4. iii
Table des matières
Acronymes et abréviations ix
Préface x
Remerciements xi
Résumé . xiii
Aperçu . xiii
Principaux résultats . xiv
Participation des jeunes, voix et citoyenneté active . xiv
Chômage des jeunes, inactivité et NEET . xiv
Opportunités économiques . xv
Compétences pour l’emploi et programmes d’entrepreneuriat. . xvii
Principales recommandations . xvii
Développer une politique multidimensionnelle d’inclusion de la jeunesse . xvii
Chapitre 1 : Introduction . 1
1.1 Contexte et objectif . 2
1.2 Qu’est-ce que l’inclusion des jeunes? . 4
1.3 Données et approche méthodologique . 7
1.4 Structure du rapport . 7
Chapitre 2 : Participation, voix et citoyenneté active de la jeunesse 9
2.1 A propos de la confiance dans les institutions . 11
2.2 Accès à l’information . 12
2.3 Participation des jeunes dans la société civile . 14
2.4 Participation politique . 15
2.5 Promouvoir la participation inclusive des jeunes dans la participation à la vie publique . 19
Fournir des incitations aux ONG dirigées par des jeunes pour le bénévolat . 19
Développer les initiatives de développement communautaire des ONG menées par des jeunes . 20
Construire des institutions menées par des jeunes pour renforcer leur voix dans les prises de
décision et les droits de l’homme . 20
5. iv | Table des matières
Chapitre 3 : Inactivité et chômage des jeunes . 23
3.1 Inactivité ; jeunes qui ne sont ni dans l’education ni dans l’emploi ni dans une formation ;
et chômage – aperçu . 24
3.2 Jeunes chômeurs découragés . 26
3.3 Education et inactivité . 28
Abandon scolaire précoce . 29
Qualité des études . 30
Conseils pour une meilleure transition entre l’école et le travail . 32
3.4 Voies menant à l’emploi et obstacles . 32
Inscription au chômage . 32
Obstacles pour trouver un emploi . 32
Chapitre 4 : Opportunités économiques . 37
4.1 Opportunités d’emploi . 38
Exclusion régionale . 38
Exclusion basée sur le genre . 39
L’informalité de l’emploi . 42
Education et emplois peu qualifiés . 43
Le sous-emploi des jeunes . 48
L’emploi des jeunes par secteur . 48
4.2 L’auto-emploi / le travail indépendant . 49
Innovation et entrepreneuriat . 49
Les jeunes travailleurs indépendants de Tunisie . 50
Niveaux de compétences des jeunes indépendants . 53
Jeune entreprenariat : Défis et opportunités d’investissement . 54
6. Table des matières | v
Chapitre 5 : Compétences pour l’emploi et autres services pour jeunes 59
5.1 Programmes du Ministère de la Formation Professionnelle et de l’Emploi . 60
Perceptions des programmes actifs du marché du travail . 64
Participation dans les programmes actifs du marché du travail . 65
Bénéfices des programmes actifs du marché de l’emploi . 66
5.2 Les programmes d’entreprenariat . 67
Perceptions des programmes d’entreprenariat . 68
Participation dans les programmes d’entreprenariat . 69
5.3 Autres services pour jeunes . 70
Programmes du Ministère de la Jeunesse et des Sports . 70
Services de jeunes offerts par les organisations de bienfaisance religieuses . 71
5.4 Conclusions et recommandations . 71
Défis majeurs . 71
Zones stratégiques pour plus d’actions . 72
Chapitre 6 : Aller de l’avant : Politiques et institutions pour l’inclusion des jeuness . 79
6.1 Inventaire des acquis des jeunes depuis la révolution . 80
6.2 Principes directeurs pour le renforcement de l’intégration et de la participation des jeunes . 81
6.3 Développer une politique d’intégration de la jeunesse multidimensionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Bibliographie . 85
Annexes 89
1 Sources de données . 91
2 Participation, voix et citoyenneté active de la jeunesse . 95
3 Inactivité et chômage des jeunes . 97
4 Opportunités économiques . 101
5 Compétences pour l’emploi et autres services pour jeunes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
7. vi | Table des matières
Encadrés
2.1 Définition de la citoyenneté active . 10
2.2 Les jeunes artistes et la liberté d’expression . 12
2.3 IDMEJ : Un projet d’investissement dans l’inclusion des jeunes dans les régions défavorisés . 16
2.4 Houkoumetna : Notre gouvernement . 19
3.1 NEET – Un indicateur commun pour le chômage des jeunes et de l’inactivité . 25
4.1 Formation de la famille . 41
4.2 L’Education en Tunisie . 45
5.1 Plateforme en ligne Najja7ni et Tounes Ta3mal . 74
5.2 « Formation Plus » programmes jovenes pour les jeunes défavorisés en Amérique latine . 75
5.3 Programmes d’entreprenariat des jeunes au Pérou . 77
6.1 Onze principes de politique nationale de la jeunesse . 82
Graphiques
0.1 Politique multidimensionnelle pour l’inclusion des jeunes . xviii
1.1 Carte de Tunisie . 3
1.2 Dimensions de l’exclusion . 4
1.3 Population tunisienne par groupe dâge . 5
1.4 Taux des NEET parmi la population en âge de travailler par jeunes/âge . 6
2.1 Confiance dans les institutions publiques et religieuses . 11
2.2 Accès à l’information sur Internet . 13
2.3 Accès aux TIC – rural vs. urbain . 13
2.4 Distribution du bénévolat des jeunes par région . 15
2.5 Influences sur les décisions des jeunes Tunisiens concernant leur vie, les études et l’emploi . 17
2.6 Influence des jeunes sur le développement local . 17
2.7 Connaissances politiques de la jeunesse – rural vs. urbain . 18
2.8 Connaissances politiques des jeunes Tunisiens – rural vs. urbain . 18
3.1 Cadre de l’emploi des jeunes et des NEET . 24
3.2 Jeunes NEET en milieu – rural vs. urbain . 26
3.3 Jeunes NEET par région . 26
3.4 Découragement des NEET concernant le marché du travail . 27
3.5 Raisons de l’exclusion du marché du travail, par genre (2010) . 28
3.6 Plus haut niveau d’études parmi les NEET, par genre (age 15-29) . 28
3.7 Taux de chômage par niveau d’études . 29
8. Table des matières | vii
3.8 Niveau d’études le plus élevé dans la catégorie NEET par genre (age 25-29) . 30
3.9 Taux de NEET inscrits comme chômeur – rural vs. urban . 33
3.10 Principales raisons de trouver des opportunités d’emploi – rural vs. urbain . 33
3.11 Principaux obstacles pour trouver un emploi – rural vs. urbain . 34
3.12 Sources d’information concernant les opportunités d’emploi – rural vs. urbain . 35
4.1 L’emploi chez les jeunes Tunisiens . 39
4.2 Destinations des migrants ruraux par genre . 40
4.3 Perception de discrimination basée sur le genre dans le secteur privé par rapport
au secteur public en Tunisie rurale . 40
4.4 Type de contrat des jeunes employés (age 15-29) . 42
4.5 Satisfaction avec le système d’education et l’achèvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
4.6 L, emploi des jeunes dans les secteurs à faible productivité . 47
4.7 Niveaux d’éducation des jeunes travailleurs Tunisiens – rural vs. urbain . 47
4.8 Le sous-emploi des jeunes en zone urbaine . 48
4.9 L’emploi des jeunes par secteur . 49
4.10 Index de Compétivité Global 2011-2012 . 50
4.11 Auto-emploi des jeunes – rural vs. urbain . 50
4.12 L’entreprenariat des jeunes par région . 51
4.13 Difficultés rencontrées par les jeunes dans l’etablissement d’une petite entreprise . 52
4.14 Entreprenariat des jeunes par l’éducation . 53
4.15 Entreprenariat des jeunes dans des secteurs à faible productivité . 54
4.16 Entrepreneuriat par secteur . 55
5.1 Bénéficiaires du programme financé par le FNE 2011 . 63
5.2 Connaissance des programmes actifs du marché du travail – urbain vs. rural . 64
5.3 Sensibilisation par éducation des programmes actifs du marché du travail . 64
5.4 Participation dans les programmes actifs du marché de l’emploi – urbain vs. rural . 65
5.5 Participation dans les programmes actifs du marché de l’emploi par éducation . 66
5.6 Participation aux programmes actifs du marché du travail, par NEET . 67
5.7 La notoriété des programmes d’entreprenariats – urbain vs. rural . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
5.8 Connaissance des programmes d’entreprenariat par éducation . 69
5.9 Participation dans les programmes d’entreprenariat – urbain vs. rural . 69
5.10 Participation dans les programmes d’entreprenariat par éducation . 70
5.11 Matrice des Interventions sur le marché du travail . 76
6.1 Politique multidimensionnelle pour l’inclusion des jeunes . 83
9. viii | Table des matières
A2.1 Confiance dans les institutions publiques et religieuses – par les NEET (urbains) . 95
A2.2 Confiance dans les institutions publiques et religieuses – par les NEET (ruraux) . . . . . . . . . . . . . 95
A2.3 L’Importance des organisation de développement communautaire pour le
développement local . 95
A2.4 Confiance dans les organisations communautaires – rural vs. urbain . 95
A2.5 Jeunes volontariat (Tunisie urbaine) – par genre . 96
A2.6 La participation des jeunes dans les élections . 96
A2.7 Engagement actif en politique . 96
A3.1 L’éducation supérieure parmi les NEETs par genre (age 30-59) . 97
A3.2 L’éducation supérieure parmi les NEETs par genre (age 30–59), ventilées . 97
A3.3 Les NEET par région . 97
A3.4 L’éducation supérieure parmi les NEETs par genre (age 15-29), ventilées . 97
A3.5 L’éducation supérieure parmi les NEET par région (age 15-29) . 98
A3.6 Les NEET inscrits comme chômeurs, par eégion . 98
A4.1 Types de contrat des adultes employés (age 30-59) . 108
A4.2 L’emploi des adultes dans les secteurs de faibles productivités . 108
A4.3 L’emploi des adultes par secteur . 109
A4.4 Intention de travailler dans le secteur publique . 109
A4.5 Le travail indépendant chez les adultes, rural vs. urbain . 110
A5.1 Connaissance des programmes actifs : par région et genre . 111
A5.2 Adopter les programmes actifs sur le marché de l’emploi par région . 111
A5.3 Connaissance des programmes en entrepreneurship : par région . 112
A5.4 Connaissance des programmes en entrepreneurship (par NEET et genre) . 112
A5.5 Adopter les programmes sur l’entrepreneurship (par région) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
A5.6 Adopter les programmes sur l’entrepreneurship (par NEET) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
A5.7 Adopter les programmes sur l’entrepreneurship (par pauvreté) . 113
Tableaux
A3.1 Le modèle Probit d’abandon rapide de l’école . 99
A4.1 Modèle probit pour l’emploi . 101
A4.2 Rémunération régressive . 102
A4.3 Probabilité des jeunes pour être dans l’emploi informel ou chômeurs (15-29 ans) . . . . . . . . . . . 103
A4.4 Model probit pour mesurer le taux de scolarité . 104
A4.5 Rémunérations régressives par secteur . 105
A4.7 Modèle probit sur l’auto emploi . 107
10. Acronymes et abréviations
ix
PAMT Programme Actif du Marché du Travail
ANETI Agence Nationale de l’Emploi
BTS Banque Tunisienne de Solidarité
CAIP Plate-forme Système d’Information sur
l’Eau
CES Contrat Emploi Solidarité
CIDES Programme pour l’emploi en faveur des
diplômés universitaires
CNSS Caisse Nationale de Sécurité Sociale
CSO Organisation de la Société Civile
DT Dinar Tunisien
FNS Fonds National de Solidarité
FONAPRA Fonds National de Promotion de
l’Artisanat et des Petits Métiers
ILO OIT
GDP PIB
INS Institut National de la Statistique
MVTE Ministère de l’Emploi et de la
Formation professionnelle
MYS Ministère de la Jeunesse et des Sports
NEET Ni dans le système d’éducation ni dans
l’emploi, ni en formation.
