire
CHU – Beni Messous
Service d'Odontologie Conservatrice
Professeur : Boudghene- Stambouli
Douleur en odontologie et
Physiologie de la douleur dentaire
Présenté par : Dr Haroun.Zakaria
Encadré par : Pr Stambouli
Année universitaire : 2014/2015
2. 2
Le plan
1) La Douleur en odontologie
Introduction
I)Rappels
I-1 Rappel sur l innervation
I-2 Rappel sur l'inflammation
II-1- Définition de la douleur
II-2- Origine de la douleur : étiologie
II-3- Composantes de la douleur
II-4- Récepteurs de la douleur
II-5- Différents types de la douleur
II-6-1- Selon la durée d’évolution
II-6-1-1- Douleur aigue
II-6-1-2- Douleur chronique
II-6-2- Selon le mécanisme physiopathologique
II-6-2-1- Douleur par excès de nociception
II-6-3-2 douleur inflammatoire
II-6-2-2- Douleur neurogène
II-6-2-3- Douleur psychogène
II-6-2-4- Douleur idiopathique
II-6-3 selon la localisation
II-6- Mécanismes anatomo-physiologique de douleur
II-7-1- Voie nerveuse
II-7-2- Voie humorale
3. 3
II-7-3- Voie psychique
II-8- La spécificité de la douleur oro-faciale
2) Physiologie de la douleur dentaire
1- Innervation du complexe pulpo-dentinaire
1-1- Voies de la sensibilité nociceptive pulpo-dentinaire
1-2- Sensation et stimuli
2- Caractéristiques de l’innervation pulpo-dentinaire
3- La perception douloureuse pulpo-dentinaire
1- Hypothèse neurophysiologique
2- Hypothèse hydrodynamique
4- Manifestation de la douleur au niveau pulpaire
5- Mise en évidence électrique des récepteurs pulpo-dentinaires
3 Évaluation de la douleur
III-1- À l’échelle unidimensionnelle
III-2- À l’échelle pluridimensionnelle
III-3- Évaluation de la douleur chez l’enfant
4 Prise en charge de la douleur
IV-1- Gestes thérapeutiques
IV-2- Anesthésie
IV-3- Prescription d’antalgiques
IV-4- Sédation consciente
IV-7- Sophrologie
IV-8- Hypnose
Conclusion
4. 4
1) La douleur en odontologie
Introduction :
La douleur est une expérience multidimensionnelle complexe comprenant des dimensions
sensorielles, cognitives et émotionnelles.
Ces différentes dimensions prennent un sens particulier pour la douleur oro-faciale, étant
donné que la face représente une région du corps humain avec une représentation et une
signification spécifiques, biologique, psychologique et émotionnelle pour chaque individu. La
douleur orofaciale est fréquente.
I-Rappels :
I-1 Rappel sur l innervation:
L’innervation des maxillaires est assurée par deux branches du trijumeau (V) ; le nerf
maxillaire supérieur et inférieur.
Le nerf maxillaire supérieur (V2) : qui va donner :
- Le nerf dentaire antérieur.
- Le nerf dentaire moyen.
- Le nerf dentaire postérieur.
Le nerf maxillaire inférieur (V3) : qui se termine en :
- Nerf mentonnier
- Nerf incisif.
5. 5
I-2 Rappel sur l'inflammation
Ensemble des phénomènes réactionnels déclenchés, dans un organisme vivant et vascularisé, par une
agression.
Cette réponse fait intervenir des phénomènes d'immunité - c'est à dire de résistance aux agressions.
L'immunité peut être naturelle : elle ne dépend pas d'une exposition préalable à l'agression (ex. certaines
formes de phagocytose) ou, au contraire, spécifique (cellulaire, humorale).
Les modes d’évolution de l’inflammation
- L’inflammation aigue :
Évolue selon un mode aiguë ou précoce de courte durée, où les troubles vasculo-sanguin sont au premier
plan. On peut considérer l'inflammation aiguë comme la première ligne de défense tissulaire qui apparaît
au sein du tissu conjonctif à la suite d'une irritation ou d'une agression de nature chimique, thermique ou
mécanique.
- L’inflammation chronique :
Considérée comme la seconde ligne de défense tissulaire après une irritation ou une agression. À ce stade
une réponse immunitaire est déclenchée.
Le but principal de la réponse immunitaire est d'identifier l'antigène ainsi que d'activer les phagocytes
(granulocytes neutrophiles, macrophages).
Inflammation de durée prolongée, due à la persistance du ou des facteurs d’agression.
- L’inflammation subaiguë :
C’est le stade de transitoire entre les états d’inflammation symptomatique (aigue) et asymptomatique
(chronique).
Il existe une réciprocité et un balancement délicat pour la prédominance d’une phase sur l’autre. Les
symptômes, s’ils sont présents, sont généralement assez légers et de faible intensité.
II ) douleur en odontologie
II-1- Définitionde la douleur :
Selon la définition de l’association internationale pour l’étude de la douleur (IASP): il
s’agit d’une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion
réelle ou potentielle des tissus ou décrite en termes d'une telle lésion.
II-2- Origine de la douleur : Etiologie ou bien le mécanisme générateur
-Les douleurs d'origine nociceptive : par afflux excessif et permanent de stimulation
qui déborde les mécanismes de contrôle de la nociception : brûlures,
La nociception : c’est la perception des stimulations génératrices de la douleur.
-Les douleurs médiées par le système nerveux sympathique :
Ces douleurs, encore appelées algo-neuro-dystrophies ou dystrophies réflexes
sympathiques, apparaissent à distance d'une douleur nociceptive d'origine traumatique
ou postopératoire insuffisamment gérée au départ ou dans un contexte de stress trop
6. 6
important, par emballement du système nerveux sympathique, après disparition de la
douleur nociceptive d'origine.
-Les douleurs neurologiques : dues à la sectiond'un nerf lors d'une lésiontraumatique
ou d'une cicatrice postopératoire, d'une amputation, ou à l'atteinte virale d'une racine
nerveuse comme dans le zona, ou du fait d'une compression tumorale.
