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SPORT/GOLDCUP2015
CULTURE
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les meilleures images
de la rencontre
Haïti-Panama
Une campagne électorale sur
fond de difficultés financièresPar Noclès Débrérus
HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
JEUDI 9 JUILLET 2015 NUMÉRO 35
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
Allo CEP, la campagne
a commencé !
HAITI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Le Conseil électoral provisoire (CEP) lance officiellement la période de campagne ce
jeudi 9 juillet, à travers une cérémonie qui se tiendra à l’hôtel Best Western à Pétion-
Ville, selon une note émanant de l’organisme électoral invitant les secteurs ayant
désigné leurs représentants au CEP, les partenaires nationaux et internationaux à y
prendre part. Du 9 juillet au 7 août à minuit, c’est un total de 1848 candidats agréés,
dont 233 au Sénat et 1615 à la députation, qui seront habilités
à mener campagne.
Lener Renaud
lance son offensive
diplomatique
Lionel Edouard
Bravo Tropic :
heureux
cinquantième !
par Walcam
2 | N0
35 JEUDI 9 JUILLET 2015
TRIBUNE
L’Union est notre force. Notre
désunion est celle des ennemis
de notre patrie ! Hommage à cette
unité récemment retrouvée au sein
de nos dirigeants face à la menace
de voisins racistes, anti haïtiens.
Ainsi donc, face au comportement
pervers des autorités dominicaines
procédant à des déportations
violentes et illégales, face au
terrorisme de certains groupes en
république voisine créant une vraie
psychose de peur qui engendre
cet exode vers Haïti et finalement
face à ce processus scandaleux
d’apatridie de milliers de citoyens
dominicains que la république
dominicaine compte déverser sur
notre territoire, l’heure est à notre
rassemblement autour de notre
drapeau national.
C’est dans ce contexte que le
COLLECTIF du 4 DECEMBRE
invite les compatriotes haïtiens
qui avaient investi en république
dominicaine, à ramener leurs
entreprises en Haïti, pour créer
ainsi des emplois nécessaires,
stables et durables.
LE COLLECTIF lance aussi un
vibrant appel à l’UNITE NATIO-
NALE et demande à toutes les asso-
ciations de la Société civile, aux
politiciens, partis politiques, associ-
ations professionnelles, Chambres
de Commerce et à tous les citoyens
et citoyennes qui aiment encore
Haïti, de former un faisceau contre
la HAINE et le RACISME d’hier et
d’aujourd’hui et, conjointement
avec la COMMUNAUTE INTERNA-
TIONALE, d’empêcher l’exécution
du macabre plan dominicain.
LE COLLECTIF du 4 DECEMBRE,
qui a toujours mis l’emphase sur
la PRODUCTION NATIONALE et
réclamé le BOYCOTT des produits
dominicains, renouvelle une fois
de plus cette double demande et
propose à la NATION ENTIERE
d’accepter à court, moyen et long
terme les sacrifices que ce double
objectif demande.
Pour non seulement faire
face à cet acharnement de la
République dominicaine contre
les ressortissants haïtiens et leurs
descendants, mais encore pour
endiguer l’exode déstabilisateur
provoqué par cette république
voisine, LE COLLECTIF DU 4
DECEMBRE suggère encore aux
autorités de notre pays d’utiliser
les structures douanières existantes
aux postes frontaliers pour bien
gérer le flot de ces victimes du
racisme dominicain.
Par voie de conséquence,
l’importation des produits à partir
de la République dominicaine aurait
à se faire que par voie aérienne ou
maritime vers les ports de Port au
Prince, ce, tout autant que durera
la crise créée par la république
voisine.
Le COLLECTIF du 4 DECEMBRE
exhorte toute la NATION à ne pas
se taire malgré l’adversité mais
à continuer de se battre pour les
idéaux de liberté et de dignité
humaine et à faire avancer notre
société dans le progrès, l’humanité
et la solidarité.
Jean-Robert Argant
Coordonnateur Général
Port-au-Prince le 6 juillet 2015
Excellence, Monsieur Joseph
Michel Martelly, Président de la
République,
Excellence, Monsieur Evans Paul,
Premier Ministre,
Nous, intellectuels, professionnels,
artistes, artisans, haïtiens vivant
à l’étranger, paysans, citoyens,
vous présentons nos plus sincères
félicitations pour les fermes
déclarations que vous avez
tenues récemment au sujet de la
déportation de nos frères haïtiens
et dominicains de la République
Dominicaine. Ce n’était pas trop
tôt !
