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COMMERCE ÉQUITABLE ET DURABLE AU PÉROU
LES ORGANISATIONS SOUTENUES PAR LE TRADE FOR DEVELOPMENT CENTRE
2
© CTB, Agence belge de Développement – Septembre 2015.
ÉDITEUR RESPONSABLE
Carl MICHIELS
RÉDACTION
Pascal Laviolette, Dan Azria, Peter Cristiaensen, Samuel Poos
CONCEPTION
Samuel Poos
PHOTO COUVERTURE
Artisanat péruvien - Crédit : McKay Savage
Cette publication du Trade for Development Centre ne représente pas l’avis officiel de la Coopération belge au Développement
TRADE FOR DEVELOPMENT
CENTRE
CTB, 147 rue Haute
1000 Bruxelles
www.befair.be
Introduction (p.4)
Qu’est-ce que le commerce équitable ? (p.6)
Filières intégrée et labellisée (p.7)
Le commerce durable (p.8)
Le café (p.9)
• Cenfrocafe (p.10)
• Cecovasa (p.14)
Le cacao (p.17)
• Cepicafe (p.18)
Table des matières
Le Physalis (p.20)
• AgroAndino (p.21)
Artisanat équitable (p.23)
• Allpa (p.24)
• Royal Knit (p.26)
Le bois durable (p.28)
• Aider (p.29)
L’or équitable (p.31)
• Red Social (p.32)
Vers une émancipation économique et sociale (p.34)
4
Berceau de l’Empire inca, le Pérou abrite quantité de
trésors naturels ou culturels parmi les plus précieux
au monde, tels le Machu Picchu ou le lac Titicaca.
Les modes de vie ancestraux et indigènes perdurent
dans les montagnes de la Cordillère et dans la forêt
amazonienne. Une forêt qui abrite d’autres joyaux :
des écosystèmes d’une richesse exceptionnelle
accueillant une flore et une faune insoupçonnables.
En termes économiques, les Péruviens peuvent
compter sur de nombreuses ressources naturelles
(minerais, pétrole et gaz) et sur d’autres secteurs
attrayants (agroalimentaire, pêche et tourisme). Et
pourtant, une part de la population n’est pas associée
aux revenus générés par ces multiples richesses…
Dans ce contexte, le commerce équitable et durable
trouve à la fois toute sa légitimité et un écho
impressionnant. Le "Comercio Justo" associe
croissance économique et juste redistribution de la
richesse produite au bénéfice du plus grand nombre,
en particulier des familles paysannes marginalisées.
Enfants du Pérou et chocolat équitable - Crédit : Eric Garnier / Alter Eco
Introduction
4
50 ans de Coopération 6 ans d’action du Trade for Development Centre
Le Trade for Development Centre est un programme de
l’Agence belge de développement pour promouvoir le
commerce équitable et durable, et améliorer l’accès au(x)
marché(s) des organisations de producteurs.
Les coopératives agricoles et les groupes de producteurs
partagent souvent bien des caractéristiques : un solide
engagement, un énorme potentiel, mais aussi un manque
flagrant de ressources et de connaissances des marchés
qui entraîne la perte de nombre d'opportunités de
développement.
C'est précisément à ce niveau que le Trade for
Development Centre (TDC) entend faire la différence.
Il soutient des projets mis en oeuvre dans les pays
prioritaires de la Coopération belge, dans trois domaines :
l’augmentation des capacités de gestion des
organisations de petits producteurs, l'amélioration de la
qualité des produits et le développement des
connaissances des marchés locaux, régionaux et
internationaux.
Le premier accord de coopération signé par les
ministres belge et péruvien entre les deux pays
remonte à 1965.
Un demi-siècle plus tard, la Coopération belge est
toujours active dans ce pays andin et le Trade for
Development Centre y soutient ou y a soutenu 8
projets relatifs au commerce équitable et durable.
Une raison suffisante pour rendre visite aux
cacaoculteurs, producteurs de physalis,
caféiculteurs, bûcherons, artisanes, tisseuses et
mineurs derrière ces projets.
5
Vue panoramique de Cuzco - Crédit : Cacophony
Qu’est-ce que le commerce équitable ?
Le commerce équitable (fair trade) est fondé sur l’idée que « quiconque travaille a droit à une rémunération équitable lui
assurant, ainsi qu’à sa famille, une existence conforme à la dignité humaine. » (Article 23 de la Déclaration universelle des
droits de l’Homme).
Ce système d'échange vise à resocialiser l’acte marchand et
réduire les inégalités en utilisant le commerce comme levier de
développement. Il se veut aussi l’application concrète des
principes du développement durable au travers des échanges
commerciaux, en proposant :
• un prix, un salaire décent payé aux producteurs (souvent via
la fixation d’un prix minimum garanti payé au niveau des
organisations)
• une prime "de développement" (en sus du prix équitable)
utilisée pour la réalisation d'investissements productifs et/ou de
programmes sociaux (alphabétisation, accès aux soins, etc.).
• des conditions et délais de paiement favorables (voire des
possibilités de préfinancement),
• des relations durables entre partenaires économiques,
• la limitation des intermédiaires,
• le respect des droits fondamentaux des travailleurs (liberté
syndicale…),
• la transparence sur l’origine du produit et sur les étapes de sa
commercialisation,
• un mode de production respectueux de l’environnement
• et enfin des produits de qualité proposés aux consommateurs.
6 Nelly Escurra Chuco, Coopérative Agropia - Crédit : Agropia / Equitable
Filières intégrée et labellisée
La filière spécialisée
La filière dite « spécialisée » ou « intégrée » cherche à
maintenir un maximum d’activités de production et
d’échanges sous le contrôle des organisations spécialisées,
se réclamant d’un mouvement socio-politique du commerce
équitable.
Elle a donc ses propres importateurs, ses propres réseaux
de distribution (comme Oxfam-Magasins du monde en
Belgique) et des systèmes de garantie spécifiques. Un
grand nombre d’acteurs de cette filière sont réunis au sein
de l’Organisation mondiale du commerce équitable
(WFTO).
La filière labellisée
La filière dite « labellisée » fait appel à un système de
garantie par la certification des produits, en apposant une
marque-label aux produits du commerce équitable et en
cherchant à contrôler les conditions des échanges entre
producteurs et importateurs conventionnels.
Les principaux réseaux de ventes dans cette filière sont les
enseignes de la grande distribution, mais aussi l’hôtellerie
et la restauration. Le label de commerce équitable le mieux
connu au niveau international est le label Fairtrade, mais il
y en a d’autres, comme Ecocert équitable, le label des
petits producteurs, Fair for Life ou encore FairWild.
7
8
Le commerce durable ?
On parle de commerce durable lorsque les échanges
commerciaux de biens et de services génèrent des bénéfices
sociaux, économiques et environnementaux en conformité avec
les principes fondamentaux du développement durable :
• Création de valeur économique
• Réduction de la pauvreté et des inégalités
• Préservation et réutilisation des ressources
environnementales.
Par l’utilisation du mot « durable », les initiateurs de ces pratiques
entendent mettre l’accent non seulement sur des conditions de
travail décentes, mais aussi sur le fait que ces échanges
commerciaux s’effectuent avec une réelle prise en compte des
ressources environnementales et un souci de préservation et de
régénération des matières premières.
Le commerce équitable et le bio sont des modèles spécifiques du
commerce durable.
Environnement
Société
Equitable Vivable
Economie
Viable
Durable
Le café au Pérou
Trois pays fournissent près de 60% de la production mondiale
de café : le Brésil, le Vietnam et la Colombie.
Le Pérou occupe le onzième rang avec 2,88 millions de sacs
de 60 kgs en 2014 (une chute de 33% par rapport à 2013 en
raison de la maladie de la rouille des feuilles, largement
répandue dans les parcelles), contre près de 45,34 millions
pour le Brésil. Quasi exclusivement composée d’arabicas, la
production de café fait vivre 855 000 personnes,
essentiellement dans des régions pauvres, reculées du pays.
Sa culture est d’ailleurs encouragée par le gouvernement,
comme alternative à la production de feuilles de coca.
Du café de qualité
Pour concurrencer le Brésil, dont les coûts de production sont
réduits grâce à la mécanisation, le Pérou ne peut jouer que la
carte de la qualité. En raison des tailles et des pentes des
parcelles, de l’impossibilité de mécanisation et des
enclavements propres à la zone andine, les perspectives de
développement reposent sur les marchés de niche : le café
haut de gamme, le café bio, le café équitable. D’où le
développement des certifications durant les années 1990. Et
aujourd’hui, avec plus de 90 000 hectares certifiés, le Pérou
est le premier exportateur mondial de café biologique.
9 Café - Crédit Timothy Herbert / Oxfam Australie
10
Aujourd'hui, alors que le commerce équitable atteint une certaine
maturité, les organisations de producteurs sont confrontées à un double
défi : celui de la diversification (pour ne plus dépendre des ventes d'un
seul type de produit) et celui de vendre à la fois sur les marchés locaux,
nationaux ou régionaux.
Née dans les provinces fertiles de Jaen et de San Ignacio dans la région
de Cajamarca au nord du Pérou, Central Fronteriza Del Norte De
Cafetaleros ou CENFROCAFE est emblématique de ce mouvement. et
de la volonté des acteurs engagés localement de rayonner au niveau
national pour partager ces valeurs solidaires.
Grandir avec le commerce équitable
Causée par la dérégulation brutale des marchés internationaux, la crise
mondiale du café du début des années 1990 a plongé des millions de
familles de producteurs dans la misère. Pour survivre, les planteurs
péruviens de la région de Caja Marca devaient vendre leurs récoltes à
des prix très bas à des intermédiaires locaux auprès desquels ils
finissaient par s'endetter. Nombre d'entre eux s'orientaient alors vers les
productions illicites (la coca en particulier). Confrontés à ces menaces et
aux risques de voir les plus jeunes d'entre eux abandonner leurs terres
pour rejoindre la misère des grandes villes, une vingtaine de producteurs
se sont organisés et ont créé une coopérative, la CENFROCAFE (Central
Fronteriza del Norte de Cafetaleros) pour mieux négocier leurs récoltes.
Pépinière de plants de café chez Cenfrocafe – Crédit : Cenfrocafe
En s'associant avec d'autres groupements (dont CEPICAFE),
les planteurs de CENFROCAFE ont pu augmenter leurs
revenus et réinvestir une part de ces ressources nouvelles
dans la modernisation de leurs exploitations. En 2007, après
des mois de préparation, la coopérative centrale a obtenu la
certification équitable Fairtrade pour sa production de café.