OECD OCDE
PAPPE Programme de Microfinance
SCV Service Civil Volontaire
SIPJ Services locaux intégrés en faveur de la
jeunesse
SIVP Programme de stages professionnels
THSYRA Enquête-ménages Tunisie sur la
jeunesse dans les zones rurales
THSYUA Enquête-ménages Tunisie sur la
jeunesse dans les zones urbaines
USD Dollar US
11. x
Préface
L’intégration des jeunes est le thème central du programme de
développement post-2015. Les jeunes représentent un quart
de la population mondiale et depuis le Printemps arabe, les
jeunes ont façonné un renouveau socio-économique contes-tant
les normes et valeurs sociales, et poussant à l’innova-tion.
Plus connectés que jamais, les jeunes femmes et jeunes
hommes sont de plus en plus influents sur le cours de leurs
communautés et pays. En même temps, cette jeune généra-tion
doit faire face à de nombreux obstacles telles que la dis-crimination,
la marginalisation ainsi que le manque d’accès
aux opportunités, et de voix dans la prise de décision. Au
niveau mondial, alors que plus d’un quart des jeunes hommes
et femmes ne sont pas inclus dans l’éducation, l’emploi ou la
formation (NEET), leur nombre est très élevé dans la région
Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) s’élevant à 41%.
Pour répondre à cette crise grandissante de l’exclusion des
jeunes, l’attention doit se porter au-delà du chômage. Le rap-port
présente un cadre global pour l’inclusion des jeunes qui
met en évidence la façon dont les dimensions économiques,
sociales, politiques et culturelles doivent être abordées simul-tanément
pour développer des solutions qui pouvant aider
les jeunes Tunisiens à reprendre confiance en leur avenir en
profitant des avantages d’une éducation de qualité, où ils
pourront trouver du travail ou démarrer une entreprise, en
collaboration avec des voix qui se font entendre, et participer
activement à la société civile et politique aux niveaux local,
régional et national.
Le présent rapport tente d’identifier les causes de la large
inactivité des jeunes au vu des résultats de l’enquête quan-titative
ainsi que de la recherche qualitative approfondie et
des consultations directes avec les jeunes et les prestataires
de services concernés et les décideurs politiques. L’analyse
quantitative et qualitative est combinée avec un examen
des programmes internationaux de l’emploi des jeunes. Les
conclusions tirées de cette recherche analytique approfondie
forment la base d’une série de propositions pour de nouvelles
politiques et approches axées sur les jeunes Tunisiens.
La Tunisie continue de subir d’importants changements.
Avec le nouveau gouvernement et la nouvelle Constitution, le
moment est propice pour initier une réflexion sur la meilleure
façon de soutenir les jeunes femmes et jeunes hommes dans
la réalisation de leur plein potentiel. « Surmonter les Obsta-cles
à l›Inclusion des Jeunes » sera un guide essentiel sur la
voie à suivre. Ce rapport bien documenté et comportant une
analyse de fond fournit un excellent point de départ pour un
dialogue entre le Gouvernement et la Jeunesse de la Répu-blique
Tunisienne.
Simon Gray
Directeur Maghreb
Département Maghreb
Région Moyen Orient et Afrique du nord
12. xi
Remerciements
Ce rapport a été préparé par la Banque mondiale en parte-nariat
avec l’Observatoire National Tunisien de la Jeunesse
(ONJ). La préparation a été menée conjointement par Gloria
La Cava, SR. Spécialiste en sciences sociales, Région Moyen-
Orient et Afrique du Nord et le professeur Mohamed Jouili
, directeur de l’ONJ, en étroite collaboration avec Tobias
Lechtenfeld, économiste, Banque Mondiale, Région Moyen-
Orient et Afrique du Nord, après de vastes consultations au-près
des parties-prenantes et des universitaires. L’équipe du
projet était aussi constituée de : Ahmed Khouja, Université de
Tunis ; Hayet Moussa, Université de Tunis ; Houcine Abaab,
spécialiste de la politique publique ; et Sofia Trommlerova,
IHEID Institut universitaire de Genève. Pour la collecte des
données sur les ménages ruraux, l’équipe est reconnaissante à
l’équipe d’enquête de terrain à Emrhod Tunis, et notamment
Nebil Belaam.
En outre, d’importantes contributions ont été faites par
Tara Vishwanath, économiste en chef ; Nandini Krishnan,
économiste principal ; Irene Jillson, Université de Geor-getown
; Imed Melliti, Université de Tunis ; Paul François,
consultant ; et Atsuko Muroga, consultante. L’équipe est
reconnaissante pour le soutien continu de Franck Bousquet,
Responsable du secteur urbain et du Développement social,
Moyen-Orient et Afrique du Nord ; Simon Gray, Directeur
du Département Maghreb ; et Eileen Murray, Représentante
résidente de la Banque mondiale en Tunisie.
Le rapport a également bénéficié des premiers commen-taires
fournis par le professeur Ben Hafaiedh Abelwahab,
Consultant, Kamel Braham, Spécialiste principal de l’édu-cation
; Balakrishna Menon Parameswaran, Spécialiste
principal en développement social, Nina Bhatt, Spécialiste
principale en développement social ; Diego Angel-Urdinola,
Economiste principal, Nina Arnhold, Spécialiste principal en
éducation ; Niall O’Higgins, Université de Salerne, Emma
Murphy, Université de Durham ; et Paul Dyer, Directeur du
programme de connaissances à Silatech. Les pairs examina-teurs
du projet étaient Wendy Cunningham, Spécialiste de
la protection sociale, Région Amérique latine et Caraïbes et
Sarah Michael, Spécialiste principal en sciences sociales du
développement, Europe de l’Est et Asie centrale.
L’équipe tient à exprimer sa gratitude pour les contribu-tions
techniques de (i) les membres du Comité de pilotage
comprenant des représentants des ministère tunisien de la Jeu-nesse
et des Sports, le Ministère de la Formation profession-nelle
et de l’emploi, et l’Observatoire national de l’emploi ;
(ii) la contribution méthodologique de l’Institut National de
Statistique, qui a fourni la base de sondage des enquêtes ur-baines
et rurales ; et (iii) les contributions financières géné-reuses
et apports de la recherche de Silatech (une initiative
sociale basée au Qatar qui travaille à créer des emplois et
d’accroître les possibilités économiques pour les jeunes dans
le monde arabe).
13.
14. xiii
Résumé
Aperçu
Plus de trois années se sont écoulées depuis la Révolution
tunisienne. Pourtant, la jeune génération qui avait déclen-ché
des changements radicaux à travers le Moyen-Orient et
Afrique du Nord, voit toujours ses aspirations insatisfaites.
Le chômage des jeunes âgés de 15 à 29 ans a augmenté après
la Révolution, avec un taux de chômage officiel des jeunes
de 33,2% en 2013, selon la plus récente enquête de l’Orga-nisation
International du Travail (OIT) sur la transition de
l’école au travail. (OIT 2014)Même si les jeunes ont joué un
rôle de premier plan dans le changement de régime, ils ont
été incapables d›obtenir un rôle dans la prise de décision et
se plaignent de n’être pas consultés sur les questions qui les
touchent directement. Néanmoins, la période post-révolution
montre quelques signes positifs. La nouvelle Constitution tu-nisienne,
adoptée en Janvier 2014, consacre la participation
des jeunes en tant que pilier essentiel du développement so-cial,
économique et politique du pays.1 Cependant, compte-tenu
du temps nécessaire pour traduire et mettre en oeuvre
les principes constitutionnels, la participation des jeunes de-meure
encore embryonnaire.
L’étude fournit une analyse des aspirations et des besoins
des jeunes Tunisiens, en tenant compte à la fois des mesures
non économiques et économiques de l’exclusion qui étaient à
l’origine de la révolution. Il souligne en particulier :
• l’expansion continue de l’activisme des jeunes en de-hors
des institutions politiques formellement établies,
ainsi que la nécessité de soutenir la transition de la
jeunesse tunisienne, d’une participation virtuelle à une
vraie citoyenneté ;
• les jeunes qui ne sont pas dans l’éducation, l’emploi ou
de formation (NEET) en tant que catégorie la plus tou-chée
par l’exclusion économique et la nécessité d’as-surer
leur intégration socio-économique à travers des
politiques et des programmes adaptés.
La citoyenneté active et la participation citoyenne chez
les jeunes Tunisiens seront essentielles pour soutenir l’élan
du pays. Un dialogue constructif entre les jeunes Tunisiens
et les institutions publiques, et également avec une plus
large société civile, les organisations politiques, et le secteur
privé sera essentiel pour pouvoir résoudre les obstacles les
plus urgents à l’inclusion des jeunes. Faciliter l’intégration
des jeunes permet la mobilisation de la nouvelle génération
comme ressource économique et sociale, pouvant contribuer
directement au maintien de la stabilité et la croissance éco-nomique
du pays. La prise de décision participative dans la
conception et la mise en oeuvre des politiques et programmes
pour les jeunes et, ainsi que dans la gestion des ONG, bénéfi-ciera
à toutes les parties prenantes, et permettra d’augmenter
l’impact des investissements publics.
Ce rapport identifie les catégories de jeunes exclus et les
caractérise en fonction de multiples facteurs, y compris les
disparités régionales, les inégalités liées au genre, et l’accès
limité à l’éducation, à l’emploi et les biens sociaux. Les résul-tats
permettent d’identifier les obstacles essentiels à l’inclu-sion
des jeunes rencontrés par les jeunes femmes et hommes
d’horizons divers, en particulier dans les régions défavori-sées,
et de décrire la perception et la réalité de l’exclusion des
jeunes, des opportunités sociales, économiques et politiques
qui sont à l’origine de la révolution tunisienne.2 Dans l’en-semble,
le rapport note aussi que, bien que la situation des
diplômés chômeurs ait jusqu’ici souvent dominé le débat po-litique,
d’autres groupes socio-économiques des jeunes sont
confrontés à des défis et obstacles à l’inclusion, exigeant éga-lement
l’attention et les actions des décideurs.
Le présent rapport met l’accent sur la condition des jeunes
de la catégorie NEET laquelle est la plus affectée par l’ex-clusion.
Cette catégorie, principalement constituée de jeunes
inactifs découragés, est plus préoccupante que le problème
général du chômage qui n’inclut pas la jeunesse désengagée
et découragée qui a renoncé à chercher un emploi dans le
secteur formel ou autre.3 En Tunisie, les jeunes femmes sont
plus susceptibles de figurer parmi les NEET. Les jeunes ayant
reçu une éducation supérieure même touchés par l’exclusion,
constituent moins d’un cinquième de l’ensemble des jeunes
NEET. Les jeunes en situation de décrochage scolaire sont
les plus fortement représentés dans le sous-groupe des NEET,
sans distinction de genre.
Une approche multidimensionnelle est utilisée pour iden-tifier
et éliminer les obstacles sociaux, économiques, po-litiques
et culturels rencontrés par les jeunes Tunisiens. Le
phénomène de marginalisation associé à l’exclusion sociale
15. xiv | Surmonter les Obstacles à l’Inclusion des Jeunes
tendant à se produire simultanément sur plusieurs axes, les
politiques ne portant que sur un aspect de la marginalisa-tion,
comme l’amélioration de l’accès à l’éducation, sont
trop étroites pour pouvoir lutter contre l’exclusion en géné-ral.
4 Aussi une approche mixte combinant les méthodes de
recherche quantitative et qualitative est-elle ici utilisée, ac-compagnée
également d’une évaluation des programmes et
des services actuels destinés à la jeunesse, basée sur un large
éventail de questions, entre autres : Pourquoi les jeunes conti-nuent-
ils à être actifs en dehors des lieux institutionnels for-mels,
au lieu du contraire ? Quels sont les canaux nécessaires
en vue d’accroître la confiance des jeunes dans les institu-tions
et la voix dans la prise de décision? Pourquoi certains
groupes de jeunes sont-ils surreprésentés chez les inactifs et
les chômeurs ou ceux qui travaillent dans le secteur informel?