-Les douleurs psychogènes :
Si des douleurs importantes ou prolongées peuvent entraîner tout un cortège de
réactions psychologiques par débordement de la composante affectivo-émotionnelle, il
existe d'authentiques douleurs d'origine psychologique.
C’est en raison d'états dépressifs ou de conflits psychologiques par rapport à
l'environnement familial et/ou scolaire qu'elles peuvent survenir et être
particulièrement déroutantes.
-La douleur idiopathique:
À côté des douleurs symptomatiques d'une lésion ou d'un dysfonctionnement, certaines
douleurs sont parfaitement décrites, voire traitables, bien que l'on ignore la cause
exacte (migraine par exemple).
7. 7
II-3- Composantes de la douleur :
Il s’agit d’un phénomène pluridimensionnel du fait de ses différentes composantes :
Sensorielle et discriminative: aboutit au décodage de la douleur sur le plan
qualitatif, sur le plan de l'intensité, de la durée et de l'évolution (crise
paroxystique), sur le plan de la localisation du message nociceptif.
Affective et émotionnelle: conférant à la douleur sa tonalité désagréable, pénible
voire insupportable et pouvant se prolonger vers des états émotionnels plus
difficiles telles que l'anxiété ou la dépression.
Cognitive: Rôle de la mémorisation ; de l’attention ; de l’anticipation. Elle
demande une certaine maturation intellectuelle et psychologique, dépend
fondamentalement de l'âge et des acquis de l'enfant.
Comportementale: correspond à l'ensemble des manifestations verbales ou non
verbales observables chez un douloureux : plaintes, position antalgique.
Elle assure une fonction de communication avec l'entourage.
Ces manifestations ne sont pas spécifiques de la douleur, ni proportionnelles à son
intensité : anxiété, colère, tristesse.
8. 8
II-4- Les récepteurs de la douleur :
Les récepteurs de la douleur sont des fibres nerveuses qui peuvent être excitées par des
stimuli mécaniques, thermiques ou chimiques.
L'ensemble de l'organisme est câblé par ces fibres afférentes qui transmettent au
système nerveux central des stimuli sensoriels (fibres A α et β) ou nociceptifs (fibres
Aδ faiblement myelinisées ou fibres C non myélinisées).
-Tableau récapitulatif des différents récepteurs de la douleur-
9. 9
II-5- Différents types de douleur : Les douleurs sont classées selon différents
critères :
II-5-1- Selon la durée d’évolution :
Représentation du modèle Bio-psycho-social. D’après Okeson 2005
10. 10
II-5-1-1- La douleur aiguë ou douleur symptôme :
C'est un signal d'alarme qui permet de rechercher la cause, elle a un rôle protecteur
Elle est récente, transitoire et finit par céder rapidement par contre elle est souvent
intense.
II-5-1-2- La douleur chronique ou douleur maladie:
Dès que la douleur subsiste (>6 mois) elle devient chronique. Cela est en fait une
maladie qui va retentir sur l'appétit, le sommeil, la vie quotidienne.
II-5-2- Selon le mécanisme physiopathologique :
Plusieurs auteurs ont proposé une classification basée sur les mécanismes mis en jeu
qui permettrait de définir des stratégies antalgiques mieux ciblées. La philosophie de
cette approche est que les douleurs inflammatoire, neuropathiques etc. obéissent au
mêmes mécanismes, quelle que soit leur localisation, et qu'elle devrait répondre à la
même classe de molécules antalgiques.
• Cette approche suppose que nous connaissions tous les mécanismes impliqués dans
la sensation douloureuse, ce qui n'est pas le cas, et que nous ayons à notre disposition
des tests diagnostiques qui permettent de les identifier. Il s'agit certainement d'une voie
d'avenir que l'amélioration des connaissances neurophysiologiques permet d'envisager
avec un certain optimisme.
II-5-2-1- Douleur par excès de nociception ou somatique :
Il s’agit d’une douleur intense liée à des phénomènes mécaniques, inflammatoires,
thermiques et chimiques.
Ces douleurs sont continues ou intermittentes et varient en intensité. Elles sont dues à
une hyperstimulation, au niveau périphérique, du système, intact, de transmission des
messages nociceptifs vers les structures centrales.
11. 11
2 Douleur inflammatoire:
• La limite entre ce type de douleur et la douleur nociceptive est difficile à établir
puisque la lésion d’un tissu entraîne très rapidement l’apparition de phénomènes
inflammatoires, et donc la sensibilisation des nocicepteurs.
• Les causes des douleurs nociceptives et inflammatoires sont multiples : traumatique,
postopératoire, infectieuse, ischémique, dégénérative...
• Elles peuvent évoluer en absence de traitement étiologique vers des douleurs
chroniques. Elles peuvent signer des pathologies lésionnelles persistantes plus ou
moins évolutives (cancer, rhumatologie...).
• Elles répondent en général bien aux anti-inflammatoires car les phénomènes de
sensibilisation périphérique sont prédominants.
12. 12
II-5-2-3- Douleur neurogène ou neuropathique :
Ce sont des douleurs qui résultent soit de la compression d’un tronc, d’une racine ou
d’un plexus nerveux, soit à la sectiondes afférences périphériques entraînant une
perturbation du système de transmission.
Ce sont des douleurs permanentes rebelles, toujours dues à des lésions du système
nerveux, aussi bien périphérique que central.
II-5-2-3- Douleur psychogène :
Ce type de douleurs résulte de l’intrication des facteurs somatiques et psychosociaux.
C’est en général, après avoir éliminé une origine organique que l’on est amené à
poser ce diagnostic.
Certains signes précis permettent de s’orienter vers ce type de douleurs comme la
variabilité de la localisation accompagnée d’une description imagée ou imprécise,
manifestations psychiatriques (dépression, manifestations hystériques ou
hypochondriaques).
II-5-2-4- Douleurs idiopathiques :
À côté des douleurs symptomatiques d'une lésion ou d'un dysfonctionnement, certaines
douleurs sont parfaitement décrites, voire traitables, bien que l'on ignore la cause
exacte. (Exemple : les migraines).