Multiplier les initiatives
Les bénéfices de cette transition vers l'équitable ne se sont
pas fait attendre et, forts de cette expérience, les
responsables de CENFROCAFE se sont engagés vers
d'autres types de certification (UTZ Certified et biologique),
multipliant ainsi les opportunités commerciales sur des
marchés spécifiques à haute valeur ajoutée.
11
Onorio, caféiculteur de CenfroCafe - Crédit : Trade Aid New Zealand / Michelia Ward
Le commerce équitable est d'un grand soutien
pour renforcer la compétitivité et le
développement durable de la coopérative et
des petits producteurs. Son impact
économique, social et environnemental est
vraiment considérable.
- Oscar Sandoval Peña, CENFROCAFE PERU
“
”
Joseph, caféiculteur de CenfroCafe - Crédit : Trade Aid New Zealand / Michelia Ward
Rebaptisée CENFROCAFE PERU en mai 2010, la
coopérative centrale fournit à ses plus de 1900 membres (des
groupements intermédiaires) des services dans quatre grands
domaines : assistance technique agricole, amélioration de la
qualité, renforcement organisationnel et accès aux services
de santé. Dans ces différents secteurs, CENFROCAFE PERU
organise des formations, intervient en conseil direct, met à
disposition des moyens mutualisés (laboratoires, pépinières,
centres d'apprentissage, etc.).
Dynamisme solidaire
Les responsables de CENFROCAFE PERU ont constitué une
cellule composée de travailleurs et de planteurs élus pour
gérer les primes de développement payées par les acheteurs
du commerce équitable et financer divers projets sociaux.
Dans ce domaine aussi, la liste des réalisations menées à
bien est impressionnante. Depuis le début, la priorité est
accordée aux questions d'éducation et de scolarisation,
d'accès aux soins de santé et de promotion de l'égalité
hommes-femmes.
Ce dernier point est particulièrement développé et des
structures spécifiques ont été instaurées (comité des femmes,
programme d'alphabétisation, etc.) pour affirmer durablement
la présence des femmes dans l'organisation, dans les
plantations, mais aussi dans les organes de décision et de
gestion. Lentement mais sûrement, ces efforts portent leurs
fruits et plusieurs femmes sont présentes dans le Conseil
d'Administration de CENFROCAFE PERU.
12 Producteur CenfroCafe - Crédit :Trade Aid New Zealand
L'accès au marché intérieur présente en effet de sérieux
potentiels pour les producteurs de CENFROCAFE PERU qui
ont travaillé à l'élaboration d'une gamme de produits adaptés
aux attentes des clients sur différents segments.
Afin d'imposer une présence rapide de ses produits sur ce
marché intérieur, la coopérative a mené des actions de
prospection ciblées, organisé des évènements, réalisé des
supports promotionnels et, surtout, lancé une chaîne de
cafétérias dans les grandes villes du pays.
À la fin du projet, respectivement 2091 et 1800 producteurs
avaient augmenté leurs revenus moyens de 40 % et 20% par
rapport au du début du projet, pour passer de 2495.5 à 3494
euros et de 2495.5 à 2995 euros par an. Des augmentations
dues aux meilleurs rendements, qui ont évolué de 15 qq/ha
pour atteindre 21 q/ha
En 16 ans de temps, CENFROCAFE PERU a contribué de
manière significative au développement de la région de
Cajamarca, en augmentant les ressources des familles de
planteurs, en finançant d'importantes infrastructures
collectives, en instaurant une culture entrepreneuriale tout à
fait remarquable. Née de la bonne volonté de quelques
paysans menacés par la misère, la coopérative est
aujourd'hui la quatrième organisation de producteurs de café
au Pérou.
Pour en savoir plus : www.cenfrocafe.com.pe
13
Réduire la dépendance aux exportations
De 2009 à 2012, le TDC a financé le développement d'une
filière intégrée de production-commercialisation de café
biologique équitable destinée au marché national.
Véritable success story du commerce équitable et durable,
l'histoire de CECOVASA, coopérative caféicole péruvienne,
illustre cette grande vérité : acheter du café certifié, c'est bien,
mais s’il est en plus excellent et bien présenté, c'est encore
mieux.
Des forêts tropicales aux sommets du monde
Fondée en 1970, la coopérative centrale CECOVASA (Central
de Cooperativas Agrarias Cafetaleras) regroupe aujourd’hui
huit coopératives intermédiaires et compte 4864 exploitants,
issus des communautés indigènes quechua et aymara des
vallées de Tambopata et de l'Inambari, au sud du pays.
Son adhésion au commerce équitable remonte à 1993, lorsque
ses membres ont été séduits par les perspectives de revenus
supérieurs à ceux du café conventionnel. Rapidement, la
coopérative centrale CECOVASA s'est illustrée par ses succès
et la pertinence de ses choix stratégiques.
Les bénéfices générés ont été en grande partie utilisés pour la
réalisation d'investissements productifs et la formation des
agriculteurs. Des centres de stockage ont été construits, un
laboratoire d'analyse a été créé pour travailler en permanence
à l'amélioration de la qualité du produit et, en 2010, la
coopérative a inauguré un nouveau site de traitement.
14 Producteur CECOVASA - Crédit : CECOVASA
15
Aujourd’hui, huit marques de café sont commercialisées
par la coopérative, huit références explicites aux
traditions et aux valeurs culturelles des producteurs
indigènes : Titicaca coffee, Aymara coffee, Bahuaja
coffee… Une fierté, certes, mais également une
diversification de l’offre et un positionnement marketing
réfléchis.
Ces efforts portent leurs fruits. Le café de CECOVASA a
remporté en avril 2010 le prix du choix du public décerné
au cours de la 22e rencontre de la SCAA (Specialty
Coffee Association of America), l'un des grands rendez-
vous mondiaux du café, ce qui en fait, selon certains
commentateurs, le "meilleur café du monde".
Les 8 marques de café de CECOVASA - Crédit : CECOVASA
Préparer l'avenir
En 2010, les responsables de CECOVASA ont initié un
nouveau projet pour améliorer les capacités de
production de 600 familles de producteurs venant des
zones les plus rurales du territoire couvert par la
coopérative.
Soutenu financièrement par le Trade for Development
Centre, ce programme se décline en quatre axes : une
augmentation significative des volumes de café certifié
(de 10 à 25 quintaux par hectare), le renforcement du
système interne de gestion (avec en particulier la
formation de 35 contrôleurs), la formation des
gestionnaires des coopératives membres, ainsi que la
participation de CECOVASA à différents concours de
cafés organisés au niveau local et national, et à trois
éditions de la BIOFACH en Allemagne (la principale foire
d’agriculture biologique en Europe).
16
A la fin du projet en 2013, les rendements étaient passés de
10 qq/ha à 18 qq/ha, ce qui a généré une augmentation de
20% des revenus.
Une finalité, le développement
A chaque étape de son développement, la coopérative
centrale a engagé une part importante de ses recettes dans la
réalisation de projets sociaux et communautaires.
Construction d'écoles, achat de fournitures, soutien aux
associations de femmes, création de centres de soins et de
dispensaires, financement d'équipements culturels… dans ce
domaine aussi, la liste des réalisations de CECOVASA est
impressionnante.
Réduire la pauvreté en produisant le meilleur café du monde.
De quoi être fier d'être équitable.
Pour en savoir plus : www.cecovasa.com.pe
Nous avons maintenant de meilleures
possibilités d’alimentation, un meilleur accès aux
soins de santé, une meilleure vie domestique,
plus d’enseignement et de possibilités de
formation pour nous et nos familles. La sécurité
qu’apporte le commerce équitable empêche les
paysans de se tourner vers des substances
illégales comme la coca. Ainsi, nous soutenons
nous-mêmes la protection de la biodiversité de
Bahuaja Sonene.*
- Miquel Paz, Cecosava
“
”* Source : www.oxfammagasinsdumonde.be
Grains de café.
Crédit : Cecovasa
Le cacao au Pérou
La production nationale de cacao dépasse les 71.000 tonnes
(elle a été multipliée par 5 entre 1990 et 2013). Les cultures
s’étendent sur 104.000 hectares et font vivre plus de 37.000
familles, principalement dans la partie basse de la Cordillère
des Andes, de 200 à 900 mètres d'altitude.
Dans la première moitié de 2015, les exportations de cacao
du pays ont totalisé 92,2 millions de dollars (dont 11 vers la
Belgique), ce qui représente une croissance de 10% par
rapport à la même période l'an dernier.*
Pendant des années, les politiques de modernisation du
secteur cacaoyer menées par les autorités péruviennes ont
encouragé la culture de la variété CCN-51, une espèce
hybride très précoce et productive, au taux de matière grasse
élevé, mais aux faibles qualités aromatiques. Tenus à l'écart
de ces réformes, les petits paysans pauvres ont conservé les
plants et les cultures traditionnelles de l'ancienne variété,
connue sous le nom de "criollo porcelana". Ces criollos
composent les cacaos les plus fins et les plus recherchés, à
l’arôme sucré avec un goût délicat et sans amertume.
Et c'est cet or blanc que les chocolatiers du monde
redécouvrent et recherchent pour leurs meilleures recettes. Le
Pérou s’est d’ailleurs bien positionné sur le marché du cacao
haut de gamme et de spécialité. C’est d’ailleurs le deuxième
pays producteur de cacao bio.
17 Cabosse de cacao et ses fèves. Cédit : kmf164
*Source : Asociación de Exportadores del Perú.
18
Si la coopérative Cepicafe (Central Piurana de Cafetaleros)
existe déjà depuis 1995 (dans la région de Piura, dans
l'extrême nord-ouest du pays), elle n'a aujourd’hui plus rien à
voir avec le petit groupe de paysans à l’époque à la recherche
d’un meilleur prix pour son café. Ces 20 dernières années, elle
a effectué un parcours remarquable en investissant dans
l'agroécologie ainsi que dans les marchés bio et équitable.
Depuis très longtemps, le cacao était lui aussi cultivé dans
cette même région, quoiqu’à une altitude moins élevée. Peu à
peu, les membres de Cepicafe ont pris conscience que la
variété traditionnelle locale de cacao, le criollo porcelana, avait
le potentiel de jouer dans la cour des grands.
Grâce à l'appui du Trade for Development Centre (TDC) et
d'autres donateurs, un programme a été mis sur pied en vue
d'améliorer durablement la qualité et la production de cacao, et
de décrocher une certification bio et équitable.
Et les résultats ont été au rendez-vous : leur cacao blanco a
raflé prix après prix grâce à son goût raffiné. Il a séduit des
chocolatiers renommés des quatre coins du monde. En 2006,
Cepicafe exportait 32 tonnes de cacao, un chiffre qui est passé
à 700 tonnes en 2014. La coopérative regroupe actuellement
plus de 90 organisations dont bénéficient plus de 6600
producteurs.
