1. Les Mpivoy
(co-rameurs du projet Fokonolona mivao) Juin 2010
Le Projet
FOKONOLONA MIVAO
(Le Fokonolona qui se rénove lui-même)
www.fokonolona-mivao.org
Contact : Joseph Raharijesy : joseph.raharijesy@wanadoo.fr – 06 87 55 52 17
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2. Le projet Fokonolona mivao.
S O M M A I R E
Un coup d'œil rapide sur le projet Fokonolona mivao…………p.03
I – Réalités malgaches actuelles..………………………p.05
II – Le peuple souverain ?..………………………………….p.09
III – Le Fokonolona mivao…………………………………...p.11
IV – Deux voies pacifiques……………………………………p.13
V – Quatre grands pas à franchir…………………………p.15
VI – Stratégie générale…………………………………………p.21
VII – Le Fokonolona mivao et l'humanité……………...p.25
Annexe I : Lettre ouverte n° …………………………………...p.29
1
Annexe II : Lettre ouverte n° 2 …………………………………p.33
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3. Le projet Fokonolona mivao.
UN COUP D'ŒIL RAPIDE
sur le projet Fokonolona mivao.
1. Le fokonolona est l'institution de l'État malgache la plus proche des
citoyens et des citoyennes. C'est l'ensemble des habitants et habitantes,
majeur-e-s, de la plus petite subdivision territoriale de la Nation appelée
fokontany, ensemble qui a le droit de se réunir en assemblée délibérative et
d'agir pour exécuter ses décisions.
Selon les Constitutions malgaches, "Le Fokonolona ... est la base du
développement." (Art.35 de la Constitution de la IIIe République, art. 152 de la
nouvelle Constitution)
(Convenons dans ce projet que Fokonolona prend un "f" minuscule
(fokonolona) pour parler de l'ensemble local des citoyennes et de citoyens
d'un fokontany ou de leur assemblée délibérative et exécutive, et prend un "F"
majuscule quand il s'agit du principe Fokonolona ou de l'ensemble de tous les
fokonolona de le République de Madagascar.)
2. Le Fokonolona mivao - ny Fokonolona mivao -, c'est le Fokonolona qui se
dotera d’un trépied de principes rénovateurs :
- le fihavanana mivao dans une tri-action collective en boucles
permanentes : chercher ensemble, décider ensemble, progresser
ensemble (miara-mitady, miara-manapaka, miara-mandroso) pour n'oublier
personne ;
- la facilitation des activités des fokonolona par l'élite malgache ;
- et la souveraineté des décisions du Fokonolona qui deviendra
alors l'autorité suprême de l'État malgache.
Nous avons proposé et soumis au débat public un schéma de la
structure horizontalisée de la République malgache des fokonolona sous
forme de Lettre ouverte n° adressée le 27 février 2009 pour demande de
1
diffusion. Nous la reproduisons ici en annexe du présent projet.
3. Pour le peuple malgache, le Fokonolona mivao constituera un outil
institutionnel avec lequel il pourra à tout moment s'exprimer et intervenir
légalement, bien avant de descendre dans la rue où il reçoit chaque fois des
balles mortelles. Cet outil permettra aussi au peuple d'agir directement et
efficacement sur son présent et son avenir.
4. Le projet Fokonolona mivao est un outil d'incitation des fokonolona à se
muter en Fokonolona mivao. Le projet Fokonolona mivao est pacifique et
pacifiste. Il prétend pouvoir résoudre la crise malgache actuelle d'une manière
logique, efficace et durable. Il rassemble naturellement tous les Malgaches,
tous les partis, toutes les organisations syndicales et cultuelles, sans
exclusive. Pour se réaliser, il nécessite la participation massive de l'élite
et du peuple malgaches. Celui ou celle qui s'engage à faire avancer ce projet
s'appelle Mpivoy (co-rameur/co-rameuse).
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4. Le projet Fokonolona mivao.
Le projet Fokonolona mivao est l'unique projet de développement pour
les 80% appauvris de la population malgache. Il est même urgent pour les 20
à 30% totalement démunis. Chaque Malgache a donc le devoir absolu
de se lancer le plus tôt possible pour co-réaliser le présent projet Fokonolona
mivao.
Ce projet comprend sept chapitres :
- Les réalités malgaches actuelles,
- La souveraineté du peuple malgache,
- Le trépied de principes fondateurs du Fokonolona mivao,
- Les deux voies pacifiques ouvertes pour sa mise en place,
- Les quatre grands pas à franchir par ces voies pour y parvenir,
- Les moyens humains et matériels pour franchir ces pas avec certitude,
- La place du Fokonolona mivao au sein de l'humanité en marche,
Et en annexes les deux Lettres ouvertes du 27 février 2009 et du 13
octobre 2009.
5. Tout le projet est soumis au débat public malgache ouvert, à l'exception
bien sûr du trépied de principes qui soutient le Fokonolona mivao sans quoi le
projet n'a plus de raison d'être.
6. Une version malgache de ce projet sera éditée en Boky kely dès que
possible.
7. L'équipe du site www.fokonolona-mivao.org :
Hanta Korana
Ravo
Vahinala Raharinirina
Vanessa Zafimahova
Zénaïde Rahantamalala
Augustin Miadana
Paul Ad. Andrianantenaina
Joseph Raharijesy
Julien Rakotoarimanana (alias Dadazily)
Précieux Massin Lebitasy
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5. Le projet Fokonolona mivao.
I - RÉALITÉS MALGACHES
ACTUELLES
(ou les grands faits sociaux et politiques malgaches de ces
dernières décennies)
A. Le paradoxe malgache.
8. Madagascar regorge de gigantesques gisements de richesses naturelles
dans son sous-sol, dans ses forêts, dans ses immenses terres arables
aujourd'hui très convoitées, dans sa faune et sa flore reconnues pour
l'abondance de leurs variétés et de leurs spécificités, dans ses sites
touristiques et ses milliers de kilomètres de plage vierge, ses eaux fluviales,
lacustres et maritimes, son climat divers, son ensoleillement constant et son
firmament immense encore peu fréquenté par les humains.
9. Mais les 80% du peuple malgache y vivent de plus en plus mal et
s'enfoncent chaque année dans une misère et une famine indescriptibles. 20 à
30% sont même en état de détresse vitale permanente.
B. Les vertus sociales des Malgaches.
Le fihavanana.
10. Concorde sociale entre les individus et entre les familles, quelles que
soient leurs situations sociales et sociétales. Ce sentiment profond d'unité de
vie bien développé dans la tête des "anciens" et "anciennes" (zoky olona), se
trouve actuellement bien écorné par le "modernisme" apporté, qui promeut
l'individualisme, la concurrence entre individus et entre familles, la frime,
l'admiration devant les forts, les gagnants et les enrichis et le mépris des
faibles, des perdants et des appauvris.
L'unité nationale.
11. Elle découle naturellement du fihavanana entre les diverses ethnies. Mais
aussi de la conscience d'appartenir à une seule nation (iray firenena, iray
tanindrazana), nation qui a son histoire, une seule langue avec plusieurs
dialectes. Mais aussi du sentiment commun d'être Malgaches et d'habiter une
même patrie, Madagasikara, d'avoir été colonisé ensemble par le même
colonisateur. Tous les dominants venant de l'extérieur ou de l'intérieur n'ont
jamais pu casser ce profond sentiment d'unité nationale.
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6. Le projet Fokonolona mivao.
L'hospitalité.
12. Elle vient aussi du fihavanana appliqué à l'hôte étranger. Le bon accueil et
le sourire sont toujours au rendez-vous, même dans la pauvreté. Le même
"modernisme" concurrentiel et frimeur a remplacé cette joie de recevoir l'autre
par la méfiance contre cet autre. N'empêche, tout être humain venant de
l'extérieur de Madagascar est le bienvenu sur toute l'île. Et il ne vient jamais
dans la tête d'un ou d'une Malgache de chercher à expulser un immigré qui n'a
pas commis de faute grave. C'est à se demander de quel côté de la planète se
rencontre LA civilisation.
C. L'existence d'une abondante ressource humaine formée, souvent
hautement qualifiée.
13. Des centaines de milliers de Malgaches sont diplômé-e-s dans tous les
domaines : santé, éducation, recherche, ingénierie, économie, géologie,
agriculture, vétérinaire, judiciaire, journalisme, architecture, management…
Des milliers de médecins par exemple sont au chômage, ou sous employés,
ou obligés de vivoter dans des activités qui n'ont rien à voir avec la médecine :
chauffeurs de taxis, réparateurs de pneus sur le bord des routes, garagistes…
14. Des millions de Malgaches fuient leur pays par crainte de leur présent, de
leur avenir et de l'avenir de leurs enfants. Une véritable hémorragie de
cerveaux !
D. L'incapacité des autorités malgaches "élu-e-s" à résoudre ce
grand paradoxe malgache.
15. Les Malgaches ont appris les pratiques électorales à l'occidentale depuis
quelques années avant l'octroi formel de l'indépendance de 1960. Depuis, les
Malgaches délèguent tous les quatre - cinq ans leur pouvoir populaire et
citoyen à leurs "élu-e-s". Mais plus les quinquennats passent, plus
l'appauvrissement populaire s'accentue. Une des raisons profondes se trouve
certainement dans la fausseté de ces élections.