Par contre, nous souhaitons
attirer votre attention sur le
fait qu’un jeu malin d’allées et
venues diplomatiques autour
du phénomène (universel) de la
migration semble réussir presque
à cacher le fait innommable,
inédit, insultant pour le monde,
d’une aberration telle qu’elle ne
s’était jamais encore présentée
dans l’histoire universelle : la loi
168-13.
Comment les auteurs de cette
infamie contre l’humanité ont-
ils pu espérer un instant qu’une
quelconque fumée de palabres de
conférences ou de négociations
allait masquer cette tâche hideuse
désormais indélébile qu’ils ont
collée a la face de leur propre
nation ? Comment ont-ils pu
en arriver là ? Voici que l’un
des leurs ex chefs d’état déclare
publiquement sa honte. Quelle
folie, quel aveuglement les ont
poussés jusque là ?
Ils ont été trop loin. Ils le savent,
et là doit se situer le combat de
toute personne, de toute nation, de
tout État, de toute communauté
régionale ou mondiale pour se
définir et définir ses choix face
à une ignominie qu’on aurait cru
inimaginable…
Ne nous laissons pas pousser
vers des à-côtés secondaires
savamment moussés mais
insuffisants nous le répétons, à
cacher l’opprobre.
Toute femme, tout homme n’a
qu’une attitude possible : réclamer
au nom de l’humanité que cette
tâche soit effacée sur son visage
d’être humain.
La cour constitutionnelle
dominicaine et ceux qui l’ont si
vilement manipulée se doivent
d’avoir le courage de se laver, de
laver leur nation encore stupéfaite
et de nous laver, nous personnes
humaines, en revenant sur cette
loi sortie tout droit d’esprits
démoniaques et essentiellement
racistes.
C’est ce que nous Vous proposons
à Vous nos dirigeants, de décider
au nom d’Haïti et au nom du
monde entier :
- Que les dispositions concrètes
soient prises pour cesser toutes
relations diplomatiques et
commerciales avec la RD jusqu’au
retrait intégral de cette loi infâme
et déshonorante ;
- que soit envisagé dans les jours
qui viennent un pont aérien entre
Haïti et les nations sœurs pour
faire face aux urgences vitales ;
- que soit lancée une recherche
diligente de fournisseurs
alternatifs ;
- que soient annulés les contrats
d’ordre logistique avec la
République Dominicaine;
- que soient initiées en urgence les
négociations appropriées avec les
importateurs haïtiens et les états
du Bassin les plus accessibles ;
- que soient envisagés des accords
avec certains pays frères pour
que des corps de leurs armées
spécialisés dans la gestion des
catastrophes nous aident à la
frontière à organiser l’accueil et la
relocalisation des déportés ;
- que soient créées, toutes
affaires cessantes, des projets
de protection des ressources
naturelles et de production peu
exigeantes dans tous les espaces
inoccupés avec financement
spécial de l’État ;
- qu’une campagne de
sensibilisation soit initiée
au niveau national en vue de
mobiliser la nation toute entière
pour qu’elle puisse s’approprier
la cause et réveiller en elle son
sentiment de patriotisme et de
civisme ;
- Qu’il soit notifié à l’OMC que le
respect des droits humains doit
prévaloir sur toutes considérations
commerciales et économiques.
Excellence, Monsieur Joseph
Michel Martelly, Président de la
République,
Excellence, Monsieur Evans Paul,
Premier Ministre,
En décidant de rompre toutes
relations diplomatiques et
commerciales avec la République
Dominicaine vous aurez relancé la
conquête de notre souveraineté et
renouvelé, à l’instar de 1804, un
moment du combat universel pour
la dignité humaine.
