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Vers une participation
citoyenne augmentée
“La créativité c’est penser à de nouvelles choses.
                                                        L’innovation c’est faire de nouvelles choses.”
                                                                                      Theodore Levitt




                       Vers une participation
                       citoyenne augmentée
                                                Patrick Genoud
                                                   Janvier 2011




“Vers une participation citoyenne augmentée”
par Patrick Genoud est mis à disposition
selon les termes de la licence Creative Commons
Paternité – Pas d'utilisation commerciale Licence Suisse 2.5


Observatoire technologique
Département des constructions et des technologies de l'information
Rue du Grand-Pré 64-66 ▪ Case postale 2285 ▪ CH – 1211 Genève 2
Tél. +41 22 388 13 52 ▪ patrick.genoud@etat.ge.ch ▪ http://www.ge.ch/ot
Table des matières



Résumé pour les décideurs.............................................................................................................................. 2

Préambule....................................................................................................................................................... 3

1 - Quelle place pour le numérique ?............................................................................................................... 4
2 - Modes d'interaction..................................................................................................................................... 7
3 - Opportunités et enjeux.............................................................................................................................. 10
4 - Conditions de succès................................................................................................................................ 13
5 - Risques..................................................................................................................................................... 17
6 - Les outils.................................................................................................................................................. 18
7 - L'ouverture des données publiques.......................................................................................................... 20
8 - Un ancrage territorial................................................................................................................................ 32
9 - Recommandations.................................................................................................................................... 34

Annexe - Exemples illustratifs........................................................................................................................ 36

Remerciements.............................................................................................................................................. 54




                                                                                                                                                             1
Résumé pour les décideurs



•   L’usage de nouvelles technologies facilitant la collaboration et l’interaction offre des
    opportunités sans précédent de réaliser une administration genevoise plus ouverte, plus
    responsable, plus réactive et plus efficiente.

•   Le défi pour l’administration genevoise n’est pas technologique. C’est plutôt celui de savoir
    changer la façon dont elle doit s’organiser et opérer si elle désire collaborer plus étroitement
    avec les citoyens et les entreprises de ce canton.
•   Une démarche volontariste dans ce domaine doit aider l’administration genevoise à faire
    évoluer sa culture et ses pratiques internes afin de pouvoir rendre les données et les
    informations qu’elle détient plus accessibles et plus facilement utilisables; de se rendre plus
    consultative, plus participative et plus transparente; de construire une culture de l’innovation au
    sein de ses services et de promouvoir une collaboration accrue entre ceux-ci.

•   En permettant aux citoyens et aux usager de beaucoup mieux collaborer et interagir avec elle,
    l’administration va pouvoir capter leur expertise, leurs idées et leur enthousiasme pour l’aider à
    résoudre les défis à venir.

•   L’ouverture de ses données publiques offrirait à l’administration genevoise l’opportunité de
    plus s’ouvrir vers les citoyens, les entreprises, le monde académique et la société civile. Elle
    contribuerait en outre à valoriser plus largement la ressource stratégique que représente son
    patrimoine informationnel.

•   Ces nouvelles manières d’interagir avec le citoyen tout comme l’ouverture des données
    publiques nécessitent de s’engager dans une logique d’expérimentation ancrée dans le
    territoire et s'appuyant sur un cadre organisationnel léger.

•   La volonté d’apporter des réponses à ces défis représente une occasion unique de promouvoir
    l’innovation sur notre territoire en impliquant tous les acteurs concernés.




                                                                                                  2
Préambule


Au début de l’année 2010, nous présentions à Mme Künzler, conseillère d'État en charge du
Département de l’Intérieur et de la Mobilité (DIM) et à M. Matthey, secrétaire général du DIM, un
exercice de style sur le thème de l'ouverture vers le citoyen. Cette présentation mettait en exergue les
potentialités offertes par les technologies de l’information et de la communication (TIC) en général et
par le système d'information du territoire genevois (SITG) en particulier. Les exemples proposés ont
retenu l'attention de Mme Künzler qui souhaiterait lancer une ou plusieurs réalisations liées à
l'utilisation des technologies numériques pour favoriser l'interaction avec les citoyens.
Mais avant de lancer des projets concrets au sein du DIM, il est important de débroussailler un terrain
encore souvent mal connu par notre administration.
Le secrétariat général du DIM a donc mandaté cette étude visant à étudier les conditions cadres dans
lesquelles s'inscrit l'usage des technologies Internet pour mieux interagir avec le citoyen. Il s'agit dans
une première étape d'illustrer ce qui se fait ailleurs dans ce domaine en apportant des informations sur
les retours d'expérience qui y sont liés.
Ce mandat poursuit trois objectifs:
             1. rappeler les différents aspects que peuvent prendre ces nouvelles manières d'interagir
                avec le citoyen;
             2. présenter les enjeux, les opportunités, les risques et les pré-requis qui y sont liés tout
                en insistant sur la valeur ajoutée (pour les services de l'administration et pour les
                citoyens) que l'on peut y trouver;
             3. illustrer les potentialités offertes par les nouvelles technologies dans ce domaine et de
                susciter ainsi de l'intérêt pour ce type d'approche auprès des chefs de service du DIM.
Le mandat doit pouvoir déboucher sur des pistes concrètes permettant de lancer des projets
expérimentaux au DIM, notamment dans le domaine de la mobilité. Avec un centre de compétence du
SITG rattaché au DIM, les aspects liés à la géolocalisation sont certes importants, mais ils ne doivent
pas être seuls pris en compte. Enfin ce rapport doit également envisager les pistes internes au DIM
qui doivent permettre d’avancer dans ce domaine. L'appropriation des ces nouveaux usages par les
collaborateurs constitue en effet un élément de l'équation que l'on a trop souvent tendance à négliger.
Collaboration, participation et interactions avec les citoyens constituent des thèmes qui ont fait l'objet
d'un nombre conséquent d'études. Quatre d'entre elles, dont la perspective correspond à notre
approche, ont ainsi particulièrement retenu notre attention et ont largement contribué à enrichir ce
rapport1,2,3,4.



1   La ville 2.0, plateforme d’innovation ouverte, D. Kaplan et Th. Marcou, FING, Ed. FYP, 2008
2   Quelle société voulons-nous à l'ère du numérique?, E. Hooge, C. Januel et J.-L. Molin, Communauté urbaine du Grand
    Lyon, 2010, http://www.slideshare.net/ifupvn/quelle-socit-voulonsnous-lre-numrique
3   Engage, Getting on with Government 2.0, Australian 2.0 taskforce, 2009, http://www.finance.gov.au/
4   Public Services 2.0 : The Impact of Social Computing on Public Services, N. Huijboom et al., IPTS, Commission
    Européenne, 2009, http://ipts.jrc.ec.europa.eu/publications/pub.cfm?id=2820




                                                                                                                   3
1 - Quelle place pour le numérique ?


Ces dernières années les technologies numériques ont bouleversé notre rapport au temps et à
l’espace, notamment par leurs aspects ubiquitaires: omniprésentes, intégrées dans les objets qui nous
entourent et dans nos pratiques quotidiennes, elles contribuent à faire vivre un territoire et sont au
cœur des services que celui-ci propose aux usagers. Notre rapport à l’espace est en pleine mutation,
avec un monde réel qui s’hybride avec le monde virtuel pour enrichir notre quotidien tout en le rendant
plus complexe. Dans le même temps, ces technologies ont considérablement enrichi les formes de
dialogues et d'interactions et amènent de nouvelles formes de sociabilité ainsi que des opportunités
de produire de manière collaborative les services dont nous avons besoin.
La rupture amenée par le Web social et par les technologies numériques est avant tout une rupture
liée aux usages: nouvelles manières de faire et d'interagir, nouveaux modèles d'affaires ou nouveaux
modes d'organisation pour ne citer que ceux-là. Ce changement de paradigme nous renvoie à un
monde en perpétuelle évolution où les approches traditionnelles ont dû céder la place à un mode
d'expérimentation et de prototypage permanent, la plupart du temps centré sur les usages des
technologies plutôt que sur les technologies elles-mêmes.
Dans ce monde en train de se réinventer, l'administration genevoise doit trouver sa place et
apprivoiser ces technologies et les usages qui vont avec afin d'apporter des réponses à des questions
déterminantes pour l'évolution de notre région :
        •    la question du vivre ensemble : quelle forme de sociabilité veut-t-on à créer dans notre
             canton? Voulons-nous favoriser de nouveaux modes d'interaction tels que l’autonomisation
             et le bien-être individuel, l’entraide et les usages collaboratifs ou l’égalité et la solidarité
             collective?
        •    la question des rapports entre l'administration et les citoyens : comment bâtir la confiance
             nécessaire à la gouvernance du canton ? Comment construire des rapports collaboratifs et
             participatifs?
        •    la question de la gestion du risque : veut-on viser un risque zéro en appliquant le principe
             de précaution lors de la prise de chaque décision? Désire-t-on répondre aux demandes
             croissantes de sécurité par l’organisation et le contrôle, par l’expérimentation et
             l’innovation, par l’assurance et la légalisation ou par la confiance et la coopération?
Nous devons porter aujourd'hui un regard « numérique » sur ces questions. Même si les tendances à
l'œuvre sont planétaires, même si les révolutions sont déjà enclenchées, nous avons encore au
niveau local des choix à faire et des postures à affirmer dans ce domaine.
Car comme le soulignent deux récents rapports de l’Observatoire technologique consacrés à
l’évolution de nos administration publiques5 ainsi qu’aux nouvelles démarches d’innovation6, on attend
actuellement que les entreprises et les administrations adoptent une posture différente face à leurs

5   Administration Demain, X. Comtesse et G. Pauletto, Ed. Affaires Publiques, 2010,
    http://ot.geneve.ch/ot/IMG/pdf/AdministrationDemain2010-06-02.pdf
6   Living Lab e-Inclusion - Rapport de pré-étude, P. Genoud et A. Schweizer, 2009, http://www.ict-21.ch/com-
    ict/IMG/pdf/OT_SATW_Rapport-Living-Lab-eInclusion-Vfinal.pdf




                                                                                                                4
clients et à leurs citoyens. A l’image des usages amenés par le Web, les gens aspirent à une relation
plus personnalisée, à une écoute et à un dialogue plus marqués, à une accessibilité des services en
tous temps et en tous lieux, à une diversité des modes de sociabilité, ainsi qu’à une transparence
accrue des organisations. C’est de la perception diffuse de ces attentes que part la demande du DIM.
Celles-ci vont clairement au-delà du simple dialogue citoyen et rejoignent les enjeux politiques et
sociétaux évoqués ci-dessus.
Autour de technologies facilitatrices, les tendances liées au Web d'aujourd'hui fédèrent ces nouvelles
manières de travailler en favorisant les réseaux sociaux ainsi que le partage et la collaboration. La
créativité et l’innovation sont devenues les maîtres mots de ce nouveau paradigme. Les technologies
numériques ont en effet permis à l’utilisateur de passer d’un rôle purement passif à un rôle plus actif,
dans lequel il devient un acteur de la création des produits, des contenus et des services qu’on lui
propose. L’essor des logiciels libres ou la co-création de contenus ouverts qui s’appuient sur les
communautés du Web en sont des exemples révélateurs.
Ces tendances amènent des changements profonds au sein de la société et des organisations. Et le
secteur public n'échappe pas à la règle7. Certains pays tels que les États-Unis l'ont intégré dans leur
stratégie en favorisant l'émergence d'un nouveau type de gouvernement dont les modes de
fonctionnement reflètent ceux du monde du Web d'aujourd'hui. La Figure 1 résume ce passage d'une
organisation hiérarchique, en silos et tournée vers ses métiers à une organisation plus systémique et
plus agile, orientée vers ses citoyens.




                           Figure 1 : Les modes de fonctionnement du Web d'aujourd'hui

Et lorsque l'on évoque la conversation, la participation et la collaboration, on doit évoquer de manière
symétrique les données et les informations qui nourrissent ces interactions. Là aussi les technologies
numériques ont changé le paradigme et permettent une diffusion sans précédent de l'information et de
ses usages à la source des savoirs, de l'expertise, de la créativité et de l'innovation des territoires.
C’est la façon dont se construisent et se partagent ces savoirs qui est en plein bouleversement et que
nous devons appréhender.

7   Administration Demain, X. Comtesse et G. Pauletto, Ed. Affaires Publiques, 2010,
    http://ot.geneve.ch/ot/IMG/pdf/AdministrationDemain2010-06-02.pdf




                                                                                                    5
Le collège spécialisé des systèmes d’information de l’État de Genève a perçu ces enjeux en les
intégrant explicitement dans son plan stratégique 2009-20138. Ils a d'une part relevé la nécessité de
gérer l’information comme une ressource stratégique de l'administration genevoise, comme un
véritable patrimoine sociétal représentant un enjeu primordial pour l'avenir de notre société. Ils a
d'autre part insisté sur la nécessité pour nos systèmes d'information de savoir mieux s'ouvrir vers les
citoyens et les entreprises de notre région.
Nous espérons que les éléments de ce rapport permettront de concrétiser les attentes du DIM en les
inscrivant très naturellement dans cette stratégie et en les ancrant dans notre territoire.




8   Plan stratégique des systèmes d’information de l’État de Genève 2009-2013, Collège Spécialisé des Systèmes
    d’Information, Etat de Genève, 2009, http://ot.geneve.ch/ot/article.php3?id_article=128




                                                                                                                 6
2 - Modes d'interaction


Les technologies Internet ont considérablement enrichi les modes d’interaction entre les individus.
Elles ont amené de nouveaux usages aux potentialités souvent insoupçonnées. Nous sommes ainsi
passés du Web originel qui publie des informations à un Web ubiquitaire qui permet la localisation des
personnes et la personnalisation des contenus en passant par un Web social qui permet le
réseautage, la discussion, le partage et la co-création.
Ces nouvelles formes d'interactions, souvent indirectes, s'appuient sur une multitude d'outils et de
services en ligne que l'on peut souvent combiner pour enrichir encore plus l'expérience utilisateur.
Fred Cavazza9 propose à la Figure 2 une représentation simplifiée des médias sociaux en 2011.




                          Figure 2 : Panorama des médias sociaux 2011 (Fred Cavazza)




9   Fred Cavazza : http://fredcavazza.net




                                                                                                  7
Ce panorama est ainsi composé de 7 grandes familles correspondant aux 7 usages primaires du Web
aujourd'hui. Au sein de chacune de ces familles on retrouve le principaux acteurs concernés.
       1. publication, avec les plateformes de blog, de micro blog (publication d'articles très courts),
           de stream (flux de contenus) et les wikis (sites Web dont les pages sont modifiables par les
           visiteurs afin de permettre l'écriture et l'illustration collaboratives des contenus);
       2. partage, avec les services permettant de partager des vidéos, des photos, des liens, de la
           musique ou encore des documents;
       3. discussion, avec des outils et plateformes de forum, des outils de surveillance et de
           gestion des commentaires et des plateformes de recherche sociale;
       4. commerce, avec les solutions d’avis client, les outils de feedback collaboratifs, les
           plateformes de recommandation et d'inspiration, les sites d’achats localisés, les services
           d'achats et de partage d’achats;
       5. localisation, avec des plateformes de localisation sociale, des réseaux sociaux locaux,
           des réseaux sociaux mobiles et des services de partage d’évènements;
       6. réseautage, avec des réseaux sociaux personnels, des réseaux sociaux professionnels,
           des réseaux sociaux « traditionnels » et des outils de création de réseaux sociaux;
       7. jeux, où l’on retrouve les acteurs traditionnels du jeu occasionnel, mais également les
           nouveaux entrants du jeu en réseau ainsi que les plateformes mobiles et virtuelles.
Dans cette vue d’ensemble deux acteurs ressortent du lot par l’audience qu’ils drainent et par les
investissements réalisés : Facebook et Google. Ce panorama n'a pas vocation à être exhaustif (loin
s'en faut) mais il prétend plutôt donner une vue d’ensemble des services et familles de services qui
composent les médias sociaux aujourd'hui. Il existe naturellement de multiples autres façons de
catégoriser ces usages et ces modes d’interactions, ce qui complexifie la lecture d'un écosystème
bien difficile à décrypter.


Participation ?
Le secteur public explore plutôt timidement ces différentes manières d'interagir. Il se contente souvent de publier
des informations ou de partager des contenus; la participation à travers la discussion et le réseautage n'en est
souvent qu'à ses balbutiements, contrairement au secteur privé où ce type d'usage est plus répandu.
La participation désigne ici des tentatives de donner un rôle aux individus dans une prise de décision
affectant une communauté. L'International Association for Public Participation 10 distingue cinq niveaux
de participation :
    1. Informer : à ce niveau les parties prenantes sont simplement informées des décisions prises.
         Une explication ou les raisons de la décision est donnée. C'est une communication
         unidirectionnelle.
    2. Consulter : à ce niveau on demande aux parties prenantes de donner leur feedback, leur
         analyse et/ou des alternatives relatives à la décision à prendre (cela ne peut d'ailleurs
         concerner qu'une partie du processus de décision). C'est une communication bidirectionnelle
         qui peut se concevoir de manière continue (l’usager amène des commentaires généraux
         relatifs aux activités d'un service via des formulaires de feedback ou en utilisant des sondages
         en ligne) ou exceptionnelle (l’usager est explicitement invité à donner son avis sur un sujet
         spécifique ou sur l’ébauche d’une politique en cours d’élaboration (blogs, wikis) durant une
         période limitée).



10 International Association for Public Participation : http://www.iap2.org/




                                                                                                              8
3. Impliquer : à ce niveau les parties prenantes sont impliquées dans le processus de décision.
       On demande aux preneurs de décision un certain degré d'engagement afin de prendre en
       compte les propositions de ces parties prenantes.
   4. Collaborer : à ce niveau les parties prenantes participent activement au processus de
       décision dans son entier. Elles sont reconnues comme des acteurs à part entière du processus
       de décision. A ce stade on peut envisager une collaboration planifiée lorsqu'elle concerne des
       initiatives lancées par un service et dont la portée de la collaboration avec les différentes
       parties prenantes est limitée ou alors non planifiée lorsqu'elle concerne des initiatives qui sont
       lancées par des partie prenantes externes, souvent organisées. Dans ce dernier cas les
       services concernés doivent être conscients de l’existence de ces initiatives et en tirer profit
       (forums de discussion et/ou réseaux sociaux sur lesquels les gens discutent de la qualité et de
       l’amélioration à apporter aux services publics).
   5. Autonomiser : à ce niveau le processus de décision est simplement guidé ou facilité par
       l'équipe de direction. Les décisions sont amenées et prises par l'ensemble des               parties
       prenantes.


Ou interactions plus larges ?
La participation et la collaboration restent des modes d’interaction classiques, même si leur mise en
œuvre n’est pas forcément des plus aisées. Mais les technologies numériques actuelles permettent
de nouveaux modes d’interaction, aux formes bien plus variées, qui sont notamment liées aux
potentialités offertes par les familles « réseautage » et « localisation » de la Figure 2.
C’est cette perspective large que nous désirons également aborder dans ce rapport. Les interactions
entre les différents acteurs du territoire (et les administrations publiques en constituent un
incontournable), peuvent en effet prendre des formes à la fois bien plus riches et bien plus subtiles
que nous illustrerons plus loin. Elles sont souvent le fait d’une interaction directe entre l’usager et le
territoire dans lequel il évolue, entre les usagers eux-mêmes et leur administration. Charge aux autres
usagers (et aux services potentiellement concernés de l’administration) d'être à l’écoute des signaux
ainsi générés et de savoir les déchiffrer pour ensuite les utiliser au mieux.
Il nous semble important d'élargir le champ d'investigation de cette étude à ces modes d'interaction
plus diffus. D'une part parce que la relation entre l’usager et le territoire sur lequel il vit et il évolue
constitue toujours un élément fort. D’autre part parce que l'État de Genève et le DIM en particulier ont
la chance de pouvoir s’appuyer sur une infrastructure et des données d’une richesse extraordinaire :
le système d’information du territoire genevois (SITG) sur lequel pourraient venir se « nourrir » bon
nombre de ces nouvelles modalités d’interaction.
Même si nous devons initier très humblement la démarche en testant des modes de participation
citoyenne traditionnels, il faut savoir garder en tête cette perspective large ancrée dans un futur qui
n'est déjà plus si lointain. Ceci en sachant qu’il n’y a pas de hiérarchie ni de passage obligé dans les
niveaux d’interaction proposés ci-dessus : nous pouvons très bien expérimenter dans le domaine du
participatif augmenté sans avoir fait toutes nos classes dans celui de la consultation ou de la
collaboration.