16. «J'ai déjà raconté l'histoire d'une campagne électorale que j'ai vue
directement dans la brousse malgache. Devant la population affamée, des
propagandistes offrirent à chaque votant un billet de 1000 francs malgaches
(c'était en 1993-94), et leur promirent d'en offrir un autre si le candidat proposé
aura été élu. Et ça a marché. Aujourd'hui, devant l'hyper puissance des dollars
et des euros, le pauvre Malgache qui veut se présenter pour les intérêts réels
du peuple malgache n'a aucune chance d'être élu. Ces mascarades
électorales ne peuvent que nuire au sens démocratique même des citoyens
malgaches.» (Faits rapportés par Joseph Raharijesy)
17. Les mêmes mascarades d'élections se répètent, donnant chaque fois les
mêmes effets d'accroissement de la misère populaire. C'est ainsi que la non
confiance aux "élu-e-s" et aux "élections" s'est installée et grandit dans les
villages et dans les villes. Le népotisme, la corruption, le clanisme, la frime, les
menaces et les représailles constituent les piliers réels du système dominant.
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7. Le projet Fokonolona mivao.
18. Depuis février 2009, les dirigeants n'arrivent plus à gouverner, et le peuple
gouverné ne veut plus obéir aux gouvernants : la situation est devenue
insurrectionnelle en permanence.
E. L'existence historique des fokonolona.
19. Le fokonolona est une institution locale créée à la fin du XVIIIème siècle
par le roi Andrianampoinimerina pour que les habitants et habitantes d'un
territoire suffisamment restreint, appelé aujourd'hui fokontany(*), délibèrent
ensemble et réalisent ensemble leurs décisions collectives pour résoudre leurs
problèmes locaux : problèmes de naissance et de décès, de sécurité, de
justice, de riziculture, de propriétés foncières, d'échanges ; les autorités
supérieures intervenaient en cas d'incapacité des fokonolona.
20. Le pouvoir colonial français et les autorités malgaches successives jusqu'à
ce jour ont préservé cette institution. Mais ils l'ont instrumentalisée pour mieux
asseoir leur domination. Ainsi, les fokonolona deviennent aujourd'hui «des
assemblées locales destinées à faire avaliser les décisions des tenants du
pouvoir et à les faire exécuter, sans plus.» (Julien Rakotoarimanana, dit
Dadazily, journaliste et consultant à Antananarivo).
21. Mais depuis quelques décennies, le pouvoir central est déficient dans
beaucoup de domaines. Dans les cas de défaillance aiguë, dans la sécurité et
la justice par exemple, les fokonolona prennent l'initiative de le remplacer.
22. « J'ai été témoin d'actions libres initiées par les fokonolona dans la
brousse du Betsileo de 1993 à 1996. Ils se mettaient à fonctionner, avec une
efficacité absolue, dans les domaines où le pouvoir officiel, local ou central,
était en déficience totale. Entre autres dinam-pokonolona créés et appliqués,
j'ai assisté à la lutte contre les dahalo (vols de bœufs) et contre les vols de
proximité, à la confection et à la réalisation d'un projet collectif contre la
pénurie de riz sur le marché local pendant les périodes de "soudure", à la
réparation collective des canalisations d'eau potable dans un gros village
équipé en eau courante… C'est çà les fokonolona libérés, aujourd'hui. Ils
existent, et heureusement qu'ils existent. Ils ne peuvent pas toujours
fonctionner au grand jour car le pouvoir central taxe ces dina d'illégaux et
traque leurs promoteurs.» (Faits rapportés par Joseph Raharijesy)
23. Notons deux autres propriétés très importantes des fokonolona. Ils existent
sur l'ensemble du territoire de Madagascar d'une manière homogène*. Ils sont
laïcs, comme l'est l'État malgache dont ils font partie intégrante.
(*) Il y a 17.857 fokontany sur l'ensemble du territoire Madagascar.
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9. Le projet Fokonolona mivao.
II - LE PEUPLE SOUVERAIN ?
24. Pour nous, Mpivoy (co-rameurs du projet Fokonolona mivao), la
souveraineté suprême sur le territoire de Madagascar appartient au peuple
malgache et à lui seul.
25. Or, certains Malgaches semblent étonnés, estomaqués même, quand
nous annonçons cette vérité pourtant reconnue par le monde entier.
26. Il est vrai que pratiquement le peuple malgache n'a aucun pouvoir. S'il en
avait une bribe, il ne se serait pas laissé s'enliser dans son actuel état de
délabrement total.
Les peuples sont dépourvus de moyen de leur souveraineté.
27. La Constitution de toutes les grandes Républiques commence par l'énoncé
de cette clause fondamentale : le pouvoir suprême appartient au peuple
souverain. Mais aucune Constitution de ces grandes Républiques ne précise
les moyens concrets et efficaces de cette souveraineté, saisissables
directement et à tout moment par le peuple. Omission volontaire ou non ? -
Les conséquences sont graves : quand la même souveraineté déléguée à des
"élu-e-s" se retourne contre le peuple, celui-ci se trouve impuissant et sans recours.
28. Cette injustice flagrante découle du rapport des forces entre les partisans
de deux conceptions opposées de la société : pyramidale et horizontale.
29. Toute société pyramidale est fondée sur la concurrence et la loi du plus
fort, comme dans les jungles animalières. Les inégalités sociales et sociétales
y sont donc des conséquences normales, voulues, irréductibles et croissantes
à l'infini. Les partisans de cette société sont des pyramidalistes ou des
jungliers.
30. Dans une société horizontale, l'égalité pour tous et toutes par le haut en
dignité, en droits, en pouvoirs et en libertés constitue la règle fondamentale et
inviolable. Une telle société n'est accessible que par les êtres humains. Ses
partisans s'appellent donc les horizontalistes ou les humanisants (*).
31. Beaucoup, appartenant aux classes les plus appauvries, aspirent encore,
non à l'égalité des droits et des pouvoirs, mais à la "promotion" individuelle
égoïste pour gravir les gradins de la pyramide sociétale en place. Qu'ils
sachent qu'ils participent ainsi au maintien de cette pyramide : ils sont donc
pyramidalistes et ont une mentalité junglière. Il y a encore malheureusement
des millions de ces cas surtout dans les grandes Républiques. D'autres
heureusement, obligé-e-s de gravir les échelons de la pyramide pour pouvoir
respirer un peu, rejoignent en même temps ceux et celles qui se battent pour
faire écrouler la pyramide junglière et construire une société humanisante(*).
*Humanisant : qui œuvre pour sortir de la mentalité junglière et pyramidaliste, mentalité commune aux
bêtes mentalisées (reptiles et mammifères non humains) et aux humains bestialisés, et pour accéder
à la logique du toi-et-moi horizontal, solidaire et universel pour vivre bien ensemble sur notre planète
commune, mentalité spécifiquement humaine, acquise par éducation et volonté.
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10. Le projet Fokonolona mivao.
32. Le concept de souveraineté populaire étant naturellement horizontaliste,
les forces pyramidalistes largement majoritaires omettent exprès de préciser
dans les Constitutions les moyens de la souveraineté des peuples.
Cependant, les peuples sont et restent légitimement souverains.
33. Tout bébé humain naît avec cent milliards de neurones dans son
néocortex, ce qui lui octroie une mémoire mentale immense, inépuisable pour
toute sa vie individuelle. Ceci, que le bébé soit fille ou garçon, et quels que
soient sa couleur de peau, son origine paysanne ou citadine, son
appartenance sociale et sa provenance géographique sur la planète. Ainsi,
chaque humain est une unité de puissance potentielle géante et égale entre
toutes.
34. Un peuple est formé par la juxtaposition non organisée de ces unités de
puissance sociale d'une nation. Leur mise en ordre horizontal pour résister
et/ou pour construire constitue une puissance absolue, imbattable, qui signe la
souveraineté du peuple.
35. Les pyramidalistes dominants déploient un effort considérable, comme une
chape de plomb, pour empêcher par tous les moyens cette mise en ordre
horizontal des unités de puissance populaire. Malgré cette chape constante,
les peuples parviennent de plus en plus à se soulever ensemble, pour faire la
démonstration de leur souveraineté. C'est le moteur de tous les grands
mouvements sociaux de l'histoire de l'humanité.
Mais si les dominants arrivent quand même à supprimer tous les moyens
de cette souveraineté, l'être humain isolé, écrasé par la domination et
l'exploitation, oriente sa puissance pour se supprimer. L'apparition et la rapide
multiplication des suicides au travail dans la France néolibérale (ultra
pyramidale) d'aujourd'hui démontrent clairement la nocivité de cette absence,
dans la Constitution, d'organisation de l'expression du peuple et de moyen
concret et permanent de sa souveraineté.
Le peuple malgache a aussi démontré à plusieurs reprises sa
souveraineté.
36. Sans moyens légaux pour s'exprimer, encore moins pour imposer sa
volonté, ce grand peuple est descendu dans la rue et a bloqué tout l'appareil
économique, administratif et politique au moins trois à quatre fois depuis 1960.
Certes, ces manifestations populaires ont fini par être manipulées et
instrumentalisées, faute d'organisation constitutionnalisée du pouvoir
populaire. Mais c'est dire que quand les cent milliards de neurones de chaque
Malgache sont trop mal menés, ils se manifestent durement.
