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LA G E S T I O N D E L A T R E S O R E R I E




                      .
SOMMAIRE

Introduction..............................................................................................................1
1. La fonction de trésorerie......................................................................................2
1.1. L'enjeu de la fonction de trésorerie..............................................................................2
1.2. Le rôle de la fonction trésorerie ...................................................................................2
1.3. La place de la fonction de trésorerie.............................................................................4
2. La gestion de la trésorerie : domaines d'intervention et actions.......................5
2.1. L'élaboration des prévisions de trésorerie...................................................................5
   2.1.1. La prévision à court terme : le budget de trésorerie.............................................................6
      2.1.1.1. La méthode des encaissements-décaissements .............................................................6
      2.1.1.2. La méthode des bilans ou des délais d'écoulement........................................................6
   2.1.2. La prévision à très court terme : le plan de trésorerie au jour le jour en date de valeur........7
2.2. La maîtrise et le contrôle des instruments et des délais de paiement.......................9
2.3. Les relations avec les banques et les conditions bancaires ......................................10
   2.3.1. Les relations avec les banques.............................................................................................10
      2.3.1.1. Combien de banques? ................................................................................................11
      2.3.1.2. Quelles banques? ........................................................................................................11
      2.3.1.3. Comment utiliser les banques choisies? .....................................................................12
   2.3.2. Les conditions bancaires......................................................................................................13
      2.3.2.1. Le taux d'intérêt............................................................................................................13
      2.3.2.2. Les commissions fixes.................................................................................................14
      2.3.2.3. Les jours de valeur et les jours de banque..................................................................15
   2.3.3. La négociation et le contrôle des conditions bancaires........................................................16
      2.3.3.1. Le compte d'exploitation banque-entreprise................................................................17
      2.3.3.2. Le contrôle de la bonne application des conditions de banque négociées...................17
2.4. Les décisions de gestion au jour le jour.....................................................................18
    2.4.1. L'aiguillage des opérations par banque...............................................................................18
   2.4.2. Le rôle de la banque fictive dans l'équilibrage....................................................................18
   2.4.3. Les virements interbancaires..............................................................................................19
   2.4.4. L'utilisation des crédits et le placement des surplus............................................................19
2.5. La gestion des risques financiers ................................................................................21
3. Le contrôle des performances dans la gestion de la trésorerie .......................23
3.1. Les outils de mesure des performances......................................................................23
   3.1.1. Le coût de déséquilibre .......................................................................................................23
      3.1.1.1. Le coût de déséquilibre par rapport à zéro ..................................................................23
      3.1.1.2. Le coût de déséquilibre interbancaire..........................................................................25
      3.1.1.3. Conclusion...................................................................................................................26
   3.1.2. L'optimisation a posteriori...................................................................................................26
   3.1.3. La mesure de la qualité d'aiguillage des opérations entre banques......................................27
   3.1.4. Les indices...........................................................................................................................28
3.2. L'interprétation des mesures de performance.........................................................29
          3.2.1. L'interprétation du coût de déséquilibre...............................................................................29
          3.2.2. L'interprétation des indices..................................................................................................29

    Conclusion..............................................................................................................31
- Conditions de banque standard
- Modèles : Indice de gestion, Outil de mesure des performances
Introduction


La gestion de la trésorerie regroupe l'ensemble des décisions, des règles et des procé-
dures qui permettent d'assurer au moindre coût le maintien de l'équilibre financier ins-
tantané de l'entreprise. Sous-ensemble de la gestion financière, elle en est une des
composantes principales : de la survie à court terme dépend la possibilité pour
l'entreprise de faire aboutir les options stratégiques sur le plan industriel et commercial,
et de répondre ainsi aux objectifs qu'elle s'est fixés.
     A l'équilibre traditionnel des flux, la fonction de la trésorerie doit aujourd'hui
intégrer la gestion dynamique des risques qu'induit l'aléa croissant des marchés sans
laquelle il ne peut y avoir de véritable maîtrise de la politique financière. Cette
dimension récente de la fonction de la trésorerie introduit une évolution de son activité
et des rapports qu'elle entretient avec les différents acteurs internes ou externes à
l'entreprise.
     La diffusion des connaissances, de nouveaux produits financiers, une simplicité et
une sécurité accrue des outils de traitement et de communication participent de façon
évidente au développement d'une fonction qui n'est plus aujourd'hui l'apanage des
seules grandes entreprises.
1. La fonction de trésorerie
Seront successivement examinés l'enjeu, le rôle et la place de la fonction de trésorerie
dans la gestion financière.

1.1. L'enjeu de la fonction de trésorerie
La gestion de la trésorerie a connu depuis le début des années 1970 un très fort dé-
veloppement1. Les chefs d'entreprise ont en effet pris conscience de l'enjeu financier qui
s'attachait à une meilleure gestion à court terme d'une composante parfois importante de
leur prix de revient et donc de leur marge : les flux et les actifs financiers. Le poids
relatif du résultat financier dans la formation de la marge dégagée par l'exploitation a
été amplifié du fait :
      - de la forte montée des taux d'intérêt, nominaux tout d'abord, consécutive à la
poussée de l'inflation, réels ensuite, consécutive à la réforme des marchés financiers et à
leur internationalisation;
      - d'un niveau d'endettement important amplifiant l'effet taux par l'effet volume;
      - du ralentissement de la croissance de l'activité induisant :
        • une chute du taux de profitabilité et un risque élevé de transformation d'un effet
           de levier anticipé en un effet de massue certain,
        • dans certains cas, une chute du taux d'investissement et l'accumulation
           d'excédents de trésorerie;
      - de la réforme des marchés (en particulier le décloisonnement des marchés du très
court terme au très long terme) et du développement d'opérations à taux d'intérêt
variables et à taux de change flexibles, ajoutant à l'aléa sur la rentabilité économique un
aléa sur le coût des ressources.
Ainsi, l'augmentation du coût relatif des dettes et celle du poids des frais financiers
cumulés à celle du risque financier ont entraîné celle de l'enjeu financier. Les entre-
prises ont dès lors développé des instruments spécialisés dans la gestion de leur résultat
financier en particulier dans la recherche d'une optimisation de leur gestion de tréso-
rerie, source de gains de compétitivité dans une économie concurrentielle ouverte sur le
plan international. Par ailleurs, confrontées à un environnement devenu instable, les
entreprises tirent profit des nombreux instruments développés par les marchés pour la
gestion des risques sur les actifs et les passifs financiers.



1.2. Le rôle de la fonction trésorerie
La mission principale de la gestion de la trésorerie est d'éviter la rupture d'encaisse par
l'ajustement quotidien des flux financiers. Par la gestion de l'encaisse et celle des
instruments de paiements et de financement, la gestion de trésorerie concourt aussi à
l'objectif de rentabilité en minimisant, d’une part, le coût et le volume des financements
utilisés, en optimisant, d'autre part, le placement des excédents de trésorerie à très court
terme. Elle participe, enfin, à la gestion des risques financiers par la mise en oeuvre
1 Voir également dans cette Encyclopédie l'article de B. Marois, “ Trésorerie internationale ”,p.000, tome 3.
d'instruments de couverture ou de spéculation dans les domaines où la volatilité du
marché s'est fortement accélérée, en particulier pour ce qui concerne les taux d'intérêt et
les parités monétaires.
     Pour assurer les missions qui lui sont assignées, et compte tenu de la situation cen-
trale qu'occupe son service dans l'entreprise comme lieu de convergence de tous les
flux, le trésorier doit savoir :
     - sensibiliser l'ensemble des gestionnaires à “ l'effet trésorerie ” attaché à toute
décision de gestion ;
     - susciter et participer à la mise en place de procédures permettant d'accélérer la
circulation de l'information comptable et financière ;
     - anticiper et évaluer les enjeux et les risques que peuvent induire certains choix ou
comportements en matière de politique financière ou commerciale ;
     - faire des banquiers des partenaires de la gestion de la trésorerie dans un rapport
client/fournisseur ;
     - déterminer, en accord avec la direction générale, les degrés de liberté dans les
opérations de gestion et la politique de couverture du risque financier à gérer.
La fonction de trésorerie couvre deux types de responsabilité :
                     celles liées à l’organisation propre de l’entreprise pour gérer
                     l’ensemble des flux et soldes de trésorerie et l’ensemble des risques
                     financiers (liquidités, taux , change, contrepartie…)
                     l’interface entre l’entreprise et ses partenaires financiers au premier
                     rang son banquier avec une triple optique :
                             gestion des flux
                             gestion des financements
                             gestion des placements
                             plus les opérations de couverture
Le trésorier est détenteur d'un pouvoir de décision et d'ordonnancement qui n'est pas
sans risques réels pour l'entreprise2. Un audit périodique spécialisé doit être assuré pour
analyser :
     - les risques d'erreur, de jugement, d'interprétation...,
     - les risques de non-respect des règles ou procédures mises en place ou de “
sauvegarde ” de l'honorabilité du poste,
      - les risques de malversation.




2 Voir à ce sujet l'article de J. Pillet, “Les risques et le trésorier ”, Revue Echanges (2ème trimestre 1991) p. 47 à 50.
1.3. La place de la fonction de trésorerie
Traitant d'informations prévisionnelles et donc le plus souvent approximatives, la
gestion de la trésorerie doit être détachée de la comptabilité, dès que l'enjeu financier
justifie la mise en place d'un service à part entière. Les exigences ne sont pas les mêmes
: si le comptable doit s'attacher à la rigueur des opérations passées, la dimension
prospective est essentielle chez le trésorier où l'estimation d'une position, bien
qu'approximative, importe plus que la précision du chiffre.
     Nécessitant une formation de plus en plus poussée dans les différents comparti-
ments de la fonction (trésorerie en francs, en devises, relations bancaires et marchés fi-
nanciers), la gestion de la trésorerie est par ailleurs de plus en plus l'affaire de spécia-
listes.
     Disposant d'outils diversifiés et mieux adaptés à ses besoins, accédant en temps
réel aux données du marché financier, jouissant d'une autonomie accrue au sein de la
fonction financière, la tentation devient parfois grande de transformer la fonction de
trésorerie en centre de profit, celle-ci devenant ainsi génératrice de risques spécifiques.
Si la fonction de trésorerie est bien un centre de décisions, elle demeure un centre de
coûts au service de la politique industrielle et commerciale. Il n'appartient pas au
service de trésorerie d'ajouter au risque industriel et commercial, inhérent à la finalité
de toute organisation économique, un risque financier que l'on doit à l'inverse chercher
avant toutes choses à réduire au moindre coût.
     Par ailleurs, le développement depuis 1974 de la micro-informatique et de logiciels
spécialisés dans la gestion de la trésorerie3, cumulé aux progrès importants en matière
de télétransmission et de standardisation dans la codification des opérations financières4
permet :
     - d'étendre la fonction de trésorerie à des unités de taille réduite sans coût excessif ;

     - de faciliter la gestion centralisée de trésorerie de groupes de sociétés ;
     - de dégager le trésorier de tâches administratives de suivi et de contrôle au profit
d'une gestion plus dynamique et opérationnelle sur les marchés financiers.
Enfin, une centralisation de la gestion de trésorerie peut s'imposer au sein d'un groupe
pour faire contrepoids à une structure décisionnaire très décentralisée et pour assurer
une harmonisation des conditions bancaires, une fluidité des capitaux et une réduction
de l'endettement global du groupe. La constitution de pôles intermédiaires de gestion
peut être retenue pour des entreprises présentes sur plusieurs métiers et soucieuses de
laisser à chacun son autonomie. La gestion de trésorerie groupe est autorisée par la loi
bancaire du 24 janvier 1984 et nécessite des conventions de pool de trésorerie ou des
conventions d'omnium5 approuvées par le conseil d’administration.


3 Parmi les principaux produits sur le marché du logiciel de gestion de la trésorerie, citons ceux de Cerg-Finance,
Concept-Audival, Sybel, Progifinance (SOFI) et Optifinances. Certaines banques proposent leur “ produit maison”.
4 Voir la norme ETBAC 5 introduite par le système bancaire pour la télétransmission de l'information en vue d'en
assurer une parfaite sécurité (authentification des correspondants, intégrité et confidentialité des données, non-
répudiation des messages).
2. La gestion de la trésorerie : domaines d'intervention et actions
Les actions de la gestion de la trésorerie s'inscrivent dans un ensemble de procédures et
de règles définies par les responsables de la direction financière délimitant leurs marges
de manoeuvre.
L'examen de la relation classique

Trésorerie = fonds de roulement - besoin en financement d'exploitation

met clairement en évidence le concept de trésorerie.
Celui-ci traduit en termes monétaires les conséquences des décisions prises au niveau
des différents cycles d'investissements d'opérations financières à moyen et long terme et
d'exploitation. Par convention, le rôle du trésorier est assimilé à celui de gestionnaire de
l'ensemble des flux financiers. Son domaine d'intervention est délimité par la politique
financière à long terme et le niveau du besoin en financement d'exploitation.
     La nature, le volume et la durée des ressources à moyen et long terme dépendent,
d’une part, des opérations d'investissement mises en oeuvre et de leur rentabilité, d'autre
part, du niveau souhaité en fonds de roulement. La quantité de ressources stables
affectée au financement du cycle d'exploitation est déterminée à la fois par le niveau, la
durée et la variabilité du besoin en financement d'exploitation et par un arbitrage entre
le maintien de l'équilibre financier et la recherche d'une économie de moyens financiers.
Le choix d'un niveau en fonds de roulement souligne ainsi le souci de respecter un
objectif de sécurité et n'est donc pas sans influence sur le niveau plus ou moins liquide
de la trésorerie et, a contrario, sur celui des ressources bancaires à court terme à mettre
en oeuvre.
     Le niveau du besoin en financement d'exploitation est fonction de la durée du cycle
d'exploitation, de la structure du coût d'exploitation, du volume d'activité et de la
politique de crédit (client et fournisseur).
     La situation de trésorerie, sans pour autant être figée, est donc largement détermi-
née par un ensemble de contraintes situées en amont de la fonction de trésorerie. Dans
ce cadre, les cinq principales fonctions à assurer sont l'élaboration des prévisions de
trésorerie, la maîtrise et le contrôle des instruments et des délais de paiement, les
relations avec les banques, les décisions de gestion au jour le jour et la gestion des
risques financiers.

2.1. L'élaboration des prévisions de trésorerie
Les prévisions doivent être réalisées pour un horizon à court terme et un horizon à très
court terme.



5 Dans le cas d’une convention de pool, l'initiative juridique du transfert des fonds reste du ressort de la société
émettrice du virement. La convention d'omnium permet de mettre en commun les disponibilités financières dans le
cadre d'un mandat écrit des filiales pour l'encaissement des créances et le règlement des dettes.
2.1.1. La prévision à court terme : le budget de trésorerie
La première étape dans la prévision de trésorerie concerne l'anticipation de l'évolution
des soldes de trésorerie, de façon à prévenir les risques de rupture d'encaisse et à
négocier en temps opportun les lignes de crédit nécessaires (en nature, en montant et en
durée) à la couverture de l'impasse financière. Elle nécessite la mise en place d'outils de
traitement de données d'autant plus pointus que l'horizon de la prévision est court.
      Etabli sur l'horizon de la gestion budgétaire (6 à 18 mois), sur la base d'un pas
prévisionnel mensuel et de dates d'opérations comptables, le budget de trésorerie doit
être réactualisé sur des périodes d'autant plus courtes que l'aléa qui s'attache à l'activité
est élevé.
      La maîtrise des risques de déséquilibre suppose une analyse de sensibilité de
l'évolution des soldes dans différentes hypothèses d'activité. L'utilisation de la micro-
informatique et de progiciels spécialisés dans le traitement des données (type tableur)
facilite la simulation de budgets de trésorerie ainsi qu'une actualisation plus rapide; elle
induit un effort de formalisation notamment dans le traitement des variables selon le
type de relations qui peuvent exister :
         - relations mécaniques (passage du hors taxes au toutes taxes comprises, calcul
des charges sociales, des droits de douane...) ;
         - relations statistiques (délais de règlement clients et fournisseurs).
Deux méthodes sont principalement utilisées : celle des encaissements-décaissements,
d’une part, celle des bilans ou délais d ‘écoulement, d’autre part.
2.1.1.1. La méthode des encaissements-décaissements
De loin la plus utilisée, cette méthode autorise plus aisément le passage entre les dif-
férents niveaux de prévision et le rapprochement entre les prévisions et les réalisations.
     Eclatant les flux selon leur nature (charges/produits) et leur objet (exploitation, ré-
partition, financier, investissement), elle est plus familière aux opérateurs de formation
comptable. Elle est enfin plus précise car elle s’appuie sur une démarche budgétaire et
analytique. Elle nécessite un outillage spécifique d'autant plus coûteux que la masse
d'informations à traiter est importante.
2.1.1.2. La méthode des bilans ou des délais d'écoulement
En l'absence de procédures budgétaires suffisamment précises ou mises en oeuvre dans
les délais compatibles avec la contrainte d'anticipation des risques de déséquilibre, une
approximation de l'évolution des soldes prévisionnels peut être obtenue sur la base
d'une approche synthétique de la trésorerie selon la relation :
          ∆ Trésorerie = ∆ fonds de roulement - ∆ besoin en financement d'exploitation
L'évaluation des variations du besoin en financement d'exploitation est calculée à partir
de la détermination des délais d'écoulement moyen des principales composantes de
l'actif et des dettes à court terme d'exploitation (stocks, clients, fournisseurs), établis à
partir d'une analyse statistique des ratios de rotation observés sur les derniers mois
écoulés.
      L'évaluation des variations du fonds de roulement est établie à partir du calcul de la
marge brute d'autofinancement mensuelle complétée des quelques mouvements sur les
opérations financières (apports et remboursements) et d'investissement (acquisitions et
cessions).
     De conception simple, cette approche synthétique permet d'introduire la démarche
de la prévision de la trésorerie dans des organisations démunies de procédures
complètes sur le plan de la démarche budgétaire. Elle est en particulier recommandée
dans le cas d'entreprises soumises à de très forts risques de rupture d'encaisse, dans
lesquelles l'information comptable, souvent déficiente, ne permet pas la mise en oeuvre
d'une approche encaissements-décaissements dans des délais suffisamment courts. Cette
méthode est également adaptée aux entreprises de grande taille pour lesquelles
l'évaluation d'agrégats est plus facile que celle de chacun des flux pris isolément. Elle
est en revanche contre-indiquée dans le cas d'entreprises soumises à de fortes variations
saisonnières d'activité pour lesquelles il apparaît difficile de calculer des statistiques
intégrant les fluctuations des volumes de ventes et d'achats et celles des délais de
paiement.

2.1.2. La prévision à très court terme : le plan de trésorerie au jour le jour en date de
      valeur
La seconde étape dans la prévision de trésorerie concerne l'anticipation du risque de
déséquilibre banque par banque, de façon à assurer par des règles d'équilibrage
l'optimisation de la gestion de la trésorerie au jour le jour.
      Eclatée par société (dans le cas d'une trésorerie de groupe), la prévision est établie
sur un horizon de 1 à 3 mois 6. Le plan de trésorerie positionne les flux financiers selon
leur date de valeur, à l'intérieur d'un échéancier divisé en pas quotidiens pour le premier
mois, et en décades pour les mois suivants. A l'intérieur de chaque échéancier,
l'information est structurée en encaissements - décaissements en privilégiant pour
chaque type de recettes et de dépenses un classement par nature des instruments de
paiement utilisés (chèques, effets, virements...).
      L'objectif du plan étant de prendre une décision de couverture ou de placement au
vu des soldes prévisionnels, son élaboration doit être faite avant tout recours à de
nouveaux financements (escomptes de traites, obligations cautionnées...) et placements
(SICAV, fonds communs de placement...).
      Les sources d'information utilisées sont d'ordre comptable : facturation et comptes
clients, comptabilité fournisseurs, comptes créditeurs et débiteurs, comptes de
banques. Gestionnaire du futur et non pas garant du passé, le trésorier est tributaire des
délais dans la production de l'information comptable pour réagir rapidement à un
événement nouveau. La mise en place d'une comptabilité des engagements avant
comptabilisation certaine permet de pallier les délais parfois excessifs de
l'enregistrement comptable contraint par la précision des chiffres.
      Les sources d'information ont aussi une origine extra-comptable : le budget de tré-
sorerie pour les événements certains ou à effets immédiats sur la trésorerie (absence de
délais entre la réalisation de l'événement et sa conséquence en trésorerie), les données et
les engagements financiers (échéanciers d'emprunts, frais financiers, tombées de
6 La durée à retenir est inversement proportionnelle à l'aléa, quant au montant, des données prévisionnelles et doit
être compatible avec la durée des financements disponibles.
billets...), les données du service de personnel (paie et charges sociales), les prévisions
de chiffre d'affaires estimé par les services commerciaux, les données d'origine bancaire
(virements à recevoir, retour d'impayés...) ainsi que l'ensemble des conditions de
banque (taux d'intérêt, commissions, jours de valeur...).
     La fiabilité de l'information collectée et la rapidité avec laquelle elle est communi-
quée sont déterminantes pour obtenir une position de trésorerie la plus proche de la
réalité et opérer ainsi la meilleure décision de couverture (ou de placement) relative aux
soldes considérés.
     A l'exception du cas particulier des virements reçus (totalement imprévisibles) et
du fait de l'horizon très court du plan de trésorerie, les flux introduits sont composés
pour l'essentiel de données certaines quant au montant (événements connus) 7. L'aléa le
plus important concerne donc la date d'opération à laquelle interviendra le crédit ou le
débit en compte des flux projetés. Deux méthodes différentes permettent de maîtriser
cet aléa selon qu’il s’agit de maîtriser un volume important de règlements de faible
montant ou de suivre un petit nombre de gros montants.
     - Utilisation des propriétés de la loi des grands nombres pour le traitement d'un
volume important de règlements de faible montant. Le traitement statistique des délais
constatés entre la date d'échéance (ou la date d'envoi pour les chèques) et la date de
présentation en banque par les tiers des effets et des chèques émis permet d'établir des
lois de présentation (ou lois de débit) exprimées en nombre de jours ouvrés par support
de paiement. Il est souhaitable d'élaborer plusieurs lois statistiques et de s'efforcer de ré-
duire le nombre des échéances (ou de jours d'émission de chèques) à l'intérieur d'un
mois compte tenu des différences de comportement selon :
        • la catégorie de tiers : fournisseurs, salariés..., et pour chacune des catégories
           entre les grandes et les petites entreprises (à supposer que la taille soit un
           facteur clé de la qualité des procédures de recouvrement) ;
        • la date d'échéance dans le mois.
     Outre les règles de prudence qui s'imposent dans la construction de toute loi statis-
tique (sensibilité aux modifications d’échantillonnage, stabilité dans le temps...), leur
mise en oeuvre implique une actualisation périodique en fonction des écarts observés
entre les réalisations et les prévisions de façon à tenir compte des changements de
comportement et à affiner la prévision.
      - Suivi individuel des délais pour les montants importants. Des statistiques au cas
par cas doivent être élaborées dans le cadre de relations permanentes et récurrentes (tel
est le cas en particulier pour l'URSSAF et le Trésor). L'utilisation de critères statistiques
(critère de Savage ou du minimax-regret) permet d'obtenir le pari optimal pour le
positionnement d'un gros chèque8. Un suivi précis au cas par cas permet d'ajuster im-
médiatement la position de trésorerie en valeur.
Une actualisation du plan de trésorerie doit intervenir chaque mois pour effectuer un
recalage du solde en valeur sur le solde réel compte tenu, en particulier, des impayés
dont le montant n'est connu que longtemps après l'échéance.