II-5-3 Classificationstopographiques – Douleur primaire, douleur
secondaire:
- La plupart des classifications de la douleur reposent sur leur topographie, distinguant
les sites dans lesquels est perçue la douleur, par exemple douleur intra ou extra orale.
- Ces approches pratiques sont pertinentes en cas de douleur primaire bien identifiée
(la dent douloureuse d'une desmodontite), mais plus délicates dans le cas de douleurs à
13. 13
distance (douleur cardiaque ischémique ressentie dans la région mandibulaire gauche
par exemple) ou de douleurs d'origine centrale.
II-6- Mécanismes anatomo-physiologique de douleur :
Pour qu'une douleur soit ressentie, il faut que, d'une région donnée de la personne
physique (ou morale), parvienne à la conscience une information porteuse du message
souffrance.
Ce message parvient aux centres intégratifs de trois voies, à savoir :
II-6-1- Voie nerveuse :
Le système de la douleur comprend des récepteurs, des voies et des centres.
-Les récepteurs sont situés dans tout l'organisme, captent le message souffrance.
-les voies sont responsables de deux ordres de phénomènes : d'une part elles
déclenchent aux différents niveaux de l'axe nerveux des réponses immédiates qui
représentent dès le niveau spinal des réactions appropriées au message entrant. D’autre
part, elles conduisent l'information jusqu'aux centres corticaux de reconnaissance.
-ces centres corticaux opèrent l'intégration à la conscience de cette sensation
subjective particulière qu'est la douleur.
II-6-2- Voie humorale :
La souffrance est représentée par une anomalie humorale.
14. 14
Hypoglycémie par exemple: certaines régions nerveuses dont l'hypothalamus sont
réceptrices de cette anomalie et transmettent — ou non — par voie nerveuse le
message souffrance aux centres de reconnaissance corticale.
La douleur est alors difficilement définissable; elle peut prendre le nom de malaise.
II-6-3- Voie psychique : elle concerne la douleur morale.
Quelque position philosophique qu'on adopte dit que c'est grâce à l'organe cerveau que
cette douleur existe.
Lorsqu’on prescrit un thymoleptique pour atténuer une douleur morale, on accepte
implicitement une sorte de localisation neuro-anatomique des mécanismes de cette
douleur.
On pourrait poser l'hypothèse que le stimulus est idéatif, le récepteurs serait le cortex
lui-même et les voies, directement centrales, à point de départ cortical, aboutiraient au
cortex en passant par des structures appartenant au système intégratif de la douleur.
-Ces deux derniers types, le dernier surtout, sont hors des limites d’une discussion
neurophysiologique dans le cadre des connaissances actuelles.
On n'étudiera donc que la douleur nerveuse, dont on verra successivement les trois
niveaux en interaction :
II-7- La spécificité de la douleur oro-faciale :
Organisation neurosensorielle de tri jumeau :
La pulpe dentaire, la cornée sont particulièrement riche en récepteurs; les lèvres et la
langue sont les régions les plus richement innervées du corps. Le complexe sensitif du
trijumeau est globalement assimilable à un segment médullaire ; il assure
l’innervation de la face ; Il est composé de trois branches contenant des fibres dont les
corps cellulaires sont situés dans le ganglion de Gasser:( le nerf ophtalmique de Willis
(V1), le nerf maxillaire (V2), le nerf mandibulaire (V3) qui lui seul comprend des
fibres motrices destinées aux muscles masticateurs.
15. 15
Aspects psycho-comportementaux spécifiques :
La bouche est une zone particulièrement investie lors du développement psycho-
sensoriel de l’enfant et importante dans la représentation du schéma corporel de
l’adulte. Elle est à la fois: lieu de nutrition, lieu de respiration, lieu de la parole et de la
mimique. Ainsi compte tenu des représentations complexes liées à la bouche, on peut
comprendre que la douleur, phénomène d’expression subjective, pourra avoir, au
niveau oro-facial, une tonalité affective et cognitive particulière.
16. 16
2) La douleur dentaire
Symptôme majeur, la douleur détermine habituellement la consultation spécialisée ;
ses caractères peuvent suffire à établir le diagnostic de l'action causale, ou orienter le
reste de l'examen avec précision, quelquefois induit des erreurs déconcertantes.
Les douleurs dentaires peuvent être dues:
• la dénudation des collets
• la carie profonde
•la pulpite
• la desmodontite
• l'abcès dentaire
• la poche parodontale
• les douleurs septales
1- Innervation du complexe pulpo-dentinaire :
La dent est un organe richement innervé recevant à la fois un contingent nerveux
sensitif issu du ganglion trigéminal et un contingent sympathique originaire du
ganglion cervical supérieur. La mise en place de l’innervation dentaire débute
précocement au cours de l’odontogenèse.
Elle est double, sensitive et végétative :
-L’innervation sensitive : elle est assurée par des fibres de type A de 20µ de diamètre,
myélinisées, avec gaine de myéline et gaine de Schwann.
-L’innervation végétative : elle est assurée par des fibres de type C amyélinisées avec
gaine de Schwann de diamètre plus réduit que les fibres A.
Elles pénètrent la dent par le foramen apical et suivent le trajet des vaisseaux sanguins
avec lesquelles elles constituent un véritable plexus vasculo-nerveux.
Le nerf donne de fins filets dans la zone centrale de la pulpe et se termine en
d’innombrables fibres dans la zone acellulaire de Weill constituant le plexus sous
odontoblastique ou plexus de Roschkow.
-Les fibres sensitives myéliniques qui représentent environ la moitié des fibres
nerveuses à l'apex perdent peu à peu leur gaine de myéline au cours de leur
progression vers la périphérie pulpaire.
-Le plexus de Raschkow est constitué uniquement de terminaisons nerveuses
amyéliniques.