37. Eh bien, le Fokonolona mivao sera une grande école pour convertir en
forces horizontalistes humanisantes toutes les mentalités pyramidalistes qui
foisonnent encore actuellement à Madagascar. En même temps, il constituera
l'outil nécessaire et suffisant pour la réappropriation et le maintien de la
souveraineté par le peuple malgache.
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11. Le projet Fokonolona mivao.
III - LE FOKONOLONA MIVAO
(ou : Le trépied fondateur de l'auto rénovation du Fokonolona)
38. Le Fokonolona malagasy doit se rénover pour que le peuple puisse
résoudre efficacement tous ses problèmes. Dans son article 35, la Constitution
de la République de Madagascar attribue avec raison un rôle primordial au
Fokonolona : "Le Fokonolona est la base du développement". Or, il ne peut y
avoir de développement populaire sans auto éducation populaire. Et pour
que celle-ci joue pleinement son rôle développeur, il faut qu'elle soit
constructrice et que chaque construction décidée soit responsable et
souveraine. Le Fokonolona est donc constitutionnellement habilité à jouer ce
rôle hautement éducatif.
39. Trois principes nouveaux sont nécessaires. Ils ont été publiés dans notre
Lettre ouverte n° du 27 février 2009.
2
40. Les trois principes se complètent de telle sorte que l'absence d'un principe
détruit l'efficacité des deux autres.
Principe fondateur n° :
1
LE FIHAVANANA MIVAO.
41. Cette concorde sociale, chère aux Malgaches, doit se réinstaller dans
chaque fokontany (territoire d'un fokonolona), par une auto-éducation
populaire permanente et tri-active en boucles constantes :
chercher ensemble, décider ensemble, progresser ensemble
(miara-mitady, miara-manapaka, miara-mandroso),
incluant dans cette triple action la clause essentielle de ne jamais laisser
personne de son fokontany exclue de la progression démocratique et
sociale en cours.
Principe fondateur n° :
2
LE RÔLE FACILITATEUR DE L'ÉLITE MALGACHE.
42. Tous les "Gasy nahita fianarana" (qui ont eu la chance de s'instruire), avec
ou sans diplôme, devront apporter une aide technique aux fokonolona, et non
le dominer ni le détourner. Aide à l'information préparatoire des réunions
délibératives, aide à la réussite du déroulement de ces réunions, assistance
technique à la réalisation des décisions prises. Et plus particulièrement :
Aide à la création d'une caisse nationale inter fokonolona pour recevoir
et gérer ensemble toutes les aides financières de toutes provenances
pour le secours des plus démunis de chaque fokontany ;
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12. Le projet Fokonolona mivao.
Aide à la démarche pour la suppression immédiate de la "dette"
extérieure et des plans d'ajustement structurel y afférents ;
Aide à la rénovation des services publics et à leur extension dans les
domaines où le service public est nécessaire ;
Aide à la construction, à la réalisation et au suivi des projets décidés ;
Aide à la maîtrise de la monnaie malgache (l'ariary), du crédit en
monnaie malgache, du commerce extérieur et intérieur équitable et
du change nécessaire, en vue de re-localiser l'économie ;
Aide à la formation initiale et permanente des personnels nécessaires à
l'exploitation conservatrice, écologique et partageuse des richesses
naturelles du pays ;
Aide à consommer, en faisant connaître les responsabilités sanitaires,
sociales et écologiques du consommateur, du local au planétaire.
Principe fondateur n° :
3
LA SOUVERAINETÉ DU FOKONOLONA.
43. Le Fokonolona constitue le seul outil efficace pour que le peuple malgache
puisse casser tous les facteurs qui le paralysent. Il peut et doit prendre toute la
responsabilité de ses actions : aucune autorité ne devra le superviser ni
opposer un veto à ses décisions.
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13. Le projet Fokonolona mivao.
IV - DEUX VOIES PACIFIQUES
(ou : Quel chemin suivre pour y arriver ?)
44. Éliminons tout de suite la voie armée : par des militaires ou par des
éléments civils qui prennent le pouvoir par les armes. Cette voie nous est
foncièrement étrangère. Elle briserait les vertus sociales nationales des
Malgaches et ne pourrait mener qu'à la défaite sans appel et durable des
combattants pour les intérêts fondamentaux du peuple malgache.
45. Dans la Chapitre "LE PEUPLE SOUVERAIN ?", nous avons décrit les
deux conceptions, horizontale ou pyramidale, de toute société d'humains. En
rapport avec ces concepts, il y a deux voies pour mettre en place
le Fokonolona mivao : une voie horizontale, et une voie verticale.
A. La voie horizontale : c'est notre voie principale.
47. Sachons qu'actuellement dans chaque fokontany, la majorité des
individus, mineurs ou majeurs, et des familles, sont dans un état de détresse
vitale : dénutrition, faim ou famine, pas d'eau potable, maladies, handicaps
psychomoteurs, mineur-e-s orphelin-e-s, âgé-e-s invalides et sans revenu.
46. Dans la voie horizontale, ce sont les citoyens et les citoyennes des
fokontany qui prennent l'initiative d'utiliser les assemblées délibératives du
fokonolona pour résoudre, ensemble, tout de suite tous les problèmes qui les
clouent dans cet état. En première urgence. Et par l'application de la tri-
action (chercher ensemble, décider ensemble, progresser ensemble) aidée et
facilitée par les "instruit-e-s" du coin - ou venant d'ailleurs -, pour transformer
le fokonolona en acteur local de leur auto-secours et de leur auto-libération.
48. Nous, "nahita fianarana" diplômé-e-s ou non, horizontalistes ou
pyramidalistes, avons le devoir absolu d'inciter et d'encourager les fokonolona
à s'auto-secourir, de leur suggérer toutes les pistes possibles et de leur
apporter l'assistance technique à leurs initiatives dans la ferme volonté de les
faire réussir. Évidemment selon nos compétences.
49. Cette voie est horizontale ou horizontaliste parce que, initiée par le
peuple, elle tend à transformer la communauté locale en une grande famille
unie par la volonté de triple solidarité spécifique de l'être humain : une
solidarité secouriste en cas d'urgence vitale frappant un membre de la
famille, une solidarité compensatrice en cas de handicap, et une solidarité
émancipatrice entre tous les membres sans exclusive. Le tout sans esprit de
donnant donnant.
50. Cette voie est notre voie principale, car nous, les Mpivoy, la prenons
avec fermeté et ne la lâcherons pas jusqu'à la réalisation totale de notre projet.
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14. Le projet Fokonolona mivao.
B. La voie verticale : une voie éventuelle.
51. Ici, ce sont nos autorités élues qui organiseraient ou faciliteraient ces
prises d'initiatives par les citoyens et les citoyennes des fokontany pour
résoudre eux-mêmes leurs propres problèmes.
52. Les pouvoirs supérieurs ne pourront plus instrumentaliser les fokonolona
mivao sans en amputer un ou deux éléments de son trépied constitutif (voir la
Chapitre LE FOKONOLONA MIVAO). Auquel cas, nous, les Mpivoy,
prendrions les mesures nécessaires pour rétablir le ou les éléments
manquants du trépied. Toujours pacifiquement.
53. Initiée d'en haut par des pyramidalistes au pouvoir, cette voie s'annonce
utopique ou illusoire. Mais nous, les Mpivoy, convaincus que notre projet est et
restera irremplaçable pour soustraire le peuple malgache de sa misère noire
actuelle, avons toujours l'espoir qu'un Président de la République de
Madagascar, horizontaliste, prendra un jour directement ou indirectement
cette voie. Voilà pourquoi nous ne sommes pas et ne seront jamais les
ennemis des autorités malgaches en place. Mais en même temps, nous
poursuivrons sans relâche et avec la même intensité notre voie principale.
54. Par contre, les horizontalistes (c'est-à-dire les partisans de l'égalité pour
tous et toutes en dignité, en droits, en pouvoirs et en libertés) qui accèdent à
des postes de responsabilité dans la pyramide sociétale existante peuvent et
ont même le devoir d'œuvrer directement ou indirectement pour inciter les
fokonolona à se prendre en charge.
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15. Le projet Fokonolona mivao.
V - QUATRE GRANDS PAS À
FRANCHIR
(ou : Les étapes prévisibles de la mise en place du Fokonolona mivao)
55. Le projet Fokonolona mivao est un projet de société. C'est un projet de la
transformation pacifique de la République de Madagascar actuelle, qui est
pyramidale, en République des fokonolona mivao, qui sera horizontale. Le
Fokonolona mivao constituera à la fois le moyen de la souveraineté du peuple
de Madagascar, et l'outil de ce pouvoir suprême pour gérer toutes les affaires
concernant le peuple et le territoire national malgaches.
56. L'observation minutieuse de l'évolution de la situation politique,
économique et sociale depuis le mois de février 2009 nous permet de prévoir
quatre grands PAS pour mettre en place le Fokonolona mivao :
a- la sensibilisation populaire,
b- l'auto-secours et l'auto-développement par et pour les fokonolona,
c- l'adoption d'une nouvelle Constitution de la République malgache,
d- et la mise en application de cette nouvelle Constitution.
57. Le projet Fokonolona mivao étant, à notre profonde conviction, la seule
solution réelle pour les 80% appauvris de la population malgache, nous
franchirons ces quatre grands PAS quelles que soient les suites de la crise
politique actuelle.
Premier grand pas :
La sensibilisation du peuple malgache et de son élite.
