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65ème
séminaire « Jeunes »
31 août au 5 septembre 2009
ADPS - Troyes
IMAGINEZ QUELLES POURRAIENT ÊTRE LES
CONSEQUENCES AU MOYEN ORIENT DE LA CREATION
D’UN ÉTAT PALESTINIEN.
Comité 4 : Sarah EL HAIRY, Charles GERMAIN, Jean-Baptiste GOUDEAU,
Baudoin GUILLARD, David HECQUET, Fatine JABRE, Grégoire PATTE, Adrien
PENERANDA, Mamie Sultaniah RAZAFINDRAIBE A., Audrey RUFFIE, Sébastien
WESSER.
2
Sommaire
Introduction ........................................................................................................................... 3
1 Conséquences locales.................................................................................................... 4
1.1 A sa création, l’Etat palestinien sera confronté à des conséquences sanitaires,
politiques, économiques et financières.............................................................................. 4
1.1.1 Les conséquences sanitaires des mouvements migratoires........................... 4
1.1.2 Les conséquences politiques : créer un État capable d’assurer la sécurité.... 4
1.2 Un nouvel Etat israelien ........................................................................................ 5
1.2.1 Redéfinition du rôle de l’armée israélienne .................................................. 5
1.2.2 Nouvelle donne politique en Israël................................................................ 6
1.3 Les relations bilatérales......................................................................................... 7
1.3.1 La question diplomatique.............................................................................. 7
1.3.2 S’agissant de la gestion des ressources ......................................................... 7
2 Conséquences régionales............................................................................................... 8
2.1 La nouvelle situation diplomatique au Moyen Orient........................................... 8
2.1.1 La normalisation des relations d’Israël avec ses voisins............................... 8
2.1.2 Le jeu d’influence des grandes puissances régionales : l’Iran, l’Egypte et
l’Arabie Saoudite........................................................................................................... 9
2.2 Quel impact sur la stabilité de la région ? ........................................................... 10
2.2.1 Des difficultés évidentes pour le terrorisme…............................................ 10
2.2.2 … Qui ne signifient absolument pas la fin du terrorisme dans la région.... 10
2.2.3 Y a t-il plus de risques de déclenchement d’un conflit ? ............................ 10
2.3 Conséquences économiques et financières ......................................................... 11
2.3.1 Mobilisation d’une solidarité financière de la Région ................................ 11
2.3.2 La Palestine : de nouveaux débouchés et investissements ouverts aux pays
limitrophes................................................................................................................... 11
2.3.3 Une formalisation des relations commerciales et industrielles existantes
entre Israël et certains pays arabes .............................................................................. 11
2.3.4 Un éventuel projet de régionalisation.......................................................... 12
Conclusion........................................................................................................................... 13
Annexes 14
3
INTRODUCTION
Le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations Unies adopte une résolution
prévoyant la création de deux états, juif et arabe, indépendants. L’année suivante, BEN
GOURION proclame la naissance de l’Etat d’Israël. Les autorités des pays arabes voisins
quant à eux ne reconnaissent pas la proposition de l’ONU, et considèrent les territoires
palestiniens occupés. Depuis, le Moyen Orient, largement déstabilisé par ces tensions
israélo-palestiniennes, est le siège d’une succession quasi continue de conflits variés allant
de la guerre conventionnelle (guerre des six jours), à la guerre civile (Liban) et à la guerre
asymétrique (terrorisme).
Depuis 1967 et la guerre des six jours, le monde arabe, hostile à Israël, semble avoir
renoncés à une attaque directe mais renforce ses soutiens à la résistance
palestinienne. Dans ce contexte, la création d’un état palestinien semble être l’objectif vers
lequel tendent les efforts diplomatiques de pacification du conflit israélo-palestinien,
Citons, à titre d’exemple, la reconnaissance par l’ONU en 1974 du droit des Palestiniens à
l’indépendance nationale ou les accords de Genève, signés en 2003 entre l'ancien ministre
israélien Yossi Beilin et l'ancien ministre palestinien Yasser Abd Rabboet qui prévoient
des conditions à la création d’un tel état.
En plus des questions inhérentes à toute création d’Etat (quel territoire ? quel peuple ?
quelles institutions ?), la création d’un Etat Palestinien soulève des problématiques
spécifiques liées à l’histoire de la région et des peuples juifs et palestiniens. Ainsi, un
accord sur les questions du statut de Jérusalem, du sort des colonies, du retour des réfugiés
ou du mur de séparation sont des préalables à la création d’un Etat Palestinien.
Aussi éloigné que puisse sembler cet objectif, il est intéressant de s’interroger sur les
conséquences de la création d’un Etat palestinien comme exercice de prospective. Nous
allons imaginer un tel Etat. Ce scénario aurait nécessairement des répercussions mondiales
mais nous avons choisi de cadrer notre étude dans un Moyen Orient couvrant la définition
de l’INSEE (péninsule arabique jusqu’à la Syrie et l’Iran) et élargie à l’Egypte.
Nous réaliserons cet objectif dans une perspective géographique en abordant les
conséquences locales puis régionales.
Nous n’envisageons la création d’un état palestinien que dans le cadre de la recherche
d’une solution diplomatique au conflit israélo-palestinien. Les conditions d’une résolution
armée de la souveraineté du peuple palestinien relèveraient d’une telle instabilité politique
mondiale que les conséquences seraient difficilement prévisibles et dépasseraient
largement le cadre de notre étude.
L’enjeu n’est aucunement de savoir si le nouvel Etat que nous imaginons est possible
aujourd’hui ou demain, ni même de s’interroger sur les accords hypothétiques qui auraient
menés à une telle situation. Une seule certitude peut être avancée et constituera notre cadre
géographique : si un Etat palestinien est constitué, la zone occupée actuellement par l’état
d’Israël et l’Autorité palestinienne sera divisée en deux, du Jourdain à la Méditerranée,
Israël à l’ouest et la Palestine à l’Est. Nous ne ferons aucune considération sur la forme que
pourrait prendre l’un ou l’autre de ces deux pays.
Il n’est pas question dans cet essai de formuler des réponses ni des solutions à la nouvelle
géopolitique que créerait un nouvel Etat palestinien au Moyen Orient. Nous nous
contenterons de soulever de nouvelles problématiques, d’identifier les nouvelles tensions,
et de s’interroger sur ce que cette situation pourrait changer. Nous sommes conscients que
cet essai n’est pas exhaustif. Il pose les questions et en assume les manques.
4
1 CONSEQUENCES LOCALES
1.1 A sa création, l’Etat palestinien sera confronté à des conséquences sanitaires,
politiques, économiques et financières.
1.1.1 Les conséquences sanitaires des mouvements migratoires.
L’une des premières conséquences de la création d’un État palestinien sera liée aux flux
migratoires probablement importants des réfugiés, estimés à 3,5 millions (1)
principalement en Cisjordanie, en Jordanie et au Liban.
Outre de multiples questions préalables à régler, dont le « Droit au retour (2)», assurer
l’accueil des nouveaux arrivants dans des conditions sanitaires adéquates puis développer
des infrastructures globales (hôpitaux, écoles) dans un second temps constitueront un
véritable défi pour l’État palestinien nouvellement créé.
Au-delà des aspects purement organisationnels, la question des réfugiés cristallise les peurs
des deux parties : d’une part les revendications de retour des palestiniens à Tel Aviv ou
Haïfa par exemple traduiraient aux yeux des Israéliens la volonté réelle sous-jacente des
Palestiniens - l’élimination d’Israël - tandis que pour certains Palestiniens le Droit au
Retour prévaut sur la création d’un État fragile et dépendant, tout du moins dans un
premier temps.
1.1.2 Les conséquences politiques : créer un État capable d’assurer la sécurité.
La viabilité d’un état palestinien dépendra de sa capacité à créer un État capable d’assurer
l’ordre et la sécurité à l’intérieur comme aux frontières. Il s’agira dès lors (i) d’avoir pris
en compte l’ensemble des réfugiés pour éviter toute nouvelle source de conflit et (ii) de
créer une structure étatique stable, sur les plans judiciaire, législatif et exécutif. Si le retour
des réfugiés peut changer la donne politique (qui remportera leur suffrage ?), les deux
forces politiques antagonistes actuelles, Fatah et Hamas, auront une influence directe
notamment sur le respect de l’accord aux frontières et la gestion des groupes armés
notamment à Gaza, zone la plus peuplée du monde, supposée croître de 150% sur dix ans
pour atteindre 2,4 millions d’habitants.
2.1.3 Les conséquences économiques et financières.
La reconstruction et la mise en place de l’état Palestinien nécessitera une importante
mobilisation de fonds afin de pallier les urgences, structurer l’activité économique et
intégrer l’état dans le marché économique régional. Dans ce but, des fonds en provenance
des pays arabes, de l’Union Européenne, des Etats-Unis et des principales organisations
internationales (FMI, Banque Mondiale) devront être mobilisés, imposant également une
gestion rationnalisée et régulée par des pratiques conformes aux standards internationaux.