7 Le degré d'aléa attaché au montant étant inversement proportionnel à la durée du crédit inter-entreprise.
8 Voir à ce sujet l'ouvrage de J.P. Roumilhac, Trésorerie à court terme, Paris, Dalloz, 1992, p. 56-70.
2.2. La maîtrise et le contrôle des instruments et des délais de paiement
L'optimisation de la gestion de la trésorerie passe par la réduction des aléas qui
s'attachent aux flux financiers. Le degré d'aléa est fonction :
      - des choix effectués en matière de support de paiement et de monnaie de
facturation;
      - des risques d'illiquidité sur la détention d'actifs financiers.
Le trésorier doit donc intervenir dans la gestion du crédit client et du crédit fournisseur
en particulier dans le cadre :
      - de la politique des instruments de paiement : de celle-ci dépend la maîtrise
qu'aura le trésorier des dates d'encaissement et de décaissement. L'utilisation des billets
à ordre ou des traites doit être privilégiée, que cela soit pour le règlement des clients ou
le paiement des fournisseurs. Certes, le paiement par chèque permet de retarder le
décaissement par rapport à la date d'échéance consentie (délai d'acheminement postal et
de traitement des règlements chez le fournisseur9 ; mais, a contrario, ces délais non
maîtrisés par le trésorier, rendent plus difficile l'anticipation de l'évolution des soldes de
trésorerie au jour le jour; d'où un risque accru de déséquilibre. Une action préventive
dans le recouvrement des créances clients doit être effectuée pour accélérer la réception
des billets à ordre ou des traites envoyées à l'acceptation ;
      - de la politique de monnaie de facturation : la réduction du risque de change
implique dans tous les cas où cela est possible le choix d'une monnaie de facturation
unique (importation/exportation). Néanmoins, toute négociation commerciale constitue
un compromis entre différents paramètres (prix, délais, monnaie...); cet arbitrage doit
être intégré dans le cadre d'une anticipation globale de la position de change prévi-
sionnelle afin de maîtriser, en amont des politiques de couverture, l'augmentation du
coût du risque de change10;
      - de la politique de crédit client et de crédit fournisseur 11. Tout délai de paiement
implique un coût : coût du financement à mettre en place pour couvrir la créance client,
coût d'opportunité lié à l'escompte consenti par le fournisseur pour un règlement au
comptant. En outre, le choix d'une politique de crédit doit tenir compte de l'enveloppe
des crédits disponibles pour couvrir le financement de l'actif d'exploitation et/ou une
réduction du crédit fournisseur. Enfin, si l'augmentation des délais de paiement aux
fournisseurs permet de déplacer le risque de déséquilibre financier, celle des délais de
règlement consentis à la clientèle induit un risque ultérieur d'illiquidité. Le trésorier doit
dès lors intervenir dans le cadre d'une telle politique pour :
        • avertir des risques de défaillance des clients (constatation d'impayés, de retard
           dans les règlements...) ;
        • déclencher la facturation d'agios complémentaires pour paiement différé ;




9 Citons également la flexibilité qu'offre ce mode de paiement en cas de difficultés ponctuelles de trésorerie.
10 Voir également dans cette Encyclopédie l'article de C.A. Vailhen, “ Risque de change ”,p.000, tome 3.
11 Voir également dans cette Encyclopédie l'article de J.P. Jobard , “ Gestion financière à court terme ”, p.000, tome
2.
• amener une correction des prix de vente, évitant ainsi que la marge
          commerciale soit absorbée par l'augmentation des coûts financiers de refi-
          nancement ;
        • faire varier les conditions d'escompte pour règlement comptant client
          /fournisseur ;
        • ajuster ses lignes de crédit en cas de modification sensible des délais de
          paiement consentis par ses fournisseurs.

2.3. Les relations avec les banques et les conditions bancaires 12
Le trésorier doit savoir tirer le meilleur profit des banques et négocier au moindre coût
les services qu'elles rendent à l'entreprise.

2.3.1. Les relations avec les banques13
Le rôle des banques peut être résumé comme étant pour l'essentiel :
      - d'assurer les transactions financières courantes (la manipulation des instruments
de paiement dans les transactions interentreprises);
      - d'apporter les concours nécessaires au financement des besoins nés du cycle
d'exploitation;
      - d'informer l'entreprise sur l'évolution de son environnement économico-financier
(risque de taux, risque de change, risque client et risque pays).
La relation banque/entreprise connaît une très forte évolution. D'une part, une
connaissance plus précise du coût des opérations financières et l'impératif de rentabilité
que renforcent les contraintes du ratio Cooke obligent les banques à segmenter
davantage leur clientèle, à fermer les comptes non rentables et à facturer chaque
service. D'autre part, la banalisation de certains produits et les gains de productivité
réalisés par l'informatisation d'opérations administratives ont exacerbé la concurrence
entre banques, ce dont profitent les entreprises. Ainsi, les exigences des trésoriers en
matière d'accès et de rapidité dans le traitement de l'information financière ont contraint
les banques à un important effort d'investissement en matière d'équipement
informatique et de ressources humaines (outils de connectique bancaire, logiciels, salles
de marché...), source de différenciation dans la nature et la qualité des services offerts.
Enfin, les banques françaises ne sont plus à l'abri d'un risque de faillite; les trésoriers,
soumis à des règles strictes de sécurité, doivent y veiller dans le choix de leurs
partenaires financiers14. Dans tous les cas, s'inscrivant dans une relation
client/fournisseur, la relation bancaire impose une transparence réciproque dans
l'information nécessaire à la négociation : transparence des conditions bancaires et des
modes de facturation pour la banque, fourniture régulière d'indicateurs financiers pour
12 Voir sur ce sujet le rapport de l'AFTE, “ Lignes directrices concernant les relations banques-entreprises ”, mars
1994.
13 Voir à ce sujet le rapport au Conseil national du crédit sur “L'évaluation de la perception de l'offre bancaire par
les PME britanniques, allemandes et françaises ” réalisé par P. de Saint-Louvent, Cabinet Bossard Consultants.
14 Onze agences de notation, les plus influentes dans le monde selon le Financial Times, permettent d'assurer un
suivi régulier des risques signatures des banques : Moody's, Standard and Poor's, Fitch Investors Service, Canadian
Bond Rating Service, Thomson Bank Watch, Japanese Bond Rating Institute, Dominion Bond Rating Service, IBCA,
Duff and Phelps Credit Rating, Japanese Credit Rating Agency et Nippon Investor Service.
les entreprises leur permettant d'éviter des demandes de garantie supplémentaires et
d'obtenir des conditions de financement conformes à leur situation économique.
     Le nombre de banques avec lesquelles une entreprise effectue des opérations est
très souvent fonction de circonstances historiques n'obéissant pas toujours à des motifs
économiques ou financiers. Or le choix des partenaires financiers doit reposer sur les
trois questions suivantes : Combien de banques? Quelles banques? Comment utiliser
les banques choisies?
2.3.1.1. Combien de banques?
Le nombre doit être déterminé en fonction de trois impératifs :
     - l'impératif de simplicité administrative : le fractionnement des mouvements entre
un trop grand nombre de banques rend plus difficiles le suivi et le contrôle des
opérations bancaires et de l'application des conditions de banque ;
     - l'impératif de mise en concurrence : travailler avec plusieurs banques permet
d'obtenir le meilleur de chacune d'elles, aucune banque ne pouvant être assurée du
maintien en l'état d'une situation acquise; une mise en concurrence des banquiers de la
place permet d'abaisser les conditions bancaires au "mieux disant", partant du principe
que tout peut être négocié ;
     - l'impératif d'équilibrage de la trésorerie : l'utilisation de plusieurs comptes conduit
à un risque de déséquilibre interbancaire (sous-équilibre sur une banque, sur-équilibre
chez une autre) du fait, d’une part, de l'absence de compensation entre les erreurs de
prévision qui peuvent exister entre les mouvements à l'intérieur d'un même compte,
d'autre part, du coût et des délais qu'imposent les virements interbancaires.
La qualité des services rendus et le dynamisme des banques dépendent de l'importance
des mouvements sur la base desquels elles assoient leurs rémunérations. Un trop grand
fractionnement des mouvements peut donc nuire à la qualité de la gestion de la
trésorerie.
2.3.1.2. Quelles banques?
Le trésorier doit savoir choisir ses banquiers en tenant compte des contraintes liées à :
     - la qualité de la situation financière de l'entreprise : on ne change pas de banquiers
en période de crise ou de tension importante en trésorerie; dans le cas inverse, il ne faut
pas hésiter à faire venir un autre partenaire dès que l'on s'aperçoit qu'un banquier
n'apporte plus la même diligence aux besoins de l'entreprise ou prend prétexte de
relations passées pour imposer ses conditions;
     - la spécialisation des services bancaires : selon leur taille, leur expérience, leur
réseau de relations et l'origine de leurs ressources, les banques offrent des services plus
ou moins bien adaptés aux entreprises; le trésorier doit connaître les forces et les
faiblesses de ses partenaires de façon à tirer le meilleur profit des services disponibles
ou rechercher ailleurs ceux dont il a besoin. A titre d'exemple, toutes les banques n'ont
pas le même savoir-faire en matière de financements internationaux ou ne disposent pas
d'un réseau facilitant les contacts et les opérations financières dans les pays où
l'entreprise assure son développement;
     - l'affinité ou l’inimitié entre banquiers ou entre les trésoriers et les banquiers : ce
propos ne doit pas être exagéré; il n'en demeure pas moins vrai que l'amitié entre les
hommes est une des conditions de la confiance et donc du succès dans le montage
d'opérations financières;
     - la participation d'une banque ou d'une de ses filiales au capital de l'entreprise, ou
de relations privilégiées entre une banque et le dirigeant de l'entreprise. A l'évidence, le
trésorier ne bénéficie pas des mêmes libertés en matière de négociation.
2.3.1.3. Comment utiliser les banques choisies?
La répartition des mouvements et des crédits entre les banques doit tenir compte des
trois contraintes suivantes.
     - La contrainte du pool : à l'origine constituée pour la distribution de crédits
mobilisables, la notion de pool est souvent étendue à l'ensemble des crédits à court
terme. Dans ce cadre, l'intégralité des mouvements doit être répartie entre les membres
du pool en proportion des lignes de crédit accordées. Les conditions bancaires sont
négociées auprès du chef de file qui les répercute auprès des autres banques. Le
trésorier s'interdit de faire appel à une banque hors pool. Cette situation a très souvent
été imposée aux entreprises dans un contexte de réglementations contraignantes
(encadrement du crédit, cloisonnement des marchés...) limitant la concurrence entre les
banques, et en l'absence de cadres suffisamment avertis des techniques de gestion de
trésorerie. La réforme du marché monétaire, la déréglementation bancaire et les
nouveaux instruments financiers favorisent la mise en concurrence des banques et
remettent en cause la notion de pool bancaire qui devient une contrainte excessive, une
source de rigidité et une cause de surenchérissement dans la gestion de la trésorerie à
court terme. La répartition des mouvements ne doit pas être liée à celle des crédits.
     - La spécialisation des banques : le choix des banques a été déterminé pour partie
en fonction des services qu'elles peuvent rendre eu égard aux besoins de l'entreprise. Le
trésorier doit privilégier dans la répartition des mouvements la spécialisation de ses
partenaires, notamment dans le domaine du commerce international. Les contraintes de
domiciliation bancaire qui en résultent prédéterminent l'orientation des mouvements.
     - La gestion des aléas : du fait de l'aléa qui s'attache au positionnement en date de
valeur de certains mouvements (émission de chèques et tombées d'effets), des écarts
apparaissent entre la position réelle et la position prévisionnelle dont les effets sont
amplifiés par l'utilisation de plusieurs comptes (absence de compensation). Il en résulte
des contre-phases inévitables (solde créditeur dans une banque et débiteur dans une
autre) qui sont source d'un surcoût (appelé coût du déséquilibre interbancaire)
pénalisant la performance du système de gestion de trésorerie mis en place. La qualité
de l'équilibrage de la trésorerie et le suivi des écarts entre les prévisions et les
réalisations, indispensable à l'ajustement des décisions d'équilibrage au jour le jour,
souffrent ainsi de la présence d'un trop grand nombre de banques. Un moyen simple
pour réduire la difficulté consiste à concentrer l'essentiel des mouvements aléatoires
(quant à leurs dates) sur une seule banque, appelée "banque pivot" 15. Il en résulte une
bien meilleure maîtrise des soldes prévisionnels sur les autres banques; le suivi de la
trésorerie devient ainsi plus simple et allège considérablement le travail du trésorier.

15 Les quotas à respecter dans la répartition des mouvements entre banques peuvent nécessiter le choix d'une
deuxième banque pivot si le montant des flux aléatoires est important.
2.3.2. Les conditions bancaires
Une des premières actions que doit entreprendre un trésorier au moment de son entrée
en fonction est le recensement des conditions bancaires qui s'appliquent à l'ensemble
des mouvements et des financements. Il peut en effet apparaître surprenant qu'une
entreprise ne connaisse pas précisément le prix des prestations qui lui sont facturées par
ses banquiers. C'est uniquement depuis la loi bancaire de 1984 que les banques ont
l'obligation d'afficher clairement leurs conditions. Encore faut-il savoir qu'il ne s'agit
que de conditions standards susceptibles de négociation au cas par cas. L'entreprise
pourra juger de la qualité de la relation bancaire à partir de ces références16.
     La rémunération des services bancaires fait intervenir trois composantes : le taux
d'intérêt, les commissions fixes et les jours de valeur et jours de banque.
2.3.2.1. Le taux d'intérêt
La rémunération des crédits à court terme est basée sur un taux d'intérêt composé de
deux paramètres : le taux de référence et les commissions prorata temporis.
     - Le taux de référence. Jusqu'en 1984, le taux de base bancaire (TBB) s'imposait à
toutes les entreprises. Fixé par l'ensemble des banques, ce taux est l'objet de révisions
périodiques en fonction de l'évolution du taux du marché monétaire. Correspondant
théoriquement au prix plancher en dessous duquel la banque perd de l'argent, ce taux
devrait être établi compte tenu des conditions de refinancement spécifiques à chacune
des banques (coût du capital) intégrant le coût de la collecte (frais de fonctionnement
des guichets).
Deux événements majeurs ont contribué à remettre en cause le taux de référence qu'est
le TBB :
       • la réforme du marché monétaire de 1984. Les entreprises (pour les plus
          grandes) peuvent émettre des billets de trésorerie (d'un montant unitaire
          minimal d'un million de francs sur des durées de 10 jours à 1 an) et obtenir
          ainsi un coût de leur financement directement indexé sur le taux du marché
          monétaire;
       • la surliquidité du marché monétaire. En période de marché monétaire peu
          tendu, les banques émettent des crédits spot (montant et durée limités) dont le
          taux est indexé sur le taux du marché monétaire. Mis en place, dans un premier
          temps, au seul profit des grandes entreprises, clients privilégiés dans la relation
          bancaire, ces crédits ont été progressivement étendus aux entreprises de taille
          plus réduite.
     Bien que peu développée dans le milieu des PME/PMI, la référence au taux du
marché monétaire (PIBOR, T4M, TAG...), en lieu et place du TBB, devrait
progressivement se développer sous la pression de la mise en concurrence des banques
pouvant induire pour certaines périodes une économie de près de 40% sur le taux
d'intérêt17.
16 Pour connaître avec précision les conditions bancaires, il faut se renseigner auprès de chaque banque. Voir à ce
propos l'ouvrage rédigé par D. Dubois et S. Khath, Négociation et contrôle des conditions bancaires, Paris, Les
Editions d'Organisation, 1994.
17 Soit l'écart entre le TBB et le taux du marché monétaire, écart variable dans le temps selon les délais d'ajustement
décidés entre banques, qui ne peut en rien être justifié par la qualité de la signature de l'entreprise prise en compte
- Les commissions. Plusieurs commissions, prorata temporis, interviennent dans la
formation du taux nominal :
       • la commission d'endos : relevée en 1975 à 0,60%, cette commission couvre la
          rémunération des banquiers qui apposent leur signature sur les effets;
       • une commission spéciale de 0,10%, instituée en janvier 1979 par le Trésor lors
          de la substitution de la TVA à l'ancienne taxe sur les activités financières
          (TAF);
       • une commission catégorielle de 0 à 1% et au-delà, définie par chaque banque à
          partir de sa propre expérience ; une méthode de cotation (dénommée scoring)
          permet de hiérarchiser le risque de signature pour chaque client selon une
          échelle de valeur. Cette majoration pénalise les entreprises de petite taille,
          considérées souvent comme plus risquées;
       • une majoration spécifique (0,45% et au-delà) établie en fonction de la nature du
          crédit utilisé pour couvrir le risque pris par la banque par défaut de garanties
          offertes suffisantes. Il est en tout état de cause préférable de payer une
          commission de majoration que d'avoir à accepter de signer une caution
          personnelle sur le volume des crédits consentis.
En conclusion, le minimum de commission perçu est de 0,70% (0,60 + 0,10) pour
l'escompte et de 1,15% pour le découvert (0,70 + 0,45). Sur la base d'un taux de
référence de 7%, le taux minimum du crédit ressort à 7,70 % pour l'escompte ou le
crédit de trésorerie et ‡ 8,15 % pour le découvert.
2.3.2.2. Les commissions fixes
La rémunération des services bancaires est assise sur une variété de commissions dont
l'évolution suit celle des services offerts par la banque. Parfois redondantes entre elles,
ces commissions, très variables d'une banque à l'autre, connaissent une forte inflation.
Celle-ci résulte, d’une part, d'une approche plus fine par les banques du coût des
prestations fournies et ,d’autre part, de l'obligation de renforcement des marges
qu'induit, dans un proche avenir, la disparition des jours de valeurs et donc des gains
induits par le float.
     - La commission de compte ou commission de mouvement : outre les frais fixes
prélevés par la banque pour certaines opérations (frais d'encaissement sur effets,
commissions de change), la couverture du coût induit par la manipulation des
instruments de paiement est assurée par la facturation aux entreprises d'une commission
de 0,025% à 0,2% assise sur l'ensemble des mouvements débiteurs que génère l'activité
de l'entreprise. Outre l'exonération automatique de mouvements débiteurs sur agios, les
tombées de billets financiers renouvelés et les virements bancaires peuvent faire l'objet
d'une exonération.
     - La commission de plus fort découvert : plafonnée à 50% des intérêts débiteurs du
trimestre, la commission de plus fort découvert est calculée au taux de 0,05% à 1,2%
sur le plus fort découvert de chaque mois. L'impact de cette commission est compris
entre 0,60% et 50% du taux du découvert (selon le rapport entre le découvert maximum


par ailleurs dans la fixation des commissions prorata temporis.
et le découvert moyen du mois). Très pénalisante pour les entreprises, cette commission
doit être si possible supprimée en y substituant une commission de dépassement.
      - La commission de dépassement (du découvert autorisé) : pour éviter d'être
pénalisée pour des incidents de gestion de trésorerie en date de valeur, l’entreprise peut
négocier deux niveaux de taux de découvert auprès de la banque : un taux
conventionnel à hauteur de la ligne de crédit confirmé et un taux supérieur pour tout
dépassement du découvert autorisé.
      - Les commissions de services bancaires : négociables selon le nombre d'opérations
traitées par l'entreprise, ces commissions couvrent les frais de tenue de compte, les frais
liés au montage de dossiers de crédit, les frais télématiques, les frais de recherche et de
renseignement...
2.3.2.3. Les jours de valeur et les jours de banque
Le mécanisme des jours de valeur caractérise l'originalité d'une forme de rémunération
introduite par le système bancaire français dont le niveau est sans égal dans les autres
pays du monde occidental, à l'exception toutefois de l'Italie. Exagérée dans son
application et introduisant une complexité accrue dans le suivi de la trésorerie, la notion
de jour de valeur peut être définie comme le nombre de jours qu'il faut ajouter à la date
d'opération sur les mouvements créditeurs (recettes) ou retrancher à la date d'opération
sur les mouvements débiteurs (dépenses) pour connaître la date, appelée date de valeur,
à partir de laquelle une opération porte intérêt. Les positions en date de valeur servent
ainsi à décompter chaque trimestre les intérêts débiteurs et la commission de plus fort
découvert. La notion de jour de valeur donne naissance au float, source de profit pour la
banque; le float relatif à une opération de crédit correspond au volume de fonds à la
disposition de la banque qu'elle peut placer entre la date d'opération et la date de crédit
en valeur dans les comptes de l'entreprise. Compte tenu du Système interbancaire de
télécompensation (SIT) mis en place, la durée effective de recouvrement des opérations
bancaires a été ramenée à un jour. De fait, les jours de valeur pour les opérations de
crédit et de débit devraient être ramenés à J+1. La Cour de cassation, par un arrêt du 6
avril 1993, interdit la pratique des jours de valeur pour les versements d'espèces. Le
développement des commissions de service et la concurrence des banques étrangères
devraient progressivement réduire les jours de valeur, source d’enrichissement sans
cause des banques françaises.
La date d'opération bancaire est celle du jour à laquelle l'opération a été portée à la
connaissance de la banque dès lors qu'elle est intervenue avant l'heure de caisse. Dans le
cas contraire, l'opération est prise en compte le premier jour ouvré suivant. Très
fréquemment fixée à 11 heures, celle-ci peut être modifiée au gré à gré.
La date de compensation correspond à la date où les banques reconnaissent entre elles
les opérations de leurs clients respectifs. Elle détermine de façon certaine la date
d'opération bancaire d'un chèque émis18.
Le lieu de compensation est variable. Il est :


18 Le contrôle des dates d'opération peut ainsi être effectué par demande de photocopies recto-verso du chèque
auprès de la banque.
- sur place lorsque la banque de l'émetteur et celle du bénéficiaire sont domiciliées
sur la même place de compensation;
     - hors place dans le cas où les domiciliations ne sont pas sur la même place de
compensation;
     - sur caisse lorsqu'il s'agit de la même agence.
     Les jours de banque correspondent au nombre de jours ajoutés par la banque à celui
de disponibilité des fonds pour le calcul des intérêts des crédits par billets. Les jours
peuvent être :
     - des jours calendaires;
     - des jours ouvrables : soit les jours calendaires moins les jours fériés (dimanches et
fêtes civiles ou religieuses);
     - des jours ouvrés : soit les jours ouvrables moins les veilles chômées (les jours
semi-chômés ne sont pas ouvrés) de jours fériés (principalement les samedis)19.