                                                                                                       9
3 - Opportunités et enjeux


Dans le contexte d'une société de la connaissance et du savoir en devenir, les individus
expérimentent dans leur vie quotidienne de nouvelles manières de participer et d’interagir qu'ils
s'attendent à retrouver dans leur relation avec le secteur public. Pour l'heure peu d'institutions
publiques répondent pleinement à ces attentes. Dans le même temps, les défis que notre société doit
relever se révèlent d'une complexité croissante : diversité des points de vue et des contextes, échelles
de temps toujours plus réduites, etc. Les méthodes utilisées habituellement pour résoudre ces défis
montrent leurs limites. Le numérique offre dans cette optique des opportunités prometteuses même
s'il faut avouer un manque de recul certain dans un domaine où il reste beaucoup à expérimenter.
A Genève on note une demande croissante des citoyens pour que le secteur public apporte des
solutions à des défis touchant à des sujets sensibles tels que la mobilité (cohabitation des différents
modes de transport, chantiers en ville) ou la construction (projet Praille Acacias Vernets 11). Le
numérique propose de nouvelles approches enrichissant considérablement les démarches
traditionnelles et offre ainsi des opportunités encourageantes.
Mais comme nous l’avons mentionné dans la partie introductive, les enjeux liés à ces opportunités
doivent être pris dans une perspective large correspondant à trois enjeux majeurs liés à l'usage du
numérique : celui des savoirs, celui des services et celui de l'espace public12.

L'enjeu des savoirs
Sous l'influence du Web et des technologies numériques, les savoirs aujourd'hui se construisent et se
partagent d'une manière bien différente d'il y a dix ans encore. Or ces savoirs contribuent de manière
essentielle à l’innovation et à la participation citoyenne de notre région. Et le numérique doit pouvoir
contribuer positivement à cet enjeu en proposant de nouvelles modalités d'implication des citoyens
dans les démarches de coproduction des savoirs.
La démarche de la ville de Brest (France) est emblématique d'une volonté de faire de la production de
savoirs locaux un facteur de cohésion sociale. Soucieuse d'une démarche participative et d'une
implication des acteurs à même de porter une appropriation sociale d'Internet et du multimédia dans la
cité, Brest a lancé dès 2003 le site « a-brest.net13 » sous forme d'un magazine d'actualité où tout
citoyen peut être à la fois lecteur, contributeur et modérateur.
L'enjeu des savoirs c'est ainsi d'être capable de lancer une dynamique de partage des savoirs dans
un écosystème d'information réunissant les différents acteurs du canton (citoyens, monde associatif,
secteur privé, secteur public, monde académique). C'est aussi de savoir gérer l'accès à l'information
et à son usage pour le plus grand nombre en réfléchissant à un service d'éducation citoyenne à




11 Projet Praille Acacias Vernets, http://etat.geneve.ch/pav/accueil.html
12 Quelle société voulons-nous à l’ère numérique?, E. Hooge, C. Januel et J.-L. Molin, 2010, Communauté urbaine du
   Grand Lyon, 2010, http://www.slideshare.net/ifupvn/quelle-socit-voulonsnous-lre-numrique
13 « a-brest.net » : http://www.a-brest.net/




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l'heure du numérique, à l'image des Espaces Publics Numériques 14 (EPN) lancés en France depuis
une dizaine d'années.
Mais c'est surtout d'être en mesure de développer la confiance des citoyens dans ces savoirs en
produisant ensemble des connaissances sur le territoire. Ce travail de coproduction s'appuyant sur les
réseaux sociaux locaux pour lancer des débats et croiser des co-expertises doit permettre de produire
des savoirs partagés et faire émerger des solutions pérennes.

L’enjeu des services
Les technologies numériques ont bouleversé notre rapport au temps et à l’espace en étant
omniprésentes dans notre quotidien. Elles contribuent toujours plus à faire vivre notre région et sont
au cœur des services que celle-ci nous propose. Les réseaux offrent de nouvelles manières de nous
relier les uns aux autres, que ce soit dans notre vie privée ou professionnelle. En favorisant les
échanges entre individus tout comme les échanges d'informations et de savoirs, ils permettent de
produire de manière collaborative les services dont notre région aura besoin demain.
Les technologies numériques offrent de nombreuses opportunités pour transformer la relation de notre
canton avec ses habitants, que ce soit via les réseaux sociaux ou les applications mobiles en temps
réel pour ne citer que celles-là. Mais le véritable défi est celui du bon usage de ces technologies, du
degré d'acceptabilité des nouveaux usages envisagés, du niveau de confiance que nous aurons su
générer ou des dynamiques de participation que nous aurons créées.
Alors seulement nous pourrons essayer de mettre en place des démarches en partenariat pour « faire
avec » les acteurs de notre région et nous appuyer sur leur expertise, sur leur vécu, sur leurs
expériences personnelles pour améliorer les services offerts et en créer de nouveaux. Ce type de
posture positionnerait notre administration comme une institution qui dialogue et qui expérimente avec
ses citoyens et ses entreprises, comme un véritable Living Lab15 à l'échelle de la région genevoise.

L’enjeu de l’espace public
L'espace public est un espace partagé, traversé par des usages multiples, dans lequel cohabitent des
individus différents et où se tissent des liens parfois ténus mais où apparaissent également des
frictions voire des conflits. C'est l'espace qui révèle au quotidien un enjeu majeur de notre territoire;
c'est celui du vivre ensemble et du lien social.
Les technologies numériques ajoutent encore à la complexité de cet espace en y introduisant de
nouveaux usages et de nouvelles règles. Mais dans le même temps, elles constituent des
opportunités pour mieux vivre ensemble et pour aider les habitants à se réapproprier l'espace public.
Les pratiques numériques spontanées dans l’espace public sont aujourd’hui pour leur majorité
individuelles ou dominées par des services marchands. Nos institutions ont encore peu investi ce
domaine en y instaurant une démarche volontariste active pour favoriser le « vivre ensemble » en
encourageant par exemple :
    •   les pratiques collectives autour du numérique;
    •   l’animation de l’espace public grâce et avec le numérique.

Au-delà de ces trois enjeux de société, l'administration publique peut, en favorisant les technologies
numériques en général et une participation citoyenne augmentée en particulier, répondre à un certain
nombre d'enjeux plus centrés sur elle-même.

14 Espaces Publics Numériques : http://fr.wikipedia.org/wiki/Espace_public_numérique
15 Living Lab e-Inclusion - Rapport de pré-étude, P. Genoud et A. Schweizer, 2009, http://www.ict-21.ch/com-
   ict/IMG/pdf/OT_SATW_Rapport-Living-Lab-eInclusion-Vfinal.pdf




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Il s'agit notamment de :
   •   favoriser la transparence de l'administration et donner une meilleure visibilité et une meilleure
       lisibilité de l'action publique;
   •   contribuer à une légitimité accrue de l’action publique via une concertation facilitée, voire
       améliorée;
   •   développer une administration plus agile qui sait écouter davantage ce qui se dit sur le Web et
       est ainsi capable d'anticiper ce que l’on appelle des « signaux faibles » (les problèmes
       émergents qui feront peut-être un jour les gros titres de la presse);
   •   améliorer l'efficacité des services concernés qui peuvent apporter des réponses plus rapides
       et mieux ciblées aux demandes des citoyens.
Nous ne reprenons pas ici les enjeux liés à l'ouverture des données publiques. Ceux-ci seront
présentés plus loin dans un chapitre spécifique à cette problématique.




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4 - Conditions de succès


Si l'on désire lancer des démarches participatives ou interagir mieux (et peut-être différemment) avec
les citoyens, les associations ou les entreprises, il faut savoir travailler en amont de toute démarche
sur les conditions de succès qui garantiront la réussite et la pérennité des solutions envisagées. Nous
reprenons dans ce chapitre les conditions de succès essentielles identifiées ailleurs comme étant les
meilleures pratiques en la matière.

Stratégie et vision globale
Quelles que soient le nombre et l'ampleur des projets envisagés pour améliorer les interactions entre
citoyens et administration, il est essentiel de partir dans l'aventure (car c'en est une assurément) en
ayant pris le temps d'asseoir une stratégie dans ce domaine. Sur une vision ancrée dans l'un ou
plusieurs des enjeux évoqués au chapitre précédent, il faut identifier les axes forts qui cadreront les
actions menées à tous les niveaux autour des projets lancés.
Ces axes stratégiques peuvent être par exemple :
          • améliorer la qualité de vie des habitants du territoire;
          • renforcer le lien social;
          • renforcer le lien entre l’administration et les citoyens;
          • améliorer l'image de l'administration;
          • aider l’administration à faire évoluer son rapport aux usagers;
          • favoriser une démarche d'innovation et d'expérimentation;
          • favoriser les démarches de co-création;
          • ou valoriser le patrimoine informationnel de l'administration.
Le choix des projets, leurs objectifs, leur mode de mise en œuvre, leurs publics cibles, doivent
s'inscrire dans la stratégie retenue. Une stratégie que l'on aura su partager en interne du département
avec les chefs de services et les collaborateurs impliqués, mais également avec les autres
départements afin de lancer une dynamique commune dans ce domaine.
Cette phase initiale de partage de la stratégie retenue permet aussi d'illustrer les réalisations
potentielles en phase avec la stratégie et de les mettre en perspective. Elle aide à repérer les
« transformeurs », ces chefs de services motivés avec lesquels ont pourra faire émerger des
ébauches de solutions possibles et lancer les projets correspondants. Dans le même esprit, il faut
savoir mobiliser les collaborateurs des services concernés dans la dynamique recherchée, à savoir
notamment celle de l’ouverture et du dialogue.
Il est impératif de garder une vision globale de la problématique, telle qu’elle est exposée dans
l’introduction de ce document, même si l’on commence avec des réalisations très ciblées et de
moindre portée. Cette vision large remet les expériences lancées dans leur juste perspective. Elle
permet également de les inscrire dans la durée pour mieux capitaliser sur les succès obtenus et
transformer en profondeur l'évolution de l’administration genevoise ainsi que le rapport des gens à
leur territoire. Elle garantit enfin la cohérence et la pérennité des actions menées.




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Démarche volontariste
Un autre constat indéniable relatif aux projets ayant pour vocation à accroître l'ouverture des services
publics vers le citoyen est que ceux-ci ont été portés politiquement de manière très volontariste. Car il
ne faut pas se tromper de cible : la difficulté majeure de ce type de projet n'est pas technique mais
bien liée à l'énergie nécessaire pour faire bouger les lignes de la culture dominante de l'administration.
On pense ici notamment au manque d'ouverture ou à l'aversion au risque (et donc à l'expérimentation)
qui s'avèrent pourtant incontournables dans ce domaine. Même remarque en ce qui concerne la
nécessité de savoir rassembler autour d'un projet commun. Aucun modèle participatif, aucun réseau
social n'a réalisé de coproduction d'envergure sans une adhésion préalable forte au projet.
L’implication des différentes parties concernées dépend en outre fortement de la clarté du discours et
des intentions qui guident la démarche. Mais attention : être clair sur les intentions ne signifie pas
forcément l'être sur les résultats à obtenir. Dans le domaine de l'expérimentation et de l'innovation, il
faut savoir doser liberté et contrainte afin de laisser émerger la bonne solution au final.
Lorsque l'on désire s'ouvrir vers les citoyens plusieurs sources notent l'importance de partir dans une
démarche « projet » et non pas « problème ». Les freins culturels liés à ce changement de paradigme
s'accommodent en effet mal d'une dynamique négative liée à la seule résolution d'un problème par
lequel les collaborateurs de l'administration ne se sentent pas forcément concernés.
Enfin lorsqu'on évoque une démarche volontariste, on suppose naturellement que celle-ci est
clairement identifiée par toutes les parties prenantes et que l'effort de communication nécessaire a été
entrepris dans ce sens (que ce soit en interne ou à l'extérieur de l'administration).

Gouvernance
Lorsqu'on envisage une relation avec le citoyen, a fortiori lorsque celle-ci passe par des outils qui
complexifient la relation entre les parties prenantes, il est nécessaire d'avoir mis en place une
gouvernance simple et claire du dispositif. Cela signifie notamment :
           •   éviter la tentation centralisatrice qu'ont trop souvent les institutions publiques;
           •   garantir une transparence des processus;
           •   afficher une une éthique claire et cohérente;
           •   identifier des responsables légitimés par leurs contributions;
           •   prendre en compte toutes les contributions, même les plus modestes;
           •   instaurer un filtrage communautaire.

Posture adéquate
Interagir, dialoguer, participer grâce aux technologies numériques : ces modes de faire impliquent une
posture la plupart du temps nouvelle pour notre administration et ses collaborateurs. Savoir se mettre
dans la bonne posture cela signifie notamment de savoir :
           •   renforcer la logique du « faire pour » en améliorant l’efficacité des services de
               l'administration grâce au numérique;
           •   redonner des responsabilités aux collaborateurs de la fonction publique, récompenser
               les initiatives et savoir les écouter;
           •   faire en sorte que le l'on sache s'appliquer à nous-mêmes les recettes que l'on voudrait
               appliquer vers l'extérieur et donc favoriser l’appropriation en interne de ces nouveaux
               usages;




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•   mettre en place des démarches en partenariat pour « faire avec » les acteurs de notre
               territoire grâce au numérique;
           •   responsabiliser les usagers et leur donner les moyens de s’investir eux-mêmes dans la
               production de leur région grâce au numérique;
           •   activer et transformer les éléments pertinents du dialogue ainsi noué et reconnaître
               ainsi une place active à l’usager;
           •   aller chercher vers lui et avec lui les solutions escomptées;
           •   faire de même avec nos partenaires potentiels, ce qui signifie donc y aller avec les
               autres dans une approche pluridisciplinaire;
           •   s'inspirer et pas seulement copier;
           •   inviter et non contrôler afin de générer de la confiance;
           •   éviter la tentation centralisatrice, que ce soit au niveau organisationnel, technique ou
               de la gestion de l'information.

Démarche d'innovation (ouverte)
Les modes d’interactions envisagés dans ce rapport sont pour la plupart relativement récents dans le
secteur public. C’est pour cette raison que nous avons encore peu de recul sur leur mise en œuvre.
Mais de manière générale on se trouve engagé, lorsque l’on évoque de nouvelles manières d’interagir
avec les citoyens, dans une réelle démarche d’innovation qu’il faut aborder avec une approche
adaptée.
La solution et surtout ses usages ne sont pas toujours clairement définis dans la phase amont du
projet. Il faut se laisser la marge de manœuvre et la flexibilité suffisantes pour faire émerger la solution
souhaitée et ses usages avec les parties prenantes. On se retrouve alors dans une logique
d’expérimentation, de prototypage et de démarche itérative, souvent en co-création, qui est
relativement éloignées de la gestion de projets informatiques habituels. Il faut ainsi se lancer dans
cette voie sans penser que l’on va forcément toucher au centre de la cible au premier coup.
Ces démarches itératives d'innovations se déroulent habituellement en quatre phases :
           1. développer, comprendre le problème, sortir du paradigme existant, évaluer les options
              possibles;
           2. implémenter, préparer une stratégie d’implémentation, considérer des dispositions
              transitoires, surveiller la période transitoire;
           3. vérifier, préparer une stratégie d’évaluation, mesurer l’impact à court terme, évaluer
              les résultats à long terme;
           4. ajuster, reconsidérer les aspirations et les objectifs, construire sur l’expérience et le
              succès, se préparer au prochain cycle de développement.
Cela suppose de pouvoir évoluer avec un cadre organisationnel léger et savoir jouer de la simplicité
en comptant sur une équipe projet ayant le bon profil, le fameux smart team with a T profile : une
équipe pluridisciplinaire présentant des compétences propres, avec de l'ouverture d'esprit, le sens de
la collaboration et un indispensable optimisme. Dans l'environnement parfois rigide de l'administration,
cela suppose une adéquation organisationnelle qui n'est pas toujours évidente à obtenir. Ces
démarches d'expérimentation nécessitent également une approche réflexive sur les résultats obtenus
ainsi que sur la manière de diffuser les nouveaux modes de fonctionnement mis en œuvre.




                                                                                                      15
Public ciblé
Accroître l'interaction entre l'administration et le public ne signifie pas accroître l'interaction entre
l'administration et n’importe qui, notamment lorsque l'on s'engage dans le dialogue ou la participation.
Le public concerné est un public particulier, spécifique, et pas le public en général. Il est constitués
des gens les mieux à même d’apporter des réponses pertinentes aux questions posées. Ce sont
souvent les individus (nombreux ou pas) les plus directement touchés et intéressés par le sujet. Il peut
s’agir également d’associations représentatives de ces publics cibles.
De la même manière, on ne peut pas ouvrir un dialogue sur n'importe quel sujet et avec tout le monde
tout en restant efficace. Il faut restreindre ce dialogue à des sujets bien cadrés.
Enfin nombreux sont ceux qui notent que dans une phase initiale de dialogue et de participation
citoyenne, il ne faut pas attendre de la population monts et merveilles. Il faut du temps pour mettre en
place ce type de dynamique; patience et énergie sont donc les clés du succès.

Appropriation
Lorsque l'on évoque une participation augmentée du citoyen on a très rapidement la tentation
d'apporter des réponses techniques aux questions posées et de faire l’impasse sur l’appropriation des
solutions envisagées. Or c'est un élément crucial qui peut détourner très vite l'usager de la solution
qu'on lui propose.
Il faut par exemple comprendre que la complexité technique ou que le jargon administratif constituent
de réels obstacles pour le commun des mortels. Il faut donc savoir faire le pari de la simplicité d'outils
adaptés plutôt que celui de la richesse des fonctionnalités.
Il faut également comprendre que le domaine visé a souvent déjà été investi par des acteurs
importants qui ont imposé leur usage des technologies envisagées (pour le meilleur, comme parfois
pour le pire). Mais c'est une réalité dont il faut tenir compte. Pour s'en convaincre il suffit par exemple
de comparer les services cartographiques de Google maps 16 et ceux pourtant beaucoup plus riches
de notre SITG17. Les premiers sont conçus à la base pour le public 18, alors que les guichets
cartographiques du SITG sont destinés à la base aux métiers concernés.




16 Google maps : http://maps.google.com
17 Guichets cartographiques du SITG : http://etat.geneve.ch/sitg/
18 Google Maps and Label Readability : http://www.41latitude.com/post/2072504768/google-maps-label-readability




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5 - Risques


Les risques essentiels sont en fait liés à l'incapacité de prendre correctement en compte les conditions
de succès présentées au chapitre précédent. Un récent rapport19 de la commission européenne en
relève pour sa part trois :
    1. Les principes de gouvernance nécessaires à la pérennité de ces nouvelles approches ne sont
        pas acquis par toutes les parties prenantes. On pense ici à la légitimité, à la responsabilité, à
        la transparence, à l'intégrité et à l'impartialité, principes qu'il faut être capable de faire accepter
        à tous les niveaux.
    2. Les violations de la sphère privée : en ouvrant le débat ou la production de contenus aux
        citoyens les menaces relatives à la protection de la sphère privée doivent être prises en
        compte.
    3. Ne jamais oublier que lorsqu’on utilise les technologies numériques pour s’ouvrir aux usagers,
        l’e-exclusion n’est jamais très loin. Il est donc essentiel de garder cette réalité à l’esprit dès la
        conception d'un projet, quel qu’il soit.
Mais le risque le plus important c'est de se bloquer sur les freins potentiels ou de prétendre obtenir
des réponses à tous nos questionnements avant même de lancer une quelconque initiative. C'est
souvent le meilleur moyen pour être certain de ne rien lancer. Il y a donc surtout un risque à ne rien
essayer et à ne rien oser.




19 Public Services 2.0 : The Impact of Social Computing on Public Services, N. Huijboom et al., IPTS, Commission
   Européenne, 2009, http://ipts.jrc.ec.europa.eu/publications/pub.cfm?id=2820




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6 - Les outils


Nous l'avons déjà mentionné plus haut, les outils ne constituent pas le point sur lequel se focaliser en
premier lorsque l'on envisage une participation augmentée des citoyens. Les technologies numériques
et les médias sociaux sont légions et sont à même de répondre à la plupart des besoins relatifs aux
diverses thématiques schématisées à la Figure 2. Ils existent en outre souvent sous la forme de
services Web que nous n’avons pas forcément besoin d’intégrer dans nos infrastructures, notamment
si l’on envisage leur mise en œuvre au sein de prototypes, dans une démarche d'expérimentation.
Si ces outils existent utilisons-les sans réinventer la roue à l'image de la démarche « Innovention du
web2territorial20 » initiée par Loïc Haÿ et Frédéric Soussin et qui visait, en combinant innovation (et
invention) technique et innovation sociale, à ancrer les outils du Web 2.0 dans des contextes d’usages
professionnels des territoires. L’objectif de cette initiative lancée en 2007 est d’abaisser les barrières à
l’innovation pour les acteurs locaux et de les aider à réinventer leurs métiers. La boîte à outils 21
proposée dans le cadre des « Innoventeurs » a depuis lors évolué mais elle a le mérite d'illustrer la
diversité de ces outils organisés par familles de services.
Le problème n’est pas tant de savoir si tel ou tel type d'outil existe, mais plutôt d’être au clair sur
l’intention liée à sa mise en œuvre. Nous ne nous attarderons donc pas sur les outils du Web 2.0 sauf
pour considérer trois cas qui méritent une attention particulière : les services de réseaux sociaux, les
systèmes d'information géographiques et les solutions mobiles.