Selon la Rand Corporation, quelques 33 milliards de dollars d’investissements en capital
seront ainsi nécessaires durant les dix premières années d’indépendance de l’état. Grâce
(1) UN Relief and Works Agency
(2) Le Droit au retour est la revendication palestinienne qui consiste à demander la reconnaissance officielle du
droit des réfugiés à retrouver leur bien en Israël. Cette idée avait été pour la première et unique fois mentionnée par le
premier ministre Ben Gourion à Lausanne en 1949, avant d’être retirée.
5
aux relations nouées depuis des années avec les autres pays arabes, les dirigeants
palestiniens devraient pouvoir mobiliser une grande partie de ces fonds. Ceci, d’autant plus
que les états voisins et du golfe Persique sont désireux de stabiliser la région, afin d’éviter
et de limiter les effets que pourraient générer les difficultés rencontrées par le nouvel état
sur leurs populations et leurs décisions stratégiques au lendemain de sa création.
Il reste ensuite à définir quelles seront les conditions fixées par les donateurs à l’obtention
de cet afflux financier. Dans quelle proportion les pays donateurs interviendront-ils sans
opération de crédit ? Les fonds souverains seront-ils solliciter pour la mobilisation des
fonds nécessaires ?
Dans le même temps, l’état Palestinien doit créer les structures bancaires nécessaires à son
fonctionnement (banque centrale, réseau bancaire). Le dollar est, dans un premier temps, la
monnaie en circulation.
L’état, avec l’aide d’experts internationaux, va devoir mettre en place toutes les structures
nécessaires au développement des entreprises existantes et de PME. Cette activité ne
pourra se développer qu’au rythme du développement des infrastructures indispensables à
la production, telles que les réseaux électriques, réseaux d’eau, réseaux routiers et
autoroutiers,…
Pour assurer également un développement optimal de l’économie, l’état devra créer un
certain nombre de services publics indispensables à l’essor du pays. C’est-à-dire, au-delà
des services sanitaires, un service postal, un opérateur téléphonique ou une organisation
ayant pour objectif de consolider, développer et harmoniser les standards des réseaux de
télécommunications…
1.2 Un nouvel Etat israelien
Selon le CBS, 75,5% de la population israélienne (5.593.000 personnes) sont Juifs, et
20,2% (1.498.000 personnes) sont Arabes, tandis que le reste de la population est constitué
des immigrés et de leurs descendants qui ne sont pas enregistrés comme juifs par le
ministère de l’Intérieur.
Or au vu du vieillissement de sa population d’origine juive et du maintient démographique
de la minorité arabe, Israël peut être confronté à un enjeu capital quant à sa propre
définition. Ainsi, dans le cas où un état Palestinien se crée on pourra observer un
mouvement de la diaspora juive vers un état Israélien en paix mais surtout un départ
potentiel des Israéliens arabes vers l’Etat de Palestine.
1.2.1 Redéfinition du rôle de l’armée israélienne
L’armée israélienne est l’une des plus puissante de la région, elle dispose de 2500 chars de
combats, 3 sous-marins, 15 navires de guerre, d’une aviation forte composée de 710
avions de combat F16 et F15 ainsi que de 180 hélicoptères de combat. L’armée est
composée de 160 000 soldats et de 425 000 réservistes, prêt à intervenir sous 72 h. Cette
armée est aujourd’hui en guerre depuis soixante ans et, au cours des sept conflits, a été
confrontée à la plupart de ses voisins directs. Les principes fondamentaux de stratégie qui
ont assis la notoriété de Tsahal sont les attaques préventives, la recherche systématique de
la surprise et des batailles décisives, des combats rapides préservant l’environnement
urbain israélien.
La résolution du conflit avec la Palestine et la création d’un état qui implique de nouvelles
frontières, impliquent des changements stratégiques militaires importants. Il est tout
d’abord utile de définir les nouveaux ennemis probables d'Israël, afin de pouvoir évoquer
6
les nouveaux enjeux de la stratégie militaire. Du fait de leur opposition sans faille à Israël,
des groupes non-étatiques, tels le Hamas et le Hezbollah, risquent de rester à court et à
moyen terme les principaux adversaires d'Israël. Néanmoins le dossier du nucléaire iranien
laisse entrevoir un changement d’horizon stratégique. Certains considèrent la possession
d’armes atomique par Téhéran comme une menace vitale, se basant sur les déclarations du
pouvoir iranien appelant à la destruction de l’Etat hébreux et émettant l’hypothèse du
risque de transfert clandestin de têtes nucléaires vers des organisations terroristes telles
qu’Al Qaida.
Concernant la probabilité d’un état iranien en possession de l’arme nucléaire, certains
experts pensent que la probabilité d’un conflit nucléaire est nulle, chacun redoutant une
riposte éventuelle. D’autres, au contraire, souhaite une intervention israélienne visant à
détruire tous les sites à risque iraniens. Et ce malgré le risque important de riposte, à court
ou moyen terme, et l’incertitude de pouvoir détruire tous les sites d’étude nucléaire.
Israël se retrouve, depuis la création de l'état palestinien, sur un territoire encore plus
réduit. Leur technique de défense et d’intervention implique des attaques préventives avec
occupation des pays en conflit. Dans cette hypothèse, le premier risque majeur est
l’occupation du nouvel état palestinien en cas de conflit face au Hamas, au Hezbollah, ou
même à la Syrie. Dans ces conditions, et pour éviter toute reprise du conflit, Israël doit
revoir ses priorités stratégiques. Deux courants de pensées s’opposent : une technique
portée sur la dissuasion, avec entre autre la création d’un bouclier anti-aérien, une
déclaration officielle de possession de l’arme atomique, et une armée de terre importante
prête à intervenir à tout moment. La seconde solution, serait de détruire définitivement les
menaces de ces groupes non-étatiques, en s’engageant dans un conflit rapide et avec une
force d intervention importante. Une solution qui relancerait sans aucun doute un conflit
d’une grande importance.
1.2.2 Nouvelle donne politique en Israël
Aujourd’hui, l’espace politique israélien se caractérise par l’importance du nombre de
partis politique. Longtemps, Israël a vu s’affronter deux grandes formations que sont le
Likoud, une droite libérale conservatrice, et le Parti travailliste, parti sioniste de gauche.
Or, depuis quelques années, on observe une diminution de l’influence de ces deux grands
partis et l’émergence d’un nombre important de petits partis représentant chacun des
positions différentes dans la résolution de la question palestinienne. On passe d’une
extrême-droite sioniste religieuse fermement opposée à la création d’un Etat palestinien à
des partis d’extrême-gauche prônant la création d’un Etat palestinien et un Etat israélien
binationale juif et arabe. Certains partis laïcs, à l’instar de Meretz, recherchent aussi une
égalité de tous sur le territoire.
Ce qui amène à tendre vers des gouvernements de coalition paralysant le système politique
israélien. On peut légitimement penser que la création d’un Etat palestinien pourrait
transformer l’échiquier politique actuel en créant de nouveaux enjeux comme l’orientation
religieuse, les relations étrangères et la transformation de la politique de défense.
Ainsi, l’évolution vers un bipartisme caractérisé par des partis forts apparaît la plus
probable. Il y aura alors une droite religieuse favorisant un repli communautaire face à une
gauche ouverte désirant approfondir les liens diplomatiques avec ces nouveaux voisins.
7
1.3 Les relations bilatérales
1.3.1 La question diplomatique
Chacun des deux acteurs verrait la légitimité de sa souveraineté confortée, tant aux yeux de
son voisin direct que des autres membres de la communauté internationale. Ceci
constituerait un terreau favorable à un rapprochement des deux «frères ennemis».
Par ailleurs, le droit international pourrait prendre en compte les nouvelles relations entre
les deux peuples, ces dernières n’évoluant plus dans une configuration asymétrique, mais
entre deux Etats souverains. Un tel encadrement offrirait de nouveaux outils pour l’Etat
palestinien qui pourrait y trouver le moyen de se faire entendre sur des questions ayant un
caractère supra national.
Cependant, nous pouvons légitimement nous interroger sur la bonne entente espérée de ces
deux Etats dans l’hypothèse où le Hamas prendrait la tête du pays. D’après le Général de
division israélien, Jacob Amidror, Israël n’y verrait pas un motif de conflit. Ceci peut
notamment s‘expliquer par la diminution supposée des intentions belliqueuses de la part du
Hamas, au regard de l’existence et la reconnaissance de l’Etat palestinien.
Toutefois, il est à noter que l’effet inverse serait également possible. Le Hamas pourrait
très bien durcir ses positions vis-à-vis de son voisin juif en raison de sa « victoire »,
constituée par la création de la Palestine, qui légitimerait la « résistance » et le terrorisme.
Mais une telle ligne de conduite entacherait la position du nouvel Etat palestinien sur la
scène internationale alors que ce dernier aura besoin de faire preuve d’intégration pour
établir de nouvelles relations interétatiques.
1.3.2 S’agissant de la gestion des ressources
Plusieurs questions sont préoccupantes et le resteront après à la création de l’Etat
palestinien. En effet, ces problématiques réclameront un effort de collaboration entre le
nouvel Etat palestinien et son voisin israélien.
Nous nous attarderons sur l’enjeu vital de l’eau car le conflit israélo-palestinien pourrait
résumer l’ensemble des paradigmes de cette question : une ressource commune mais
insuffisante et préemptée, une dégradation de sa qualité, des usages sectoriels concurrents,
un conflit d’appropriation et une coopération en devenir.