2.3.3. La négociation et le contrôle des conditions bancaires
La prise de conscience du poids des frais financiers, notamment sur les opérations à
court terme, a entraîné à partir des années 1970 une intervention plus active des
entreprises sur les paramètres qui participent à la formation du résultat financier.
Fondée sur une plus grande clarté et une plus grande transparence des conditions
bancaires introduite notamment par la loi bancaire de 1984, et renforcée par une
meilleure formation de l’ encadrement financier des entreprises20, la relation banque-
entreprise a été ramenée à un plus juste équilibre. N'hésitant plus à négocier leurs condi-
tions, les entreprises doivent malgré tout connaître les limites d'une telle démarche.




19 Les jours de valeur sur les mouvements débiteurs sont toujours des jours calendaires.
20 De nombreuses universités ont introduit des formations spécialisées dans le cadre de leurs enseignements de
troisième cycle (DESS). En outre l'Association française des trésoriers d'entreprise (AFTE) offre aujourd'hui à ses
adhérents d'excellentes publications sur les mécanismes de la gestion de la trésorerie.
2.3.3.1. Le compte d'exploitation banque-entreprise
L'élaboration d'un tel document permet de déterminer le bénéfice que retire la banque
de ses relations avec l'entreprise et donc de savoir jusqu'où négocier. Si la marge
dégagée sur les opérations de crédit est assez facile à mesurer, car consommant peu de
frais généraux, il n'en est pas de même pour les opérations d'exploitation faute de
connaître l'imputation par nature d'opération des frais de gestion bancaire.
     Le compte d’exploitation banque-entreprise permet d'apprécier l'enjeu financier de
la négociation sur chacun des postes de recettes pour la banque et donc de hiérarchiser
les points à négocier selon qu'il s'agit :
     - des gains sur les taux et commissions,
     - des gains sur le float induits par le mécanisme des jours de valeur,
     - des gains sur les soldes créditeurs non rémunérés 21,
     - des gains de change.
Calculé aisément à partir d'un progiciel de gestion de trésorerie, le compte
d'exploitation banque-entreprise a permis à certaines entreprises d'aboutir à une
négociation forfaitaire des services bancaires (EDF, Ciba Geigy...) simplifiant ainsi
considérablement la gestion de la trésorerie au jour le jour, source d'économies
administratives pour la direction financière.
2.3.3.2. Le contrôle de la bonne application des conditions de banque négociées
La négociation des conditions particulières par rapport aux conditions standards n'a de
sens que si l'entreprise s'assure a posteriori de la bonne application des conditions
négociées. L'absence de contrôle risque fort de conduire très rapidement les partenaires
financiers à déconsidérer leur interlocuteur, portant ainsi un préjudice important à
l'entreprise dans une négociation ultérieure de lignes de crédits et de taux. Le trésorier
dispose pour faire ce contrôle de différents documents :
      - des pièces bancaires, bordereaux d'escompte et avis de débit relatifs aux billets
financiers... ;
      - de l'échelle d'intérêt trimestriel; celle-ci reprend sur une période donnée (le
trimestre) l'ensemble des mouvements débiteurs et créditeurs classés par dates de valeur
permettant de calculer le ticket d'agios : intérêt débiteur, commission de mouvement et
de plus fort découvert.
Source de gains appréciables pour l'entreprise, longs et difficiles à réaliser manuel-
lement, ces contrôles peuvent être automatisés par recours à l'informatique. Le recours
aux progiciels spécialisés permet à toute entreprise, quelle que soit sa taille, d'assurer un
contrôle strict et systématique des conditions bancaires22 qui lui sont appliquées sans
surcoût administratif.
      Deux types d'erreurs sont particulièrement fréquentes et lourdes de conséquences :
la détermination de la date de valeur des opérations et le calcul des agios sur les
utilisations de crédit. Ces deux erreurs sont d'autant plus fréquentes que l'entreprise a

21 Interdite depuis la loi de 1966, la rémunération des soldes créditeurs a entraîné un manque à gagner important
pour les entreprises. Une rémunération fictive à hauteur de 1% des nombres créditeurs sous la forme de rétrocession
de commission de mouvements peut être négociée.
22 Sous réserve que le logiciel n'occulte pas la fonction de contrôle des conditions bancaires.
négocié ses conditions par rapport à des standards. Elles sont commises le plus souvent
au détriment de l'entreprise sans que la bonne foi de la banque puisse être mise en
doute. Les erreurs de date de valeur, outre leur coût, conduisent à rendre inopérantes les
prévisions de trésorerie et les décisions d'équilibrage qui s'appuient sur elles. Elles faus-
sent les échelles d'intérêt sur lesquelles se fondent les calculs de coût de déséquilibre.
Les erreurs de facturation d'agios portent parfois sur le taux et de façon très fréquente
sur le nombre de jours pris en compte par rapport à la disponibilité réelle des fonds.

2.4. Les décisions de gestion au jour le jour
Les décisions de gestion de trésorerie au jour le jour ont pour objectif principal de
minimiser les frais financiers et de maximiser les produits financiers à court terme. Cet
objectif passe par la recherche de la trésorerie zéro23. Ce concept revient à éviter le
surcoût dû :
     - au sous-équilibre : soit la différence entre le taux du découvert et le taux d'un
crédit mobilisable;
     - au sur-équilibre : soit le coût de surmobilisation d'un crédit ou le coût
d'opportunité d'un sous-placement.
Des décisions, qualifiées d'équilibrage de la trésorerie au jour le jour, sont ainsi prises
par le trésorier pour atteindre ses objectifs. Trois étapes interviennent successivement
dans la recherche de cet équilibrage :
     - l'aiguillage des opérations par banque,
     - les virements de compte à compte entre banques,
     - l'utilisation des crédits ou le placement des surplus.

 2.4.1. L'aiguillage des opérations par banque
L'objectif est d'orienter les mouvements d'encaissements et de décaissements de
manière à obtenir des soldes en valeur en équilibre au jour le jour. Trois considérations
sont à prendre en compte.
     - L'objectif d'équilibrage se fait sous la contrainte de tirer le meilleur parti des
conditions de banque, c'est-à-dire d'affecter chaque mouvement ‡ la banque le traitant
aux meilleures conditions. Cette contrainte peut devenir un objectif prioritaire et les
impératifs de l'équilibrage une contrainte.
     - L'équilibrage des opérations par banque doit être effectué en respectant les
contraintes du pool et celles des avantages de la spécialisation bancaire.
     - Quand cela est possible sans risque (sous conditions de plafond et de taux), le
souci d'équilibrer au mieux conduit à concentrer au maximum les opérations aléatoires
sur le minimum de banques afin de profiter des compensations d'erreurs de prévisions et
de maîtriser sans problème l'équilibrage des banques ne recevant que des mouvements
certains.

2.4.2. Le rôle de la banque fictive dans l'équilibrage


23 Nous verrons ultérieurement que la trésorerie zéro n'est pas équivalente à l'équilibre à zéro, qui peut coûter plus
cher que le maintien d'un déséquilibre.
Les deux étapes suivantes nécessitent une phase intermédiaire qui est l'étude du
déséquilibre global sur l'ensemble des comptes bancaires.
     On constitue dans ce but une banque fictive pour laquelle le solde en valeur est la
somme algébrique des soldes en valeur de chaque banque de l'entreprise. Si la banque
fictive est équilibrée, on passe à l'étape d'équilibrage par virements interbancaires.
Dans le cas inverse, on passe à l'étape d'équilibrage par mobilisation des crédits et
placement des surplus.

2.4.3. Les virements interbancaires
L'objectif est de ramener les fonds excédentaires de banques à solde en valeur créditeur
vers les banques à solde en valeur débiteur avant ou après financement. Cette décision
doit intégrer le coût de l'opération, composé de la commission de mouvement et de 2
jours de valeur (1 jour à l'émission et 1 jour à la réception). Ce coût doit être négocié.
En outre l'usage des virements roses Banque de France, en jour compensé, permet
éventuellement de parvenir à la gratuité des virements interbancaires. Ce coût doit être
rapproché du gain qu'entraîne une telle opération (réduction du coût de mobilisation
qu'induirait la couverture d'un sous-équilibre chez les banques...). Le maintien d'un
déséquilibre peut être ainsi moins coûteux que la recherche d'un équilibre à zéro à tout
prix. L'équilibrage ne peut donc être qu'un processus global.

2.4.4. L'utilisation des crédits et le placement des surplus
Si la trésorerie est globalement déséquilibrée, le trésorier doit chercher à atteindre
l'objectif de la trésorerie zéro par l'utilisation des crédits de financement (solde dé-
biteur), le placement des surplus (solde créditeur) ou une combinaison des deux. Ces
actions ne sont à envisager que si elles permettent d'améliorer la rentabilité de
l'entreprise. Elles nécessitent de bien connaître :
     - les différentes possibilités en matière de financement à court terme ou de
placement et leurs conditions d'utilisation (objet, durée, taux, volume, réglementation),
     - le taux actuariel des crédits et des placements.
Les établissements bancaires offrent aux entreprises une grande variété de moyens de
financement de leurs besoins à court terme. La classification suivante peut être retenue :
     - crédits causés : il s'agit de tout crédit dont le montant et la durée sont directement
fonction de celui de l'actif à financer sur lequel s'appuie la garantie offerte : escompte
commercial, crédits par billets (crédit Dailly, crédit de mobilisation de créances
commerciales -CMCC-, mobilisation de créances à l'exportation -MCE- ou de
warrants) ;
     - crédits non causés : négociés en fonction des besoins globaux de l'entreprise, ils
peuvent prendre la forme de crédits de trésorerie par billets (mobilisables ou non) ou de
crédits en compte dont le découvert est la forme la plus courante. Des formes récentes
complexes et très compétitives de crédit sont récemment apparues, comme les Multi-
Options Facilities (MOF) et les programmes d'adjudication à court terme (PACT) à
tirages multiples (PCAM)24.

24 Lignes de crédit bancaires multidevises non confirmées, incluant le franc français, et placées par appel d'offres
selon la technique de l'adjudication, au sein de groupes de banques participantes. A la différence des PCAT et
Pour les plus grandes entreprises, le recours direct au marché financier par l'émission de
billets de trésorerie constitue un moyen de financement souvent moins onéreux25.
Compte tenu de la très forte contrainte introduite en 1974 par le Conseil national du
crédit en matière de convention de blocage, les banques et les sociétés de bourse ont su
créer des produits attractifs offrant des moyens très souples de placement de trésorerie à
court terme au travers d'organismes de placement collectif de valeurs mobilières
(OPCVM) : sociétés d'investissement à capital variable (SICAV) et fonds communs de
placement (FCP). Ces OPCVM sont constitués d'opérations à réméré, de titres de
créances négociables ou/et d'obligations à taux variables, sans droit d'entrée ni de sortie.
Le décloisonnement des marchés des capitaux, la déréglementation et l'innovation
financière introduites par la loi bancaire de 1984 ont élargi les possibilités offertes aux
entreprises en matière de placement des surplus de trésorerie. Le marché des titres de
créances négociables permet de traiter cinq supports : les certificats de dépôt, les billets
de trésorerie, les bons du Trésor négociables (BTN et BTAN), les bons des institutions
et des sociétés financières, les bons à moyen terme négociables (BMTN). Ont été
également introduites de nouvelles possibilités en matière de placements spéculatifs :
options sur MATIF et sur actions. Cette variété de placements ne doit cependant pas
faire oublier au trésorier les contraintes de flexibilité, de solvabilité et de liquidité
auxquelles il est soumis. Ainsi, le trésorier se doit d'écarter tout placement soumis à un
risque en signature et en capital (OPCVM monétaires sensibles, obligations et BMTN à
taux fixe) ou à caractère spéculatif (marché des options, actions...). Il s'orientera de
préférence sur des investissements comportant un minimum de risque et garantissant
pratiquement une rentabilité déterminée. Le recours à un intermédiaire entraîne un
risque supplémentaire. En conséquence, l'investisseur doit pouvoir apprécier la sécurité
offerte par l'OPCVM, en tant qu'intermédiaire, par la communication d'une notation26
établie par des organismes indépendants sur les deux risques suivants :
     - risque lié à l'insécurité de la structure de gestion et de la structure de
conservation,
     - risque de l'inadéquation des emplois et de la liquidité aux objectifs de l'OPCVM.
Les crédits ou les placements ont des caractéristiques telles que leur coût ou leur
avantage ne peut se mesurer simplement ou directement. Ainsi, le taux facial ou
apparent d'un crédit n'est qu'une des composantes du coût réel. La durée de la dis-
ponibilité réelle des fonds (incidence des jours de valeurs), les jours de banque, la date
de paiement des intérêts (pré ou post-comptés), les commissions et frais éventuels, la
fréquence dans l'année (incidence de la méthode des intérêts proportionnels au lieu des
intérêts équivalents), le nombre retenu de jours dans l'année (360 au lieu de 365)
peuvent renchérir très sensiblement le coût du crédit.



PCAM, les MOF, de montant plus élevé, constituent un engagement ferme d'un syndicat de banques.
25 Attention toutefois aux contraintes liées à ce type de support : animation du titre, exigence de communication
financière, négociation de lignes de substitution... Voir à ce sujet le mémoire de maîtrise de gestion de P.E. Dubois
et A.S. Dufresne, “ Les billets de trésorerie, stratégies, techniques et risques ”, Université Paris-Dauphine, 1995.
26 Cette notation n'indique en rien la qualité de la performance de l'OPCVM.
Seul le taux actuariel permet de hiérarchiser entre elles les différentes propositions
de placement ou de financement27. Il rend compte, en particulier, de l'incidence de la
durée sur le coût du crédit. Pouvant en outre juger de l'influence des conditions de
banque sur le coût réel des crédits, le trésorier saura ainsi tirer profit d'une négociation
de ses conditions avec la banque. Le découvert peut s'avérer ainsi moins coûteux qu'un
crédit de mobilisation, malgré un taux facial moins avantageux, tout en évitant le coût
de sur-équilibre qu’entraînerait un risque de sur-mobilisation dû à l'aléa des flux
financiers quant à leur date.

2.5. La gestion des risques financiers
Le mouvement de déréglementation amorcé depuis 1984 permet aux trésoriers
d'intervenir dans un cadre beaucoup plus large facilitant ainsi la gestion du risque
financier. En effet, l'accroissement de la volatilité des parités monétaires et des taux
induit des risques nouveaux contre lesquels les trésoriers doivent se prémunir tant pour
les dettes que pour les créances, passées, présentes ou futures. Cette gestion a pour
objectif de diminuer le coût financier (cas le plus fréquent), de maximiser le profit de
l'entreprise, d'assurer la liquidité. Elle peut en outre être utilisée comme outil de gestion
commercial28.
     De nombreux instruments financiers ont fait leur apparition. Ils permettent de
prendre des positions de couverture sur les différentes composantes du coût financier :
     - soit en intervention sur des marchés de gré à gré (opérations à terme, swaps,
forward rate agreement (FRA), cap, floor, collar)29 pour un besoin de couverture,
spécifique, sous réserve de s'assurer du risque de contrepartie;
     - soit en intervention sur des marchés réglementés, en France ou à l'étranger
(contrats de taux et de devises, options sur contrats de taux, options sur actions, options
de change)30... pour la mise en place d'une couverture récurrente et présentant de
meilleures garanties.
Ayant pour objectif de réduire le risque financier et appelés à un très fort dévelop-
pement, ces nouveaux instruments modifient :
     - les rapports classiques entre les banques et les entreprises : une nouvelle
intermédiation apparaît progressivement; les banques interviendront de plus en plus
pour assister le trésorier dans la quantification des différents indicateurs de risque de
taux et de change encouru, renforçant leur rôle de conseil dans l'utilisation de ces
nouveaux instruments au détriment de leur rôle traditionnel d'intervenants directs sur les
marchés;



27 Voir P. Turbot et U. Souriau, Gestion de la trésorerie, Paris, Clet, 1980, Tome 2 p. 160 et suiv.
28 Voir à ce sujet le rapport d'enquête réalisé par Arthur Young sur la photographie de la fonction financière des
entreprises françaises en 1987.
29 Voir également dans cette Encyclopédie l'article de C. de La Baume, “ Risque de taux d'intérêt ”, p.000, tome 3.
30 Voir également dans cette Encyclopédie l'article de C.A. Vailhen, “ Risque de change ”, et dans l’encyclopédie
des marchés financiers les articles de J.L. Alexandre, “ Marché à terme de taux d'intérêt ”, de J.C. Augros, “
Options de taux d’intérêt” et de P. Fontaine, “ Evaluation des actifs financiers dans le cadre international ”.
- le rôle du trésorier; sachant jongler avec les nouveaux outils pour gérer les
financements, les risques et les placements, celui-ci peut être une source de profits
substantiels pour l'entreprise.

     La complexité grandissante liée en majeure partie à la sophistication des produits
de couverture utilisés impose la mise en place d'un dispositif de contrôle a posteriori et
de mesure des performances sur les décisions prises. Leur mise en oeuvre nécessite
préalablement :
     - une centralisation de la gestion de trésorerie afin de gérer des positions nettes
consolidées (actif/passif) d'exposition aux risques et de négocier au meilleur prix les
opérations de couverture,
     - la création d'une fonction back-office, distincte du service trésorerie, permettant
d'assurer un suivi permanent des principaux éléments de la gestion de taux et de change
par la production d'un reporting de position régulier.
3. Le contrôle des performances dans la gestion de la trésorerie 31
Partie intégrante du système de gestion de l'entreprise, la fonction de trésorerie
n'échappe pas aux principes qui régissent tout système de pilotage d'une organisation.
     Insuffisamment développé et appliqué, le contrôle des performances de cette fonc-
tion revêt pourtant une certaine importance si on considère le poids de plus en plus
important que prennent les décisions de gestion de la trésorerie dans la formation de la
marge de l'entreprise. Délibérément limité, dans le cadre de cet article, au champ des
décisions d'équilibrage de la gestion de la trésorerie, le contrôle des performances
repose sur la mise en oeuvre d'outils qui nécessitent un certain nombre de précautions
sur leur interprétation.

3.1. Les outils de mesure des performances
Ces outils sont nombreux. On peut en retenir quatre : le coût de déséquilibre,
l’optimisation a posteriori, les mesures de la qualité des opérations d’aiguillage des
opérations entre banques et les indices.

3.1.1. Le coût de déséquilibre
3.1.1.1. Le coût de déséquilibre par rapport à zéro
 La recherche de soldes de trésorerie, au jour le jour et en dates de valeur, les plus
proches possibles du zéro pour chacune des banques participe à l'objectif de minimisa-
tion des frais financiers.
     L'objectif de "trésorerie zéro" n'est pas un objectif ultime en soi. En effet, les
arbitrages retenus pour ramener les soldes à zéro peuvent entraîner des coûts supérieurs
à celui qui résulte de soldes s'écartant du zéro. Un calcul assez simple, reproduit au
tableau 1, montre qu'il est préférable, pour un besoin de financement sur 10 jours, de ne
pas chercher à atteindre une trésorerie équilibrée : sur la base des conditions bancaires
retenues, le coût réel du découvert est plus faible que celui d’un crédit par billet
financier ou d’un CMCC (sauf à négocier la suppression des jours de banques).