Les réseaux sociaux
Facebook a largement popularisé l’usage des réseaux sociaux. À l'image de ce qu'a fait récemment la
Ville de Genève22, plusieurs collectivités utilisent cette plateforme comme vecteur de communication,
voire de dialogue avec les citoyens. Facebook présente l'avantage de rassembler une partie non
négligeable de la population genevoise sur sa plateforme et de bénéficier de la dynamique propre à
ce type de réseaux sociaux. Il est plus difficile de s'y « cacher » que sur un forum de discussion
classique. Mais si le DIM ou l'administration voulaient s'y aventurer, il faudrait clarifier les objectifs
visés (communication, dialogue, autre), et surtout comprendre que la présence sur un réseau social
implique de s'y investir réellement avec des collaborateurs qui en ont compris la logique et les
mécanismes.
Pour mettre le pieds à l'étrier, d’autres expériences peuvent être menées avec des solutions similaires
mais intégrables dans un environnement plus contrôlé. A l’image de la solution de réseau social open
source Elgg23 ou du service Ning24 qui permettent de créer un réseau social dédié, que celui-ci soit



20   Démarche Innovention du web2territorial : http://www.artesi-web2territorial.com/
21   La boîte à outils des Innoventeurs : http://www.artesi-web2territorial.com/boite-a-outils/
22   La Ville de Genève sur Facebook : http://www.facebook.com/villegeneve.ch
23   Elgg : http://elgg.org/
24   Ning : http://www.ning.com/




                                                                                                      18
orienté vers l’extérieur de l’administration ou en interne, à l’image de l’expérience concluante menée
actuellement au Service Écoles et Médias à Genève25.
L’autre solution phare du moment est Twitter26, un outil de réseau social et de micro blog qui permet à
l’utilisateur d’envoyer des messages brefs, appelés tweets (« gazouillis »), par Internet, par
messagerie instantanée ou par SMS. Twitter est utilisé par de nombreuses municipalités françaises 27
dans une optique d’information avant tout. Mais on peut imaginer des usages internes, plus axés sur
la collaboration, grâce à des solutions qui permettent un usage privé telles que Yammer 28 par
exemple.


Les systèmes d'information géographiques
Les systèmes d'information géographiques (SIG) constituent des plateformes intéressantes lorsqu'il
s'agit d'interagir avec les citoyens. On le verra dans les exemples proposés en annexe, les solutions
de participation augmentée font de plus en plus appel aux données géolocalisées et à la carte
(géographique) comme médiateurs d'interaction. La carte « parle » en effet aux individus. Elle amène
de la facilité d'usage et favorise l'appropriation des solutions. Elle permet d'autre part une lisibilité et
une visibilité du territoire qui participent de la même logique.
Enfin les SIG, et plus particulièrement le système d'information du territoire genevois (SITG), recèlent
une quantité de données qui se retrouvent potentiellement au cœur des services à destination du
citoyen et de la participation citoyenne en général.


Les solutions mobiles
Selon le type de solution envisagée il est essentiel de considérer la piste des appareils mobiles (les
smartphones essentiellement). Dans un monde de l’ubiquité et de l’immédiateté, ce canal de
communication devient incontournable, notamment lorsque l’on interagit en échangeant des données
géolocalisées. Les nouvelles applications innovantes sont en effet souvent basées sur des
recoupements entre les données locales et le positionnement géographique de l'usager.




Le terminal de demain ce ne sera pas le PC, mais le smartphone. Celui-ci constitue une incroyable
opportunité pour créer de nouveaux services géolocalisés et de nouveaux canaux d'interaction entre
les citoyens et l'administration. Mieux vaut prendre cette réalité en compte aujourd’hui comme l'a fait
la France en lançant l'initiative Proxima Mobile 29, portail de services aux citoyens sur téléphone
mobile.

25   Direction des systèmes d'information et service écoles-médias : http://www.ge.ch/sem/
26   Twitter : http://fr.twitter.com/
27   A l'image de Toulouse, Aubervillers, Hyères, Angers, Le Val de Marne, etc.
28   Yammer : https://www.yammer.com/
29   Proxima Mobile : http://www.proximamobile.fr




                                                                                                      19
7 - L'ouverture des données publiques


Nous avons vu plus haut que les données et les informations se retrouvent au cœur des processus
d'interaction entre les individus et/ou les organisations. Elles constituent en outre la matière première
d'un nombre croissant de services dont bénéficient très directement les citoyens et les entreprises
d'un territoire.
Il se trouve qu'une quantité importante des données gérées par les administrations pourraient
bénéficier beaucoup plus largement aux usagers. Le secteur public créée en effet pour son usage
interne des données de qualité liées aux activités quotidiennes de ses différents métiers. Il n'a la
plupart du temps pas vocation à les valoriser au-delà de ses besoins propres. Et au vu de la diversité
des usages potentiels il n'en aurait de toute manière pas les moyens.
Ces données publiques constituent une ressource extraordinaire qui pourrait bénéficier beaucoup plus
largement aux citoyens qui ont financé leur production. Mais la plupart du temps elles sont au mieux
proposées à la vente ou mises à disposition de certains acteurs dans des conditions peu
transparentes; et le plus souvent elles ne sont pas partagées du tout.
L’Observatoire technologique avait fait de l'ouverture des données publiques (« open data » dans le
monde anglo-saxon) le thème de sa Journée de rencontre 2008 30. En deux ans ce mouvement, qui
prône un partage élargi des données à caractère publique, a pris a pris de l'ampleur, à l’instigation la
plupart du temps d'initiatives citoyennes ou de fondations privées telles que la Sunlight Foundation31.
Plusieurs gouvernements comme les États-Unis32, le Royaume-Uni33, l'Australie34, la Nouvelle-
Zélande35, le Danemark36, la Suède37, la Finlande38 ont ainsi mis sur pieds des plateformes nationales
de données publiques ouvertes. La France39 a créé l'Agence du patrimoine immatériel de l'État pour
lancer le mouvement. Les Nations-Unies40 et la Banque mondiale41 ont elles aussi créé leur propre
entrepôt de données publiques ouvertes.
De nombreuses régions d'Europe, grandes villes ou collectivités locales ont également tenté
l'expérience et ont décidé de libérer leurs données publiques afin de permettre la création, par les
habitants eux-mêmes, de services innovants.


30 Vers des données publiques ouvertes, 18è Journée de rencontre de l'Observatoire technologique, 2008,
   http://ot.geneve.ch/ot/article.php3?id_article=89
31 Sunlight Foundation : http://sunlightfoundation.com/
32 Data.gov : http://www.data.gov/
33 Opening up government : http://data.gov.uk/
34 Data Australia : http://data.australia.gov.au/
35 data.govt.nz : http://data.govt.nz/
36 Digitalisér : http://digitaliser.dk/
37 opengov.se ; http://www.opengov.se/
38 suomi.fi : http://www.suomi.fi/
39 Agence du patrimoine immatériel de l'État : https://www.apiefrance.fr/
40 unData : http://data.un.org/
41 The World Bank Catalog : http://data.worldbank.org/data-catalog




                                                                                                          20
On citera notamment :
           • aux États-Unis les villes de Boston, Chicago, New Orleans, New York, Portland, San
              Francisco, Washington;
           • au Canada les villes de Calgary, Edmonton, Nanimo, Toronto, Vancouver;
           • au Royaume-Uni les villes de Birmingham, Lichfield, Londres;
           • en France les villes de Paris, Bordeaux, Brest, Lille, Marseille, Montpelier, Rennes,
              Toulon;
           • et en Suisse le canton de Bâle-Ville.
Ces données publiques ouvertes sont issues d’organismes d’État, de collectivités territoriales ou
d’entreprises sous contrat public. Ce sont toutes les données et informations rassemblées, créées,
conservées ou éditées par les administrations et les services publics. Elles sont mises à disposition
des programmeurs, des journalistes, des universitaires, des citoyens et des entreprises dans la
mesure où elles ne portent pas atteinte à la sphère privée ni à la sécurité du territoire ou des
personnes.
L’adjectif ouvert suppose qu’elles soient accessible dans un format permettant une exploitation
directe. Pour clarifier le discours on parle aussi de données libres et ouvertes, entendant par là que
l'accès à ces données est ouvert et gratuit. Il n'existe pour l'heure aucune définition officielle d'une
donnée ouverte, même si certains comme la Open Knowledge Foundation 42 en proposent une qui est
déjà largement acceptée43. On peut mentionner également les 10 principes44 édictés par la Sunlight
Foundation45 qui doivent faciliter l’ouverture des données publiques.
En Europe, à l'image de la directive Inspire46 qui offre un cadre à la libération de données
géoréférencées et à l'exploitation des informations publiques, ces initiatives peuvent s'appuyer sur un
cadre réglementaire qui impose que les données publiques doivent pouvoir être rendues :
           • accessibles et réutilisables;
           • à des fins commerciales ou non;
           • d'une manière non-discriminatoire et non exclusive;
           • à des coûts qui n'excèdent pas leur coûts de production.
Libérer les données revient à leurs conférer, dans les mains de tiers privés, une finalité autre que la
mission de service public pour laquelle elles ont été produites initialement. Dans le cas de réutilisation
à des fins commerciales, le niveau de restriction de l’exploitation peut varier selon la stratégie
d’ouverture déployée par les administrations publiques concernées. Mais dans tous les cas l'objectif
est de faire bénéficier la société aussi largement que possible de la richesse potentielle des données
publiques. Ce type d'approche s'inscrit dans la vision de systèmes d'information sociétaux évoqués
dans le plan stratégique 2009-201347 élaboré par le collège spécialisé des systèmes d’information de
l’État de Genève.




42 Open Knowledge Foundation : http://okfn.org/
43 Open Knowledge Definition : http://www.opendefinition.org/okd/
44 Ten Principles for Opening Up Government Information : http://sunlightfoundation.com/policy/documents/ten-open-data-
   principles/
45 Sunlight Foundation : http://sunlightfoundation.com/
46 Directive Inspire, 2007/2/CE du Parlement européen et du Conseil du 14 mars 2007 : http://inspire.jrc.ec.europa.eu/
47 Plan stratégique des systèmes d’information de l’État de Genève 2009-2013, Collège Spécialisé des Systèmes
   d’Information, Etat de Genève, 2009, http://ot.geneve.ch/ot/article.php3?id_article=128




                                                                                                                  21
Enjeux
Data.gov48, la première initiative d'ouverture des données publiques avait deux objectifs principaux.
Tout d’abord, la volonté d’impulser une communication bottom-up et de faire émerger de nouvelles
idées de gouvernance, en renforçant la transparence des services publics, la participation des
citoyens, et la collaboration entre l’État et ses administrés. L’ouverture des données publiques a aussi
été pensée comme un moyen d’améliorer l’efficience des agences gouvernementales dont la plupart
numérisaient déjà les données dont elles disposaient. Data.gov a ainsi été conçu comme un outil pour
les aider dans leurs missions de service public.
Mais d'autres enjeux majeurs se cachent derrière l'ouverture des données publiques comme l'ont
détaillé plusieurs rapports sur le sujet49,50,51 :
             1. l’accès aux données publiques constitue un outil formidable pour améliorer la transparence de
                nos institutions;
             2. ces données constituent un actif que le secteur public doit savoir mieux valoriser en laissant
                par exemple le soin au secteur privé et à la société civile de le faire;
             3. les données publiques, et les premières réalisations le prouvent, constituent un réel moteur à
                l’innovation et contribuent à rendre un territoire attractif et compétitif;
             4. enfin ces données constituent un bien commun qui peut améliorer la vie de chacun et de la
                société en général et contribuer au débat public et à la démocratie.
Outre le fait que la loi de nombreux pays impose la mise à disposition de ces données publiques, l'argument
maintes fois avancé pour le justifier est que les citoyens ont déjà payé pour la production de ces données et qu'il
n’y a aucune raison de devoir débourser une seconde fois pour y accéder. Ceci d'autant que la mise à
disposition des données numériques n'engendre dans la plupart des cas que des coûts marginaux.


Quelles données publiques ?
De très nombreux types de données publiques peuvent être libérées par une administration. En voici
une liste non exhaustive52 :
             1.   mesures de pollution ou du trafic;
             2.   occupation de la voirie, des bâtiments, des chantiers, des parkings;
             3.   flux urbains, circulation;
             4.   description du territoire via des cartes, le cadastre, les réseaux de télécommunications,
                  les infrastructures, les bâtiments, les capteurs, les données issues de systèmes
                  d’information géographique;
             5.   données de surveillance et capteurs urbains;
             6.   informations touristiques, culturelles, données d’archives;
             7.   fonds documentaires tels que études, réglementations, statistiques;
             8.   réseaux urbains tels que réseau d'eau, d'énergie, des transports collectifs;
             9.   données « politiques » telles que projets, enquêtes, délibérations ou subventions;


48 Data.gov : http://www.data.gov/
49 Power of Information Taskforce Report, UK Parliament and UK Cabinet Office, 2009,
   http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/20100413152047/http://poit.cabinetoffice.gov.uk/poit/
50 Open Data Study, Transparency and Accountability Initiative, Becky Hogge, 2010,
   http://www.soros.org/initiatives/information/focus/communication/articles_publications/publications/open-data-study-
   20100519/open-data-study-100519.pdf
51 Quelle société voulons-nous à l'ère du numérique?, E. Hooge, C. Januel et J.-L. Molin, Communauté urbaine du Grand
   Lyon, 2010, http://www.slideshare.net/ifupvn/quelle-socit-voulonsnous-lre-numrique
52 Charles Népote, Réseau social de la Fing, Réutilisation des données publiques 2010, http://www.reseaufing.org




                                                                                                                  22
10. localisation et horaires d’ouverture des services, commerces, espaces publics, culturels
                   sportifs et associations.
Outre les aspects liés au respect de la sphère privée et à la sécurité, seuls les potentialités d'usage en
limitent la libération. En effet, même si les coûts de mise à disposition de données numérisées sont la
plupart du temps très faibles, il faut toutefois en entrevoir une utilité citoyenne ou sociétale pour
consentir cet effort.

Pour en faire quoi ?
La société civile exige une transparence accrue de nos institutions. L’évolution du Web en général et l’ouverture
des données publiques en particulier participent activement de ce mouvement et sont en train de modifier la
relation que les citoyens entretiennent avec leurs représentants à l’image de ce que réalise la Sunlight
Foundation53 aux États-Unis. Celle-ci conçoit de nouveaux outils pour aider les internautes à utiliser les données
publiées par les autorités et co-créer de nouvelles formes de relations entre citoyens et institutions. C'est par
exemple le cas avec les projets Poligraft 54, Influence Explorer55, ou Transparency Data 56. OpenlyLocal57 et
mySociety.org58 au Royaume-Uni et Montréal Ouvert 59 au Canada travaillent dans le même esprit. En France, le
collectif Regards Citoyens60 a également lancé des initiatives très intéressantes pour alimenter le débat
démocratique :
              •    le site NosDéputés.fr61 qui cherche à mettre en valeur l’activité parlementaire des
                   députés de l’Assemblée Nationale Française;
              •    « Simplifions la loi 2.062 » qui, pour aider à leur compréhension dans une démarche
                   participative et citoyenne, donne accès à chacun des articles de plusieurs projets ou
                   propositions de loi ainsi qu’aux amendements proposés par les parlementaires;
              •    « Redécoupage électoral63 » qui évalue l’impact du redécoupage de la carte législative
                   sur la répartition des sièges de l’hémicycle à l’Assemblée nationale;
              •    « Numérisons les lobbyistes64 » qui vise à donner plus de visibilité sur les représentants
                   d’intérêt auditionnés à l’Assemblée nationale.
Ces initiatives peuvent exister parce que les données publiques qui les nourrissent sont (plus ou
moins) facilement accessibles.
Bien au-delà du débat démocratique, on peut imaginer de nombreux services pouvant être
développés à moindre coût grâce à l'expertise des personnes concernées et à des données publiques
ouvertes :
              •    localisation en temps réel des transports publics;



53   Sunlight Foundation : http://sunlightfoundation.com/
54   Poligraft : http://poligraft.com/
55   Influence Explorer : http://influenceexplorer.com/
56   Transparency Data : http://transparencydata.com/
57   OpenlyLocal : http://openlylocal.com/
58   MySociety.org : http://www.mysociety.org/
59   Montréal Ouvert : http://montrealouvert.net/
60   Regards Citoyens : http://www.regardscitoyens.org/
61   Nos Députés.fr : http://www.nosdeputes.fr/
62   Simplifions la loi 2.0: http://www.regardscitoyens.org/simplifions-la-loi/
63   Redécoupage électoral : http://www.regardscitoyens.org/redecoupage/
64   Numérisons les lobbyistes : http://www.regardscitoyens.org/lobbyistes/




                                                                                                            23
•   plateforme d’information, de calcul d’itinéraire et de paiement pour les transports en
                 commun;
             •   cartographies interactives des espaces et établissements accessibles aux handicapés
                 ou aux personnes dépendantes;
             •   visualisation des remarques les plus fréquemment formulées par les habitants;
             •   information en temps réel et géolocalisée des chantiers, de l’état de la voirie;
             •   applications mobiles de reconnaissance visuelle et de recensement de la flore, des
                 éléments architecturaux, patrimoniaux et culturels;
             •   outils de représentation de l’invisible : pollution sonore, atmosphérique, prix du foncier;
             •   outils de visualisation interactif permettant de traiter visuellement des données
                 statistiques ou textuelles, à l’instar de Google public data explorer 65 ou Many Eyes 66
                 d’IBM.
La liste est loin d'être exhaustive car l'ouverture des données publiques ouvre la voie à des initiatives
entrepreneuriales ou citoyennes qui représentent un potentiel d’innovation économique, industrielle et
sociale considérable encore largement insoupçonné.

Une dynamique nouvelle
Au-delà des enjeux de transparence et de participation augmentée liés à l'ouverture des données
publiques, c'est la mécanique d'expérimentation qui l'accompagne qui doit nous apporter des
bénéfices. Comme le souligne Chris Taggart67 de OpenlyLocal, celle-ci devrait nous aider à passer du
mode du « Fail big, fail slow » au mode du « Fail fast, fail forward »; c'est-à-dire de se mettre dans un
mode qui nous permette de construire sur nos échecs.
Cet esprit d’ouverture et de participation continue à animer les sociétés américaine et britannique. La
question de savoir si elle va la transformer reste d’actualité, à mesure que les initiatives continuent de
se multiplier. Mais même si les résultats ne sont pas tout à fait là, cet esprit ne semble pas faiblir, bien
au contraire.
Dans tous les cas la libération de données publiques et la création de services innovants par les
habitants, interrogent sur une société dans laquelle le citoyen devient lui-même potentiellement
producteur de services. Cela représente-t-il une perte de pouvoir pour le service public et pour les
institutions? Ou cela améliore-t-il au contraire la transparence de ces mêmes institutions? Cela pose-t-
il les bases d'une meilleure coproduction de la cité, d'une dynamique collaborative accrue avec les
citoyens? Est-ce le début d'une nouvelle forme de gouvernance? Autant de questions auxquels les
politiques vont devoir réfléchir pour répondre à une attente de plus en plus forte des individus.

Un mouvement à accompagner, voir à stimuler !
Ouvrir les données publiques, c’est-à-dire laisser la main aux citoyens et aux entreprises, n’est pas
toujours suffisant pour leur permettre de développer eux-mêmes les services dont ils ont besoin. Ils
n’ont pas forcément les compétences, le temps ou l’envie de s’engager. La raison est probablement
autant sociale et comportementale que technique. Les habitants qui auraient le plus besoin de
bénéficier de nouveaux services ne se sentent pas la légitimité pour le faire et n’en ont même pas
l’idée. L'administration publique qui s’engage dans cette voie doit donc veiller à ce que les services

65 Google public data explorer : http://www.google.com/publicdata/home
66 Many Eyes : http://www-958.ibm.com/software/data/cognos/manyeyes/
67 Open data : the reward of failure, Chris Taggart, 2010, http://www.slideshare.net/countculture/open-data-the-rewards-of-
   failure




                                                                                                                     24
ainsi développés puissent bénéficier au plus grand nombre (quels que soient son niveau
d’équipement et son niveau de compétence).
L’ouverture des données ne suffit pas pour qu’elles donnent prise à une réelle « participation
citoyenne ». Il faut appuyer cette démarche par des dispositifs sociaux et des plates-formes
participatives comme l'ont montré les concours de développement d’applications d’Apps for
Democracy68, de Mashup Australia Contest69, de Show us a Better Way70 (encadré ci-dessus) ou de la
ville de Rennes71.
D'autres initiatives comme celles de la Fing72 en France cherchent à rassembler tous les acteurs de la
démarche dans un même élan afin de créer des synergies et d'accélérer le mouvement. La Fing
mobilise les entreprises, médias, associations et organismes publics susceptibles de faire un usage
innovant des données, créant une animation dynamique des acteurs du territoire et y faisant
converger d'autres acteurs innovants.
L'objectif est de faire émerger un nombre significatif d'idées, de scénarios, de maquettes ou de
prototypes de services et d'usages fondés sur les données concernées, et de les pousser aussi loin
que possible vers une mise en application. Dans ce but :
            • des appels à idées, un concours, sont organisés à l'échelle territoriale et nationale;
            • des ateliers créatifs rassemblent des acteurs du territoire, aidés par des designers,
               pour faire émerger des idées et les transformer en projets individuels ou collectifs;
            • des promotions d'étudiants sont mobilisées pour concevoir des projets novateurs, ou
               assister des porteurs de projets qui manquent de certaines compétences;
            • des rencontres permettent aux porteurs de projets de partager leurs idées, de nouer
               des partenariats, de bénéficier de conseils;
            • une manifestation publique présente les projets les plus aboutis et rend compte de la
               créativité qui s'est exprimée pendant la durée de l'expérimentation.
La Fing a publié à cette occasion un guide 73 à l'usage des territoires et de leurs partenaires dont
l'objectif objectif est de faciliter l'engagement des collectivités territoriales dans une démarche
d'ouverture de leurs données publiques.
L’Open Data Study74 tire une leçon intéressante des observations faites aux États-Unis comme au
Royaume-Uni dans ce domaine. La conduite de l’ouverture des données a nécessité l’intervention de
trois catégories d’acteurs :
            • la société civile, et en particulier un petit groupe de « civil hackers » très motivés;
            • des fonctionnaires gouvernementaux de peu d’influence, mais compétents et engagés;
            • les hautes sphères du pouvoir, guidées soit par une pression extérieure (au Royaume-
                Uni), soit par le climat réformateur d’une nouvelle administration (aux États-Unis).