Marc Antoine Noel
Marcel Duret
Kettly Mars
Pétition au président
Michel Joseph Martelly et
au Premier ministre Evans Paul
Appel du Collectif 4 décembre
JEUDI 9 JUILLET 2015 N0
35 | 3
ACTUALITÉ
Le but du rêve
Après la Copa America, le match Haïti-Panama de la Gold Cup a laissé chez nos
compatrioteslesentimentqu’onpeutremonterlapente.L’événementparaîtsans
grand éclat. Cependant, dans l’état actuel de la chute de la conscience collective,
lebutégalisateurd’Haïti,réalisédefortbellemanièretechnique,apermisàplus
d’undechasser,pourunenuitaumoins,lecauchemarnocturned’unpaysaffaibli
etaccablé.
Carilyadesannéesoùnos«aficionados»veulentêtre«lespremiersparprocuration
»,commeleditl’écrivainGaryVictor.Devantlevided’organisation,d’infrastructure,
dejeuxdecoulissesentrelaFédérationinternationaledefootballetlegouverne-
menthaïtienet,surtout,faceàl’absencedesTomPouce,GuySaintvil,PhillipeVorbe,
MannoSanonquisefaitencoresentir,lesmordusdufootballhaïtienontfaitdes
choixdejoueursquiilluminentlesterrainsdejeuàl’étranger.DuBrésil,Ronaldo,
Ronaldhino,Neymar.Del’Argentine,Maradona,Messi.
On acceptait ces choix parce qu’ils se confinaient dans l’espace latino-américain.
Bienqu’ilyaitdesopinionsquilaissentcroirequelessuccèssportifsduBrésiletde
l’Argentine ont leur source dans la « discipline dictatoriale » imposée à ces pays,
nouscroyonsquec’estletalentsoutenuparl’encadrementdel’Étatquiestàlabase
desexploitsdecespays.Sinon,àcôté,leChilidePinochetneseraitpassouventà
latraîne.
Maintenant qu’il semble que l’Argentine et le Brésil sont en phase de déclin, on
chercheuneautreétoileàlaquelles’accrocher.Ellepourraitvenird’Haïtisilegou-
vernement haïtien investissait dans le sport et la culture de façon rationnelle,
méthodiqueetvisionnaire.Maisquelschoixfaireaumomentoùlebasketballgagne
du terrain et que certains affirment que c’est la culture américaine qui bouscule
notrevieillepassiondufoot?
Depuisquelquesannées,lesAméricainsprennentausérieuxlefootball.Ladernière
Coupe du monde a montré leur détermination. Naturellement on ne peut pas «
monter»unPelécommeunemécaniqueavecdesmoyensfinanciersetdessavoirs
systématisés.Maisl’AmériqueduNordvientaussinousapprendrequel’élégance
individuellesportivedoitêtreremplacéeparlaforcecollective.LeprésidentObama
avaitdit:«Onentendraparlerdenousdansquatreans!»
Les Grenadiers vont affronter les États-Unis bientôt pour la Gold Cup. On pourra
mesurer les efforts d’une équipe et les progrès de l’autre. Entre « le pays le plus
pauvredel’hémisphère»,commeonleprétend,etlagrandepuissanceétoilée,la
marged’espoirpourHaïtiestmince.Lesjeunesnelesaventpas.Ilyatrenteans,ce
seraitpourHaïtiunepartiedeplaisir!Ons’accrocheauprincipeque leballonest
rondetroulepourtoutlemonde.C’estlebutdurêve.
Le National
Édito
Allo CEP,
la campagne
a commencé !Par Lionel Edouard
HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
U
ne campagne visuelle
informelle prend forme de
plus en plus à l’approche de
la date fixée pour le début
de ces activités devant permettre aux
candidats de vendre leur vision et
programme politique. Plus question
de mobilisation à travers les réseaux
sociaux. Les forces en présence
s’affirment et s’affichent. Toutefois,
aucune sanction n’a été prononcée.
Aucun avertissement. Le CEP ne pipe
mot.
Les grandes artères de la capitale
sont le théâtre rêvé, choisi par
ces prétendants aux législatives.
L’autoroute de Bourdon, Delmas et
Canapé-Vert sillonnés montrent à
clair qu’ils ont brûlée l’étape et se
sont déjà lancés dans la bataille.
« Pa ekri sou mi kay moun, ann fè
yon kanpay pwòp », un vœu pieu
de certains candidats qui lançaient
des messages à leurs rivaux pour
respecter la propriété privée. Un
principe-clé en démocratie libérale.