31 Extrait d'un article rédigé en collaboration avec L. Jehanin, cofondateur de l'Association française des trésoriers
d'entreprise, présenté lors du premier congrès de cette association en 1980 et publié dans le numéro de janvier-
février-mars-avril 1982 de la Revue du Financier, sous le titre “Trésorerie au jour le jour”.
Tableau 1
                  Taux apparent          Taux actuariel              Hypothèses
                           12,60 %                                  Tirage à 10 jours avec
                     CMCC         Commission de                17,67 %       2 jours de plus
par rapport                                            0,025 % sur débit
à la disponibilité des fonds
                       13,05 %                               Y compris commission de
Découvert Commission de plus               15,50 %              plus fort découvert
                 fort découvert de                           Période: premiers jours
                       0,05 %                                          du trimestre
Hypothèses complémentaires :
     - la durée du trimestre est de 91 jours ;
     - le plus fort découvert du mois se situe au cours des 10 jours analysés
Les calculs de taux actuariels d'utilisation des crédits étant faits par ailleurs, on peut
retenir le coût de déséquilibre par rapport à zéro comme une mesure de performance
commode et simple. Le coût de déséquilibre par rapport à zéro se fait banque par
banque. Il se décompose en coût de sur-équilibre pour les soldes créditeurs et en coût de
sous-équilibre pour les soldes débiteurs.
     Pour éviter de se trouver en sous-équilibre, il aurait fallu utiliser un autre crédit à
un taux moins élevé. Le coût de sous-équilibre se calcule donc en utilisant la différence
entre le taux des intérêts débiteurs et celui du crédit le moins cher disponible à cette
période, auquel on ajoute en général la commission du plus fort découvert suivant les
conditions de banque de l'entreprise. L'escompte en compte ou le Dailly en garantie
permettent d'éliminer le coût de sous-équilibre.
     Deux hypothèses sont à considérer pour calculer le coût de sur-équilibre :
     - ou bien l'entreprise a mobilisé trop de crédits et elle se trouve en “ surmobilisation
”;
     - ou bien, dans le cas contraire, elle aurait pu placer l'excédent et elle se trouve en “
sous-placement ”.
     Dans le cas de sur-mobilisation, on chiffrera le coût de sur-équilibre au taux du cré-
dit le plus cher qui a été mobilisé (éventuellement, on peut être amené à utiliser
plusieurs taux successivement en cas de mobilisation de crédits à des taux différents).
Pour le cas de sous-placement, on utilisera le taux qui aurait pu être obtenu en plaçant
l'excédent.
     Deux remarques concernant le coût de déséquilibre doivent être soulignées.
     - Il n'y a pas de symétrie entre le coût de sur-équilibre et le coût de sous-équilibre.
Le sur-équilibre est plus coûteux, car il est calculé sur un taux plein, alors que le coût de
sous-équilibre est calculé sur une différence entre deux taux32. Aussi, plus les prévisions
de trésorerie sont aléatoires, plus il est conseillé de sous-équilibrer. Néanmoins, il n'est
pas rare de constater des réflexes contraires : la "peur du rouge", pathologie classique


32 Voir § 2.4.
ou contrainte bancaire, peut aboutir au maintien d’un sur-équilibre particulièrement
coûteux.
     - Il existe une différence de sensibilité des coûts de déséquilibre aux taux d'intérêt.
Plus le niveau des taux est élevé, plus le coût de sur-équilibre est important puisqu’il
s’agit d’un taux plein. En revanche, le coût de sous-équilibre, calculé sur une différence
entre deux taux, est avant tout proportionnel à la hiérarchie des taux d'intérêt entre les
différents crédits33.
     En outre, les commissions "exceptionnelles" ou "temporaires" qui majorent en
permanence les taux d'intérêt pour les crédits de trésorerie par billet restreignent
l’avantage de coût apparent de tels financements par rapport au crédit de caisse. Celles-
ci devraient donc logiquement conduire le trésorier à préférer le maintien d'un sous-
équilibre par l’utilisation préférentielle d’un financement par crédit de caisse en cas
d'incertitude.
3.1.1.2. Le coût de déséquilibre interbancaire
Dans le coût de déséquilibre par rapport à zéro, se trouve le plus souvent inclus le coût
résultant de la coexistence de soldes positifs sur une banque, et négatifs sur une autre,
pour une même date de valeur. Ce coût de déséquilibre interbancaire est le prix qu'il
faut payer pour avoir plusieurs banques, pluralité qui dans la plupart des cas présente en
contrepartie d'autres avantages.
     Le déséquilibre interbancaire est lié pour la plus grande part aux imperfections des
prévisions de trésorerie. Pour beaucoup d'entreprises, il résulte également du coût de
virement de banque à banque qui peut dissuader de rééquilibrer les soldes (jours de
valeur et commission de mouvement au débit, jours de valeur plus frais éventuels pour
virement télégraphique au crédit). Cependant, la disparition de ce type de coûts est de
plus en plus négociée. Enfin, même dans cette hypothèse, le virement de banque à
banque est impossible les jours non ouvrés.
     Le calcul du coût de déséquilibre interbancaire passe par une étape intermédiaire :
le coût de déséquilibre sur la banque fictive. La banque fictive correspond à l'hypothèse
d'unicité bancaire. En d'autres termes, on se demande ce qui se serait passé si
l'entreprise, au lieu d'avoir plusieurs banques, en avait eu une seule. Les soldes sur cette
banque fictive correspondent à la somme algébrique des soldes sur chaque banque. A
partir de l'échelle d'intérêt constituée par les soldes de la banque fictive, on peut
calculer un coût de déséquilibre comme on l'a défini ci-dessus (coût de sous-équilibre,
coût de sur-équilibre). La différence entre le total du coût de déséquilibre banque par
banque et le coût de déséquilibre sur la banque fictive donne le coût de déséquilibre
interbancaire.
     Ce coût peut constituer la plus grosse part du coût de déséquilibre par rapport à
zéro pour des entreprises ayant de nombreuses banques. Son calcul peut conduire à des
prises de conscience douloureuses, un pool pléthorique étant souvent un héritage


33 Très indirectement et pour une faible part, le coût de sous-équilibre est fonction du niveau absolu des taux
d'intérêt à cause du plafonnement éventuel de la commission du plus fort découvert à un pourcentage du montant des
intérêts débiteurs, ce dernier montant étant évidemment directement proportionnel au niveau absolu du taux du
découvert.
historique, produit de fusions successives ou de la faiblesse de l'entreprise face aux
sollicitations des banques.
3.1.1.3. Conclusion
Les calculs de coût de déséquilibre - par rapport à zéro et interbancaire - sont très
précieux. Il faut être cependant conscient des problèmes posés par leur interprétation
ainsi que de leur limite.
     - Le coût de déséquilibre permet de mesurer l'écart qui sépare une gestion réelle de
l'idéal du zéro de trésorerie, mais cet idéal est impossible à atteindre (avec les
conditions de banques habituelles).
     - Le coût de déséquilibre ne permet pas d'estimer le coût de l'écart entre une gestion
réelle et une gestion parfaite, c'est-à-dire avec des prévisions exactes et un équilibrage
optimal, compte tenu des contraintes (disponibilité des crédits, durée minimum, etc.).
     Malgré ces limites, le coût de déséquilibre permet un bon contrôle de la qualité de
la gestion de la trésorerie et donne l'ordre de grandeur des gains maxima théoriques
réalisables en améliorant cette gestion.

3.1.2. L'optimisation a posteriori
Une des limites du coût de déséquilibre est l'impossibilité de prendre en compte les
contraintes pour passer d'une situation idéale inaccessible - le zéro de trésorerie - à la
situation qui aurait été la meilleure, compte tenu des contraintes. L'optimisation a
posteriori a pour objet de décrire quelle aurait été cette situation optimale sans
contrainte. Pour cela, plusieurs étapes sont à franchir.
     En premier lieu, il est nécessaire de reconstituer l'évolution des soldes sur chaque
banque si aucune décision d'équilibrage n'avait été prise.
     En deuxième lieu, toutes les caractéristiques des crédits et des placements doivent
être décrites avec précision (disponibilité au jour le jour, taux, conditions de banque,
plafonds, planchers, durée minimum, etc.).
     Enfin, le coût des virements de compte à compte doit être indiqué.
     Ces divers paramètres et contraintes étant définis, on recherche mathématiquement
la combinaison qui minimise les frais financiers et maximise les produits.
Bien que théoriquement possibles, les calculs en recherche opérationnelle sont
extrêmement lourds et difficiles à mettre en oeuvre dans la pratique (difficulté de
modélisation, temps de calcul prohibitifs).
     En revanche, une autre approche est plus accessible, même si elle reste assez coû-
teuse. Elle consiste à partir des soldes au jour le jour de la banque fictive pour en tirer
les soldes avant toute mesure d'équilibrage. Cette solution évite la complication de
l'équilibrage interbancaire et des problèmes de virement. La suite des calculs est
identique. Cette simplification est d'autant plus justifiée que, d'une part, les virements
interbancaires ont un coût faible ou nul et que, d'autre part, il n'existe pas de
déséquilibres interbancaires graves les jours non ouvrés.
     Naturellement, comme dans tout calcul d'optimum, il faut se souvenir que
l'optimum obtenu a été déterminé à partir de l’anticipation de flux de trésorerie sur un
horizon prévisionnel fixé arbitrairement par le trésorier34. La solution dégagée comme
étant la meilleure sur la période retenue peut ainsi s’avérer mauvaise pour les décisions
d’équilibrage de la période suivante. Il en est ainsi, par exemple, lorsqu’apparaît, en
début de période suivante, un besoin de financement sur une durée trop courte pour que
soit utilisé un crédit par billet ; cette situation contraint le trésorier à maintenir un sous-
équilibre, alors qu’il eût été possible, en prolongeant de quelques jours la période
d’équilibrage précédente, de tirer un billet sur une durée plus longue et d’éviter le coût
d’un tel déséquilibre. Pour éviter de telles anomalies, on peut introduire des contraintes
supplémentaires (conditions de fin de jeu), recourir à des optimisations avec des soldes
à pas variables (jour + décade + mois) ou plus simplement négocier auprès des banques
l’escompte en compte ou le Dailly en garantie qui permettent à l’entreprise de
bénéficier d’un coût du découvert aux conditions du coût du crédit par billet, réduisant
ainsi à zéro le coût du sous-équilibre et celui de la sur-mobilisation.
     Il ne faut pas se cacher que l'optimisation a posteriori est une technique lourde par
rapport au coût de déséquilibre, quelle que soit la technique mathématique retenue
(programme linéaire ou dynamique). Elle se justifie plutôt pour des études ponctuelles
que pour un suivi régulier.

3.1.3. La mesure de la qualité d'aiguillage des opérations entre banques
Toutes les mesures décrites précédemment ont considéré l'affectation des opérations
entre les banques comme une donnée. Il reste à déterminer la qualité de cette
affectation.
En bonne logique, l'affectation des opérations entre banques doit satisfaire en premier
lieu l'objectif d'utilisation des banques les plus avantageuses sans contraintes
éventuelles de pool. En second lieu, cette affectation doit faciliter l'équilibrage, c'est-à-
dire minimiser les virements de banque à banque, si ceux-ci sont coûteux, et réduire les
aléas par banque et, par suite, le coût de déséquilibre interbancaire.
En conséquence, en théorie, l'affectation des mouvements entre banques devrait être
intégrée dans une optimisation a posteriori. Compte tenu de la connaissance certaine
(puisqu'a posteriori) de toutes les opérations d'exploitation, cette optimisation
permettrait de déterminer une combinaison optimale d'aiguillage des opérations entre
banques, des virements de compte à compte, d'utilisation de crédits et de placements de
surplus.
     Poser le problème de cette façon, c'est se condamner à ne jamais le résoudre prati-
quement (dans l'état actuel des moyens disponibles), à supposer que l'on parvienne à le
formaliser correctement sur un plan théorique. C'est pourquoi on optera pour une dé-
marche empirique plus modeste.
     Pour les entreprises importantes, la manipulation des opérations devient un pro-
blème administratif tel que les règles d'affectation des opérations entre banques ont
intérêt à être figées sous contraintes éventuelles de pool quels que soient les problèmes
d'équilibrage. Le corollaire de cette position est l'obligation pour l'entreprise de
négocier la réduction ou la suppression du coût des virements interbancaires. Les

34 Au delà duquel l’aléa sur les flux étant considéré comme trop élevé, les arbitrages d’équilibrage généreraient des
risques trop importants de coûts de déséquilibre.
exceptions à la préaffectation des mouvements aux banques se rencontrent uniquement
pour tenir compte des coûts de virement entre banques qui n'ont pu être éliminés ou
d'impossibilités techniques de virement entre banques (jours non ouvrés). Dans ce cas,
l'objectif d'équilibrage prend le pas sur celui de la spécialisation bancaire.
     Si le problème est traité de cette façon, les mesures de performance dans la gestion
de la trésorerie deviennent beaucoup plus simples. Parmi celles qui sont envisageables,
on peut retenir la mesure du coût des écarts par rapport à l'affectation optimale du point
de vue de la spécialisation bancaire en fonction des seules conditions. Une autre mesure
est de chiffrer le coût de la contrainte de pool par rapport au même optimum de
spécialisation.

3.1.4. Les indices
Tous les calculs précédents sont menés en valeur absolue pour une entreprise parti-
culière à des périodes données. Il est possible de relativiser ces calculs en les exprimant
sous forme d'indices. Les comparaisons de période à période du coût de déséquilibre
sont troublées par exemple du fait de l'évolution des taux d'intérêt. Par suite, pour
faciliter les comparaisons, on divisera le coût de déséquilibre par le TBB ou par le taux
du marché monétaire.
     On peut aussi estimer qu'il y a un lien entre le coût de déséquilibre et le volume des
opérations d'encaissement et de décaissement. D'où l'idée de calculer un indice où
figure au dénominateur le total des encaissements (hors financements et virements
interbancaires).
     On aboutit ainsi à des indices du type Coût de déséquilibre .
                                                     Volume x TBB
    De tels indices sont comparables de période en période et d'une entreprise à l'autre
sous réserve de quelques problèmes d'interprétation.
3.2. L'interprétation des mesures de performance
Les mesures de performance ont le grand mérite d'attirer l'attention, mais elles doivent
être maniées avec prudence, non seulement à cause des limites propres à chacune
d'elles, mais aussi à cause des problèmes d'interprétation qu'elles posent. Le domaine
étant vaste, on se contentera de citer quelques exemples et de se poser plusieurs
questions.

3.2.1. L'interprétation du coût de déséquilibre
Un coût de déséquilibre élevé peut avoir au moins trois origines.
      - Des prévisions de mauvaise qualité. C'est le cas le plus fréquent et, pour en juger,
des mesures ponctuelles complémentaires sont à effectuer. Par exemple :
        • comparer pour chaque jour de valeur le réalisé et la dernière prévision possible,
           c'est-à-dire la valeur ultime connue avant qu'il soit impossible de prendre une
           décision d'équilibrage ;
        • comparer pour quelques jours de valeur les prévisions faites successivement
           pour chaque délai d'anticipation. Pour une réalisation en J, on examine les
           prévisions correspondantes faites en J -1, J - 2 ... J-m.
      - Un nombre de banques élevé. Plus les banques sont nombreuses, plus le coût de
déséquilibre interbancaire devient important à l'intérieur du coût de déséquilibre par
rapport au zéro.
      - Un mauvais équilibrage. Indépendamment des prévisions, les virements de
banque à banque et le recours au crédit ou au placement peuvent avoir été faits plus ou
moins judicieusement.
Par conséquent, bien interpréter un coût de déséquilibre suppose l'examen de ces trois
causes en tenant compte du domaine effectif de responsabilité et donc du pouvoir
d'intervention du trésorier. Pourquoi, par exemple, les prévisions de trésorerie sont-elles
de mauvaise qualité ?
      - Parce que les flux réels qui engendrent les flux financiers sont mal prévus. Mais
le trésorier, peut-il en être tenu pour responsable ?
         - Parce que le passage des flux réels aux flux financiers est mal fait. Dans ce
cas, quelle part le trésorier prend-il à l'élaboration de ce passage ? Dispose-t-il des
moyens suffisants pour l'améliorer ?
         - Parce que l'entreprise manipule des opérations particulièrement aléatoires soit
du fait de son activité (opérations de grande importance liées aux conditions
météorologiques, à l'arrivée de bateaux), soit du fait de l'utilisation de moyens de
paiement générateurs d'aléas (la prévision de décaissement par chèque est plus difficile
que la prévision de décaissement par virement).

3.2.2. L'interprétation des indices
Que le coût de déséquilibre soit difficile à interpréter est une chose, mais il n'empêche
que son importance absolue a une valeur en soi. Le problème de l'interprétation devient
en revanche capital pour les indices qui sont censés être comparables dans le temps et
d'une entreprise à l'autre.
On a ainsi noté que le coût de déséquilibre au numérateur est divisé au dénomina-
teur par un taux d'intérêt et le volume des opérations traitées. Or le coût de sous-
équilibre est sensible avant tout à la hiérarchie des taux de crédit et faiblement au
niveau absolu des taux. Le coût de sur-équilibre, en revanche, est sensible au niveau
absolu des taux et non pas à leur hiérarchie. Cette première difficulté n'est pas majeure
et peut être corrigée en compliquant l'indice.
     Une difficulté de fond provient de l'hypothèse de linéarité introduite dans la
relation entre le coût de déséquilibre et le volume des opérations. En fait, il est probable
que des économies d'échelle s'opèrent pour plusieurs raisons. Tout d'abord la mani-
pulation d'un nombre très élevé d'opérations conduit à des compensations d'erreurs de
prévision de sens opposé. Par ailleurs, on peut supposer que la taille de l'entreprise joue
un rôle important quant à son pouvoir de négociation face aux banques. Les problèmes
des virements de banque à banque ou des conditions d'utilisation de crédit peuvent s'en
trouver simplifiés.
     Enfin et surtout, les indices précédemment décrits ne tiennent pas compte du degré
d'aléa des opérations effectuées par l'entreprise. Ceci constitue la principale difficulté
non résolue de façon satisfaisante ni sur le plan théorique ni sur le plan pratique. La
difficulté vient apparemment de l'absence de formulation simple de l'incertitude.
Conclusion

La gestion de la trésorerie a connu d'importants développements depuis 1974.
      - Sur le plan technique, l'outillage informatique (micros et logiciels) facilite la
maîtrise et la gestion des flux financiers; la réforme du marché financier introduit de
nouvelles possibilités permettant d'améliorer les arbitrages en matière d'optimisation de
l'équilibre financier à court terme.
      - Sur le plan économique, la hausse sensible des rendements financiers et la plus
grande volatilité des taux et des parités monétaires ont sensiblement augmenté l'enjeu
financier qui s'attachait à une meilleure gestion des composantes du résultat financier.
      - Sur le plan des hommes, une nouvelle génération de cadres formés aux techniques
modernes de gestion participe progressivement à la mise en place de nouveaux outils et
oeuvrent dans le sens d'une plus grande compétitivité des entreprises.
      - Sur le plan de l'information, la mise en place de grandes banques de données au
niveau international et de nouveaux instruments de communication en temps réel entre
les différents acteurs du marché financier améliore la transparence de l'information,
l'efficience des marchés et par voie de conséquence l'action du trésorier.
La fonction de trésorerie a ainsi pris une place de plus en plus importante dans
l'entreprise en participant de façon tangible à l'amélioration de la rentabilité. Le
développement des marchés, l'internationalisation des échanges, la disparition pro-
gressive de la frontière entre le court et le long terme dans les opérations de trésorerie
ne peuvent que renforcer une telle fonction dans le rôle qu'elle a à tenir dans la gestion
des entreprises. Le trésorier doit être polyvalent et capable de maîtriser les aspects
informatiques, organisationnels, comptables et fiscaux de ses actions.
Références
Bertrel J.P., Couliboeuf P. (de), Saint-Alary B., Relations entreprises-banques, Paris, Dossiers pratiques
Francis Lefèvre, 1992.
Coulon N., Guide pratique du chef d'entreprise face aux banquiers , Paris, Editions, Hommes et
Techniques, 1980.
Couret A., Devèze J., Hirigoyen G., Haut de bilan, trésorerie, relations banque entreprise, Paris, Lamy
du Financement, 1994.
Di Martino M., Le chef d'entreprise et son banquier, Paris, La Villeguerin Editions, 1990.
Dubois, D., Khath S., Négociation et contrôle des conditions bancaires, Paris, Les Editions
d'Organisation, 1994.
Froger A., Galzy G., Leddet J., Gestion de trésorerie et gestion de bilan, Paris, Castelange diffusion,
1990.
Herodin B., Benoist d'Anthenay T., Conditions bancaires et gestion de trésorerie en date de valeur,
Paris, Dunod, 1982.
Leroy M., Gestion de la trésorerie, Paris, Les Editions d'Organisation, 1993.
Poloniato B., Voyenne D., La nouvelle trésorerie d'entreprise, Paris, InterEditions, 1991.
Roumilhac J.P., Trésorerie à court terme, Paris, Dalloz, 1992.
Turbot. P., Souriau U., Gestion de la trésorerie, tomes 1 et 2, Paris, Clet, 1980.
Vernimmen P., Schlosser M., Gestion bancaire, nouvelles méthodes et pratiques, Paris, Dalloz, 1984.
Mots clés
Aiguillage des opérations par banque, banque fictive, banque pivot ,budget de trésorerie, commissions
bancaires, compte d'exploitation banque-entreprise, conditions bancaires, coût de déséquilibre ,crédits
causés, crédits de trésorerie ,crédits non causés, date d'opération bancaire, date de compensation,
décisions de gestion au jour le jour, déséquilibre interbancaire, équilibrage au jour le jour, fonction de
trésorerie, indices de performance, instruments de paiement, jour de banque, jour de valeur, lois de
présentation (lois de débit), méthode des bilans , méthode encaissement-décaissement, monnaie de
facturation, optimisation de la gestion de trésorerie, placement à court terme, plan de trésorerie, politique
de crédit, pool bancaire, relations bancaires, risques financiers, rôle du trésorier, sous-équilibre, sur-
équilibre, taux actuariel, taux d'intérêt, taux de base bancaire, taux de référence, virement interbancaire
La gestion de la trésorerie / 33