Nous sommes face à une surconsommation criante de la part d’Israël qui trouve son
explication à deux niveaux : d’une part, l’Etat juif, cherchant à fuir une dépendance vis-à-
vis de ses voisins, développe une agriculture vivrière intensive qui favorise une
consommation excessive de l’or bleu : la logique d’une telle politique étant
l’autosuffisance. D’autre part, la population israélienne ne cessant de croître tout en
adoptant un style de vie occidental, conduit à une consommation trop importante au regard
des principales ressources en eau israéliennes disponibles.
L’eau, comme toutes les ressources naturelles, est vue par Israël comme constitutive de la
richesse d’un Etat et son partage avec un tiers est un jeu à somme nulle : si l’un gagne,
l’autre perd. Les Israéliens ne semblent pas tenir compte des besoins des Palestiniens et les
Palestiniens n’ont pas les moyens de se faire écouter. Ce défaut pourra être résolu dans
l’hypothèse où la Palestine deviendrait un Etat souverain et indépendant : le dialogue serait
relancé d’autant plus que l’eau apparaît plus souvent comme un motif de rapprochement
que comme un motif de discorde.
8
2 CONSEQUENCES REGIONALES
2.1 La nouvelle situation diplomatique au Moyen Orient
2.1.1 La normalisation des relations d’Israël avec ses voisins
Israël voit, au lendemain de la création de l’Etat palestinien, la voie ouverte à des contacts
approfondis avec ses voisins et la poursuite de la normalisation de ses relations.
L’Egypte se voit renforcée par la création du nouvel état qui justifie sa politique de
rapprochement avec Israël par Anouar el Sadate. Ce succès calme la rue égyptienne et
réduit l’influence des Frères Musulmans. La Jordanie, qui a signé un accord de paix avec
Israël en 1994, est aussi bénéficiaire de la création du nouvel état. Cela la soulage, en
partie, du problème des réfugiés qui pèse sur sa stabilité.
Dans le golfe Persique, les pays qui ont désiré un accord de Paix au sein du Conseil de
Coopération du Golfe se voient enfin libres de développer leurs relations économiques
avec Israël. En Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis, cette création calme les
populations. Une normalisation des relations avec l’Etat hébreu serait même envisageable.
On imagine alors aisément l’impact que pourrait avoir une reconnaissance diplomatique
bilatérale entre l’Arabie Saoudite et Israël, deux états gardiens de lieux cultuels majeurs.
En revanche, la Syrie voit sa position régionale affaiblie et va subir plusieurs conséquences
de la création de l’état palestinien. Un mouvement migratoire des réfugiés intervient et
nombreux sont ceux qui rentrent au pays. Pour sa diplomatie, la Syrie aura plus de mal à
négocier avec l’Etat hébreu ses propres différents territoriaux. Le pays du Cèdre, qui abrite
beaucoup de réfugiés, voit aussi repartir plusieurs dizaines de milliers d’entre eux des
camps.
Hostile à Israël, le Qatar risque de subir des pressions pour « rentrer dans le rang », tant de
la part des pays arabes qui auront établis des relations commerciales avec Israël, que de la
part des Etats-Unis. Les relations avec l’Iran constituent le défi le plus important pour la
diplomatie israélienne. En 2009, la réélection de M. Ahmadinejad ainsi que la volonté
iranienne de se doter de l’arme nucléaire inquiètent les autorités israéliennes. Néanmoins,
si le Président iranien occupe l’espace médiatique, le seul à décider de l’engagement
militaire du pays demeure l’Ayatollah Khamenei. Le nouvel état prive le Président de l’un
de ses thèmes favoris contre Israël. L’Iran osera-t-il faire volte-face à long terme afin de
développer des relations économiques avec Israël, et ainsi d’assoir sa position dans la
région ? Le pays commerce déjà indirectement avec les Etats-Unis, malgré ses déclarations
officielles.
Les chancelleries du Moyen-Orient vont devoir réinventer leurs relations. La Turquie
valoriserait sa place dans la région car ses bonnes relations avec Israël vont prendre une
nouvelle dimension. On assistera à une facilitation des relations économiques entre les
différents acteurs, qui pourrait encourager la création d’un espace économique régional
d’échanges de type Mercosur. Cette situation crée aussi des gagnants et des perdants selon
un équilibre encore difficile à déterminer (réactions des acteurs, interactions des autres
puissances présentes dans la région et organisations régionales telles que la Ligue Arabe,
les Etats-Unis ou l’Union Européenne). Enfin, la « culture de la haine » entre les uns et les
autres ne disparaîtra pas immédiatement. Pour créer les liens nécessaires, les échanges
économiques, universitaires et artistiques devront avoir fait preuve de leur efficacité et de
leur solidité.
9
2.1.2 Le jeu d’influence des grandes puissances régionales : l’Iran, l’Egypte et l’Arabie
Saoudite
L’issue au conflit de basse intensité entre Israël et Palestine que représentent la création
d’un Etat palestinien et ses conséquences, est l’enjeu de luttes d’influences entre trois
grandes puissances régionales au Moyen Orient : l’Iran, l’Egypte et l’Arabie Saoudite. Ces
trois pays nourrissent des relations diplomatiques complexes caractérisées par des lignes
stratégiques parfois similaires mais souvent antagonistes au cours de l’histoire.
L’Egypte et l’Arabie Saoudite sont membres fondateurs de la Ligue des pays arabes en
1945, et entretiennent depuis la victoire d’Israël en 1973 une relation pacifique avec ce
dernier, même si celle-ci subit les aléas de la situation en Palestine. Malgré les humiliations
subies par la population palestinienne et l’émoi que cela suscite au sein de leur propre
pays, leur volonté est de trouver une solution apaisée à la problématique israélo-
palestinienne. Ce d’autant plus qu’ils ont des liens forts avec les Etats-Unis, qui sont un
partenaire économique stratégique pour les Saoudiens (pétrole), et apportent une
subvention annuelle conséquente (2 Milliard de $) à l’Egypte. La situation de l’Iran depuis
la Révolution de 1979 et l’instauration d’une République islamique est plus délicate à gérer
pour le régime au pouvoir. A sa rivalité traditionnelle avec les régimes arabes sunnites
comme l’Egypte et l’Arabie Saoudite s’ajoute l’hostilité à son égard de la part de l’alliance
israélo-américaine. L’Iran agit donc dans la région par l’intermédiaire d’acteurs intra-
étatiques opposés à Israël, qu’elle finance et appuie sur le plan logistique, les plus connus
étant le Hamas et le djihad islamique à Gaza, et le Hezbollah dans le Sud-Liban. La
création de l’Etat palestinien consacre une victoire dans la stratégie d’apaisement
poursuivie par l’Egypte et l’Arabie Saoudite, ainsi que leurs alliés de la Ligue des pays
arabes, le Qatar, Bahreïn, Koweït et Oman. Pour ces états, une diplomatie d’alliance avec
les Etats-Unis et Israël permet d’assurer leur sécurité en stabilisant la région, et ouvre la
voie à un développement économique soutenu, favorisés par les échanges avec Israël. Il
s’agit en revanche d’un risque diplomatique important pour le régime iranien, qui ne peut
plus autant instrumentaliser le conflit israélo-palestinien pour accroître sa popularité dans
la rue arabe et s’en faire le porte-parole contre les Etats-Unis. Mais ce risque est compensé
par le paradigme religieux qui prédomine actuellement au Moyen Orient, et qui a
considérablement renforcé ces dernières années l’influence iranienne. Ce paradigme
religieux a peu a peu remplacé le paradigme panarabe qui a prévalu jusqu’à la fin du 20ème
siècle et qui marginalisait l’Iran, le pays ayant déjà perdu beaucoup de son prestige auprès
des populations arabes après la guerre Iran-Irak.
La création de l’Etat palestinien est ainsi l’occasion d’une nouvelle étape dans la lutte que
livre l’Iran à l’Arabie Saoudite pour redevenir l’acteur central de la région. Ces deux Etats
ont cependant tout intérêt à abandonner leurs tensions pour opérer un rapprochement
bénéfique aux deux parties. La Syrie jouerait dans ce cadre un rôle d’intermédiaire
important. Alliée géostratégique de l’Iran, elle garde en même temps des liens
diplomatiques avec les autres puissances de la Ligue des pays arabes, et l’Union
Européenne (notamment la France). Dans cette optique, l’Iran a également par ailleurs la
possibilité de profiter de la main tendue du nouveau président américain pour normaliser
ses rapports diplomatiques avec les Etats-Unis, tout en obtenant des garanties sur sa propre
sécurité. Dans tous les cas, les pressions américaines sont suffisamment fortes au Moyen
Orient pour que tout rapprochement diplomatique entre l’Iran et ses voisins passe dans le
même temps par un réchauffement de ses relations avec les Etats-Unis. Dans ce contexte,
l’Egypte est plutôt en position d’outsider, elle qui entretient des rapports privilégiés avec la
population palestinienne.
10
2.2 Quel impact sur la stabilité de la région ?
2.2.1 Des difficultés évidentes pour le terrorisme…
Avec l’apparition d’un état palestinien une des grandes causes du terrorisme local et
transnational disparaitrait. Cela aurait pour principale conséquence des difficultés dans le
recrutement pour les groupes terroristes, une disparition probable de certains groupes
terroristes modérés se retrouvant sans objectif (la création d’un état palestinien), ainsi
qu’un tarissement de certaines sources de financement.
