Articles du magazine Alimagri ( ministère de l'Agriculture)
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Dossier les agricultures
les jarDins De mazet
Vous prendrez bien
une infusion ?
la tisane C'est tenDanCe. marie D'hennezel
l'a remise aU gOût DU jOUr en imaginant Une
BOissOn FrOiDe à Base De plantes et De jUs De
FrUits. Une reCette UniQUe COnCOCtée à partir
De 60 espèCes CUltivées en agriCUltUre
BiOlOgiQUe à 450 mètres D'altitUDe sUr
les COntreFOrts Des Cévennes. renCOntre.
Le chemin est long et caillouteux pour venir au domaine
de Mazet. Mais le paysage est grandiose. Des champs de
fleurs, des arbres centenaires, un courant d'eau émergeant
des montagnes… Marie d'Hennezel, la propriétaire du lieu, a
défriché 20 hectares pour en faire des champs travaillés en
agriculture biologique. Permettant ainsi à 60 espèces de plantes
cultivées ou sauvages de batifoler au gré des saisons. Campée
fièrement dans ses bottes, veste cintrée et regard décidé, Marie
d'Hennezel aime relever les défis. Citadine depuis son enfance,
il n'a pas été facile pour elle de s'installer comme agricultrice à
Mazet. « On pensait à l'époque que j’étais Marie-Antoinette
aux champs », rigole-t-elle. Journaliste à Paris, elle a acheté le
domaine en 1986 pour sa famille. « J'y suis venue pendant les
vacances puis de plus en plus souvent. J'étouffais en ville. »
retoUr a La terre
En 1995, elle se décide à suivre sa voie : « J'ai toujours voulu
soigner les gens. Je me suis décidée à cultiver des plantes médicinales. » Elle lit beaucoup, s'entoure de conseils de médecins,
de pharmaciens et d'agriculteurs. « Au début, je ne savais même
pas comment récolter mes fleurs », se remémore-t-elle. Un ami
de la Sica (société d'intérêt collectif agricole) vient lui montrer
les gestes dans les champs. Tout est cueilli à la main. « Je me
suis parfois demandé ce que je faisais toute seule au milieu de
mon terrain mais je n'ai jamais regretté. » Les premières récoltes
furent un succès car la terre de Mazet est riche, permettant de
« Trois pincées
de plantes sont
suffisantes
pour concocter
une tisane qui
a du goût »
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à retenir
Aujourd'hui, Denis est comblé : « je suis beaucoup plus fier d'être
un agriculteur en 2011 qu'il y a dix ans car j'ai pu conserver mon
activité tout en prenant soin de la planète qui nous nourrit. »
Peu avare de son temps, l'exploitant fait visiter son installation
toutes les semaines à des élus, des agriculteurs, des écoles…
Son objectif à long terme : être totalement autonome sur son
exploitation. Il travaille avec des ingénieurs sur un système
d'épuration qui lui permettrait de produire du biocarburant et
se lance dans la fabrication de spiruline grâce à une serre chauffée
par l'unité de méthanisation.
?
la méthanisation par voie sèche, dite
méthanisation en discontinu, permet
de digérer des matières organiques avec
un taux de matières sèches élevé comme
le fumier ou des déchets verts. ces matières
appelées substrats sont introduites
dans un silo digesteur (grande cuve
recouverte d'une bâche). le biogaz produit par
le substrat est transformé en énergie thermique
grâce à un moteur de cogénération. l’énergie
thermique est utilisée pour le chauffage, la production
d’eau chaude et il produit de l'énergie électrique avec un
alternateur. une partie de cette électricité est consommée
pour l’installation et l’autre est vendue à eDF. la matière
en fin de cycle de méthanisation s'appelle du digestat.
pour son installation,
le gaec du Bois joly
a bénéficié d'aides :
▶ 68 800 €
du Conseil général de vendée
▶ 61 200 €
de l'ademe à titre expérimental
▶ 10 000 €
pour mise aux normes
de la DDt
⇡
réservoir gNV (gaz naturel
véhicule) installé dans le
coffre d'un véhicule hybride.
⇠
Digesteurs de l’unité
de méthanisation
en système discontinu
(procédé par voie sèche).
À gauche, zone de compost
de l’unité de méthanisation.
les déchets de fruits et
légumes provenant de
grandes surfaces et de tontes
d'espaces verts de la
commune sont associés au
lisier de la ferme.
À droite, après
méthanisation, le digestat
sera utilisé comme
fertilisant.
⇣
Afin de partager son expérience, Denis a créé, avec les entreprises qui ont travaillé sur son projet (motoristes, bureaux
d'études...), la société Agrimétha. Ils proposent aux agriculteurs
des solutions pour faire de la méthanisation par voie sèche.
Pour Denis, c'est une véritable façon de promouvoir “la méthanisation à la française”.
Noémie Debot-Ducloyer ●
(1) Gaec : Groupement agricole d'exploitation en commun
(2) Le Grapea est rattaché au Rad (Réseau pour une agriculture durable) et au Civam (centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural)
(3) kW signifie kilowatt
Pour plus d'infos : www.civam.org
Agrimetha : 05 49 74 53 53 (Denis Brosset)
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installatiOn
Les maraîchers
du bord de mer
aFin De FaCiliter l'installatiOn De sUsana teixeira et riCharD FatOUt, la mairie De lOCmariaQUer (mOrBihan)
et le COnservatOire DU littOral Ont lOUé Des terres à Ce COUple De jeUnes maraîChers. Une initiative nOvatriCe
De la part De COlleCtivités territOriales.
Courbés en deux sous des serres où la chaleur est écrasante en ce mois de juillet, Susana Teixeira et Richard
Fatout cueillent des tomates. Une première pour eux. Ces
jeunes maraîchers se sont installés en février dernier à Locmariaquer, une petite commune du Morbihan. Pour ce couple, le
rêve d'agriculture biologique a pu devenir réalité grâce à la
mairie et au Conservatoire du littoral qui leur ont loué respectivement 11 et 15 ha. Richard, 26 ans, avait entendu parler de
ces terres agricoles proposées à la location lorsqu'il passait son
brevet professionnel responsable d'exploitation agricole (Bepra).
« Nous voulions nous installer mais nous n'avions pas l'apport
suffisant. Nous avons rencontré le maire en juillet 2010 et à
partir de là, tout est allé très vite », raconte Susana. Ils signent
le bail, installent des serres, plantent une dizaine de variétés de
légumes…
données
express
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le morbihan
signifie petite mer
en breton.
Et depuis le printemps, ils récoltent et revendent leur production
au marché local et au camping municipal. « Travailler la terre
c'est valorisant », reconnaît Susana. Cette ancienne commerciale
de 42 ans vit sa reconversion avec enthousiasme. « On a trouvé
notre équilibre. Avec ce lieu de vie idéal, face à l'océan, on
supporte mieux les contraintes comme le travail le week-end.
Et je suis portugaise, du coup je supporte bien la chaleur sous
les serres », s'amuse-t-elle.
Un territoire à appréhender
Susanna et Richard sont les seuls maraîchers de Locmariaquer.
Depuis que le bail a été signé, début 2011, ils exploitent en
agriculture biologique. La terre, non cultivée depuis 7 ans, se
prête bien à la bio. « Au début, on nous voyait comme des babacool, se souvient Richard. Il a fallu expliquer aux habitants
le département compte
830 km de côtes
très découpées,
dont 23 km
sur la commune
de locmariaquer.
l'élevage représente
plus de 70 % de la production
agricole morbihannaise,
le maraîchage est moins
développé.