Nous sommes en plein dans la réalisation de ce PAS.
58. La sensibilisation porte en fait sur quatre objectifs précis :
a- faire connaître l'existence du projet Fokonolona mivao pour résoudre la
crise malgache actuelle, politique, économique et sociale ;
b- convaincre de son unicité pour les 80% appauvris de la population
malgache - c'est-à-dire il n'y a pas d'autre solution pour eux -;
c- persuader de son urgence pour les 20 à 30% les plus démunis ;
d- donner des forces et des moyens au mouvement pour le Fokonolona
mivao par l'engagement du plus grand nombre possible de réalisateurs
et de réalisatrices du projet (voir notre Rubrique "STRATÉGIE
GÉNÉRALE").
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16. Le projet Fokonolona mivao.
59. Sachons que les étapes suivantes du projet Fokonolona mivao ne pourront
se réaliser convenablement que quand la très grande majorité des Malgaches
seront acquis sur ces quatre points.
60. Il faut donc programmer selon nos forces et nos moyens actuels, qui
évolueront :
- d'abord sensibiliser les Malgaches internautes et les ami-e-s du peuple
de Madagascar, en leur demandant de diffuser la sensibilisation en
réseaux ;
- et ce sera selon les compétences, les possibilités et les initiatives des
Mpivoy, les anciens comme les nouveaux, que ce premier grand pas va
s'accélérer ou non.
61. Il s'agit de faire naître et développer l'espoir et l'enthousiasme populaires
et de déclencher l'adhésion du plus grand nombre de Malgaches à notre
projet. Un objectif chiffré des résultats sur ces valeurs est pratiquement
impossible à déterminer. Il faudra pourtant trouver une méthode, un moyen,
d'évaluation les résultats.
62. Jusqu'à présent (Juin 2010), nous ne comptons que très peu de réalisa-
teur/trice-s, qui se mouillent chemises et corps pour ramer cet énorme bateau
qu'est le projet Fokonolona mivao, seul projet pour les 80% appauvris.
63. Comme moyens, nous utilisons :
- une liste de discussion d'environ 1200 internautes, fonctionnant au
moins une fois par semaine, avec demande à ceux et celles qui le
désirent de diffuser en réseaux autour d'eux ;
- un site Internet www.fokonolona-mivao.org en version française ; bientôt
nous donnerons la version en malgache sur le même site ;
- un Livret Fokonolona mivao, (entre vos mains), contenant l'ensemble
du projet Fokonolona mivao, en français ;
- un Bokikely Fokonolona mivao, le même livret en malgache, pour une
prochaine diffusion et explication massive dans toute la population
malgache ;
- et un dépliant qui donne d'une manière laconique mais clair, en
français, les douze solutions aux douze problèmes majeurs du peuple
de Madagascar.
64. Nous sommes certains que de nombreuses nouvelles forces viendront
nous rejoindre, apportant d'autres moyens et d'autres méthodes de
sensibilisation massive.
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17. Le projet Fokonolona mivao.
Deuxième grand pas :
L’auto-secours et l'auto-développement des
habitant-e-s par les fokonolona.
65. Sachons que près du tiers de la population malgache vit actuellement
dans un état de détresse vitale. Et ceci dans tous les fokontany de
Madagascar sans exception. Nous déclarons cette catastrophe humaine et
sociale comme un tsunami social permanent. Les fokonolona coordonnés
prendront le relais de la sensibilisation sur cette situation de cataclysme social
sans arrêt. Et les communautés internationales doivent, devront, le traiter
comme tel.
66. Sachons que les autorités malgaches sont actuellement tellement
plongées dans la recherche de solution à la crise politique que les individus et
les familles en détresse vitale sont laissés seuls à eux-mêmes, sans aucun
espoir d'assistance ni aujourd'hui ni demain ni dans les mois et années qui
viennent. Le jour où le pouvoir malgache sera stabilisé, nous, les Mpivoy,
demanderons aux autorités établies d'emprunter la Voie verticale pour la mise
en place du Fokonolona mivao (voir notre Rubrique "DEUX VOIES
PACIFIQUES").
67. Sachons enfin que les ONG (Organisations non gouvernementales) en
œuvre sur place ne peuvent apporter que des gouttes d'eau dans un Sahara
de misère.
68. Il n'y a donc rien de plus normal, de plus humain, de plus légitime, de plus
légal même, que le fokonolona de chaque fokontany prenne l'initiative de
redresser les têtes, de se réunir, de chercher ensemble et de décider
ensemble pour apporter un secours immédiat aux plus démunis qui se
trouvent en danger vital.
69. Chaque fokonolona de chaque fokontany constitue l'organisme public le
mieux placé pour inventorier les dégâts, pour faire en coordination avec tous
les autres fokonolona un appel national et international d'aide financière, pour
constituer une caisse nationale inter-fokonolona de secours, et pour organiser
ensemble les actions de secours selon les trois principes du fihavanana mivao
: chercher ensemble, décider ensemble, progresser ensemble. Et avec
l'assistance technique des "instruit-e-s" malgaches.
70. Il est évident que si les fokonolona pourront s'auto-secourir - et nous
sommes certains qu'ils le peuvent - ils seront aussi capables de s'auto-
développer mutuellement pour rendre durables les résultats obtenus. Les
richesses naturelles existent partout, les ressources humaines aussi (voir
notre Rubrique "RÉALITÉS MALGACHES ACTUELLES"). Les techniciens
malgaches "tia tanindrazana" (patriotes) formeront les fokonolona dans la
maîtrise de la monnaie malgache, du crédit en monnaie malgache et du
commerce extérieur équitable et responsable. Sachons que le peuple
malgache a son droit le plus absolu sur tous les biens communs de l'humanité
et sur leur cogestion démocratique.
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18. Le projet Fokonolona mivao.
71. Chaque "Gasy nahita fianarana" (instruit-e, diplômé-e ou non) a le devoir
impératif de se mobiliser, selon leurs moyens et leur situation géographique :
- pour inciter son fokonolona à prendre les initiatives nécessaires à cet
auto-secours local,
- pour lui donner les informations et suggestions pertinentes et pour faire
réussir techniquement les initiatives et les décisions de ce fokonolona.
Les "nahita fianarana" ne doivent jamais instrumentaliser le peuple et le
fokonolona pour des intérêts égoïstes ou claniques.
72. Ce deuxième grand PAS d'auto-secours local dans le cadre de la mise en
place du Fokonolona mivao peut commencer sans attendre le total succès du
premier PAS. Mais plus nombreux auront été les Malgaches acquis-e-s sur les
quatre points de la sensibilisation, plus le deuxième PAS aura une réelle
chance de réussir.
Troisième grand pas :
L’adoption d'une nouvelle Constitution, celle de la
République des fokonolona.
73. Capables de s'organiser pour s'auto-secourir et pour s'auto-développer,
les fokonolona sont aussi capables d'organiser une Assemblée constituante.
Les forces humaines et les moyens utilisés seront fixés par la coordination des
fokonolona ayant ainsi fait preuve de leur capacité d'initiatives, d'organisation
et de réalisation de projets.
74. Les constituants devront normalement être des missionnaires de chaque
fokonolona ou des fokonolona d'un firaisana ou d'un fivondronana. Nous
souhaitons que les Corps constitués actuellement n'aient pas droit à des
représentants spéciaux.
75. Les missionnaires qui représenteront les fokonolona dans la Constituante
devront faire figurer dans les premières lignes de la nouvelle Constitution :
- la souveraineté du peuple malgache et les moyens permanents et
efficaces de cette souveraineté, le Fokonolona mivao avec ses trois
principes fondateurs,
- et l'organisation institutionnalisée de l'auto-éducation populaire
permanente comme fonction primordiale des fokonolona.
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19. Le projet Fokonolona mivao.
Quatrième grand pas :
Le suivi de l'application de la nouvelle Constitution.
76. Le rôle des réalisateurs et réalisatrices du projet Fokonolona mivao n'est
pas terminé à la fin du troisième PAS. Car l'application effective de la nouvelle
Constitution rencontrera des difficultés pour plusieurs raisons dont deux
particulièrement :
- la non expérience à l'horizontalité sociétale (voir notre Rubrique "IDÉES
ET SUGGESTIONS CONSTRUCTIVES / Un peu de sociobiologie pour
mieux comprendre" sur notre site www.fokonolona-mivao.org ).
- les crocs-en-jambe et autres peaux de banane que n'hésiteront pas à
lancer les nostalgiques de la jungle interhumaine.
77. Les ressources humaines et les moyens nécessaires pour ce dernier
grand PAS seront assurés par les réalisateurs et réalisatrices du présent
projet qui constitueront alors un observatoire institutionnalisé, doté de moyens
légaux d'intervention, sur l'application des trois principes fondateurs du
Fokonolona mivao.
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21. Le projet Fokonolona mivao.
VI - STRATÉGIE GÉNÉRALE
(Ou : Avec quelles forces humaines et quels moyens matériels ?)
78. Notre expérience depuis février 2009 nous montre qu'il y a deux catégories
de RÉALISATEURS et RÉALISATRICES du projet Fokonolona mivao :
- Les ENGAGÉ-E-S, qui se mouillent totalement, chemise et corps, avec la
ferme volonté d'y arriver. Ils et elles se sont surnommés les Mpivoy.