Mais cela reste un vœu . Sur les murs,
les barrières des résidences et autres
entreprises privées, les nouveaux
graffitis côtoient inlassablement les
anciens. Faut-il également rappeler
que ces messages appelant à une
campagne propre sont diffusés à
partir de banderoles placés dans
des points stratégiques, portant les
emblèmes des partis, les numéros
et les noms des candidats ? Une
campagne subtile. Non ?
« Ayiti ap tann ou », « Viv ou vote
untel » sont les slogans à la mode
qui ornent les murs des bâtisses.
Toutefois, les activistes qui les ont
mis n’ont pas jugé nécessaires de
biffer ceux-là qui y ont été inscrits
en d’autres circonstances, soit pour
insulter le chef de l’État, un ministre
ou tout simplement pour attaquer un
candidat rival, dans la commune ou
la circonscription. Les « aba untel
» affluent également. Il est donc
courant de voir, par exemple, un
« Aba Martelly » côtoyer un « viv
Charlot » sur les murs de Delmas.
Cependant, s’il arrive que les
candidats soient beaucoup plus
actifs dans cette campagne qui ne
porte pas encore son nom, les partis
également pointent le bout du nez.
C’est le cas pour la Plateforme Verite
qui, en dépit de l’exclusion de son
candidat à la présidence, occupe le
terrain. En effet, toute l’autoroute de
Delmas porte les traces de l’équipe
jaune et vert.
En début de cette semaine, des fan-
ions portant le numéro 69, l’emblème,
les couleurs et le nom du parti sont
placés le long de l’autoroute. Tous
les quatre ou cinq poteaux support-
ant les lampadaires, chers à l’équipe
«Tèt kale », pend un de ces fanions.
D’autres affiches plus imposantes
ont été rencontrées sur l’autoroute
de Bourdon, à l’angle de la route
de Christ-Roi et de l’avenue John
Brown.Le Parti « Konviksyon » n’est
pas en reste, avec un poster géant
flanqué de son slogan. Il est placé à
l’angle de l’autoroute de Delmas et
la route de Frères. Un point plus que
stratégique qui fait la jonction entre
Pétion-Ville, Delmas et la Route de
Frères. Les stratagèmes ne manquent
donc pas. Sans compter les voitures
décorées aux couleurs des partis et
arborant des posters de certains can-
didats couramment rencontrés sur
les routes nationales.
Quid du décret électoral ?
Le décret électoral qui sert de cadre
légal à la réalisation des élections ne
prévoient rien en ce qui a trait aux
sanctions qui devaient être réservées
aux candidats et/ou partis politiques
qui ont lancé prématurément leur
campagne. Il ne dit rien non plus
sur les candidats qui auraient
continué leur campagne après les
délais retenus pour la fermeture de
la campagne électorale.
Les articles 114 à 124 qui traitent
du déroulement de la campagne
n’y apportent aucune précision. Ils
ne mentionnent pas non plus si les
sanctions sont laissées à la discrétion
du Conseil électoral, tout comme
l’article 114.1 affirme que le début
et la fin de la période de campagne
sont fixés par le CEP. Cet épisode,
comme bien d’autres, sera vite oublié
avec le début de la campagne, le jeudi
9 juillet.
Sans aucun signal, certains candidats se sont déjà
lancés dans la bataille. Pourtant, les responsables au
Conseil électoral provisoire avaient annoncé que le
mois de campagne prévu pour les législatives devait
débuter à partir du jeudi 9 juillet, pour prendre fin le
vendredi 7 août 2015. Une prérogative conférée à cet
organisme par le décret électoral à travers son article
114.1.
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JEAN ERIC FOUCHÉ, FRANTZ CLERGÉ,
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CARICATURISTE : FRANCISCO SILVA
DISTRIBUTION : PIERRE PAUL EMMANUEL
ADMINISTRATION : RACHELLE COMPÈRE
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IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR
LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
4 | N0
35 JEUDI 9 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
C
’est autour du thème : « le
notariat haïtien, codifié et
engagé », qu’ont été centrées
les échanges entre formateurs
et participants de cette 3e université
notariale d’Haïti. L’objectif de ces
séancesdeformationsetderéflexions,
expliqueLeslyAlphonse,c’estd’armer
les notaires à de nouvelles techniques,
afin de les rendre plus efficace dans
l’exercice de leur fonction.