Cacaocultrice péruvienne - Crédit Eric Garnier/Alter Eco
Un rêve à réaliser
En 2014, le TDC décide de continuer à soutenir le projet
cacao de Cepicafe pendant un an. Outre les 9 organisations
et les 850 familles des régions de Tumbes et Piura, le groupe
cible inclut cette fois 200 familles originaires de la région
beaucoup plus pauvre encore de l'Amazonas. Nonobstant la
faiblesse des structures et la mauvaise infrastructure, cet
appui a pour ambition d'y optimiser le processus de récolte,
de fermentation et de séchage, et d'ainsi améliorer
grandement la qualité. Cepicafe entend également poursuivre
le développement de son réseau en nouant des contacts avec
des clients des marchés bio, équitable et autres, mais aussi
avec des autorités locales et régionales.
Cepicafe œuvre pas à pas à la réalisation d'un rêve : bâtir à
Piura sa propre chocolaterie, qui transformera le cacao en
chocolat pour le marché local et international, en conservant
une plus grande valeur ajoutée au Pérou. Début 2015, ce rêve
s'est encore rapproché de la réalité suite à la création d'une
joint venture avec l'entreprise néerlandaise Chocolatemakers.
19
Cacaoculteur péruvien - Crédit : Shared Interest
Grâce à CEPICAFE, nous obtenons de bien
meilleurs prix pour notre cacao. Nous pouvons
penser à une éducation de base pour nos
enfants, mais aussi leur permettre d'accéder à
l'enseignement supérieur.
A la maison, nous avons pu améliorer la qualité
de notre alimentation et nous avons aussi de
l'argent pour payer les soins et acheter de
nouveaux vêtements
- Miquel Paz, Cecosava
“
”
Pour en savoir plus : www.cepicafe.com.pe
Le physalis
20
Peu de plantes peuvent se vanter d'avoir autant de belles
appellations que les dizaines d'espèces de physalis. Les plus
couramment utilisées en français sont « amour en cage » ou
encore « lanterne chinoise ». Les variétés comestibles les
plus connues sont le tomatillo ou la cerise de terre du
Mexique (Physalis philadelphica) et le coqueret du Pérou,
aussi appelé baie des Incas (Physalis peruviana).
Baie comestible, le plus souvent de couleur dorée ou orangée
à maturité, elle renferme des vitamines et antioxydants en
grande quantité. La chair, qui contient de petites graines, a un
goût doux à aigre-doux. Le calice séché, d'aspect papier,
entourant la baie permet de garder au fruit sa fraîcheur
jusqu'à quelques semaines après la récolte.
Avec 90 % de la production mondiale, la Colombie est de loin
le principal exportateur. Au Pérou, la culture commerciale de
l'aguaymanto, l'appellation locale du physalis, est beaucoup
plus récente et surtout pratiquée pour l'instant par des petits
paysans. Vu l'inaccessibilité relative des zones andines
reculées, les Péruviens se sont tournés vers l'exportation de
baies des Incas séchées. Le séchage des fruits au soleil en
vue d'une plus longue conservation est une technique
ancestrale, remontant aussi à la culture inca.
L'État considère lui aussi l'exportation de fruits exotiques
comme une opportunité et vise essentiellement le marché bio,
notamment à travers l'installation de champs pilotes dans
différentes régions.
Physalis : Crédit photo RHiNO NEAL
Dans la région de Cajamarca, les communautés paysannes
pauvres s'efforcent de survivre en vendant sur le marché local
les légumes traditionnels, voire en les consommant elles-
mêmes.
Aux yeux de ces Indiens, l'aguaymanto a toujours constitué
une source importante d'apport en vitamines. Mais à présent,
ces baies orange vif sont soudainement devenues une
opportunité commerciale.
Avec 30 hectares de nouvelles plantations, la société
AgroAndino, promotrice du projet soutenu par le TDC, espère
générer des revenus pour ces communautés. Atout non
négligeable, la variété locale de la baie des Incas a un
excellent goût aigre-doux.
Du fruit séché au fruit frais
AgroAndino a créé dans la région une unité de production
dans laquelle, outre les aguaymantos, elle déshydrate aussi
des mangues, des bananes, des ananas et des grenades.
Afin de pérenniser le projet, la société accorde une grande
importance à la participation des agriculteurs. Il est donc
important de renforcer les Asociaciónes de Productores
existantes.
21
Physalis séchés. Crédit : AgroAndino
Crédit : Flora Cyclam
22
Coopérative péruvienne vendant sa récolte sur un marché de Lima
Crédit : Supayfotos/APEGA
Un sociologue est associé au processus afin de garantir qu’il
se déroule dans le respect des traditions indigènes. Le projet
mise par ailleurs sur des semences de bonne qualité, sur une
assistance technique fournie par des agronomes, ainsi que
sur des systèmes de contrôle de la qualité.
« Dans cette région reculée, il est particulièrement difficile
pour les agriculteurs de commercialiser leurs produits. Depuis
2008, nous leur offrons un appui technique, depuis la
plantation jusqu'à la récolte », nous explique Reinhard
Schedlbauer, responsable des opérations chez AgroAndino.
« Nous serons en mesure de leur garantir un prix équitable
grâce à une certification bio et, à terme, espérons-le, aussi
Fairtrade.
Nous avons intentionnellement installé ici notre ligne de
séchage, sur laquelle travaillent majoritairement des femmes,
afin qu’une partie de la valeur ajoutée demeure au sein de la
communauté locale. »
La société et les agriculteurs ont encore d'autres projets. Ils
espèrent ainsi, à l'instar de nombreuses autres coopératives
colombiennes, pouvoir exporter aussi des physalis frais. « Au
niveau du marché local, nous voulons confectionner des
sauces et des confitures, et générer ainsi des emplois
supplémentaires. »
Physalis peruviana. Crédit photo : SuperFantastic
Pour en savoir plus : www.agroandino-peru.com
Artisanat
équitable
Depuis le lancement des premières initiatives de commerce
équitable à la fin des années 1960, les principaux secteurs
d'activité qui bénéficient de ce mode de commercialisation
plus juste sont l'agriculture et l'artisanat. Les filières agricoles
qui se sont investies dans ce mode d'échange solidaire ont
globalement tiré profit de la labellisation de leur production,
avec notamment un accroissement de leur marge et, surtout,
une plus grande sécurisation de leurs marchés, malgré la
volatilité des cours et une forte dépendance aux conditions
climatiques. En ce qui concerne l'artisanat équitable, le
constat est différent.
Des millions de personnes concernées
Confronté à la concurrence industrielle des pays asiatiques
émergents, l'artisanat équitable souffre de problèmes
structurels liés en particulier à la désorganisation des filières
de production et à l'inadéquation de l'offre sur de nombreux
segments de marché. Pourtant, l'artisanat traditionnel
constitue l'une des principales sources de revenus pour des
millions de personnes pauvres en Amérique latine, en Afrique
et en Asie. La plupart du temps, ce sont les femmes qui
créent ces bijoux, paniers, broderies, céramiques ou
instruments de musique. Les recettes sont prioritairement
affectées à l'éducation, à la santé et aux besoins quotidiens
de la famille.
23 Artisane péruvienne. - Crédit : Jullien Lesceux/CTB
24
En 1982, un groupe d'universitaires de Lima au Pérou créent
Allpa (mot qui signifie "Terre" en langue quechua), une
société commerciale, pour aider les communautés indigènes
pauvres à vivre de leur savoir-faire traditionnel.
Membre depuis 2008 de la WFTO, l'Organisation mondiale du
commerce équitable, Allpa travaille avec 80 groupements
d'artisans (dont une majorité de femmes), répartis
principalement dans les faubourgs de Lima, mais aussi sur les
hauts plateaux et au nord du pays.
Céramiques, vêtements en laine d’alpaca, poteries, bijoux…
chaque communauté a ses spécificités et valorise ses
traditions avec l'appui d'Allpa qui en assure la promotion.
Le soutien qu'accorde Allpa à ces artisans couvre une large
palette de services, tant au niveau de la production (conseil
en développement de produits, formations techniques,
fourniture d'outils), qu'en termes de commercialisation
(participation à des salons, promotion des gammes).
Affronter la crise mondiale
La crise économique mondiale de 2008-2009 a durement
affecté l'activité commerciale d'Allpa et donc, celle de ses
fournisseurs.
Multiplication des impayés, chute des commandes de près de
40 %… les conséquences de la crise se sont révélées
dramatiques pour les centaines de familles qui dépendent des
exportations d'Allpa pour subvenir à leurs besoins.
L'équipe pluridisciplinaire en charge du pilotage stratégique
de l'entreprise a alors réalisé un diagnostic global, qui a mis
en évidence les principales faiblesses structurelles de l’offre
d’Allpa. Productivité trop faible, retard technologique,
mauvaise qualité des produits, promotion commerciale
insuffisante, les conclusions de cet audit ont permis
d'identifier les domaines dans lesquels Allpa et ses
fournisseurs devaient progresser pour accroître la
compétitivité de l'entreprise.
Un atelier d’Allpa Peru - Crédit : Allpa Peru
25
Le commerce équitable,
pour nous, c'est plus qu'un
prix juste. C'est une relation
transparente et partenariale
qui a pour principal objectif
de développer durablement
les activités des artisans
péruviens pour qu'ils
puissent grandir et devenir
des entrepreneurs
performants et responsables
de leurs communautés
- Luis Heller, gérant d'Allpa
“
”
Vases mis à sécher - Crédit Allpa Peru
Produire mieux, vendre plus
Ce diagnostic fut à l'origine d'un projet de développement
intégré qui bénéficie du soutien du Trade for Development
Centre.
Ce programme d'actions visait l’amélioration des
équipements, l’acquisition de matières premières de
meilleure qualité, le développement des gammes de
produits, le renouvellement du matériel promotionnel
(catalogues et vidéos) et la participation à différents salons
professionnels.
Des résultats visibles
Mis en place entre 2009 et 2011, ce projet a produit des
résultats concrets. De nombreux ateliers ont été modernisés
et équipés de nouvelles machines. Au niveau de la création
de nouveaux produits, les initiatives mises en place ont
permis de dépasser les objectifs initiaux, et ce sont près de 70
nouvelles collections qui furent conçues à partir de prototypes
développés dans le cadre du projet. Menées en parallèle, les
activités commerciales ont été très fructueuses, avec une
augmentation de plus de 30% du chiffre d'affaires en 2010 par
rapport à l'année précédente.
.
Pour en savoir plus : www.allpaperu.com
Dans la région frontalière de Puno et Cuzco, perchées dans
les montagnes, vivent des communautés indigènes qui
peinent à survivre de l’agriculture et de l’élevage d’alpagas et
de lamas.