Dans quelle mesure la politique publique se penche-t-elle sur
les contraintes auxquelles font face les jeunes? Tout en s’ap-puyant
également sur des mesures quantifiées, l’analyse bé-néficie
également des interprétations qualitatives et solutions
qui émergent de jeunes répondants, tentant ainsi d’éviter des
prescriptions technocratiques, qui ne reflètent pas le discours
des jeunes eux-mêmes. Cette approche permet une analyse
de la diversité de l’exclusion économique, sociale et poli-tique,
ainsi que l’examen de la manière dont ils se renforcent
mutuellement.
Principaux résultats
Participation des jeunes, voix et
citoyenneté active
Très peu nombreux sont les jeunes Tunisiens actifs dans la
société civile, bien que les organisations de la société civile
se soient multipliées. Depuis la révolution, les groupes de la
société civile ont émergé, de même qu’un nombre croissant
d’organisations axées sur l’engagement civique. Cependant,
seule une petite fraction de jeunes Tunisiens sont actifs dans
les organisations de la société civile (OSC), et seulement 3%
des jeunes ruraux.5 Malgré les faibles taux de participation à
des associations, 9 sur 10 jeunes Tunisiens accordent de l’im-portance
au bénévolat au sein des OSC, bénéficiant à leurs
communautés. Parmi les rares jeunes actifs dans la société ci-vile,
les types de bénévolat les plus fréquemment mentionnés
concernent les OSC dans les domaines du développement ré-gional,
de la charité et de la pauvreté, les affaires religieuses,
et également les sciences. Les clubs sportifs et de loisirs sont
aussi fréquemment mentionnés dans les entretiens qualitatifs.
Bien que la participation politique soit un pilier de la ci-toyenneté
active, très peu de jeunes Tunisiens se livrent à une
quelconque forme de participation politique, à l’exception
toutefois de la mobilisation pour les manifestations. Le faible
taux de participation des jeunes aux élections nationales tu-nisiennes
d’octobre 2011 était particulièrement inquiétant.
Moins de la moitié des jeunes de moins de trente ans a voté.
En outre, très peu de jeunes Tunisiens sont actifs dans les par-tis
politiques, ce qui reflète le fossé entre la jeune génération
et la classe politique. La plupart des jeunes Tunisiens disent
qu’ils ne suivent pas la politique intérieure, et la connaissance
de soi-déclarés de la politique est faible, en particulier dans
les zones rurales. Une disposition de la jeunesse dans la nou-velle
loi électorale, qui incite les partis politiques à désigner
au moins un jeune candidat moins de 35 ans parmi les quatre
meilleurs candidats sur une liste électorale, offre un point
d’entrée important pour la participation politique.6
Les jeunes Tunisiens en général ont peu confiance dans
les institutions publiques et seulement 8,8% des jeunes ru-raux
et 31,1% de confiance de la jeunesse urbaine, le système
politique. La confiance est également faible vis-à-vis de la
police, notamment en milieu rural. En comparaison, le mili-taire,
l’imam local, et les organisations religieuses reçoivent
plus confiance note de la jeunesse de jusqu’à 80%, ce qui est
presque le même niveau de confiance accordée à la famille.
Comme leurs homologues en Egypte et en Libye, les jeunes
Tunisiens expriment peu de confiance dans la presse, qu’ils
considèrent comme commerciale et manipulatrice.
Les jeunes Tunisiens privilégient Internet comme moyen
d’accès à l’information. Environ 50% de tous les utilisateurs
d’Internet (43,3% en milieu rural, 53,2% en milieu urbain)
utilisent Internet pour des recherches dans le domaine de
l’éducation, et entre un quart et la moitié de tous les jeunes
utilise Internet pour chercher un emploi (45,9% en milieu
rural, 26,8% en milieu urbain). En outre, plus de 9 jeunes Tu-nisiens
sur 10 en zone rurale possèdent un téléphone mobile.
Toutefois, pour faire progresser la citoyenneté d’une manière
durable, les jeunes doivent aller au-delà de la «citoyenneté
virtuelle» et parvenir à une participation politique «réelle»
aux niveaux local et national.
Chômage des jeunes, Inactivité et NEET
L’un des obstacles les plus urgents pour l’inclusion des jeunes
est la grande proportion de jeunes inactifs qui ne sont ni dans
l’éducation, ni dans l’emploi ni dans la formation (NEET).
Cette catégorie comprend tous les jeunes chômeurs officiels
entre 15 et 29 ans, ainsi que les jeunes Tunisiens découra-gés
qui ne sont plus à la recherche d’emplois, malgré leur
jeune âge. Cette catégorie NEET a été proposée comme un
16. Résumé executive | xv
indicateur de base pour le programme de développement
post-2015 pour mesurer le degré d’une transition efficace
pour les jeunes sur le marché du travail.7
Les taux de NEET affichent d’importantes disparités de
genre et aussi régionales, et dans les zones rurales de plus de
deux jeunes sur cinq sont des NEET, par rapport à la Tunisie
urbaine (presque un sur trois). Les différences dans la dispo-nibilité
du travail conduisent un nombre croissant de jeunes
Tunisiens à quitter la campagne pour migrer vers les zones
urbaines désolées. Et des milliers de jeunes travailleurs non
qualifiés viennent se disputer les maigres revenus des quelques
emplois informels disponibles. En Tunisie, et notamment
en zone urbaine—la première destination urbaine pour de
nombreux jeunes demandeurs d’emploi—la catégorie NEET
concerne un cinquième de tous les jeunes hommes (20,3%)
et près d’un tiers des jeunes femmes (32,4%). Les écarts liés
au genre sont importants parmi les NEET et ils concernent
une jeune Tunisienne sur deux en milieu rural (50,4%) et un
jeune homme sur trois en milieu rural (33,4%). Bien que ces
taux soient plus faibles en Tunisie que dans d’autres pays de
la région, tels que le Maroc, ils mettent en évidence un riche
potentiel inexploité pour l’inclusion économique.
Les taux élevés d’abandon scolaire semblent être fortement
liés au chômage et à l’inactivité. Les obstacles systémiques af-fectant
les transitions à la fin de la 6e année et 9e années sont
cause des taux élevés d’abandon et empêchent de nombreux
jeunes de terminer leurs études secondaires. La majorité des
jeunes Tunisiens quitte l’école bien avant l’obtention d’un di-plôme
du niveau secondaire. Sur les quelque 140 000 élèves
quittant l’école chaque année, 80 000 d’entre eux sortent
sans avoir terminé leur formation de base (niveaux 1-9)
. Comme pour les autres indicateurs, les différences spatiales
abondent : plus de quatre sur cinq en milieu rural et un sur
deux jeunes citadins ne terminent pas l’école secondaire.
C’est ce groupe qui comprend la majeure partie des NEET :
83% en milieu rural et 57% dans les zones urbaines. D’autre
part, les filles ont tendance à rester à l’école plus longtemps
que les garçons et sont plus susceptibles de terminer leurs
études secondaires et universitaires. Les femmes représentent
62% des étudiants universitaires et 26% complètent leur for-mation
universitaire, contre 16,8% des jeunes hommes.
Les organisations de jeunesse et d’étudiants devraient
avoir la possibilité d’exprimer leurs préoccupations et de pro-poser
des solutions sur les politiques et règlements de l’édu-cation.
L’expérience internationale d’autres pays à revenu
intermédiaire montre que, en dehors de sa valeur immédiate
dans la lutte contre la corruption et les malversations dans le
système scolaire, une plus grande participation des étudiants
dans les écoles augmente la responsabilité des enseignants et
des administrateurs scolaires, tout en donnant aux étudiants
davantage de possibilités d’influencer la façon dont les pro-grammes
sont conçus.9 Les initiatives prises au niveau de
l’école secondaire et supérieure pourraient être soutenues par
un programme de subventions compétitif pour les élèves et
les ONG de jeunes.
Opportunités économiques
Capacité, opportunité, et dignité sont les conditions essen-tielles
pour l’inclusion des jeunes. La capacité et les com-pétences
sont nécessaires pour réussir dans l’économie
d’aujourd’hui et de maîtriser les défis et les risques d’un
monde globalisé. L’accès à l’égalité des chances est important
de réduire les obstacles sociaux et économiques à l’inclusion
des jeunes, et il est essentiel à la prospérité partagée pour la
prochaine génération. La dignité était l’une des principales
revendications durant les manifestations du Printemps arabe
dans la région, notamment en Tunisie.
Le principal obstacle aux possibilités économiques pro-vient
des disparités régionales entre les gouvernorats dans
les régions côtières, intérieures et du sud, dont les nom-breux
aspects économiques les rendent plus préoccupantes
que la fracture urbaine-rurale. L’exclusion des régions
de l›intérieur et du sud de la Tunisie est un facteur fonda-mental
de l›exclusion socio-économique, culturelle et po-litique.
Les jeunes Tunisiens n’ont que très peu de chance
de trouver un emploi, en particulier dans l’intérieur et le
Sud, selon un récent rapport sur la fracture spatiale des ré-sultats
sur le marché du travail.10 En fait, parmi les causes
sous-jacentes de la Révolution de 2011 est la marginalisa-tion
spatiale, économique et politique de la société dans
certaines parties du pays tout au bénéfice de la région cô-tière.
11 Les jeunes ruraux continuent de migrer vers les villes
qui tentent d’échapper à des zones rurales, malgré le manque
de bons emplois dans les zones urbaines. Près de 90,2% des
ménages ruraux signalent que les membres de la famille12
directe ont migré vers les zones urbaines, même si les bons
emplois y sont rares. Quelque 90.2 % des ménages ruraux
disent avoir un membre de leur famille qui a migré vers la
ville.
Les écarts de genre restent d’importants obstacles limitant
l’égalité d’accès aux opportunités économiques. Malgré les
politiques d’égalité de genre de la Tunisie, étonnamment peu
de jeunes femmes tunisiennes travaillent. Moins d’une femme
sur cinq en Tunisie rurale (18,5%) et moins de deux femmes
sur cinq en Tunisie urbain (39,8% du) ont un emploi. Le
17. xvi | Surmonter les Obstacles à l’Inclusion des Jeunes
salaire des jeunes femmes est à peu près équivalent au quart
des salaires de jeunes hommes. En outre, l’exclusion liée au
genre demeure un défi de taille pour les jeunes Tunisiennes
candidates sur le marché du travail. Près des deux tiers
(61,4%) des femmes interrogées indiquent que les femmes
sont victimes de discrimination lors de la recherche de tra-vail
dans le secteur privé. Même dans le secteur public, la
discrimination contre les femmes est confirmée par près de la
moitié (44,4%) de tous les répondantes tunisiennes. Dans les
zones rurales, du sud, seulement 8,3%, de jeunes femmes tra-vaillent
et dans la région intérieure, 15,4% ; alors que 23,6%
de femmes travaillent dans les régions côtières.
Les écoles et les universités ne parviennent pas à trans-mettre
les compétences essentielles pour préparer les jeunes
confrontés aux défis du marché du travail, pour assurer la
transition vers l’âge adulte et la citoyenneté active. Les jeunes
souffrent particulièrement de l’orientation trop théorique de
l’enseignement public, qui n’inclut que très minimalement
les compétences requises dans la préparation au marché du
travail. De manière générale, le découragement des étudiants
affecte les relations et interactions entre étudiants et profes-seurs.