Si la plupart des fibres sensitives se terminent au niveau du plexus de Raschkow,
certaines se prolongent jusqu'au pôle apical de l'odontoblaste et jusqu’à la prédentine,
se terminant sous forme d'une fibre simple ou arborisée, quelques fibres nerveuses
pénètrent dans les tubuli dentinaires au moment de l'éruption de la dent.
17. 17
Les terminaisons nerveuses pulpaires sont perlées, ces perles contiennent des vésicules
denses et claires; des corps denses; des mitochondries, du réticulum endoplasmique
lisse et des éléments du cytosquelette. De telles terminaisons sont rencontrées à
proximité des vaisseaux sanguins et dans le plexus de Raschkow.
-Les fibres nerveuses pulpaires sont pour la plupart des fibres amyéliniques de type C
qui représentent environ 70 à 90%.Ce sont des fibres chimio-et thermosensibles,
activées essentiellement au cours de l'inflammation pulpaire qui transmettent les
douleurs.
-La pulpe contient également des fibres de type A δ impliquées comme les fibres C
dans la transmission douloureuse.
Elles sont à l'origine des douleurs aigues, épicritiques, essentiellement dentinaires,
déclenchées par exemple par le séchage ou le fraisage de la dentine.
-Des fibres myéliniques Aβ habituellement impliquées dans la transmission des
sensibilités tactile et proprioceptive ont été mises en évidence dans la pulpe, dans la
perception de sensations non douloureuses engendrées par exemple par des
stimulations dentaires de très faible intensité, de type vibratoire.
1-1- Voies de la sensibilité nociceptive pulpo-dentinaire :
Une stimulation quelconque sur la surface coronaire d'une dent ou sur la dentine
dénudée déclenche uniquement un message sensitif douloureux.
Ce résultat montre que les récepteurs et l'innervation pulpo-dentinaires présentent une
certaine originalité.
Le Protoneurone:
Les fibres nerveuses sensitives provenant des dents cheminent dans l'une des trois
branches du nerf v dont le corps cellulaire constituant le ganglion de Gasser.
À leur entrée dans le pont, les afférences sensitives nociceptives forment la branche
descendante du trijumeau qui aboutit dans le sous noyau sensitif du v, au niveau des
segments c1 et c2 de la moelle cervicale.
Cette partie caudale présente la même structure que celle des cornes dorsales de la
moelle, elle est comparable à la substance gélatineuse de Ronaldo, constituée de
nombreux neurones.
18. 18
L’influx nerveux douloureux emprunte deux types de fibres selon la classification de
Gasser et Erlanger : des fibres c qui transmettent la douleur sourde et prolongée et des
fibres Aδ qui conduisent la douleur aigue et brève.
Le Deutoneurone:
Les fibres nociceptives quittent le noyau sensitif spinal du V ; traversent la ligne
médiane pour se répartir entre deux voies ascendantes selon la catégorie des fibres
pour aboutir au thalamus.
-Les fibres Aδ: constituent le tractus ventral, assimilé au faisceau
Néo.Spino.Thalamique(F.N.S.P), qui se rend directement sans émettre de
collatérales au niveau du tronc cérébral, au noyau ventro-postéro-latéral (contingent
principal) et aux noyaux postérieurs du thalamus (contingent accessoire).
-Les fibres C: constituent le tractus dorsal, assimilé au faisceau
Pléo.Spino.Talamique (F.P.S.T) qui émet de nombreuses collatérales avant de
parvenir aux noyaux thalamiques intra-laminaires de projectionnon spécifique.
19. 19
Le neurone thalamo-cortical:
Les fibres de la sensibilité douloureuse se projettent :
- d'une part à partir du noyau ventro- postéro-latéral du thalamus sur les aires
pariétales du cortex, qui seraient responsables de la localisation somatique de la
douleur (donc de la douleur objective)
- et d'autre part à partir du noyau intra-laminaire médian sur les aires frontales du
cortex, qui seraient responsables d'une grande partie de la connaissance
affective et de la mémorisation de la douleur (donc de la douleur subjective).
1-2- Sensation et stimuli :
La douleur est la seule sensation provoquée par la stimulation de la pulpe ou la dentine
ou au travers de l’émail (fêlure), quel que soit le stimulus utilisé.
Les stimuli peuvent être:
Soit Exogènes : Quand ils sont appliqués sur la surface coronaire ou sur la
dentine dénudée (chaud, froid, solution hyper-osmotique de sucre, d'acide, de
Na Cl ou de CaCl2, évaporation ou absorption du fluide tubulaire, action
mécanique d'une sonde dentaire, stimulus électrique). Ils peuvent provoquer une
sensation douloureuse en présence d'une pulpe saine.
Soit Endogènes : Quand on est en présence d'une pulpe pathologique.
2- Caractéristiques de l’innervationpulpo-dentinaire :
L’innervation sensitive:
Les ramifications des nerfs dentaires sup et inf. cheminent à travers les foramens
apicaux, se regroupent au centre par des terminaisons nerveuses qui peuvent se diviser
en 4 groupes:
les fibres marginales : qui arrivent dans la zone cellulaire, la zone acellulaire, au
niveau de la ceinture des odontoblastes
des fibres pré dentinaires simples: atteignent la zone odonto-prédentine
20. 20
des fibres pré dentinaires complexes: s’arborisent dans la prédentine et localisées
surtout dans la partie centrale de la couronne
des fibres dentinaires: entrent dans les tubuli dentinaires les terminaisons
nerveuses sont amyéliniques (1 fibre /200à2000 canalicules).
Les terminaisons dans le plexus de Raschkow varient en fonction du type de fibre,
généralement les fibres A répondent à la préparation des cavités, à la désinfection de la
dentine, au sondage ; les fibres C répondent aux stimuli qui provoquent des dégâts
tissulaires quand la T° atteint un certain seuil (une élévation de 0,6°c induit une
douleur.
L’innervation vaso-motrice:
Les fibres contractent des rapports étroits avec les parois contractiles des vaisseaux
Régulent la circulation sanguine par contraction ou relâchement des cellules
musculaires vasculaires.
Les fibres sympathiques adrénergiques provoquent la contraction.