                                    ANNEXE
                            Conditions de banque standard
                                  Encaissement
 Espèces                                   Date remise + 1 JC

 Remise de chèques sur caisse                Date remise + 1 JC

 Chèque sur place                            Date remise + 2 JO

 Chèque hors place                           Date remise + 5 JO
 Effet LCC non brûlant                       Echéance reportée + 4 JC
            brûlant                          Remise + 10 JC
 Effet LCR non brûlant                       Echéance reportée + 4 JC
            brûlant                          Remise + 10 JO
 Virement reçu                               Date d’opération + 1 JC

 Prélèvement                                 Date d’opération + 4 JC

                                   Décaissement
 Retrait d’espèces                         Opération - 1 JC

 Chèque émis                                 Compensation - 2 JC

 Effet de commerce                           Compensation - 1 JC

 Virement émis                               Opération - 1 JC

 Prélèvement                                 Opération - 1 JC

 Impayé chèque                               Compensation - 1 JC
 Impayé effet                                Echéance - 1 JC

 Intérêt trimestriel                         Dernier jour du trimestre

JO = jour ouvré.            JC = jour calendaire.
Taux :
Majoration catégorielle : 0 à 6%
Commission de plus fort découvert : 0,5 pour 1 000
Commission de compte : 0,25 pour 1 000

