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Chapitre 10                           LES ANTIHISTAMINIQUES H1


Item 114 : Allergies cutanéo-muqueuses chez l’enfant et l’adulte. Urticaire, dermatites atopiques et
de contact : argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient


                                     LES ANTIHISTAMINIQUES
                  Les antagonistes des récepteurs H1 et les antihistaminolibérateurs.


Définition de l’allergie
L’allergie est une pathologie relevant d’une séquence d’évènements de nature immunologique,
caractérisée par une libération de médiateurs due à une stimulation antigénique. Ces médiateurs sont
principalement : l’histamine, la sérotonine et les divers produits de la voie de l’acide arachidonique
(prostaglandines, leukotriènes, PAF …).
La réaction anaphylactique est à différencier de la « simple » histaminolibération qui peut être due à
de nombreux medicaments : opiacés, curares, produits radiologiques de contraste, atropine, dextran …
Ce dernier phénomène survient en l’absence de sensibilisation préalable et n’a pas pour origine la
production d’immunoglubulines spécifiques (IgE). L’histaminolibération non allergique peut aussi être
déclenchée par des agents physiques (urticaire au froid ou au soleil par exemple). La symptomatologie
pourra néanmoins être prévenue ou traitée par des antagonistes des récepteurs H1 de l’histamine.


Allergie de type I : rappels physiopathologiques et rôle(s) de l’histamine
        A. Agents responsables
            On trouve, en plus des allergènes classiques (pollens, aliments …), des médicaments
            comme les pénicillines, les anesthésiques locaux, les antiinflammatoires non stéroïdiens et
            les produits de contraste iodés.


        B. Séquence d’évènements
            1. Première exposition : sensibilisation
                Lors de cette phase, les lymphocytes B sont activés suite à l’exposition à un antigène
                seul ou à un antigène fixé sur une protéine porteuse ou à un polysaccharide (haptène).
                Ces lymphocytes vont produire des immunoglobulines E (Ig E) qui vont se fixer sur
                des récepteurs spécifiques localisés sur la membrane plasmique des leucocytes
                basophiles et des mastocytes.


            2. Deuxième exposition : sécrétion
                La deuxième pénétration de l’antigène entraine la stimulation des leucocytes
                basophiles et des mastocytes qui libèrent les médiateurs de la réponse allergique cités
                plus haut. Ce sont ces médiateurs qui sont responsables des manifestations cliniques.


             Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie clinique DCEM3 2005/2006        1
                         « les antihistaminiques H1» - L. Monassier - Mise à jour : 2001
Effets biologiques de l’histamine
           Les effets de l’histamine impliquent 3 types de récepteurs (H1, H2 et H3). Nous ne décrirons
           ici que les effets impliquant les récepteurs H1 et H2, en sachant que la majorité des effets
           biologiques survenant au décours d’un processus allergique impliquent les récepteurs H1.


                Tissu                          Récepteur impliqué              Effets biologiques
Poumon                                  H1                                     Bronchoconstriction, oedème
Estomac                                 H2                                     Hyperacidité, ulcères
Intestin                                H1                                     Contraction
Cœur                                    H1                                     Inotrope +
Artère                                  H1 et H2                               Vasodilatation, oedèmes
Système nerveux central                 H1                                     Migraines, stim. éveil
Muqueuse nasale                         H1                                     Vasodilatation, sécrétion
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Les antiallergiques (en dehors des antiinflammatoires stéroïdiens)
           A. Antihistaminiques compétitifs (antagonistes des récepteurs H1)
               1. Propriétés pharmacologiques
                  Les anti H1 sont des antagonistes compétitifs réversibles, pour la plupart, et très
                  sélectifs des récepteurs H1. Ils vont donc s’opposer aux effets de l’histamine, qu’elle
                  soit libérée suite à une réaction allergique ou suite à une histaminolibération non
                  allergique.
                  Certains anti H1 sont aussi des antagonistes compétitifs des récepteurs muscariniques
                  de l’acétylcholine et présentent donc des effets anticholinergiques. Cette action pourra
                  être considérée comme un authentique effet indésirable en thérapeutique courante
                  mais pourra, au contraire, être exploité lors de l’utilisation d’un anti H1 en
                  prémédication pré-opératoire.