Les fibres parasympathiques cholinergiques provoquent la dilatation.
Mécanisme d’action des fibres nerveuses pulpaires aux stimulations
endodontiques:
Stimulation électrique: active les fibres Aδ
Stimulation thermique: active les fibres Aδ et C/T°>44°C et <13°C
La réponse est en 2 phases :
-La 1ère d’appel rapide et courte durée
-La 2ème tardive plus durable (C ; seuil augmenté)
Stimulation mécanique : l’activation des Aδ (mécanorécepteur)
Stimulation chimique: l’activation des C.
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3- La perception douloureuse pulpo-dentinaire :
Les hypothèses qui expliqueraient la sensibilité pulpo-dentinaire :
3-1- Hypothèse neurophysiologique :
Cette hypothèse stipule que la fibre nerveuse est excitée directement par le stimulus
par le biais des mécanorécepteurs qu’elle possède. Les récepteurs sont également des
22. 22
chemorécepteurs. Or de nombreuses fibres A delta sont également sensibles à des
stimulations chimiques. Il est possible que les déformations tissulaires induisent la
libération de molécules activant secondairement les récepteurs, comme les lésions
tissulaires induisent la libération de nombreux ions et molécules directement ou
indirectement (ATP, PGs) qui sont détectées secondairement par les fibres nerveuses.
-Si un tel mécanisme est possible lorsque le stimulus est appliqué au contact de la
pulpe ou de la partie la plus interne innervée de la dentine, l’extrême sensibilité de la
dentine périphérique ne peut toutefois être expliquée que par des stimulations
indirectes de l’innervation sous odontoblastique.
3-2- Hypothèse odontoblastique :
Cette hypothèse a été émise depuis longtemps et renforcée par des observations
récentes. Les odontoblastes disposent en effet de capteurs mécaniques ou chimiques
susceptibles de capter les variations du microenvironnement induit par ces
déplacements (changements des concentration de calcium par exemple) sous forme de
canaux ioniques mécanosensibles TRPM3, TRPV4, TREK-1, de canaux potassiques
activés par le calcium (KCa) (Allard et al., 2000) ainsi que de canaux sodiques
voltage-dépendant fonctionnels (Allard et al. 2006). Ils peuvent par ailleurs émettre
des potentiels d’action en conditions expérimentales (Allard et al. 2006). Ils pourraient
donc répondre directement aux mouvements des fluides et transmettre ensuite cette
information (Magloire et al. 2009, Magloire et al. 2010). Il est intéressant de noter
également que les odontoblastes expriment un certain nombre de récepteurs
thermiques ou thermo-chimiques tels que les TRPV1-3 (Okumura et al. 2005, Son et
al. 2009) ou mGlu R5 (Kim et al. 2009) ;
Cependant la démonstration directe d’une activité électrique de l’odontoblaste en
réponse à un stimulus n’a pas été faite dans des conditions physiologiques. De plus, en
dépit d’une proximité et de contacts apparents, il n’a pas été observé de synapses
fonctionnelles permettant d’expliquer la transduction (Byers 1979 Gunji (1982). Il
existe donc certains arguments permettant de penser que l’odontoblaste puisse capter
et/ou transmettre les mouvements de fluides et les transmettre d’une façon encore
inconnue aux fibres nerveuses.
23. 23
3-3- Hypothèse hydrodynamique de Brännström (1986) :
cette théorie, selon laquelle l’activation des fibres intrapulpaires résulte du
déplacement du contenu des tubules dentinaires à la suite d’un stimulus mécanique
thermique ou osmotique est aujourd’hui largement acceptée. Le déplacement des
fluides intratubulaires active ensuite les fibres nerveuses pulpaires de type A (Nahri
1985) , Mumford et Matthews 1969 ) (Jyväsjärvi and Kniffki, 1987, Dong et al.,
1985), évoquant une perception plus ou moins douloureuse selon l’intensité du
stimulus, qui ne dure pas. Cette situation correspond à la stimulation des fibres de type
Adelta. Charoenlarp et al. (2007) ont déterminé chez l’homme que le seuil de
stimulation douloureuse était de -125 mmHg (pression negative) et 200 mmHg
(pression positive) ce qui correspond respectivement à des flux de fluides dentinaires
de 3.29 nL/(s.mm²) et 5.75 nL/(s.mm²).
24. 24
4- Manifestations de ladouleur au niveau pulpaire :
La pulpe dentaire est la seule circulation terminale de l’organisme qui se trouve
enfermée dans un environnement inextensible parce qu’elle est entourée de parois
indéformables, constituées par la dentine.
-Une inflammation au niveau pulpaire provoque une augmentation de la pression intra-
pulpaire ce qui induira une compression des terminaisons nerveuses d’où la douleur
ressentie.
Les mécanismes inflammatoires peuvent agir différemment en libérant les médiateurs
de l’inflammation “histamine, sérotonine” qui provoquent une augmentation de
pression, la libération d’histamine bloquerait le fonctionnement des fibres Aδ et
favorise celui des fibres c.
-Les stimuli thermiques créent des déplacements du liquide dans les tubuli dentinaires,
soit par contraction (froid) ou par expansion (chaud), les stimuli tactiles provoquent un
refoulement physique de l’eau. L’assèchement par l’air entraine des forces de
capillarité, alors que les solutions concentrées de sucre provoquent une pression
osmotique. Par contre, les stimuli électriques causent des irritations par des charges
électriques au niveau des tissus organiques à l’intérieur des tubuli dentinaires.
(Kleinberg et coll, 1990).
5- Mise en évidence électrique des récepteurs pulpo-dentinaire :
Les récepteurs pulpo-dentinaires peuvent être mis en évidence par :
L'expérience de Scott et Tempel : Le dispositif expérimental comprend:
- Le fraisage de la dentine sur la demi-circonférence d'une canine de chat jusqu'à
apercevoir la pulpe par transparence;
- L'enregistrement de la température sur la surface de la couche de dentine
résiduelle;
- L'enregistrement, par des électrodes bipolaires appliquées sur la dentine, des
activités unitaires, évoquées par le chaud et le froid.