Crédit court terme
                                      Réf.    Major.      Paiement          Jours de
                                                           intérêts          banque
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  • 1. LA G E S T I O N D E L A T R E S O R E R I E .
  • 2. SOMMAIRE Introduction..............................................................................................................1 1. La fonction de trésorerie......................................................................................2 1.1. L'enjeu de la fonction de trésorerie..............................................................................2 1.2. Le rôle de la fonction trésorerie ...................................................................................2 1.3. La place de la fonction de trésorerie.............................................................................4 2. La gestion de la trésorerie : domaines d'intervention et actions.......................5 2.1. L'élaboration des prévisions de trésorerie...................................................................5 2.1.1. La prévision à court terme : le budget de trésorerie.............................................................6 2.1.1.1. La méthode des encaissements-décaissements .............................................................6 2.1.1.2. La méthode des bilans ou des délais d'écoulement........................................................6 2.1.2. La prévision à très court terme : le plan de trésorerie au jour le jour en date de valeur........7 2.2. La maîtrise et le contrôle des instruments et des délais de paiement.......................9 2.3. Les relations avec les banques et les conditions bancaires ......................................10 2.3.1. Les relations avec les banques.............................................................................................10 2.3.1.1. Combien de banques? ................................................................................................11 2.3.1.2. Quelles banques? ........................................................................................................11 2.3.1.3. Comment utiliser les banques choisies? .....................................................................12 2.3.2. Les conditions bancaires......................................................................................................13 2.3.2.1. Le taux d'intérêt............................................................................................................13 2.3.2.2. Les commissions fixes.................................................................................................14 2.3.2.3. Les jours de valeur et les jours de banque..................................................................15 2.3.3. La négociation et le contrôle des conditions bancaires........................................................16 2.3.3.1. Le compte d'exploitation banque-entreprise................................................................17 2.3.3.2. Le contrôle de la bonne application des conditions de banque négociées...................17 2.4. Les décisions de gestion au jour le jour.....................................................................18 2.4.1. L'aiguillage des opérations par banque...............................................................................18 2.4.2. Le rôle de la banque fictive dans l'équilibrage....................................................................18 2.4.3. Les virements interbancaires..............................................................................................19 2.4.4. L'utilisation des crédits et le placement des surplus............................................................19 2.5. La gestion des risques financiers ................................................................................21 3. Le contrôle des performances dans la gestion de la trésorerie .......................23 3.1. Les outils de mesure des performances......................................................................23 3.1.1. Le coût de déséquilibre .......................................................................................................23 3.1.1.1. Le coût de déséquilibre par rapport à zéro ..................................................................23 3.1.1.2. Le coût de déséquilibre interbancaire..........................................................................25 3.1.1.3. Conclusion...................................................................................................................26 3.1.2. L'optimisation a posteriori...................................................................................................26 3.1.3. La mesure de la qualité d'aiguillage des opérations entre banques......................................27 3.1.4. Les indices...........................................................................................................................28
  • 3. 3.2. L'interprétation des mesures de performance.........................................................29 3.2.1. L'interprétation du coût de déséquilibre...............................................................................29 3.2.2. L'interprétation des indices..................................................................................................29 Conclusion..............................................................................................................31 - Conditions de banque standard - Modèles : Indice de gestion, Outil de mesure des performances
  • 4.
  • 5. Introduction La gestion de la trésorerie regroupe l'ensemble des décisions, des règles et des procé- dures qui permettent d'assurer au moindre coût le maintien de l'équilibre financier ins- tantané de l'entreprise. Sous-ensemble de la gestion financière, elle en est une des composantes principales : de la survie à court terme dépend la possibilité pour l'entreprise de faire aboutir les options stratégiques sur le plan industriel et commercial, et de répondre ainsi aux objectifs qu'elle s'est fixés. A l'équilibre traditionnel des flux, la fonction de la trésorerie doit aujourd'hui intégrer la gestion dynamique des risques qu'induit l'aléa croissant des marchés sans laquelle il ne peut y avoir de véritable maîtrise de la politique financière. Cette dimension récente de la fonction de la trésorerie introduit une évolution de son activité et des rapports qu'elle entretient avec les différents acteurs internes ou externes à l'entreprise. La diffusion des connaissances, de nouveaux produits financiers, une simplicité et une sécurité accrue des outils de traitement et de communication participent de façon évidente au développement d'une fonction qui n'est plus aujourd'hui l'apanage des seules grandes entreprises.
  • 6. 1. La fonction de trésorerie Seront successivement examinés l'enjeu, le rôle et la place de la fonction de trésorerie dans la gestion financière. 1.1. L'enjeu de la fonction de trésorerie La gestion de la trésorerie a connu depuis le début des années 1970 un très fort dé- veloppement1. Les chefs d'entreprise ont en effet pris conscience de l'enjeu financier qui s'attachait à une meilleure gestion à court terme d'une composante parfois importante de leur prix de revient et donc de leur marge : les flux et les actifs financiers. Le poids relatif du résultat financier dans la formation de la marge dégagée par l'exploitation a été amplifié du fait : - de la forte montée des taux d'intérêt, nominaux tout d'abord, consécutive à la poussée de l'inflation, réels ensuite, consécutive à la réforme des marchés financiers et à leur internationalisation; - d'un niveau d'endettement important amplifiant l'effet taux par l'effet volume; - du ralentissement de la croissance de l'activité induisant : • une chute du taux de profitabilité et un risque élevé de transformation d'un effet de levier anticipé en un effet de massue certain, • dans certains cas, une chute du taux d'investissement et l'accumulation d'excédents de trésorerie; - de la réforme des marchés (en particulier le décloisonnement des marchés du très court terme au très long terme) et du développement d'opérations à taux d'intérêt variables et à taux de change flexibles, ajoutant à l'aléa sur la rentabilité économique un aléa sur le coût des ressources. Ainsi, l'augmentation du coût relatif des dettes et celle du poids des frais financiers cumulés à celle du risque financier ont entraîné celle de l'enjeu financier. Les entre- prises ont dès lors développé des instruments spécialisés dans la gestion de leur résultat financier en particulier dans la recherche d'une optimisation de leur gestion de tréso- rerie, source de gains de compétitivité dans une économie concurrentielle ouverte sur le plan international. Par ailleurs, confrontées à un environnement devenu instable, les entreprises tirent profit des nombreux instruments développés par les marchés pour la gestion des risques sur les actifs et les passifs financiers. 1.2. Le rôle de la fonction trésorerie La mission principale de la gestion de la trésorerie est d'éviter la rupture d'encaisse par l'ajustement quotidien des flux financiers. Par la gestion de l'encaisse et celle des instruments de paiements et de financement, la gestion de trésorerie concourt aussi à l'objectif de rentabilité en minimisant, d’une part, le coût et le volume des financements utilisés, en optimisant, d'autre part, le placement des excédents de trésorerie à très court terme. Elle participe, enfin, à la gestion des risques financiers par la mise en oeuvre 1 Voir également dans cette Encyclopédie l'article de B. Marois, “ Trésorerie internationale ”,p.000, tome 3.
  • 7. d'instruments de couverture ou de spéculation dans les domaines où la volatilité du marché s'est fortement accélérée, en particulier pour ce qui concerne les taux d'intérêt et les parités monétaires. Pour assurer les missions qui lui sont assignées, et compte tenu de la situation cen- trale qu'occupe son service dans l'entreprise comme lieu de convergence de tous les flux, le trésorier doit savoir : - sensibiliser l'ensemble des gestionnaires à “ l'effet trésorerie ” attaché à toute décision de gestion ; - susciter et participer à la mise en place de procédures permettant d'accélérer la circulation de l'information comptable et financière ; - anticiper et évaluer les enjeux et les risques que peuvent induire certains choix ou comportements en matière de politique financière ou commerciale ; - faire des banquiers des partenaires de la gestion de la trésorerie dans un rapport client/fournisseur ; - déterminer, en accord avec la direction générale, les degrés de liberté dans les opérations de gestion et la politique de couverture du risque financier à gérer. La fonction de trésorerie couvre deux types de responsabilité : celles liées à l’organisation propre de l’entreprise pour gérer l’ensemble des flux et soldes de trésorerie et l’ensemble des risques financiers (liquidités, taux , change, contrepartie…) l’interface entre l’entreprise et ses partenaires financiers au premier rang son banquier avec une triple optique : gestion des flux gestion des financements gestion des placements plus les opérations de couverture Le trésorier est détenteur d'un pouvoir de décision et d'ordonnancement qui n'est pas sans risques réels pour l'entreprise2. Un audit périodique spécialisé doit être assuré pour analyser : - les risques d'erreur, de jugement, d'interprétation..., - les risques de non-respect des règles ou procédures mises en place ou de “ sauvegarde ” de l'honorabilité du poste, - les risques de malversation. 2 Voir à ce sujet l'article de J. Pillet, “Les risques et le trésorier ”, Revue Echanges (2ème trimestre 1991) p. 47 à 50.
  • 8. 1.3. La place de la fonction de trésorerie Traitant d'informations prévisionnelles et donc le plus souvent approximatives, la gestion de la trésorerie doit être détachée de la comptabilité, dès que l'enjeu financier justifie la mise en place d'un service à part entière. Les exigences ne sont pas les mêmes : si le comptable doit s'attacher à la rigueur des opérations passées, la dimension prospective est essentielle chez le trésorier où l'estimation d'une position, bien qu'approximative, importe plus que la précision du chiffre. Nécessitant une formation de plus en plus poussée dans les différents comparti- ments de la fonction (trésorerie en francs, en devises, relations bancaires et marchés fi- nanciers), la gestion de la trésorerie est par ailleurs de plus en plus l'affaire de spécia- listes. Disposant d'outils diversifiés et mieux adaptés à ses besoins, accédant en temps réel aux données du marché financier, jouissant d'une autonomie accrue au sein de la fonction financière, la tentation devient parfois grande de transformer la fonction de trésorerie en centre de profit, celle-ci devenant ainsi génératrice de risques spécifiques. Si la fonction de trésorerie est bien un centre de décisions, elle demeure un centre de coûts au service de la politique industrielle et commerciale. Il n'appartient pas au service de trésorerie d'ajouter au risque industriel et commercial, inhérent à la finalité de toute organisation économique, un risque financier que l'on doit à l'inverse chercher avant toutes choses à réduire au moindre coût. Par ailleurs, le développement depuis 1974 de la micro-informatique et de logiciels spécialisés dans la gestion de la trésorerie3, cumulé aux progrès importants en matière de télétransmission et de standardisation dans la codification des opérations financières4 permet : - d'étendre la fonction de trésorerie à des unités de taille réduite sans coût excessif ; - de faciliter la gestion centralisée de trésorerie de groupes de sociétés ; - de dégager le trésorier de tâches administratives de suivi et de contrôle au profit d'une gestion plus dynamique et opérationnelle sur les marchés financiers. Enfin, une centralisation de la gestion de trésorerie peut s'imposer au sein d'un groupe pour faire contrepoids à une structure décisionnaire très décentralisée et pour assurer une harmonisation des conditions bancaires, une fluidité des capitaux et une réduction de l'endettement global du groupe. La constitution de pôles intermédiaires de gestion peut être retenue pour des entreprises présentes sur plusieurs métiers et soucieuses de laisser à chacun son autonomie. La gestion de trésorerie groupe est autorisée par la loi bancaire du 24 janvier 1984 et nécessite des conventions de pool de trésorerie ou des conventions d'omnium5 approuvées par le conseil d’administration. 3 Parmi les principaux produits sur le marché du logiciel de gestion de la trésorerie, citons ceux de Cerg-Finance, Concept-Audival, Sybel, Progifinance (SOFI) et Optifinances. Certaines banques proposent leur “ produit maison”. 4 Voir la norme ETBAC 5 introduite par le système bancaire pour la télétransmission de l'information en vue d'en assurer une parfaite sécurité (authentification des correspondants, intégrité et confidentialité des données, non- répudiation des messages).
  • 9. 2. La gestion de la trésorerie : domaines d'intervention et actions Les actions de la gestion de la trésorerie s'inscrivent dans un ensemble de procédures et de règles définies par les responsables de la direction financière délimitant leurs marges de manoeuvre. L'examen de la relation classique Trésorerie = fonds de roulement - besoin en financement d'exploitation met clairement en évidence le concept de trésorerie. Celui-ci traduit en termes monétaires les conséquences des décisions prises au niveau des différents cycles d'investissements d'opérations financières à moyen et long terme et d'exploitation. Par convention, le rôle du trésorier est assimilé à celui de gestionnaire de l'ensemble des flux financiers. Son domaine d'intervention est délimité par la politique financière à long terme et le niveau du besoin en financement d'exploitation. La nature, le volume et la durée des ressources à moyen et long terme dépendent, d’une part, des opérations d'investissement mises en oeuvre et de leur rentabilité, d'autre part, du niveau souhaité en fonds de roulement. La quantité de ressources stables affectée au financement du cycle d'exploitation est déterminée à la fois par le niveau, la durée et la variabilité du besoin en financement d'exploitation et par un arbitrage entre le maintien de l'équilibre financier et la recherche d'une économie de moyens financiers. Le choix d'un niveau en fonds de roulement souligne ainsi le souci de respecter un objectif de sécurité et n'est donc pas sans influence sur le niveau plus ou moins liquide de la trésorerie et, a contrario, sur celui des ressources bancaires à court terme à mettre en oeuvre. Le niveau du besoin en financement d'exploitation est fonction de la durée du cycle d'exploitation, de la structure du coût d'exploitation, du volume d'activité et de la politique de crédit (client et fournisseur). La situation de trésorerie, sans pour autant être figée, est donc largement détermi- née par un ensemble de contraintes situées en amont de la fonction de trésorerie. Dans ce cadre, les cinq principales fonctions à assurer sont l'élaboration des prévisions de trésorerie, la maîtrise et le contrôle des instruments et des délais de paiement, les relations avec les banques, les décisions de gestion au jour le jour et la gestion des risques financiers. 2.1. L'élaboration des prévisions de trésorerie Les prévisions doivent être réalisées pour un horizon à court terme et un horizon à très court terme. 5 Dans le cas d’une convention de pool, l'initiative juridique du transfert des fonds reste du ressort de la société émettrice du virement. La convention d'omnium permet de mettre en commun les disponibilités financières dans le cadre d'un mandat écrit des filiales pour l'encaissement des créances et le règlement des dettes.
  • 10. 2.1.1. La prévision à court terme : le budget de trésorerie La première étape dans la prévision de trésorerie concerne l'anticipation de l'évolution des soldes de trésorerie, de façon à prévenir les risques de rupture d'encaisse et à négocier en temps opportun les lignes de crédit nécessaires (en nature, en montant et en durée) à la couverture de l'impasse financière. Elle nécessite la mise en place d'outils de traitement de données d'autant plus pointus que l'horizon de la prévision est court. Etabli sur l'horizon de la gestion budgétaire (6 à 18 mois), sur la base d'un pas prévisionnel mensuel et de dates d'opérations comptables, le budget de trésorerie doit être réactualisé sur des périodes d'autant plus courtes que l'aléa qui s'attache à l'activité est élevé. La maîtrise des risques de déséquilibre suppose une analyse de sensibilité de l'évolution des soldes dans différentes hypothèses d'activité. L'utilisation de la micro- informatique et de progiciels spécialisés dans le traitement des données (type tableur) facilite la simulation de budgets de trésorerie ainsi qu'une actualisation plus rapide; elle induit un effort de formalisation notamment dans le traitement des variables selon le type de relations qui peuvent exister : - relations mécaniques (passage du hors taxes au toutes taxes comprises, calcul des charges sociales, des droits de douane...) ; - relations statistiques (délais de règlement clients et fournisseurs). Deux méthodes sont principalement utilisées : celle des encaissements-décaissements, d’une part, celle des bilans ou délais d ‘écoulement, d’autre part. 2.1.1.1. La méthode des encaissements-décaissements De loin la plus utilisée, cette méthode autorise plus aisément le passage entre les dif- férents niveaux de prévision et le rapprochement entre les prévisions et les réalisations. Eclatant les flux selon leur nature (charges/produits) et leur objet (exploitation, ré- partition, financier, investissement), elle est plus familière aux opérateurs de formation comptable. Elle est enfin plus précise car elle s’appuie sur une démarche budgétaire et analytique. Elle nécessite un outillage spécifique d'autant plus coûteux que la masse d'informations à traiter est importante. 2.1.1.2. La méthode des bilans ou des délais d'écoulement En l'absence de procédures budgétaires suffisamment précises ou mises en oeuvre dans les délais compatibles avec la contrainte d'anticipation des risques de déséquilibre, une approximation de l'évolution des soldes prévisionnels peut être obtenue sur la base d'une approche synthétique de la trésorerie selon la relation : ∆ Trésorerie = ∆ fonds de roulement - ∆ besoin en financement d'exploitation L'évaluation des variations du besoin en financement d'exploitation est calculée à partir de la détermination des délais d'écoulement moyen des principales composantes de l'actif et des dettes à court terme d'exploitation (stocks, clients, fournisseurs), établis à partir d'une analyse statistique des ratios de rotation observés sur les derniers mois écoulés. L'évaluation des variations du fonds de roulement est établie à partir du calcul de la marge brute d'autofinancement mensuelle complétée des quelques mouvements sur les
  • 11. opérations financières (apports et remboursements) et d'investissement (acquisitions et cessions). De conception simple, cette approche synthétique permet d'introduire la démarche de la prévision de la trésorerie dans des organisations démunies de procédures complètes sur le plan de la démarche budgétaire. Elle est en particulier recommandée dans le cas d'entreprises soumises à de très forts risques de rupture d'encaisse, dans lesquelles l'information comptable, souvent déficiente, ne permet pas la mise en oeuvre d'une approche encaissements-décaissements dans des délais suffisamment courts. Cette méthode est également adaptée aux entreprises de grande taille pour lesquelles l'évaluation d'agrégats est plus facile que celle de chacun des flux pris isolément. Elle est en revanche contre-indiquée dans le cas d'entreprises soumises à de fortes variations saisonnières d'activité pour lesquelles il apparaît difficile de calculer des statistiques intégrant les fluctuations des volumes de ventes et d'achats et celles des délais de paiement. 2.1.2. La prévision à très court terme : le plan de trésorerie au jour le jour en date de valeur La seconde étape dans la prévision de trésorerie concerne l'anticipation du risque de déséquilibre banque par banque, de façon à assurer par des règles d'équilibrage l'optimisation de la gestion de la trésorerie au jour le jour. Eclatée par société (dans le cas d'une trésorerie de groupe), la prévision est établie sur un horizon de 1 à 3 mois 6. Le plan de trésorerie positionne les flux financiers selon leur date de valeur, à l'intérieur d'un échéancier divisé en pas quotidiens pour le premier mois, et en décades pour les mois suivants. A l'intérieur de chaque échéancier, l'information est structurée en encaissements - décaissements en privilégiant pour chaque type de recettes et de dépenses un classement par nature des instruments de paiement utilisés (chèques, effets, virements...). L'objectif du plan étant de prendre une décision de couverture ou de placement au vu des soldes prévisionnels, son élaboration doit être faite avant tout recours à de nouveaux financements (escomptes de traites, obligations cautionnées...) et placements (SICAV, fonds communs de placement...). Les sources d'information utilisées sont d'ordre comptable : facturation et comptes clients, comptabilité fournisseurs, comptes créditeurs et débiteurs, comptes de banques. Gestionnaire du futur et non pas garant du passé, le trésorier est tributaire des délais dans la production de l'information comptable pour réagir rapidement à un événement nouveau. La mise en place d'une comptabilité des engagements avant comptabilisation certaine permet de pallier les délais parfois excessifs de l'enregistrement comptable contraint par la précision des chiffres. Les sources d'information ont aussi une origine extra-comptable : le budget de tré- sorerie pour les événements certains ou à effets immédiats sur la trésorerie (absence de délais entre la réalisation de l'événement et sa conséquence en trésorerie), les données et les engagements financiers (échéanciers d'emprunts, frais financiers, tombées de 6 La durée à retenir est inversement proportionnelle à l'aléa, quant au montant, des données prévisionnelles et doit être compatible avec la durée des financements disponibles.
  • 12. billets...), les données du service de personnel (paie et charges sociales), les prévisions de chiffre d'affaires estimé par les services commerciaux, les données d'origine bancaire (virements à recevoir, retour d'impayés...) ainsi que l'ensemble des conditions de banque (taux d'intérêt, commissions, jours de valeur...). La fiabilité de l'information collectée et la rapidité avec laquelle elle est communi- quée sont déterminantes pour obtenir une position de trésorerie la plus proche de la réalité et opérer ainsi la meilleure décision de couverture (ou de placement) relative aux soldes considérés. A l'exception du cas particulier des virements reçus (totalement imprévisibles) et du fait de l'horizon très court du plan de trésorerie, les flux introduits sont composés pour l'essentiel de données certaines quant au montant (événements connus) 7. L'aléa le plus important concerne donc la date d'opération à laquelle interviendra le crédit ou le débit en compte des flux projetés. Deux méthodes différentes permettent de maîtriser cet aléa selon qu’il s’agit de maîtriser un volume important de règlements de faible montant ou de suivre un petit nombre de gros montants. - Utilisation des propriétés de la loi des grands nombres pour le traitement d'un volume important de règlements de faible montant. Le traitement statistique des délais constatés entre la date d'échéance (ou la date d'envoi pour les chèques) et la date de présentation en banque par les tiers des effets et des chèques émis permet d'établir des lois de présentation (ou lois de débit) exprimées en nombre de jours ouvrés par support de paiement. Il est souhaitable d'élaborer plusieurs lois statistiques et de s'efforcer de ré- duire le nombre des échéances (ou de jours d'émission de chèques) à l'intérieur d'un mois compte tenu des différences de comportement selon : • la catégorie de tiers : fournisseurs, salariés..., et pour chacune des catégories entre les grandes et les petites entreprises (à supposer que la taille soit un facteur clé de la qualité des procédures de recouvrement) ; • la date d'échéance dans le mois. Outre les règles de prudence qui s'imposent dans la construction de toute loi statis- tique (sensibilité aux modifications d’échantillonnage, stabilité dans le temps...), leur mise en oeuvre implique une actualisation périodique en fonction des écarts observés entre les réalisations et les prévisions de façon à tenir compte des changements de comportement et à affiner la prévision. - Suivi individuel des délais pour les montants importants. Des statistiques au cas par cas doivent être élaborées dans le cadre de relations permanentes et récurrentes (tel est le cas en particulier pour l'URSSAF et le Trésor). L'utilisation de critères statistiques (critère de Savage ou du minimax-regret) permet d'obtenir le pari optimal pour le positionnement d'un gros chèque8. Un suivi précis au cas par cas permet d'ajuster im- médiatement la position de trésorerie en valeur. Une actualisation du plan de trésorerie doit intervenir chaque mois pour effectuer un recalage du solde en valeur sur le solde réel compte tenu, en particulier, des impayés dont le montant n'est connu que longtemps après l'échéance. 7 Le degré d'aléa attaché au montant étant inversement proportionnel à la durée du crédit inter-entreprise. 8 Voir à ce sujet l'ouvrage de J.P. Roumilhac, Trésorerie à court terme, Paris, Dalloz, 1992, p. 56-70.
  • 13. 2.2. La maîtrise et le contrôle des instruments et des délais de paiement L'optimisation de la gestion de la trésorerie passe par la réduction des aléas qui s'attachent aux flux financiers. Le degré d'aléa est fonction : - des choix effectués en matière de support de paiement et de monnaie de facturation; - des risques d'illiquidité sur la détention d'actifs financiers. Le trésorier doit donc intervenir dans la gestion du crédit client et du crédit fournisseur en particulier dans le cadre : - de la politique des instruments de paiement : de celle-ci dépend la maîtrise qu'aura le trésorier des dates d'encaissement et de décaissement. L'utilisation des billets à ordre ou des traites doit être privilégiée, que cela soit pour le règlement des clients ou le paiement des fournisseurs. Certes, le paiement par chèque permet de retarder le décaissement par rapport à la date d'échéance consentie (délai d'acheminement postal et de traitement des règlements chez le fournisseur9 ; mais, a contrario, ces délais non maîtrisés par le trésorier, rendent plus difficile l'anticipation de l'évolution des soldes de trésorerie au jour le jour; d'où un risque accru de déséquilibre. Une action préventive dans le recouvrement des créances clients doit être effectuée pour accélérer la réception des billets à ordre ou des traites envoyées à l'acceptation ; - de la politique de monnaie de facturation : la réduction du risque de change implique dans tous les cas où cela est possible le choix d'une monnaie de facturation unique (importation/exportation). Néanmoins, toute négociation commerciale constitue un compromis entre différents paramètres (prix, délais, monnaie...); cet arbitrage doit être intégré dans le cadre d'une anticipation globale de la position de change prévi- sionnelle afin de maîtriser, en amont des politiques de couverture, l'augmentation du coût du risque de change10; - de la politique de crédit client et de crédit fournisseur 11. Tout délai de paiement implique un coût : coût du financement à mettre en place pour couvrir la créance client, coût d'opportunité lié à l'escompte consenti par le fournisseur pour un règlement au comptant. En outre, le choix d'une politique de crédit doit tenir compte de l'enveloppe des crédits disponibles pour couvrir le financement de l'actif d'exploitation et/ou une réduction du crédit fournisseur. Enfin, si l'augmentation des délais de paiement aux fournisseurs permet de déplacer le risque de déséquilibre financier, celle des délais de règlement consentis à la clientèle induit un risque ultérieur d'illiquidité. Le trésorier doit dès lors intervenir dans le cadre d'une telle politique pour : • avertir des risques de défaillance des clients (constatation d'impayés, de retard dans les règlements...) ; • déclencher la facturation d'agios complémentaires pour paiement différé ; 9 Citons également la flexibilité qu'offre ce mode de paiement en cas de difficultés ponctuelles de trésorerie. 10 Voir également dans cette Encyclopédie l'article de C.A. Vailhen, “ Risque de change ”,p.000, tome 3. 11 Voir également dans cette Encyclopédie l'article de J.P. Jobard , “ Gestion financière à court terme ”, p.000, tome 2.