C'est pourtant grâce à ces derniers que la région est aussi
réputée pour sa tradition ancestrale de tissage et de tricot,
remontant au temps des Incas.
Or, si traditionnellement, ce travail était l'apanage des
hommes, ceux-ci partent de plus en plus souvent à la
recherche d'emplois dans les mines, tandis que les jeunes
quittent la région, faute de perspectives.
Depuis 2012, le Trade for Development Centre (TDC) appuie
ici un projet de l'entreprise familiale Royal Knit, qui s'est
donné pour mission de former les « Indígenas » aux
techniques traditionnelles de tissage et de tricot pour, ensuite,
leur donner la possibilité de collaborer à ses collections.
L’entreprise compte 35 employés directs et 400 bénéficiaires.
Depuis 2004, Royal Knit est membre de la World Fair Trade
Organisation (WFTO). Elle a à son actif plus de 40 formations
organisées dans l'ensemble du pays et commercialise aux
quatre coins du monde les produits textiles réalisés par des
centaines de tisseuses.
Doublement des revenus
Le projet soutenu par le TDC se focalise sur l'organisation
d'une série de formations dans les communes d'Ocongate et
de Lampa, avec un double objectif en tête : d'une part,
préserver de l'oubli les techniques de tissage traditionnelles de
la région et, d'autre part, offrir des opportunités économiques à
tous ceux qui ne travaillent pas dans les mines.
26
Femme au travail à Ocongate © Royal Knit
La grande majorité des participants sont des femmes, mais
pas exclusivement. L'impact sur leurs revenus est
considérable : celles qui vivaient auparavant d'ouvrages faits
main ont plus que doublé leurs revenus. Autre effet positif :
dans les deux communes, les femmes se sont émancipées,
mais aussi associées afin de mieux organiser leur travail.
Les travaux de tissage et de tricot, effectués par les femmes à
domicile, s'avérant parfaitement combinables avec leurs
tâches ménagères et leur assurant un revenu, elles ont, pour
la première fois de leur vie, le pouvoir de prendre elles-
mêmes des décisions financières. Très souvent, leur priorité
va à l'enseignement, également pour leurs filles.
27
Des projets tels que celui-ci, même à petite
échelle, rehaussent la confiance en soi des
femmes et changent l'idée que les hommes se
font d'elles. Aussi avons-nous décidé de
prolonger le projet et d'offrir à ces groupes de
femmes la possibilité de concevoir une
collection ética de lujo (luxe éthique), qui sera
ensuite présentée par Royal Knit aux salons
(équitables) nationaux et internationaux.
- Steven De Craen, Trade for Development Centre
Pour en savoir plus : http://rkperu.com/en/
“
”
L’alpaga est principalement élevé pour sa laine, qui est plus douce, six fois plus
chaude, plus résistante et plus légère que celle du mouton. Crédit photo : Savard.
Le bois durable
Au début du XIXème siècle, les forêts tropicales couvraient
une superficie de 16 millions de kilomètres carrés à la surface
du globe. Aujourd'hui, il en reste moins de la moitié.
Cette spirale de la destruction n'est pas irréversible. Depuis
une vingtaine d'années, des initiatives sont mises en place
pour développer des activités forestières et une économie du
bois respectueuses de l'environnement et des populations
locales.
Initiative la plus connue, le Forest Stewardship Council (FSC)
a été créé en 1993 par des propriétaires forestiers, des
industriels, des organisations sociales et des associations de
protection de la nature pour promouvoir la gestion
responsable des forêts partout dans le monde. Pour ce faire,
le FSC a identifié une série de critères environnementaux,
sociaux et économiques que doivent respecter les exploitants
(et les intermédiaires) qui souhaitent bénéficier du label FSC.
Attribué au terme d'un audit mené par un organisme
indépendant, ce label garantit au consommateur que le papier
ou les matériaux en bois qu'il souhaite acheter proviennent
bien de territoires gérés durablement.
28 Forêt péruvienne - Crédit : Steve Goddard
Dans la région d’Ucajali, en forêt amazonienne, les
communautés Shipibo Conibo vivent traditionnellement de la
forêt et de l’abattage, mais les prix qu’elles obtiennent des
acheteurs sont dérisoirement bas.
Lorsqu’en 2005, elles ont été les premières communautés
indigènes à obtenir le label FSC avec l’aide de l’ONG
péruvienne AIDER (Association para la Investigación y el
Desarrollo Integral), leurs membres ont bien nourri l’espoir
d’en retirer des avantages économiques. Mais il n’en a rien
été. Leur faiblesse organisationnelle ne leur a pas permis de
fournir la qualité et la quantité requises.
À la demande de BOS+, une ONG flamande active dans le
domaine de la gestion forestière durable, le TDC a financé en
2010 un projet étalé sur trois ans.
Le premier volet comportait une série de formations en
administration, comptabilité, planification stratégique et
marketing, à l’intention des membres de la communauté. Des
ateliers techniques ont ensuite été organisés sur le terrain. Le
cœur du projet a toutefois été la construction d’un centre de
stockage, grâce aux fonds fournis par le TDC et d'autres
donateurs.
29 Les bûcherons Shipibo Conibo. Crédit photo : Aider
Un atout unique
Les premiers résultats sont prometteurs. Le projet génère de
nouveaux emplois, sensibilise à l’importance d’une gestion
forestière durable et garantit de meilleurs revenus pour les
communautés. 10 % de ceux-ci sont réinvestis dans un fonds
communautaire destiné à financer la construction d'écoles ou
l'électrification dans les communautés.
Mais, sur le plan commercial, il reste encore un long chemin à
parcourir : de nombreux acheteurs péruviens ne sont pas
disposés à payer plus pour du bois certifié, et l’offre de bois
de la Citeindigina doit encore trouver les bons acheteurs sur
le marché international.
Pour identifier les clients potentiels, Citeindigena, AIDER et
BOS+ projettent la création d’un site Web bilingue, un
catalogue plus détaillé et, surtout, une meilleure prospection
du marché, tant national qu’international.
« Nous avons décidé de soutenir ce nouveau projet », déclare
Steven De Craen, « parce que nous voulons donner à
Citeindigena toutes les chances de valoriser au maximum son
bois certifié issu de communautés indigènes, un atout unique
dans un pays tel que le Pérou où l'abattage illégal est encore
trop souvent monnaie courante. »
Pour en savoir plus : http://www.aider.com.pe/
30
Maîtrise des techniques modernes de
production et de commercialisation,
gestion durable des forêts et des
ressources naturelles, investissement
en faveur du développement local et du
bien-être des populations.
Le commerce durable permet de
conjuguer progrès humain et avenir
préservé.
L’or équitable
31
La production d'une seule bague en or génère 20 tonnes de
déchets hautement toxiques et consomme 50 000 litres d'eau
douce... des chiffres qui donnent le tournis !
Le Pérou, sixième plus grand producteur d'or du monde, est
par ailleurs confronté au développement de l’exploitation
illégale de ce métal précieux. Avec entre autres pour
corollaires, la multiplication par 3 de la déforestation de la
forêt amazonienne depuis 2008 et la contamination des
nappes phréatiques. Les fonctionnaires des douanes
évaluent à 3 milliards de dollars ce commerce illicite,
désormais plus important que celui de la cocaïne.
Au vu de ces réalités et du fait que les entreprises minières ne
respectent que rarement les populations locales, le secteur
s'attache à redorer son blason en instaurant des codes et des
normes, tandis que les ONG s'associent avec des
coopératives de mineurs locaux pour produire de l'or
équitable.
Si les premiers bijoux équitables ont été proposés à la vente
en 2011, de nombreux obstacles doivent encore être
surmontés avant que les mineurs puissent envisager un
avenir plus doré.
Crédit photo : Serendipity Diamonds
Le Pérou est un pays connu pour ses mines à ciel ouvert.
Bien souvent l’œuvre de sociétés minières étrangères, ces
gigantesques cratères défigurent le paysage et constituent
une véritable catastrophe pour l'environnement.
L'extraction aurifère recourt ainsi massivement à l'usage de
cyanure ; quant à la consommation d'eau de ce type
d'exploitation minière, elle est tout simplement hallucinante.
Ce que l'on sait par contre beaucoup moins, c'est que 10 à 15
% de la production mondiale d'or sont extraits par des millions
de mineurs « artisanaux ».
Leurs conditions de travail sont tout sauf sûres, leur technique
d'orpaillage impliquant l'utilisation de mercure. Ces mineurs
sont généralement à la merci d'acheteurs peu scrupuleux, les
prix qu’ils perçoivent étant rarement suffisants pour les sortir
du cercle vicieux de la pauvreté.
Au Pérou, dans les régions d'Apurimac et d'Arequipo,
l'Instituto Redes de Desarrollo Social (Red Social) encadre les
communautés indigènes actives dans l'exploitation minière «
artisanale » à petite échelle.
32
Mine MACDESA, membre de l’organisation Red Social. Crédit : Red Social
En 2007, Red Social a participé à la création de l'Alliance for
Responsible Mining (ARM), une coalition qui a relevé le gant
pour prouver que l'extraction aurifère artisanale, à petite échelle,
peut effectivement contribuer à la lutte contre la pauvreté et au
développement durable.
Il en a résulté la mise en place d'une norme reprenant des
critères applicables à une exploitation minière responsable.
Pendant un temps, une collaboration avec Fairtrade International
(FI) a débouché sur Fairtrade & Fairmined, le premier label pour
l'« or équitable ». Vu l'absence de percée majeure sur ce plan,
l’ARM et FI ont décidé, début 2014, de continuer chacune de
leur côté. Il existe donc actuellement deux labels pour l'or
équitable : le label Fairtrade et le label Fairmined.
Ce processus de formalisation sous-entend la légalisation de
leur activité et l’autorisation à faire usage des terres. Une
formation sera ensuite dispensée sur les techniques durables,
telles que la gravimétrie, qui permettent de séparer l'or du
minerai sans recourir à des substances chimiques
dangereuses. Cette démarche doit aboutir à l'obtention tant du
label Fairtrade que du label Fairmined, ainsi qu'à de nouvelles
opportunités sur le marché équitable.
Chaque projet minier étant bien entendu à durée limitée, Red
Social réclame par conséquent aussi des organisations qu'elles
investissent une partie des revenus générés dans la recherche
de nouvelles activités. Pour Red Social, de tels projets pilotes
sont particulièrement importants pour montrer à d'autres
groupes de la région qu'une exploitation minière responsable à
petite échelle est possible.
Pour en savoir plus : http://redsocial.pe/
33
Crédit : Red Social
Fairtrade et Fairmined
Les projets soutenus par le TDC ont un double objectif. Pour
commencer, trois organisations, soit quelque 183 mineurs et
leur famille, bénéficieront d'un encadrement afin de se mettre
en règle avec la législation péruvienne.