Les résultats montrent qu'il existe des récepteurs distincts pour le chaud et le froid,
mais ces récepteurs sont plus sensibles aux variations de température qu'à la
température absolue les deux types sont sensibles à la stimulation mécanique.
25. 25
-L’expérience de Scott et Tompel-
Enregistrement sur le nerf dentaire:
On enregistre avec une microélectrode, une seule fibre préalablement disséquée. On
retrouve des récepteurs du chaud différents des récepteurs du froid, mais ils sont
activés par de gros écarts de température.
3 Évaluation de la douleur :
La douleur en odontologie est très fréquente, elle constitue souvent le premier motif
de consultation. Son évaluation est une étape indispensable afin d’assurer une
meilleure prise en charge.
L’évaluation de la douleur se fait par un examen clinique et un questionnaire adapté.
Les points clés sont l’histoire de la douleur, sa topographie son rythme ainsi que son
intensité.
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l’histoire de la douleur: Il faut déterminer le mode de début (progressif ou non), son
évolution, sa durée et les éléments concomitants à l’apparition de la douleur. Est-elle
augmentée ou non au décubitus, de survenue spontanée ou provoquée ? Quels sont les
traitements antérieurs: médecin, odontologiste, automédication
Topographie: Pour l’enfant, l’évaluation sur un schéma est souvent nécessaire. Il faudra
faire attention aux douleurs projetées et référées qui sont ressenties à distance de la
zone ou de la dent concernée et pour lesquelles le patient peut nous orienter vers des
diagnostics erronés.
Rythme: La douleur est-elle continue, discontinue, permanente? Apparaît-elle par
crise? Est-elle à prédominance diurne, nocturne ou les deux? Existe-t-il des variations
au cours de la journée avec par exemple des douleurs augmentées en fin de journée
… ??
Intensité: La douleur est-elle sourde ??, aigue ou paroxystique la plupart du temps elle
est autoévaluée spontanément par le patient, mais on pourra faire appel à des échelles
d’autoévaluations : (EVA, EN, échelle verbale…)
III-1- À l’échelle unidimensionnelle :
Ces échelles apprécient globalement la douleur en l'assimilant à une sensation globale
d'intensité.
-Échelle verbale simple (EVS).
- Échelle numérique simple (ENS).
- Échelle visuelle analogique (EVA).
Échelle verbale simple (EVS) :
Il s'agit de demander verbalement au patient d'évaluer : Quel est le niveau de votre
douleur à l'instant présent?
0 =Pas de douleur
1 = Faible
2 = Modérée
3 = Intense
4 = Extrêmement intense
Échelle numérique simple (ENS) :
Elle permet au patient de noter la douleur en sachant que la note minimale est 0 et que
la note maximale est 10.
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Échelle visuelle analogique (EVA) :
C'est une réglette qui présente d'un côté une ligne subjective et de l'autre côté une
réglette de 100 mm Le patient tracera un trait ou avancera le curseur en fonction de
l'intensité de la douleur allant de "pas de douleur" à "douleur maximale imaginable".
Le soignant devra en fonction du déplacement du curseur de la réglette faire
correspondre avec la notation se trouvant à l'arrière. Ceci permettra de donner un
traitement adapté, elle doit donc être renouvelée toutes les 24 à 48 heures.
- C'est un outil réputé sensible qui offre un choix de réponses non mémorisables par le
patient d'une évaluation à l'autre.
III-2- À l’échelle pluridimensionnelle :
Il s'agit de questionnaires d'adjectifs qui analysent plus particulièrement les composantes
sensorielles et émotionnelles.
Ces échelles plus complexes à manipuler sont essentiellement utilisées dans le cadre
de l'évaluation d'une douleur chronique.
Questionnaire:
Ils sont souvent établis en fonction du service et du type de pathologie.
Échelle Numérique
Pouvez-vous donner une note de 0 à 10 pour situer le niveau de votre douleur ?
Note 0 est égale à "pas de douleur"
Note 10 est égale à "la douleur maximale imaginable"
Donner une seule note de 0 à 10 pour la douleur au moment présent
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Échelles comportementales:
La douleur n'étant pas forcément verbalisée, une étude du comportement peut s'avérer
nécessaire pour une bonne prise en charge de la douleur .Par contre il faut adapter
cette échelle en fonction des personnes soignées.
III-3- Évaluation de la douleur chez l’enfant :
De par son immaturité cognitive, l’enfant réagit de façon spécifique à la douleur quand il la
rencontre.
On a longtemps considéré que l’enfant n’éprouvait pas la douleur comme l’adulte. En fait
les nocicepteurs et les voies de conduction sont en place dès le 6ème mois de la vie intra-
utérine.
La douleur chez l’enfant est difficile à évaluer car de nombreux facteurs psychosociaux
viennent troubler son appréciation (elle sera modifiée par rapport aux attentes de l’adulte
référant, et sera variable en fonction de l’âge de l’enfant mais aussi par son stade de
développement cognitif).
Entretien clinique :
Des entretiens structurés ou questionnaires sont utilisés pour évaluer la douleur chez l’enfant.
Ils doivent être basés sur une empathie adaptée et non possessive, sur l’authenticité et
l’harmonie. L’entretien doit confirmer à l’enfant que l’on a bien entendu sa plainte et qu’on le
croit.
Il s’agit de poser une série de questions afin de pouvoir qualifier sa douleur :
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« As-tu mal ? », « quand as-tu mal ?? » , « es-tu gêné par cette douleur ? », « qu’est ce
qui déclenche la douleur ?? »,…
Les réponses ne sont pas forcément fiables, c'est pourquoi un dialogue permanent et
une observation de l'enfant est nécessaire au quotidien.
Échelles d’auto-évaluation :
Ces échelles sont utilisées en général à partir de 6 ans. Cependant, certaines peuvent
être proposées dès l’âge de 3 ans (EVA avec jetons) ou 4 ans (EVA avec visages).