  • 14. • amener une correction des prix de vente, évitant ainsi que la marge commerciale soit absorbée par l'augmentation des coûts financiers de refi- nancement ; • faire varier les conditions d'escompte pour règlement comptant client /fournisseur ; • ajuster ses lignes de crédit en cas de modification sensible des délais de paiement consentis par ses fournisseurs. 2.3. Les relations avec les banques et les conditions bancaires 12 Le trésorier doit savoir tirer le meilleur profit des banques et négocier au moindre coût les services qu'elles rendent à l'entreprise. 2.3.1. Les relations avec les banques13 Le rôle des banques peut être résumé comme étant pour l'essentiel : - d'assurer les transactions financières courantes (la manipulation des instruments de paiement dans les transactions interentreprises); - d'apporter les concours nécessaires au financement des besoins nés du cycle d'exploitation; - d'informer l'entreprise sur l'évolution de son environnement économico-financier (risque de taux, risque de change, risque client et risque pays). La relation banque/entreprise connaît une très forte évolution. D'une part, une connaissance plus précise du coût des opérations financières et l'impératif de rentabilité que renforcent les contraintes du ratio Cooke obligent les banques à segmenter davantage leur clientèle, à fermer les comptes non rentables et à facturer chaque service. D'autre part, la banalisation de certains produits et les gains de productivité réalisés par l'informatisation d'opérations administratives ont exacerbé la concurrence entre banques, ce dont profitent les entreprises. Ainsi, les exigences des trésoriers en matière d'accès et de rapidité dans le traitement de l'information financière ont contraint les banques à un important effort d'investissement en matière d'équipement informatique et de ressources humaines (outils de connectique bancaire, logiciels, salles de marché...), source de différenciation dans la nature et la qualité des services offerts. Enfin, les banques françaises ne sont plus à l'abri d'un risque de faillite; les trésoriers, soumis à des règles strictes de sécurité, doivent y veiller dans le choix de leurs partenaires financiers14. Dans tous les cas, s'inscrivant dans une relation client/fournisseur, la relation bancaire impose une transparence réciproque dans l'information nécessaire à la négociation : transparence des conditions bancaires et des modes de facturation pour la banque, fourniture régulière d'indicateurs financiers pour 12 Voir sur ce sujet le rapport de l'AFTE, “ Lignes directrices concernant les relations banques-entreprises ”, mars 1994. 13 Voir à ce sujet le rapport au Conseil national du crédit sur “L'évaluation de la perception de l'offre bancaire par les PME britanniques, allemandes et françaises ” réalisé par P. de Saint-Louvent, Cabinet Bossard Consultants. 14 Onze agences de notation, les plus influentes dans le monde selon le Financial Times, permettent d'assurer un suivi régulier des risques signatures des banques : Moody's, Standard and Poor's, Fitch Investors Service, Canadian Bond Rating Service, Thomson Bank Watch, Japanese Bond Rating Institute, Dominion Bond Rating Service, IBCA, Duff and Phelps Credit Rating, Japanese Credit Rating Agency et Nippon Investor Service.
  • 15. les entreprises leur permettant d'éviter des demandes de garantie supplémentaires et d'obtenir des conditions de financement conformes à leur situation économique. Le nombre de banques avec lesquelles une entreprise effectue des opérations est très souvent fonction de circonstances historiques n'obéissant pas toujours à des motifs économiques ou financiers. Or le choix des partenaires financiers doit reposer sur les trois questions suivantes : Combien de banques? Quelles banques? Comment utiliser les banques choisies? 2.3.1.1. Combien de banques? Le nombre doit être déterminé en fonction de trois impératifs : - l'impératif de simplicité administrative : le fractionnement des mouvements entre un trop grand nombre de banques rend plus difficiles le suivi et le contrôle des opérations bancaires et de l'application des conditions de banque ; - l'impératif de mise en concurrence : travailler avec plusieurs banques permet d'obtenir le meilleur de chacune d'elles, aucune banque ne pouvant être assurée du maintien en l'état d'une situation acquise; une mise en concurrence des banquiers de la place permet d'abaisser les conditions bancaires au "mieux disant", partant du principe que tout peut être négocié ; - l'impératif d'équilibrage de la trésorerie : l'utilisation de plusieurs comptes conduit à un risque de déséquilibre interbancaire (sous-équilibre sur une banque, sur-équilibre chez une autre) du fait, d’une part, de l'absence de compensation entre les erreurs de prévision qui peuvent exister entre les mouvements à l'intérieur d'un même compte, d'autre part, du coût et des délais qu'imposent les virements interbancaires. La qualité des services rendus et le dynamisme des banques dépendent de l'importance des mouvements sur la base desquels elles assoient leurs rémunérations. Un trop grand fractionnement des mouvements peut donc nuire à la qualité de la gestion de la trésorerie. 2.3.1.2. Quelles banques? Le trésorier doit savoir choisir ses banquiers en tenant compte des contraintes liées à : - la qualité de la situation financière de l'entreprise : on ne change pas de banquiers en période de crise ou de tension importante en trésorerie; dans le cas inverse, il ne faut pas hésiter à faire venir un autre partenaire dès que l'on s'aperçoit qu'un banquier n'apporte plus la même diligence aux besoins de l'entreprise ou prend prétexte de relations passées pour imposer ses conditions; - la spécialisation des services bancaires : selon leur taille, leur expérience, leur réseau de relations et l'origine de leurs ressources, les banques offrent des services plus ou moins bien adaptés aux entreprises; le trésorier doit connaître les forces et les faiblesses de ses partenaires de façon à tirer le meilleur profit des services disponibles ou rechercher ailleurs ceux dont il a besoin. A titre d'exemple, toutes les banques n'ont pas le même savoir-faire en matière de financements internationaux ou ne disposent pas d'un réseau facilitant les contacts et les opérations financières dans les pays où l'entreprise assure son développement; - l'affinité ou l’inimitié entre banquiers ou entre les trésoriers et les banquiers : ce propos ne doit pas être exagéré; il n'en demeure pas moins vrai que l'amitié entre les
  • 16. hommes est une des conditions de la confiance et donc du succès dans le montage d'opérations financières; - la participation d'une banque ou d'une de ses filiales au capital de l'entreprise, ou de relations privilégiées entre une banque et le dirigeant de l'entreprise. A l'évidence, le trésorier ne bénéficie pas des mêmes libertés en matière de négociation. 2.3.1.3. Comment utiliser les banques choisies? La répartition des mouvements et des crédits entre les banques doit tenir compte des trois contraintes suivantes. - La contrainte du pool : à l'origine constituée pour la distribution de crédits mobilisables, la notion de pool est souvent étendue à l'ensemble des crédits à court terme. Dans ce cadre, l'intégralité des mouvements doit être répartie entre les membres du pool en proportion des lignes de crédit accordées. Les conditions bancaires sont négociées auprès du chef de file qui les répercute auprès des autres banques. Le trésorier s'interdit de faire appel à une banque hors pool. Cette situation a très souvent été imposée aux entreprises dans un contexte de réglementations contraignantes (encadrement du crédit, cloisonnement des marchés...) limitant la concurrence entre les banques, et en l'absence de cadres suffisamment avertis des techniques de gestion de trésorerie. La réforme du marché monétaire, la déréglementation bancaire et les nouveaux instruments financiers favorisent la mise en concurrence des banques et remettent en cause la notion de pool bancaire qui devient une contrainte excessive, une source de rigidité et une cause de surenchérissement dans la gestion de la trésorerie à court terme. La répartition des mouvements ne doit pas être liée à celle des crédits. - La spécialisation des banques : le choix des banques a été déterminé pour partie en fonction des services qu'elles peuvent rendre eu égard aux besoins de l'entreprise. Le trésorier doit privilégier dans la répartition des mouvements la spécialisation de ses partenaires, notamment dans le domaine du commerce international. Les contraintes de domiciliation bancaire qui en résultent prédéterminent l'orientation des mouvements. - La gestion des aléas : du fait de l'aléa qui s'attache au positionnement en date de valeur de certains mouvements (émission de chèques et tombées d'effets), des écarts apparaissent entre la position réelle et la position prévisionnelle dont les effets sont amplifiés par l'utilisation de plusieurs comptes (absence de compensation). Il en résulte des contre-phases inévitables (solde créditeur dans une banque et débiteur dans une autre) qui sont source d'un surcoût (appelé coût du déséquilibre interbancaire) pénalisant la performance du système de gestion de trésorerie mis en place. La qualité de l'équilibrage de la trésorerie et le suivi des écarts entre les prévisions et les réalisations, indispensable à l'ajustement des décisions d'équilibrage au jour le jour, souffrent ainsi de la présence d'un trop grand nombre de banques. Un moyen simple pour réduire la difficulté consiste à concentrer l'essentiel des mouvements aléatoires (quant à leurs dates) sur une seule banque, appelée "banque pivot" 15. Il en résulte une bien meilleure maîtrise des soldes prévisionnels sur les autres banques; le suivi de la trésorerie devient ainsi plus simple et allège considérablement le travail du trésorier. 15 Les quotas à respecter dans la répartition des mouvements entre banques peuvent nécessiter le choix d'une deuxième banque pivot si le montant des flux aléatoires est important.
  • 17. 2.3.2. Les conditions bancaires Une des premières actions que doit entreprendre un trésorier au moment de son entrée en fonction est le recensement des conditions bancaires qui s'appliquent à l'ensemble des mouvements et des financements. Il peut en effet apparaître surprenant qu'une entreprise ne connaisse pas précisément le prix des prestations qui lui sont facturées par ses banquiers. C'est uniquement depuis la loi bancaire de 1984 que les banques ont l'obligation d'afficher clairement leurs conditions. Encore faut-il savoir qu'il ne s'agit que de conditions standards susceptibles de négociation au cas par cas. L'entreprise pourra juger de la qualité de la relation bancaire à partir de ces références16. La rémunération des services bancaires fait intervenir trois composantes : le taux d'intérêt, les commissions fixes et les jours de valeur et jours de banque. 2.3.2.1. Le taux d'intérêt La rémunération des crédits à court terme est basée sur un taux d'intérêt composé de deux paramètres : le taux de référence et les commissions prorata temporis. - Le taux de référence. Jusqu'en 1984, le taux de base bancaire (TBB) s'imposait à toutes les entreprises. Fixé par l'ensemble des banques, ce taux est l'objet de révisions périodiques en fonction de l'évolution du taux du marché monétaire. Correspondant théoriquement au prix plancher en dessous duquel la banque perd de l'argent, ce taux devrait être établi compte tenu des conditions de refinancement spécifiques à chacune des banques (coût du capital) intégrant le coût de la collecte (frais de fonctionnement des guichets). Deux événements majeurs ont contribué à remettre en cause le taux de référence qu'est le TBB : • la réforme du marché monétaire de 1984. Les entreprises (pour les plus grandes) peuvent émettre des billets de trésorerie (d'un montant unitaire minimal d'un million de francs sur des durées de 10 jours à 1 an) et obtenir ainsi un coût de leur financement directement indexé sur le taux du marché monétaire; • la surliquidité du marché monétaire. En période de marché monétaire peu tendu, les banques émettent des crédits spot (montant et durée limités) dont le taux est indexé sur le taux du marché monétaire. Mis en place, dans un premier temps, au seul profit des grandes entreprises, clients privilégiés dans la relation bancaire, ces crédits ont été progressivement étendus aux entreprises de taille plus réduite. Bien que peu développée dans le milieu des PME/PMI, la référence au taux du marché monétaire (PIBOR, T4M, TAG...), en lieu et place du TBB, devrait progressivement se développer sous la pression de la mise en concurrence des banques pouvant induire pour certaines périodes une économie de près de 40% sur le taux d'intérêt17. 16 Pour connaître avec précision les conditions bancaires, il faut se renseigner auprès de chaque banque. Voir à ce propos l'ouvrage rédigé par D. Dubois et S. Khath, Négociation et contrôle des conditions bancaires, Paris, Les Editions d'Organisation, 1994. 17 Soit l'écart entre le TBB et le taux du marché monétaire, écart variable dans le temps selon les délais d'ajustement décidés entre banques, qui ne peut en rien être justifié par la qualité de la signature de l'entreprise prise en compte
  • 18. - Les commissions. Plusieurs commissions, prorata temporis, interviennent dans la formation du taux nominal : • la commission d'endos : relevée en 1975 à 0,60%, cette commission couvre la rémunération des banquiers qui apposent leur signature sur les effets; • une commission spéciale de 0,10%, instituée en janvier 1979 par le Trésor lors de la substitution de la TVA à l'ancienne taxe sur les activités financières (TAF); • une commission catégorielle de 0 à 1% et au-delà, définie par chaque banque à partir de sa propre expérience ; une méthode de cotation (dénommée scoring) permet de hiérarchiser le risque de signature pour chaque client selon une échelle de valeur. Cette majoration pénalise les entreprises de petite taille, considérées souvent comme plus risquées; • une majoration spécifique (0,45% et au-delà) établie en fonction de la nature du crédit utilisé pour couvrir le risque pris par la banque par défaut de garanties offertes suffisantes. Il est en tout état de cause préférable de payer une commission de majoration que d'avoir à accepter de signer une caution personnelle sur le volume des crédits consentis. En conclusion, le minimum de commission perçu est de 0,70% (0,60 + 0,10) pour l'escompte et de 1,15% pour le découvert (0,70 + 0,45). Sur la base d'un taux de référence de 7%, le taux minimum du crédit ressort à 7,70 % pour l'escompte ou le crédit de trésorerie et ‡ 8,15 % pour le découvert. 2.3.2.2. Les commissions fixes La rémunération des services bancaires est assise sur une variété de commissions dont l'évolution suit celle des services offerts par la banque. Parfois redondantes entre elles, ces commissions, très variables d'une banque à l'autre, connaissent une forte inflation. Celle-ci résulte, d’une part, d'une approche plus fine par les banques du coût des prestations fournies et ,d’autre part, de l'obligation de renforcement des marges qu'induit, dans un proche avenir, la disparition des jours de valeurs et donc des gains induits par le float. - La commission de compte ou commission de mouvement : outre les frais fixes prélevés par la banque pour certaines opérations (frais d'encaissement sur effets, commissions de change), la couverture du coût induit par la manipulation des instruments de paiement est assurée par la facturation aux entreprises d'une commission de 0,025% à 0,2% assise sur l'ensemble des mouvements débiteurs que génère l'activité de l'entreprise. Outre l'exonération automatique de mouvements débiteurs sur agios, les tombées de billets financiers renouvelés et les virements bancaires peuvent faire l'objet d'une exonération. - La commission de plus fort découvert : plafonnée à 50% des intérêts débiteurs du trimestre, la commission de plus fort découvert est calculée au taux de 0,05% à 1,2% sur le plus fort découvert de chaque mois. L'impact de cette commission est compris entre 0,60% et 50% du taux du découvert (selon le rapport entre le découvert maximum par ailleurs dans la fixation des commissions prorata temporis.
  • 19. et le découvert moyen du mois). Très pénalisante pour les entreprises, cette commission doit être si possible supprimée en y substituant une commission de dépassement. - La commission de dépassement (du découvert autorisé) : pour éviter d'être pénalisée pour des incidents de gestion de trésorerie en date de valeur, l’entreprise peut négocier deux niveaux de taux de découvert auprès de la banque : un taux conventionnel à hauteur de la ligne de crédit confirmé et un taux supérieur pour tout dépassement du découvert autorisé. - Les commissions de services bancaires : négociables selon le nombre d'opérations traitées par l'entreprise, ces commissions couvrent les frais de tenue de compte, les frais liés au montage de dossiers de crédit, les frais télématiques, les frais de recherche et de renseignement... 2.3.2.3. Les jours de valeur et les jours de banque Le mécanisme des jours de valeur caractérise l'originalité d'une forme de rémunération introduite par le système bancaire français dont le niveau est sans égal dans les autres pays du monde occidental, à l'exception toutefois de l'Italie. Exagérée dans son application et introduisant une complexité accrue dans le suivi de la trésorerie, la notion de jour de valeur peut être définie comme le nombre de jours qu'il faut ajouter à la date d'opération sur les mouvements créditeurs (recettes) ou retrancher à la date d'opération sur les mouvements débiteurs (dépenses) pour connaître la date, appelée date de valeur, à partir de laquelle une opération porte intérêt. Les positions en date de valeur servent ainsi à décompter chaque trimestre les intérêts débiteurs et la commission de plus fort découvert. La notion de jour de valeur donne naissance au float, source de profit pour la banque; le float relatif à une opération de crédit correspond au volume de fonds à la disposition de la banque qu'elle peut placer entre la date d'opération et la date de crédit en valeur dans les comptes de l'entreprise. Compte tenu du Système interbancaire de télécompensation (SIT) mis en place, la durée effective de recouvrement des opérations bancaires a été ramenée à un jour. De fait, les jours de valeur pour les opérations de crédit et de débit devraient être ramenés à J+1. La Cour de cassation, par un arrêt du 6 avril 1993, interdit la pratique des jours de valeur pour les versements d'espèces. Le développement des commissions de service et la concurrence des banques étrangères devraient progressivement réduire les jours de valeur, source d’enrichissement sans cause des banques françaises. La date d'opération bancaire est celle du jour à laquelle l'opération a été portée à la connaissance de la banque dès lors qu'elle est intervenue avant l'heure de caisse. Dans le cas contraire, l'opération est prise en compte le premier jour ouvré suivant. Très fréquemment fixée à 11 heures, celle-ci peut être modifiée au gré à gré. La date de compensation correspond à la date où les banques reconnaissent entre elles les opérations de leurs clients respectifs. Elle détermine de façon certaine la date d'opération bancaire d'un chèque émis18. Le lieu de compensation est variable. Il est : 18 Le contrôle des dates d'opération peut ainsi être effectué par demande de photocopies recto-verso du chèque auprès de la banque.
  • 20. - sur place lorsque la banque de l'émetteur et celle du bénéficiaire sont domiciliées sur la même place de compensation; - hors place dans le cas où les domiciliations ne sont pas sur la même place de compensation; - sur caisse lorsqu'il s'agit de la même agence. Les jours de banque correspondent au nombre de jours ajoutés par la banque à celui de disponibilité des fonds pour le calcul des intérêts des crédits par billets. Les jours peuvent être : - des jours calendaires; - des jours ouvrables : soit les jours calendaires moins les jours fériés (dimanches et fêtes civiles ou religieuses); - des jours ouvrés : soit les jours ouvrables moins les veilles chômées (les jours semi-chômés ne sont pas ouvrés) de jours fériés (principalement les samedis)19. 2.3.3. La négociation et le contrôle des conditions bancaires La prise de conscience du poids des frais financiers, notamment sur les opérations à court terme, a entraîné à partir des années 1970 une intervention plus active des entreprises sur les paramètres qui participent à la formation du résultat financier. Fondée sur une plus grande clarté et une plus grande transparence des conditions bancaires introduite notamment par la loi bancaire de 1984, et renforcée par une meilleure formation de l’ encadrement financier des entreprises20, la relation banque- entreprise a été ramenée à un plus juste équilibre. N'hésitant plus à négocier leurs condi- tions, les entreprises doivent malgré tout connaître les limites d'une telle démarche. 19 Les jours de valeur sur les mouvements débiteurs sont toujours des jours calendaires. 20 De nombreuses universités ont introduit des formations spécialisées dans le cadre de leurs enseignements de troisième cycle (DESS). En outre l'Association française des trésoriers d'entreprise (AFTE) offre aujourd'hui à ses adhérents d'excellentes publications sur les mécanismes de la gestion de la trésorerie.
  • 21. 2.3.3.1. Le compte d'exploitation banque-entreprise L'élaboration d'un tel document permet de déterminer le bénéfice que retire la banque de ses relations avec l'entreprise et donc de savoir jusqu'où négocier. Si la marge dégagée sur les opérations de crédit est assez facile à mesurer, car consommant peu de frais généraux, il n'en est pas de même pour les opérations d'exploitation faute de connaître l'imputation par nature d'opération des frais de gestion bancaire. Le compte d’exploitation banque-entreprise permet d'apprécier l'enjeu financier de la négociation sur chacun des postes de recettes pour la banque et donc de hiérarchiser les points à négocier selon qu'il s'agit : - des gains sur les taux et commissions, - des gains sur le float induits par le mécanisme des jours de valeur, - des gains sur les soldes créditeurs non rémunérés 21, - des gains de change. Calculé aisément à partir d'un progiciel de gestion de trésorerie, le compte d'exploitation banque-entreprise a permis à certaines entreprises d'aboutir à une négociation forfaitaire des services bancaires (EDF, Ciba Geigy...) simplifiant ainsi considérablement la gestion de la trésorerie au jour le jour, source d'économies administratives pour la direction financière. 2.3.3.2. Le contrôle de la bonne application des conditions de banque négociées La négociation des conditions particulières par rapport aux conditions standards n'a de sens que si l'entreprise s'assure a posteriori de la bonne application des conditions négociées. L'absence de contrôle risque fort de conduire très rapidement les partenaires financiers à déconsidérer leur interlocuteur, portant ainsi un préjudice important à l'entreprise dans une négociation ultérieure de lignes de crédits et de taux. Le trésorier dispose pour faire ce contrôle de différents documents : - des pièces bancaires, bordereaux d'escompte et avis de débit relatifs aux billets financiers... ; - de l'échelle d'intérêt trimestriel; celle-ci reprend sur une période donnée (le trimestre) l'ensemble des mouvements débiteurs et créditeurs classés par dates de valeur permettant de calculer le ticket d'agios : intérêt débiteur, commission de mouvement et de plus fort découvert. Source de gains appréciables pour l'entreprise, longs et difficiles à réaliser manuel- lement, ces contrôles peuvent être automatisés par recours à l'informatique. Le recours aux progiciels spécialisés permet à toute entreprise, quelle que soit sa taille, d'assurer un contrôle strict et systématique des conditions bancaires22 qui lui sont appliquées sans surcoût administratif. Deux types d'erreurs sont particulièrement fréquentes et lourdes de conséquences : la détermination de la date de valeur des opérations et le calcul des agios sur les utilisations de crédit. Ces deux erreurs sont d'autant plus fréquentes que l'entreprise a 21 Interdite depuis la loi de 1966, la rémunération des soldes créditeurs a entraîné un manque à gagner important pour les entreprises. Une rémunération fictive à hauteur de 1% des nombres créditeurs sous la forme de rétrocession de commission de mouvements peut être négociée. 22 Sous réserve que le logiciel n'occulte pas la fonction de contrôle des conditions bancaires.
  • 22. négocié ses conditions par rapport à des standards. Elles sont commises le plus souvent au détriment de l'entreprise sans que la bonne foi de la banque puisse être mise en doute. Les erreurs de date de valeur, outre leur coût, conduisent à rendre inopérantes les prévisions de trésorerie et les décisions d'équilibrage qui s'appuient sur elles. Elles faus- sent les échelles d'intérêt sur lesquelles se fondent les calculs de coût de déséquilibre. Les erreurs de facturation d'agios portent parfois sur le taux et de façon très fréquente sur le nombre de jours pris en compte par rapport à la disponibilité réelle des fonds. 2.4. Les décisions de gestion au jour le jour Les décisions de gestion de trésorerie au jour le jour ont pour objectif principal de minimiser les frais financiers et de maximiser les produits financiers à court terme. Cet objectif passe par la recherche de la trésorerie zéro23. Ce concept revient à éviter le surcoût dû : - au sous-équilibre : soit la différence entre le taux du découvert et le taux d'un crédit mobilisable; - au sur-équilibre : soit le coût de surmobilisation d'un crédit ou le coût d'opportunité d'un sous-placement. Des décisions, qualifiées d'équilibrage de la trésorerie au jour le jour, sont ainsi prises par le trésorier pour atteindre ses objectifs. Trois étapes interviennent successivement dans la recherche de cet équilibrage : - l'aiguillage des opérations par banque, - les virements de compte à compte entre banques, - l'utilisation des crédits ou le placement des surplus. 2.4.1. L'aiguillage des opérations par banque L'objectif est d'orienter les mouvements d'encaissements et de décaissements de manière à obtenir des soldes en valeur en équilibre au jour le jour. Trois considérations sont à prendre en compte. - L'objectif d'équilibrage se fait sous la contrainte de tirer le meilleur parti des conditions de banque, c'est-à-dire d'affecter chaque mouvement ‡ la banque le traitant aux meilleures conditions. Cette contrainte peut devenir un objectif prioritaire et les impératifs de l'équilibrage une contrainte. - L'équilibrage des opérations par banque doit être effectué en respectant les contraintes du pool et celles des avantages de la spécialisation bancaire. - Quand cela est possible sans risque (sous conditions de plafond et de taux), le souci d'équilibrer au mieux conduit à concentrer au maximum les opérations aléatoires sur le minimum de banques afin de profiter des compensations d'erreurs de prévisions et de maîtriser sans problème l'équilibrage des banques ne recevant que des mouvements certains. 2.4.2. Le rôle de la banque fictive dans l'équilibrage 23 Nous verrons ultérieurement que la trésorerie zéro n'est pas équivalente à l'équilibre à zéro, qui peut coûter plus cher que le maintien d'un déséquilibre.
  • 23. Les deux étapes suivantes nécessitent une phase intermédiaire qui est l'étude du déséquilibre global sur l'ensemble des comptes bancaires. On constitue dans ce but une banque fictive pour laquelle le solde en valeur est la somme algébrique des soldes en valeur de chaque banque de l'entreprise. Si la banque fictive est équilibrée, on passe à l'étape d'équilibrage par virements interbancaires. Dans le cas inverse, on passe à l'étape d'équilibrage par mobilisation des crédits et placement des surplus. 2.4.3. Les virements interbancaires L'objectif est de ramener les fonds excédentaires de banques à solde en valeur créditeur vers les banques à solde en valeur débiteur avant ou après financement. Cette décision doit intégrer le coût de l'opération, composé de la commission de mouvement et de 2 jours de valeur (1 jour à l'émission et 1 jour à la réception). Ce coût doit être négocié. En outre l'usage des virements roses Banque de France, en jour compensé, permet éventuellement de parvenir à la gratuité des virements interbancaires. Ce coût doit être rapproché du gain qu'entraîne une telle opération (réduction du coût de mobilisation qu'induirait la couverture d'un sous-équilibre chez les banques...). Le maintien d'un déséquilibre peut être ainsi moins coûteux que la recherche d'un équilibre à zéro à tout prix. L'équilibrage ne peut donc être qu'un processus global. 2.4.4. L'utilisation des crédits et le placement des surplus Si la trésorerie est globalement déséquilibrée, le trésorier doit chercher à atteindre l'objectif de la trésorerie zéro par l'utilisation des crédits de financement (solde dé- biteur), le placement des surplus (solde créditeur) ou une combinaison des deux. Ces actions ne sont à envisager que si elles permettent d'améliorer la rentabilité de l'entreprise. Elles nécessitent de bien connaître : - les différentes possibilités en matière de financement à court terme ou de placement et leurs conditions d'utilisation (objet, durée, taux, volume, réglementation), - le taux actuariel des crédits et des placements. Les établissements bancaires offrent aux entreprises une grande variété de moyens de financement de leurs besoins à court terme. La classification suivante peut être retenue : - crédits causés : il s'agit de tout crédit dont le montant et la durée sont directement fonction de celui de l'actif à financer sur lequel s'appuie la garantie offerte : escompte commercial, crédits par billets (crédit Dailly, crédit de mobilisation de créances commerciales -CMCC-, mobilisation de créances à l'exportation -MCE- ou de warrants) ; - crédits non causés : négociés en fonction des besoins globaux de l'entreprise, ils peuvent prendre la forme de crédits de trésorerie par billets (mobilisables ou non) ou de crédits en compte dont le découvert est la forme la plus courante. Des formes récentes complexes et très compétitives de crédit sont récemment apparues, comme les Multi- Options Facilities (MOF) et les programmes d'adjudication à court terme (PACT) à tirages multiples (PCAM)24. 24 Lignes de crédit bancaires multidevises non confirmées, incluant le franc français, et placées par appel d'offres selon la technique de l'adjudication, au sein de groupes de banques participantes. A la différence des PCAT et