- et les ACQUIS-E-S au projet, des hommes et des femmes qui veulent bien
donner des coups de pouce éventuellement, mais qui préfèrent observer,
au moins momentanément.
79. Tout-e Malgache ou ami-e du peuple de Madagascar, adulte, peut devenir
réalisateur ou réalisatrice (engagé-e ou acquis-e-s) du projet Fokonolona
mivao. Il suffit de communiquer, soit à un ou une engagé-e connu-e, soit via le
site http://www.fokonolona-mivao.org, son nom et prénom et son adresse
email (obligatoire) ou à défaut son adresse postale ou n° de téléphone. Ces
exigences servent à l'inter-communication, à la discussion et à la convivialité
qui se créent et qui sont indispensables entre les Mpivoy.
A. Une stratégie qui se résume en simples initiatives d'individus et
de groupes.
80. Nous, réalisateurs et réalisatrices de ce projet, reconnaissons l'importance
monumentale de ce projet. Nous en connaissons l'objectif, la République des
fokonolona, projet mis à la connaissance du public par nos Lettres ouvertes du
27 février 2009 et du 16 septembre 2009.
81. Nous sommes convaincu-e-s que ce projet est nécessaire et unique pour
les 80% appauvris de la population malgache, et il est même urgent pour les
20 à 30% les plus démunis.
82. Nous avons décrit deux voies pacifiques et nous prévoyons quatre grands
pas à franchir pour la mise en place du Fokonolona mivao.
83. Notre stratégie générale, qui répond à la question quelles forces et quels
moyens pour franchir ces grands pas avec succès, se réduit en définitive à la
seule question des ressources humaines, c'est-à-dire à la nature particulière
du mouvement des réalisateurs et réalisatrices et à celle des relations entre
eux.
B. Singularités du mouvement pour le Fokonolona mivao.
84. Le mouvement citoyen pour le Fokonolona mivao englobe les deux
catégories de réalisa-teur/trice-s : les engagé-e-s (Mpivoy) et les acquis-e-s.
85. Il s'agit d'un simple mouvement de citoyennes et de citoyens, bénévoles,
indépendants les uns des autres. Les relations entre les Mpivoy sont
strictement horizontales, c'est-à-dire à égalité, entre eux, de considération, de
dignité, de droits, de pouvoirs et de libertés.
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22. Le projet Fokonolona mivao.
86. Le mouvement n'a donc pas de leader : chaque Mpivoy est une
personnalité unique au monde, libre, responsable, une personnalité en auto
construction constante. Ni guide, ni star.
87. Le mouvement n'a ni président, ni secrétaire, ni trésorier. Chaque Mpivoy
"s'engage" à co-réaliser le ou les PAS communs à franchir, seul-e, en groupe
ou en équipe, en prenant des initiatives autonomes personnelles, libres et
responsables. Le Mpivoy garde donc toute sa liberté de pensée et d'action et
est entièrement responsable de ses actes, financièrement, devant la société et
devant la justice.
88. Le mouvement pour le Fokonolona mivao ne relève pas pour autant de
l'anarchie, car les initiatives individuelles visent à la réalisation d'un but
commun - la mise en place du Fokonolona mivao -, et se soumettent à des
règles d'horizontalité, d'entente et de convivialité entre Mpivoy, de pacifisme et
de responsabilités.
89. Le mouvement pour le Fokonolona mivao s'interdit toute clanisation du
mouvement (clan = groupe d'individus hostiles, contre un autre ou d'autres
groupes). Il porte haut la volonté de ne jamais claniser le peuple malgache. Il
n'est ni une organisation syndicale ni un parti politique. Il n'a aucune vocation
à soutenir des candidats personnels contre d'autres candidats personnels.
Son seul candidat au pouvoir, c'est le Fokonolona mivao.
90. Le mouvement pour le Fokonolona mivao n'est pas une secte. Il travaille
au grand jour, et d'une manière transparente. Il œuvre pour tous les
ressortissants des fokontany malagasy, sans exclusive (tsy vaky volo), quels
qu'en soient le sexe, l'origine ethnique, le revenu et la fortune, l'appartenance
religieuse et philosophique. Il est pacifique et pacifiste. Il n'a peur de personne
car il n'est l'ennemi de personne.
91. La communication de masse, le débat public, l'adhésion des Malgaches au
projet et les initiatives pacifiques des Mpivoy auprès des fokonolona et des
autorités constituent les seules forces d'avancement du mouvement pour le
Fokonolona mivao vers son objectif.
C. Relations entre les Mpivoy.
92. Les Mpivoy doivent respecter entre eux ce qu'ils souhaiteraient s'établir
entre les citoyens et les citoyennes de chaque fokonolona : l'horizontalité
sociétale, contenue dans le fihavanana mivao (voir "LE FOKONOLONA
mivao").
93. Mais contrairement à la proximité entre les citoyens et les citoyennes d'un
fokontany, les Mpivoy sont géographiquement très éloignés les uns des
autres. Chaque Mpivoy prend donc des initiatives autonomes, individuelles ou
de groupe, et en assume toutes les responsabilités juridiques et financières.
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23. Le projet Fokonolona mivao.
94. Les Mpivoy pratiquent la synergie de leurs compétences et de leurs
possibilités individuelles : "Izay tsy mahay sobika mahay fatambary". Pour que
cette mise en synergie se fasse dans les meilleures conditions, les Mpivoy ont
la ferme volonté d'appliquer entre eux l'égalité de considération,
l'intelligence collective, et la convivialité permanente.
L'égalité de considération (ou l'horizontalité sociétale) entre les
Mpivoy.
95. Chaque Mpivoy apprend à pratiquer l'horizontalité sociétale entre Mpivoy :
il/elle considère tout-e autre Mpivoy à égalité de dignité, de droits, de pouvoirs
et de libertés que lui ou elle, et réciproquement. Et ceci quelle que soit son
âge (majeur-e forcément), son sexe, son origine sociale et géographique, son
niveau d'études, son revenu et sa fortune individuels, son titre et rang social,
son opinion, sa religion, sa nationalité, la date du début de son engagement.
Opposer un non à une initiative responsable prise par l'autre Mpivoy fait
preuve d'une relation verticale, de supérieur à inférieur, paralysante et
bestialisante. Par contre, donner ou accepter amicalement un conseil est une
transaction horizontale.
La pratique de l'intelligence collective.
96. L'intelligence collective est une intelligence spécifiquement humaine (par
rapport aux autres espèces animales). Elle ne peut s'obtenir que par le va-et-
vient entre l'expérience et la réflexion individuelles d'un côté et de l'autre le
débat ouvert et l'action collective.
97. Dans le cadre de la réalisation de chaque PAS du projet Fokonolona
mivao, les Mpivoy ont un programme concerté d'actions et des initiatives
personnelles ou de groupe à mener (voir "QUATRE GRANDS PAS À
FRANCHIR").
98. S'engageant dans la co-réalisation de ce PAS, chaque Mpivoy prend
librement une ou des initiatives qu'il ou elle estime pouvoir bien mener à partir
du lieu où il/elle habite, avec les moyens dont il/elle dispose, en tenant compte
de son cadre familial et de ses activités professionnelles ou autres
engagements associatifs, et en cohérence avec ses propres convictions
politiques, religieuses, philosophiques…
99. Il ou elle doit rendre compte aux autres Mpivoy de ses décisions relatives
au projet commun, de ses résultats, de ses réflexions ou des leçons qu'il peut
en tirer. À son tour, il ou elle doit recevoir des nouvelles des autres Mpivoy et
leur exprimer ses félicitations et son encouragement – indispensables pour
donner ce puissant carburant affectif dit "punch" à chacun-e -, ses conseils
éventuels d'ami-e Mpivoy, voire ses remarques acerbes au besoin.
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24. Le projet Fokonolona mivao.
La convivialité permanente entre Mpivoy.
100. Pratiqué jusqu'à présent, cet échange permanent a créé et maintenu un
lien convivial avéré nécessaire entre Mpivoy et a développé une intelligence
collective certaine. Il y a eu des heurts et il y en aura toujours. Mais nos avons
eu la volonté de nous exprimer sincèrement et de nous écouter les uns les
autres, et nous nous plions aux recommandations toujours judicieuses et
apaisantes des modérateurs comme notre Francine qui SE surnomme NENY
Francine. Nous avons une haute appréciation de nos relations de camaraderie
établies depuis plusieurs mois déjà.
101. L'avancée vers la mise en place du Fokonolona mivao bénéficiera ainsi
de l'imagination, de la volonté et de la compétence des Mpivoy. Elle
bénéficiera surtout des capacités progressivement développées à
communiquer en réseaux et à débattre entre amis ou en public.
Communication et débat ne sont pas des "kabary" inutiles ou superflus, au
contraire : sans ces échanges, toute action peut se régresser dans le chacun
pour soi à courte vue, dans l'éparpillement anarchique qui ne peut nous mener
qu'à l'échec. Et plus il y aura de Mpivoy, plus vite le but du mouvement sera
atteint.
D. Réalisation assurée du Fokonolona mivao par la présente
stratégie générale.
102. Cette stratégie générale met à contribution les compétences, les talents
et les possibilités matérielles et financières des Mpivoy. Les forces de notre
stratégie se mesureront donc au nombre des réalisateurs et réalisatrices et à
l'intensité de leurs initiatives. L'importance et l'efficacité de nos moyens
viendront des moyens mis en œuvre par ces Mpivoy pour faire aboutir leurs
actions.