Le terrorisme transnational serait plus touché que le terrorisme local. Les états arabes,
jusqu’alors tolérants sur le franchissement de leurs frontières par des terroristes,
deviendraient plus intransigeants, désireux de stabilité dans leur propre pays et
renforceraient la lutte contre des groupes terroristes qui, faute de cause extérieure,
resteraient sur place. Le principal mouvement ainsi mis à mal dans la région pourrait être
Al Qaeda.
2.2.2 … Qui ne signifient absolument pas la fin du terrorisme dans la région
La création d’un état palestinien sera probablement perçue comme une victoire pour la
majorité des mouvements terroristes de la région et fournira une légitimité accrue pour leur
cause, démontrant que la voie terroriste peut gagner. On peut supposer cela étant donné
que le retrait unilatéral de la bande de Gaza par les Israéliens avaient déjà été interprété
comme une victoire par les islamistes. Un état palestinien le serait d’autant plus. Pour les
mouvements terroristes palestiniens dont l’objectif reste la destruction d’Israël, cela ne
changera rien. En ce qui concerne le Hezbollah, l’ennemi restera le même étant donné
qu’Israël sera toujours l’ennemi du sud alors que le Hezbollah prétend défendre le Liban.
Aussi, les mouvements terroristes indépendantistes, principalement kurdes, trouveront
dans cette création un nouveau prétexte à réclamer un état. Pourquoi les quelques millions
de palestiniens pourraient-ils obtenir un petit état de quelques kilomètres carrés alors
qu’eux le réclament pour un peuple de 26 millions de personnes ?
N’oublions pas aussi que pour certains groupes terroristes transnationaux, la création de
l’Etat palestinien n’est qu’une cause parmi d’autres (lutte contre la présence américaine en
Irak et en Afghanistan,…) et après d’autres (échec de la création d’un état tchétchène,…)
et que la tendance takfiriste du terrorisme transnational laisse entendre qu’il continuera à
opérer au Moyen Orient pour viser les gouvernements de la région.
2.2.3 Y a t-il plus de risques de déclenchement d’un conflit ?
L’existence d’un état palestinien créerait un ennemi désigné et responsable pour Israël. Si
la Palestine noue des relations diplomatiques voire des accords militaires avec d’autres
états de la région, un risque d’embrasement est possible.
Pour les pays arabes, il sera plus légitime de lancer une guerre contre Israël prétextant la
défense de la souveraineté de l’état palestinien - même si cela reste improbable.
Par exemple, la conséquence d’un tir de roquette sur Zderot par un islamiste palestinien
pourrait cette fois-ci être plus incertaine et rencontrer une hostilité plus grande de la part
des autres états du Moyen Orient.
L’augmentation de la possibilité de frappe préemptive dans un pays suspecté d’hostilité
(souvenons nous d’Osirak ou d’un site syrien en 2007) croîtrait autant que l’incertitude
stratégique pour Tsahal. Les villes ou les zones stratégiques (Tel Aviv, Dimona) seraient
encore plus menacées et les tensions accentuées.
11
Un état palestinien souverain entrainerait probablement une présence étrangère officielle
en Palestine (Imaginons la réaction israélienne en cas de présence de « conseillers
culturels iraniens » –branche Al Qods des Pasdarans- et un armement de la Palestine,
notamment en armes sensibles type missiles SRBM/ MRBM) conduisant à la possibilité
d’un conflit.
Le grand perdant de la création d’un état palestinien serait probablement l’Iran. Ce serait
un échec pour la stratégie de déstabilisation de la zone (notamment par Al Qods et le
VEVAK, très présents dans le secteur, comme la Jordanie). La résolution du conflit
israélo-palestinien lève les obstacles pour une entente stratégique entre Israël et une partie
des pays arabes qui serait ainsi possible concernant le dossier iranien. En effet, la crainte
de l’acquisition d’une arme nucléaire par l’Iran est un point commun entre les pays arabes,
Israël et les pays occidentaux. A titre d’exemple, on peut simplement noter l’état du
bouclier antimissile dans la région, l’Arabie saoudite et Israël étant actuellement équipés
du même système antimissile Patriot Pack 3.
2.3 Conséquences économiques et financières
2.3.1 Mobilisation d’une solidarité financière de la Région
Faute de ressources financières internes suffisantes à court terme, le plan de reconstruction
de l’Etat palestinien qui requiert un lourd budget doit être financé par des coalitions dont la
Ligue Arabe fera partie intégrante. Cette dernière a toujours manifesté son soutien
financier à la Palestine tel que l’octroi de 1,5 milliard de dollars en janvier 2009 pour la
reconstruction de Gaza. L’implication financière de la Ligue Arabe sera conséquente à
court, à moyen et même à long terme.
2.3.2 La Palestine : de nouveaux débouchés et investissements ouverts aux pays
limitrophes
La reconstruction d’un nouveau pays nécessite la mise en place d’un cadre fondamental en
termes d’infrastructures. Les investissements concerneraient surtout les logements, les
routes, les hôpitaux, les écoles…. Il s’agit d’un vaste marché, que les entreprises
palestiniennes qui fonctionnent actuellement à 10% de leur capacité ne seront pas encore
capables d’assurer seules.
Par ailleurs, les investissements concernent aussi la mise en place et le développement des
réseaux d’institutions financières spécialisées. Ils concernent l’édification d’un réseau
bancaire et micro-financier solide et accessible aussi bien à la population qu’aux opérateurs
économiques. Ainsi, des efforts d’investissements seront à entreprendre sur le système
financier. De par les disponibilités en liquidités de leurs fonds souverains, les pays du
golfe Persique et certains pays de la Ligue Arabe pourraient y trouver une opportunité
d’investissement à moyen et à court terme.
Enfin, 80% de la population de Gaza dépend des aides humanitaires. A moyen terme, le
peuple palestinien doit faire face à ses propres besoins et devra s’approvisionner sur le
marché conventionnel. C’est un nouveau marché et son approvisionnement constitue une
opportunité d’exportation pour les producteurs des pays limitrophes.
2.3.3 Une formalisation des relations commerciales et industrielles existantes entre Israël
et certains pays arabes
Les relations commerciales et industrielles entre Israël et les autres pays arabes restent
encore marginales, aucun pays arabes ne figure dans la liste des dix premiers partenaires
12
commerciaux d’Israël. Toutefois, elles existent déjà avec certains pays mais sont tues car
critiquées par l’opinion publique arabophone. Elles concernent notamment le gaz et le
textile. La Jordanie arrive en première place avec un volume global de 58,3 millions de
dollars, puis l’Egypte (34 millions de dollars) et le Liban (19,5 millions de dollars).
La création d’un Etat Palestinien atténuera les réticences de la population des Etats arabes
et permettra d’augmenter le volume des échanges commerciaux et industriels. Par ailleurs,
cette normalisation des relations économiques peut s’élargir à d’autres pays musulmans
tels que ceux du golfe Persique.
2.3.4 Un éventuel projet de régionalisation
Dans le cadre de la globalisation, on peut envisager que le nouvel Etat palestinien, pour
assurer sa pérennité, doive rentrer dans la compétition mondiale. Pour cette raison il est
possible d’envisager une intensification des échanges.
Si on part du principe qu’Israël est trop différent (culturellement, politiquement,…) des
pays de la région, il poursuivrait logiquement sa politique isolationniste à l’égard du
Moyen Orient.
Cependant, l’Etat palestinien, étant encore un pays en construction, ne peut pas envisager
son développement comme Israël. D’où l’idée d’un protectionnisme éducateur autorisé par
l’OMC pour l’Etat palestinien. A long terme, une initiative d’ouverture des marchés
nationaux aux voisins est envisageable pour faire face à la globalisation des marchés.
L’intégration d’Israël dans ce processus de régionalisation est conditionnée par la réussite
de la mise en place d’une politique de détente. Ceci atténuant les risques d’investissement.
La réussite de la création d’un Etat Palestinien doit contribuer à la redynamisation
économique de la région.
13
CONCLUSION
La création d’un Etat palestinien entrainerait des conséquences humaines, sociales,
politiques, économiques immédiates et importantes sur les relations israélo-palestiniennes,
sur le Moyen-Orient et sur le reste du monde. Néanmoins, l’extrême complexité du conflit
actuel et toutes les implications qui en découlen t nous empêchent de privilégier un
scénario plutôt qu’un autre, et personne ne peut aujourd’hui préjuger des évolutions de la
région.
Il est certain que les conditions de création de l’Etat palestinien auront à elles seules un
impact considérable sur le bon déroulement de l’histoire. Le temps sera aussi un facteur
essentiel pour construire l’ensemble des conditions de sécurité culturelle.
Comme l’état pacifique actuel des relations franco-allemandes pour la jeunesse de nos
deux pays apparaissent comme naturelles et évidentes, il est possible que les jeunes juifs et
les jeunes palestiniens des générations à venir puissent concevoir aussi une paix durable.
