1. 18 E
JOURNEE DE RENCONTRE DE L'OBSERVATOIRE TECHNOLOGIQUE
Vers des données publiques ouvertes
La 18è
Journée de rencontre de l’Observatoire technologique organisée le 21 novembre 2008 était consacrée à l'ouverture des données publiques.
Plus de 250 personnes ont assisté à la manifestation et ont pu découvrir les opportunités et les défis liés à cette problématique.
La société de l’information dans laquelle
nous sommes entrés depuis plus de dix
ans a profondément modifié notre façon
d'appréhender le monde, que ce soit au
niveau de l’accessibilité facilitée à
l’information, des interactions amenées par
les réseaux sociaux ou de la découverte
facilitée des nouveaux usages.
Le Web permet un accès gratuit à un
nombre croissant de données statistiques,
géographiques ou scientifiques. Il nous
ouvre les portes d’une médiathèque
planétaire regroupant livres, articles de
presse, publications académiques ou
contenus multimédias. Son accessibilité et
son ouverture sont à la base d’une grande
partie de la connaissance disponible en
ligne.
L’accès aux informations et aux données
produites par le secteur public joue un rôle
important dans ce contexte. Il restitue le
bénéfice d’usage aux citoyens et aux
entreprises qui en ont financé la récolte et
le traitement. Dans la mesure où une telle
démarche est correctement cadrée, elle
favorise la création de services innovants
et facilite l’accès à la connaissance et aux
nouvelles manières de l’acquérir. Elle
contribue ainsi à l'élaboration des
systèmes d'information sociétaux de
demain.
Le chemin est encore long et les défis sont
nombreux. Mais plusieurs réalisations
concrètes laissent entrevoir les réelles
opportunités offertes dans des domaines
variés. Quelques unes ont été présentées
à l'occasion de cette 18è
Journée de
rencontre et ont permis à -
Davantage d’informations sur ot.geneve.ch
lors de cette Journée de rencontre et ont
permis à l'auditoire de découvrir les divers
points de vue amenés par les orateurs.
Michel Briand est élu municipal de la
ville de Brest, où il est en charge de
l’Internet et du Multimédia. Il assure
également la vice présidence de Brest
Métropole pour les domaines de
l’Économie sociale et solidaire et de
l’Aménagement numérique du territoire.
Steeve Ebener travaille à l’OMS où il est
responsable de plusieurs projets liés à
l’acquisition, la gestion, la modélisation et
l’analyse des dimensions géographiques
et temporelles de l’information sanitaire.
Jean-Frédéric Jauslin est directeur de
l'Office fédéral de la culture. En tant
qu'ancien responsable de la Bibliothèque
nationale suisse, il est particulièrement
sensible à l'ouverture et à la pérennité des
contenus publics.
Jens Vigen est responsable de la
bibliothèque du CERN. Il s’est
considérablement impliqué dans le
développement du service d’information
scientifique du CERN, collaborant souvent
avec de nombreux partenaires
commerciaux.
Robert Monin, secrétaire général du
Département des constructions et des
technologies de l'information ainsi que
Jean-Marie Leclerc, directeur général du
Centre des technologies de l’information
se sont également exprimés sur les enjeux
liés à l'ouverture des données publiques.
UN OBSERVATOIRE TECHNOLOGIQUE,
POUR QUOI FAIRE ?
L’Observatoire technologique (OT) a pour
principal mandat d'aider l'administration et
les entités genevoises à intégrer une
vision sociétale dans leurs réflexions liées
aux technologies de l'information et de la
communication.
Cela passe par une veille stratégique et
technologique, à l’intersection de la
recherche, des technologies de pointe et
de la société. De larges domaines sont
ainsi explorés, au-delà des seules
questions technologiques et tout en
replaçant l’individu et la société au centre
de la réflexion. C’est dans cette
perspective que l’OT a élaboré en 2002 le
« référentiel e-Société ».
Dans le cadre des mandats ou des
groupes de travail initiés avec ses
partenaires, l’OT a mené ses réflexions
en veillant à toujours suivre une
démarche académique basée sur un
travail de recherche approfondi.
Une conception sociétale des
technologies de l'information et de la
communication doit privilégier les
échanges pluridisciplinaires. Les
membres de l'OT veillent ainsi à cultiver
un réseau de contacts dans des
domaines variés, hors de leur champ de
compétence, tels que la sociologie, le
droit, l'éthique ou la pédagogie. La
confrontation de ces visions plurielles
enrichit le débat et permet d'éviter l'écueil
d'une approche techno-centrique.
Novembre 2008 Département des constructions et des technologies de l'information
Image: StockXpert
2. LES INTERVENTIONS EN BREF
Qu'ils aient abordé la création collaborative de contenus locaux, le partage de données géographiques, la publication académique, l'accès à la culture
ou la co-production de services à destination des citoyens et des entreprises, les orateurs de cette 18è
Journée de rencontre se sont accordés sur le
fait que l'ouverture des données et des informations publiques doit impérativement se traduire par un véritable bénéfice sociétal. Les interventions
brièvement résumées ci-dessous illustrent certaines pistes à suivre pour y parvenir ainsi que les défis qui nous attendent.