Les possibilités d’orientation professionnelle dans les
écoles secondaires et les universités restent très restreintes,
et les élèves ne peuvent donc pas bénéficier de conseils pro-fessionnels
adéquats sur leurs choix de carrière. Beaucoup
de critiques se sont fait entendre sur les réformes éducatives
successives, que les étudiants ont jugées arbitraire et peu
adéquates d’autant que la majorité enseignante n’était pas
bien préparée à les mettre en oeuvre. De fait, même les jeunes
femmes et hommes qui ont achevé leur cursus secondaire et
poursuivi des études universitaires sont démunis lorsqu’ils
débouchent sur le marché du travail, manquant des compé-tences
pratiques nécessaires.
Le travail informel est omniprésent.13 Peu de jeunes ont
accès à des emplois stables, avec la plupart des offres d’em-ploi
disponibles étant informelle, sans contrat, et les quelques
emplois formels à venir sous la forme de contrats à durée
déterminée. En conséquence, moins d’un jeune travailleur sur
trois a un contrat de travail sécurisé et l’accès à la protec-tion
sociale. Le travail informel est évidemment plus répandu
dans les zones rurales (71,9%), où l’emploi agricole et les
contrats informels journaliers restent la forme la plus com-mune
de l’emploi. Néanmoins, même en région urbaine, plus
de la moitié des jeunes qui travaillent ont un emploi infor-mel
(55,4%). Les jeunes Tunisiens n’apprécient pas le travail
informel à l’emploi informel ; l’informalité et l’exploitation
dans le domaine de l’emploi sont les principaux griefs des
jeunes travailleurs, comme analysé dans la recherche qualita-tive
pour le présent rapport.
La grande majorité des jeunes Tunisiens employés tra-vaillent
dans des emplois peu qualifiés dans les secteurs
à faible productivité : 82,5% des jeunes en milieu rural et
67,0% en milieu urbain dans des emplois qui ne nécessitent
pas un diplôme secondaire. Les jeunes femmes sont parti-culièrement
susceptibles de travailler dans les secteurs peu
qualifiés : 69,0% en milieu urbain et 85,9% en milieu rural.
Notamment, le secteur public fournit relativement peu d’em-plois
pour les jeunes Tunisiens, seulement 6,8% des jeunes
dans les zones rurales et 12,4% travaillent en milieu urbain
sont employés dans ce secteur. L’agriculture reste un secteur
important pour l’emploi des jeunes en milieu rural, même si
de nombreux jeunes veulent quitter le secteur en raison des
conditions de travail difficiles et l’image négative qui lui est
associée. Il fournit plus d’un cinquième de tous les emplois en
milieu rural pour les jeunes Tunisiens (21,9%). Les industries
manufacturières offrent moins d’un tiers (32,2%) de l’emploi
des jeunes en Tunisie urbain et moins d’un quart (23,8%)
en Tunisie rurale. La plupart des jeunes Tunisiens travaillent
dans le secteur des services, notamment le tourisme, qui four-nit
également la plupart des emplois dans le secteur informel.
La Tunisie est bien placée pour devenir un champion ré-gional
en matière d’innovation et d’entrepreneuriat si elle
reconnaît le potentiel des jeunes femmes et hommes aspi-rant
à devenir entrepreneurs. Le travail indépendant est
relativement courant chez les jeunes Tunisiens : un jeune
Tunisien sur dix est micro-entrepreneur indépendant. En re-vanche,
l’auto-emploi chez les jeunes femmes est pratique-ment
inexistant : seulement 2,2% des jeunes femmes dans
les zones rurales et 1,5% dans les zones urbaines. Toutefois,
les technologies modernes devraient faciliter et encourager
les jeunes femmes à se lancer en affaires et de générer des
revenus. L’auto-emploi pourrait également aider à surmonter
les disparités régionales. Actuellement, le travail indépendant
est plus répandu dans la région côtière (12,1%) et dans le sud
(12,1%), contre seulement 8,1% dans la région intérieure.
Quelque 30-40% des jeunes entrepreneurs travaillent
dans des secteurs avec les rendements élevés, ce qui démontre
le potentiel de l’entrepreneuriat. Plus de la moitié de tous les
jeunes de travailleurs autonomes exploitent de petites entre-prises
dans le secteur des services employant les technologies
modernes : 45,4% en milieu rural, 52,1% en milieu urbain.
Seulement un jeune entrepreneur urbain sur cinq travaille
dans les secteurs de la fabrication et des industries (20,9%).
Dans les zones rurales, 36,4% des jeunes entrepreneurs tra-vaillent
dans l’agriculture et la transformation alimentaire,
18. Résumé executive | xvii
10,8% dans les zones urbaines. Cependant, dans les zones
rurales, presque tous les jeunes entrepreneurs travaillent de
manière informelle, souvent sur des sites défavorisés.
La difficulté d’accéder au financement reste pour le jeune
entrepreneur le principal obstacle au succès de son entreprise.
Les programmes existants de microfinance semble limités et
sont largement perçus comme inefficaces. Un tiers des jeunes
entrepreneurs se heurte à une lourde bureaucratie, comme
notamment les difficultés à obtenir les licences nécessaires,
la lenteur des procédures administratives. Le niveau d’édu-cation
des jeunes entrepreneurs est relativement faible, et
la plupart des jeunes indépendants n’ont pas terminé leurs
études secondaires, ce qui rend plus difficile de participer à
des programmes disponibles, de négocier et gérer une aide
financière. Une formation commerciale supplémentaire et un
meilleur accès à l’information de l’entreprise seraient utiles à
de nombreux jeunes entrepreneurs.
Compétences pour l’emploi et programmes
d’entrepreneuriat.
La Tunisie a développé un vaste système de programmes ac-tifs
du marché du travail au coeur de sa politique du mar-ché
du travail, mais les avantages perçus restent limités. Les
PAMT sont pour la plupart inconnus de jeunes Tunisiens. La
plupart des programmes renforcent les disparités spatiales en
se concentrant trop sur les zones urbaines le long de la côte.
Seuls quelques programmes sont disponibles pour les jeunes
des régions intérieures et du Sud. Les PAMT sont également
adaptés pour les jeunes diplômés de l’université, malgré le
fait que le nombre absolu de jeunes Tunisiens sans emploi et
sans diplôme secondaire ou à l’université est d’environ 3,5
fois plus élevé que le nombre de diplômés universitaires. En
outre, la plupart des programmes ne disposent pas de sys-tèmes
rigoureux de suivi ou d’évaluation. Enfin, le manque
de rigueur dans la coordination inter-agence et l’application
des critères entrave la motivation de jeunes dans leurs re-cherches
d’emploi.
L’entrepreneuriat pour les jeunes peut jouer un rôle im-portant
dans la lutte contre l’exclusion des jeunes, tout en
renforçant la génération de revenus et la réduction du chô-mage
des jeunes. Un certain nombre de programmes sont
conçus pour soutenir les entrepreneurs ou les entrepreneurs
potentiels. Toutefois, la connaissance des programmes d’en-trepreneuriat
existants reste faible, et seulement un tiers des
jeunes ruraux et environ la moitié des jeunes en milieu urbain
sont informés des programmes existants. La participation
aux programmes est très faible, en particulier dans les zones
urbaines où seulement environ 1 100 jeunes ont participé à
des programmes d’entrepreneuriat. Toutefois, une propor-tion
importante de jeunes ruraux a déclaré qu›ils ont bénéfi-cié
de programmes de micro-prêts.
La jeunesse tunisienne pourrait grandement bénéficier
d’une approche innovante qui relierait l’éducation à l’emploi
dans une collaboration tripartite entre le système scolaire, les
collèges techniques, ainsi que des partenaires locaux.14 Beau-coup
de compétences en milieu de travail, y compris le tra-vail
d’équipe et d’autres compétences sociales, la résolution
de conflits, et les compétences verbales et d’écriture doivent
être intégrées dans le programme. L’apprentissage doit être
fondé sur des projets concrets pour permettre aux étudiants
de travailler en équipe, résoudre des problèmes, travailler les
compétences techniques de présentation, et créer des plans
d’affaires. Des visites structurées dans des entreprises par-tenaires
du programme devraient également faire partie du
programme d’apprentissage. En outre, un programme de
mentorat pour chaque élève par le partenaire corporatif de
son école, permettrait à l’élève de bénéficier de conseils pro-fessionnels
approfondis, et des possibilités de visiter un lieu
de travail, et d’apprendre à travers des stages.
Principales recommandations
Développer une politique multidimensionnelle
d’inclusion de la jeunesse
Une politique multidimensionnelle est nécessaire pour ré-duire
les obstacles à l’inclusion des jeunes et faciliter la
contribution des jeunes à la société tunisienne. L’approche de
développement de la jeunesse est maintenant prête à passer
d’initiatives ponctuelles à un ensemble intégré de politiques
et d’investissements, optimisant l’utilisation des ressources
financières.
Dans une perspective d’équité, les politiques nationales de
la jeunesse et des réformes connexes incluront tous les sec-teurs,
ayant comme objectif commun l’inclusion des jeunes.
Elles devront également compléter les politiques de sec-teurs
spécifiques, tels que l’enseignement, l’emploi le déve-loppement
régional en vue de mieux répondre aux besoins
des jeunes. Ces politiques doivent être reformulées avec la
participation des parties prenantes de la jeunesse, en parti-culier
les instances représentatives de la jeunesse, en tant que
partenaires dans la prise de décision. La mise en oeuvre de
la politique, en outre, doit être prise en charge par des ins-titutions
adoptant une gestion basée sur les performances et
renforcée par des mécanismes pour une coordination étroite
entre les organisations gouvernementales et les associations
19. xviii | Seemmnnoorrrrttuu eellss Oaabbcceellsssstt àà ll’’Icciillnnnnoossuu ddeess Jeeeennssuu
Graphique 0.1 : Politique multidimensionnelle pour l’inclusion des jeunes
de jeunes, et bénéficiant des informations résultant de la col-lecte
systématique de données, ainsi que des systèmes de suivi
et d’évaluation participatifs. Comme le souligne la figure
ci-dessous 0.1, une politique de la jeunesse multidimension-nelle
comprendrait les trois piliers suivants : (i) participation
et citoyenneté active ; (2) accès aux opportunités écono-miques
; et (3) services-jeunesse locaux.
Participation, voix, et citoyenneté
Niveau local
• Développement communautaire mené par les jeunes ;
• Programme de subventions concurrentiel pour soute-nir
la capacité des ONG en faveur des jeunes exclus ;
• Voies institutionnelles influant sur la politique locale.
C.à.d. les associations locales de jeunes ;
• Protection juridique pour les jeunes défavorisés en
conflit avec la police ;
• Confiance/renforcement de la confiance entre les
jeunes, les autorités locales et la police ;
• Initiatives conjointes des organisations religieuses et
non religieuses en faveur des jeunes.
Niveau national
• Soutien pour renforcer la capacité des ONG nationales
de jeunes ;
• Programme de subventions concurrentiel pour soute-nir
les associations de jeunes et étudiants ;
• Organes consultatifs étudiants au niveau de l’enseigne-ment
secondaire et supérieur ;
• Voix dans la politique et des réformes nationales, par
exemple, par le biais des Conseils Nationaux de la
Jeunesse.
Opportunités économiques
Niveau local
• Services d’orientation pour l’emploi dans les écoles
secondaires en partenariat avec le secteur privé et les
ONG ;
• Développement communautaire dirigé par des jeunes
tenant compte des considérations de genre, prévoyant
aussi des mesures incitatives comme des transferts de
petites sommes d’argent liquide ;
• Placement des travailleurs ;
Source : Banque mondiale.