               2. Effets biologiques
                        En périphérie : les anti H1 s’opposent à tous les effets locaux et systémiques de
                        l’histamine en particulier dans le lit vasculaire, la peau et les bronches. Les anti
                        H1 n’ont aucun effet sur la sécrétion acide gastrique du fait de leur forte sélectivité
                        pour ce sous-type de récepteurs.
                        On peut y ajouter les effets particuliers de certains produits : effet antitussif pour
                        l’alimémazine (Théralène*) et anxiolytique pour l’hydroxyzine (Atarax*).
                        Système nerveux central : pour les antihistaminiques qui franchissent la barrière
                        hématoencéphalique, on peut observer à la fois sédation et stimulation en fonction
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                            « les antihistaminiques H1» - L. Monassier - Mise à jour : 2001
des sujets et de la dose employée. Néanmoins, l’effet sédatif est le plus fréquent et
        peut être observé aux doses usuelles.


3. Indications thérapeutiques
        Prévention des manifestations allergiques (rhume des foins, rhinites allergiques,
        conjonctivites allergiques)
        Prévention et traitement des manifestations prurigineuses cutanées
        Prémédication avant une anesthésie générale
        Intolérance au froid
        Prévention des vomissements du mal des transports (Dramamine* Nautamine*)
        Antitussif (Théralène*)


4. Effets indésirables
        Effet sédatif et hypnotique
        Effets résultants de l’activité anticholinergique (bouche sèche, tachycardie,
        troubles de l’accomodation, rétention urinaire)
        Troubles digestifs divers
        Réaction allergique qui peut paraître paradoxale mais qui peut survenir en
        particulier pour les formes topiques
        Troubles du rythme cardiaque. Certains antihistaminiques (astémizole, cétirizine,
        loratidine et anciennement la terfénadine) peuvent bloquer des canaux potassiques
        cardiaques (HERG) et provoquer des troubles de repolarisation. Ces troubles se
        traduisent sur le plan électrocardiographique par un allongement de l’intervalle
        QT et par la possibilité se survenue de torsades de pointe. Ces effets sont favorisés
        par la prise simultanée de médicaments modifiant la kaliémie (diurétiques) et par
        l’association à des substances diminuant le métabolisme hépatique des
        antihistaminiques      (macrolides     et     en     particulier   l’érythromycine       et    la
        clarythromycine, cimétidine, miconazole, isoconazole etc…).
        En ce qui concerne la terfénadine (Teldane*) qui a été retirée du marché en
        1997,     son    métabolite      hépatique,        la   féxofénadine       (Telfast*),     reste
        antihistaminique mais n’est plus torsadogène et a donc remplacé la
        terfénadine.
        Grossesse :      en     raison     d’effets        thératogènes     chez       l’animal,      les
        antihistaminiques sont contre-indiqués chez la femme enceinte.




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             « les antihistaminiques H1» - L. Monassier - Mise à jour : 2001
5. Produits
    ANTIHISTAMINIQUES NON ANTICHOLINERGIQUES
        •    Non sédatifs
Cétirizine                         VIRLIX®           ZYRTEC®
Loratadine                         CLARITYNE®
Féxofénadine                       TELFAST®
Astémizole                         HISMANAL®
        •    Sédatifs
Oxatomide                          TINSET®


    ANTIHISTAMINIQUES ANTICHOLINERGIQUES
        •    Non sédatifs
Méquitazine                        PRIMALAN® QUITADRILL®
        •    Sédatifs
Hydroxyzine                        ATARAX®
Cyproheptadine           PERIACTINE®
Diphénylhydramine                  ALLERGA® NAUTAMINE®
Prométhazine                       PHENERGAN®
Alimémazine                        THERALENE®
Buclizine                          APHILAN RETARD®
Bromphéniramine                    DIMEGAN LP®
Dexchlorphéniramine                POLARAMINE REPETABS®


        B. Antiallergiques et antiasthmatiques ciblant les cellules sécrétrices d’histamine
             1. Hypohistaminémiant : la tritoqualine Hypostamine*
                 •   Mode d’action : ce produit inhibe la synthèse d’histamine à partir de l’histidine en
                     bloquant l’histidine décarboxylase. Il n’est ni anticholinergique, ni sédatif.
                 •   Indications : traitement symptomatique des manifestations allergiques (rhinites,
                     conjonctivites) et prurigineuses (urticaires, eczema, prurigo).