68 Apps for democracy : http://www.appsfordemocracy.org/
69 Mashup Australia Contest : http://mashupaustralia.org/
70 Le site http://www.showusabetterway.com n'est plus en activité (versé aux archives)
71 Concours « Rennes Métropole en accès libre » : http://www.data.rennes-metropole.fr/fr/le-concours/le-dossier-
   dinscription.html
72 Réseau social de la Fing (Fondation Internet Nouvelle Génération), Réutilisation des données publiques 2010,
   http://www.reseaufing.org
73 Guide pratique de l'ouverture des données publiques territoriales, Fing, 2011, version de travail en cours d'élaboration :
   http://doc.openfing.org/RDPU/GuidePratiqueDonneesPubliquesv1beta.pdf
74 Open Data Study, Transparency and Accountability Initiative, Becky Hogge, 2010,
   http://www.soros.org/initiatives/information/focus/communication/articles_publications/publications/open-data-study-
   20100519/open-data-study-100519.pdf




                                                                                                                        25
Quelques exemples illustratifs
Les services réalisés en utilisant des données publiques ouvertes sont nombreux. Nous proposons ci-
dessous75 quelques cas d'école illustrant la diversité des types de données publiques et des services
élaborés sur celles-ci dans des domaines volontairement très différents.


        « Show us a better way »
        « Et vous, que feriez-vous de mieux avec l'information publique ? »

        Avec cette question, le gouvernement britannique lançait, mi-2008, un concours d'idées ouvert au public.
        Parmi les idées primées :
            •    un calculateur d'itinéraires pour cyclistes;
            •    un portail des services et emplois accessibles aux
                 jeunes seniors sur un territoire;
            •    un service pour mesurer les chances d'un enfant de
                 s'inscrire à telle ou telle école;
            •    un outil qui classe les rues en fonction du taux de
                 déchets recyclés;
            •    un service pour mieux gérer les parcelles d'horticulture
                 dans les villes;
            •    un localisateur de boîtes aux lettres, un autre pour les
                 toilettes publiques…

                                                                                                      D'après Fing 2010




Santé – « Astmapolis »




Asthmapolis76 est un exemple de projet santé innovant basé sur le partage de données. Les
asthmatiques peuvent se procurer des inhalateurs dotés de services de géolocalisation (GPS). Dès
qu'ils l'activent, le GPS envoie un signal de positionnement. Les données sont alors collectées sur la
plateforme Internet qui recense les zones à risques et les sources potentiellement allergisantes en les
recoupant avec les données locales. Les résultats sont accessibles sur smartphone pour des usages
préventifs.

75 Source Libertic : http://www.slideshare.net/libertic via http://libertic.wordpress.com/libertic/
76 Asthmapolis : http://asthmapolis.com/




                                                                                                                          26
Culture – « Bookzee »




Bookzee77 permet de trouver la bibliothèque la plus proche qui possède le livre que vous recherchez.
En recoupant les données de géolocalisation et les données des bibliothèques municipales, ce
service offre des prestations culturelles adaptées aux besoins.



Mobilité – « Rennes en Roue Libre »




Rennes en Roue Libre78 est une application gratuite permettant de trouver en quelques secondes un vélo ou un
emplacement libre, à Rennes. Grâce à la fonction de géolocalisation de l’iPhone, Rennes en Roue Libre indique
instantanément les stations les plus proches. L'application permet également de connaître à distance le nombre
de vélos ou de places disponibles de chaque station et en temps réel.




77 Bookzee : http://www.bookzee.net/
78 Rennes en Roue Libre : http://www.thibaut-loubere.com/rennes-en-roue-libre/




                                                                                                        27
Démocratie – « Where does my Money go ? »




Le site Where does my Money go?79 permet de visualiser la répartition des budgets publics de
manière à les rendre plus compréhensibles et plus lisibles par le grand public.




Éducation – UK School Finder




UK School Finder80 est une application qui affiche sur des fonds de carte Google les écoles du
Royaume-Uni en les classant selon des critères officiels (Ofsted et DFES).




79 Where does my Money go ? : http://wheredoesmymoneygo.org/
80 UK School Finder : http://www.schoolmap.org.uk/




                                                                                         28
Environnement – Community Rivers




Community Rivers81 est une application Web proposée par l'association sans but lucratif du même
nom qui permet de collecter et de partager des informations relative à la gestion des rivières et des
cours d'eaux australiens.
Les exemples sont légions dans de nombreux autres domaines et la liste des services et applications
basés sur des données publiques ouvertes ne fait que croître jour après jour.

Valeur économique de l'ouverture des données publiques
Comme le note Marco Fioretti82, on peut classer la valeur économique des données publiques en
deux catégories distinctes: la première provient des économies réalisées à l'intérieur des
administrations (valeur interne), que ce soit grâce à la suppression d'activités rendues inutiles ou à la
possibilité d'augmenter leur efficience. La deuxième est la création de valeur hors du secteur public
(valeur externe) qui correspond notamment aux nouvelles opportunités offertes au secteur privé, aux
individus ou à la création d'emplois.
La valeur interne liée à l'ouverture des données publiques est principalement liées aux économies
réalisées par le fait que les services et produits créés à partir de ces données ne l'ont pas été sur des
fonds publics. Les concours lancés par la ville de New-York83 ou par le district fédéral de Washington84
sont révélateurs. Ainsi dans ce dernier cas, la ville a pu bénéficier de développements d'une valeur de
près de 2.5 millions de dollars en réponse à un concours doté de 50 mille dollars de prix.
Le fait d'ouvrir ses données publiques permet également à certains services d'économiser sur le
temps passé à répondre à des requêtes d'accès à ces données lorsqu'elles ne sont pas ouvertes. On
cite également le cas de données dont la qualité s'en trouve améliorée par les utilisateurs externes
lorsqu'elles sont ouvertes.
La valeur externe provient principalement du fait que l'ouverture des données publiques permet à plus
de compagnies de participer à divers points de la chaîne de valeur, en diversifiant les produits et les

81 Community Rivers : http://www.communityrivers.org.au/
82 Open data, open society, Marco Fioretti, LEM, Sucola Superiore Sant'Anna, Pisa, 2010, http://stop.zona-
   m.net/2011/01/the-open-data-open-society-report-2/
83 NYC Big Apps 2.0 : http://nycbigapps.com/
84 Apps for democracy : http://www.appsfordemocracy.org/




                                                                                                             29
services créés sur ce type de données, ce qui conduit à une augmentation des taxes sur le revenu. Il
faut y ajouter les frais induits par un accès limité aux données publiques pour ce même type d'acteurs:
perte de temps et d'argent liés à une utilisation peu aisée de ces données. A l'autre bout de la chaîne,
la valeur externe provient des gains liés à l'utilisation des produits et des services construits sur ces
données, ce qui contribue à une qualité de vie améliorée pour les citoyens et les entreprises qui en
bénéficient.
Le Danemark a par exemple investi 2 millions d'Euros pour libérer ses adresses 85 avec des gains
directs pour les entreprises estimés à 5 millions d'Euros environ. Le concours Apps for Democracy 86
lancé par la ville de Washington en 2008 aurait, pour un coût de 50'000 dollars, généré des
applications dont la valeur totale avoisinerait les deux millions de dollars87.
En 2002 la Catalogne décide de créer une plateforme Internet pour promouvoir la réutilisation de ses
données géographiques et faciliter le travail des chercheurs locaux. Elle a rendu ses données plus
accessibles et disponibles au secteur privé comme public. Pour un investissement de 1.5 millions
d'Euros, on estime que les gains liés à l'efficacité accrue des parties prenantes concernées se
montent à 2.6 millions d'Euros dès la première année.

Une opportunité pour Genève
Avec le système d'information du territoire genevois (SITG) le canton de Genève dispose d'une
opportunité extraordinaire d'expérimenter relativement facilement la mise à disposition d'une partie de
ses données publiques. La majorité des données du SITG sont effet publiques et déjà disponibles sur
le guichet cartographique88 du SITG où l'on peut afficher simultanément les données correspondant à
de nombreuses thématiques. Mais le guichet ne permet pour l'instant qu'une consultation de ces
données. C'est seulement sur demande et à certaines conditions que l'on peut accéder directement
aux données brutes du SITG.
De par leur nature géo-référencée, une grande partie des données du SITG sont potentiellement
candidates à se retrouver au cœur des services de demain, que ceux-ci soient mis en œuvre par des
particuliers, des entreprises ou des associations, à l'image de l'exercice de style sur la mobilité 89
(pistes cyclables) que nous avons proposé aux mandants de ce rapport au début 2010. On peut
également envisager des partenariats entre l'administration cantonale et ces différentes parties
prenantes.
L'administration cantonale genevoise n'a pas pour mission de développer ces services à valeur
ajoutée. L'aurait-elle qu'elle n'aurait de toute manière pas les ressources pour répondre à la quantité
et à la diversité des besoins des citoyens et des entreprises du canton, d'autant que la grande
majorité de ces services restent encore à imaginer.
Ceci est particulièrement vrai pour les données du bâti 3D du canton 90. Genève est probablement
l'une des seules villes de la planètes à disposer de données tridimensionnelles de l'ensemble de ses
bâtiments, et ceci de manière totalement intégrée à son système d'information géographique. Ces
données constituent une mine d'or pour les urbanistes, les architectes, les laboratoires universitaires,



85 The value of Danish address data, Danish Enterprise and Construction Authority (http://www.ebst.dk),
   http://www.adresse-info.dk/Portals/2/Benefit/Value_Assessment_Danish_Address_Data_UK_2010-07-07b.pdf
86 Apps for democracy : http://www.appsfordemocracy.org/
87 Source http://www.istrategylabs.com/2008/11/apps-for-democracy-yeilds-4000-roi-in-30-days-for-dcgov/
88 Guichet cartographique du SITG : http://etat.geneve.ch/sitg/guichet-4254.html
89 Ouverture vers les citoyens - Exercice de style sur la mobilité, Patrick Genoud, Observatoire technologique, 2010,
   http://ot.geneve.ch/ot/article.php3?id_article=121
90 Guichet cartographique tridimensionnel Geo3D du canton de Genève : http://etat.geneve.ch/geoportail/geo3D/




                                                                                                                        30
les décideurs et pour la population genevoise dans son ensemble. Il serait regrettable d'en restreindre
l'usage à un cercle restreint.
Le SITG présente l'immense avantage d'être construit sur une architecture ouverte et parfaitement
transversale qui permet un partage aisé des données structurées et bien documentées qu'il renferme.
Les interfaces de programmation existent et sont documentées. Techniquement, le pas vers la
libération de tout ou partie des données du SITG constituerait presque une formalité. D'autre part les
utilisateurs du SITG travaillent depuis le début dans une logique de collaboration et d'échange qui
correspond à celle qu'il faudrait mettre en place pour ouvrir nos données vers l'extérieur.
Mais de nombreux obstacles devraient encore être franchis pour ouvrir réellement les données
publiques du SITG. La loi relative au SITG91 devrait être modifiée et les aspects juridiques voire
éthiques92 liés à l'ouverture des données devraient être étudiés. Toutes les mentalités ne sont pas
prêtes à cette révolution et ralentiraient probablement le processus. Enfin toutes les données du SITG
ne sont pas d'une qualité suffisante pour pouvoir être ouvertes sans autre. Mais pour se lancer dans
des expérimentations exploratoires, tout y est : des jeux de données de qualité, structurées,
documentées, et en prise directe avec les préoccupations de la population; une infrastructure
technique éprouvée et ouverte; des volontés d'aller de l'avant à l'intérieur de l'administration et des
citoyens et des entreprises demandeurs de cette opportunité (voir chapitre suivant).
Nous avons concentré notre discours sur les données du SITG qui constituent probablement un cas
d'école. Mais de nombreuses autres données qui constituent la richesse de l'administration genevoise
ont vocation à être ouvertes. Leur ouverture constituerait une formidable occasion d'associer les
habitants et les entreprises à une démarche de co-production et de participation ouverte au vivre
ensemble que nous recherchons tous. Ce serait mettre le numérique au service d'une dynamique
sociale et croire en l'intelligence créative des forces vives de notre canton. D'autant que comme le
rappelait Charles Nepote : « Si vous ne partagez pas vous-même vos données publiques, d'autres le
feront à votre place ! ».
Tout n'est cependant pas si évident. Comme le souligne Daniel Kaplan93, l’ouverture des données
publiques est un processus vaste et complexe, qui implique de très nombreux acteurs. Elle redistribue
l’information, le pouvoir, les responsabilités, selon des lignes difficiles à anticiper. Ses conséquences
se feront probablement sentir dans de très nombreux domaines, elles influerons de nombreux métiers
et certains modèles économiques devront être redéfinis. Selon la manière dont nous ouvrirons l’accès
aux données, et selon ce que nous ferons après avoir ouvert cet accès, certaines de ces
conséquences pourraient être moins positives que nous ne le souhaiterions. Mais si nous ne
l'expérimentons pas, nous n'aurons pas de réponse à ces questions.




91 Loi relative au système d’information du territoire à Genève, B 4 36, 17 mars 2000,
   http://www.ge.ch/legislation/rsg/f/s/rsg_b4_36.html
92 A l'image de la charte d'éthique des représentations 3D co-élaborée par le canton de Genève en 2010,
   http://www.3dok.org/fr/la-charte
93 L’ouverture des données publiques, et après ?, Daniel Kaplan, InternetActu, novembre 2010,
   http://www.internetactu.net/2010/11/09/louverture-des-donnees-publiques-et-apres/




                                                                                                          31
8 - Un ancrage territorial


Les exemples illustratifs proposés plus haut doivent constituer des sources d'inspiration pour mettre le
pied à l'étrier dans ce domaine. Mais il serait erroné de trop se focaliser sur eux et de vouloir les
dupliquer dans notre environnement genevois. Comme nous l'avons déjà souligné, les démarches
d'ouverture, de participation et de co-création avec les citoyens s'inscrivent dans des logiques
d'innovation et d'expérimentation qui doivent savoir s'enrichir du terreau local. Les contextes et les
degrés de maturité des différentes parties prenantes peuvent changer de manière importante d'une
région à l'autre. C'est avec les personnes concernées (usagers, associations, collaborateurs de la
fonction publique, secteur privé, monde académique) et dans une logique pluridisciplinaire qu'il faut
travailler pour faire émerger des solutions pérennes. Cette pérennité il faut aller la rechercher
principalement dans une approche globale et ouverte des défis posés et dans une appropriation au fil
de l'eau des solutions que l'on désire mettre en place.

Dans une démarche d'innovation ouverte
La tentation pour l'administration de proposer des solutions « clés en main » aux usagers sera grande,
notamment si l'on fait référence à des expériences simples et déjà couronnées de succès ailleurs.
Mais si nous désirons nous mettre en mouvement dans le bon mode, il faut savoir d'entrée travailler
avec les parties concernées pour rechercher avec elles les solutions dont elles ont réellement besoin
(et envie).
L'administration cantonale peut s'appuyer sur de nombreuses compétences pour aller de l'avant dans
cette logique. Au sein du think tank Think Services94 dont l'objectif est d'aider la société civile à
s'approprier durablement la dynamique des services, l'Observatoire technologique travaille depuis
plusieurs mois sur des méthodes créatives s'inscrivant directement dans ces démarches d'innovation
ouverte.
Celles-ci, souvent initiées par des classes créatives actives dans le monde virtuel demandent toujours
plus à se cristalliser autour de lieux physiques ancrés dans le territoire et qui ne sont ni réellement
publics, ni vraiment privés : les tiers-lieux, espaces d’émergence et de créativité95. Avec La Muse96,
Genève a la chance de bénéficier de l'un de ces tiers-lieux dont notre administration peut bénéficier
très directement si elle désire aller à la rencontre de ses citoyens pour faire émerger avec eux (et
avec d'autres : secteur privé et/ou monde académique) les solutions de demain.
La Muse peut notamment s'appuyer sur le réseau d'entrepreneurs Rezonance97 qui regroupe 34'000
membres à travers la Suisse romande et dont plusieurs ont des compétences fortes à apporter dans
les domaines qui nous intéressent : Web participatif, réseaux sociaux, mobilité, etc.


94 Think Services : http://www.thinkservices.ch
95 Les tiers-lieux, espaces d’émergence et de créativité, P. Genoud et A. Moeckli, Revue Économique et Sociale, juin 2010,
   http://ot-lab.ch/?p=79
96 La Muse : http://www.la-muse.ch
97 Rezonance : http://www.rezonance.ch




                                                                                                                   32
D'autres structures proposent des approches qui s'inscrivent totalement dans les démarches
d'innovation ouverte. Ainsi l'agence Lift Lab98 propose à ses clients des ateliers de co-conception qui
peuvent bénéficier des nombreuses compétences pointues présentes à Genève lors de la conférence
internationale Lift99 qu'elle organise chaque année. Dans le cadre de l'édition 2011 qui aura lieu du 2
au 4 février, l'Observatoire technologique monte actuellement un atelier avec Lift Lab sur le thème de
l'ouverture des données publiques en impliquant des responsables métiers de l'administration
cantonale.
Comme nous l'avions déjà relevé dans un précédent rapport100, mentionnons également un acteur
important du territoire genevois qu'il faut savoir inclure dans la boucle vertueuse de l'innovation
ouverte. Il s'agit du milieu associatif genevois qui peut nous aider à :
             1. légitimer notre action et gagner plus facilement la confiance nécessaire auprès des
                 usagers;
             2. dialoguer directement avec un partenaire souvent déjà identifié et connu de
                 l'administration;
             3. entamer un dialogue plus ciblé avec les catégories de citoyens visées;
             4. bénéficier d'un « filtre » actif entre l’administration et les usagers concernés.
Enfin le territoire lémanique bénéficie d'un réseau académique de premier ordre avec lequel nous
devons apprendre à mieux travailler dans une logique pluridisciplinaire et ouverte.




98 Lift Lab : http://www.liftlab.com/
99 Conférence Lift : http://liftconference.com/
100 Living Lab e-Inclusion - Rapport de pré-étude, P. Genoud et A. Schweizer, 2009, http://www.ict-21.ch/com-
    ict/IMG/pdf/OT_SATW_Rapport-Living-Lab-eInclusion-Vfinal.pdf




                                                                                                                33
9 - Recommandations


L’usage de nouvelles technologies facilitant la collaboration et l’interaction offre des opportunités sans
précédent de réaliser une administration genevoise plus ouverte, plus responsable, plus réactive et
plus efficiente. Une question initiale doit être posée et rapportée aux enjeux évoqués au chapitre 3 :
« Quel est le projet de société que l'on entrevoit derrière ce mandat? »
Le défi pour l’administration genevoise n’est pas technologique. C’est plutôt celui de savoir changer la
façon dont elle doit s’organiser et opérer si elle désire collaborer plus étroitement avec les citoyens et
les entreprises de ce canton.
Une démarche volontariste dans ce domaine doit aider l’administration genevoise à faire évoluer sa
culture et ses pratiques internes afin de pouvoir rendre les données et les informations qu’elle détient
plus accessibles et plus facilement utilisables; de se rendre plus consultative, plus participative et plus
transparente; de construire une culture de l’innovation au sein de ses services et de promouvoir une
collaboration accrue entre ceux-ci. En permettant aux citoyens et aux usager de beaucoup mieux
collaborer et interagir avec elle, l’administration va pouvoir capter leur expertise, leurs idées et leur
enthousiasme pour l’aider à résoudre les défis à venir.
L’ouverture de ses données publiques offrirait à l’administration genevoise l’opportunité de plus
s’ouvrir vers les citoyens, les entreprises, le monde académique et la société civile. Elle contribuerait
en outre à valoriser plus largement la ressource stratégique que représente son patrimoine
informationnel.
Ces nouvelles manières d’interagir avec le citoyen tout comme l’ouverture des données publiques
nécessitent de s’engager dans une logique d’expérimentation ancrée dans le territoire et s'appuyant
sur un cadre organisationnel léger. La volonté d’apporter des réponses à ces défis représente une
occasion unique de promouvoir l’innovation sur notre territoire en impliquant tous les acteurs
concernés.
Mais quelle que soit la stratégie retenue et le projet envisagé, il faut veiller à ne pas s'attacher aux
outils et aux infrastructures mais plutôt aux conditions qui vont nous permettre d'aller de l'avant, à
savoir :
   •   gagner l'adhésion des acteurs concernés, en interne comme en externe à l'administration
       cantonale;
   •   utiliser la dynamique ainsi créée pour aider notre administration à se réformer, à modifier
       certaines pratiques qui ne sont plus en adéquation avec cette société de la connaissance que
       nous avons évoquée;
   •   adopter une approche réflexive qui questionne les résultats obtenus et qui permette de
       transposer ailleurs les succès;
   •   et surtout oser : oser s'exposer et oser expérimenter.