Crédit : Red Social
Vers une émancipation
économique et sociale
Dans tous les pays en voie de développement, le commerce
équitable et durable offre des revenus plus stables et souvent
plus élevés à des centaines de milliers de travailleurs
précaires. Un cocktail éthique qui transforme les
communautés locales et leur donne les moyens d’un
développement socioéconomique certain : accès à l’éducation
et aux soins de santé, offre en formations, construction de
bâtiments et d’ateliers pour la collectivité, etc.
Appuyées par le Trade for Development Centre, huit
organisations de producteurs défavorisés, actives dans
l’exportation de physalis bio, l'artisanat, le café, le cacao ou
encore l'or équitables ainsi que dans la gestion durable de la
forêt, contribuent au développement des communautés
locales et de leur région.
34
AlbertinomezaOjeda,CenfroCafePeruCrédit:TradeAidNewZealand

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  • 2. 2 © CTB, Agence belge de Développement – Septembre 2015. ÉDITEUR RESPONSABLE Carl MICHIELS RÉDACTION Pascal Laviolette, Dan Azria, Peter Cristiaensen, Samuel Poos CONCEPTION Samuel Poos PHOTO COUVERTURE Artisanat péruvien - Crédit : McKay Savage Cette publication du Trade for Development Centre ne représente pas l’avis officiel de la Coopération belge au Développement TRADE FOR DEVELOPMENT CENTRE CTB, 147 rue Haute 1000 Bruxelles www.befair.be
  • 3. Introduction (p.4) Qu’est-ce que le commerce équitable ? (p.6) Filières intégrée et labellisée (p.7) Le commerce durable (p.8) Le café (p.9) • Cenfrocafe (p.10) • Cecovasa (p.14) Le cacao (p.17) • Cepicafe (p.18) Table des matières Le Physalis (p.20) • AgroAndino (p.21) Artisanat équitable (p.23) • Allpa (p.24) • Royal Knit (p.26) Le bois durable (p.28) • Aider (p.29) L’or équitable (p.31) • Red Social (p.32) Vers une émancipation économique et sociale (p.34)
  • 4. 4 Berceau de l’Empire inca, le Pérou abrite quantité de trésors naturels ou culturels parmi les plus précieux au monde, tels le Machu Picchu ou le lac Titicaca. Les modes de vie ancestraux et indigènes perdurent dans les montagnes de la Cordillère et dans la forêt amazonienne. Une forêt qui abrite d’autres joyaux : des écosystèmes d’une richesse exceptionnelle accueillant une flore et une faune insoupçonnables. En termes économiques, les Péruviens peuvent compter sur de nombreuses ressources naturelles (minerais, pétrole et gaz) et sur d’autres secteurs attrayants (agroalimentaire, pêche et tourisme). Et pourtant, une part de la population n’est pas associée aux revenus générés par ces multiples richesses… Dans ce contexte, le commerce équitable et durable trouve à la fois toute sa légitimité et un écho impressionnant. Le "Comercio Justo" associe croissance économique et juste redistribution de la richesse produite au bénéfice du plus grand nombre, en particulier des familles paysannes marginalisées. Enfants du Pérou et chocolat équitable - Crédit : Eric Garnier / Alter Eco Introduction 4
  • 5. 50 ans de Coopération 6 ans d’action du Trade for Development Centre Le Trade for Development Centre est un programme de l’Agence belge de développement pour promouvoir le commerce équitable et durable, et améliorer l’accès au(x) marché(s) des organisations de producteurs. Les coopératives agricoles et les groupes de producteurs partagent souvent bien des caractéristiques : un solide engagement, un énorme potentiel, mais aussi un manque flagrant de ressources et de connaissances des marchés qui entraîne la perte de nombre d'opportunités de développement. C'est précisément à ce niveau que le Trade for Development Centre (TDC) entend faire la différence. Il soutient des projets mis en oeuvre dans les pays prioritaires de la Coopération belge, dans trois domaines : l’augmentation des capacités de gestion des organisations de petits producteurs, l'amélioration de la qualité des produits et le développement des connaissances des marchés locaux, régionaux et internationaux. Le premier accord de coopération signé par les ministres belge et péruvien entre les deux pays remonte à 1965. Un demi-siècle plus tard, la Coopération belge est toujours active dans ce pays andin et le Trade for Development Centre y soutient ou y a soutenu 8 projets relatifs au commerce équitable et durable. Une raison suffisante pour rendre visite aux cacaoculteurs, producteurs de physalis, caféiculteurs, bûcherons, artisanes, tisseuses et mineurs derrière ces projets. 5 Vue panoramique de Cuzco - Crédit : Cacophony
  • 6. Qu’est-ce que le commerce équitable ? Le commerce équitable (fair trade) est fondé sur l’idée que « quiconque travaille a droit à une rémunération équitable lui assurant, ainsi qu’à sa famille, une existence conforme à la dignité humaine. » (Article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme). Ce système d'échange vise à resocialiser l’acte marchand et réduire les inégalités en utilisant le commerce comme levier de développement. Il se veut aussi l’application concrète des principes du développement durable au travers des échanges commerciaux, en proposant : • un prix, un salaire décent payé aux producteurs (souvent via la fixation d’un prix minimum garanti payé au niveau des organisations) • une prime "de développement" (en sus du prix équitable) utilisée pour la réalisation d'investissements productifs et/ou de programmes sociaux (alphabétisation, accès aux soins, etc.). • des conditions et délais de paiement favorables (voire des possibilités de préfinancement), • des relations durables entre partenaires économiques, • la limitation des intermédiaires, • le respect des droits fondamentaux des travailleurs (liberté syndicale…), • la transparence sur l’origine du produit et sur les étapes de sa commercialisation, • un mode de production respectueux de l’environnement • et enfin des produits de qualité proposés aux consommateurs. 6 Nelly Escurra Chuco, Coopérative Agropia - Crédit : Agropia / Equitable
  • 7. Filières intégrée et labellisée La filière spécialisée La filière dite « spécialisée » ou « intégrée » cherche à maintenir un maximum d’activités de production et d’échanges sous le contrôle des organisations spécialisées, se réclamant d’un mouvement socio-politique du commerce équitable. Elle a donc ses propres importateurs, ses propres réseaux de distribution (comme Oxfam-Magasins du monde en Belgique) et des systèmes de garantie spécifiques. Un grand nombre d’acteurs de cette filière sont réunis au sein de l’Organisation mondiale du commerce équitable (WFTO). La filière labellisée La filière dite « labellisée » fait appel à un système de garantie par la certification des produits, en apposant une marque-label aux produits du commerce équitable et en cherchant à contrôler les conditions des échanges entre producteurs et importateurs conventionnels. Les principaux réseaux de ventes dans cette filière sont les enseignes de la grande distribution, mais aussi l’hôtellerie et la restauration. Le label de commerce équitable le mieux connu au niveau international est le label Fairtrade, mais il y en a d’autres, comme Ecocert équitable, le label des petits producteurs, Fair for Life ou encore FairWild. 7
  • 8. 8 Le commerce durable ? On parle de commerce durable lorsque les échanges commerciaux de biens et de services génèrent des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux en conformité avec les principes fondamentaux du développement durable : • Création de valeur économique • Réduction de la pauvreté et des inégalités • Préservation et réutilisation des ressources environnementales. Par l’utilisation du mot « durable », les initiateurs de ces pratiques entendent mettre l’accent non seulement sur des conditions de travail décentes, mais aussi sur le fait que ces échanges commerciaux s’effectuent avec une réelle prise en compte des ressources environnementales et un souci de préservation et de régénération des matières premières. Le commerce équitable et le bio sont des modèles spécifiques du commerce durable. Environnement Société Equitable Vivable Economie Viable Durable
  • 9. Le café au Pérou Trois pays fournissent près de 60% de la production mondiale de café : le Brésil, le Vietnam et la Colombie. Le Pérou occupe le onzième rang avec 2,88 millions de sacs de 60 kgs en 2014 (une chute de 33% par rapport à 2013 en raison de la maladie de la rouille des feuilles, largement répandue dans les parcelles), contre près de 45,34 millions pour le Brésil. Quasi exclusivement composée d’arabicas, la production de café fait vivre 855 000 personnes, essentiellement dans des régions pauvres, reculées du pays. Sa culture est d’ailleurs encouragée par le gouvernement, comme alternative à la production de feuilles de coca. Du café de qualité Pour concurrencer le Brésil, dont les coûts de production sont réduits grâce à la mécanisation, le Pérou ne peut jouer que la carte de la qualité. En raison des tailles et des pentes des parcelles, de l’impossibilité de mécanisation et des enclavements propres à la zone andine, les perspectives de développement reposent sur les marchés de niche : le café haut de gamme, le café bio, le café équitable. D’où le développement des certifications durant les années 1990. Et aujourd’hui, avec plus de 90 000 hectares certifiés, le Pérou est le premier exportateur mondial de café biologique. 9 Café - Crédit Timothy Herbert / Oxfam Australie
  • 10. 10 Aujourd'hui, alors que le commerce équitable atteint une certaine maturité, les organisations de producteurs sont confrontées à un double défi : celui de la diversification (pour ne plus dépendre des ventes d'un seul type de produit) et celui de vendre à la fois sur les marchés locaux, nationaux ou régionaux. Née dans les provinces fertiles de Jaen et de San Ignacio dans la région de Cajamarca au nord du Pérou, Central Fronteriza Del Norte De Cafetaleros ou CENFROCAFE est emblématique de ce mouvement. et de la volonté des acteurs engagés localement de rayonner au niveau national pour partager ces valeurs solidaires. Grandir avec le commerce équitable Causée par la dérégulation brutale des marchés internationaux, la crise mondiale du café du début des années 1990 a plongé des millions de familles de producteurs dans la misère. Pour survivre, les planteurs péruviens de la région de Caja Marca devaient vendre leurs récoltes à des prix très bas à des intermédiaires locaux auprès desquels ils finissaient par s'endetter. Nombre d'entre eux s'orientaient alors vers les productions illicites (la coca en particulier). Confrontés à ces menaces et aux risques de voir les plus jeunes d'entre eux abandonner leurs terres pour rejoindre la misère des grandes villes, une vingtaine de producteurs se sont organisés et ont créé une coopérative, la CENFROCAFE (Central Fronteriza del Norte de Cafetaleros) pour mieux négocier leurs récoltes. Pépinière de plants de café chez Cenfrocafe – Crédit : Cenfrocafe