             2. Antihistaminolibérateurs :
                 •   cromoglycate disodique Nalcron* Intercron* Lomudal* et nédocromil Tilade*
                 •   Mode d’action : antiallergiques de la famille des cromones réduisant la
                     dégranulation des mastocytes
                 •   Indications : allergies alimentaires (cromoglycate disodique oral) et asthme
                     (Lomudal* en aérosol et Tilade*)

              Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie clinique DCEM3 2005/2006       4
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Antihistaminiques

  • 1. Chapitre 10 LES ANTIHISTAMINIQUES H1 Item 114 : Allergies cutanéo-muqueuses chez l’enfant et l’adulte. Urticaire, dermatites atopiques et de contact : argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient LES ANTIHISTAMINIQUES Les antagonistes des récepteurs H1 et les antihistaminolibérateurs. Définition de l’allergie L’allergie est une pathologie relevant d’une séquence d’évènements de nature immunologique, caractérisée par une libération de médiateurs due à une stimulation antigénique. Ces médiateurs sont principalement : l’histamine, la sérotonine et les divers produits de la voie de l’acide arachidonique (prostaglandines, leukotriènes, PAF …). La réaction anaphylactique est à différencier de la « simple » histaminolibération qui peut être due à de nombreux medicaments : opiacés, curares, produits radiologiques de contraste, atropine, dextran … Ce dernier phénomène survient en l’absence de sensibilisation préalable et n’a pas pour origine la production d’immunoglubulines spécifiques (IgE). L’histaminolibération non allergique peut aussi être déclenchée par des agents physiques (urticaire au froid ou au soleil par exemple). La symptomatologie pourra néanmoins être prévenue ou traitée par des antagonistes des récepteurs H1 de l’histamine. Allergie de type I : rappels physiopathologiques et rôle(s) de l’histamine A. Agents responsables On trouve, en plus des allergènes classiques (pollens, aliments …), des médicaments comme les pénicillines, les anesthésiques locaux, les antiinflammatoires non stéroïdiens et les produits de contraste iodés. B. Séquence d’évènements 1. Première exposition : sensibilisation Lors de cette phase, les lymphocytes B sont activés suite à l’exposition à un antigène seul ou à un antigène fixé sur une protéine porteuse ou à un polysaccharide (haptène). Ces lymphocytes vont produire des immunoglobulines E (Ig E) qui vont se fixer sur des récepteurs spécifiques localisés sur la membrane plasmique des leucocytes basophiles et des mastocytes. 2. Deuxième exposition : sécrétion La deuxième pénétration de l’antigène entraine la stimulation des leucocytes basophiles et des mastocytes qui libèrent les médiateurs de la réponse allergique cités plus haut. Ce sont ces médiateurs qui sont responsables des manifestations cliniques. Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie clinique DCEM3 2005/2006 1 « les antihistaminiques H1» - L. Monassier - Mise à jour : 2001
  • 2. Effets biologiques de l’histamine Les effets de l’histamine impliquent 3 types de récepteurs (H1, H2 et H3). Nous ne décrirons ici que les effets impliquant les récepteurs H1 et H2, en sachant que la majorité des effets biologiques survenant au décours d’un processus allergique impliquent les récepteurs H1. Tissu Récepteur impliqué Effets biologiques Poumon H1 Bronchoconstriction, oedème Estomac H2 Hyperacidité, ulcères Intestin H1 Contraction Cœur H1 Inotrope + Artère H1 et H2 Vasodilatation, oedèmes Système nerveux central H1 Migraines, stim. éveil Muqueuse nasale H1 Vasodilatation, sécrétion Peau H1 + H2 Vasodilatation (érythème), Oedèmes Douleur Les antiallergiques (en dehors des antiinflammatoires stéroïdiens) A. Antihistaminiques compétitifs (antagonistes des récepteurs H1) 1. Propriétés pharmacologiques Les anti H1 sont des antagonistes compétitifs réversibles, pour la plupart, et très sélectifs des récepteurs H1. Ils vont donc s’opposer aux effets de l’histamine, qu’elle soit libérée suite à une réaction allergique ou suite à une histaminolibération non allergique. Certains anti H1 sont aussi des antagonistes compétitifs des récepteurs muscariniques de l’acétylcholine et présentent donc des effets anticholinergiques. Cette action pourra être considérée comme un authentique effet indésirable en thérapeutique courante mais pourra, au contraire, être exploité lors de l’utilisation d’un anti H1 en prémédication pré-opératoire. 