                                                                                                     34
« La plupart des micro projets d’innovation s’épuisent et disparaissent. Ce n’est pas le micro
         projet qui est important, mais le système, la stratégie. Il faut activer des micro projets non
         pas pour eux-mêmes, mais dans le but de créer un changement systémique. Bien souvent,
         l’absence de stratégie ou de continuité nuit à la réussite du projet. Pour une prise de
         conscience durable, l’important n’est pas la façon dont on active un projet isolé, mais de
         savoir quels sont les points qu’on active et leurs effets sur le corps urbain entier. »
                                             François Jégou, directeur de Strategic Design Scenarios



Notons enfin qu'à notre sens un véritable enjeu de société et donc un réel projet politique se cache
derrière l’ouverture des données publiques. Le mot « ouverture » est d'ailleurs le maître mot lorsqu'on
évoque une participation citoyenne augmentée : ouverture vers le citoyen et les entreprises, ouverture
des données publiques et ouverture des démarches d'innovation »




                                                                                                          35
Vers une participation citoyenne augmentée
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  • 2.
  • 3. “La créativité c’est penser à de nouvelles choses. L’innovation c’est faire de nouvelles choses.” Theodore Levitt Vers une participation citoyenne augmentée Patrick Genoud Janvier 2011 “Vers une participation citoyenne augmentée” par Patrick Genoud est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité – Pas d'utilisation commerciale Licence Suisse 2.5 Observatoire technologique Département des constructions et des technologies de l'information Rue du Grand-Pré 64-66 ▪ Case postale 2285 ▪ CH – 1211 Genève 2 Tél. +41 22 388 13 52 ▪ patrick.genoud@etat.ge.ch ▪ http://www.ge.ch/ot
  • 4. Table des matières Résumé pour les décideurs.............................................................................................................................. 2 Préambule....................................................................................................................................................... 3 1 - Quelle place pour le numérique ?............................................................................................................... 4 2 - Modes d'interaction..................................................................................................................................... 7 3 - Opportunités et enjeux.............................................................................................................................. 10 4 - Conditions de succès................................................................................................................................ 13 5 - Risques..................................................................................................................................................... 17 6 - Les outils.................................................................................................................................................. 18 7 - L'ouverture des données publiques.......................................................................................................... 20 8 - Un ancrage territorial................................................................................................................................ 32 9 - Recommandations.................................................................................................................................... 34 Annexe - Exemples illustratifs........................................................................................................................ 36 Remerciements.............................................................................................................................................. 54 1
  • 5. Résumé pour les décideurs • L’usage de nouvelles technologies facilitant la collaboration et l’interaction offre des opportunités sans précédent de réaliser une administration genevoise plus ouverte, plus responsable, plus réactive et plus efficiente. • Le défi pour l’administration genevoise n’est pas technologique. C’est plutôt celui de savoir changer la façon dont elle doit s’organiser et opérer si elle désire collaborer plus étroitement avec les citoyens et les entreprises de ce canton. • Une démarche volontariste dans ce domaine doit aider l’administration genevoise à faire évoluer sa culture et ses pratiques internes afin de pouvoir rendre les données et les informations qu’elle détient plus accessibles et plus facilement utilisables; de se rendre plus consultative, plus participative et plus transparente; de construire une culture de l’innovation au sein de ses services et de promouvoir une collaboration accrue entre ceux-ci. • En permettant aux citoyens et aux usager de beaucoup mieux collaborer et interagir avec elle, l’administration va pouvoir capter leur expertise, leurs idées et leur enthousiasme pour l’aider à résoudre les défis à venir. • L’ouverture de ses données publiques offrirait à l’administration genevoise l’opportunité de plus s’ouvrir vers les citoyens, les entreprises, le monde académique et la société civile. Elle contribuerait en outre à valoriser plus largement la ressource stratégique que représente son patrimoine informationnel. • Ces nouvelles manières d’interagir avec le citoyen tout comme l’ouverture des données publiques nécessitent de s’engager dans une logique d’expérimentation ancrée dans le territoire et s'appuyant sur un cadre organisationnel léger. • La volonté d’apporter des réponses à ces défis représente une occasion unique de promouvoir l’innovation sur notre territoire en impliquant tous les acteurs concernés. 2
  • 6. Préambule Au début de l’année 2010, nous présentions à Mme Künzler, conseillère d'État en charge du Département de l’Intérieur et de la Mobilité (DIM) et à M. Matthey, secrétaire général du DIM, un exercice de style sur le thème de l'ouverture vers le citoyen. Cette présentation mettait en exergue les potentialités offertes par les technologies de l’information et de la communication (TIC) en général et par le système d'information du territoire genevois (SITG) en particulier. Les exemples proposés ont retenu l'attention de Mme Künzler qui souhaiterait lancer une ou plusieurs réalisations liées à l'utilisation des technologies numériques pour favoriser l'interaction avec les citoyens. Mais avant de lancer des projets concrets au sein du DIM, il est important de débroussailler un terrain encore souvent mal connu par notre administration. Le secrétariat général du DIM a donc mandaté cette étude visant à étudier les conditions cadres dans lesquelles s'inscrit l'usage des technologies Internet pour mieux interagir avec le citoyen. Il s'agit dans une première étape d'illustrer ce qui se fait ailleurs dans ce domaine en apportant des informations sur les retours d'expérience qui y sont liés. Ce mandat poursuit trois objectifs: 1. rappeler les différents aspects que peuvent prendre ces nouvelles manières d'interagir avec le citoyen; 2. présenter les enjeux, les opportunités, les risques et les pré-requis qui y sont liés tout en insistant sur la valeur ajoutée (pour les services de l'administration et pour les citoyens) que l'on peut y trouver; 3. illustrer les potentialités offertes par les nouvelles technologies dans ce domaine et de susciter ainsi de l'intérêt pour ce type d'approche auprès des chefs de service du DIM. Le mandat doit pouvoir déboucher sur des pistes concrètes permettant de lancer des projets expérimentaux au DIM, notamment dans le domaine de la mobilité. Avec un centre de compétence du SITG rattaché au DIM, les aspects liés à la géolocalisation sont certes importants, mais ils ne doivent pas être seuls pris en compte. Enfin ce rapport doit également envisager les pistes internes au DIM qui doivent permettre d’avancer dans ce domaine. L'appropriation des ces nouveaux usages par les collaborateurs constitue en effet un élément de l'équation que l'on a trop souvent tendance à négliger. Collaboration, participation et interactions avec les citoyens constituent des thèmes qui ont fait l'objet d'un nombre conséquent d'études. Quatre d'entre elles, dont la perspective correspond à notre approche, ont ainsi particulièrement retenu notre attention et ont largement contribué à enrichir ce rapport1,2,3,4. 1 La ville 2.0, plateforme d’innovation ouverte, D. Kaplan et Th. Marcou, FING, Ed. FYP, 2008 2 Quelle société voulons-nous à l'ère du numérique?, E. Hooge, C. Januel et J.-L. Molin, Communauté urbaine du Grand Lyon, 2010, http://www.slideshare.net/ifupvn/quelle-socit-voulonsnous-lre-numrique 3 Engage, Getting on with Government 2.0, Australian 2.0 taskforce, 2009, http://www.finance.gov.au/ 4 Public Services 2.0 : The Impact of Social Computing on Public Services, N. Huijboom et al., IPTS, Commission Européenne, 2009, http://ipts.jrc.ec.europa.eu/publications/pub.cfm?id=2820 3
  • 7. 1 - Quelle place pour le numérique ? Ces dernières années les technologies numériques ont bouleversé notre rapport au temps et à l’espace, notamment par leurs aspects ubiquitaires: omniprésentes, intégrées dans les objets qui nous entourent et dans nos pratiques quotidiennes, elles contribuent à faire vivre un territoire et sont au cœur des services que celui-ci propose aux usagers. Notre rapport à l’espace est en pleine mutation, avec un monde réel qui s’hybride avec le monde virtuel pour enrichir notre quotidien tout en le rendant plus complexe. Dans le même temps, ces technologies ont considérablement enrichi les formes de dialogues et d'interactions et amènent de nouvelles formes de sociabilité ainsi que des opportunités de produire de manière collaborative les services dont nous avons besoin. La rupture amenée par le Web social et par les technologies numériques est avant tout une rupture liée aux usages: nouvelles manières de faire et d'interagir, nouveaux modèles d'affaires ou nouveaux modes d'organisation pour ne citer que ceux-là. Ce changement de paradigme nous renvoie à un monde en perpétuelle évolution où les approches traditionnelles ont dû céder la place à un mode d'expérimentation et de prototypage permanent, la plupart du temps centré sur les usages des technologies plutôt que sur les technologies elles-mêmes. Dans ce monde en train de se réinventer, l'administration genevoise doit trouver sa place et apprivoiser ces technologies et les usages qui vont avec afin d'apporter des réponses à des questions déterminantes pour l'évolution de notre région : • la question du vivre ensemble : quelle forme de sociabilité veut-t-on à créer dans notre canton? Voulons-nous favoriser de nouveaux modes d'interaction tels que l’autonomisation et le bien-être individuel, l’entraide et les usages collaboratifs ou l’égalité et la solidarité collective? • la question des rapports entre l'administration et les citoyens : comment bâtir la confiance nécessaire à la gouvernance du canton ? Comment construire des rapports collaboratifs et participatifs? • la question de la gestion du risque : veut-on viser un risque zéro en appliquant le principe de précaution lors de la prise de chaque décision? Désire-t-on répondre aux demandes croissantes de sécurité par l’organisation et le contrôle, par l’expérimentation et l’innovation, par l’assurance et la légalisation ou par la confiance et la coopération? Nous devons porter aujourd'hui un regard « numérique » sur ces questions. Même si les tendances à l'œuvre sont planétaires, même si les révolutions sont déjà enclenchées, nous avons encore au niveau local des choix à faire et des postures à affirmer dans ce domaine. Car comme le soulignent deux récents rapports de l’Observatoire technologique consacrés à l’évolution de nos administration publiques5 ainsi qu’aux nouvelles démarches d’innovation6, on attend actuellement que les entreprises et les administrations adoptent une posture différente face à leurs 5 Administration Demain, X. Comtesse et G. Pauletto, Ed. Affaires Publiques, 2010, http://ot.geneve.ch/ot/IMG/pdf/AdministrationDemain2010-06-02.pdf 6 Living Lab e-Inclusion - Rapport de pré-étude, P. Genoud et A. Schweizer, 2009, http://www.ict-21.ch/com- ict/IMG/pdf/OT_SATW_Rapport-Living-Lab-eInclusion-Vfinal.pdf 4
  • 8. clients et à leurs citoyens. A l’image des usages amenés par le Web, les gens aspirent à une relation plus personnalisée, à une écoute et à un dialogue plus marqués, à une accessibilité des services en tous temps et en tous lieux, à une diversité des modes de sociabilité, ainsi qu’à une transparence accrue des organisations. C’est de la perception diffuse de ces attentes que part la demande du DIM. Celles-ci vont clairement au-delà du simple dialogue citoyen et rejoignent les enjeux politiques et sociétaux évoqués ci-dessus. Autour de technologies facilitatrices, les tendances liées au Web d'aujourd'hui fédèrent ces nouvelles manières de travailler en favorisant les réseaux sociaux ainsi que le partage et la collaboration. La créativité et l’innovation sont devenues les maîtres mots de ce nouveau paradigme. Les technologies numériques ont en effet permis à l’utilisateur de passer d’un rôle purement passif à un rôle plus actif, dans lequel il devient un acteur de la création des produits, des contenus et des services qu’on lui propose. L’essor des logiciels libres ou la co-création de contenus ouverts qui s’appuient sur les communautés du Web en sont des exemples révélateurs. Ces tendances amènent des changements profonds au sein de la société et des organisations. Et le secteur public n'échappe pas à la règle7. Certains pays tels que les États-Unis l'ont intégré dans leur stratégie en favorisant l'émergence d'un nouveau type de gouvernement dont les modes de fonctionnement reflètent ceux du monde du Web d'aujourd'hui. La Figure 1 résume ce passage d'une organisation hiérarchique, en silos et tournée vers ses métiers à une organisation plus systémique et plus agile, orientée vers ses citoyens. Figure 1 : Les modes de fonctionnement du Web d'aujourd'hui Et lorsque l'on évoque la conversation, la participation et la collaboration, on doit évoquer de manière symétrique les données et les informations qui nourrissent ces interactions. Là aussi les technologies numériques ont changé le paradigme et permettent une diffusion sans précédent de l'information et de ses usages à la source des savoirs, de l'expertise, de la créativité et de l'innovation des territoires. C’est la façon dont se construisent et se partagent ces savoirs qui est en plein bouleversement et que nous devons appréhender. 7 Administration Demain, X. Comtesse et G. Pauletto, Ed. Affaires Publiques, 2010, http://ot.geneve.ch/ot/IMG/pdf/AdministrationDemain2010-06-02.pdf 5
  • 9. Le collège spécialisé des systèmes d’information de l’État de Genève a perçu ces enjeux en les intégrant explicitement dans son plan stratégique 2009-20138. Ils a d'une part relevé la nécessité de gérer l’information comme une ressource stratégique de l'administration genevoise, comme un véritable patrimoine sociétal représentant un enjeu primordial pour l'avenir de notre société. Ils a d'autre part insisté sur la nécessité pour nos systèmes d'information de savoir mieux s'ouvrir vers les citoyens et les entreprises de notre région. Nous espérons que les éléments de ce rapport permettront de concrétiser les attentes du DIM en les inscrivant très naturellement dans cette stratégie et en les ancrant dans notre territoire. 8 Plan stratégique des systèmes d’information de l’État de Genève 2009-2013, Collège Spécialisé des Systèmes d’Information, Etat de Genève, 2009, http://ot.geneve.ch/ot/article.php3?id_article=128 6
  • 10. 2 - Modes d'interaction Les technologies Internet ont considérablement enrichi les modes d’interaction entre les individus. Elles ont amené de nouveaux usages aux potentialités souvent insoupçonnées. Nous sommes ainsi passés du Web originel qui publie des informations à un Web ubiquitaire qui permet la localisation des personnes et la personnalisation des contenus en passant par un Web social qui permet le réseautage, la discussion, le partage et la co-création. Ces nouvelles formes d'interactions, souvent indirectes, s'appuient sur une multitude d'outils et de services en ligne que l'on peut souvent combiner pour enrichir encore plus l'expérience utilisateur. Fred Cavazza9 propose à la Figure 2 une représentation simplifiée des médias sociaux en 2011. Figure 2 : Panorama des médias sociaux 2011 (Fred Cavazza) 9 Fred Cavazza : http://fredcavazza.net 7
  • 11. Ce panorama est ainsi composé de 7 grandes familles correspondant aux 7 usages primaires du Web aujourd'hui. Au sein de chacune de ces familles on retrouve le principaux acteurs concernés. 1. publication, avec les plateformes de blog, de micro blog (publication d'articles très courts), de stream (flux de contenus) et les wikis (sites Web dont les pages sont modifiables par les visiteurs afin de permettre l'écriture et l'illustration collaboratives des contenus); 2. partage, avec les services permettant de partager des vidéos, des photos, des liens, de la musique ou encore des documents; 3. discussion, avec des outils et plateformes de forum, des outils de surveillance et de gestion des commentaires et des plateformes de recherche sociale; 4. commerce, avec les solutions d’avis client, les outils de feedback collaboratifs, les plateformes de recommandation et d'inspiration, les sites d’achats localisés, les services d'achats et de partage d’achats; 5. localisation, avec des plateformes de localisation sociale, des réseaux sociaux locaux, des réseaux sociaux mobiles et des services de partage d’évènements; 6. réseautage, avec des réseaux sociaux personnels, des réseaux sociaux professionnels, des réseaux sociaux « traditionnels » et des outils de création de réseaux sociaux; 7. jeux, où l’on retrouve les acteurs traditionnels du jeu occasionnel, mais également les nouveaux entrants du jeu en réseau ainsi que les plateformes mobiles et virtuelles. Dans cette vue d’ensemble deux acteurs ressortent du lot par l’audience qu’ils drainent et par les investissements réalisés : Facebook et Google. Ce panorama n'a pas vocation à être exhaustif (loin s'en faut) mais il prétend plutôt donner une vue d’ensemble des services et familles de services qui composent les médias sociaux aujourd'hui. Il existe naturellement de multiples autres façons de catégoriser ces usages et ces modes d’interactions, ce qui complexifie la lecture d'un écosystème bien difficile à décrypter. Participation ? Le secteur public explore plutôt timidement ces différentes manières d'interagir. Il se contente souvent de publier des informations ou de partager des contenus; la participation à travers la discussion et le réseautage n'en est souvent qu'à ses balbutiements, contrairement au secteur privé où ce type d'usage est plus répandu. La participation désigne ici des tentatives de donner un rôle aux individus dans une prise de décision affectant une communauté. L'International Association for Public Participation 10 distingue cinq niveaux de participation : 1. Informer : à ce niveau les parties prenantes sont simplement informées des décisions prises. Une explication ou les raisons de la décision est donnée. C'est une communication unidirectionnelle. 2. Consulter : à ce niveau on demande aux parties prenantes de donner leur feedback, leur analyse et/ou des alternatives relatives à la décision à prendre (cela ne peut d'ailleurs concerner qu'une partie du processus de décision). C'est une communication bidirectionnelle qui peut se concevoir de manière continue (l’usager amène des commentaires généraux relatifs aux activités d'un service via des formulaires de feedback ou en utilisant des sondages en ligne) ou exceptionnelle (l’usager est explicitement invité à donner son avis sur un sujet spécifique ou sur l’ébauche d’une politique en cours d’élaboration (blogs, wikis) durant une période limitée). 10 International Association for Public Participation : http://www.iap2.org/ 8
  • 12. 3. Impliquer : à ce niveau les parties prenantes sont impliquées dans le processus de décision. On demande aux preneurs de décision un certain degré d'engagement afin de prendre en compte les propositions de ces parties prenantes. 4. Collaborer : à ce niveau les parties prenantes participent activement au processus de décision dans son entier. Elles sont reconnues comme des acteurs à part entière du processus de décision. A ce stade on peut envisager une collaboration planifiée lorsqu'elle concerne des initiatives lancées par un service et dont la portée de la collaboration avec les différentes parties prenantes est limitée ou alors non planifiée lorsqu'elle concerne des initiatives qui sont lancées par des partie prenantes externes, souvent organisées. Dans ce dernier cas les services concernés doivent être conscients de l’existence de ces initiatives et en tirer profit (forums de discussion et/ou réseaux sociaux sur lesquels les gens discutent de la qualité et de l’amélioration à apporter aux services publics). 5. Autonomiser : à ce niveau le processus de décision est simplement guidé ou facilité par l'équipe de direction. Les décisions sont amenées et prises par l'ensemble des parties prenantes. Ou interactions plus larges ? La participation et la collaboration restent des modes d’interaction classiques, même si leur mise en œuvre n’est pas forcément des plus aisées. Mais les technologies numériques actuelles permettent de nouveaux modes d’interaction, aux formes bien plus variées, qui sont notamment liées aux potentialités offertes par les familles « réseautage » et « localisation » de la Figure 2. C’est cette perspective large que nous désirons également aborder dans ce rapport. Les interactions entre les différents acteurs du territoire (et les administrations publiques en constituent un incontournable), peuvent en effet prendre des formes à la fois bien plus riches et bien plus subtiles que nous illustrerons plus loin. Elles sont souvent le fait d’une interaction directe entre l’usager et le territoire dans lequel il évolue, entre les usagers eux-mêmes et leur administration. Charge aux autres usagers (et aux services potentiellement concernés de l’administration) d'être à l’écoute des signaux ainsi générés et de savoir les déchiffrer pour ensuite les utiliser au mieux. Il nous semble important d'élargir le champ d'investigation de cette étude à ces modes d'interaction plus diffus. D'une part parce que la relation entre l’usager et le territoire sur lequel il vit et il évolue constitue toujours un élément fort. D’autre part parce que l'État de Genève et le DIM en particulier ont la chance de pouvoir s’appuyer sur une infrastructure et des données d’une richesse extraordinaire : le système d’information du territoire genevois (SITG) sur lequel pourraient venir se « nourrir » bon nombre de ces nouvelles modalités d’interaction. Même si nous devons initier très humblement la démarche en testant des modes de participation citoyenne traditionnels, il faut savoir garder en tête cette perspective large ancrée dans un futur qui n'est déjà plus si lointain. Ceci en sachant qu’il n’y a pas de hiérarchie ni de passage obligé dans les niveaux d’interaction proposés ci-dessus : nous pouvons très bien expérimenter dans le domaine du participatif augmenté sans avoir fait toutes nos classes dans celui de la consultation ou de la collaboration. 9