  • 24. Pour les plus grandes entreprises, le recours direct au marché financier par l'émission de billets de trésorerie constitue un moyen de financement souvent moins onéreux25. Compte tenu de la très forte contrainte introduite en 1974 par le Conseil national du crédit en matière de convention de blocage, les banques et les sociétés de bourse ont su créer des produits attractifs offrant des moyens très souples de placement de trésorerie à court terme au travers d'organismes de placement collectif de valeurs mobilières (OPCVM) : sociétés d'investissement à capital variable (SICAV) et fonds communs de placement (FCP). Ces OPCVM sont constitués d'opérations à réméré, de titres de créances négociables ou/et d'obligations à taux variables, sans droit d'entrée ni de sortie. Le décloisonnement des marchés des capitaux, la déréglementation et l'innovation financière introduites par la loi bancaire de 1984 ont élargi les possibilités offertes aux entreprises en matière de placement des surplus de trésorerie. Le marché des titres de créances négociables permet de traiter cinq supports : les certificats de dépôt, les billets de trésorerie, les bons du Trésor négociables (BTN et BTAN), les bons des institutions et des sociétés financières, les bons à moyen terme négociables (BMTN). Ont été également introduites de nouvelles possibilités en matière de placements spéculatifs : options sur MATIF et sur actions. Cette variété de placements ne doit cependant pas faire oublier au trésorier les contraintes de flexibilité, de solvabilité et de liquidité auxquelles il est soumis. Ainsi, le trésorier se doit d'écarter tout placement soumis à un risque en signature et en capital (OPCVM monétaires sensibles, obligations et BMTN à taux fixe) ou à caractère spéculatif (marché des options, actions...). Il s'orientera de préférence sur des investissements comportant un minimum de risque et garantissant pratiquement une rentabilité déterminée. Le recours à un intermédiaire entraîne un risque supplémentaire. En conséquence, l'investisseur doit pouvoir apprécier la sécurité offerte par l'OPCVM, en tant qu'intermédiaire, par la communication d'une notation26 établie par des organismes indépendants sur les deux risques suivants : - risque lié à l'insécurité de la structure de gestion et de la structure de conservation, - risque de l'inadéquation des emplois et de la liquidité aux objectifs de l'OPCVM. Les crédits ou les placements ont des caractéristiques telles que leur coût ou leur avantage ne peut se mesurer simplement ou directement. Ainsi, le taux facial ou apparent d'un crédit n'est qu'une des composantes du coût réel. La durée de la dis- ponibilité réelle des fonds (incidence des jours de valeurs), les jours de banque, la date de paiement des intérêts (pré ou post-comptés), les commissions et frais éventuels, la fréquence dans l'année (incidence de la méthode des intérêts proportionnels au lieu des intérêts équivalents), le nombre retenu de jours dans l'année (360 au lieu de 365) peuvent renchérir très sensiblement le coût du crédit. PCAM, les MOF, de montant plus élevé, constituent un engagement ferme d'un syndicat de banques. 25 Attention toutefois aux contraintes liées à ce type de support : animation du titre, exigence de communication financière, négociation de lignes de substitution... Voir à ce sujet le mémoire de maîtrise de gestion de P.E. Dubois et A.S. Dufresne, “ Les billets de trésorerie, stratégies, techniques et risques ”, Université Paris-Dauphine, 1995. 26 Cette notation n'indique en rien la qualité de la performance de l'OPCVM.
  • 25. Seul le taux actuariel permet de hiérarchiser entre elles les différentes propositions de placement ou de financement27. Il rend compte, en particulier, de l'incidence de la durée sur le coût du crédit. Pouvant en outre juger de l'influence des conditions de banque sur le coût réel des crédits, le trésorier saura ainsi tirer profit d'une négociation de ses conditions avec la banque. Le découvert peut s'avérer ainsi moins coûteux qu'un crédit de mobilisation, malgré un taux facial moins avantageux, tout en évitant le coût de sur-équilibre qu’entraînerait un risque de sur-mobilisation dû à l'aléa des flux financiers quant à leur date. 2.5. La gestion des risques financiers Le mouvement de déréglementation amorcé depuis 1984 permet aux trésoriers d'intervenir dans un cadre beaucoup plus large facilitant ainsi la gestion du risque financier. En effet, l'accroissement de la volatilité des parités monétaires et des taux induit des risques nouveaux contre lesquels les trésoriers doivent se prémunir tant pour les dettes que pour les créances, passées, présentes ou futures. Cette gestion a pour objectif de diminuer le coût financier (cas le plus fréquent), de maximiser le profit de l'entreprise, d'assurer la liquidité. Elle peut en outre être utilisée comme outil de gestion commercial28. De nombreux instruments financiers ont fait leur apparition. Ils permettent de prendre des positions de couverture sur les différentes composantes du coût financier : - soit en intervention sur des marchés de gré à gré (opérations à terme, swaps, forward rate agreement (FRA), cap, floor, collar)29 pour un besoin de couverture, spécifique, sous réserve de s'assurer du risque de contrepartie; - soit en intervention sur des marchés réglementés, en France ou à l'étranger (contrats de taux et de devises, options sur contrats de taux, options sur actions, options de change)30... pour la mise en place d'une couverture récurrente et présentant de meilleures garanties. Ayant pour objectif de réduire le risque financier et appelés à un très fort dévelop- pement, ces nouveaux instruments modifient : - les rapports classiques entre les banques et les entreprises : une nouvelle intermédiation apparaît progressivement; les banques interviendront de plus en plus pour assister le trésorier dans la quantification des différents indicateurs de risque de taux et de change encouru, renforçant leur rôle de conseil dans l'utilisation de ces nouveaux instruments au détriment de leur rôle traditionnel d'intervenants directs sur les marchés; 27 Voir P. Turbot et U. Souriau, Gestion de la trésorerie, Paris, Clet, 1980, Tome 2 p. 160 et suiv. 28 Voir à ce sujet le rapport d'enquête réalisé par Arthur Young sur la photographie de la fonction financière des entreprises françaises en 1987. 29 Voir également dans cette Encyclopédie l'article de C. de La Baume, “ Risque de taux d'intérêt ”, p.000, tome 3. 30 Voir également dans cette Encyclopédie l'article de C.A. Vailhen, “ Risque de change ”, et dans l’encyclopédie des marchés financiers les articles de J.L. Alexandre, “ Marché à terme de taux d'intérêt ”, de J.C. Augros, “ Options de taux d’intérêt” et de P. Fontaine, “ Evaluation des actifs financiers dans le cadre international ”.
  • 26. - le rôle du trésorier; sachant jongler avec les nouveaux outils pour gérer les financements, les risques et les placements, celui-ci peut être une source de profits substantiels pour l'entreprise. La complexité grandissante liée en majeure partie à la sophistication des produits de couverture utilisés impose la mise en place d'un dispositif de contrôle a posteriori et de mesure des performances sur les décisions prises. Leur mise en oeuvre nécessite préalablement : - une centralisation de la gestion de trésorerie afin de gérer des positions nettes consolidées (actif/passif) d'exposition aux risques et de négocier au meilleur prix les opérations de couverture, - la création d'une fonction back-office, distincte du service trésorerie, permettant d'assurer un suivi permanent des principaux éléments de la gestion de taux et de change par la production d'un reporting de position régulier.
  • 27. 3. Le contrôle des performances dans la gestion de la trésorerie 31 Partie intégrante du système de gestion de l'entreprise, la fonction de trésorerie n'échappe pas aux principes qui régissent tout système de pilotage d'une organisation. Insuffisamment développé et appliqué, le contrôle des performances de cette fonc- tion revêt pourtant une certaine importance si on considère le poids de plus en plus important que prennent les décisions de gestion de la trésorerie dans la formation de la marge de l'entreprise. Délibérément limité, dans le cadre de cet article, au champ des décisions d'équilibrage de la gestion de la trésorerie, le contrôle des performances repose sur la mise en oeuvre d'outils qui nécessitent un certain nombre de précautions sur leur interprétation. 3.1. Les outils de mesure des performances Ces outils sont nombreux. On peut en retenir quatre : le coût de déséquilibre, l’optimisation a posteriori, les mesures de la qualité des opérations d’aiguillage des opérations entre banques et les indices. 3.1.1. Le coût de déséquilibre 3.1.1.1. Le coût de déséquilibre par rapport à zéro La recherche de soldes de trésorerie, au jour le jour et en dates de valeur, les plus proches possibles du zéro pour chacune des banques participe à l'objectif de minimisa- tion des frais financiers. L'objectif de "trésorerie zéro" n'est pas un objectif ultime en soi. En effet, les arbitrages retenus pour ramener les soldes à zéro peuvent entraîner des coûts supérieurs à celui qui résulte de soldes s'écartant du zéro. Un calcul assez simple, reproduit au tableau 1, montre qu'il est préférable, pour un besoin de financement sur 10 jours, de ne pas chercher à atteindre une trésorerie équilibrée : sur la base des conditions bancaires retenues, le coût réel du découvert est plus faible que celui d’un crédit par billet financier ou d’un CMCC (sauf à négocier la suppression des jours de banques). 31 Extrait d'un article rédigé en collaboration avec L. Jehanin, cofondateur de l'Association française des trésoriers d'entreprise, présenté lors du premier congrès de cette association en 1980 et publié dans le numéro de janvier- février-mars-avril 1982 de la Revue du Financier, sous le titre “Trésorerie au jour le jour”.
  • 28. Tableau 1 Taux apparent Taux actuariel Hypothèses 12,60 % Tirage à 10 jours avec CMCC Commission de 17,67 % 2 jours de plus par rapport 0,025 % sur débit à la disponibilité des fonds 13,05 % Y compris commission de Découvert Commission de plus 15,50 % plus fort découvert fort découvert de Période: premiers jours 0,05 % du trimestre Hypothèses complémentaires : - la durée du trimestre est de 91 jours ; - le plus fort découvert du mois se situe au cours des 10 jours analysés Les calculs de taux actuariels d'utilisation des crédits étant faits par ailleurs, on peut retenir le coût de déséquilibre par rapport à zéro comme une mesure de performance commode et simple. Le coût de déséquilibre par rapport à zéro se fait banque par banque. Il se décompose en coût de sur-équilibre pour les soldes créditeurs et en coût de sous-équilibre pour les soldes débiteurs. Pour éviter de se trouver en sous-équilibre, il aurait fallu utiliser un autre crédit à un taux moins élevé. Le coût de sous-équilibre se calcule donc en utilisant la différence entre le taux des intérêts débiteurs et celui du crédit le moins cher disponible à cette période, auquel on ajoute en général la commission du plus fort découvert suivant les conditions de banque de l'entreprise. L'escompte en compte ou le Dailly en garantie permettent d'éliminer le coût de sous-équilibre. Deux hypothèses sont à considérer pour calculer le coût de sur-équilibre : - ou bien l'entreprise a mobilisé trop de crédits et elle se trouve en “ surmobilisation ”; - ou bien, dans le cas contraire, elle aurait pu placer l'excédent et elle se trouve en “ sous-placement ”. Dans le cas de sur-mobilisation, on chiffrera le coût de sur-équilibre au taux du cré- dit le plus cher qui a été mobilisé (éventuellement, on peut être amené à utiliser plusieurs taux successivement en cas de mobilisation de crédits à des taux différents). Pour le cas de sous-placement, on utilisera le taux qui aurait pu être obtenu en plaçant l'excédent. Deux remarques concernant le coût de déséquilibre doivent être soulignées. - Il n'y a pas de symétrie entre le coût de sur-équilibre et le coût de sous-équilibre. Le sur-équilibre est plus coûteux, car il est calculé sur un taux plein, alors que le coût de sous-équilibre est calculé sur une différence entre deux taux32. Aussi, plus les prévisions de trésorerie sont aléatoires, plus il est conseillé de sous-équilibrer. Néanmoins, il n'est pas rare de constater des réflexes contraires : la "peur du rouge", pathologie classique 32 Voir § 2.4.
  • 29. ou contrainte bancaire, peut aboutir au maintien d’un sur-équilibre particulièrement coûteux. - Il existe une différence de sensibilité des coûts de déséquilibre aux taux d'intérêt. Plus le niveau des taux est élevé, plus le coût de sur-équilibre est important puisqu’il s’agit d’un taux plein. En revanche, le coût de sous-équilibre, calculé sur une différence entre deux taux, est avant tout proportionnel à la hiérarchie des taux d'intérêt entre les différents crédits33. En outre, les commissions "exceptionnelles" ou "temporaires" qui majorent en permanence les taux d'intérêt pour les crédits de trésorerie par billet restreignent l’avantage de coût apparent de tels financements par rapport au crédit de caisse. Celles- ci devraient donc logiquement conduire le trésorier à préférer le maintien d'un sous- équilibre par l’utilisation préférentielle d’un financement par crédit de caisse en cas d'incertitude. 3.1.1.2. Le coût de déséquilibre interbancaire Dans le coût de déséquilibre par rapport à zéro, se trouve le plus souvent inclus le coût résultant de la coexistence de soldes positifs sur une banque, et négatifs sur une autre, pour une même date de valeur. Ce coût de déséquilibre interbancaire est le prix qu'il faut payer pour avoir plusieurs banques, pluralité qui dans la plupart des cas présente en contrepartie d'autres avantages. Le déséquilibre interbancaire est lié pour la plus grande part aux imperfections des prévisions de trésorerie. Pour beaucoup d'entreprises, il résulte également du coût de virement de banque à banque qui peut dissuader de rééquilibrer les soldes (jours de valeur et commission de mouvement au débit, jours de valeur plus frais éventuels pour virement télégraphique au crédit). Cependant, la disparition de ce type de coûts est de plus en plus négociée. Enfin, même dans cette hypothèse, le virement de banque à banque est impossible les jours non ouvrés. Le calcul du coût de déséquilibre interbancaire passe par une étape intermédiaire : le coût de déséquilibre sur la banque fictive. La banque fictive correspond à l'hypothèse d'unicité bancaire. En d'autres termes, on se demande ce qui se serait passé si l'entreprise, au lieu d'avoir plusieurs banques, en avait eu une seule. Les soldes sur cette banque fictive correspondent à la somme algébrique des soldes sur chaque banque. A partir de l'échelle d'intérêt constituée par les soldes de la banque fictive, on peut calculer un coût de déséquilibre comme on l'a défini ci-dessus (coût de sous-équilibre, coût de sur-équilibre). La différence entre le total du coût de déséquilibre banque par banque et le coût de déséquilibre sur la banque fictive donne le coût de déséquilibre interbancaire. Ce coût peut constituer la plus grosse part du coût de déséquilibre par rapport à zéro pour des entreprises ayant de nombreuses banques. Son calcul peut conduire à des prises de conscience douloureuses, un pool pléthorique étant souvent un héritage 33 Très indirectement et pour une faible part, le coût de sous-équilibre est fonction du niveau absolu des taux d'intérêt à cause du plafonnement éventuel de la commission du plus fort découvert à un pourcentage du montant des intérêts débiteurs, ce dernier montant étant évidemment directement proportionnel au niveau absolu du taux du découvert.
  • 30. historique, produit de fusions successives ou de la faiblesse de l'entreprise face aux sollicitations des banques. 3.1.1.3. Conclusion Les calculs de coût de déséquilibre - par rapport à zéro et interbancaire - sont très précieux. Il faut être cependant conscient des problèmes posés par leur interprétation ainsi que de leur limite. - Le coût de déséquilibre permet de mesurer l'écart qui sépare une gestion réelle de l'idéal du zéro de trésorerie, mais cet idéal est impossible à atteindre (avec les conditions de banques habituelles). - Le coût de déséquilibre ne permet pas d'estimer le coût de l'écart entre une gestion réelle et une gestion parfaite, c'est-à-dire avec des prévisions exactes et un équilibrage optimal, compte tenu des contraintes (disponibilité des crédits, durée minimum, etc.). Malgré ces limites, le coût de déséquilibre permet un bon contrôle de la qualité de la gestion de la trésorerie et donne l'ordre de grandeur des gains maxima théoriques réalisables en améliorant cette gestion. 3.1.2. L'optimisation a posteriori Une des limites du coût de déséquilibre est l'impossibilité de prendre en compte les contraintes pour passer d'une situation idéale inaccessible - le zéro de trésorerie - à la situation qui aurait été la meilleure, compte tenu des contraintes. L'optimisation a posteriori a pour objet de décrire quelle aurait été cette situation optimale sans contrainte. Pour cela, plusieurs étapes sont à franchir. En premier lieu, il est nécessaire de reconstituer l'évolution des soldes sur chaque banque si aucune décision d'équilibrage n'avait été prise. En deuxième lieu, toutes les caractéristiques des crédits et des placements doivent être décrites avec précision (disponibilité au jour le jour, taux, conditions de banque, plafonds, planchers, durée minimum, etc.). Enfin, le coût des virements de compte à compte doit être indiqué. Ces divers paramètres et contraintes étant définis, on recherche mathématiquement la combinaison qui minimise les frais financiers et maximise les produits. Bien que théoriquement possibles, les calculs en recherche opérationnelle sont extrêmement lourds et difficiles à mettre en oeuvre dans la pratique (difficulté de modélisation, temps de calcul prohibitifs). En revanche, une autre approche est plus accessible, même si elle reste assez coû- teuse. Elle consiste à partir des soldes au jour le jour de la banque fictive pour en tirer les soldes avant toute mesure d'équilibrage. Cette solution évite la complication de l'équilibrage interbancaire et des problèmes de virement. La suite des calculs est identique. Cette simplification est d'autant plus justifiée que, d'une part, les virements interbancaires ont un coût faible ou nul et que, d'autre part, il n'existe pas de déséquilibres interbancaires graves les jours non ouvrés. Naturellement, comme dans tout calcul d'optimum, il faut se souvenir que l'optimum obtenu a été déterminé à partir de l’anticipation de flux de trésorerie sur un
  • 31. horizon prévisionnel fixé arbitrairement par le trésorier34. La solution dégagée comme étant la meilleure sur la période retenue peut ainsi s’avérer mauvaise pour les décisions d’équilibrage de la période suivante. Il en est ainsi, par exemple, lorsqu’apparaît, en début de période suivante, un besoin de financement sur une durée trop courte pour que soit utilisé un crédit par billet ; cette situation contraint le trésorier à maintenir un sous- équilibre, alors qu’il eût été possible, en prolongeant de quelques jours la période d’équilibrage précédente, de tirer un billet sur une durée plus longue et d’éviter le coût d’un tel déséquilibre. Pour éviter de telles anomalies, on peut introduire des contraintes supplémentaires (conditions de fin de jeu), recourir à des optimisations avec des soldes à pas variables (jour + décade + mois) ou plus simplement négocier auprès des banques l’escompte en compte ou le Dailly en garantie qui permettent à l’entreprise de bénéficier d’un coût du découvert aux conditions du coût du crédit par billet, réduisant ainsi à zéro le coût du sous-équilibre et celui de la sur-mobilisation. Il ne faut pas se cacher que l'optimisation a posteriori est une technique lourde par rapport au coût de déséquilibre, quelle que soit la technique mathématique retenue (programme linéaire ou dynamique). Elle se justifie plutôt pour des études ponctuelles que pour un suivi régulier. 3.1.3. La mesure de la qualité d'aiguillage des opérations entre banques Toutes les mesures décrites précédemment ont considéré l'affectation des opérations entre les banques comme une donnée. Il reste à déterminer la qualité de cette affectation. En bonne logique, l'affectation des opérations entre banques doit satisfaire en premier lieu l'objectif d'utilisation des banques les plus avantageuses sans contraintes éventuelles de pool. En second lieu, cette affectation doit faciliter l'équilibrage, c'est-à- dire minimiser les virements de banque à banque, si ceux-ci sont coûteux, et réduire les aléas par banque et, par suite, le coût de déséquilibre interbancaire. En conséquence, en théorie, l'affectation des mouvements entre banques devrait être intégrée dans une optimisation a posteriori. Compte tenu de la connaissance certaine (puisqu'a posteriori) de toutes les opérations d'exploitation, cette optimisation permettrait de déterminer une combinaison optimale d'aiguillage des opérations entre banques, des virements de compte à compte, d'utilisation de crédits et de placements de surplus. Poser le problème de cette façon, c'est se condamner à ne jamais le résoudre prati- quement (dans l'état actuel des moyens disponibles), à supposer que l'on parvienne à le formaliser correctement sur un plan théorique. C'est pourquoi on optera pour une dé- marche empirique plus modeste. Pour les entreprises importantes, la manipulation des opérations devient un pro- blème administratif tel que les règles d'affectation des opérations entre banques ont intérêt à être figées sous contraintes éventuelles de pool quels que soient les problèmes d'équilibrage. Le corollaire de cette position est l'obligation pour l'entreprise de négocier la réduction ou la suppression du coût des virements interbancaires. Les 34 Au delà duquel l’aléa sur les flux étant considéré comme trop élevé, les arbitrages d’équilibrage généreraient des risques trop importants de coûts de déséquilibre.
  • 32. exceptions à la préaffectation des mouvements aux banques se rencontrent uniquement pour tenir compte des coûts de virement entre banques qui n'ont pu être éliminés ou d'impossibilités techniques de virement entre banques (jours non ouvrés). Dans ce cas, l'objectif d'équilibrage prend le pas sur celui de la spécialisation bancaire. Si le problème est traité de cette façon, les mesures de performance dans la gestion de la trésorerie deviennent beaucoup plus simples. Parmi celles qui sont envisageables, on peut retenir la mesure du coût des écarts par rapport à l'affectation optimale du point de vue de la spécialisation bancaire en fonction des seules conditions. Une autre mesure est de chiffrer le coût de la contrainte de pool par rapport au même optimum de spécialisation. 3.1.4. Les indices Tous les calculs précédents sont menés en valeur absolue pour une entreprise parti- culière à des périodes données. Il est possible de relativiser ces calculs en les exprimant sous forme d'indices. Les comparaisons de période à période du coût de déséquilibre sont troublées par exemple du fait de l'évolution des taux d'intérêt. Par suite, pour faciliter les comparaisons, on divisera le coût de déséquilibre par le TBB ou par le taux du marché monétaire. On peut aussi estimer qu'il y a un lien entre le coût de déséquilibre et le volume des opérations d'encaissement et de décaissement. D'où l'idée de calculer un indice où figure au dénominateur le total des encaissements (hors financements et virements interbancaires). On aboutit ainsi à des indices du type Coût de déséquilibre . Volume x TBB De tels indices sont comparables de période en période et d'une entreprise à l'autre sous réserve de quelques problèmes d'interprétation.
  • 33. 3.2. L'interprétation des mesures de performance Les mesures de performance ont le grand mérite d'attirer l'attention, mais elles doivent être maniées avec prudence, non seulement à cause des limites propres à chacune d'elles, mais aussi à cause des problèmes d'interprétation qu'elles posent. Le domaine étant vaste, on se contentera de citer quelques exemples et de se poser plusieurs questions. 3.2.1. L'interprétation du coût de déséquilibre Un coût de déséquilibre élevé peut avoir au moins trois origines. - Des prévisions de mauvaise qualité. C'est le cas le plus fréquent et, pour en juger, des mesures ponctuelles complémentaires sont à effectuer. Par exemple : • comparer pour chaque jour de valeur le réalisé et la dernière prévision possible, c'est-à-dire la valeur ultime connue avant qu'il soit impossible de prendre une décision d'équilibrage ; • comparer pour quelques jours de valeur les prévisions faites successivement pour chaque délai d'anticipation. Pour une réalisation en J, on examine les prévisions correspondantes faites en J -1, J - 2 ... J-m. - Un nombre de banques élevé. Plus les banques sont nombreuses, plus le coût de déséquilibre interbancaire devient important à l'intérieur du coût de déséquilibre par rapport au zéro. - Un mauvais équilibrage. Indépendamment des prévisions, les virements de banque à banque et le recours au crédit ou au placement peuvent avoir été faits plus ou moins judicieusement. Par conséquent, bien interpréter un coût de déséquilibre suppose l'examen de ces trois causes en tenant compte du domaine effectif de responsabilité et donc du pouvoir d'intervention du trésorier. Pourquoi, par exemple, les prévisions de trésorerie sont-elles de mauvaise qualité ? - Parce que les flux réels qui engendrent les flux financiers sont mal prévus. Mais le trésorier, peut-il en être tenu pour responsable ? - Parce que le passage des flux réels aux flux financiers est mal fait. Dans ce cas, quelle part le trésorier prend-il à l'élaboration de ce passage ? Dispose-t-il des moyens suffisants pour l'améliorer ? - Parce que l'entreprise manipule des opérations particulièrement aléatoires soit du fait de son activité (opérations de grande importance liées aux conditions météorologiques, à l'arrivée de bateaux), soit du fait de l'utilisation de moyens de paiement générateurs d'aléas (la prévision de décaissement par chèque est plus difficile que la prévision de décaissement par virement). 3.2.2. L'interprétation des indices Que le coût de déséquilibre soit difficile à interpréter est une chose, mais il n'empêche que son importance absolue a une valeur en soi. Le problème de l'interprétation devient en revanche capital pour les indices qui sont censés être comparables dans le temps et d'une entreprise à l'autre.
  • 34. On a ainsi noté que le coût de déséquilibre au numérateur est divisé au dénomina- teur par un taux d'intérêt et le volume des opérations traitées. Or le coût de sous- équilibre est sensible avant tout à la hiérarchie des taux de crédit et faiblement au niveau absolu des taux. Le coût de sur-équilibre, en revanche, est sensible au niveau absolu des taux et non pas à leur hiérarchie. Cette première difficulté n'est pas majeure et peut être corrigée en compliquant l'indice. Une difficulté de fond provient de l'hypothèse de linéarité introduite dans la relation entre le coût de déséquilibre et le volume des opérations. En fait, il est probable que des économies d'échelle s'opèrent pour plusieurs raisons. Tout d'abord la mani- pulation d'un nombre très élevé d'opérations conduit à des compensations d'erreurs de prévision de sens opposé. Par ailleurs, on peut supposer que la taille de l'entreprise joue un rôle important quant à son pouvoir de négociation face aux banques. Les problèmes des virements de banque à banque ou des conditions d'utilisation de crédit peuvent s'en trouver simplifiés. Enfin et surtout, les indices précédemment décrits ne tiennent pas compte du degré d'aléa des opérations effectuées par l'entreprise. Ceci constitue la principale difficulté non résolue de façon satisfaisante ni sur le plan théorique ni sur le plan pratique. La difficulté vient apparemment de l'absence de formulation simple de l'incertitude.
  • 35. Conclusion La gestion de la trésorerie a connu d'importants développements depuis 1974. - Sur le plan technique, l'outillage informatique (micros et logiciels) facilite la maîtrise et la gestion des flux financiers; la réforme du marché financier introduit de nouvelles possibilités permettant d'améliorer les arbitrages en matière d'optimisation de l'équilibre financier à court terme. - Sur le plan économique, la hausse sensible des rendements financiers et la plus grande volatilité des taux et des parités monétaires ont sensiblement augmenté l'enjeu financier qui s'attachait à une meilleure gestion des composantes du résultat financier. - Sur le plan des hommes, une nouvelle génération de cadres formés aux techniques modernes de gestion participe progressivement à la mise en place de nouveaux outils et oeuvrent dans le sens d'une plus grande compétitivité des entreprises. - Sur le plan de l'information, la mise en place de grandes banques de données au niveau international et de nouveaux instruments de communication en temps réel entre les différents acteurs du marché financier améliore la transparence de l'information, l'efficience des marchés et par voie de conséquence l'action du trésorier. La fonction de trésorerie a ainsi pris une place de plus en plus importante dans l'entreprise en participant de façon tangible à l'amélioration de la rentabilité. Le développement des marchés, l'internationalisation des échanges, la disparition pro- gressive de la frontière entre le court et le long terme dans les opérations de trésorerie ne peuvent que renforcer une telle fonction dans le rôle qu'elle a à tenir dans la gestion des entreprises. Le trésorier doit être polyvalent et capable de maîtriser les aspects informatiques, organisationnels, comptables et fiscaux de ses actions.
  • 36. Références Bertrel J.P., Couliboeuf P. (de), Saint-Alary B., Relations entreprises-banques, Paris, Dossiers pratiques Francis Lefèvre, 1992. Coulon N., Guide pratique du chef d'entreprise face aux banquiers , Paris, Editions, Hommes et Techniques, 1980. Couret A., Devèze J., Hirigoyen G., Haut de bilan, trésorerie, relations banque entreprise, Paris, Lamy du Financement, 1994. Di Martino M., Le chef d'entreprise et son banquier, Paris, La Villeguerin Editions, 1990. Dubois, D., Khath S., Négociation et contrôle des conditions bancaires, Paris, Les Editions d'Organisation, 1994. Froger A., Galzy G., Leddet J., Gestion de trésorerie et gestion de bilan, Paris, Castelange diffusion, 1990. Herodin B., Benoist d'Anthenay T., Conditions bancaires et gestion de trésorerie en date de valeur, Paris, Dunod, 1982. Leroy M., Gestion de la trésorerie, Paris, Les Editions d'Organisation, 1993. Poloniato B., Voyenne D., La nouvelle trésorerie d'entreprise, Paris, InterEditions, 1991. Roumilhac J.P., Trésorerie à court terme, Paris, Dalloz, 1992. Turbot. P., Souriau U., Gestion de la trésorerie, tomes 1 et 2, Paris, Clet, 1980. Vernimmen P., Schlosser M., Gestion bancaire, nouvelles méthodes et pratiques, Paris, Dalloz, 1984. Mots clés Aiguillage des opérations par banque, banque fictive, banque pivot ,budget de trésorerie, commissions bancaires, compte d'exploitation banque-entreprise, conditions bancaires, coût de déséquilibre ,crédits causés, crédits de trésorerie ,crédits non causés, date d'opération bancaire, date de compensation, décisions de gestion au jour le jour, déséquilibre interbancaire, équilibrage au jour le jour, fonction de trésorerie, indices de performance, instruments de paiement, jour de banque, jour de valeur, lois de présentation (lois de débit), méthode des bilans , méthode encaissement-décaissement, monnaie de facturation, optimisation de la gestion de trésorerie, placement à court terme, plan de trésorerie, politique de crédit, pool bancaire, relations bancaires, risques financiers, rôle du trésorier, sous-équilibre, sur- équilibre, taux actuariel, taux d'intérêt, taux de base bancaire, taux de référence, virement interbancaire
  • 37. La gestion de la trésorerie / 33 ANNEXE Conditions de banque standard Encaissement Espèces Date remise + 1 JC Remise de chèques sur caisse Date remise + 1 JC Chèque sur place Date remise + 2 JO Chèque hors place Date remise + 5 JO Effet LCC non brûlant Echéance reportée + 4 JC brûlant Remise + 10 JC Effet LCR non brûlant Echéance reportée + 4 JC brûlant Remise + 10 JO Virement reçu Date d’opération + 1 JC Prélèvement Date d’opération + 4 JC Décaissement Retrait d’espèces Opération - 1 JC Chèque émis Compensation - 2 JC Effet de commerce Compensation - 1 JC Virement émis Opération - 1 JC Prélèvement Opération - 1 JC Impayé chèque Compensation - 1 JC Impayé effet Echéance - 1 JC Intérêt trimestriel Dernier jour du trimestre JO = jour ouvré. JC = jour calendaire. Taux : Majoration catégorielle : 0 à 6% Commission de plus fort découvert : 0,5 pour 1 000 Commission de compte : 0,25 pour 1 000 Crédit court terme Réf. Major. Paiement Jours de intérêts banque