-Échelles verbale simple : utilisées à partir de 4 ans, car il faut maîtriser le langage
pour pouvoir répondre à des questions sur le ressenti et les localisations.
EVS : un peu/ moyen/ beaucoup/ très fort.
- Echelle EVA : Elle est identique à celle décrite pour l’adulte (réglette de 10 cm
permet à l’enfant d’autoévaluer sa douleur en plaçant le doigt aussi haut que sa douleur
est grande et permettant au praticien de lui faire correspondre un palier de prescription
ou de prise en charge de la douleur).
Elle peut être réalisée avec d’autres moyens :
Des jetons : ces jetons représentent des morceaux de douleur. On demande à
l’enfant de prendre autant de jetons qu’il a mal.
La planche de visages:
On présente à l'enfant de 2 à 4 ans des visages présentant plus ou moins de plaisir ou de
peine. L’enfant va alors choisir le visage qui représente ce qu'il ressent au fond de lui-
même.
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Utilisationdu dessin :
On demande à l'enfant de dessiner une échelle représentant des douleurs légères, moyennes,
importantes, très importantes, et d'y faire correspondre une couleur. On demandera ensuite à
l'enfant de choisir la couleur qui lui correspond.
Échelle comportementale : est construite à partir de signes directs très
spécifiques comme le cri, la position, le mouvement (mimique, agressivité,
agitation) et aussi à partir des altérations psychomotrices comme la baisse du
tonus, l’inertie.
4) Prise en charge de la douleur :
Cette prise en charge est conditionnée par une bonne évaluation et analyse de la
douleur ainsi que son étiologie. Elle peut être assurée par :
IV-1- Gestes thérapeutiques :
Le meilleur traitement des douleurs par excès de nociception reste le geste
thérapeutique. C’est le cas des atteintes dentinaires, pulpite, desmodontite, syndrome
du septum, éruption dentaire (péricoronarite) et les cellulites maxillaires.
Thérapeutiques des atteintes dentinaires (coiffage dentinaires) :
Elles sont liéesà une mise à nue de la dentine par exposition des tubuli dentinaires. C’est
le cas par exemple d’une lésionnon carieuse, d’une carie modérée, ou d’un traumatisme
sans exposition pulpaire. La douleur sera vive, aigüe, brève, provoquée par le froid, le
chaud, l’acide, le sucre et le contact. Elle s’arrête avec l’arrêt du stimulus. La douleur
est localisée à une dent sans irradiation, elle résulte de l’excitation des fibres nerveuses
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dans les tubuli dentinaires selon la théorie de l’hydrodynamisme La douleur de ces
atteintes disparaît avec le traitement consistant à scellerles tubulis dentinaires et couvrir
la mise à nu dentinaire.
Dénudation des collets ou des racines:
Même douleur provoquée, dentinaire: ne requièrent aucun antalgique ; le patient
apprend à éviter leur déclenchement, application de vernis isolants, de Fluor.
La pulpectomie (pulpite) :
-La pulpite est urgence due à une inflammation du paquet vasculo-nerveux. Son
traitement repose sur la suppression de l’étiologie.
La douleur résultant sera supprimée par une anesthésie locale et la réalisation d'un traitement
endodontique.
Le drainage :
- Le cas d’une desmodontite :
La demodontite est une réaction inflammatoire et infectieuse du ligament alvéolo-
dentaire. Le traitement, ici est par le geste local.
La trépanation de la chambre pulpaire permet la sédation des douleurs par drainage de
l'infection.
Un traitement complémentaire antalgique et antibiotique sera prescrit en fonction de
l'importance des signes cliniques et de l'état général du patient.
-Le cas des cellulites aigües circonscrites :
Ce sont des infections du tissu cellulaire à partir d’un foyer infectieux dentaire dans la majorité
des cas.
Il consiste à tenter d’établir un drainage pour évacuer le pus, il sera cherché par voie canalaire
pour la cellulite en phase séreuse, ou par incision endobuccale au niveau du point le plus mou de
la tuméfaction.
Il existe une symptomatologie locorégionale et toujours des signes généraux, dans ces conditions
et même si le drainage a été obtenu, le risque de la diffusion de l’infection est tel que
l’antibiothérapie s’impose. Toutefois, elle doit toujours accompagner le geste chirurgical et ne
jamais le remplacer, sinon elle devient nuisible car elle peut entrainer le passage à la chronicité.
Correctiondes espaces inter-dentaires (Syndrome du septum):
Le syndrome du septum est une irritation du septum (l’espace entre deux dents (ou
racines), caractérisé par des douleurs violentes ou lancinantes. La gencive devient
rouge, œdématiée et douloureuse à la palpation.
Le syndrome du septum peut être dû à :
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-La perte d’un point de contact entre les deux dents
-Une obturation ou une couronne mal ajustées.
Les aliments peuvent alors être retenu (bourrage) et provoquer une inflammation
gingivale et ligamentaire par contiguïté.
Le traitement consiste en la suppression de l’étiologie avec une reconstitution d’un point de
contact correct.
Éruption dentaire (péricoronarite) :
La péricoronarite concerne principalement les 3èmes molaires. C’est une inflammation
du sac péricoronaire survenant lors de l’éruption.
-La muqueuse adjacente est œdématiée et congestive, elle recouvre une partie plus ou
moins importante de la couronne.
Le traitement est local et consiste en la suppression du capuchon muqueux, la
désinfection avec un antiseptique et prescription d’un antalgique ou anti-
inflammatoire.
IV-2- Anesthésie locale :
Une anesthésie locale ou locorégionale permet souvent de maîtriser la douleur
Le choix de l'anesthésie comme premier ' blocage' de la douleur ne doit pas rester un
acte isolé mais il doit s'inscrire dans un traitement global.
Les anesthésiques locaux permettent de bloquer la transmission de l’influx nerveux en
perturbant l’équilibre ionique instauré de part et d’autre de la membrane plasmique des
neurones. Une fois injecté l’anesthésique est absorbé par les composants liquidiens des
nerfs et empêche la dépolarisation de la membrane nerveuse à travers les liquides
interstitiels d’où blocage de l’influx nerveux donc absence de douleurs
momentanément.