  • 13. 3 - Opportunités et enjeux Dans le contexte d'une société de la connaissance et du savoir en devenir, les individus expérimentent dans leur vie quotidienne de nouvelles manières de participer et d’interagir qu'ils s'attendent à retrouver dans leur relation avec le secteur public. Pour l'heure peu d'institutions publiques répondent pleinement à ces attentes. Dans le même temps, les défis que notre société doit relever se révèlent d'une complexité croissante : diversité des points de vue et des contextes, échelles de temps toujours plus réduites, etc. Les méthodes utilisées habituellement pour résoudre ces défis montrent leurs limites. Le numérique offre dans cette optique des opportunités prometteuses même s'il faut avouer un manque de recul certain dans un domaine où il reste beaucoup à expérimenter. A Genève on note une demande croissante des citoyens pour que le secteur public apporte des solutions à des défis touchant à des sujets sensibles tels que la mobilité (cohabitation des différents modes de transport, chantiers en ville) ou la construction (projet Praille Acacias Vernets 11). Le numérique propose de nouvelles approches enrichissant considérablement les démarches traditionnelles et offre ainsi des opportunités encourageantes. Mais comme nous l’avons mentionné dans la partie introductive, les enjeux liés à ces opportunités doivent être pris dans une perspective large correspondant à trois enjeux majeurs liés à l'usage du numérique : celui des savoirs, celui des services et celui de l'espace public12. L'enjeu des savoirs Sous l'influence du Web et des technologies numériques, les savoirs aujourd'hui se construisent et se partagent d'une manière bien différente d'il y a dix ans encore. Or ces savoirs contribuent de manière essentielle à l’innovation et à la participation citoyenne de notre région. Et le numérique doit pouvoir contribuer positivement à cet enjeu en proposant de nouvelles modalités d'implication des citoyens dans les démarches de coproduction des savoirs. La démarche de la ville de Brest (France) est emblématique d'une volonté de faire de la production de savoirs locaux un facteur de cohésion sociale. Soucieuse d'une démarche participative et d'une implication des acteurs à même de porter une appropriation sociale d'Internet et du multimédia dans la cité, Brest a lancé dès 2003 le site « a-brest.net13 » sous forme d'un magazine d'actualité où tout citoyen peut être à la fois lecteur, contributeur et modérateur. L'enjeu des savoirs c'est ainsi d'être capable de lancer une dynamique de partage des savoirs dans un écosystème d'information réunissant les différents acteurs du canton (citoyens, monde associatif, secteur privé, secteur public, monde académique). C'est aussi de savoir gérer l'accès à l'information et à son usage pour le plus grand nombre en réfléchissant à un service d'éducation citoyenne à 11 Projet Praille Acacias Vernets, http://etat.geneve.ch/pav/accueil.html 12 Quelle société voulons-nous à l’ère numérique?, E. Hooge, C. Januel et J.-L. Molin, 2010, Communauté urbaine du Grand Lyon, 2010, http://www.slideshare.net/ifupvn/quelle-socit-voulonsnous-lre-numrique 13 « a-brest.net » : http://www.a-brest.net/ 10
  • 14. l'heure du numérique, à l'image des Espaces Publics Numériques 14 (EPN) lancés en France depuis une dizaine d'années. Mais c'est surtout d'être en mesure de développer la confiance des citoyens dans ces savoirs en produisant ensemble des connaissances sur le territoire. Ce travail de coproduction s'appuyant sur les réseaux sociaux locaux pour lancer des débats et croiser des co-expertises doit permettre de produire des savoirs partagés et faire émerger des solutions pérennes. L’enjeu des services Les technologies numériques ont bouleversé notre rapport au temps et à l’espace en étant omniprésentes dans notre quotidien. Elles contribuent toujours plus à faire vivre notre région et sont au cœur des services que celle-ci nous propose. Les réseaux offrent de nouvelles manières de nous relier les uns aux autres, que ce soit dans notre vie privée ou professionnelle. En favorisant les échanges entre individus tout comme les échanges d'informations et de savoirs, ils permettent de produire de manière collaborative les services dont notre région aura besoin demain. Les technologies numériques offrent de nombreuses opportunités pour transformer la relation de notre canton avec ses habitants, que ce soit via les réseaux sociaux ou les applications mobiles en temps réel pour ne citer que celles-là. Mais le véritable défi est celui du bon usage de ces technologies, du degré d'acceptabilité des nouveaux usages envisagés, du niveau de confiance que nous aurons su générer ou des dynamiques de participation que nous aurons créées. Alors seulement nous pourrons essayer de mettre en place des démarches en partenariat pour « faire avec » les acteurs de notre région et nous appuyer sur leur expertise, sur leur vécu, sur leurs expériences personnelles pour améliorer les services offerts et en créer de nouveaux. Ce type de posture positionnerait notre administration comme une institution qui dialogue et qui expérimente avec ses citoyens et ses entreprises, comme un véritable Living Lab15 à l'échelle de la région genevoise. L’enjeu de l’espace public L'espace public est un espace partagé, traversé par des usages multiples, dans lequel cohabitent des individus différents et où se tissent des liens parfois ténus mais où apparaissent également des frictions voire des conflits. C'est l'espace qui révèle au quotidien un enjeu majeur de notre territoire; c'est celui du vivre ensemble et du lien social. Les technologies numériques ajoutent encore à la complexité de cet espace en y introduisant de nouveaux usages et de nouvelles règles. Mais dans le même temps, elles constituent des opportunités pour mieux vivre ensemble et pour aider les habitants à se réapproprier l'espace public. Les pratiques numériques spontanées dans l’espace public sont aujourd’hui pour leur majorité individuelles ou dominées par des services marchands. Nos institutions ont encore peu investi ce domaine en y instaurant une démarche volontariste active pour favoriser le « vivre ensemble » en encourageant par exemple : • les pratiques collectives autour du numérique; • l’animation de l’espace public grâce et avec le numérique. Au-delà de ces trois enjeux de société, l'administration publique peut, en favorisant les technologies numériques en général et une participation citoyenne augmentée en particulier, répondre à un certain nombre d'enjeux plus centrés sur elle-même. 14 Espaces Publics Numériques : http://fr.wikipedia.org/wiki/Espace_public_numérique 15 Living Lab e-Inclusion - Rapport de pré-étude, P. Genoud et A. Schweizer, 2009, http://www.ict-21.ch/com- ict/IMG/pdf/OT_SATW_Rapport-Living-Lab-eInclusion-Vfinal.pdf 11
  • 15. Il s'agit notamment de : • favoriser la transparence de l'administration et donner une meilleure visibilité et une meilleure lisibilité de l'action publique; • contribuer à une légitimité accrue de l’action publique via une concertation facilitée, voire améliorée; • développer une administration plus agile qui sait écouter davantage ce qui se dit sur le Web et est ainsi capable d'anticiper ce que l’on appelle des « signaux faibles » (les problèmes émergents qui feront peut-être un jour les gros titres de la presse); • améliorer l'efficacité des services concernés qui peuvent apporter des réponses plus rapides et mieux ciblées aux demandes des citoyens. Nous ne reprenons pas ici les enjeux liés à l'ouverture des données publiques. Ceux-ci seront présentés plus loin dans un chapitre spécifique à cette problématique. 12
  • 16. 4 - Conditions de succès Si l'on désire lancer des démarches participatives ou interagir mieux (et peut-être différemment) avec les citoyens, les associations ou les entreprises, il faut savoir travailler en amont de toute démarche sur les conditions de succès qui garantiront la réussite et la pérennité des solutions envisagées. Nous reprenons dans ce chapitre les conditions de succès essentielles identifiées ailleurs comme étant les meilleures pratiques en la matière. Stratégie et vision globale Quelles que soient le nombre et l'ampleur des projets envisagés pour améliorer les interactions entre citoyens et administration, il est essentiel de partir dans l'aventure (car c'en est une assurément) en ayant pris le temps d'asseoir une stratégie dans ce domaine. Sur une vision ancrée dans l'un ou plusieurs des enjeux évoqués au chapitre précédent, il faut identifier les axes forts qui cadreront les actions menées à tous les niveaux autour des projets lancés. Ces axes stratégiques peuvent être par exemple : • améliorer la qualité de vie des habitants du territoire; • renforcer le lien social; • renforcer le lien entre l’administration et les citoyens; • améliorer l'image de l'administration; • aider l’administration à faire évoluer son rapport aux usagers; • favoriser une démarche d'innovation et d'expérimentation; • favoriser les démarches de co-création; • ou valoriser le patrimoine informationnel de l'administration. Le choix des projets, leurs objectifs, leur mode de mise en œuvre, leurs publics cibles, doivent s'inscrire dans la stratégie retenue. Une stratégie que l'on aura su partager en interne du département avec les chefs de services et les collaborateurs impliqués, mais également avec les autres départements afin de lancer une dynamique commune dans ce domaine. Cette phase initiale de partage de la stratégie retenue permet aussi d'illustrer les réalisations potentielles en phase avec la stratégie et de les mettre en perspective. Elle aide à repérer les « transformeurs », ces chefs de services motivés avec lesquels ont pourra faire émerger des ébauches de solutions possibles et lancer les projets correspondants. Dans le même esprit, il faut savoir mobiliser les collaborateurs des services concernés dans la dynamique recherchée, à savoir notamment celle de l’ouverture et du dialogue. Il est impératif de garder une vision globale de la problématique, telle qu’elle est exposée dans l’introduction de ce document, même si l’on commence avec des réalisations très ciblées et de moindre portée. Cette vision large remet les expériences lancées dans leur juste perspective. Elle permet également de les inscrire dans la durée pour mieux capitaliser sur les succès obtenus et transformer en profondeur l'évolution de l’administration genevoise ainsi que le rapport des gens à leur territoire. Elle garantit enfin la cohérence et la pérennité des actions menées. 13
  • 17. Démarche volontariste Un autre constat indéniable relatif aux projets ayant pour vocation à accroître l'ouverture des services publics vers le citoyen est que ceux-ci ont été portés politiquement de manière très volontariste. Car il ne faut pas se tromper de cible : la difficulté majeure de ce type de projet n'est pas technique mais bien liée à l'énergie nécessaire pour faire bouger les lignes de la culture dominante de l'administration. On pense ici notamment au manque d'ouverture ou à l'aversion au risque (et donc à l'expérimentation) qui s'avèrent pourtant incontournables dans ce domaine. Même remarque en ce qui concerne la nécessité de savoir rassembler autour d'un projet commun. Aucun modèle participatif, aucun réseau social n'a réalisé de coproduction d'envergure sans une adhésion préalable forte au projet. L’implication des différentes parties concernées dépend en outre fortement de la clarté du discours et des intentions qui guident la démarche. Mais attention : être clair sur les intentions ne signifie pas forcément l'être sur les résultats à obtenir. Dans le domaine de l'expérimentation et de l'innovation, il faut savoir doser liberté et contrainte afin de laisser émerger la bonne solution au final. Lorsque l'on désire s'ouvrir vers les citoyens plusieurs sources notent l'importance de partir dans une démarche « projet » et non pas « problème ». Les freins culturels liés à ce changement de paradigme s'accommodent en effet mal d'une dynamique négative liée à la seule résolution d'un problème par lequel les collaborateurs de l'administration ne se sentent pas forcément concernés. Enfin lorsqu'on évoque une démarche volontariste, on suppose naturellement que celle-ci est clairement identifiée par toutes les parties prenantes et que l'effort de communication nécessaire a été entrepris dans ce sens (que ce soit en interne ou à l'extérieur de l'administration). Gouvernance Lorsqu'on envisage une relation avec le citoyen, a fortiori lorsque celle-ci passe par des outils qui complexifient la relation entre les parties prenantes, il est nécessaire d'avoir mis en place une gouvernance simple et claire du dispositif. Cela signifie notamment : • éviter la tentation centralisatrice qu'ont trop souvent les institutions publiques; • garantir une transparence des processus; • afficher une une éthique claire et cohérente; • identifier des responsables légitimés par leurs contributions; • prendre en compte toutes les contributions, même les plus modestes; • instaurer un filtrage communautaire. Posture adéquate Interagir, dialoguer, participer grâce aux technologies numériques : ces modes de faire impliquent une posture la plupart du temps nouvelle pour notre administration et ses collaborateurs. Savoir se mettre dans la bonne posture cela signifie notamment de savoir : • renforcer la logique du « faire pour » en améliorant l’efficacité des services de l'administration grâce au numérique; • redonner des responsabilités aux collaborateurs de la fonction publique, récompenser les initiatives et savoir les écouter; • faire en sorte que le l'on sache s'appliquer à nous-mêmes les recettes que l'on voudrait appliquer vers l'extérieur et donc favoriser l’appropriation en interne de ces nouveaux usages; 14
  • 18. mettre en place des démarches en partenariat pour « faire avec » les acteurs de notre territoire grâce au numérique; • responsabiliser les usagers et leur donner les moyens de s’investir eux-mêmes dans la production de leur région grâce au numérique; • activer et transformer les éléments pertinents du dialogue ainsi noué et reconnaître ainsi une place active à l’usager; • aller chercher vers lui et avec lui les solutions escomptées; • faire de même avec nos partenaires potentiels, ce qui signifie donc y aller avec les autres dans une approche pluridisciplinaire; • s'inspirer et pas seulement copier; • inviter et non contrôler afin de générer de la confiance; • éviter la tentation centralisatrice, que ce soit au niveau organisationnel, technique ou de la gestion de l'information. Démarche d'innovation (ouverte) Les modes d’interactions envisagés dans ce rapport sont pour la plupart relativement récents dans le secteur public. C’est pour cette raison que nous avons encore peu de recul sur leur mise en œuvre. Mais de manière générale on se trouve engagé, lorsque l’on évoque de nouvelles manières d’interagir avec les citoyens, dans une réelle démarche d’innovation qu’il faut aborder avec une approche adaptée. La solution et surtout ses usages ne sont pas toujours clairement définis dans la phase amont du projet. Il faut se laisser la marge de manœuvre et la flexibilité suffisantes pour faire émerger la solution souhaitée et ses usages avec les parties prenantes. On se retrouve alors dans une logique d’expérimentation, de prototypage et de démarche itérative, souvent en co-création, qui est relativement éloignées de la gestion de projets informatiques habituels. Il faut ainsi se lancer dans cette voie sans penser que l’on va forcément toucher au centre de la cible au premier coup. Ces démarches itératives d'innovations se déroulent habituellement en quatre phases : 1. développer, comprendre le problème, sortir du paradigme existant, évaluer les options possibles; 2. implémenter, préparer une stratégie d’implémentation, considérer des dispositions transitoires, surveiller la période transitoire; 3. vérifier, préparer une stratégie d’évaluation, mesurer l’impact à court terme, évaluer les résultats à long terme; 4. ajuster, reconsidérer les aspirations et les objectifs, construire sur l’expérience et le succès, se préparer au prochain cycle de développement. Cela suppose de pouvoir évoluer avec un cadre organisationnel léger et savoir jouer de la simplicité en comptant sur une équipe projet ayant le bon profil, le fameux smart team with a T profile : une équipe pluridisciplinaire présentant des compétences propres, avec de l'ouverture d'esprit, le sens de la collaboration et un indispensable optimisme. Dans l'environnement parfois rigide de l'administration, cela suppose une adéquation organisationnelle qui n'est pas toujours évidente à obtenir. Ces démarches d'expérimentation nécessitent également une approche réflexive sur les résultats obtenus ainsi que sur la manière de diffuser les nouveaux modes de fonctionnement mis en œuvre. 15
  • 19. Public ciblé Accroître l'interaction entre l'administration et le public ne signifie pas accroître l'interaction entre l'administration et n’importe qui, notamment lorsque l'on s'engage dans le dialogue ou la participation. Le public concerné est un public particulier, spécifique, et pas le public en général. Il est constitués des gens les mieux à même d’apporter des réponses pertinentes aux questions posées. Ce sont souvent les individus (nombreux ou pas) les plus directement touchés et intéressés par le sujet. Il peut s’agir également d’associations représentatives de ces publics cibles. De la même manière, on ne peut pas ouvrir un dialogue sur n'importe quel sujet et avec tout le monde tout en restant efficace. Il faut restreindre ce dialogue à des sujets bien cadrés. Enfin nombreux sont ceux qui notent que dans une phase initiale de dialogue et de participation citoyenne, il ne faut pas attendre de la population monts et merveilles. Il faut du temps pour mettre en place ce type de dynamique; patience et énergie sont donc les clés du succès. Appropriation Lorsque l'on évoque une participation augmentée du citoyen on a très rapidement la tentation d'apporter des réponses techniques aux questions posées et de faire l’impasse sur l’appropriation des solutions envisagées. Or c'est un élément crucial qui peut détourner très vite l'usager de la solution qu'on lui propose. Il faut par exemple comprendre que la complexité technique ou que le jargon administratif constituent de réels obstacles pour le commun des mortels. Il faut donc savoir faire le pari de la simplicité d'outils adaptés plutôt que celui de la richesse des fonctionnalités. Il faut également comprendre que le domaine visé a souvent déjà été investi par des acteurs importants qui ont imposé leur usage des technologies envisagées (pour le meilleur, comme parfois pour le pire). Mais c'est une réalité dont il faut tenir compte. Pour s'en convaincre il suffit par exemple de comparer les services cartographiques de Google maps 16 et ceux pourtant beaucoup plus riches de notre SITG17. Les premiers sont conçus à la base pour le public 18, alors que les guichets cartographiques du SITG sont destinés à la base aux métiers concernés. 16 Google maps : http://maps.google.com 17 Guichets cartographiques du SITG : http://etat.geneve.ch/sitg/ 18 Google Maps and Label Readability : http://www.41latitude.com/post/2072504768/google-maps-label-readability 16
  • 20. 5 - Risques Les risques essentiels sont en fait liés à l'incapacité de prendre correctement en compte les conditions de succès présentées au chapitre précédent. Un récent rapport19 de la commission européenne en relève pour sa part trois : 1. Les principes de gouvernance nécessaires à la pérennité de ces nouvelles approches ne sont pas acquis par toutes les parties prenantes. On pense ici à la légitimité, à la responsabilité, à la transparence, à l'intégrité et à l'impartialité, principes qu'il faut être capable de faire accepter à tous les niveaux. 2. Les violations de la sphère privée : en ouvrant le débat ou la production de contenus aux citoyens les menaces relatives à la protection de la sphère privée doivent être prises en compte. 3. Ne jamais oublier que lorsqu’on utilise les technologies numériques pour s’ouvrir aux usagers, l’e-exclusion n’est jamais très loin. Il est donc essentiel de garder cette réalité à l’esprit dès la conception d'un projet, quel qu’il soit. Mais le risque le plus important c'est de se bloquer sur les freins potentiels ou de prétendre obtenir des réponses à tous nos questionnements avant même de lancer une quelconque initiative. C'est souvent le meilleur moyen pour être certain de ne rien lancer. Il y a donc surtout un risque à ne rien essayer et à ne rien oser. 19 Public Services 2.0 : The Impact of Social Computing on Public Services, N. Huijboom et al., IPTS, Commission Européenne, 2009, http://ipts.jrc.ec.europa.eu/publications/pub.cfm?id=2820 17