Depuis la création du syndicat,
poursuit-il, nous avons toujours
cette pratique d’organiser des
évènements pareils. Deux univer-
sités notariales, trois congrès natio-
nale, deux forum international, et
plusieurs formations itinérants
dans les villes de provinces sont
déjà réalisés par le SNJH, a informé
le vice-président de cette structure.
C’est aussi l’occasion pour la SNJH,
selon M. Alphonse, de statuer sur
le cas des rapatriés qui à l’avenir
auront sans doute à réclamer des
terres de leurs anciens parents.
Les notaires ont déjà commencé à
réfléchir sur la manière de résou-
dre les éventuels litiges entre ces
rapatriés et les autres héritiers,
a-t-il informé.
L’université notariale est un pro-
gramme de formation décerné
spécifiquement aux hommes et
femmes exerçant le métier de
notaire. Elle est réalisée chaque
année sous l’égide du SNJH et
ses partenaires, comme le comité
interministériel d’aménagement
du territoire (CIAT), le syndicat des
notaires du Canada, et le syndicat
des notaires de la Colombie.
Au menu du programme de cette
année, est inséré entre autres, des
exposé sur : « la place du notaire
dans l’éducation financière.-
responsabilité notariale enjeux,
limites et implications.- le droits
des personnes à mobilité réduite.-
gestions des fonds d’autrui.- le droit
des biens.- nationalité haïtienne et
apatridie.- les défis immobiliers
et le déplacement de la popula-
tion ». Sur la liste des formateurs,
sont figuré le nom de personnalités
juridiques nationales et interna-
tionales comme, Me Camille Leb-
lanc, Me Monferrier Dorval, Pierre
Becqué, etc.
De l’exercice de la fonction
notariale
Marie Alice Bélisaire a relaté le
fait que c’est un métier particulier,
elle demande par conséquent un
traitement particulier. « N’est pas
notaire qui veut », a-t-elle précisé.
Pour exercer le métier de notariat,
il faudrait d’abord faire des études
en droit, ensuite se spécialiser dans
une entité notariale.
Il n’existe pas encore d’entité
d’étude notariale, le métier reste
alors un métier héréditaire. L’entité
d’étude reste jusqu’à date le père qui
transmet ses dossiers à son fils, ou
autre membre de la famille. En tant
que présidente de l’organisation,
elle nous a mis au courant que son
institution est en train d’effectuer
des démarches pouvant aboutir à
la création d’une entité de forma-
tion notariale, pour enfin vulgariser
cette discipline qui compte seule-
ment 337 spécialistes pour toute la
population haïtienne.
Pour sa part, Me Jean Henry Céant,
qui à cause de son engament dans
la course électorale, ne peut plus
être comme d’habitude parmi les
formateurs, a estimé que chaque
notaire méritent d’être couronné.
Pour lui, les notaires sont les seuls
qui travaillent sans accompagne-
ment, sans encadrement, sans
informations, sans les moyens qu’il
faut, alors qu’ils sont exposés à de
graves dangers. Ce métier ne doit
pas être un métier de conservateur,
il doit être ouvert aux grand public,
et marcher avec la technologie,
a-t-il conseillé.
Pour clore les assises, le SNJH
lancera samedi 11 juillet 2015, le
code déontologique notariale, où
les notaires prendront l’engagement
de pratiquer l’éthique, la rigueur,
le respect des lois et des normes
dans ce métier indispensable
à la possession des biens, à
l’investissement, et à la sécurité des
familles en Haïti.
Vulgariser le métier notarial en Haïti
par Evens REGIS
HAÏTI/CONGRÈSNATIONALDESNOTAIRES
Le métier notarial est sur la voie de la modernisation. Trois ans de cela, le syndicat
des notaires des juridictions d’Haïti (SNJH) a été créé, avec pour mission principale
de favoriser l’émancipation de cette discipline. Dans le cadre de la charge qui lui a
été confié, le SNJH a réuni du 8 au 11 juillet 2015 à l’hôtel Montana, l’ensemble des
notaires du territoire national, pour sa 3e université notariale, et son 4e congrès
national.