Rédaction: Patrick Genoud – Observatoire technologique – Tél: +41 (22) 388 13 50 – Fax: +41 (22) 388 13 57 – E-mail: ot@etat.ge.ch - Site Web: http://ot.geneve.ch
Centre des technologies de l'information – Département des constructions et des technologies de l'information – République et canton de Genève
Michel Briand
Élu municipal de la ville de Brest, en charge de l’Internet et du
Multimédia.
Michel Briand évoque la politique d'ouverture et de partage des contenus
publics lancée par la ville de Brest. En s’appuyant sur une mise en réseau
des acteurs locaux et en leur proposant les outils favorisant la
collaboration et la co-création, la ville a lancé plusieurs projets dont le but
est notamment de "donner à voir ce que font les gens" (Écrits publics) et
de "donner à voir et raconter le territoire" (Multimédia au pays de Brest).
En toile de fond de la démarche, la volonté de tisser le lien social local est
clairement affichée.
Dans un souci de cohérence la ville de Brest a lancé une centaine de
PAPI, des points d’accès publics à Internet qui proposent un accès
accompagné aux technologies du Web. Elle publie également ses
contenus sous licence Creative Commons.
Robert Monin
Secrétaire Général du Département des constructions et des
technologies de l’information de la République et Canton de Genève
Robert Monin souligne l’importance que jouent des espaces de réflexion
tels que cette Journée de rencontre qui permet de prendre du recul par
rapport aux technologies et contribue à éviter de se retrouver comme trop
souvent dans un mode réactif.
La société de l’information est une réalité que l’administration genevoise
doit intégrer dans ses modes de fonctionnement. Et la gestion du
changement constitue de ce fait un des défis majeurs auquel elle doit
s’atteler.
Robert Monin rappelle également que ce changement de paradigme
implique de replacer au cœur de la dynamique des axes forts tels que
l’ouverture vers le citoyen et les entreprises ou la nécessité de considérer
l’information comme une ressource stratégique.
Jens Vigen
Directeur de la bibliothèque du CERN
Jens Vigen rappelle qu’au CERN le libre accès est avant tout le résultat
de l’esprit visionnaire des fondateurs de l’institution en 1953. L’ouverture a
ainsi été la clef de voûte de succès essentiels du CERN tels que le World
Wide Web, le GRID ou le libre accès aux publications scientifiques.
De manière générale, ce dernier domaine entame actuellement une
mutation vers une plus grande ouverture. A l’heure des réseaux et des
contenus numériques il est grand temps de repenser le mode de
publication des recherches académiques qui constituent un véritable
patrimoine sociétal.
Jens Vigen affirme qu’en consacrant 2% des budgets de recherche à la
publication ouverte et en transposant le modèle Open Access en vigueur
au CERN vers toutes les disciplines académiques, on pourrait garantir un
libre accès planétaire a cette masse de connaissances.
Steeve Ebener
Responsable de projet à l'OMS
Jean-Marie Leclerc
Directeur général du Centre des technologies
de l'information de la République et canton de Genève
Les données et les informations gérées par les administrations publiques
constituent selon Jean-Marie Leclerc la ressource autour de laquelle nous
construisons les services à l’usage des citoyens et des entreprises.
Beaucoup de ces services restent cependant à inventer, bien souvent
dans une démarche de co-création et de co-production qui ne peut
prendre toute sa valeur que dans la mesure où l’on a su ouvrir et partager
cette ressource, tout en garantissant sa qualité et sa pérennité.
Jean-Marie Leclerc affirme que données et informations constituent la
matière première des systèmes d’information sociétaux de demain. Il
insiste sur la nécessité d’aborder ces systèmes en gestation sous leurs
multiples facettes de manière à en garantir un développement riche et
durable.
Jean-Frédéric Jauslin
Directeur de l’Office fédéral de la culture
Jean-Frédéric Jauslin insiste sur la nécessité d’aborder les
problématiques actuelles dans une approche pluridisciplinaire où la culture
a naturellement sa place.
L’ouverture des données culturelles est selon lui intimement liée aux
enjeux mêmes de la politique culturelle en Suisse. Elle doit notamment
permettre une meilleure valorisation de la créativité culturelle et, plus
largement, favoriser l’accès à la culture.
Jean-Frédéric Jauslin affirme que le traitement de l’information numérique
constitue un élément essentiel de la vie de notre pays, ce dont le monde
politique devrait être beaucoup plus conscient. Plus spécifiquement il
estime, en évoquant la préservation des données culturelles, qu'il est
impératif de lancer en Suisse une réflexion approfondie sur la
Mémopolitique ("la mémoire du pays" ).
Steeve Ebener est convaincu que l’ouverture des données
(géographiques) publiques peut se traduire par un véritable bénéfice
sociétal, que ce soit en permettant une meilleure prise de conscience de
notre environnement et du lien physique qui nous unit tous, en participant
à la transparence des institutions, en améliorant la réutilisabilité de ces
données ou en favorisant l’innovation.
Selon lui, la route vers des données publiques ouvertes est encore longue
avant d’aboutir à une solution globale prenant en compte des
problématiques aussi variées que la qualité et la validation de ces
données, le respect et la reconnaissance des mandats des institutions
étatiques, le droit du public à avoir un libre accès à des données qu’il a
financées ou la capacité grandissante de ce public à récolter ses propres
données.