Participation
Services-jeunesse
locaux
1. Participation et Citoyenneté active
• Developpement de communautés de jeunes
• Conseils de jeunes pour la participation et l’expression
• Droits de l’homme
2. Accès aux Opportunités économiques
• Orientation pour l’emploi dans le secondaire et le supérieur
• Formations aux compétences
• Apprentissages/stages
• Placement
• Entrepreneuriat de jeunes
3. Services-jeunesse locaux
• Formation aux compétences de vie
• TIC et compétences linguistiques
• Hygiène de vie
• Services juridiques
• Mentorat par les pairs
• Sports
Opportunités
économiques
NEETs
Jeunes/Informel
Jeunes femmes
Jeunes des régions
périurbaines
défavorisées
20. Résumé executive | xix
• Entrepreneuriat individuel ou de groupe, grâce à des
subventions et assistances financières ;
• Apprentissage et stages adaptés aux jeunes moins ins-truits,
les NEET grâce à des approches tenant compte
des considérations de genre.
Niveau national
• Services d’orientation pour l’emploi au sein des univer-sités
grâce à un partenariat avec les ONG/ les secteurs
public/privé ;
• Accès à l’information, entre autres par une évaluation
et un suivi rigoureux des données, ainsi qu’une poli-tique
de dialogue sur l’emploi et les programmes actifs
du travail (PAMT) ;
• Consultations et participation des jeunes y compris vir-tuelles
sur les réformes du marché du travail ;
• Feedback des bénéficiaires, suivi et évaluation.
Services en faveur de la jeunesse
Niveau local
• Services visant spécifiquement les jeunes NEET et
les autres jeunes défavorisés, en particulier les jeunes
femmes inactives, incluant la participation des jeunes
(c.-à-d. compétences de vie, TIC et enseignement à
distance, entrepreneuriat, compétences-employabilité,
services de soutien juridique, mentorat par les pairs,
activités culturelles, bénévolat et sport).
Niveau national
• Renforcement des capacités des ONG pour la jeunesse ;
• Normes de qualité ;
• Certification des compétences ;
• Évaluations des bénéficiaires et suivi.
Alors que la Révolution a donné aux jeunes Tunisiens
un aperçu des possibilités d’un nouvel avenir, la tâche de
construire cet avenir reste largement à faire. Cette tâche ne
peut être accomplie par les jeunes seuls, pas plus qu’elle ne
peut s’effectuer sans eux. Un gouvernement ne pouvant rien
faire seul, de nouvelles formes de partenariats entre le gou-vernement,
le secteur privé, la société civile et les communau-tés
s’imposent pour mener à bien tous les programmes mis
en chantier dans le pays , incluant les réformes politiques,
économiques et sociales. Les jeunes devraient participer
pleinement à ce processus de renouvellement, et aussi en bé-néficier.
Les enjeux pourraient difficilement être plus élevés :
la possibilité d’une économie productive et équitable, et de
la société politique et civile dynamique contre une polarisa-tion
croissante, la frustration et le cynisme. Le déplacement
vers une issue constructive est la promesse d’une multitude
de bénéfices y compris l’énergie, la sensibilisation, la bonne
volonté et l’engagement des jeunes Tunisiens, comme en té-moigne
le présent rapport.
Notes
1. Article 8 de la nouvelle Constitution Tunisienne, 27Janvier, 2014.
2. Habib Ayeb. 2011. “Géographie sociopolitique de la Révolution tunisi-enne
: la révolution de l’alfa.” Revue de politique économique africaine 38
(129) : 467-79.
3. Nations Unies. 2013 Un nouveau partenariat mondial : éradiquer la pau-vreté
et transformer les économies par le développement durable. Le rap-port
du Groupe d’éminentes personnalités de haut niveau sur l’Agenda 2015
Poster développement. New York. New York.
4. Banque mondiale. 2013. Inclusion Matters : The Foundation of Shared
Prosperity, Social Development Department. Washington DC.
5. Enquête Agora 2013. Observatoire National de la Jeunesse. Tunis.
6. L’Assemblée nationale tunisienne a adopté la nouvelle loi électorale sur
le 1 mai 2014. Source : Jasmine Foundation. 2014. Tunisia’s New Electoral
Law 2014. JF Briefing.
7. L’indicateur est préférable à des mesures de chômage traditionnelles, car
il montre l’ampleur des problèmes potentiels sur le marché du travail des
jeunes.
8. Mahmoud Ben Romdhane. 2010. L’éducation en Tunisie : une centralité
historique menacée. In Guemara R. (Ed). Mélanges offerts au professeur
Abdelmajid Charfi, Tunis, Université de Tunis, 2010. p. 127.
9. Gloria La Cava et Sarah Michael. 2006. Youth in the North Caucasus :
From Risk to Opportunity, [Jeunes dans le Caucase du Nord : du risqué à
l’opportunité]. Banque mondiale, Région Europe et Asie centrale pp.58-60.
10. Banque mondiale. 2013. Bridging the Spatial Divide.
11. Habib Ayeb. 2011. “Géographie sociale et politique de la révolution tu-nisienne
: L’Alfa Révolution Herbe Review of African Political Economy 38
(129) : 467–479. Le terme «Révolution du Jasmin» est sans doute un abus
de langage, car il se réfère à la plante liée aux régions prospères du Nord.
Ayeb suggère que l’alfa Révolution herbe pourrait être un meilleur terme,
sur la base de la plante qui pousse dans la région intérieure défavorisée de
la Tunisie.
12. 14 Le concept de la famille directe comprend les enfants, le conjoint, et
les parents de la chef de ménage.
13. Ce rapport se réfère à l’emploi informel basé sur les réponses de l’enquête
d’avoir un contrat de travail écrit officiel.
14. Litow, Stanley (2013) “Innovating to Strengthen Youth Employ-ment”,[
Innovations pour renforcer l’Emploi des jeunes], 8(2), pp. 27-33.
23. 2 | Surmonter les Obstacles à l’Inclusion des Jeunes
Qu’est-ce qu’une révolution? Pourquoi sommes-nous sortis dans la rue? Pour l’emploi, la liberté et la
dignité nationale! Mais si nous étions à disséquer ces slogans, que trouverions-nous? Nous voulons une
distribution équitable des richesses, un plan de développement équitable entre les régions [en] les régions
de l’intérieur, entre la Tunisie première classe et l’autre Tunisie. Étudiant -Université de Tunis1
1.1 Contexte et objectif
Avant la Révolution, la Tunisie était félicitée par toutes les
institutions internationales pour ses progrès substantiels dans
la croissance économique et la réduction de la pauvreté. Le
taux de croissance annuel moyen du PIB était de de 5 pour
cent entre 1997 et 2007, plaçant la Tunisie parmi les prin-cipaux
acteurs de la région MENA (moyenne de 4,3 pour
cent). Puis, en 2009, le revenu par habitant des Tunisiens s’est
légèrement dégradé s’élevant à $ 7.200, proche du niveau de
2005, mais la baisse globale n’était pas dramatique pour au-tant
et le niveau restait plus élevé que les pays voisins, sauf
la Libye, dépassant l’Algérie ($ 6.600), le Maroc ($ 3.800) et
l’Egypte ($ 4.900). L’espérance de vie et le taux d’alphabé-tisation
sont également plus élevés que dans les autres pays
arabes.
Or, la Tunisie a connu la révolution en janvier 2011, la-quelle
fut largement exacerbée par des griefs de longue date
liés à l’exclusion sociale, économique et politique. De ma-nière
plus précise, le mouvement révolutionnaire a été allumé
par la colère et le désespoir d’un jeune de 26 ans, petit ven-deur
de rue au chômage dans l’un des gouvernorats les plus
défavorisés de la Tunisie, Sidi Bouzid. Cette résonance avec
les nombreux Tunisiens qui ont fait face au quotidien à des
défis semblables a déclenché des vagues de protestations dans
le pays.2 Ces manifestations ne sont pas nouvelles : dès 2008,
les jeunes chômeurs avaient déjà participé à des manifesta-tions
à Gafsa, une région minière pauvre qui souffre encore
de l’un des taux de chômage les plus élevés dans le pays.3
L’une des causes profondes de cette désaffection pour-rait
faire remonter les possibilités de manque d’opportunités
pour les jeunes. Le taux de chômage des jeunes Tunisiens est
particulièrement élevé à 30,7 % (pour les 15-24 ans), alors
que le taux de chômage global était de 14 %, ce qui donne un
ratio chômage adulte-jeunes de 3,2.4 L’Enquête 2005-2009
sur la population active (EPA) a montré que 85 % des chô-meurs
ont entre 15 et 35 ans.5 L’EPA a également révélé que
le chômage parmi les groupes d’âge plus jeunes avait aug-menté
entre 2005 et 2009, tandis que pour les groupes plus
âgés, le taux a effectivement diminué. Ainsi, le chômage des
15-24 ans est passé de 28 à 31 %, et celui des 25-34 ans est
passé de 17 à 19 %. Les sondages d’opinion ont souligné
l’importance politique de ces tendances : dans un sondage
réalisé après la révolution de janvier 2011, la majorité des
répondants déclaraient que la Révolution avait été induite
par les jeunes (96 %), les chômeurs (85,3 %) et les personnes
défavorisées (87,3%).6
Toutefois, le chômage était loin d’être le seul facteur de dé-clenchement.
Les observateurs arabes ont vu le soulèvement
de la jeunesse en Tunisie comme une réponse à un sentiment
d’impasse engendré par le manque d’opportunités, et l’im-possibilité
pour les jeunes d’exprimer leur voix et exercer une
citoyenneté active.7 L’enquête 2005 de l’Observatoire Natio-nal
de la Jeunesse (ONJ), qui couvrait 10.000 jeunes (15-29
ans), a révélé un faible taux de participation des jeunes aux
décisions qui affectent leur vie, leur adhésion restant limitée
à des associations ; et a été souligné également le manque de
structures à travers lesquelles ils pourraient exprimer leurs
opinions. Selon l’étude, les jeunes seraient aujourd’hui géné-ralement
moins optimistes qu’une décade plus tôt. De même,
un rapport de l’ONU a souligné en 2007 l’absence de parti-cipation
active des jeunes dans la prise de décision au niveau
communautaire, municipal, régional et national, le manque
d’engagement de la jeunesse dans la conception, la mise en
oeuvre et l’évaluation des services et des programmes desti-nés
aux jeunes ; les possibilités limitées de bénévolat ou de
service communautaire ; et le manque de consultations.8 Par
conséquent les demandes de la jeunesse pour le respect de
leur dignité doivent être prises dans un contexte plus large
d’absence d’opportunités pour pouvoir exprimer leur voix
sur la direction du pays, et le manque de responsabilité des
pouvoirs publics.
Dans ce contexte, l’objectif de cette étude de la politique
menée en 2012/2013, se décline en trois volets : (i) identifier
et analyser les principaux obstacles à l’inclusion des jeunes
rencontrés par les jeunes hommes et femmes (15-29 ans) en
Tunisie, avec une mention spéciale pour la participation, la
24. Introduction | 3
Graphique 1.1 : Carte de Tunisie
Source : Banque mondiale 2014.
25. 4 | Surmonter les Obstacles à l’Inclusion des Jeunes
citoyenneté active et les possibilités économiques ; (ii) évaluer
l’accès, la qualité et l’impact de divers services publics et des
programmes pour les jeunes, y compris les programmes actifs
du marché du travail, et (iii) fournir des recommandations en
matière de politique et de programmation sur la façon d’éli-miner
ces obstacles
L’étude fournit une analyse des aspirations et des besoins
des jeunes Tunisiens, en tenant compte des mesures non éco-nomiques
et économiques essentielles de l’exclusion qui sont
à l’origine de la révolution. Elle souligne en particulier :
• l’expansion continue de l’activisme des jeunes en de-hors
des institutions politiques formellement établies,
ainsi que la nécessité de soutenir la transition de la jeu-nesse
tunisienne du virtuel à une citoyenneté réelle ;
• les jeunes qui ne sont pas dans l’éducation, l’emploi
ou de formation (NEET) en tant que la catégorie la
plus affectée par l’exclusion économique et la nécessité
d’assurer leur intégration socio-économique à travers
une programmation adaptée.