Marie Alice Bélisaire, présidente du Syndicat des notaires des juridictions d’Haïti
C
ependant,cesontenviron340
écoles inscrites dans le Psugo,
dont 208 établissements
scolaires à Carrefour (Ouest)
et 132 à Gros-Morne (Artibonite) qui
sont éclaboussées dans ce scandale
de corruption. L’ULCC, à travers le
rapport préliminaire de vérification
des écoles faisant partie dudit
programme, publié le 30 juin dernier,
afaitmentiondesécolesquin’existent
que de nom. Il s’agit de l’« École mixte
Papillon vert de Moulin », l’Institution
mixte Jules Solime Milscent, leurs
directeurs sont respectivement Élius
Marcy et Davilien Fédelaine dans la
commune de Gros-Morne.
Ce constat n’est pas différent
dans la commune de Carrefour,
poursuit le même rapport : École
Charles H. Mason, Collège Mixte
Eddy Pascal, École fondamentale
Rêves d’enfant, Institution mixte
Frères Mathelier, École La Florai-
son, EDDUCA. Ces établissements
fictifs, quant à eux, sont admin-
istrés chacun en ce qui les con-
cerne par Ulrick Céba, Jean Eddy
Pascal, Marie Yvette L. Edouard,
Jacques Mathelier, Jasmin Monge
et Vild Eddy.
Le rapport a en outre indiqué qu’il
existe une inadéquation entre les
effectifs déclarés et ceux consta-
tés. Il s’agit d’une violation des
clauses du contrat conclu avec le
MENFP de la part de ces « préten-
dus » directeurs d’établissements.
Pour la commune de Gros-Morne,
près de 70 écoles ont affirmé avoir
un effectif estimé à environ 8083
élèves, alors que les enquêteurs
n’en ont pu constater que 6191.
À Carrefour, la situation n’est pas
différente. Près de 47 établisse-
ments scolaires dans la zone
III ont informé avoir détenu un
nombre estimé à environ 6301
élèves déclarés, tandis que seule-
ment 5081 sont enregistrés, selon
ce document.
Toujours à Carrefour, le rapport
a fait état de 50 écoles dans la
zone I, 5 dans la région II qui n’ont
pas pu être enquêtées. Il en est
de même de 9 dans le district de
Gros-Morne. Cela, explique-t-il,
est dû soit à cause de la période
des examens d’État, soit en raison
du fait que les professeurs ont
emporté les cahiers de présence
de ces établissements. Toutefois,
il convient de souligner que ce
document confirme avoir relevé
également des écarts insignifiants
entre les effectifs déclarés et ceux
constatés dans la ville de Gros-
Morne. À ce stade, il a fait remar-
quer que sur près de 48 écoles,
l’effectif déclaré se situe dans la
fourchette de 4542 élèves, alors
que le constat en fait montre de
4449.
Cette inadéquation, selon le rapport,
résulte de ce que les inspecteurs de
zone n’assument pas correctement
leurs responsabilités. Au regard
des informations recueillies, il n’a
eu aucun cas de conflit d’intérêt et
de trafic d’influence de la part des
fonctionnaires du MENFP.
Se fondant sur ces constats, il
est recommandé, entre autres, au
ministère de bloquer les fonds au
profit des écoles respectant les
clauses du contrat paraphé avec
ledit ministère, actualiser la liste
des établissements scolaires inscrits
dans le Psugo, rendre obligatoire
le recyclage des professeurs en
vue d’une meilleure formation
académique des élèves.
Psugo : Des irrégularités
déconcertantes
Le Psugo a été en proie à des
irrégularités déconcertantes
dans certains établissements
qui y sont inscrits, selon ce qu’a
déclaré le directeur général du
MENFP, Rénold Telfort, lors d’une
interview accordée au journal Le
National dans les locaux de ce
ministère, le vendredi 3 juillet
dernier.
Les enquêteurs, poursuit-il,
se sont rendus dans les écoles
impliquées dans ce programme
en vue de s’enquérir de leurs
activités. À la surprise générale,
arrivés dans ces établissements,
leurs responsables n’ont même
pas pu fournir des informations
relatives à l’effectif d’élèves
inscrits dans leur palmarès.