2. Effets biologiques En périphérie : les anti H1 s’opposent à tous les effets locaux et systémiques de l’histamine en particulier dans le lit vasculaire, la peau et les bronches. Les anti H1 n’ont aucun effet sur la sécrétion acide gastrique du fait de leur forte sélectivité pour ce sous-type de récepteurs. On peut y ajouter les effets particuliers de certains produits : effet antitussif pour l’alimémazine (Théralène*) et anxiolytique pour l’hydroxyzine (Atarax*). Système nerveux central : pour les antihistaminiques qui franchissent la barrière hématoencéphalique, on peut observer à la fois sédation et stimulation en fonction Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie clinique DCEM3 2005/2006 2 « les antihistaminiques H1» - L. Monassier - Mise à jour : 2001
  • 3. des sujets et de la dose employée. Néanmoins, l’effet sédatif est le plus fréquent et peut être observé aux doses usuelles. 3. Indications thérapeutiques Prévention des manifestations allergiques (rhume des foins, rhinites allergiques, conjonctivites allergiques) Prévention et traitement des manifestations prurigineuses cutanées Prémédication avant une anesthésie générale Intolérance au froid Prévention des vomissements du mal des transports (Dramamine* Nautamine*) Antitussif (Théralène*) 4. Effets indésirables Effet sédatif et hypnotique Effets résultants de l’activité anticholinergique (bouche sèche, tachycardie, troubles de l’accomodation, rétention urinaire) Troubles digestifs divers Réaction allergique qui peut paraître paradoxale mais qui peut survenir en particulier pour les formes topiques Troubles du rythme cardiaque. Certains antihistaminiques (astémizole, cétirizine, loratidine et anciennement la terfénadine) peuvent bloquer des canaux potassiques cardiaques (HERG) et provoquer des troubles de repolarisation. Ces troubles se traduisent sur le plan électrocardiographique par un allongement de l’intervalle QT et par la possibilité se survenue de torsades de pointe. Ces effets sont favorisés par la prise simultanée de médicaments modifiant la kaliémie (diurétiques) et par l’association à des substances diminuant le métabolisme hépatique des antihistaminiques (macrolides et en particulier l’érythromycine et la clarythromycine, cimétidine, miconazole, isoconazole etc…). En ce qui concerne la terfénadine (Teldane*) qui a été retirée du marché en 1997, son métabolite hépatique, la féxofénadine (Telfast*), reste antihistaminique mais n’est plus torsadogène et a donc remplacé la terfénadine. Grossesse : en raison d’effets thératogènes chez l’animal, les antihistaminiques sont contre-indiqués chez la femme enceinte. Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie clinique DCEM3 2005/2006 3 « les antihistaminiques H1» - L. Monassier - Mise à jour : 2001
  • 4. 5. Produits ANTIHISTAMINIQUES NON ANTICHOLINERGIQUES • Non sédatifs Cétirizine VIRLIX® ZYRTEC® Loratadine CLARITYNE® Féxofénadine TELFAST® Astémizole HISMANAL® • Sédatifs Oxatomide TINSET® ANTIHISTAMINIQUES ANTICHOLINERGIQUES • Non sédatifs Méquitazine PRIMALAN® QUITADRILL® • Sédatifs Hydroxyzine ATARAX® Cyproheptadine PERIACTINE® Diphénylhydramine ALLERGA® NAUTAMINE® Prométhazine PHENERGAN® Alimémazine THERALENE® Buclizine APHILAN RETARD® Bromphéniramine DIMEGAN LP® Dexchlorphéniramine POLARAMINE REPETABS® B. Antiallergiques et antiasthmatiques ciblant les cellules sécrétrices d’histamine 1. Hypohistaminémiant : la tritoqualine Hypostamine* • Mode d’action : ce produit inhibe la synthèse d’histamine à partir de l’histidine en bloquant l’histidine décarboxylase. Il n’est ni anticholinergique, ni sédatif. • Indications : traitement symptomatique des manifestations allergiques (rhinites, conjonctivites) et prurigineuses (urticaires, eczema, prurigo). 2. Antihistaminolibérateurs : • cromoglycate disodique Nalcron* Intercron* Lomudal* et nédocromil Tilade* • Mode d’action : antiallergiques de la famille des cromones réduisant la dégranulation des mastocytes • Indications : allergies alimentaires (cromoglycate disodique oral) et asthme (Lomudal* en aérosol et Tilade*) Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie clinique DCEM3 2005/2006 4 « les antihistaminiques H1» - L. Monassier - Mise à jour : 2001