14
Annexes
Annexe 1 : Cartographie des tensions et conflits au Moyen et Proche Orient
Annexe 2 : Carte actuelle du territoire palestinien
15
Annexe 3 : La diaspora palestinienne dans le monde
Annexe 4 : Part de l’armement dans le PIB des pays au Moyen Orient
Source : Questions Internationales n°19 06/2006 – La Documentation Française
16
Annexe 5 : Carte de Jérusalem selon l’accord de Genève
Annexe 6 : Les principaux partenaires commerciaux d’Israël
Source : Questions Internationales n°28 12/2007 – La Documentation Française

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  • 1. 65ème séminaire « Jeunes » 31 août au 5 septembre 2009 ADPS - Troyes IMAGINEZ QUELLES POURRAIENT ÊTRE LES CONSEQUENCES AU MOYEN ORIENT DE LA CREATION D’UN ÉTAT PALESTINIEN. Comité 4 : Sarah EL HAIRY, Charles GERMAIN, Jean-Baptiste GOUDEAU, Baudoin GUILLARD, David HECQUET, Fatine JABRE, Grégoire PATTE, Adrien PENERANDA, Mamie Sultaniah RAZAFINDRAIBE A., Audrey RUFFIE, Sébastien WESSER.
  • 2. 2 Sommaire Introduction ........................................................................................................................... 3 1 Conséquences locales.................................................................................................... 4 1.1 A sa création, l’Etat palestinien sera confronté à des conséquences sanitaires, politiques, économiques et financières.............................................................................. 4 1.1.1 Les conséquences sanitaires des mouvements migratoires........................... 4 1.1.2 Les conséquences politiques : créer un État capable d’assurer la sécurité.... 4 1.2 Un nouvel Etat israelien ........................................................................................ 5 1.2.1 Redéfinition du rôle de l’armée israélienne .................................................. 5 1.2.2 Nouvelle donne politique en Israël................................................................ 6 1.3 Les relations bilatérales......................................................................................... 7 1.3.1 La question diplomatique.............................................................................. 7 1.3.2 S’agissant de la gestion des ressources ......................................................... 7 2 Conséquences régionales............................................................................................... 8 2.1 La nouvelle situation diplomatique au Moyen Orient........................................... 8 2.1.1 La normalisation des relations d’Israël avec ses voisins............................... 8 2.1.2 Le jeu d’influence des grandes puissances régionales : l’Iran, l’Egypte et l’Arabie Saoudite........................................................................................................... 9 2.2 Quel impact sur la stabilité de la région ? ........................................................... 10 2.2.1 Des difficultés évidentes pour le terrorisme…............................................ 10 2.2.2 … Qui ne signifient absolument pas la fin du terrorisme dans la région.... 10 2.2.3 Y a t-il plus de risques de déclenchement d’un conflit ? ............................ 10 2.3 Conséquences économiques et financières ......................................................... 11 2.3.1 Mobilisation d’une solidarité financière de la Région ................................ 11 2.3.2 La Palestine : de nouveaux débouchés et investissements ouverts aux pays limitrophes................................................................................................................... 11 2.3.3 Une formalisation des relations commerciales et industrielles existantes entre Israël et certains pays arabes .............................................................................. 11 2.3.4 Un éventuel projet de régionalisation.......................................................... 12 Conclusion........................................................................................................................... 13 Annexes 14
  • 3. 3 INTRODUCTION Le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations Unies adopte une résolution prévoyant la création de deux états, juif et arabe, indépendants. L’année suivante, BEN GOURION proclame la naissance de l’Etat d’Israël. Les autorités des pays arabes voisins quant à eux ne reconnaissent pas la proposition de l’ONU, et considèrent les territoires palestiniens occupés. Depuis, le Moyen Orient, largement déstabilisé par ces tensions israélo-palestiniennes, est le siège d’une succession quasi continue de conflits variés allant de la guerre conventionnelle (guerre des six jours), à la guerre civile (Liban) et à la guerre asymétrique (terrorisme). Depuis 1967 et la guerre des six jours, le monde arabe, hostile à Israël, semble avoir renoncés à une attaque directe mais renforce ses soutiens à la résistance palestinienne. Dans ce contexte, la création d’un état palestinien semble être l’objectif vers lequel tendent les efforts diplomatiques de pacification du conflit israélo-palestinien, Citons, à titre d’exemple, la reconnaissance par l’ONU en 1974 du droit des Palestiniens à l’indépendance nationale ou les accords de Genève, signés en 2003 entre l'ancien ministre israélien Yossi Beilin et l'ancien ministre palestinien Yasser Abd Rabboet qui prévoient des conditions à la création d’un tel état. En plus des questions inhérentes à toute création d’Etat (quel territoire ? quel peuple ? quelles institutions ?), la création d’un Etat Palestinien soulève des problématiques spécifiques liées à l’histoire de la région et des peuples juifs et palestiniens. Ainsi, un accord sur les questions du statut de Jérusalem, du sort des colonies, du retour des réfugiés ou du mur de séparation sont des préalables à la création d’un Etat Palestinien. Aussi éloigné que puisse sembler cet objectif, il est intéressant de s’interroger sur les conséquences de la création d’un Etat palestinien comme exercice de prospective. Nous allons imaginer un tel Etat. Ce scénario aurait nécessairement des répercussions mondiales mais nous avons choisi de cadrer notre étude dans un Moyen Orient couvrant la définition de l’INSEE (péninsule arabique jusqu’à la Syrie et l’Iran) et élargie à l’Egypte. Nous réaliserons cet objectif dans une perspective géographique en abordant les conséquences locales puis régionales. Nous n’envisageons la création d’un état palestinien que dans le cadre de la recherche d’une solution diplomatique au conflit israélo-palestinien. Les conditions d’une résolution armée de la souveraineté du peuple palestinien relèveraient d’une telle instabilité politique mondiale que les conséquences seraient difficilement prévisibles et dépasseraient largement le cadre de notre étude. L’enjeu n’est aucunement de savoir si le nouvel Etat que nous imaginons est possible aujourd’hui ou demain, ni même de s’interroger sur les accords hypothétiques qui auraient menés à une telle situation. Une seule certitude peut être avancée et constituera notre cadre géographique : si un Etat palestinien est constitué, la zone occupée actuellement par l’état d’Israël et l’Autorité palestinienne sera divisée en deux, du Jourdain à la Méditerranée, Israël à l’ouest et la Palestine à l’Est. Nous ne ferons aucune considération sur la forme que pourrait prendre l’un ou l’autre de ces deux pays. Il n’est pas question dans cet essai de formuler des réponses ni des solutions à la nouvelle géopolitique que créerait un nouvel Etat palestinien au Moyen Orient. Nous nous contenterons de soulever de nouvelles problématiques, d’identifier les nouvelles tensions, et de s’interroger sur ce que cette situation pourrait changer. Nous sommes conscients que cet essai n’est pas exhaustif. Il pose les questions et en assume les manques.
  • 4. 4 1 CONSEQUENCES LOCALES 1.1 A sa création, l’Etat palestinien sera confronté à des conséquences sanitaires, politiques, économiques et financières. 1.1.1 Les conséquences sanitaires des mouvements migratoires. L’une des premières conséquences de la création d’un État palestinien sera liée aux flux migratoires probablement importants des réfugiés, estimés à 3,5 millions (1) principalement en Cisjordanie, en Jordanie et au Liban. Outre de multiples questions préalables à régler, dont le « Droit au retour (2)», assurer l’accueil des nouveaux arrivants dans des conditions sanitaires adéquates puis développer des infrastructures globales (hôpitaux, écoles) dans un second temps constitueront un véritable défi pour l’État palestinien nouvellement créé. Au-delà des aspects purement organisationnels, la question des réfugiés cristallise les peurs des deux parties : d’une part les revendications de retour des palestiniens à Tel Aviv ou Haïfa par exemple traduiraient aux yeux des Israéliens la volonté réelle sous-jacente des Palestiniens - l’élimination d’Israël - tandis que pour certains Palestiniens le Droit au Retour prévaut sur la création d’un État fragile et dépendant, tout du moins dans un premier temps. 1.1.2 Les conséquences politiques : créer un État capable d’assurer la sécurité. La viabilité d’un état palestinien dépendra de sa capacité à créer un État capable d’assurer l’ordre et la sécurité à l’intérieur comme aux frontières. Il s’agira dès lors (i) d’avoir pris en compte l’ensemble des réfugiés pour éviter toute nouvelle source de conflit et (ii) de créer une structure étatique stable, sur les plans judiciaire, législatif et exécutif. Si le retour des réfugiés peut changer la donne politique (qui remportera leur suffrage ?), les deux forces politiques antagonistes actuelles, Fatah et Hamas, auront une influence directe notamment sur le respect de l’accord aux frontières et la gestion des groupes armés notamment à Gaza, zone la plus peuplée du monde, supposée croître de 150% sur dix ans pour atteindre 2,4 millions d’habitants. 2.1.3 Les conséquences économiques et financières. La reconstruction et la mise en place de l’état Palestinien nécessitera une importante mobilisation de fonds afin de pallier les urgences, structurer l’activité économique et intégrer l’état dans le marché économique régional. Dans ce but, des fonds en provenance des pays arabes, de l’Union Européenne, des Etats-Unis et des principales organisations internationales (FMI, Banque Mondiale) devront être mobilisés, imposant également une gestion rationnalisée et régulée par des pratiques conformes aux standards internationaux. Selon la Rand Corporation, quelques 33 milliards de dollars d’investissements en capital seront ainsi nécessaires durant les dix premières années d’indépendance de l’état. Grâce (1) UN Relief and Works Agency (2) Le Droit au retour est la revendication palestinienne qui consiste à demander la reconnaissance officielle du droit des réfugiés à retrouver leur bien en Israël. Cette idée avait été pour la première et unique fois mentionnée par le premier ministre Ben Gourion à Lausanne en 1949, avant d’être retirée.