Quant aux écoles fournissant des
renseignements, il affirme avoir
relevé une différence notable
entre le nombre d’élèves déclarés
et le total de ceux constatés sur
le terrain en supervisant, entre
autres, leurs salles, leurs cahiers
d’appel, leurs archives.
Cet écart va dans la plupart des cas
au-delà d’une centaine, explique
le numéro deux du MENFP. Il
a pris en exemple le cas où un
directeur d’école affirmerait avoir
100 élèves à raison de 90 dollars
chacun. La somme détournée serait
donc estimée à environ 9 mille
dollars américains au détriment
des enfants qui devraient être
scolarisés, fustige M. Telfort,
arguant que cette situation est
intolérable. Ainsi, il informe que
les autorités ont déjà pris les
mesures nécessaires. La Justice
est désormais saisie du dossier. Le
commissaire du gouvernement a
mis l’action publique en mouvement
et recherche, dit-il, les coupables
en vue de leur infliger leur peine
conformément à la loi.
Sans ambages, il a en outre indiqué
que les autorités du MENFP vont
engager des poursuites judiciaires
contre ces établissements. Ces
décisions, précise M. Telfort,
pourront aller jusqu’à la fermeture
des portes de ces écoles fautives.
Mais il se veut rassurant quant aux
élèves. Ces derniers, annonce-t-il,
peuvent s’orienter soit dans des
écoles publiques, soit dans d’autres
établissements subventionnés dans
le cadre du Programme.
D’autres mesures, dit-il, pourront
s’étendre jusqu’à la nationalisation
de ces établissements. Car, l’avenir
des élèves est ce qui importe le plus
pour le ministère.
JEUDI 9 JUILLET 2015 N0
35 | 5
ACTUALITÉ
ÉCHO
Petit-Goâve : prison
civile surchargée
Les avocats du barreau de Petit-
Goâve, les juges de paix et le
responsable du commissariat
de police se sont entretenus,
mardi, autour de la surcharge
de la prison civile, incapable
recevoir de nouveaux prévenus.
Les autorités judiciaires estiment
urgent de trouver une solution
adéquate. Lundi, les avocats de la
cité soulouquoise ont organisé un
sit-in pour dénoncer la surcharge
au niveau de la prison.
Par ailleurs, la population souhaite
la nomination d’un nouveau
conseil exécutif intérimaire à la
tête de la mairie de Petit-Goâve
en remplacement de l’ancienne
administration communale dirigée
par Sandra Jules, en difficulté avec
la Cour supérieure des comptes et
du contentieux administratif.
L'OCCID lance un
appel à la vigilance
L’Observatoire citoyen pour
l’institutionnalisation de la
démocratie (OCID), un consortium
de la société civile regroupant
l’Initiative de la société civile (ISC),
le Centre œcuménique des droits
humains (CEDH) et Jurimedia,
n’a pas caché ses préoccupations
quant aux discours violents tenus
par plusieurs candidats ou leurs
partisans, aux actes d’intimidation
dont sont l’objet les membres du
Conseil électoral provisoire (CEP).
L’OCID demande aux autorités
compétentes de diligenter des
enquêtes sur des menaces
proférées à l’endroit de certains
conseillers électoraux ainsi que
sur les allégations de corruption
portées par des candidats non
agréés contre des membres du CEP.
Jérémie :
manifestation au
quartier Léon
La population au quartier Léon
(Haute Voldrogue), section
communale de Jérémie, a
manifesté mardi pour demander
au gouvernement d’élever cette
localité au rang de la commune. «
Le quartier Léon répond à toutes les
conditions pour devenir commune
», ont soutenu les manifestants,
rappelant avoir voté, pour cette
raison, le président Michel
Joseph Martelly qui avait promis
de satisfaire cette revendication,
selon la presse locale.
Dithny Joan Raton,
pour des échanges
culturels dans la
Caraïbe
La ministre de la Culture, Dithny
Joan Raton, qui a rencontré
récemment la Première dame des
Bahamas, Bernadette Christie,
les ministres de la Culture de
Cuba, Julian Gonzalez Toledo, et
des Bahamas, Daniel Johnson, a
discuté avec le secrétaire général
de l’AEC, Alfonso Muñera Cavadia,
autour de l’importance des
échanges culturels entre les pays
de la Caraïbe. Lors d’une tournée
caraïbéenne, Madame Raton, qui
a participé à un colloque sur la
coopération culturelle des grands
États de la Caraïbe, en a profité
pour inviter les pays de la région
au Festival des arts de la Caraïbe
(Carifesta) prévu en Haïti du 21 au
30 août prochains.