  • 11. En s'associant avec d'autres groupements (dont CEPICAFE), les planteurs de CENFROCAFE ont pu augmenter leurs revenus et réinvestir une part de ces ressources nouvelles dans la modernisation de leurs exploitations. En 2007, après des mois de préparation, la coopérative centrale a obtenu la certification équitable Fairtrade pour sa production de café. Multiplier les initiatives Les bénéfices de cette transition vers l'équitable ne se sont pas fait attendre et, forts de cette expérience, les responsables de CENFROCAFE se sont engagés vers d'autres types de certification (UTZ Certified et biologique), multipliant ainsi les opportunités commerciales sur des marchés spécifiques à haute valeur ajoutée. 11 Onorio, caféiculteur de CenfroCafe - Crédit : Trade Aid New Zealand / Michelia Ward Le commerce équitable est d'un grand soutien pour renforcer la compétitivité et le développement durable de la coopérative et des petits producteurs. Son impact économique, social et environnemental est vraiment considérable. - Oscar Sandoval Peña, CENFROCAFE PERU “ ” Joseph, caféiculteur de CenfroCafe - Crédit : Trade Aid New Zealand / Michelia Ward
  • 12. Rebaptisée CENFROCAFE PERU en mai 2010, la coopérative centrale fournit à ses plus de 1900 membres (des groupements intermédiaires) des services dans quatre grands domaines : assistance technique agricole, amélioration de la qualité, renforcement organisationnel et accès aux services de santé. Dans ces différents secteurs, CENFROCAFE PERU organise des formations, intervient en conseil direct, met à disposition des moyens mutualisés (laboratoires, pépinières, centres d'apprentissage, etc.). Dynamisme solidaire Les responsables de CENFROCAFE PERU ont constitué une cellule composée de travailleurs et de planteurs élus pour gérer les primes de développement payées par les acheteurs du commerce équitable et financer divers projets sociaux. Dans ce domaine aussi, la liste des réalisations menées à bien est impressionnante. Depuis le début, la priorité est accordée aux questions d'éducation et de scolarisation, d'accès aux soins de santé et de promotion de l'égalité hommes-femmes. Ce dernier point est particulièrement développé et des structures spécifiques ont été instaurées (comité des femmes, programme d'alphabétisation, etc.) pour affirmer durablement la présence des femmes dans l'organisation, dans les plantations, mais aussi dans les organes de décision et de gestion. Lentement mais sûrement, ces efforts portent leurs fruits et plusieurs femmes sont présentes dans le Conseil d'Administration de CENFROCAFE PERU. 12 Producteur CenfroCafe - Crédit :Trade Aid New Zealand
  • 13. L'accès au marché intérieur présente en effet de sérieux potentiels pour les producteurs de CENFROCAFE PERU qui ont travaillé à l'élaboration d'une gamme de produits adaptés aux attentes des clients sur différents segments. Afin d'imposer une présence rapide de ses produits sur ce marché intérieur, la coopérative a mené des actions de prospection ciblées, organisé des évènements, réalisé des supports promotionnels et, surtout, lancé une chaîne de cafétérias dans les grandes villes du pays. À la fin du projet, respectivement 2091 et 1800 producteurs avaient augmenté leurs revenus moyens de 40 % et 20% par rapport au du début du projet, pour passer de 2495.5 à 3494 euros et de 2495.5 à 2995 euros par an. Des augmentations dues aux meilleurs rendements, qui ont évolué de 15 qq/ha pour atteindre 21 q/ha En 16 ans de temps, CENFROCAFE PERU a contribué de manière significative au développement de la région de Cajamarca, en augmentant les ressources des familles de planteurs, en finançant d'importantes infrastructures collectives, en instaurant une culture entrepreneuriale tout à fait remarquable. Née de la bonne volonté de quelques paysans menacés par la misère, la coopérative est aujourd'hui la quatrième organisation de producteurs de café au Pérou. Pour en savoir plus : www.cenfrocafe.com.pe 13 Réduire la dépendance aux exportations De 2009 à 2012, le TDC a financé le développement d'une filière intégrée de production-commercialisation de café biologique équitable destinée au marché national.
  • 14. Véritable success story du commerce équitable et durable, l'histoire de CECOVASA, coopérative caféicole péruvienne, illustre cette grande vérité : acheter du café certifié, c'est bien, mais s’il est en plus excellent et bien présenté, c'est encore mieux. Des forêts tropicales aux sommets du monde Fondée en 1970, la coopérative centrale CECOVASA (Central de Cooperativas Agrarias Cafetaleras) regroupe aujourd’hui huit coopératives intermédiaires et compte 4864 exploitants, issus des communautés indigènes quechua et aymara des vallées de Tambopata et de l'Inambari, au sud du pays. Son adhésion au commerce équitable remonte à 1993, lorsque ses membres ont été séduits par les perspectives de revenus supérieurs à ceux du café conventionnel. Rapidement, la coopérative centrale CECOVASA s'est illustrée par ses succès et la pertinence de ses choix stratégiques. Les bénéfices générés ont été en grande partie utilisés pour la réalisation d'investissements productifs et la formation des agriculteurs. Des centres de stockage ont été construits, un laboratoire d'analyse a été créé pour travailler en permanence à l'amélioration de la qualité du produit et, en 2010, la coopérative a inauguré un nouveau site de traitement. 14 Producteur CECOVASA - Crédit : CECOVASA
  • 15. 15 Aujourd’hui, huit marques de café sont commercialisées par la coopérative, huit références explicites aux traditions et aux valeurs culturelles des producteurs indigènes : Titicaca coffee, Aymara coffee, Bahuaja coffee… Une fierté, certes, mais également une diversification de l’offre et un positionnement marketing réfléchis. Ces efforts portent leurs fruits. Le café de CECOVASA a remporté en avril 2010 le prix du choix du public décerné au cours de la 22e rencontre de la SCAA (Specialty Coffee Association of America), l'un des grands rendez- vous mondiaux du café, ce qui en fait, selon certains commentateurs, le "meilleur café du monde". Les 8 marques de café de CECOVASA - Crédit : CECOVASA Préparer l'avenir En 2010, les responsables de CECOVASA ont initié un nouveau projet pour améliorer les capacités de production de 600 familles de producteurs venant des zones les plus rurales du territoire couvert par la coopérative. Soutenu financièrement par le Trade for Development Centre, ce programme se décline en quatre axes : une augmentation significative des volumes de café certifié (de 10 à 25 quintaux par hectare), le renforcement du système interne de gestion (avec en particulier la formation de 35 contrôleurs), la formation des gestionnaires des coopératives membres, ainsi que la participation de CECOVASA à différents concours de cafés organisés au niveau local et national, et à trois éditions de la BIOFACH en Allemagne (la principale foire d’agriculture biologique en Europe).
  • 16. 16 A la fin du projet en 2013, les rendements étaient passés de 10 qq/ha à 18 qq/ha, ce qui a généré une augmentation de 20% des revenus. Une finalité, le développement A chaque étape de son développement, la coopérative centrale a engagé une part importante de ses recettes dans la réalisation de projets sociaux et communautaires. Construction d'écoles, achat de fournitures, soutien aux associations de femmes, création de centres de soins et de dispensaires, financement d'équipements culturels… dans ce domaine aussi, la liste des réalisations de CECOVASA est impressionnante. Réduire la pauvreté en produisant le meilleur café du monde. De quoi être fier d'être équitable. Pour en savoir plus : www.cecovasa.com.pe Nous avons maintenant de meilleures possibilités d’alimentation, un meilleur accès aux soins de santé, une meilleure vie domestique, plus d’enseignement et de possibilités de formation pour nous et nos familles. La sécurité qu’apporte le commerce équitable empêche les paysans de se tourner vers des substances illégales comme la coca. Ainsi, nous soutenons nous-mêmes la protection de la biodiversité de Bahuaja Sonene.* - Miquel Paz, Cecosava “ ”* Source : www.oxfammagasinsdumonde.be Grains de café. Crédit : Cecovasa
  • 17. Le cacao au Pérou La production nationale de cacao dépasse les 71.000 tonnes (elle a été multipliée par 5 entre 1990 et 2013). Les cultures s’étendent sur 104.000 hectares et font vivre plus de 37.000 familles, principalement dans la partie basse de la Cordillère des Andes, de 200 à 900 mètres d'altitude. Dans la première moitié de 2015, les exportations de cacao du pays ont totalisé 92,2 millions de dollars (dont 11 vers la Belgique), ce qui représente une croissance de 10% par rapport à la même période l'an dernier.* Pendant des années, les politiques de modernisation du secteur cacaoyer menées par les autorités péruviennes ont encouragé la culture de la variété CCN-51, une espèce hybride très précoce et productive, au taux de matière grasse élevé, mais aux faibles qualités aromatiques. Tenus à l'écart de ces réformes, les petits paysans pauvres ont conservé les plants et les cultures traditionnelles de l'ancienne variété, connue sous le nom de "criollo porcelana". Ces criollos composent les cacaos les plus fins et les plus recherchés, à l’arôme sucré avec un goût délicat et sans amertume. Et c'est cet or blanc que les chocolatiers du monde redécouvrent et recherchent pour leurs meilleures recettes. Le Pérou s’est d’ailleurs bien positionné sur le marché du cacao haut de gamme et de spécialité. C’est d’ailleurs le deuxième pays producteur de cacao bio. 17 Cabosse de cacao et ses fèves. Cédit : kmf164 *Source : Asociación de Exportadores del Perú.