103. Cette stratégie générale singulière, fondée sur l'égalité scrupuleuse de
dignité entre Mpivoy et sur la liberté responsable d'initiatives individuelles,
correspond parfaitement à nos conditions actuelles : nous sommes éloignés
les uns des autres ; beaucoup sont éloignés de Madagascar ; nous sommes
obligés de rester là où nous pouvons trouver à vivre ou à survivre ; nous
sommes tous et toutes plus ou moins engagée-s dans des activités
professionnelles, sociales, culturelles, politiques, associatives ; et pour le
moment Internet nous permet heureusement de nous communiquer aisément
et presque en temps réel.
104. Cette stratégie générale nous évitera toute contrainte administrative de
déclaration d'existence, de cotisations des membres, donc pas de trésorerie,
pas de bilans annuels obligatoires. Nous espérons que par elle, nous pouvons
viser le zéro fisc et le zéro tribunal.
105. En positif, elle assurera la continuité automatique de la réalisation du projet
Fokonolona mivao, en cas de déficience ou de disparition d'un ou de plusieurs
Mpivoy, sans problèmes de succession de rôle de qui que ce soit. Ce qui garantira la
mise en place un jour ou l'autre du Fokonolona mivao comme moyen, efficace et
disponible à tout moment, et comme symbole, de la souveraineté du peuple
malgache, ce grand peuple à qui nous sommes tous et toutes redevables.
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25. Le projet Fokonolona mivao.
VII - LE FOKONOLONA MIVAO
ET L'HUMANITÉ
(Ou : Quelle place le Fokonolona mivao prendra-t-il dans l'humanité en marche ?)
106. Le combat pour les droits humains traverse toute l'histoire de l'espèce
humaine, sans grand succès jusqu'à présent. En ce début du XXIème siècle,
l'humanité est fortement menacée d'autodestruction par la jungle interhumaine
néolibérale. Le projet Fokonolona mivao constitue un combat décisif pour les
droits humains à Madagascar. Sa réussite contribuera au salut de l'humanité.
A. «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en
droits». Est-ce une farce ?
107. «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.»
Cet article 1er de la Déclaration universelle des droits humains par l'ONU le 10
décembre 1948 reste lettres mortes jusqu'à ce jour, soixante ans plus tard.
Pourquoi ?
108. Cet article 1er horizontalise la société humaine : il met tous les êtres
humains au même niveau sociétal(*) et social(*). Cet alignement s'oppose
frontalement à notre représentation mentale du monde humain : pyramidale.
Nous verrons plus tard que cette représentation pyramidale est anormale,
mais elle s'impose de telle sorte que nous la croyons même unique
et indispensable.
Beaucoup pensent en effet qu'il faut des dirigeants "intelligents" et des
dirigés qui le sont moins ou pas, qu'il faut des supérieurs souverains et des
inférieurs assujettis, qu'il faut des riches et forcément des pauvres, etc.
Les promoteurs de fatalisme et de défaitisme arrivent même à bloquer
toute bonne idée horizontaliste en marche en la taxant d'utopie, et tout le
monde répète bêtement après eux : "c'est une utopie, c'est une utopie". Et on
clôt la discussion. Or, la merveilleuse Sécurité Sociale française par exemple
n'a jamais existé avant la Révolution française, elle a atteint son apogée
d'horizontalisation des Français en matière de soins médicaux après la
Libération de 1945.
Une pyramide d'inégalités humaines se constitue ainsi dans nos têtes et
dans les faits par routine, défaitisme et fatalisme. À son sommet juchent
naturellement les prédateurs grands bénéficiaires du système. Ils structurent
la société en ordre hiérarchique. Ils accentuent les inégalités sociétales et
sociales qui se transmettent de générations en générations en
s'approfondissant. Adieu l'article 1er de la Déclaration des droits humains.
(*)“Sociétal” correspond à toute organisation des humains : association citoyenne, politique, religieuse,
syndicale ; administration, entreprise publique ou privée, institution, Etat, organismes internationaux.
(*)”Social”, dans notre projet, correspond aux moyens individuels et collectifs pour vivre.
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26. Le projet Fokonolona mivao.
109. Les bénéficiaires du système ne sont pas les seuls à soutenir cette
pyramide artificielle génératrice d'inégalités sociales. Tous ceux et celles, qui
se trouvent en bas de l'échelle sociétale et espèrent pouvoir un jour accéder
aux divers gradins de la pyramide, votent pour soutenir cette pyramide des
inégalités.
À ce soutien paradoxal par le vote s'ajoutent l'attentisme, le défaitisme et
le fatalisme bien entretenus d'en haut. Conséquence, beaucoup d'entre nous
pensent que la pyramide est la seule structuration sociale possible. C'est ainsi
qu'ils ont enterré l'article 1er des droits humains depuis belle lurette.
110. Pourtant, en nous soumettant à cette logique sociale pyramidale, nous ne
faisons qu'imiter la jungle animalière, qui constitue l'unique logique sociale
des autres vertébrés mentalisés (1). Les bêtes n'ont apparemment pas
besoin de l'article 1er des droits humains dans leur jungle animalière. Très
majoritairement bestialisé-e-s, nous mettons cet article, nous aussi, à la
poubelle.
B. L'article 1er de la Déclaration des droits humains nous
différencie des bêtes.
111. Notre intelligence mentale est infiniment plus puissante que celle des
bêtes mentalisées (*). Tout bébé humain naît avec cent milliards de
neurones dans son néocortex, ce qui lui donne une mémoire mentale
inépuisable durant toute sa vie individuelle. Les autres animaux mentalisés
ont beaucoup moins de neurones et leurs souvenirs s'effacent toujours au
bout d'un délai plus ou moins court si les circonstances de leur mémorisation
ne se répètent pas à rythmes réguliers. Un lézard au bout de quelques
minutes, un cheval au bout de quelques semaines.
112. L'immense mémoire mentale de chaque être humain garde des
souvenirs ineffaçables, qu'il soit féminin ou masculin, et quels que soient sa
couleur de peau, son origine sociale et sa provenance géographique sur la
planète. Chaque fois que nous rencontrons un être humain quel qu'il soit,
regardons bien son crâne et disons-nous que sous ce capot crânien, il y a
près de cent milliards de neurones et surtout des capacités mentales aussi
puissantes que celles que nous avons sous le nôtre. Alors, pourquoi refusons-
nous, dans nos comportements, actes et faits l'article 1er des droits humains ?
113. Le bébé humain grandissant devient majeur quand il se trouve
autonome. C'est-à-dire quand il devient responsable de sa propre existence,
ou responsable - ou co-responsable en couple - de la subsistance d'une
famille.
(*)Animaux mentalisés : ce sont les reptiles et les mammifères dont nous. Ces animaux ont un triple
cerveau : un cerveau reptilien, le plus ancien, le cerveau des instincts et des automatismes
neuromusculaires et hormonaux pour la survie immédiate ; un cerveau mammalien (de mammifère)
ou limbique, émetteur de nos affectivités premières ; et un troisième cerveau, le plus récent, appelé
néocortex, une simple mémoire, vide au départ de notre vie individuelle. Chaque jour qui passe, pour
nous adapter aux divers milieux et circonstances que nous présente notre planète Terre, nous
enregistrons dans cette mémoire les essais d'actes suivis de succès ou d'échecs parfois mortels. Ce
sont des expériences heureuses ou malheureuses qui construisent et perfectionnent notre intelligence
mentale. Nous sommes donc des êtres mentalisés.
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27. Le projet Fokonolona mivao.
Pour pouvoir survivre ou mieux vivre au moins localement, un être
humain majeur a acquis dans son immense mémoire mentale un ensemble
suffisant d'expériences personnelles : un savoir suffisant sur son
environnement naturel et social, des convictions personnelles, un savoir-faire
technique et technologique, un savoir vivre avec les voisins. Personne d'autre
ne peut connaître mieux que lui ses propres problèmes vitaux, ses
expériences et performances personnelles et ses aspirations profondes.
Ce socle d'acquis mentaux d'un être humain majeur est forcément
différent d'un individu à l'autre. Mais il a la même valeur vitale et sociale que
celui de n'importe quel autre être humain majeur, que celui-ci soit savant ou
ignorant, en haut ou en bas de l'échelle sociétale et sociale. En nous rappelant
la puissance phénoménale cachée sous le capot crânien de chaque être
humain vivant, nous ne pouvons qu'approuver l'exactitude et l'importance de
l'article 1er des droits humains.
114. L'immense mémoire mentale de l'être humain adulte lui permet de choisir
entre deux logiques sociales qui s'excluent l'une l'autre : soit la jungle
interhumaine, pyramidale, soit le vivre bien ensemble, forcément d'une
manière horizontale. Ce choix, conscient ou instinctif, se fait dans le couple,
dans le quartier, à l'entreprise, dans la cité, dans le pays, dans le monde.
Ces deux logiques sont sociobiologiques. C'est-à-dire elles sont
nécessaires, l'une ou l'autre, pour survivre ou mieux vivre en présence des
autres êtres humains, sur notre vaisseau spatial commun à tous et toutes.
Ainsi, l'article 1er des droits humains s'avère totalement inutile dans la jungle
des humains bestialisés, mais devient fondamental dans le vivre bien
ensemble.