  • 5. 5 aux relations nouées depuis des années avec les autres pays arabes, les dirigeants palestiniens devraient pouvoir mobiliser une grande partie de ces fonds. Ceci, d’autant plus que les états voisins et du golfe Persique sont désireux de stabiliser la région, afin d’éviter et de limiter les effets que pourraient générer les difficultés rencontrées par le nouvel état sur leurs populations et leurs décisions stratégiques au lendemain de sa création. Il reste ensuite à définir quelles seront les conditions fixées par les donateurs à l’obtention de cet afflux financier. Dans quelle proportion les pays donateurs interviendront-ils sans opération de crédit ? Les fonds souverains seront-ils solliciter pour la mobilisation des fonds nécessaires ? Dans le même temps, l’état Palestinien doit créer les structures bancaires nécessaires à son fonctionnement (banque centrale, réseau bancaire). Le dollar est, dans un premier temps, la monnaie en circulation. L’état, avec l’aide d’experts internationaux, va devoir mettre en place toutes les structures nécessaires au développement des entreprises existantes et de PME. Cette activité ne pourra se développer qu’au rythme du développement des infrastructures indispensables à la production, telles que les réseaux électriques, réseaux d’eau, réseaux routiers et autoroutiers,… Pour assurer également un développement optimal de l’économie, l’état devra créer un certain nombre de services publics indispensables à l’essor du pays. C’est-à-dire, au-delà des services sanitaires, un service postal, un opérateur téléphonique ou une organisation ayant pour objectif de consolider, développer et harmoniser les standards des réseaux de télécommunications… 1.2 Un nouvel Etat israelien Selon le CBS, 75,5% de la population israélienne (5.593.000 personnes) sont Juifs, et 20,2% (1.498.000 personnes) sont Arabes, tandis que le reste de la population est constitué des immigrés et de leurs descendants qui ne sont pas enregistrés comme juifs par le ministère de l’Intérieur. Or au vu du vieillissement de sa population d’origine juive et du maintient démographique de la minorité arabe, Israël peut être confronté à un enjeu capital quant à sa propre définition. Ainsi, dans le cas où un état Palestinien se crée on pourra observer un mouvement de la diaspora juive vers un état Israélien en paix mais surtout un départ potentiel des Israéliens arabes vers l’Etat de Palestine. 1.2.1 Redéfinition du rôle de l’armée israélienne L’armée israélienne est l’une des plus puissante de la région, elle dispose de 2500 chars de combats, 3 sous-marins, 15 navires de guerre, d’une aviation forte composée de 710 avions de combat F16 et F15 ainsi que de 180 hélicoptères de combat. L’armée est composée de 160 000 soldats et de 425 000 réservistes, prêt à intervenir sous 72 h. Cette armée est aujourd’hui en guerre depuis soixante ans et, au cours des sept conflits, a été confrontée à la plupart de ses voisins directs. Les principes fondamentaux de stratégie qui ont assis la notoriété de Tsahal sont les attaques préventives, la recherche systématique de la surprise et des batailles décisives, des combats rapides préservant l’environnement urbain israélien. La résolution du conflit avec la Palestine et la création d’un état qui implique de nouvelles frontières, impliquent des changements stratégiques militaires importants. Il est tout d’abord utile de définir les nouveaux ennemis probables d'Israël, afin de pouvoir évoquer
  • 6. 6 les nouveaux enjeux de la stratégie militaire. Du fait de leur opposition sans faille à Israël, des groupes non-étatiques, tels le Hamas et le Hezbollah, risquent de rester à court et à moyen terme les principaux adversaires d'Israël. Néanmoins le dossier du nucléaire iranien laisse entrevoir un changement d’horizon stratégique. Certains considèrent la possession d’armes atomique par Téhéran comme une menace vitale, se basant sur les déclarations du pouvoir iranien appelant à la destruction de l’Etat hébreux et émettant l’hypothèse du risque de transfert clandestin de têtes nucléaires vers des organisations terroristes telles qu’Al Qaida. Concernant la probabilité d’un état iranien en possession de l’arme nucléaire, certains experts pensent que la probabilité d’un conflit nucléaire est nulle, chacun redoutant une riposte éventuelle. D’autres, au contraire, souhaite une intervention israélienne visant à détruire tous les sites à risque iraniens. Et ce malgré le risque important de riposte, à court ou moyen terme, et l’incertitude de pouvoir détruire tous les sites d’étude nucléaire. Israël se retrouve, depuis la création de l'état palestinien, sur un territoire encore plus réduit. Leur technique de défense et d’intervention implique des attaques préventives avec occupation des pays en conflit. Dans cette hypothèse, le premier risque majeur est l’occupation du nouvel état palestinien en cas de conflit face au Hamas, au Hezbollah, ou même à la Syrie. Dans ces conditions, et pour éviter toute reprise du conflit, Israël doit revoir ses priorités stratégiques. Deux courants de pensées s’opposent : une technique portée sur la dissuasion, avec entre autre la création d’un bouclier anti-aérien, une déclaration officielle de possession de l’arme atomique, et une armée de terre importante prête à intervenir à tout moment. La seconde solution, serait de détruire définitivement les menaces de ces groupes non-étatiques, en s’engageant dans un conflit rapide et avec une force d intervention importante. Une solution qui relancerait sans aucun doute un conflit d’une grande importance. 1.2.2 Nouvelle donne politique en Israël Aujourd’hui, l’espace politique israélien se caractérise par l’importance du nombre de partis politique. Longtemps, Israël a vu s’affronter deux grandes formations que sont le Likoud, une droite libérale conservatrice, et le Parti travailliste, parti sioniste de gauche. Or, depuis quelques années, on observe une diminution de l’influence de ces deux grands partis et l’émergence d’un nombre important de petits partis représentant chacun des positions différentes dans la résolution de la question palestinienne. On passe d’une extrême-droite sioniste religieuse fermement opposée à la création d’un Etat palestinien à des partis d’extrême-gauche prônant la création d’un Etat palestinien et un Etat israélien binationale juif et arabe. Certains partis laïcs, à l’instar de Meretz, recherchent aussi une égalité de tous sur le territoire. Ce qui amène à tendre vers des gouvernements de coalition paralysant le système politique israélien. On peut légitimement penser que la création d’un Etat palestinien pourrait transformer l’échiquier politique actuel en créant de nouveaux enjeux comme l’orientation religieuse, les relations étrangères et la transformation de la politique de défense. Ainsi, l’évolution vers un bipartisme caractérisé par des partis forts apparaît la plus probable. Il y aura alors une droite religieuse favorisant un repli communautaire face à une gauche ouverte désirant approfondir les liens diplomatiques avec ces nouveaux voisins.
  • 7. 7 1.3 Les relations bilatérales 1.3.1 La question diplomatique Chacun des deux acteurs verrait la légitimité de sa souveraineté confortée, tant aux yeux de son voisin direct que des autres membres de la communauté internationale. Ceci constituerait un terreau favorable à un rapprochement des deux «frères ennemis». Par ailleurs, le droit international pourrait prendre en compte les nouvelles relations entre les deux peuples, ces dernières n’évoluant plus dans une configuration asymétrique, mais entre deux Etats souverains. Un tel encadrement offrirait de nouveaux outils pour l’Etat palestinien qui pourrait y trouver le moyen de se faire entendre sur des questions ayant un caractère supra national. Cependant, nous pouvons légitimement nous interroger sur la bonne entente espérée de ces deux Etats dans l’hypothèse où le Hamas prendrait la tête du pays. D’après le Général de division israélien, Jacob Amidror, Israël n’y verrait pas un motif de conflit. Ceci peut notamment s‘expliquer par la diminution supposée des intentions belliqueuses de la part du Hamas, au regard de l’existence et la reconnaissance de l’Etat palestinien. Toutefois, il est à noter que l’effet inverse serait également possible. Le Hamas pourrait très bien durcir ses positions vis-à-vis de son voisin juif en raison de sa « victoire », constituée par la création de la Palestine, qui légitimerait la « résistance » et le terrorisme. Mais une telle ligne de conduite entacherait la position du nouvel Etat palestinien sur la scène internationale alors que ce dernier aura besoin de faire preuve d’intégration pour établir de nouvelles relations interétatiques. 1.3.2 S’agissant de la gestion des ressources Plusieurs questions sont préoccupantes et le resteront après à la création de l’Etat palestinien. En effet, ces problématiques réclameront un effort de collaboration entre le nouvel Etat palestinien et son voisin israélien. Nous nous attarderons sur l’enjeu vital de l’eau car le conflit israélo-palestinien pourrait résumer l’ensemble des paradigmes de cette question : une ressource commune mais insuffisante et préemptée, une dégradation de sa qualité, des usages sectoriels concurrents, un conflit d’appropriation et une coopération en devenir. Nous sommes face à une surconsommation criante de la part d’Israël qui trouve son explication à deux niveaux : d’une part, l’Etat juif, cherchant à fuir une dépendance vis-à- vis de ses voisins, développe une agriculture vivrière intensive qui favorise une consommation excessive de l’or bleu : la logique d’une telle politique étant l’autosuffisance. D’autre part, la population israélienne ne cessant de croître tout en adoptant un style de vie occidental, conduit à une consommation trop importante au regard des principales ressources en eau israéliennes disponibles. L’eau, comme toutes les ressources naturelles, est vue par Israël comme constitutive de la richesse d’un Etat et son partage avec un tiers est un jeu à somme nulle : si l’un gagne, l’autre perd. Les Israéliens ne semblent pas tenir compte des besoins des Palestiniens et les Palestiniens n’ont pas les moyens de se faire écouter. Ce défaut pourra être résolu dans l’hypothèse où la Palestine deviendrait un Etat souverain et indépendant : le dialogue serait relancé d’autant plus que l’eau apparaît plus souvent comme un motif de rapprochement que comme un motif de discorde.
