4. YVONNE, 55 ANS : "Le problème sera toujours là, avec toutes les racailles“ Habitante del edificio Champagne en Beauval
5. De la vie aux champs à la vie en HLM... Le changement fut radical. "La première fois que j'ai vu une négresse, ça m'a fait peur." Mais Yvonne s'est acclimatée. Au début des années 1970, Beauval était, selon elle, "un quartier chic" , qui logeait des "gendarmes" , des "médecins" . Les pelouses étaient entretenues, "un homme de main sortait les poubelles, deux femmes faisaient le ménage" . Et le gardien veillait à ce que le règlement intérieur fût respecté. "On nous collait des amendes lorsque les voitures étaient mal stationnées." Bref, dans le souvenir d'Yvonne, c'était l'âge d'or. Un cadre de vie "impeccable" , pas d'insécurité. "Ma "grande" jouait sur la pelouse avec sa dînette, ses poupées Barbie. Personne ne les lui prenait."
6. Depuis quelques années, "Champagne" était devenu méconnaissable aux yeux d'Yvonne. Elle avait "honte de pas-ser par le hall" . Ça sentait "la pisse, la merde" . Les boîtes aux lettres étaient "démolies, démontées" . "Vous -trouviez- des papiers, des crachats, de l'huile qui coule dans les escaliers." Et pourtant, elle reste attachée à son ancien immeuble. Au point qu'elle a du mal à se décider pour "arranger" son nouvel appartement. "Je n'arrive pas à fixer les cadres au mur." Comme si elle n'était là que pour quelques mois ; comme si elle allait retourner "là-bas" . Au fond, Yvonne trouve qu' "ils" n'auraient pas dû prendre la décision de démolir. "Le problème sera toujours là, avec toutes les racailles" qui n'ont "pas de morale" , "pas de repère" .