2. Pour lutter contre l’infobesité, il ne suffit cependant pas de
diminuer le débit du flux d’information, il faut aussi pouvoir
archiver correctement ces informations. C’est là qu’on
utilisera Pinboard, un social bookmarker rudimentaire mais
puissant, ou Evernote, un véritable carnet de note numérique,
qui permet de ne pas mélanger archivage et partage.
Pour ceux pour qui la publication multicanal est essentiel, on
conseillera sinon Shareist, un petit nouveau qui servira avant
tout à sauvegarder les liens dont vous ferez plus tard un tweet,
un article WordPress ou autre…
Face à la surabondance d’information* et la difficulté
inhérente d’en trouver de pertinentes lors d’une recherche, les
usages changent. La curation*, pratique de partage de
contenus entre individus, représente-t-elle un remède à
l’infobésité* et aux limites des moteurs web classiques ?
3. Les anglophones utilisent le terme « curator », issu du latin
« curare » (soigner), pour désigner un conservateur dans le
domaine de l’art, c’est-à-dire celui qui sélectionne des œuvres
en fonction du public d’une exposition ou d’un musée. Pour le
Web, on parle plutôt de « content curator », autrement dit d’«
organisateur de contenu » ou d’« éditeur de contenu », pour
désigner l’internaute qui partage ses découvertes numériques.
Si le terme apparaît dès 2008, la pratique est présentée en
France comme une tendance émergente en 2010.
Cette pratique consiste à parcourir le Web sur une requête
ou une thématique spécifique, identifier les contenus les
plus pertinents sur ce sujet, les trier, organiser, classer, les
mettre en page, avant de les partager sous une forme
compacte (liste, arbre), à l’interne (site de l’entreprise, bulletin
électronique) ou à l’externe (médias sociaux, blog). Des
commentaires peuvent y être ajoutés.
:
automatique ou humaine. Si des outils permettent de faire de
la curation de contenu de manière automatisée, à partir de
requêtes de recherche et de filtres prédéfinis personnalisables,
(mise en page
pour renforcer la lisibilité et la pertinence des contenus). On
peut également distinguer la curation continue (travail
thématique au long cours) de la curation ponctuelle (liée à un
projet limité dans le temps).
Curateurs et veilleurs opèrent de la même manière pour le
choix des sources, de l’information et de son mode de diffusion
de contenu pour un public visé. Ils utilisent les mêmes outils de
collecte et disposent d’un accès à une plate-forme dédiée pour
diffuser leurs résultats. Ils cherchent à fournir des informations
4. pertinentes et de qualité à leurs publics, présentés dans un
système d’archivage.
démontrer leur expertise en matière de recherche
appliquée et devenir une référence sur ce thème précis.
Cependant, plusieurs différences les spécifient.
un public différent
Le veilleur recherche les actualités et les tendances pour
permettre à une société ou un organisme d’adapter sa
stratégie, mais ne partage pas cette information en dehors
de l’entreprise. Le curateur recherche de nombreuses
informations, les trie et diffuse pour un public s’intéressant à
l’entreprise ou à un sujet donné.
des objectifs distincts
La veille cherche à augmenter la culture générale pour mieux
diriger la stratégie, à répondre à des besoins identifiés pour
appuyer une prise de décision. Le curateur a pour but de
rediffuser un contenu de la meilleure façon à un public précis,
en fonction de son besoin personnel d’information et avec sa
propre vision, afin de travailler son e-réputation*.
une expertise basée sur une méthodologie ou une
thématique
5. L’expertise d’un veilleur repose sur sa méthodologie. Il doit
pouvoir faire remonter l’information quel que soit le sujet et les
demandes des commanditaires. Il sélectionne des sources
d’information en fonction de critères précis (qualification des
auteurs, expertise et autorité de la source…). L’expertise du
curateur repose sur une thématique précise où la
méthodologie importe peu puisqu’il se base sur ses propres
critères.
des résultats objectifs ou subjectifs
La veille répond au besoin de collecter des informations sur des
problématiques précises pour des commanditaires. Le veilleur
doit faire preuve d’objectivité pour relater les résultats et n’a pas
le choix des informations à mettre en avant. La curation répond
à une attente personnelle : accroître ses connaissances et/ou
sa visibilité. Les résultats sont donc subjectifs.
Malgré ses différences pratiques avec la veille, la curation doit
s’intégrer dans un processus de gestion de l’information.
Face à l’infobésité et à la difficulté de trouver une information
pertinente rapidement sur Internet, la curation représente une
alternative intéressante. Elle a notamment l’avantage de :
donner une plus grande visibilité et une meilleure
lisibilité à des contenus (textes, documents, vidéos,
images, sons…) parfois ignorés des moteurs de recherche
mettre en place des filtres humains avec un domaine
d’expertise
rationnaliser le temps de recherche pour les
utilisateurs puisque les contenus sont triés et organisés
par thématique, donc les résultats correspondent à la
recherche exacte.
6. d’alimenter rapidement et sans frais un site sans produire
soi-même de contenu
de développer un réseau de pairs
d’étendre son rayon d’action : sujets, tendances, acteurs
de montrer son expertise (e-réputation)
et au site de curation :
d’obtenir un meilleur référencement par les moteurs de
recherche du fait du grand nombre de liens présents
La pratique de la curation nécessite cependant de
l’organisation, de la méthode, et une bonne connaissance des
outils. Elle a créé la polémique puisqu’elle consiste à prendre
des contenus à un endroit pour les redistribuer à un autre,
quasiment sans valeur ajoutée, constituant ainsi une violation
du droit d’auteur.
la dérive techniciste consistant à automatiser la pratique
l’amplification de la redondance
l’augmentation de la visibilité des curateurs au détriment
de celle des auteurs puisque les liens renvoient vers la
plateforme et non vers l’article original