  • 21. 6 - Les outils Nous l'avons déjà mentionné plus haut, les outils ne constituent pas le point sur lequel se focaliser en premier lorsque l'on envisage une participation augmentée des citoyens. Les technologies numériques et les médias sociaux sont légions et sont à même de répondre à la plupart des besoins relatifs aux diverses thématiques schématisées à la Figure 2. Ils existent en outre souvent sous la forme de services Web que nous n’avons pas forcément besoin d’intégrer dans nos infrastructures, notamment si l’on envisage leur mise en œuvre au sein de prototypes, dans une démarche d'expérimentation. Si ces outils existent utilisons-les sans réinventer la roue à l'image de la démarche « Innovention du web2territorial20 » initiée par Loïc Haÿ et Frédéric Soussin et qui visait, en combinant innovation (et invention) technique et innovation sociale, à ancrer les outils du Web 2.0 dans des contextes d’usages professionnels des territoires. L’objectif de cette initiative lancée en 2007 est d’abaisser les barrières à l’innovation pour les acteurs locaux et de les aider à réinventer leurs métiers. La boîte à outils 21 proposée dans le cadre des « Innoventeurs » a depuis lors évolué mais elle a le mérite d'illustrer la diversité de ces outils organisés par familles de services. Le problème n’est pas tant de savoir si tel ou tel type d'outil existe, mais plutôt d’être au clair sur l’intention liée à sa mise en œuvre. Nous ne nous attarderons donc pas sur les outils du Web 2.0 sauf pour considérer trois cas qui méritent une attention particulière : les services de réseaux sociaux, les systèmes d'information géographiques et les solutions mobiles. Les réseaux sociaux Facebook a largement popularisé l’usage des réseaux sociaux. À l'image de ce qu'a fait récemment la Ville de Genève22, plusieurs collectivités utilisent cette plateforme comme vecteur de communication, voire de dialogue avec les citoyens. Facebook présente l'avantage de rassembler une partie non négligeable de la population genevoise sur sa plateforme et de bénéficier de la dynamique propre à ce type de réseaux sociaux. Il est plus difficile de s'y « cacher » que sur un forum de discussion classique. Mais si le DIM ou l'administration voulaient s'y aventurer, il faudrait clarifier les objectifs visés (communication, dialogue, autre), et surtout comprendre que la présence sur un réseau social implique de s'y investir réellement avec des collaborateurs qui en ont compris la logique et les mécanismes. Pour mettre le pieds à l'étrier, d’autres expériences peuvent être menées avec des solutions similaires mais intégrables dans un environnement plus contrôlé. A l’image de la solution de réseau social open source Elgg23 ou du service Ning24 qui permettent de créer un réseau social dédié, que celui-ci soit 20 Démarche Innovention du web2territorial : http://www.artesi-web2territorial.com/ 21 La boîte à outils des Innoventeurs : http://www.artesi-web2territorial.com/boite-a-outils/ 22 La Ville de Genève sur Facebook : http://www.facebook.com/villegeneve.ch 23 Elgg : http://elgg.org/ 24 Ning : http://www.ning.com/ 18
  • 22. orienté vers l’extérieur de l’administration ou en interne, à l’image de l’expérience concluante menée actuellement au Service Écoles et Médias à Genève25. L’autre solution phare du moment est Twitter26, un outil de réseau social et de micro blog qui permet à l’utilisateur d’envoyer des messages brefs, appelés tweets (« gazouillis »), par Internet, par messagerie instantanée ou par SMS. Twitter est utilisé par de nombreuses municipalités françaises 27 dans une optique d’information avant tout. Mais on peut imaginer des usages internes, plus axés sur la collaboration, grâce à des solutions qui permettent un usage privé telles que Yammer 28 par exemple. Les systèmes d'information géographiques Les systèmes d'information géographiques (SIG) constituent des plateformes intéressantes lorsqu'il s'agit d'interagir avec les citoyens. On le verra dans les exemples proposés en annexe, les solutions de participation augmentée font de plus en plus appel aux données géolocalisées et à la carte (géographique) comme médiateurs d'interaction. La carte « parle » en effet aux individus. Elle amène de la facilité d'usage et favorise l'appropriation des solutions. Elle permet d'autre part une lisibilité et une visibilité du territoire qui participent de la même logique. Enfin les SIG, et plus particulièrement le système d'information du territoire genevois (SITG), recèlent une quantité de données qui se retrouvent potentiellement au cœur des services à destination du citoyen et de la participation citoyenne en général. Les solutions mobiles Selon le type de solution envisagée il est essentiel de considérer la piste des appareils mobiles (les smartphones essentiellement). Dans un monde de l’ubiquité et de l’immédiateté, ce canal de communication devient incontournable, notamment lorsque l’on interagit en échangeant des données géolocalisées. Les nouvelles applications innovantes sont en effet souvent basées sur des recoupements entre les données locales et le positionnement géographique de l'usager. Le terminal de demain ce ne sera pas le PC, mais le smartphone. Celui-ci constitue une incroyable opportunité pour créer de nouveaux services géolocalisés et de nouveaux canaux d'interaction entre les citoyens et l'administration. Mieux vaut prendre cette réalité en compte aujourd’hui comme l'a fait la France en lançant l'initiative Proxima Mobile 29, portail de services aux citoyens sur téléphone mobile. 25 Direction des systèmes d'information et service écoles-médias : http://www.ge.ch/sem/ 26 Twitter : http://fr.twitter.com/ 27 A l'image de Toulouse, Aubervillers, Hyères, Angers, Le Val de Marne, etc. 28 Yammer : https://www.yammer.com/ 29 Proxima Mobile : http://www.proximamobile.fr 19
  • 23. 7 - L'ouverture des données publiques Nous avons vu plus haut que les données et les informations se retrouvent au cœur des processus d'interaction entre les individus et/ou les organisations. Elles constituent en outre la matière première d'un nombre croissant de services dont bénéficient très directement les citoyens et les entreprises d'un territoire. Il se trouve qu'une quantité importante des données gérées par les administrations pourraient bénéficier beaucoup plus largement aux usagers. Le secteur public créée en effet pour son usage interne des données de qualité liées aux activités quotidiennes de ses différents métiers. Il n'a la plupart du temps pas vocation à les valoriser au-delà de ses besoins propres. Et au vu de la diversité des usages potentiels il n'en aurait de toute manière pas les moyens. Ces données publiques constituent une ressource extraordinaire qui pourrait bénéficier beaucoup plus largement aux citoyens qui ont financé leur production. Mais la plupart du temps elles sont au mieux proposées à la vente ou mises à disposition de certains acteurs dans des conditions peu transparentes; et le plus souvent elles ne sont pas partagées du tout. L’Observatoire technologique avait fait de l'ouverture des données publiques (« open data » dans le monde anglo-saxon) le thème de sa Journée de rencontre 2008 30. En deux ans ce mouvement, qui prône un partage élargi des données à caractère publique, a pris a pris de l'ampleur, à l’instigation la plupart du temps d'initiatives citoyennes ou de fondations privées telles que la Sunlight Foundation31. Plusieurs gouvernements comme les États-Unis32, le Royaume-Uni33, l'Australie34, la Nouvelle- Zélande35, le Danemark36, la Suède37, la Finlande38 ont ainsi mis sur pieds des plateformes nationales de données publiques ouvertes. La France39 a créé l'Agence du patrimoine immatériel de l'État pour lancer le mouvement. Les Nations-Unies40 et la Banque mondiale41 ont elles aussi créé leur propre entrepôt de données publiques ouvertes. De nombreuses régions d'Europe, grandes villes ou collectivités locales ont également tenté l'expérience et ont décidé de libérer leurs données publiques afin de permettre la création, par les habitants eux-mêmes, de services innovants. 30 Vers des données publiques ouvertes, 18è Journée de rencontre de l'Observatoire technologique, 2008, http://ot.geneve.ch/ot/article.php3?id_article=89 31 Sunlight Foundation : http://sunlightfoundation.com/ 32 Data.gov : http://www.data.gov/ 33 Opening up government : http://data.gov.uk/ 34 Data Australia : http://data.australia.gov.au/ 35 data.govt.nz : http://data.govt.nz/ 36 Digitalisér : http://digitaliser.dk/ 37 opengov.se ; http://www.opengov.se/ 38 suomi.fi : http://www.suomi.fi/ 39 Agence du patrimoine immatériel de l'État : https://www.apiefrance.fr/ 40 unData : http://data.un.org/ 41 The World Bank Catalog : http://data.worldbank.org/data-catalog 20
  • 24. On citera notamment : • aux États-Unis les villes de Boston, Chicago, New Orleans, New York, Portland, San Francisco, Washington; • au Canada les villes de Calgary, Edmonton, Nanimo, Toronto, Vancouver; • au Royaume-Uni les villes de Birmingham, Lichfield, Londres; • en France les villes de Paris, Bordeaux, Brest, Lille, Marseille, Montpelier, Rennes, Toulon; • et en Suisse le canton de Bâle-Ville. Ces données publiques ouvertes sont issues d’organismes d’État, de collectivités territoriales ou d’entreprises sous contrat public. Ce sont toutes les données et informations rassemblées, créées, conservées ou éditées par les administrations et les services publics. Elles sont mises à disposition des programmeurs, des journalistes, des universitaires, des citoyens et des entreprises dans la mesure où elles ne portent pas atteinte à la sphère privée ni à la sécurité du territoire ou des personnes. L’adjectif ouvert suppose qu’elles soient accessible dans un format permettant une exploitation directe. Pour clarifier le discours on parle aussi de données libres et ouvertes, entendant par là que l'accès à ces données est ouvert et gratuit. Il n'existe pour l'heure aucune définition officielle d'une donnée ouverte, même si certains comme la Open Knowledge Foundation 42 en proposent une qui est déjà largement acceptée43. On peut mentionner également les 10 principes44 édictés par la Sunlight Foundation45 qui doivent faciliter l’ouverture des données publiques. En Europe, à l'image de la directive Inspire46 qui offre un cadre à la libération de données géoréférencées et à l'exploitation des informations publiques, ces initiatives peuvent s'appuyer sur un cadre réglementaire qui impose que les données publiques doivent pouvoir être rendues : • accessibles et réutilisables; • à des fins commerciales ou non; • d'une manière non-discriminatoire et non exclusive; • à des coûts qui n'excèdent pas leur coûts de production. Libérer les données revient à leurs conférer, dans les mains de tiers privés, une finalité autre que la mission de service public pour laquelle elles ont été produites initialement. Dans le cas de réutilisation à des fins commerciales, le niveau de restriction de l’exploitation peut varier selon la stratégie d’ouverture déployée par les administrations publiques concernées. Mais dans tous les cas l'objectif est de faire bénéficier la société aussi largement que possible de la richesse potentielle des données publiques. Ce type d'approche s'inscrit dans la vision de systèmes d'information sociétaux évoqués dans le plan stratégique 2009-201347 élaboré par le collège spécialisé des systèmes d’information de l’État de Genève. 42 Open Knowledge Foundation : http://okfn.org/ 43 Open Knowledge Definition : http://www.opendefinition.org/okd/ 44 Ten Principles for Opening Up Government Information : http://sunlightfoundation.com/policy/documents/ten-open-data- principles/ 45 Sunlight Foundation : http://sunlightfoundation.com/ 46 Directive Inspire, 2007/2/CE du Parlement européen et du Conseil du 14 mars 2007 : http://inspire.jrc.ec.europa.eu/ 47 Plan stratégique des systèmes d’information de l’État de Genève 2009-2013, Collège Spécialisé des Systèmes d’Information, Etat de Genève, 2009, http://ot.geneve.ch/ot/article.php3?id_article=128 21
  • 25. Enjeux Data.gov48, la première initiative d'ouverture des données publiques avait deux objectifs principaux. Tout d’abord, la volonté d’impulser une communication bottom-up et de faire émerger de nouvelles idées de gouvernance, en renforçant la transparence des services publics, la participation des citoyens, et la collaboration entre l’État et ses administrés. L’ouverture des données publiques a aussi été pensée comme un moyen d’améliorer l’efficience des agences gouvernementales dont la plupart numérisaient déjà les données dont elles disposaient. Data.gov a ainsi été conçu comme un outil pour les aider dans leurs missions de service public. Mais d'autres enjeux majeurs se cachent derrière l'ouverture des données publiques comme l'ont détaillé plusieurs rapports sur le sujet49,50,51 : 1. l’accès aux données publiques constitue un outil formidable pour améliorer la transparence de nos institutions; 2. ces données constituent un actif que le secteur public doit savoir mieux valoriser en laissant par exemple le soin au secteur privé et à la société civile de le faire; 3. les données publiques, et les premières réalisations le prouvent, constituent un réel moteur à l’innovation et contribuent à rendre un territoire attractif et compétitif; 4. enfin ces données constituent un bien commun qui peut améliorer la vie de chacun et de la société en général et contribuer au débat public et à la démocratie. Outre le fait que la loi de nombreux pays impose la mise à disposition de ces données publiques, l'argument maintes fois avancé pour le justifier est que les citoyens ont déjà payé pour la production de ces données et qu'il n’y a aucune raison de devoir débourser une seconde fois pour y accéder. Ceci d'autant que la mise à disposition des données numériques n'engendre dans la plupart des cas que des coûts marginaux. Quelles données publiques ? De très nombreux types de données publiques peuvent être libérées par une administration. En voici une liste non exhaustive52 : 1. mesures de pollution ou du trafic; 2. occupation de la voirie, des bâtiments, des chantiers, des parkings; 3. flux urbains, circulation; 4. description du territoire via des cartes, le cadastre, les réseaux de télécommunications, les infrastructures, les bâtiments, les capteurs, les données issues de systèmes d’information géographique; 5. données de surveillance et capteurs urbains; 6. informations touristiques, culturelles, données d’archives; 7. fonds documentaires tels que études, réglementations, statistiques; 8. réseaux urbains tels que réseau d'eau, d'énergie, des transports collectifs; 9. données « politiques » telles que projets, enquêtes, délibérations ou subventions; 48 Data.gov : http://www.data.gov/ 49 Power of Information Taskforce Report, UK Parliament and UK Cabinet Office, 2009, http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/20100413152047/http://poit.cabinetoffice.gov.uk/poit/ 50 Open Data Study, Transparency and Accountability Initiative, Becky Hogge, 2010, http://www.soros.org/initiatives/information/focus/communication/articles_publications/publications/open-data-study- 20100519/open-data-study-100519.pdf 51 Quelle société voulons-nous à l'ère du numérique?, E. Hooge, C. Januel et J.-L. Molin, Communauté urbaine du Grand Lyon, 2010, http://www.slideshare.net/ifupvn/quelle-socit-voulonsnous-lre-numrique 52 Charles Népote, Réseau social de la Fing, Réutilisation des données publiques 2010, http://www.reseaufing.org 22
  • 26. 10. localisation et horaires d’ouverture des services, commerces, espaces publics, culturels sportifs et associations. Outre les aspects liés au respect de la sphère privée et à la sécurité, seuls les potentialités d'usage en limitent la libération. En effet, même si les coûts de mise à disposition de données numérisées sont la plupart du temps très faibles, il faut toutefois en entrevoir une utilité citoyenne ou sociétale pour consentir cet effort. Pour en faire quoi ? La société civile exige une transparence accrue de nos institutions. L’évolution du Web en général et l’ouverture des données publiques en particulier participent activement de ce mouvement et sont en train de modifier la relation que les citoyens entretiennent avec leurs représentants à l’image de ce que réalise la Sunlight Foundation53 aux États-Unis. Celle-ci conçoit de nouveaux outils pour aider les internautes à utiliser les données publiées par les autorités et co-créer de nouvelles formes de relations entre citoyens et institutions. C'est par exemple le cas avec les projets Poligraft 54, Influence Explorer55, ou Transparency Data 56. OpenlyLocal57 et mySociety.org58 au Royaume-Uni et Montréal Ouvert 59 au Canada travaillent dans le même esprit. En France, le collectif Regards Citoyens60 a également lancé des initiatives très intéressantes pour alimenter le débat démocratique : • le site NosDéputés.fr61 qui cherche à mettre en valeur l’activité parlementaire des députés de l’Assemblée Nationale Française; • « Simplifions la loi 2.062 » qui, pour aider à leur compréhension dans une démarche participative et citoyenne, donne accès à chacun des articles de plusieurs projets ou propositions de loi ainsi qu’aux amendements proposés par les parlementaires; • « Redécoupage électoral63 » qui évalue l’impact du redécoupage de la carte législative sur la répartition des sièges de l’hémicycle à l’Assemblée nationale; • « Numérisons les lobbyistes64 » qui vise à donner plus de visibilité sur les représentants d’intérêt auditionnés à l’Assemblée nationale. Ces initiatives peuvent exister parce que les données publiques qui les nourrissent sont (plus ou moins) facilement accessibles. Bien au-delà du débat démocratique, on peut imaginer de nombreux services pouvant être développés à moindre coût grâce à l'expertise des personnes concernées et à des données publiques ouvertes : • localisation en temps réel des transports publics; 53 Sunlight Foundation : http://sunlightfoundation.com/ 54 Poligraft : http://poligraft.com/ 55 Influence Explorer : http://influenceexplorer.com/ 56 Transparency Data : http://transparencydata.com/ 57 OpenlyLocal : http://openlylocal.com/ 58 MySociety.org : http://www.mysociety.org/ 59 Montréal Ouvert : http://montrealouvert.net/ 60 Regards Citoyens : http://www.regardscitoyens.org/ 61 Nos Députés.fr : http://www.nosdeputes.fr/ 62 Simplifions la loi 2.0: http://www.regardscitoyens.org/simplifions-la-loi/ 63 Redécoupage électoral : http://www.regardscitoyens.org/redecoupage/ 64 Numérisons les lobbyistes : http://www.regardscitoyens.org/lobbyistes/ 23
  • 27. plateforme d’information, de calcul d’itinéraire et de paiement pour les transports en commun; • cartographies interactives des espaces et établissements accessibles aux handicapés ou aux personnes dépendantes; • visualisation des remarques les plus fréquemment formulées par les habitants; • information en temps réel et géolocalisée des chantiers, de l’état de la voirie; • applications mobiles de reconnaissance visuelle et de recensement de la flore, des éléments architecturaux, patrimoniaux et culturels; • outils de représentation de l’invisible : pollution sonore, atmosphérique, prix du foncier; • outils de visualisation interactif permettant de traiter visuellement des données statistiques ou textuelles, à l’instar de Google public data explorer 65 ou Many Eyes 66 d’IBM. La liste est loin d'être exhaustive car l'ouverture des données publiques ouvre la voie à des initiatives entrepreneuriales ou citoyennes qui représentent un potentiel d’innovation économique, industrielle et sociale considérable encore largement insoupçonné. Une dynamique nouvelle Au-delà des enjeux de transparence et de participation augmentée liés à l'ouverture des données publiques, c'est la mécanique d'expérimentation qui l'accompagne qui doit nous apporter des bénéfices. Comme le souligne Chris Taggart67 de OpenlyLocal, celle-ci devrait nous aider à passer du mode du « Fail big, fail slow » au mode du « Fail fast, fail forward »; c'est-à-dire de se mettre dans un mode qui nous permette de construire sur nos échecs. Cet esprit d’ouverture et de participation continue à animer les sociétés américaine et britannique. La question de savoir si elle va la transformer reste d’actualité, à mesure que les initiatives continuent de se multiplier. Mais même si les résultats ne sont pas tout à fait là, cet esprit ne semble pas faiblir, bien au contraire. Dans tous les cas la libération de données publiques et la création de services innovants par les habitants, interrogent sur une société dans laquelle le citoyen devient lui-même potentiellement producteur de services. Cela représente-t-il une perte de pouvoir pour le service public et pour les institutions? Ou cela améliore-t-il au contraire la transparence de ces mêmes institutions? Cela pose-t- il les bases d'une meilleure coproduction de la cité, d'une dynamique collaborative accrue avec les citoyens? Est-ce le début d'une nouvelle forme de gouvernance? Autant de questions auxquels les politiques vont devoir réfléchir pour répondre à une attente de plus en plus forte des individus. Un mouvement à accompagner, voir à stimuler ! Ouvrir les données publiques, c’est-à-dire laisser la main aux citoyens et aux entreprises, n’est pas toujours suffisant pour leur permettre de développer eux-mêmes les services dont ils ont besoin. Ils n’ont pas forcément les compétences, le temps ou l’envie de s’engager. La raison est probablement autant sociale et comportementale que technique. Les habitants qui auraient le plus besoin de bénéficier de nouveaux services ne se sentent pas la légitimité pour le faire et n’en ont même pas l’idée. L'administration publique qui s’engage dans cette voie doit donc veiller à ce que les services 65 Google public data explorer : http://www.google.com/publicdata/home 66 Many Eyes : http://www-958.ibm.com/software/data/cognos/manyeyes/ 67 Open data : the reward of failure, Chris Taggart, 2010, http://www.slideshare.net/countculture/open-data-the-rewards-of- failure 24
  • 28. ainsi développés puissent bénéficier au plus grand nombre (quels que soient son niveau d’équipement et son niveau de compétence). L’ouverture des données ne suffit pas pour qu’elles donnent prise à une réelle « participation citoyenne ». Il faut appuyer cette démarche par des dispositifs sociaux et des plates-formes participatives comme l'ont montré les concours de développement d’applications d’Apps for Democracy68, de Mashup Australia Contest69, de Show us a Better Way70 (encadré ci-dessus) ou de la ville de Rennes71. D'autres initiatives comme celles de la Fing72 en France cherchent à rassembler tous les acteurs de la démarche dans un même élan afin de créer des synergies et d'accélérer le mouvement. La Fing mobilise les entreprises, médias, associations et organismes publics susceptibles de faire un usage innovant des données, créant une animation dynamique des acteurs du territoire et y faisant converger d'autres acteurs innovants. L'objectif est de faire émerger un nombre significatif d'idées, de scénarios, de maquettes ou de prototypes de services et d'usages fondés sur les données concernées, et de les pousser aussi loin que possible vers une mise en application. Dans ce but : • des appels à idées, un concours, sont organisés à l'échelle territoriale et nationale; • des ateliers créatifs rassemblent des acteurs du territoire, aidés par des designers, pour faire émerger des idées et les transformer en projets individuels ou collectifs; • des promotions d'étudiants sont mobilisées pour concevoir des projets novateurs, ou assister des porteurs de projets qui manquent de certaines compétences; • des rencontres permettent aux porteurs de projets de partager leurs idées, de nouer des partenariats, de bénéficier de conseils; • une manifestation publique présente les projets les plus aboutis et rend compte de la créativité qui s'est exprimée pendant la durée de l'expérimentation. La Fing a publié à cette occasion un guide 73 à l'usage des territoires et de leurs partenaires dont l'objectif objectif est de faciliter l'engagement des collectivités territoriales dans une démarche d'ouverture de leurs données publiques. L’Open Data Study74 tire une leçon intéressante des observations faites aux États-Unis comme au Royaume-Uni dans ce domaine. La conduite de l’ouverture des données a nécessité l’intervention de trois catégories d’acteurs : • la société civile, et en particulier un petit groupe de « civil hackers » très motivés; • des fonctionnaires gouvernementaux de peu d’influence, mais compétents et engagés; • les hautes sphères du pouvoir, guidées soit par une pression extérieure (au Royaume- Uni), soit par le climat réformateur d’une nouvelle administration (aux États-Unis). 68 Apps for democracy : http://www.appsfordemocracy.org/ 69 Mashup Australia Contest : http://mashupaustralia.org/ 70 Le site http://www.showusabetterway.com n'est plus en activité (versé aux archives) 71 Concours « Rennes Métropole en accès libre » : http://www.data.rennes-metropole.fr/fr/le-concours/le-dossier- dinscription.html 72 Réseau social de la Fing (Fondation Internet Nouvelle Génération), Réutilisation des données publiques 2010, http://www.reseaufing.org 73 Guide pratique de l'ouverture des données publiques territoriales, Fing, 2011, version de travail en cours d'élaboration : http://doc.openfing.org/RDPU/GuidePratiqueDonneesPubliquesv1beta.pdf 74 Open Data Study, Transparency and Accountability Initiative, Becky Hogge, 2010, http://www.soros.org/initiatives/information/focus/communication/articles_publications/publications/open-data-study- 20100519/open-data-study-100519.pdf 25