La disparition de l'effet anesthésique une ou deux heures après l'injection coïncide
avec l'apparition de douleur post-opératoire justifiant la prescription d'antalgique.
Mode d’action des anésthésiques locaux :
Les anesthésiques locaux agissent principalement en bloquant le canal sodique
responsable de la partie initiale du potentiel d'action (au niveau des nerfs notamment).
Ils pénètrent dans la membrane phospholipidique du canal sodique pour agir d'une
part, à l'intérieur de la membrane elle-même où il semble exister plusieurs sites de
liaison hydrophobes et d'autre part, à l'intérieur du cytoplasme.
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IV-3- Prescriptiond’antalgique :
La douleur postopératoire constitue le principal motif de prescription des antalgiques.
Souvent sous-estimées par le praticien ces douleurs sont généralement mal contrôlées
en raison d'une prescription inadaptée.
La suppression complète des douleurs postopératoires implique une attitude préventive
qui conduit à l'administration de l'antalgique avant leurs apparition.
-Le choix et le mode d'administration des antalgiques sont décrits en fonction de
l'intensité de la douleur, de sa cause et de l'état du patient.
-Le premier Palier concerne les douleurs de faible intensité (douleur légère à modéré :
échelle EVA de la douleur de 1à 3) répondant aux antalgiques non narcotiques qui
constituent les antalgiques périphériques de niveau I (Aspirine, paracétamol).
-Le deuxième palier concerne les douleurs persistantes, intenses ou rebelles aux
antalgiques de niveau I, ils sont utilisés en 2ème intention, ils constituent les antalgiques
de niveau II (Codéine + antalgique périphérique)
-Le troisième palier ce sont des antalgiques de niveau III, sont utilisés en 3ème intention
(échelle EVA : douleur égale ou supérieur à 7) (Morphine par exemple).
Il est à noter que les antalgiques locaux permettent une sédation plus ou moins
immédiate, cependant, le geste thérapeutique de l’odontologiste reste le traitement
de choix pour la sédation des douleurs dentaires.
III-4- La sédation consciente:
Correspond à une diminution du niveau de conscience, permettant au patient de
conserver le contrôle de ses réflexes de protection pharyngo-laryngés et ses mouvements
respiratoires, d'obéir de façon correcte à un ordre, comme par exemple ''ouvrez les
yeux''.
Elle se fait par inhalation d'un mélange de: oxygène-protoxyde d'azote avec une
concentration limitée à 50%.
Par la sédation orale aussi: facile, abordable, avec des sédatifs oraux. (Benzodiazépines
type Diazépam, ou Neuroleptiques type Hydroxyzine.
Et enfin la sédation par voie intraveineuse avec limitation à l’injection d’un seul
produit.
III-7- La sophrologie:
La Sophrologie est une méthode psycho-corporelle donc faisant appel à la fois au
mental et aux sensations du corps (associant la respiration, la décontraction
musculaire et la visualisation d’images positives). Elle se base sur l’apprentissage et la
pratique régulière d’exercices simples de contrôle de la respiration, de techniques de
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relaxation et de visualisation. Douce et naturelle, avec des outils et gestes facilement
utilisables et reproductibles à tout moment, la Sophrologie apporte des réponses
pratiques pour éviter l'accumulation de tensions physiques et psychiques.
En complément d’un traitement médical ou chirurgical : mieux supporter ou réduire
les symptômes, dynamiser les ressources psychiques pour une meilleure récupération
physique et mentale, l’acceptation d’un traitement, d’une rééducation fonctionnelle, de
l’intégration d’une prothèse, de soins dentaires ou autres.
III-8- L’hypnose:
L'hypnose est une forme de communication verbale et non-verbale qui a pour but d'aider les
patients à entrer dans des transes de plusieurs façons. Les transes sont des états de
conscience naturels modifiés, qui se différencient du mode de pensée ordinaire. Ainsi
l'attention peut être focalisée, les états d'âme peuvent être intensifiés ou atténués, les
perceptions telles que la douleur modifiées, aide particulièrement les patients anxieux à se
sentir à l'aise chez le dentiste et à éprouver le traitement comme agréable ou du moins banal.
De ce fait elle représente aussi une aide importante pour le dentiste, car il peut calmer
rapidement et aisément le patient angoissé et difficile - qui représentent toujours un stress
pour le cabinet - et rendre ses douleurs plus supportables. L'hypnose n'est donc pas
seulement bénéfique pour le patient, mais aussi pour le dentiste lui-même et pour toute
l'équipe du cabinet. Au-delà des indications médico-dentaires de premier ordre telles que la
douleur et l'anxiété, l'hypnose aide aussi à contrôler les irritations pharyngales graves, à
soutenir l'accoutumance psychologique aux prothèses dentaires et à détendre la musculature
maxillo-faciale. Par l'enseignement de l'autohypnose le patient souffrant de parafonctions ou
de dysfonctions temporo-mandibulaires trouvera une aide thérapeutique causale.
Conclusion :
La douleur est un élément omniprésent en odontologie conservatrice, elle constitue souvent
le principal motif de consultation.
Il est important d’insister sur toute la valeur de l’analyse sémiologique ainsi que l’étude
physiologique de la douleur d’origine dentaire, afin de pouvoir poser un diagnostic précis et
donc d’élaborer une thérapeutique appropriée.
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Bibliographie
1- Alain. Serrie, Claude Thurel : La douleur en pratique quotidienne,
diagnostic et traitement Edition 2002.
2- Boucher.Y , Pionchon.P : Douleurs Oro-faciales diagnostic et traitement
Edition 2006.
3- Gaudy J-F et Coll: Manuel d’analgésie en odontostomatologie Edition
2005.
4- Mecanisme de la chronicisation de la douleur oro faciale aigué.1 cahana.
Rev Stomato chir maxillo faciale.2006;107;156-160
5- Douleur oro faciale EMC 23-025-A-10