1.2 Qu’est-ce que l’inclusion des jeunes?
Ce rapport utilise une approche multidimensionnelle pour
identifier et éliminer les obstacles sociaux, économiques, po-litiques
et culturels rencontrés par les jeunes Tunisiens. Une
variété de paradigmes ont été utilisés pour définir et expli-quer
la jeunesse arabe, allant d’expressions telles que d’«ex-plosion
» démographique et «dividende» ou de cadres de
formation de capital humain, y compris les échecs scolaires
et d’emploi ; à un état de transition à l’âge adulte, où la jeu-nesse
arabe est représentée comme en phase d’attente à un
ensemble d’identités de la jeunesse et de sous-cultures.9
Pris individuellement, ces paradigmes présentent certaines
limites analytiques, du fait que la marginalisation associée
à l’exclusion sociale tend à se produire le long de plusieurs
axes simultanément (voir graphique 1.1). Selon une interpré-tation
convaincante des soulèvements de la jeunesse arabe,
les jeunes partagent «un récit générationnel de l’exclusion,
comme une expérience qui traverse leur vie publique et privée,
et les résultats des échecs politiques, économiques et sociaux
Graphique 1.2 : Dimensions de l’exclusion
Source : Banque mondiale 2014.
26. Introduction | 5
des régimes autoritaires.»10 Les politiques qui ne portent que
sur un aspect de la marginalisation – comme l’amélioration
de l’accès à l’éducation peuvent-être trop étroites pour lutter
contre l’exclusion en général.11
Cette étude utilise une approche combinée de recherche
quantitative et qualitative – ainsi que l’évaluation des pro-grammes
et des services à la jeunesse actuelle – posant une
série de questions telles que : Pourquoi les jeunes conti-nuent-
ils d’être actifs hors des lieux institutionnels formels
à l’extérieur? Quels seraient les canaux nécessaires pour
accroître leur voix dans le processus décisionnel? Pourquoi
certains groupes de jeunes sont-ils surreprésentés parmi les
inactifs et les chômeurs ou les personnes travaillant dans le
secteur informel? Dans quelle mesure la politique publique
se penche-t-elle sur les contraintes auxquelles font face les
jeunes? Tout en s’appuyant sur des mesures quantifiées, le
rapport présente également d’abondantes interprétations et
des solutions de jeunes répondants eux-mêmes, en essayant
d’éviter ainsi des prescriptions technocratiques détonnant
avec le discours de la jeunesse.
Favoriser l’intégration des jeunes implique la prise en
compte des multiples dimensions de l’exclusion. La gamme
de la dynamique d’exclusion qui touche les jeunes Tunisiens
est présentée dans la graphique 1.1. Tous les jeunes ne sont
pas soumis à toutes les dynamiques d’exclusion, mais certains
jeunes souffrent de l’exclusion entre plusieurs ou tous les do-maines
politiques, économiques, sociaux et culturels. Par
exemple, les jeunes qui ne sont pas dans l’éducation, l’emploi
ou la formation peuvent être simultanément désengagés de la
vie communautaire, provenir d’un ménage pauvre et manque
de réseaux sociaux qui à son tour empêchent leur accès à des
opportunités sur le marché du travail. Ceux-ci peuvent être
les jeunes les plus marginalisés et impuissants. Il est impor-tant
d’identifier et de reconnaître l’hétérogénéité des expé-riences
de cibler les interventions plus efficaces aux personnes
les plus exclues. Néanmoins, l’amélioration d’une source
d’exclusion ne mènera pas nécessairement à l’inclusion si la
dynamique d’exclusion persiste dans d’autres sphères. Favo-riser
l’intégration des jeunes nécessite des interventions qui
répondent simultanément une gamme de dynamique d’exclu-sion,
notamment pour permettre une plus grande voix de la
jeunesse et de la participation dans les processus de prise de
décisions qui affectent leur vie. Les données présentées dans
ce rapport indiquent que les interventions sont nécessaires
pour rétablir la confiance entre les jeunes et les institutions
publiques à favoriser un sentiment d’agence et de la propriété
chez les jeunes. Le rapport souligne donc l’importance de la
promotion de la voix, de la participation et de la citoyenneté
Graphique 1.3 : Population tunisienne par groupe
dâge
600 500 400 300 200 100 0
Femme Homme
0 100 200 300 400 500 600
100+
90–94
80–84
70–74
60–64
50–54
40–44
30–34
20–24
10–14
0–4
Source : Division des Nations Unies pour la population. 2010 World Pop-ulation
Prospects.
Note : Measureé en ‘000, anné 2010, variante moyenne.
active comme des ressources-clés pour lutter contre l’exclu-sion
socio-économique des jeunes.
Dans ce rapport, les jeunes Tunisiens appartiennent à la
catégorie des 15 à 29 ans. Ce segment plus large permet de
mieux saisir les problèmes liés à l’exclusion et à la transi-tion
tardive à l›autonomie socio-économique comparé à la
tranche des 15 à 24 ans, groupement utilisé dans d’autres
études et enquêtes.12 Selon les estimations récentes de la po-pulation,
les jeunes âgés de 15 à 29 ans représentent 29 %
de la population totale de la Tunisie et de 43 % de la popu-lation
en âge de travailler (de 15 à 59), voir graphique 1.2.13
Les jeunes d’aujourd’hui représentent l’un des plus grands
groupes sociaux de Tunisie faisant face à des défis sociaux,
économiques, culturels et politiques très spécifiques, dont
beaucoup restent à régler.
Les jeunes Tunisiens ne sont pas un groupe homogène.
Alors que la situation des diplômés chômeurs a souvent do-miné
le débat politique national, d’autres groupes socio-éco-nomiques
des jeunes sont confrontés à des défis distincts
à l’inclusion. Ce rapport identifie les catégories de jeunes
exclus et les caractérise selon les disparités régionales, les
différences de genre, d’accès et d’opportunités, d’emploi et
le niveau d’éducation, ainsi que et le cursus scolaire. Cette
analyse permet d’identifier les obstacles décisifs pour l’inclu-sion
rencontrés par les jeunes femmes et hommes d’horizons
différents. Elle contribue également à une meilleure compré-hension
de la frustration de la jeunesse et de la perception
27. 6 | Surmonter les Obstacles à l’Inclusion des Jeunes
de l’exclusion des opportunités sociales, économiques et po-litiques
qui ont conduit la révolution tunisienne. C’était en
effet un jeune vendeur de rue de la région intérieure de Sidi
Bouzid, dont l’auto-immolation a catalysé la révolte par la
jeune génération de régions marginalisées.14
Cette mesure va au-delà de la définition étroite du chô-mage
des jeunes, qui ne comprend pas les jeunes qui ont été
découragés de chercher du travail. L’indicateur NEET assure
une évaluation plus précise de l’inactivité, qui comprend
jeunes découragés et dégagés qui ont renoncé à chercher du
secteur formel (ou autre) emploi.15 La Tunisie dispose actuel-lement
de l’un des plus hauts taux de NEET dans la région
MENA, estimée à environ 33 % du nombre total des jeunes
entre 15 et 29 ans, selon les calculs de la Fondation euro-péenne
pour la formation.16 Très instruits, les jeunes, bien
que toujours en situation d’exclusion, sont moins suscep-tibles
de devenir NEET que les personnes moins scolarisées.
Les décrocheurs scolaires sont le plus fortement représentés
dans le sous-groupe des NEET et, selon une analyse récente
de l’Observatoire national de l’emploi et de la formation et
de l’OIT, il y a actuellement très peu d’instruments de poli-tique
portant sur NEET.17 graphique 1.3 présente un aperçu
des taux NEET pour les Tunisiens en âge de travailler, en
comparant les jeunes Tunisiens (âgés de 15 ans à 29 ans)
pour les personnes âgées de 30 et plus.18 Les jeunes hommes
sont environ 2,5 fois plus susceptibles d’être NEET que les
hommes au-dessus 29 années dans tout le pays19. En outre, les
jeunes femmes sont presque deux fois plus souvent touchées
par NEET que les jeunes hommes. Sur une note positive, les
taux de NEET parmi les jeunes femmes sont légèrement plus
faibles par rapport aux femmes de plus de 29 années suggé-rant
un changement dans les rôles sociaux des femmes plus
jeunes. Néanmoins, les taux de NEET restent très élevés pour
les jeunes femmes (60,2 % en milieu urbain et 81,5 % en
milieu rural).
Dans l’ensemble, ce rapport contribue à une recherche
analytique sur les jeunes dans les domaines de la participa-tion,
de l’éducation, de l’emploi et de la politique du mar-ché
du travail en Tunisie. Les concepts de l’inclusion et
l’exclusion sociale sont rarement utilisés dans l’abondante
documentation, francophone ou arabophone, existante sur
le sujet, en Tunisie. Alors que les ouvrages arabophones ont
tendance à se concentrer sur les traditions locales, l’identité
et le patrimoine culturel, la documentation en langue fran-çaise
concerne plus la recherche sociale dominante franco-phone,
et la question de l’inclusion / exclusion sociale a été
articulée principalement à travers le prisme de l’intégration
économique ou la marginalisation des jeunes. Le décrochage
scolaire, le chômage, l’inactivité et le travail précaire sont dé-peints
comme des résultats de la marginalisation. Une partie
des ressources documentaires existantes, principalement par
le biais d’entrevues en profondeur, permet aussi de cerner
l’expérience subjective et de vivre la vie d’un vulnérable, d’un
jeune chômeur, ou d’une personne marginalisée.20 Un concept
Graphique 1.4 : Taux des NEET parmi la population en âge de travailler par jeunes/âge
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
pour cent
Source : Banque mondiale 2012c ; 2012d.
Note : Jeunes 15-29. Comparaison avec le groupe des 30-59.
Jeune homme
Jeune femme
Homme: 30 ans et plus
Femme: 30 ans et plus
Rural Urbain
13,1
60,2
34,6
88,6
20,6
81,5
69,0
46,9
28. Introduction | 7
connexe est celui de la reconnaissance publique à la diffé-rence
de l’invisibilité vécue par un jeune chômeur ou inac-tif.
21 Le sort des diplômés chômeurs est également considéré
en termes de justice sociale comme la rupture d’un contrat
social avec un État qui a encouragé l’enseignement supérieur
comme moyen d’accéder à un emploi stable.22
1.3 Données et approche méthodologique
Cette étude s’appuie sur des données primaires issues de mé-thodes
qualitatives et quantitatives et sur des sources secon-daires.
Une vue d’ensemble des sources de données peut être
trouvée dans l’annexe 1 : Les principales sources primaires
sont les suivantes :
• Une étude quantitative de la jeunesse urbaine de 4.214
ménages urbains menée en 2012-2013 : « Enquête-mé-nages
en Tunisie sur la jeunesse dans les zones ur-baines
» (THSYUA).
• Une étude quantitative de la jeunesse rurale de 1.400
ménages à travers la Tunisie entreprise en 2012-2013 :
« Enquête ménages Tunisie sur la jeunesse dans les
zones rurales » (THSYRA).
• Un volet qualitatif, destiné à recueillir les perceptions
des jeunes concernant leur expérience en matière d’in-clusion
et d’exclusion sociale. Ce volet sert à compléter
et à renforcer l’explication des résultats quantitatifs.
Cette composante comprend 21 groupes de discussion
et 35 entretiens individuels réalisés en 2012 avec un
total de 199 jeunes dans sept régions de Tunisie.
• Une étude théorique et l’analyse des institutions et pro-grammes
en faveur des jeunes ont été entreprises en
2012.
Ce rapport compare les jeunes vivant dans les zones ru-rales
et urbaines et également les régions géographiques. La
Tunisie compte 24 gouvernorats agrégés en sept régions ad-ministratives,
chacune comprenant plusieurs gouvernorats
limitrophes. La graphique 1.4 présente une carte régionale de
Tunisie. Aux fins du présent rapport, les gouvernorats sont
regroupés en trois régions distinctes de l’enquête : la zone cô-tière,
la région intérieure, et le Sud, sur la base des différences
structurelles auxquelles le pays est confronté en termes de
disparités régionales et d’inclusion sociale et économique.23
L’analyse s’appuie également sur deux enquêtes distinctes en
Tunisie urbaine et rurale.