  • 8. 8 2 CONSEQUENCES REGIONALES 2.1 La nouvelle situation diplomatique au Moyen Orient 2.1.1 La normalisation des relations d’Israël avec ses voisins Israël voit, au lendemain de la création de l’Etat palestinien, la voie ouverte à des contacts approfondis avec ses voisins et la poursuite de la normalisation de ses relations. L’Egypte se voit renforcée par la création du nouvel état qui justifie sa politique de rapprochement avec Israël par Anouar el Sadate. Ce succès calme la rue égyptienne et réduit l’influence des Frères Musulmans. La Jordanie, qui a signé un accord de paix avec Israël en 1994, est aussi bénéficiaire de la création du nouvel état. Cela la soulage, en partie, du problème des réfugiés qui pèse sur sa stabilité. Dans le golfe Persique, les pays qui ont désiré un accord de Paix au sein du Conseil de Coopération du Golfe se voient enfin libres de développer leurs relations économiques avec Israël. En Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis, cette création calme les populations. Une normalisation des relations avec l’Etat hébreu serait même envisageable. On imagine alors aisément l’impact que pourrait avoir une reconnaissance diplomatique bilatérale entre l’Arabie Saoudite et Israël, deux états gardiens de lieux cultuels majeurs. En revanche, la Syrie voit sa position régionale affaiblie et va subir plusieurs conséquences de la création de l’état palestinien. Un mouvement migratoire des réfugiés intervient et nombreux sont ceux qui rentrent au pays. Pour sa diplomatie, la Syrie aura plus de mal à négocier avec l’Etat hébreu ses propres différents territoriaux. Le pays du Cèdre, qui abrite beaucoup de réfugiés, voit aussi repartir plusieurs dizaines de milliers d’entre eux des camps. Hostile à Israël, le Qatar risque de subir des pressions pour « rentrer dans le rang », tant de la part des pays arabes qui auront établis des relations commerciales avec Israël, que de la part des Etats-Unis. Les relations avec l’Iran constituent le défi le plus important pour la diplomatie israélienne. En 2009, la réélection de M. Ahmadinejad ainsi que la volonté iranienne de se doter de l’arme nucléaire inquiètent les autorités israéliennes. Néanmoins, si le Président iranien occupe l’espace médiatique, le seul à décider de l’engagement militaire du pays demeure l’Ayatollah Khamenei. Le nouvel état prive le Président de l’un de ses thèmes favoris contre Israël. L’Iran osera-t-il faire volte-face à long terme afin de développer des relations économiques avec Israël, et ainsi d’assoir sa position dans la région ? Le pays commerce déjà indirectement avec les Etats-Unis, malgré ses déclarations officielles. Les chancelleries du Moyen-Orient vont devoir réinventer leurs relations. La Turquie valoriserait sa place dans la région car ses bonnes relations avec Israël vont prendre une nouvelle dimension. On assistera à une facilitation des relations économiques entre les différents acteurs, qui pourrait encourager la création d’un espace économique régional d’échanges de type Mercosur. Cette situation crée aussi des gagnants et des perdants selon un équilibre encore difficile à déterminer (réactions des acteurs, interactions des autres puissances présentes dans la région et organisations régionales telles que la Ligue Arabe, les Etats-Unis ou l’Union Européenne). Enfin, la « culture de la haine » entre les uns et les autres ne disparaîtra pas immédiatement. Pour créer les liens nécessaires, les échanges économiques, universitaires et artistiques devront avoir fait preuve de leur efficacité et de leur solidité.
  • 9. 9 2.1.2 Le jeu d’influence des grandes puissances régionales : l’Iran, l’Egypte et l’Arabie Saoudite L’issue au conflit de basse intensité entre Israël et Palestine que représentent la création d’un Etat palestinien et ses conséquences, est l’enjeu de luttes d’influences entre trois grandes puissances régionales au Moyen Orient : l’Iran, l’Egypte et l’Arabie Saoudite. Ces trois pays nourrissent des relations diplomatiques complexes caractérisées par des lignes stratégiques parfois similaires mais souvent antagonistes au cours de l’histoire. L’Egypte et l’Arabie Saoudite sont membres fondateurs de la Ligue des pays arabes en 1945, et entretiennent depuis la victoire d’Israël en 1973 une relation pacifique avec ce dernier, même si celle-ci subit les aléas de la situation en Palestine. Malgré les humiliations subies par la population palestinienne et l’émoi que cela suscite au sein de leur propre pays, leur volonté est de trouver une solution apaisée à la problématique israélo- palestinienne. Ce d’autant plus qu’ils ont des liens forts avec les Etats-Unis, qui sont un partenaire économique stratégique pour les Saoudiens (pétrole), et apportent une subvention annuelle conséquente (2 Milliard de $) à l’Egypte. La situation de l’Iran depuis la Révolution de 1979 et l’instauration d’une République islamique est plus délicate à gérer pour le régime au pouvoir. A sa rivalité traditionnelle avec les régimes arabes sunnites comme l’Egypte et l’Arabie Saoudite s’ajoute l’hostilité à son égard de la part de l’alliance israélo-américaine. L’Iran agit donc dans la région par l’intermédiaire d’acteurs intra- étatiques opposés à Israël, qu’elle finance et appuie sur le plan logistique, les plus connus étant le Hamas et le djihad islamique à Gaza, et le Hezbollah dans le Sud-Liban. La création de l’Etat palestinien consacre une victoire dans la stratégie d’apaisement poursuivie par l’Egypte et l’Arabie Saoudite, ainsi que leurs alliés de la Ligue des pays arabes, le Qatar, Bahreïn, Koweït et Oman. Pour ces états, une diplomatie d’alliance avec les Etats-Unis et Israël permet d’assurer leur sécurité en stabilisant la région, et ouvre la voie à un développement économique soutenu, favorisés par les échanges avec Israël. Il s’agit en revanche d’un risque diplomatique important pour le régime iranien, qui ne peut plus autant instrumentaliser le conflit israélo-palestinien pour accroître sa popularité dans la rue arabe et s’en faire le porte-parole contre les Etats-Unis. Mais ce risque est compensé par le paradigme religieux qui prédomine actuellement au Moyen Orient, et qui a considérablement renforcé ces dernières années l’influence iranienne. Ce paradigme religieux a peu a peu remplacé le paradigme panarabe qui a prévalu jusqu’à la fin du 20ème siècle et qui marginalisait l’Iran, le pays ayant déjà perdu beaucoup de son prestige auprès des populations arabes après la guerre Iran-Irak. La création de l’Etat palestinien est ainsi l’occasion d’une nouvelle étape dans la lutte que livre l’Iran à l’Arabie Saoudite pour redevenir l’acteur central de la région. Ces deux Etats ont cependant tout intérêt à abandonner leurs tensions pour opérer un rapprochement bénéfique aux deux parties. La Syrie jouerait dans ce cadre un rôle d’intermédiaire important. Alliée géostratégique de l’Iran, elle garde en même temps des liens diplomatiques avec les autres puissances de la Ligue des pays arabes, et l’Union Européenne (notamment la France). Dans cette optique, l’Iran a également par ailleurs la possibilité de profiter de la main tendue du nouveau président américain pour normaliser ses rapports diplomatiques avec les Etats-Unis, tout en obtenant des garanties sur sa propre sécurité. Dans tous les cas, les pressions américaines sont suffisamment fortes au Moyen Orient pour que tout rapprochement diplomatique entre l’Iran et ses voisins passe dans le même temps par un réchauffement de ses relations avec les Etats-Unis. Dans ce contexte, l’Egypte est plutôt en position d’outsider, elle qui entretient des rapports privilégiés avec la population palestinienne.