C. L'article 1er de la Déclaration des droits humains devient
aujourd'hui une urgence vitale pour l'humanité.
115. L'espèce humaine existe depuis environ trois millions d'années sur la
planète Terre. Jusqu'à présent, l'humanité a vécu et vit toujours une dizaine de
jungles interhumaines : le patriarcat, l'esclavage, le servage, le royalisme, le
colonialisme, le néocolonialisme ou impérialisme, le capitalisme libéral sous
ses trois formes usurière, actionnariale et spéculative, le présidentialisme,
les dictatures y compris stalinienne et le néolibéralisme.
Tous ces systèmes sont jungliers et reposent sur la domination-
prédation par une poignée de personnes sur toutes les autres. Ils sont tous
pyramidaux, génèrent naturellement et automatiquement des inégalités
sociales qui se creusent inexorablement et à l'infini. Ils déclenchent ainsi tous
les conflits sociaux, armés ou non, sans exception.
116. Tant que les acquis scientifiques et technologiques de l'humanité étaient
modestes, vivre côte à côte entre humains dans un ordre de domination-
prédation imposé par ces divers systèmes jungliers était plus ou moins
supportable entre voisins et relativement anodin pour l'espèce humaine.
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28. Le projet Fokonolona mivao.
117. Maintenant que les avancées scientifiques et technologiques
parviennent, sous l'impulsion de la logique junglière dominante, à créer,
fabriquer et disséminer des armes de destruction humaine massive et des
produits de dévastation rapide de l'environnement planétaire, maintenant
que ces avancées scientifiques et technologiques prennent une progression
fulgurante (exponentielle), l'humanité aborde un tournant périlleux pour sa
propre existence.
Il ne s'agit plus de choisir entre deux logiques sociales, entre la
pyramidale et l'horizontale. L'abandon de la logique sociale pyramidale dans
les têtes, dans les institutions, entre les individus et entre les États devient
une urgence vitale. Sinon, l'humanité va irrémédiablement vers son
autodestruction totale et définitive. Il est grand temps que les hommes et les
femmes s'humanisent (*). À commencer par respecter l'article 1er des droits
humains.
D. Le Fokonolona mivao sera une réponse positive forte à cette
urgence vitale pour l'humanité
118. Le Fokonolona mivao répond parfaitement à cet appel urgent pour sauver
notre espèce.
Le monde malgache actuel est pyramidal. La pyramidalité sociétale est la
cause unique de tous les conflits sociaux à Madagascar et dans le monde. Le
Fokonolona mivao horizontalisera la société malgache. Voilà en trois phrases
(syllogisme) l'idéologie fondamentale du Fokonolona mivao. Elle n'est pas une
utopie, elle est urgente à réaliser.
119. Et les réalisateurs et réalisatrices du projet Fokonolona mivao, qui se
sont donné le surnom de Mpivoy (co-rameur), auront participé grandement et
activement au salut de l'espèce humaine et, soit dit en passant, … au retour
triomphal de l'article 1er et des articles suivants de la Déclaration universelle
des droits humains de 1948.
(*) S'humaniser : sortir de la mentalité junglière et pyramidaliste et accéder à la
logique du toi-et-moi horizontal, solidaire; universel et responsable pour vivre bien
ensemble sur notre planète commune, par éducation et volonté.
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29. Le projet Fokonolona mivao.
Annexe I : Lettre ouverte
au peuple et aux ami-e-s du peuple de Madagascar.
Sept propositions concrètes
pour renforcer l'efficacité de la voie de sortie
de crise par et pour le fokonolona.
Nous soussignés, Francine Ranaivo et Joseph Raharijesy, simples
citoyens malgaches soucieux du devenir du Peuple et de la Nation malgaches
et sans prétention à aucun poste électoral, adressons cette lettre ouverte au
peuple de Madagascar, à ceux et celles qui détiendront les hautes
responsabilités de l'État malgache, au FFKM (Conseil des Églises Chrétiennes
de Madagascar) et à tous les amis et amies du peuple de Madagascar.
Pendant plus d'un siècle maintenant, le peuple de Madagascar a subi la
domination et le parasitisme permanents de puissants prédateurs* venus de
l'extérieur. Mais il a toujours su et pu conserver ses forces d'unité nationale, de
pacifisme conscient, d'entraide entre Malgaches et d'hospitalité à tout
"étranger". Ceci, grâce surtout aux églises chrétiennes malgaches, en
particulier protestantes et catholique, puissances nationales devenues de
grandes forces populaires à Madagascar.
En conséquence, ce peuple mérite le retour, le respect et le
développement de sa souveraineté nationale et citoyenne. Cette double
souveraineté malgache s'impose, à notre profonde conviction, comme
un préalable incontournable pour éradiquer la pauvreté à Madagascar
et pour que les Malgaches et l'État malgache puissent assumer
pleinement toutes leurs responsabilités dans le maintien de la
capacité biogénique de notre planète Terre.
Aujourd'hui où la situation devient insurrectionnelle, le peuple doit prendre
courageusement mais pacifiquement le contrôle de la Nation malgache et ne
plus le lâcher. Comment ? Nous lui proposons l'auto-réactivation immédiate du
fokonolona, solution déjà avancée par d'autres citoyens malgaches avant
nous. Nous avons déjà développé trois des arguments de la pertinence du
fokonolona*. Par la présente lettre, nous avançons sept propositions concrètes
pour garantir la réussite des fokonolona mivao. Mais quelle que soit la voie de
sortie de la crise actuelle, les sept propositions suivantes resteront toujours
valables pour résoudre rapidement la misère populaire et le sous-
développement.
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30. Le projet Fokonolona mivao.
1. Nous proposons que les fokonolona se réactivent. Qu'ils s'érigent en
instances co-délibératives de base de l'État. Qu'ils organisent la survie et le
mieux vivre de la population locale sans oublier les orphelins mineurs et les
impotents par handicap et/ou par l'âge avancé. Et qu'ils participent en même
temps à la mise en place d'une Constitution par laquelle, en s'aidant de nos
propositions, ils prendraient la maîtrise constante et définitive de toutes les
affaires de la Nation.
2. Entre les fokonolona, nous proposons une structuration
horizontale.
Nous proposons un système délibératif horizontal. Chaque fokonolona
décide et exécute ses décisions sur tous les problèmes locaux. Il émet des
décisions primaires en ce qui concerne les responsabilités nationales et
internationales. Les fokonolona d'un Fivondronana élisent au suffrage universel
un-e député-e de Fivondronana qui légifèrent en Assemblée nationale. Les
fokonolona ont le pouvoir de destituer leurs élu-e-s à tout moment, et disposent
de l'initiative de proposition de lois et de proposition et d'organisation de
référendum constitutionnel.
Nous proposons un système exécutif composé d'un gouvernement
national collégial élu par l'Assemblée nationale et responsable devant elle. Le
gouvernement nomme et a le pouvoir de révoquer un exécutif collégial par
Faritany, un exécutif collégial par Fivondronana , un exécutif collégial par
Firaisana, et une représentation de l'État malgache pour les affaires
internationales et mondiales (ONU), qui défendrait en permanence la paix dans
le monde, le désarmement général et la logique sociale du toi-ET-moi* solidaire
et horizontal - et non celle du moi-OU-toi* concurrentiel et vertical - entre les
individus, entre les peuples et les États.
Nous proposons un système judiciaire indépendant du système délibératif
et du système exécutif. Nous proposons que la justice soit d'abord et
essentiellement sociale et éducative, et ne devienne répressive qu'en tout
dernier recours.
Nous proposons une présidence collégiale et tournante de la
République malgache, composée chaque fois d'un homme et d'une femme,
présidence qui tourne par trois ans sur les six provinces, élue au suffrage
universel provincial. La collégiale présidentielle est le chef suprême de la
sécurité publique, veille au respect de la Constitution, organise les cérémonies
nationales et représente l'État malgache dans les cérémonies internationales
et mondiales.
3. Les député-e-s ne seraient donc plus que des missionnaires des
fokonolona : Ils coordonneraient les décisions primaires au niveau de
l'Assemblée nationale, négocieraient celles incompatibles entre les fokonolona
intéressés, et légifèreraient conformément aux décisions primaires ainsi
coordonnées. L'Assemblée nationale nommerait le Gouvernement après
consentement majoritaire des fokonolona. Elle ne pourrait destituer le
Gouvernement qu'après acceptation majoritaire des fokonolona qui auraient été
saisis d'une proposition argumentée de destitution.
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31. Le projet Fokonolona mivao.
4. Nous proposons que la santé, l'éducation, le logement et le
ravitaillement en denrées alimentaires, en eau potable et en énergies
relèvent par la Constitution des responsabilités strictes de l'État malgache,
donc du monopole de services publics et d'entreprises publiques démocratisés
et mis en péréquation*, co-gérés par les fokonolona.
5. Les fokonolona doivent avoir la maîtrise absolue et permanente de
la finance : maîtrise de la monnaie malgache, des banques d'émission et de
dépôts, du change, du crédit, des transferts de fonds à l'intérieur du territoire
national et vers l'extérieur du territoire, de l'emploi des aides publiques venant
des pays offrant, de la co-gestion des biens communs de l'humanité.