1.4 Structure du rapport
Le rapport est organisé autour des différentes dimensions
de l’inclusion des jeunes, le Chapitre 2 étudie la voix et la
participation des jeunes Tunisiens, identifiant les contraintes
et les opportunités pour leur engagement dans la vie civique
et politique. Le Chapitre 3 met en évidence les opportunités
économiques disponibles pour les jeunes Tunisiens, et pré-sente
le statut de l’emploi et de l’entrepreneuriat, y compris
dans le secteur informel, ainsi que les disparités liées au genre
et aux régions, et les données socioéconomiques et éduca-tives.
Le Chapitre 4 traite de l’exclusion économique par le
chômage et l’inactivité, et met en évidence la gravité de la
situation vécue par les jeunes Tunisiens qui ne sont pas dans
l’éducation, l’emploi ou la formation (NEET). Le Chapitre 5
traite des programmes et des services pertinents pour l’em-ploi,
par exemple, le travail des programmes actifs du marché
(PAMT), y compris la qualité et l’impact des programmes.
Enfin, le Chapitre 6 présente les conclusions et recomman-dations,
tout en reconnaissant la nécessité de tenir compte
de l’interdépendance des différentes dimensions en associant
l’importance de la politique inclusive de la jeunesse et les ins-titutions,
avec un appel à la participation dans la prise de
décision.
Notes
1. Tel que cité dans le British Council et l’Université américaine du Caire.
2013. La promesse révolutionnaire : Perceptions des jeunes en Egypte, la
Libye et la Tunisie. Le Caire, p. 34.
2. “Taux de chômage élevé à l’origine des émeutes”, Financial Times, 21
décembre 2010.
3. Jean-Pierre Filiu, la Révolution arabe ; Arab Revolution : Ten Lessons
from the Democratic Uprising, [la Révolution arabe ; 10 enseignements tirés
du soulèvement démocratique] Oxford University Press, novembre 2011.
4. Banque mondiale. (2010) “ Les jeunes des Pays Arabes : Promouvoir
les opportunités et la participation “ Article Banque mondiale, Conférence
Marseille, 28-30 avril 2010.
5. Diego F. Angel-Urdinola, Stefanie Brodmann, et Anne Hilger, Tendances
du marché du travail : Options récentes de politiques, MNSHD, Banque
mondiale, 2012.
6. Sondage d’Opinion Exclusif SIGMA Post, 2011.
7. Mohamed Bamyeh. (2011) La Révolution tunisienne : premières réflex-ions.
Sociologie de l’Islam et des sociétés musulmanes.
8. ONU (2007) Adolescents et jeunes en Tunisie : données et défis.
29. 8 | Surmonter les Obstacles à l’Inclusion des Jeunes
9. Les contributions suivantes illustrent les différents paradigmes utilisés
pour analyser la dimension de la jeunesse : R. Assad and F. Roudi-Fahimi.
2009. Les Jeunes dans la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord : Op-portunité
ou Défi démographique? Washington, DC : Population Reference
Bureau ; Banque mondiale. 2007Développement et Générations Futures.
Rapport Banque mondiale ; Naytej Dhillon et Tariq Yousef. 2009. Gen-eration
in Waiting : The Unfulfilled Promise of Young People in the Mid-dle
East. Washington, DC : Brookings Institute Press ; British Council and
American Université du Caire, ibid., can only be used when previous citation
is exact.
10. E. Murphy. 2012. “Problematizing Arab Youth : Generational Narra-tives
of Systemic Failure.” Mediterranean Politics 17 (1).
11. Banque mondiale. 2013. Inclusion Matters : The Foundation of Shared
Prosperity. Social Development Département, Washington DC. Le rapport
s’appuie également sur le cadre des contraintes socio-économiques (c’est-à-dire
les compétences professionnelles pertinentes contraintes, l’absence de
demande de travail et les contraintes sociales sur le côté de l’offre) et les in-terventions
identifiées par Wendy Cunningham, Maria Laura Sanchez Puerta
et Alice Wuermli (2010), “ Programmes actifs du marché du travail pour les
jeunes : un cadre pour guider l’emploi interventions destinées aux jeunes “,
Banque mondiale. PPE, N.16.
12. Banque mondiale. 2012. Enquête ménages Jeunes, Maroc : Promouvoir
les Opportunités et la Participation. Population Council and Information
and Decision Support Center of the Egyptian Cabinet of Ministers. 2011.
“[2009] Survey of Young People in Egypt (SYPE) : Final Report.” Rev. Ed.
Population Council, West Asia and Africa Office, Caire.
13. Source : ONU- Population Base de données des Perspectives de pop-ulation.
2010. Note : les Jeunes de 15-24 représentent près de 20 % de la
population totale.
14. H. Ayeb. 2011. “Géographie sociale et politique de la révolution tunisi-enne
: l’Alfa Révolution.” Revue d’Economie Politique Africaine – 38 (129)
467-79.
15. United Nations. 2013. A New Global Partnership : Eradicate Poverty
and Transform Economies through Sustainable Development, The Report
of the High Level Panel of Eminent Persons on the Post 2015 Development
Agenda. New York.
16. ETF. 2014. Young People Not in Employment, Education or Training
in the EU Neighboring Countries. Turin : European Training Foundation.
17. Observatoire National de l’Emploi et des Qualifications. 2014. Tran-sition
vers le Marché du Travail des jeunes femmes et hommes en Tunisie.
Genève : Bureau International du Travail. Avril 2014.
18. L’âge officiel pour la retraite est 60 ans pour les hommes et les femmes.
19. En milieu rural, 20,6% des homes plus âgés sont des NEET contre
46,9% parmi les jeunes hommes, ce qui donne un ratio de 2.3. En région
urbaine, le même calcul donne un ratio de 2.6 (Le NEET affecte 13,1% des
hommes plus âgés contre 34,6% de jeunes)
20. Dorra Mahfoudh-Draouti et Imed Melliti. 2006. “ De la difficulté de
grandir. Pour une sociologie de l’adolescence en Tunisie. “ Tunis : Centre de
Publication Universitaire.
21. Imed Melliti. 2011. Perspectives internationales sur le travail des jeunes.
Québec : Les Presses de l’Université Laval.
22. Navtej Dhillon and Tarik Yousef. 2009. Generation in Waiting : The
Unfulfilled Promise of Young People in the Middle East. Brookings Institu-tion
: Washington, DC.
23. Pour les fins du présent rapport, le Nord-Ouest, Centre Ouest et du Sud-
Ouest sont collectivement appelés les régions de l’intérieur ou de l’intérieur.
Le Nord-Est, qui comprend le Grand Tunis, est traité séparément du reste du
Sud-Est aux fins de certaines analyses de l’étude. Le Centre-Est est la côte ou
dans les régions côtières.
30. 9
Chapitre 2
Participation, voix et citoyenneté
active de la jeunesse
31. 10 | Surmonter les Obstacles à l’Inclusion des Jeunes
Nous devons avancer main dans la main pour atteindre les objectifs de la Révolution. Nous devons
être actifs dans la société, en travaillant dans des associations. Nous ne devons pas être divisés, car
les enjeux sont très élevés pour notre pays. Les gens doivent être réveillés, et c’est là le rôle de la classe
politique. Ils doivent être conscients de la phase critique par laquelle passe le pays et contribuer à le
renforcer. Il leur faut être moins égoïstes et garder en tête les objectifs du triomphe de la révolution.
Lycéenne, Mahdia (zone côtière, Tunisie)
Depuis 2010, les jeunes Tunisiens et Tunisiennes ont lutté en
première ligne, appelant sans relâche à un changement social
et exprimant leur désir de jouer un rôle actif dans la sphère
publique. Pourtant, comme le montre ce chapitre, lorsque la
collecte des données pour cette étude avait été achevée au
début de l’année 2013, les jeunes Tunisiens déploraient tou-jours
l’absence de voies institutionnelles nécessaires pour
participer efficacement à la Tunisie postrévolutionnaire, et ils
avaient exprimé leurs doutes concernant les institutions poli-tiques
et publiques de pays.1
L’inclusion des jeunes a des implications directes, écono-miques,
politiques, sociales et culturelles et elle implique la
disponibilité des canaux institutionnels pour une participa-tion
active dans la vie publique et communautaire. D’une
manière générale, l’inclusion des jeunes signifie la possibi-lité
de faire des contributions sociales, ce qui leur apportera
reconnaissance et dignité. Cela veut dire également avoir
confiance et s’engager dans une initiative économique. Cette
inclusion est la citoyenneté efficace active, qui est en outre
définie dans l’encadré 2.1. Dans le contexte tunisien récent,
la citoyenneté active peut être considérée comme un engage-ment
social pour réaliser les idéaux de la Révolution.
En outre, la corrélation positive entre l’exercice de la
citoyenneté et les résultats économiques d’une jeunesse ac-tive,
en particulier les NEET, est illustrée par de nouveaux
exemples internationaux. Ainsi une récente analyse éco-nométrique
montre que l’amélioration des libertés civiles,
conjuguée aux libertés économiques, telles la réduction de la
fiscalité et la stabilité des prix, conduit à une réduction signi-ficative
de l’inactivité des jeunes (notamment les NEET), sur
le long terme. En conséquence, la Banque mondiale estime
que l’amélioration du niveau des libertés dans les différentes
régions en développement au niveau des pays développés est
susceptible de réduire l’inactivité des jeunes de plus de 50%
(Moyen-Orient et Afrique du Nord et Afrique subsaharienne)
ou de 30% (en Amérique latine).2 Bien que les données de
l’enquête quantitative disponibles pour la Tunisie ne per-mettent
pas une évaluation rigoureuse de la relation de cause
à effet entre les libertés civiles —permettant la citoyenneté ac-tive
des jeunes—et la diminution de l’inactivité des jeunes au
Encadré 2.1 : Définition de la citoyenneté active
Le Forum Européen de la Jeunesse, une des plateformes de plaidoyer de la jeunesse les mieux établies et les plus influentes
du monde, a défini la citoyenneté active comme un statut juridique et un rôle. Une combinaison d’attitudes spécifiques
et des accords institutionnels doivent être mis en place pour permettre aux individus d’exercer leur “engagement, par-ticipation
et influence”. Cette définition de la citoyenneté englobe également les relations de l’individu avec les autres
et le marché du travail, ainsi que les questions de l’identité culturelle, étant donné que les individus appartiennent et
participent à de nombreuses communautés différentes – sociales, économiques et culturelles. La citoyenneté définie
comme un statut dans une communauté politique, juridique, sociale est basée sur un ensemble de règles juridiques qui
définissent l’appartenance à la communauté politique. Ces règles incluent les droits juridiques, par exemple, les libertés :
d’expression, de pensée, de croyance religieuse, le droit à la propriété, etc., et les droits politiques, par exemple, le droit
de participer et d’exercer le pouvoir.
Sources : Forum Européen de la Jeunesse. 2002. «Position sur l’apprentissage pour la Citoyenneté Active.» Adopté en Conseil des Membres, Brux-elles
26-27 avril.
32. Participation, voix et citoyenneté active de la jeunesse | 11
niveau des pays, il est prouvé que lorsque les libertés civiles se
développent dans un pays, notamment à la suite de nouvelles
dispositions constitutionnelles, l’une des principales consé-quences
est la diminution du nombre de jeunes NEET.