  • 18. 18 Si la coopérative Cepicafe (Central Piurana de Cafetaleros) existe déjà depuis 1995 (dans la région de Piura, dans l'extrême nord-ouest du pays), elle n'a aujourd’hui plus rien à voir avec le petit groupe de paysans à l’époque à la recherche d’un meilleur prix pour son café. Ces 20 dernières années, elle a effectué un parcours remarquable en investissant dans l'agroécologie ainsi que dans les marchés bio et équitable. Depuis très longtemps, le cacao était lui aussi cultivé dans cette même région, quoiqu’à une altitude moins élevée. Peu à peu, les membres de Cepicafe ont pris conscience que la variété traditionnelle locale de cacao, le criollo porcelana, avait le potentiel de jouer dans la cour des grands. Grâce à l'appui du Trade for Development Centre (TDC) et d'autres donateurs, un programme a été mis sur pied en vue d'améliorer durablement la qualité et la production de cacao, et de décrocher une certification bio et équitable. Et les résultats ont été au rendez-vous : leur cacao blanco a raflé prix après prix grâce à son goût raffiné. Il a séduit des chocolatiers renommés des quatre coins du monde. En 2006, Cepicafe exportait 32 tonnes de cacao, un chiffre qui est passé à 700 tonnes en 2014. La coopérative regroupe actuellement plus de 90 organisations dont bénéficient plus de 6600 producteurs. Cacaocultrice péruvienne - Crédit Eric Garnier/Alter Eco
  • 19. Un rêve à réaliser En 2014, le TDC décide de continuer à soutenir le projet cacao de Cepicafe pendant un an. Outre les 9 organisations et les 850 familles des régions de Tumbes et Piura, le groupe cible inclut cette fois 200 familles originaires de la région beaucoup plus pauvre encore de l'Amazonas. Nonobstant la faiblesse des structures et la mauvaise infrastructure, cet appui a pour ambition d'y optimiser le processus de récolte, de fermentation et de séchage, et d'ainsi améliorer grandement la qualité. Cepicafe entend également poursuivre le développement de son réseau en nouant des contacts avec des clients des marchés bio, équitable et autres, mais aussi avec des autorités locales et régionales. Cepicafe œuvre pas à pas à la réalisation d'un rêve : bâtir à Piura sa propre chocolaterie, qui transformera le cacao en chocolat pour le marché local et international, en conservant une plus grande valeur ajoutée au Pérou. Début 2015, ce rêve s'est encore rapproché de la réalité suite à la création d'une joint venture avec l'entreprise néerlandaise Chocolatemakers. 19 Cacaoculteur péruvien - Crédit : Shared Interest Grâce à CEPICAFE, nous obtenons de bien meilleurs prix pour notre cacao. Nous pouvons penser à une éducation de base pour nos enfants, mais aussi leur permettre d'accéder à l'enseignement supérieur. A la maison, nous avons pu améliorer la qualité de notre alimentation et nous avons aussi de l'argent pour payer les soins et acheter de nouveaux vêtements - Miquel Paz, Cecosava “ ” Pour en savoir plus : www.cepicafe.com.pe
  • 20. Le physalis 20 Peu de plantes peuvent se vanter d'avoir autant de belles appellations que les dizaines d'espèces de physalis. Les plus couramment utilisées en français sont « amour en cage » ou encore « lanterne chinoise ». Les variétés comestibles les plus connues sont le tomatillo ou la cerise de terre du Mexique (Physalis philadelphica) et le coqueret du Pérou, aussi appelé baie des Incas (Physalis peruviana). Baie comestible, le plus souvent de couleur dorée ou orangée à maturité, elle renferme des vitamines et antioxydants en grande quantité. La chair, qui contient de petites graines, a un goût doux à aigre-doux. Le calice séché, d'aspect papier, entourant la baie permet de garder au fruit sa fraîcheur jusqu'à quelques semaines après la récolte. Avec 90 % de la production mondiale, la Colombie est de loin le principal exportateur. Au Pérou, la culture commerciale de l'aguaymanto, l'appellation locale du physalis, est beaucoup plus récente et surtout pratiquée pour l'instant par des petits paysans. Vu l'inaccessibilité relative des zones andines reculées, les Péruviens se sont tournés vers l'exportation de baies des Incas séchées. Le séchage des fruits au soleil en vue d'une plus longue conservation est une technique ancestrale, remontant aussi à la culture inca. L'État considère lui aussi l'exportation de fruits exotiques comme une opportunité et vise essentiellement le marché bio, notamment à travers l'installation de champs pilotes dans différentes régions. Physalis : Crédit photo RHiNO NEAL
  • 21. Dans la région de Cajamarca, les communautés paysannes pauvres s'efforcent de survivre en vendant sur le marché local les légumes traditionnels, voire en les consommant elles- mêmes. Aux yeux de ces Indiens, l'aguaymanto a toujours constitué une source importante d'apport en vitamines. Mais à présent, ces baies orange vif sont soudainement devenues une opportunité commerciale. Avec 30 hectares de nouvelles plantations, la société AgroAndino, promotrice du projet soutenu par le TDC, espère générer des revenus pour ces communautés. Atout non négligeable, la variété locale de la baie des Incas a un excellent goût aigre-doux. Du fruit séché au fruit frais AgroAndino a créé dans la région une unité de production dans laquelle, outre les aguaymantos, elle déshydrate aussi des mangues, des bananes, des ananas et des grenades. Afin de pérenniser le projet, la société accorde une grande importance à la participation des agriculteurs. Il est donc important de renforcer les Asociaciónes de Productores existantes. 21 Physalis séchés. Crédit : AgroAndino Crédit : Flora Cyclam
  • 22. 22 Coopérative péruvienne vendant sa récolte sur un marché de Lima Crédit : Supayfotos/APEGA Un sociologue est associé au processus afin de garantir qu’il se déroule dans le respect des traditions indigènes. Le projet mise par ailleurs sur des semences de bonne qualité, sur une assistance technique fournie par des agronomes, ainsi que sur des systèmes de contrôle de la qualité. « Dans cette région reculée, il est particulièrement difficile pour les agriculteurs de commercialiser leurs produits. Depuis 2008, nous leur offrons un appui technique, depuis la plantation jusqu'à la récolte », nous explique Reinhard Schedlbauer, responsable des opérations chez AgroAndino. « Nous serons en mesure de leur garantir un prix équitable grâce à une certification bio et, à terme, espérons-le, aussi Fairtrade. Nous avons intentionnellement installé ici notre ligne de séchage, sur laquelle travaillent majoritairement des femmes, afin qu’une partie de la valeur ajoutée demeure au sein de la communauté locale. » La société et les agriculteurs ont encore d'autres projets. Ils espèrent ainsi, à l'instar de nombreuses autres coopératives colombiennes, pouvoir exporter aussi des physalis frais. « Au niveau du marché local, nous voulons confectionner des sauces et des confitures, et générer ainsi des emplois supplémentaires. » Physalis peruviana. Crédit photo : SuperFantastic Pour en savoir plus : www.agroandino-peru.com
  • 23. Artisanat équitable Depuis le lancement des premières initiatives de commerce équitable à la fin des années 1960, les principaux secteurs d'activité qui bénéficient de ce mode de commercialisation plus juste sont l'agriculture et l'artisanat. Les filières agricoles qui se sont investies dans ce mode d'échange solidaire ont globalement tiré profit de la labellisation de leur production, avec notamment un accroissement de leur marge et, surtout, une plus grande sécurisation de leurs marchés, malgré la volatilité des cours et une forte dépendance aux conditions climatiques. En ce qui concerne l'artisanat équitable, le constat est différent. Des millions de personnes concernées Confronté à la concurrence industrielle des pays asiatiques émergents, l'artisanat équitable souffre de problèmes structurels liés en particulier à la désorganisation des filières de production et à l'inadéquation de l'offre sur de nombreux segments de marché. Pourtant, l'artisanat traditionnel constitue l'une des principales sources de revenus pour des millions de personnes pauvres en Amérique latine, en Afrique et en Asie. La plupart du temps, ce sont les femmes qui créent ces bijoux, paniers, broderies, céramiques ou instruments de musique. Les recettes sont prioritairement affectées à l'éducation, à la santé et aux besoins quotidiens de la famille. 23 Artisane péruvienne. - Crédit : Jullien Lesceux/CTB
  • 24. 24 En 1982, un groupe d'universitaires de Lima au Pérou créent Allpa (mot qui signifie "Terre" en langue quechua), une société commerciale, pour aider les communautés indigènes pauvres à vivre de leur savoir-faire traditionnel. Membre depuis 2008 de la WFTO, l'Organisation mondiale du commerce équitable, Allpa travaille avec 80 groupements d'artisans (dont une majorité de femmes), répartis principalement dans les faubourgs de Lima, mais aussi sur les hauts plateaux et au nord du pays. Céramiques, vêtements en laine d’alpaca, poteries, bijoux… chaque communauté a ses spécificités et valorise ses traditions avec l'appui d'Allpa qui en assure la promotion. Le soutien qu'accorde Allpa à ces artisans couvre une large palette de services, tant au niveau de la production (conseil en développement de produits, formations techniques, fourniture d'outils), qu'en termes de commercialisation (participation à des salons, promotion des gammes). Affronter la crise mondiale La crise économique mondiale de 2008-2009 a durement affecté l'activité commerciale d'Allpa et donc, celle de ses fournisseurs. Multiplication des impayés, chute des commandes de près de 40 %… les conséquences de la crise se sont révélées dramatiques pour les centaines de familles qui dépendent des exportations d'Allpa pour subvenir à leurs besoins. L'équipe pluridisciplinaire en charge du pilotage stratégique de l'entreprise a alors réalisé un diagnostic global, qui a mis en évidence les principales faiblesses structurelles de l’offre d’Allpa. Productivité trop faible, retard technologique, mauvaise qualité des produits, promotion commerciale insuffisante, les conclusions de cet audit ont permis d'identifier les domaines dans lesquels Allpa et ses fournisseurs devaient progresser pour accroître la compétitivité de l'entreprise. Un atelier d’Allpa Peru - Crédit : Allpa Peru
  • 25. 25 Le commerce équitable, pour nous, c'est plus qu'un prix juste. C'est une relation transparente et partenariale qui a pour principal objectif de développer durablement les activités des artisans péruviens pour qu'ils puissent grandir et devenir des entrepreneurs performants et responsables de leurs communautés - Luis Heller, gérant d'Allpa “ ” Vases mis à sécher - Crédit Allpa Peru Produire mieux, vendre plus Ce diagnostic fut à l'origine d'un projet de développement intégré qui bénéficie du soutien du Trade for Development Centre. Ce programme d'actions visait l’amélioration des équipements, l’acquisition de matières premières de meilleure qualité, le développement des gammes de produits, le renouvellement du matériel promotionnel (catalogues et vidéos) et la participation à différents salons professionnels. Des résultats visibles Mis en place entre 2009 et 2011, ce projet a produit des résultats concrets. De nombreux ateliers ont été modernisés et équipés de nouvelles machines. Au niveau de la création de nouveaux produits, les initiatives mises en place ont permis de dépasser les objectifs initiaux, et ce sont près de 70 nouvelles collections qui furent conçues à partir de prototypes développés dans le cadre du projet. Menées en parallèle, les activités commerciales ont été très fructueuses, avec une augmentation de plus de 30% du chiffre d'affaires en 2010 par rapport à l'année précédente. . Pour en savoir plus : www.allpaperu.com
  • 26. Dans la région frontalière de Puno et Cuzco, perchées dans les montagnes, vivent des communautés indigènes qui peinent à survivre de l’agriculture et de l’élevage d’alpagas et de lamas. C'est pourtant grâce à ces derniers que la région est aussi réputée pour sa tradition ancestrale de tissage et de tricot, remontant au temps des Incas. Or, si traditionnellement, ce travail était l'apanage des hommes, ceux-ci partent de plus en plus souvent à la recherche d'emplois dans les mines, tandis que les jeunes quittent la région, faute de perspectives. Depuis 2012, le Trade for Development Centre (TDC) appuie ici un projet de l'entreprise familiale Royal Knit, qui s'est donné pour mission de former les « Indígenas » aux techniques traditionnelles de tissage et de tricot pour, ensuite, leur donner la possibilité de collaborer à ses collections. L’entreprise compte 35 employés directs et 400 bénéficiaires. Depuis 2004, Royal Knit est membre de la World Fair Trade Organisation (WFTO). Elle a à son actif plus de 40 formations organisées dans l'ensemble du pays et commercialise aux quatre coins du monde les produits textiles réalisés par des centaines de tisseuses. Doublement des revenus Le projet soutenu par le TDC se focalise sur l'organisation d'une série de formations dans les communes d'Ocongate et de Lampa, avec un double objectif en tête : d'une part, préserver de l'oubli les techniques de tissage traditionnelles de la région et, d'autre part, offrir des opportunités économiques à tous ceux qui ne travaillent pas dans les mines. 26 Femme au travail à Ocongate © Royal Knit
  • 27. La grande majorité des participants sont des femmes, mais pas exclusivement. L'impact sur leurs revenus est considérable : celles qui vivaient auparavant d'ouvrages faits main ont plus que doublé leurs revenus. Autre effet positif : dans les deux communes, les femmes se sont émancipées, mais aussi associées afin de mieux organiser leur travail. Les travaux de tissage et de tricot, effectués par les femmes à domicile, s'avérant parfaitement combinables avec leurs tâches ménagères et leur assurant un revenu, elles ont, pour la première fois de leur vie, le pouvoir de prendre elles- mêmes des décisions financières. Très souvent, leur priorité va à l'enseignement, également pour leurs filles. 27 Des projets tels que celui-ci, même à petite échelle, rehaussent la confiance en soi des femmes et changent l'idée que les hommes se font d'elles. Aussi avons-nous décidé de prolonger le projet et d'offrir à ces groupes de femmes la possibilité de concevoir une collection ética de lujo (luxe éthique), qui sera ensuite présentée par Royal Knit aux salons (équitables) nationaux et internationaux. - Steven De Craen, Trade for Development Centre Pour en savoir plus : http://rkperu.com/en/ “ ” L’alpaga est principalement élevé pour sa laine, qui est plus douce, six fois plus chaude, plus résistante et plus légère que celle du mouton. Crédit photo : Savard.