  • 10. 10 2.2 Quel impact sur la stabilité de la région ? 2.2.1 Des difficultés évidentes pour le terrorisme… Avec l’apparition d’un état palestinien une des grandes causes du terrorisme local et transnational disparaitrait. Cela aurait pour principale conséquence des difficultés dans le recrutement pour les groupes terroristes, une disparition probable de certains groupes terroristes modérés se retrouvant sans objectif (la création d’un état palestinien), ainsi qu’un tarissement de certaines sources de financement. Le terrorisme transnational serait plus touché que le terrorisme local. Les états arabes, jusqu’alors tolérants sur le franchissement de leurs frontières par des terroristes, deviendraient plus intransigeants, désireux de stabilité dans leur propre pays et renforceraient la lutte contre des groupes terroristes qui, faute de cause extérieure, resteraient sur place. Le principal mouvement ainsi mis à mal dans la région pourrait être Al Qaeda. 2.2.2 … Qui ne signifient absolument pas la fin du terrorisme dans la région La création d’un état palestinien sera probablement perçue comme une victoire pour la majorité des mouvements terroristes de la région et fournira une légitimité accrue pour leur cause, démontrant que la voie terroriste peut gagner. On peut supposer cela étant donné que le retrait unilatéral de la bande de Gaza par les Israéliens avaient déjà été interprété comme une victoire par les islamistes. Un état palestinien le serait d’autant plus. Pour les mouvements terroristes palestiniens dont l’objectif reste la destruction d’Israël, cela ne changera rien. En ce qui concerne le Hezbollah, l’ennemi restera le même étant donné qu’Israël sera toujours l’ennemi du sud alors que le Hezbollah prétend défendre le Liban. Aussi, les mouvements terroristes indépendantistes, principalement kurdes, trouveront dans cette création un nouveau prétexte à réclamer un état. Pourquoi les quelques millions de palestiniens pourraient-ils obtenir un petit état de quelques kilomètres carrés alors qu’eux le réclament pour un peuple de 26 millions de personnes ? N’oublions pas aussi que pour certains groupes terroristes transnationaux, la création de l’Etat palestinien n’est qu’une cause parmi d’autres (lutte contre la présence américaine en Irak et en Afghanistan,…) et après d’autres (échec de la création d’un état tchétchène,…) et que la tendance takfiriste du terrorisme transnational laisse entendre qu’il continuera à opérer au Moyen Orient pour viser les gouvernements de la région. 2.2.3 Y a t-il plus de risques de déclenchement d’un conflit ? L’existence d’un état palestinien créerait un ennemi désigné et responsable pour Israël. Si la Palestine noue des relations diplomatiques voire des accords militaires avec d’autres états de la région, un risque d’embrasement est possible. Pour les pays arabes, il sera plus légitime de lancer une guerre contre Israël prétextant la défense de la souveraineté de l’état palestinien - même si cela reste improbable. Par exemple, la conséquence d’un tir de roquette sur Zderot par un islamiste palestinien pourrait cette fois-ci être plus incertaine et rencontrer une hostilité plus grande de la part des autres états du Moyen Orient. L’augmentation de la possibilité de frappe préemptive dans un pays suspecté d’hostilité (souvenons nous d’Osirak ou d’un site syrien en 2007) croîtrait autant que l’incertitude stratégique pour Tsahal. Les villes ou les zones stratégiques (Tel Aviv, Dimona) seraient encore plus menacées et les tensions accentuées.
  • 11. 11 Un état palestinien souverain entrainerait probablement une présence étrangère officielle en Palestine (Imaginons la réaction israélienne en cas de présence de « conseillers culturels iraniens » –branche Al Qods des Pasdarans- et un armement de la Palestine, notamment en armes sensibles type missiles SRBM/ MRBM) conduisant à la possibilité d’un conflit. Le grand perdant de la création d’un état palestinien serait probablement l’Iran. Ce serait un échec pour la stratégie de déstabilisation de la zone (notamment par Al Qods et le VEVAK, très présents dans le secteur, comme la Jordanie). La résolution du conflit israélo-palestinien lève les obstacles pour une entente stratégique entre Israël et une partie des pays arabes qui serait ainsi possible concernant le dossier iranien. En effet, la crainte de l’acquisition d’une arme nucléaire par l’Iran est un point commun entre les pays arabes, Israël et les pays occidentaux. A titre d’exemple, on peut simplement noter l’état du bouclier antimissile dans la région, l’Arabie saoudite et Israël étant actuellement équipés du même système antimissile Patriot Pack 3. 2.3 Conséquences économiques et financières 2.3.1 Mobilisation d’une solidarité financière de la Région Faute de ressources financières internes suffisantes à court terme, le plan de reconstruction de l’Etat palestinien qui requiert un lourd budget doit être financé par des coalitions dont la Ligue Arabe fera partie intégrante. Cette dernière a toujours manifesté son soutien financier à la Palestine tel que l’octroi de 1,5 milliard de dollars en janvier 2009 pour la reconstruction de Gaza. L’implication financière de la Ligue Arabe sera conséquente à court, à moyen et même à long terme. 2.3.2 La Palestine : de nouveaux débouchés et investissements ouverts aux pays limitrophes La reconstruction d’un nouveau pays nécessite la mise en place d’un cadre fondamental en termes d’infrastructures. Les investissements concerneraient surtout les logements, les routes, les hôpitaux, les écoles…. Il s’agit d’un vaste marché, que les entreprises palestiniennes qui fonctionnent actuellement à 10% de leur capacité ne seront pas encore capables d’assurer seules. Par ailleurs, les investissements concernent aussi la mise en place et le développement des réseaux d’institutions financières spécialisées. Ils concernent l’édification d’un réseau bancaire et micro-financier solide et accessible aussi bien à la population qu’aux opérateurs économiques. Ainsi, des efforts d’investissements seront à entreprendre sur le système financier. De par les disponibilités en liquidités de leurs fonds souverains, les pays du golfe Persique et certains pays de la Ligue Arabe pourraient y trouver une opportunité d’investissement à moyen et à court terme. Enfin, 80% de la population de Gaza dépend des aides humanitaires. A moyen terme, le peuple palestinien doit faire face à ses propres besoins et devra s’approvisionner sur le marché conventionnel. C’est un nouveau marché et son approvisionnement constitue une opportunité d’exportation pour les producteurs des pays limitrophes. 2.3.3 Une formalisation des relations commerciales et industrielles existantes entre Israël et certains pays arabes Les relations commerciales et industrielles entre Israël et les autres pays arabes restent encore marginales, aucun pays arabes ne figure dans la liste des dix premiers partenaires
  • 12. 12 commerciaux d’Israël. Toutefois, elles existent déjà avec certains pays mais sont tues car critiquées par l’opinion publique arabophone. Elles concernent notamment le gaz et le textile. La Jordanie arrive en première place avec un volume global de 58,3 millions de dollars, puis l’Egypte (34 millions de dollars) et le Liban (19,5 millions de dollars). La création d’un Etat Palestinien atténuera les réticences de la population des Etats arabes et permettra d’augmenter le volume des échanges commerciaux et industriels. Par ailleurs, cette normalisation des relations économiques peut s’élargir à d’autres pays musulmans tels que ceux du golfe Persique. 2.3.4 Un éventuel projet de régionalisation Dans le cadre de la globalisation, on peut envisager que le nouvel Etat palestinien, pour assurer sa pérennité, doive rentrer dans la compétition mondiale. Pour cette raison il est possible d’envisager une intensification des échanges. Si on part du principe qu’Israël est trop différent (culturellement, politiquement,…) des pays de la région, il poursuivrait logiquement sa politique isolationniste à l’égard du Moyen Orient. Cependant, l’Etat palestinien, étant encore un pays en construction, ne peut pas envisager son développement comme Israël. D’où l’idée d’un protectionnisme éducateur autorisé par l’OMC pour l’Etat palestinien. A long terme, une initiative d’ouverture des marchés nationaux aux voisins est envisageable pour faire face à la globalisation des marchés. L’intégration d’Israël dans ce processus de régionalisation est conditionnée par la réussite de la mise en place d’une politique de détente. Ceci atténuant les risques d’investissement. La réussite de la création d’un Etat Palestinien doit contribuer à la redynamisation économique de la région.
  • 13. 13 CONCLUSION La création d’un Etat palestinien entrainerait des conséquences humaines, sociales, politiques, économiques immédiates et importantes sur les relations israélo-palestiniennes, sur le Moyen-Orient et sur le reste du monde. Néanmoins, l’extrême complexité du conflit actuel et toutes les implications qui en découlen t nous empêchent de privilégier un scénario plutôt qu’un autre, et personne ne peut aujourd’hui préjuger des évolutions de la région. Il est certain que les conditions de création de l’Etat palestinien auront à elles seules un impact considérable sur le bon déroulement de l’histoire. Le temps sera aussi un facteur essentiel pour construire l’ensemble des conditions de sécurité culturelle. Comme l’état pacifique actuel des relations franco-allemandes pour la jeunesse de nos deux pays apparaissent comme naturelles et évidentes, il est possible que les jeunes juifs et les jeunes palestiniens des générations à venir puissent concevoir aussi une paix durable.
  • 14. 14 Annexes Annexe 1 : Cartographie des tensions et conflits au Moyen et Proche Orient Annexe 2 : Carte actuelle du territoire palestinien
  • 15. 15 Annexe 3 : La diaspora palestinienne dans le monde Annexe 4 : Part de l’armement dans le PIB des pays au Moyen Orient Source : Questions Internationales n°19 06/2006 – La Documentation Française
  • 16. 16 Annexe 5 : Carte de Jérusalem selon l’accord de Genève Annexe 6 : Les principaux partenaires commerciaux d’Israël Source : Questions Internationales n°28 12/2007 – La Documentation Française