Même si les perspectives pour la Tunisie semblent pro-metteuses,
le présent chapitre montre que les jeunes Tuni-siens
rencontrent encore des obstacles importants à leur plein
exercice de la citoyenneté active. Lors des interviews, les
jeunes ont parlé de déceptions et de rêves brisés, du fait qu’ils
doivent toujours faire face à l’injustice sociale, au manque de
possibilités d’engagement civique et politique et aussi parce
que le chômage leur semble exacerbé par le favoritisme et le
régionalisme. Le profond écart entre l’ancienne génération
qui domine la prise de décision et les jeunes qui se sentent
exclus de toutes opportunités et n’ont pas voix au chapitre
pour façonner leur propre avenir est aussi une question es-sentielle
qui doit être résolue pour assurer à long terme la
stabilité du pays.
En même temps, la recherche qualitative montre que quels
que soient le genre et la région, les jeunes ont élaboré un en-semble
de stratégies d’adaptation. Ces stratégies combinent
la famille et la religion comme un refuge contre l’instabilité,
tout en se concentrant sur les valeurs du mérite, le travail,
l’innovation, la recherche de soi, et les efforts pour renforcer
l’autonomie. Les possibilités de participation aux processus
politiques à plusieurs niveaux -local, communautaire et natio-nal-
sans être très répandues, existent et se développent. Deux
facteurs-clés de l’engagement dans la société sont la confiance
dans les institutions et l’utilisation des médias sociaux.
2.1 A propos de la confiance dans les
institutions
La citoyenneté active dépend de la confiance et de la volonté
de s’engager de manière constructive avec les institutions.
Sans un minimum de confiance dans les institutions, les-quelles
incluent les politiciens locaux, les tribunaux, la police
et les groupes politiques ou religieux, il est difficile pour les
jeunes de collaborer de façon constructive. La confiance est
une condition requise pour la citoyenneté active, et essentielle
pour engager les jeunes dans les questions qui touchent leur
communauté ou un pays. La confiance doit être gagnée par
les institutions. Les traitements iniques, l’injustice ou la vio-lence
de la police sape la confiance dans les institutions. Sans
cette confiance, les sociétés ne feront qu’engendrer conflits et
confrontation.
Comme les autres jeunes de la région MENA, les jeunes
Tunisiens ont peu de confiance dans les institutions publiques.
Selon le Gallup World Poll 2013 les perceptions des jeunes
de la région MENA et des régions subsahariennes sont à la
traîne par rapport aux autres régions, pour ce qui concerne le
niveau de vie, l’évaluation de la vie, le bien-être social, l’atta-chement
à la communauté, le bénévolat et la confiance dans
le gouvernement national. Cependant, la région MENA a eu
plus jeunes évoquant la dégradation des conditions de vie en
2013 (par rapport à 2012) et moins de confiance dans le gou-vernement
national, que la jeunesse africaine.3
Les jeunes Tunisiens comptent beaucoup sur leurs familles
et les institutions religieuses. Le militaire, l’imam local, et les
organisations religieuses reçoivent le plus de confiance de la
part de la jeunesse, plus de 80%, ce qui est presque le même
niveau de confiance que celui accordée à la famille (voir la
graphique 2.1). En revanche, la confiance dans les institu-tions
politiques était extrêmement basse lors de la collecte
de données dans le cadre de l’enquête : seulement 8,8% des
jeunes ruraux et 31,1% des jeunes en milieu urbain avaient
confiance dans les institutions politiques. En région urbaine
les écoles et universités sont des espaces publics de dialogue
jugés dignes de confiance pour quelque 80% des jeunes. De
nettes différences toutefois existent entre les jeunes ruraux
et urbains. Dans l’ensemble, les jeunes dans les zones rurales
ont beaucoup moins confiance en la police, le gouvernement,
le système de justice, la presse, et le pays.4 Pour ce qui est de
l’ensemble des institutions, le niveau de confiance en général
en zone rurale est en moyenne inférieur de 20% comparé aux
zones urbaines. Les niveaux de confiance sont indépendants
Graphique 2.1 : Confiance dans les institutions
publiques et religieuses
Banque
100%
80%
60%
40%
20%
0%
Écoles
Organisation
religieuse
Source : Banque mondiale 2012d ; 2012e.
Note : La graphique inclut les jeunes 15-29 ans.
ONG
Pays
Famille
Imam
Justice
Police Militaire
Politics
Press
Universités
Rural
Urbain
33. 12 | Surmonter les Obstacles à l’Inclusion des Jeunes
du statut de l’emploi, pour les régions rurales et urbaines
(voir annexe 2, graphiques A2.1 et A2.2). Les niveaux de
confiance de la jeunesse dans les banques et la presse sont
légèrement plus élevés chez les jeunes travailleurs Tunisiens,
mais sinon le niveau de confiance est le même que celui des
jeunes inactifs NEET.
Le mécontentement en général et le manque de confiance
dans les institutions publiques sont exprimés par les jeunes
Tunisiens à travers les canaux culturels, comme par exemple
la musique rap. Depuis le début des manifestations en dé-cembre
2010, le rap a été la musique de fond de la révolution
tunisienne, avec également le pop, le folk, le rock et autres
genres musicaux (voir encadré 2.2).
Comme les autres Jeunes Tunisiens ou Libyens, les Tu-nisiens
expriment une confiance très limitée vis-à-vis de la
presse considérée comme commerciale voire manipulatrice.
Alors que les medias sociaux sont vus comme principal canal
de sensibilisation et de soutien social durant la révolution ils
sont parfois perçus de manière assez ambiguë comme l’ex-prime
ci-dessous un jeune professeur des écoles.5
Facebook a joué un rôle important au début de la Révolu-tion,
mais depuis il est utilisé par les différents partis pour
présenter leurs programmes. Il est même devenu courant de
s’y insulter ce qui au lieu de servir la Révolution a contribué
à son recul. Facebook, l’une des sources du succès de la
Révolution, est devenu depuis un espace de polémiques et
d’insultes. Jeune professeur – Tunis
2.2 Accès à l’information
Plus que tout autre moyen, les jeunes Tunisiens utilisent In-ternet
pour accéder à l’information. Internet est principale-ment
utilisé pour le divertissement, le courrier électroinque,
et l’actualité mais les jeunes hommes et les femmes passent
aussi une partie de leur temps en ligne pour étudier, travailler
ou chercher un emploi (voir graphique 2.2). Environ 50 pour
cent de tous les utilisateurs d’Internet (43,3 pour cent en mi-lieu
rural, 53,2 pour cent en milieu urbain) utilisent Internet
pour l’éducation, et de nombreux jeunes l’utilisent pour cher-cher
un emploi (45,9 pour cent en milieu rural, 26,8 pour
cent en milieu urbain). Près d’un jeune sur six Tunisiens uti-lise
également l’Internet pour le travail (14,4 pour cent en
milieu rural, 15,9 pour cent en milieu urbain).
L’accès aux technologies de l’information et de la commu-nication
(TIC) de base est largement répandu chez les jeunes
Tunisiens. Plus de 9 jeunes sur 10 possèdent un téléphone
Encadré 2.2 : Les jeunes artistes et la
liberté d’expression
Les arts et notamment la musique rap, ont permis
aux jeunes d’exprimer leur colère contre le chômage,
la pauvreté et la répression politique. Le rappeur El
General a émergé comme l’une des icônes de la révo-lution.
Sa chanson “Rais Lebled” (Chef de l’Etat) est
considéré comme l’hymne” de la révolution.
Depuis la révolution, les rappeurs ont continué à
donner de la voix pour transmettre la désillusion jeune.
Outre les journalistes, de nombreux musiciens déçus
par le nouveau gouvernement élu en 2012, ont conti-nué
à critiquer la brutalité de la police, pour exprimer
leur désillusion après la révolution, et plaider la liberté
d’expression. Sept rappeurs avaient été arrêtés au
cours des six premiers mois de 2012. Le rappeur Weld
El 15 avait reçu une peine d’emprisonnement de 21
mois par contumace après un spectacle jugé insultant
pour la police dans la ville orientale de Hammamet.
Après avoir été remis aux autorités, il a été rejugé et
condamné à une peine de quatre mois, contre laquelle
il a fait appel. Le rappeur Klay BBJ a finalement été
acquitté en appel en Septembre 2013, après avoir été
accusé et jugé deux fois pour avoir critiqué la police.
Sources : Al Jazeera. 2013 “Rappeur tunisien emprisonné pour
outrage à fonctionnaire de police” ; Libération. 2013 “Tunisie : le
Rap en sourdine.”
cellulaire. En comparaison 1 tiers des jeunes répondants de
l’enquête avaient utilisé internet le mois précédant l’enquête.
(40% jeunes hommes contre 26% de jeunes filles, voir gra-phique
2.3). Un quart des jeunes Tunisiens interviewés dans
le cadre de l’enquête sont membres de réseaux comme Face-book
qui est surtout un instrument privilégié pour contacter
les groupes d’amis et diffuser les informations. La télévision
reste la principale source d’information (68%) suivie d’In-ternet
(13%) et des forums de discussion personnelle (12%).
Peu nombreux sont les jeunes qui utilisent la radio (6%) et
encore moins les journaux (1%). L’accès Internet est encore
limité dans beaucoup de zones rurales, et l’accès restreint à
l’information affecte principalement les chercheurs d’emploi.
Toutefois le niveau élevé de connectivité en Tunisie a encou-ragé
l’émergence d’une « culture jeunesse » avec ses propres
tendances, styles, espaces, et canaux de communication, ainsi
34. Participation, voix et citoyenneté active de la jeunesse | 13
Education
100%
80%
60%
40%
20%
0%
Email
Loisirs
Recherche
l’emploi
Travail
Actualité
Rural
Urbain
que les activités de loisir indépendamment de la « culture of-ficielle
de la jeunesse » qui avait été mise en place sous l’an-cien
régime.
Les jeunes dotés de diplômes récents et moins récents
ont tous mentionné Internet dans les groupes de discussion
et interviews individuels. Les jeunes ont une attitude très
positive envers les TIC qu’ils considèrent comme première
source d’information, de communication- de réseau virtuel –
connexions avec des jeunes du monde entier, loisirs et comme
principal outil de recherche d’emploi. Un étudiant en cycle de
maitrise à Sidi Bouzid (centre Ouest Tunisie) parle d’Internet
comme d’une « seconde famille » pour les jeunes. Toutefois
les jeunes répondants perçoivent également une dimension
spatiale à l’accès internet- une division digitale qui exacerbe
le sentiment d’exclusion d’une large partie de la société chez
les jeunes habitants des régions intérieures du pays.
Les gens dans les régions intérieures n’ont rien excepté le
foot et les cafés. Les étudiants s’ennuient à l’école et ne peu-vent
développer leurs compétences à travers des activités
créatives ou festives.
Pour trouver un emploi, il faut aller sur Internet. Notam-ment
dans les régions où il n’y a pas d’agences pour l’em-ploi.
Il y a les « cybercafés publinets »6 mais seulement
quelques-uns au centre de Medenine ; il faut environ une
heure pour y aller et cela coûte environ 2 TND [USD (PPP)
2.76] juste pour s’inscrire à un bureau pour l’emploi. Com-ment
peut-donc accéder à l’information dans ces condi-tions
? Jeune chômeur, non diplômé, Médenine
Pour faire avancer la citoyenneté active d’une manière du-rable,
les jeunes doivent progresser et passer d’une ‘virtuelle
citoyenneté active’ à une « réelle » participation politique
aux niveaux local et national. Alors que les jeunes étaient
très enthousiastes concernant l’engagement politique et la vie
Graphique 2.2 : Accès à l’information sur Internet
Source : Banque mondiale 2012c ; 2012d.
Note : La graphique inclue les jeunes de 15-29 ans. Les réponses multiples
étaient autorisées lors de l’enquête.
Graphique 2.3 : Accès aux TIC – rural vs. urbain
92,4
36,5
92,8
31,9
85,2
64,3
82,4
55,8
Cellulaire Internet
Rural homme
Rural femme
Urbain homme
Urbain femme
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
pour cent
Source : Banque mondiale 2012c ; 2012d.
Note : La graphique inclut tous les jeunes. Utilisation du téléphone cellulaire le mois précédant l’enquête.