Parallèlement, se dotant d'un service financier public national, les fokonolona
doivent favoriser les initiatives individuelles et collectives de formation initiale
et continue, de créations d'emplois, de sécurité sociale* pour tous et toutes, de
satisfaction des besoins populaires de première nécessité, d'un pouvoir
d'achat populaire suffisant pour que chacun et chacune vive décemment.
6. L'État malgache doit garantir le pluralisme et l'indépendance
journalistiques.
7. Nous proposons à l'élite amie et collaboratrice du peuple*, qu'elle
soit ou non malgache, de se mettre à la disposition des fokonolona.
Nous proposons à chaque membre de cette élite - dont nous deux faisons
partie - la mise en priorité absolue des intérêts démocratiques, économiques et
sociaux du peuple, donc le refus de toute corruption financière. Nous lui
proposons la fierté de résister à la course aux gradins proposés par les
prédateurs extérieurs et intérieurs, et de respecter les choix électoraux des
fokonolona. Nous lui proposons d'apporter aux fokonolona, sans esprit de
retour, ses idées, ses compétences, ses expertises, son savoir en matière de
nivellement par le haut des pouvoirs d'achat populaires dans le monde, en
matière de l'arrêt du remboursement de la "dette" odieuse, en matière de
monnaies, en matière de crédits pour la formation et la création d'emplois, en
matière de droits financiers de l'État malgache dans les richesses produites à
Madagascar et dans les biens communs de l'humanité, en matière de mise en
place d'une sécurité sociale* pour tous et toutes, etc.
Les fokonolona ainsi mivao éradiqueraient la corruption des responsables
par le haut et par le bas, anéantiraient les trafics illicites et établiraient mieux
que quiconque la sécurité et la solidarité - le toi-ET-moi* horizontal et fraternel
- dans et entre les fokontany.
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32. Le projet Fokonolona mivao.
Par cette lettre ouverte, nous voulons démontrer la pertinence* et
l'opportunité actuelle de la rénovation du fokonolona. Nous soumettons
évidemment nos propositions au débat public pour apporter les améliorations
nécessaires. Mais nous avons la certitude que les Malgaches majeur-e-
s* réuni-e-s dans ces assemblées souveraines de proximité et dans
une pratique d'intelligence collective* sont absolument aptes à sortir
rapidement leur pays de la famine, de la pauvreté et du sous-
développement. Ce n'est pas une utopie car toutes les conditions sont
aujourd'hui réunies pour réaliser cette prise en charge pacifique et citoyenne
des affaires malgaches par le peuple lui-même.
Avec sa longue et grande expérience d'insoumission pacifique et pacifiste
à l'occupant prédateur (*), avec ses vertus bien trempées d'unité nationale, de
pacifisme conscient et d'hospitalité à toute épreuve, le peuple de Madagascar
doit reprendre courageusement sa souveraineté par la rénovation du
fokonolona. C'est le moment. La communauté internationale doit respecter ce
grand peuple et l'aider à réussir son dessein national.
Lettre ouverte publiée ce 27 février 2009,
par Joseph Raharijesy et Francine Ranaivo, simples citoyens malgaches.
(*) Ceux et celles qui désirent avoir plus de précisions sur ces notions peuvent les demander à
joseph.raharijay@wanadoo.fr qui les donnera GRA-TUI-TE-MENT.
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33. Le projet Fokonolona mivao.
Annexe II : Lettre ouverte n°
2
au peuple et aux ami-e-s du peuple de Madagascar.
Trois principes rénovateurs du Fokonolona
pour qu'il devienne l'outil efficace de l'auto-secours et de l'auto-
développement du peuple malgache.
Nous soussignés, Francine Ranaivo, Joseph Raharijesy, Brice Randrianasolo
et Julien Rakotoarimanana et Précieux Massin Lebitasy, simples citoyens malgaches
soucieux du devenir du Peuple et de la Nation malgaches et sans prétention à aucun
poste électoral, adressons cette 2ème lettre ouverte au peuple de Madagascar, à tous
les responsables des fokonolona, à l'élite malgache, à ceux et celles qui détiennent
ou qui détiendront les hautes responsabilités de l'État malgache, au FFKM (Conseil
des Églises Chrétiennes de Madagascar) et à tous les amis et amies du peuple de
Madagascar.
Madagascar est dans une situation insurrectionnelle : les gouvernants n'arrivent
plus à gouverner, et le peuple ne veut plus obéir aux gouvernants. La grande
majorité des Malgaches des villes et de la campagne ont perdu leur confiance en
leurs "élus" et, pire, ils ne voient pas leur salut dans les élections prochaines. Nous
appelons solennellement tous nos compatriotes à refuser catégoriquement toute
tentative de guerre civile, à s'opposer à toute démarche pour nous monter les uns
contre les autres.
Car heureusement, le peuple malgache dispose de deux grands atouts. Son
premier atout se trouve dans sa triple culture profonde d'unité nationale, de
fihavanana (concorde sociale) doublé de pacifisme volontariste et d'hospitalité
naturelle. Son deuxième atout est l'existence d'un outil démocratique de proximité : le
Fokonolona.
Les différentes autorités malgaches depuis la colonisation jusqu'à présent n'ont
pas aboli le Fokonolona. Mais elles l'ont instrumentalisé pour asseoir solidement leur
domination sur le peuple. Les 80% de la population s'en trouvent dans un état de
détresse vitale permanente. Eh bien, le peuple peut et doit saisir tout de suite cette
institution où les citoyens et les citoyennes peuvent se réunir et décider ensemble
légalement. Il peut et doit la saisir pour résoudre d'une façon collective, directe et
pacifique tous ses problèmes, petits et grands, qui le mettent dans cet état humain et
social désastreux.
Pour y parvenir, le peuple réuni en Fokonolona peut s'ériger en acteur de son
propre secours. Il peut et doit se donner trois principes fondateurs, trois conditions
nécessaires et suffisantes pour être efficaces : le fihavanana mivao, le rôle
facilitateur de l'élite malgache, et la souveraineté des décisions des fokonolona
(dinam-pokonolona).
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34. Le projet Fokonolona mivao.
Principe fondateur n° : Le FIHAVANANA MIVAO.
1
Cette concorde sociale, chère aux Malgaches, doit se réinstaller dans chaque
fokontany, par une auto-éducation en trois actions permanentes : chercher
ensemble, décider ensemble, progresser ensemble (miara-mitady, miara-
manapaka, miara-mandroso), incluant dans cette triple action la clause essentielle de
ne jamais laisser personne de son fokontany oubliée sur le bord du chemin.
Seuls les habitants de chaque fokontany connaissent leurs vrais problèmes
vitaux au quotidien – et non des experts ou autres spécialistes, encore moins un
dictateur -. Et l'expérience a démontré qu'avec la méthode "métaplan", ils peuvent les
résoudre ensemble tout de suite.
Principe fondateur n° : Le rôle facilitateur de l' élite malgache.
2
Tous les "Gasy nahita fianarana", avec ou sans diplôme, devront apporter
une aide technique aux fokonolona, et non le dominer ni le détourner. Aide à
l'information préparatoire des réunions délibératives, aide à la réussite du
déroulement de ces réunions, aide à la réalisation technique des décisions prises. En
particulier : - Aide à la démarche pour la suppression immédiate de la "dette"
extérieure et des plans d'ajustement structurel y afférents, aide à la rénovation des
services publics et à leur extension dans les domaines où le service public est
nécessaire. - Aide à la construction, à la réalisation et au suivi des projets décidés. -
Aide à la maîtrise de la monnaie malgache (l'ariary), du crédit en monnaie malgache,
du commerce extérieur et intérieur équitable et du change nécessaire. - Aide à la
formation initiale et permanente des personnels nécessaires à l'exploitation
rationnelle et écologique des richesses naturelles du pays. - Aide à consommer en
connaissance des responsabilités sanitaires, sociales et écologiques nécessaires, du
local au planétaire.
Principe fondateur n° : La souveraineté du Fokonol ona.
3
Les fokonolona constituent les seuls outils efficaces pour que le peuple puisse
casser tous les facteurs qui le paralysent. Ils peuvent prendre toute la responsabilité
de leurs actions. En conséquence, aucune autorité ne devra les superviser ni
opposer un veto à ses décisions (dina).
Dans une lettre ouverte n° du 29 février 2009, nou s avons émis SEPT
1
PROPOSITIONS CONCRÈTES pour la structuration de la nouvelle République des
fokonolona mivao.
Nous avons ouvert un site Internet www.fokonolona-mivao.org pour ceux et
celles qui désirent connaître tout le projet Fokonolona mivao : son fondement sur les
réalités malgaches actuelles, le trépied base du Fokonolona mivao, les DEUX VOIES
PACIFIQUES ouvertes pour nous y amener, les QUATRE GRANDS PAS À
FRANCHIR dans ces voies, et les ressources en femmes hommes et en moyens
(Stratégie).
En rénovant ainsi le fihavanana malagasy, avec l'aide sincère et active de son
élite et en imposant la souveraineté de ses décisions, chaque fokonolona deviendra
à la fois un instrument efficace et irremplaçable pour lutter contre la pauvreté et une
grande école de la vie pour chaque citoyen et chaque citoyenne pour s'humaniser.
Car "On ne naît pas homme, on le devient" (Érasme).
La présente lettre ouverte est publiée ce 13 octobre 2009
par Francine Ranaivo, Joseph Raharijesy, Brice Randrianasolo, Julien Rakotoarimanana et
Massin Lebitasy.
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