  • 28. Le bois durable Au début du XIXème siècle, les forêts tropicales couvraient une superficie de 16 millions de kilomètres carrés à la surface du globe. Aujourd'hui, il en reste moins de la moitié. Cette spirale de la destruction n'est pas irréversible. Depuis une vingtaine d'années, des initiatives sont mises en place pour développer des activités forestières et une économie du bois respectueuses de l'environnement et des populations locales. Initiative la plus connue, le Forest Stewardship Council (FSC) a été créé en 1993 par des propriétaires forestiers, des industriels, des organisations sociales et des associations de protection de la nature pour promouvoir la gestion responsable des forêts partout dans le monde. Pour ce faire, le FSC a identifié une série de critères environnementaux, sociaux et économiques que doivent respecter les exploitants (et les intermédiaires) qui souhaitent bénéficier du label FSC. Attribué au terme d'un audit mené par un organisme indépendant, ce label garantit au consommateur que le papier ou les matériaux en bois qu'il souhaite acheter proviennent bien de territoires gérés durablement. 28 Forêt péruvienne - Crédit : Steve Goddard
  • 29. Dans la région d’Ucajali, en forêt amazonienne, les communautés Shipibo Conibo vivent traditionnellement de la forêt et de l’abattage, mais les prix qu’elles obtiennent des acheteurs sont dérisoirement bas. Lorsqu’en 2005, elles ont été les premières communautés indigènes à obtenir le label FSC avec l’aide de l’ONG péruvienne AIDER (Association para la Investigación y el Desarrollo Integral), leurs membres ont bien nourri l’espoir d’en retirer des avantages économiques. Mais il n’en a rien été. Leur faiblesse organisationnelle ne leur a pas permis de fournir la qualité et la quantité requises. À la demande de BOS+, une ONG flamande active dans le domaine de la gestion forestière durable, le TDC a financé en 2010 un projet étalé sur trois ans. Le premier volet comportait une série de formations en administration, comptabilité, planification stratégique et marketing, à l’intention des membres de la communauté. Des ateliers techniques ont ensuite été organisés sur le terrain. Le cœur du projet a toutefois été la construction d’un centre de stockage, grâce aux fonds fournis par le TDC et d'autres donateurs. 29 Les bûcherons Shipibo Conibo. Crédit photo : Aider
  • 30. Un atout unique Les premiers résultats sont prometteurs. Le projet génère de nouveaux emplois, sensibilise à l’importance d’une gestion forestière durable et garantit de meilleurs revenus pour les communautés. 10 % de ceux-ci sont réinvestis dans un fonds communautaire destiné à financer la construction d'écoles ou l'électrification dans les communautés. Mais, sur le plan commercial, il reste encore un long chemin à parcourir : de nombreux acheteurs péruviens ne sont pas disposés à payer plus pour du bois certifié, et l’offre de bois de la Citeindigina doit encore trouver les bons acheteurs sur le marché international. Pour identifier les clients potentiels, Citeindigena, AIDER et BOS+ projettent la création d’un site Web bilingue, un catalogue plus détaillé et, surtout, une meilleure prospection du marché, tant national qu’international. « Nous avons décidé de soutenir ce nouveau projet », déclare Steven De Craen, « parce que nous voulons donner à Citeindigena toutes les chances de valoriser au maximum son bois certifié issu de communautés indigènes, un atout unique dans un pays tel que le Pérou où l'abattage illégal est encore trop souvent monnaie courante. » Pour en savoir plus : http://www.aider.com.pe/ 30 Maîtrise des techniques modernes de production et de commercialisation, gestion durable des forêts et des ressources naturelles, investissement en faveur du développement local et du bien-être des populations. Le commerce durable permet de conjuguer progrès humain et avenir préservé.
  • 31. L’or équitable 31 La production d'une seule bague en or génère 20 tonnes de déchets hautement toxiques et consomme 50 000 litres d'eau douce... des chiffres qui donnent le tournis ! Le Pérou, sixième plus grand producteur d'or du monde, est par ailleurs confronté au développement de l’exploitation illégale de ce métal précieux. Avec entre autres pour corollaires, la multiplication par 3 de la déforestation de la forêt amazonienne depuis 2008 et la contamination des nappes phréatiques. Les fonctionnaires des douanes évaluent à 3 milliards de dollars ce commerce illicite, désormais plus important que celui de la cocaïne. Au vu de ces réalités et du fait que les entreprises minières ne respectent que rarement les populations locales, le secteur s'attache à redorer son blason en instaurant des codes et des normes, tandis que les ONG s'associent avec des coopératives de mineurs locaux pour produire de l'or équitable. Si les premiers bijoux équitables ont été proposés à la vente en 2011, de nombreux obstacles doivent encore être surmontés avant que les mineurs puissent envisager un avenir plus doré. Crédit photo : Serendipity Diamonds
  • 32. Le Pérou est un pays connu pour ses mines à ciel ouvert. Bien souvent l’œuvre de sociétés minières étrangères, ces gigantesques cratères défigurent le paysage et constituent une véritable catastrophe pour l'environnement. L'extraction aurifère recourt ainsi massivement à l'usage de cyanure ; quant à la consommation d'eau de ce type d'exploitation minière, elle est tout simplement hallucinante. Ce que l'on sait par contre beaucoup moins, c'est que 10 à 15 % de la production mondiale d'or sont extraits par des millions de mineurs « artisanaux ». Leurs conditions de travail sont tout sauf sûres, leur technique d'orpaillage impliquant l'utilisation de mercure. Ces mineurs sont généralement à la merci d'acheteurs peu scrupuleux, les prix qu’ils perçoivent étant rarement suffisants pour les sortir du cercle vicieux de la pauvreté. Au Pérou, dans les régions d'Apurimac et d'Arequipo, l'Instituto Redes de Desarrollo Social (Red Social) encadre les communautés indigènes actives dans l'exploitation minière « artisanale » à petite échelle. 32 Mine MACDESA, membre de l’organisation Red Social. Crédit : Red Social En 2007, Red Social a participé à la création de l'Alliance for Responsible Mining (ARM), une coalition qui a relevé le gant pour prouver que l'extraction aurifère artisanale, à petite échelle, peut effectivement contribuer à la lutte contre la pauvreté et au développement durable. Il en a résulté la mise en place d'une norme reprenant des critères applicables à une exploitation minière responsable. Pendant un temps, une collaboration avec Fairtrade International (FI) a débouché sur Fairtrade & Fairmined, le premier label pour l'« or équitable ». Vu l'absence de percée majeure sur ce plan, l’ARM et FI ont décidé, début 2014, de continuer chacune de leur côté. Il existe donc actuellement deux labels pour l'or équitable : le label Fairtrade et le label Fairmined.
  • 33. Ce processus de formalisation sous-entend la légalisation de leur activité et l’autorisation à faire usage des terres. Une formation sera ensuite dispensée sur les techniques durables, telles que la gravimétrie, qui permettent de séparer l'or du minerai sans recourir à des substances chimiques dangereuses. Cette démarche doit aboutir à l'obtention tant du label Fairtrade que du label Fairmined, ainsi qu'à de nouvelles opportunités sur le marché équitable. Chaque projet minier étant bien entendu à durée limitée, Red Social réclame par conséquent aussi des organisations qu'elles investissent une partie des revenus générés dans la recherche de nouvelles activités. Pour Red Social, de tels projets pilotes sont particulièrement importants pour montrer à d'autres groupes de la région qu'une exploitation minière responsable à petite échelle est possible. Pour en savoir plus : http://redsocial.pe/ 33 Crédit : Red Social Fairtrade et Fairmined Les projets soutenus par le TDC ont un double objectif. Pour commencer, trois organisations, soit quelque 183 mineurs et leur famille, bénéficieront d'un encadrement afin de se mettre en règle avec la législation péruvienne. Crédit : Red Social
  • 34. Vers une émancipation économique et sociale Dans tous les pays en voie de développement, le commerce équitable et durable offre des revenus plus stables et souvent plus élevés à des centaines de milliers de travailleurs précaires. Un cocktail éthique qui transforme les communautés locales et leur donne les moyens d’un développement socioéconomique certain : accès à l’éducation et aux soins de santé, offre en formations, construction de bâtiments et d’ateliers pour la collectivité, etc. Appuyées par le Trade for Development Centre, huit organisations de producteurs défavorisés, actives dans l’exportation de physalis bio, l'artisanat, le café, le cacao ou encore l'or équitables ainsi que dans la gestion durable de la forêt, contribuent au développement des communautés locales et de leur région. 34 AlbertinomezaOjeda,CenfroCafePeruCrédit:TradeAidNewZealand