  • 29. Quelques exemples illustratifs Les services réalisés en utilisant des données publiques ouvertes sont nombreux. Nous proposons ci- dessous75 quelques cas d'école illustrant la diversité des types de données publiques et des services élaborés sur celles-ci dans des domaines volontairement très différents. « Show us a better way » « Et vous, que feriez-vous de mieux avec l'information publique ? » Avec cette question, le gouvernement britannique lançait, mi-2008, un concours d'idées ouvert au public. Parmi les idées primées : • un calculateur d'itinéraires pour cyclistes; • un portail des services et emplois accessibles aux jeunes seniors sur un territoire; • un service pour mesurer les chances d'un enfant de s'inscrire à telle ou telle école; • un outil qui classe les rues en fonction du taux de déchets recyclés; • un service pour mieux gérer les parcelles d'horticulture dans les villes; • un localisateur de boîtes aux lettres, un autre pour les toilettes publiques… D'après Fing 2010 Santé – « Astmapolis » Asthmapolis76 est un exemple de projet santé innovant basé sur le partage de données. Les asthmatiques peuvent se procurer des inhalateurs dotés de services de géolocalisation (GPS). Dès qu'ils l'activent, le GPS envoie un signal de positionnement. Les données sont alors collectées sur la plateforme Internet qui recense les zones à risques et les sources potentiellement allergisantes en les recoupant avec les données locales. Les résultats sont accessibles sur smartphone pour des usages préventifs. 75 Source Libertic : http://www.slideshare.net/libertic via http://libertic.wordpress.com/libertic/ 76 Asthmapolis : http://asthmapolis.com/ 26
  • 30. Culture – « Bookzee » Bookzee77 permet de trouver la bibliothèque la plus proche qui possède le livre que vous recherchez. En recoupant les données de géolocalisation et les données des bibliothèques municipales, ce service offre des prestations culturelles adaptées aux besoins. Mobilité – « Rennes en Roue Libre » Rennes en Roue Libre78 est une application gratuite permettant de trouver en quelques secondes un vélo ou un emplacement libre, à Rennes. Grâce à la fonction de géolocalisation de l’iPhone, Rennes en Roue Libre indique instantanément les stations les plus proches. L'application permet également de connaître à distance le nombre de vélos ou de places disponibles de chaque station et en temps réel. 77 Bookzee : http://www.bookzee.net/ 78 Rennes en Roue Libre : http://www.thibaut-loubere.com/rennes-en-roue-libre/ 27
  • 31. Démocratie – « Where does my Money go ? » Le site Where does my Money go?79 permet de visualiser la répartition des budgets publics de manière à les rendre plus compréhensibles et plus lisibles par le grand public. Éducation – UK School Finder UK School Finder80 est une application qui affiche sur des fonds de carte Google les écoles du Royaume-Uni en les classant selon des critères officiels (Ofsted et DFES). 79 Where does my Money go ? : http://wheredoesmymoneygo.org/ 80 UK School Finder : http://www.schoolmap.org.uk/ 28
  • 32. Environnement – Community Rivers Community Rivers81 est une application Web proposée par l'association sans but lucratif du même nom qui permet de collecter et de partager des informations relative à la gestion des rivières et des cours d'eaux australiens. Les exemples sont légions dans de nombreux autres domaines et la liste des services et applications basés sur des données publiques ouvertes ne fait que croître jour après jour. Valeur économique de l'ouverture des données publiques Comme le note Marco Fioretti82, on peut classer la valeur économique des données publiques en deux catégories distinctes: la première provient des économies réalisées à l'intérieur des administrations (valeur interne), que ce soit grâce à la suppression d'activités rendues inutiles ou à la possibilité d'augmenter leur efficience. La deuxième est la création de valeur hors du secteur public (valeur externe) qui correspond notamment aux nouvelles opportunités offertes au secteur privé, aux individus ou à la création d'emplois. La valeur interne liée à l'ouverture des données publiques est principalement liées aux économies réalisées par le fait que les services et produits créés à partir de ces données ne l'ont pas été sur des fonds publics. Les concours lancés par la ville de New-York83 ou par le district fédéral de Washington84 sont révélateurs. Ainsi dans ce dernier cas, la ville a pu bénéficier de développements d'une valeur de près de 2.5 millions de dollars en réponse à un concours doté de 50 mille dollars de prix. Le fait d'ouvrir ses données publiques permet également à certains services d'économiser sur le temps passé à répondre à des requêtes d'accès à ces données lorsqu'elles ne sont pas ouvertes. On cite également le cas de données dont la qualité s'en trouve améliorée par les utilisateurs externes lorsqu'elles sont ouvertes. La valeur externe provient principalement du fait que l'ouverture des données publiques permet à plus de compagnies de participer à divers points de la chaîne de valeur, en diversifiant les produits et les 81 Community Rivers : http://www.communityrivers.org.au/ 82 Open data, open society, Marco Fioretti, LEM, Sucola Superiore Sant'Anna, Pisa, 2010, http://stop.zona- m.net/2011/01/the-open-data-open-society-report-2/ 83 NYC Big Apps 2.0 : http://nycbigapps.com/ 84 Apps for democracy : http://www.appsfordemocracy.org/ 29
  • 33. services créés sur ce type de données, ce qui conduit à une augmentation des taxes sur le revenu. Il faut y ajouter les frais induits par un accès limité aux données publiques pour ce même type d'acteurs: perte de temps et d'argent liés à une utilisation peu aisée de ces données. A l'autre bout de la chaîne, la valeur externe provient des gains liés à l'utilisation des produits et des services construits sur ces données, ce qui contribue à une qualité de vie améliorée pour les citoyens et les entreprises qui en bénéficient. Le Danemark a par exemple investi 2 millions d'Euros pour libérer ses adresses 85 avec des gains directs pour les entreprises estimés à 5 millions d'Euros environ. Le concours Apps for Democracy 86 lancé par la ville de Washington en 2008 aurait, pour un coût de 50'000 dollars, généré des applications dont la valeur totale avoisinerait les deux millions de dollars87. En 2002 la Catalogne décide de créer une plateforme Internet pour promouvoir la réutilisation de ses données géographiques et faciliter le travail des chercheurs locaux. Elle a rendu ses données plus accessibles et disponibles au secteur privé comme public. Pour un investissement de 1.5 millions d'Euros, on estime que les gains liés à l'efficacité accrue des parties prenantes concernées se montent à 2.6 millions d'Euros dès la première année. Une opportunité pour Genève Avec le système d'information du territoire genevois (SITG) le canton de Genève dispose d'une opportunité extraordinaire d'expérimenter relativement facilement la mise à disposition d'une partie de ses données publiques. La majorité des données du SITG sont effet publiques et déjà disponibles sur le guichet cartographique88 du SITG où l'on peut afficher simultanément les données correspondant à de nombreuses thématiques. Mais le guichet ne permet pour l'instant qu'une consultation de ces données. C'est seulement sur demande et à certaines conditions que l'on peut accéder directement aux données brutes du SITG. De par leur nature géo-référencée, une grande partie des données du SITG sont potentiellement candidates à se retrouver au cœur des services de demain, que ceux-ci soient mis en œuvre par des particuliers, des entreprises ou des associations, à l'image de l'exercice de style sur la mobilité 89 (pistes cyclables) que nous avons proposé aux mandants de ce rapport au début 2010. On peut également envisager des partenariats entre l'administration cantonale et ces différentes parties prenantes. L'administration cantonale genevoise n'a pas pour mission de développer ces services à valeur ajoutée. L'aurait-elle qu'elle n'aurait de toute manière pas les ressources pour répondre à la quantité et à la diversité des besoins des citoyens et des entreprises du canton, d'autant que la grande majorité de ces services restent encore à imaginer. Ceci est particulièrement vrai pour les données du bâti 3D du canton 90. Genève est probablement l'une des seules villes de la planètes à disposer de données tridimensionnelles de l'ensemble de ses bâtiments, et ceci de manière totalement intégrée à son système d'information géographique. Ces données constituent une mine d'or pour les urbanistes, les architectes, les laboratoires universitaires, 85 The value of Danish address data, Danish Enterprise and Construction Authority (http://www.ebst.dk), http://www.adresse-info.dk/Portals/2/Benefit/Value_Assessment_Danish_Address_Data_UK_2010-07-07b.pdf 86 Apps for democracy : http://www.appsfordemocracy.org/ 87 Source http://www.istrategylabs.com/2008/11/apps-for-democracy-yeilds-4000-roi-in-30-days-for-dcgov/ 88 Guichet cartographique du SITG : http://etat.geneve.ch/sitg/guichet-4254.html 89 Ouverture vers les citoyens - Exercice de style sur la mobilité, Patrick Genoud, Observatoire technologique, 2010, http://ot.geneve.ch/ot/article.php3?id_article=121 90 Guichet cartographique tridimensionnel Geo3D du canton de Genève : http://etat.geneve.ch/geoportail/geo3D/ 30
  • 34. les décideurs et pour la population genevoise dans son ensemble. Il serait regrettable d'en restreindre l'usage à un cercle restreint. Le SITG présente l'immense avantage d'être construit sur une architecture ouverte et parfaitement transversale qui permet un partage aisé des données structurées et bien documentées qu'il renferme. Les interfaces de programmation existent et sont documentées. Techniquement, le pas vers la libération de tout ou partie des données du SITG constituerait presque une formalité. D'autre part les utilisateurs du SITG travaillent depuis le début dans une logique de collaboration et d'échange qui correspond à celle qu'il faudrait mettre en place pour ouvrir nos données vers l'extérieur. Mais de nombreux obstacles devraient encore être franchis pour ouvrir réellement les données publiques du SITG. La loi relative au SITG91 devrait être modifiée et les aspects juridiques voire éthiques92 liés à l'ouverture des données devraient être étudiés. Toutes les mentalités ne sont pas prêtes à cette révolution et ralentiraient probablement le processus. Enfin toutes les données du SITG ne sont pas d'une qualité suffisante pour pouvoir être ouvertes sans autre. Mais pour se lancer dans des expérimentations exploratoires, tout y est : des jeux de données de qualité, structurées, documentées, et en prise directe avec les préoccupations de la population; une infrastructure technique éprouvée et ouverte; des volontés d'aller de l'avant à l'intérieur de l'administration et des citoyens et des entreprises demandeurs de cette opportunité (voir chapitre suivant). Nous avons concentré notre discours sur les données du SITG qui constituent probablement un cas d'école. Mais de nombreuses autres données qui constituent la richesse de l'administration genevoise ont vocation à être ouvertes. Leur ouverture constituerait une formidable occasion d'associer les habitants et les entreprises à une démarche de co-production et de participation ouverte au vivre ensemble que nous recherchons tous. Ce serait mettre le numérique au service d'une dynamique sociale et croire en l'intelligence créative des forces vives de notre canton. D'autant que comme le rappelait Charles Nepote : « Si vous ne partagez pas vous-même vos données publiques, d'autres le feront à votre place ! ». Tout n'est cependant pas si évident. Comme le souligne Daniel Kaplan93, l’ouverture des données publiques est un processus vaste et complexe, qui implique de très nombreux acteurs. Elle redistribue l’information, le pouvoir, les responsabilités, selon des lignes difficiles à anticiper. Ses conséquences se feront probablement sentir dans de très nombreux domaines, elles influerons de nombreux métiers et certains modèles économiques devront être redéfinis. Selon la manière dont nous ouvrirons l’accès aux données, et selon ce que nous ferons après avoir ouvert cet accès, certaines de ces conséquences pourraient être moins positives que nous ne le souhaiterions. Mais si nous ne l'expérimentons pas, nous n'aurons pas de réponse à ces questions. 91 Loi relative au système d’information du territoire à Genève, B 4 36, 17 mars 2000, http://www.ge.ch/legislation/rsg/f/s/rsg_b4_36.html 92 A l'image de la charte d'éthique des représentations 3D co-élaborée par le canton de Genève en 2010, http://www.3dok.org/fr/la-charte 93 L’ouverture des données publiques, et après ?, Daniel Kaplan, InternetActu, novembre 2010, http://www.internetactu.net/2010/11/09/louverture-des-donnees-publiques-et-apres/ 31
  • 35. 8 - Un ancrage territorial Les exemples illustratifs proposés plus haut doivent constituer des sources d'inspiration pour mettre le pied à l'étrier dans ce domaine. Mais il serait erroné de trop se focaliser sur eux et de vouloir les dupliquer dans notre environnement genevois. Comme nous l'avons déjà souligné, les démarches d'ouverture, de participation et de co-création avec les citoyens s'inscrivent dans des logiques d'innovation et d'expérimentation qui doivent savoir s'enrichir du terreau local. Les contextes et les degrés de maturité des différentes parties prenantes peuvent changer de manière importante d'une région à l'autre. C'est avec les personnes concernées (usagers, associations, collaborateurs de la fonction publique, secteur privé, monde académique) et dans une logique pluridisciplinaire qu'il faut travailler pour faire émerger des solutions pérennes. Cette pérennité il faut aller la rechercher principalement dans une approche globale et ouverte des défis posés et dans une appropriation au fil de l'eau des solutions que l'on désire mettre en place. Dans une démarche d'innovation ouverte La tentation pour l'administration de proposer des solutions « clés en main » aux usagers sera grande, notamment si l'on fait référence à des expériences simples et déjà couronnées de succès ailleurs. Mais si nous désirons nous mettre en mouvement dans le bon mode, il faut savoir d'entrée travailler avec les parties concernées pour rechercher avec elles les solutions dont elles ont réellement besoin (et envie). L'administration cantonale peut s'appuyer sur de nombreuses compétences pour aller de l'avant dans cette logique. Au sein du think tank Think Services94 dont l'objectif est d'aider la société civile à s'approprier durablement la dynamique des services, l'Observatoire technologique travaille depuis plusieurs mois sur des méthodes créatives s'inscrivant directement dans ces démarches d'innovation ouverte. Celles-ci, souvent initiées par des classes créatives actives dans le monde virtuel demandent toujours plus à se cristalliser autour de lieux physiques ancrés dans le territoire et qui ne sont ni réellement publics, ni vraiment privés : les tiers-lieux, espaces d’émergence et de créativité95. Avec La Muse96, Genève a la chance de bénéficier de l'un de ces tiers-lieux dont notre administration peut bénéficier très directement si elle désire aller à la rencontre de ses citoyens pour faire émerger avec eux (et avec d'autres : secteur privé et/ou monde académique) les solutions de demain. La Muse peut notamment s'appuyer sur le réseau d'entrepreneurs Rezonance97 qui regroupe 34'000 membres à travers la Suisse romande et dont plusieurs ont des compétences fortes à apporter dans les domaines qui nous intéressent : Web participatif, réseaux sociaux, mobilité, etc. 94 Think Services : http://www.thinkservices.ch 95 Les tiers-lieux, espaces d’émergence et de créativité, P. Genoud et A. Moeckli, Revue Économique et Sociale, juin 2010, http://ot-lab.ch/?p=79 96 La Muse : http://www.la-muse.ch 97 Rezonance : http://www.rezonance.ch 32
  • 36. D'autres structures proposent des approches qui s'inscrivent totalement dans les démarches d'innovation ouverte. Ainsi l'agence Lift Lab98 propose à ses clients des ateliers de co-conception qui peuvent bénéficier des nombreuses compétences pointues présentes à Genève lors de la conférence internationale Lift99 qu'elle organise chaque année. Dans le cadre de l'édition 2011 qui aura lieu du 2 au 4 février, l'Observatoire technologique monte actuellement un atelier avec Lift Lab sur le thème de l'ouverture des données publiques en impliquant des responsables métiers de l'administration cantonale. Comme nous l'avions déjà relevé dans un précédent rapport100, mentionnons également un acteur important du territoire genevois qu'il faut savoir inclure dans la boucle vertueuse de l'innovation ouverte. Il s'agit du milieu associatif genevois qui peut nous aider à : 1. légitimer notre action et gagner plus facilement la confiance nécessaire auprès des usagers; 2. dialoguer directement avec un partenaire souvent déjà identifié et connu de l'administration; 3. entamer un dialogue plus ciblé avec les catégories de citoyens visées; 4. bénéficier d'un « filtre » actif entre l’administration et les usagers concernés. Enfin le territoire lémanique bénéficie d'un réseau académique de premier ordre avec lequel nous devons apprendre à mieux travailler dans une logique pluridisciplinaire et ouverte. 98 Lift Lab : http://www.liftlab.com/ 99 Conférence Lift : http://liftconference.com/ 100 Living Lab e-Inclusion - Rapport de pré-étude, P. Genoud et A. Schweizer, 2009, http://www.ict-21.ch/com- ict/IMG/pdf/OT_SATW_Rapport-Living-Lab-eInclusion-Vfinal.pdf 33
  • 37. 9 - Recommandations L’usage de nouvelles technologies facilitant la collaboration et l’interaction offre des opportunités sans précédent de réaliser une administration genevoise plus ouverte, plus responsable, plus réactive et plus efficiente. Une question initiale doit être posée et rapportée aux enjeux évoqués au chapitre 3 : « Quel est le projet de société que l'on entrevoit derrière ce mandat? » Le défi pour l’administration genevoise n’est pas technologique. C’est plutôt celui de savoir changer la façon dont elle doit s’organiser et opérer si elle désire collaborer plus étroitement avec les citoyens et les entreprises de ce canton. Une démarche volontariste dans ce domaine doit aider l’administration genevoise à faire évoluer sa culture et ses pratiques internes afin de pouvoir rendre les données et les informations qu’elle détient plus accessibles et plus facilement utilisables; de se rendre plus consultative, plus participative et plus transparente; de construire une culture de l’innovation au sein de ses services et de promouvoir une collaboration accrue entre ceux-ci. En permettant aux citoyens et aux usager de beaucoup mieux collaborer et interagir avec elle, l’administration va pouvoir capter leur expertise, leurs idées et leur enthousiasme pour l’aider à résoudre les défis à venir. L’ouverture de ses données publiques offrirait à l’administration genevoise l’opportunité de plus s’ouvrir vers les citoyens, les entreprises, le monde académique et la société civile. Elle contribuerait en outre à valoriser plus largement la ressource stratégique que représente son patrimoine informationnel. Ces nouvelles manières d’interagir avec le citoyen tout comme l’ouverture des données publiques nécessitent de s’engager dans une logique d’expérimentation ancrée dans le territoire et s'appuyant sur un cadre organisationnel léger. La volonté d’apporter des réponses à ces défis représente une occasion unique de promouvoir l’innovation sur notre territoire en impliquant tous les acteurs concernés. Mais quelle que soit la stratégie retenue et le projet envisagé, il faut veiller à ne pas s'attacher aux outils et aux infrastructures mais plutôt aux conditions qui vont nous permettre d'aller de l'avant, à savoir : • gagner l'adhésion des acteurs concernés, en interne comme en externe à l'administration cantonale; • utiliser la dynamique ainsi créée pour aider notre administration à se réformer, à modifier certaines pratiques qui ne sont plus en adéquation avec cette société de la connaissance que nous avons évoquée; • adopter une approche réflexive qui questionne les résultats obtenus et qui permette de transposer ailleurs les succès; • et surtout oser : oser s'exposer et oser expérimenter. 34
  • 38. « La plupart des micro projets d’innovation s’épuisent et disparaissent. Ce n’est pas le micro projet qui est important, mais le système, la stratégie. Il faut activer des micro projets non pas pour eux-mêmes, mais dans le but de créer un changement systémique. Bien souvent, l’absence de stratégie ou de continuité nuit à la réussite du projet. Pour une prise de conscience durable, l’important n’est pas la façon dont on active un projet isolé, mais de savoir quels sont les points qu’on active et leurs effets sur le corps urbain entier. » François Jégou, directeur de Strategic Design Scenarios Notons enfin qu'à notre sens un véritable enjeu de société et donc un réel projet politique se cache derrière l’ouverture des données publiques. Le mot « ouverture » est d'ailleurs le maître mot lorsqu'on évoque une participation citoyenne augmentée : ouverture vers le citoyen et les entreprises, ouverture des données publiques et ouverture des démarches d'innovation » 35