Quatre-vingt-cinq écoles exclues du PSUGO
par Reynold Aris
HAÏTI/ÉDUCATION
Le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) passe à l’action. Dans un
communiqué en date du mercredi 8 juillet 2015, il a été décidé d’exclure pour fraude, 85 établissements scolaires,
se trouvant à Carrefour et à Gros-Morne, du Programme de scolarisation universelle, gratuite et obligatoire
(PSUGO). Cette décision fait suite à l’enquête réalisée par l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) à la
demande des Ministères de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP), de la Justice et de
la Sécurité publique (MJSP) durant la période allant du 9 au 17 juin 2015.
» suite de la première page
Pour ces élections, dont le premier
tour des législatives est prévu au
9 août 2015, on dénombre pas
moins de 166 partis, plateformes et
regroupements politiques agréés par
le Conseil électoral provisoire. Toutes
ces structures politiques profiteront
de cette période de campagne pour
vendre leur vision, leur idéologie
ainsi que leur programme politique
conformément aux dispositions de
l’article 115 du décret-électoral du 2
mars 2015, les autorisant à utiliser
tous les moyens de communication
collective pour mener campagne.
Alors que la campagne est lancée,
les partis politiques ainsi que les
candidats n’ont de cesse de se
plaindre quant aux moyens financiers
qui leur font défaut. De jour en jour,
les élections sont plus exigeantes
en termes de dépenses, déplorent
certains candidats qui disent être en
campagne depuis tantôt trois ans.
Le mardi 7 juillet, lors de la rencontre
entre le Conseil électoral provisoire et
les partis politiques, la question de
subvention a été mise sur le tapis et
a constitué l’une des préoccupations
majeures des politiques.
À un mois de la date fatidique du 9
août, retenue pour le premier tour des
législatives, aucun officiel de l’État
n’est en mesure d’informer quand
est-ce que sera donnée la subvention
aux partis politiques, telle que
mentionnée à l’article 125 du décret
électoral stipulant qu’à l’occasion
des compétitions électorales l’État
accorde aux partis politiques, aux
groupements politiques ayant des
candidats agréés aux élections, une
subvention pour les aider à mener
leur campagne électorale.
Intervenant à ce sujet, maître Mosler
Georges, directeur exécutif du
CEP, dit avoir déjà fait tout ce qui
dépendait de lui. « Pour la subvention,
conformément à l’article 125, une
correspondance a été adressée au
gouvernement via le ministre délégué
auprès du Premier ministre chargé
des questions électorales, Jean Fritz
Jean-Louis, pour savoir quel est le
montant alloué au financement des
élections. Jusqu’à ce jour, aucune
réponse ne nous est encore parvenue
», a informé Mosler Georges. Aux
responsables des partis politiques
présents, il a par ailleurs précisé que
le CEP a déjà défini les modalités de
distribution de ce fonds sitôt qu’il
sera disponible.
Les partis politiques qui n’ont pas
de candidats agréés ainsi que les
candidats indépendants ne pourront
pas bénéficier de cette subvention.
D
ansunéland’optimismetrès
poussé, Wilson Laleau croit
que les espérances de crois-
sance du secteur pourraient,
d’ici à 2020, atteindre la barre de 20
% en exploitant à fond les facteurs de
productivité. Il prend en exemple le
projet « Agritrans » dans le Nord-Est
et des initiatives prises dans d’autres
régions du pays et qui portent fruits.
Affirmant sa foi dans le potentiel agri-
cole du pays, le grand argentier de la
Républiquecroitqu’endupliquantces
modèles, l’objectif peut être atteint.
En revanche, les réflexions produites
en ateliers montrent qu’un taux de
croissance agricole estimé à 7 % peut
être atteint. Les conclusions de ces
travaux découlent du constat selon
lequel un million d’hectares de terres
agricoles sont exploitables. Et 72 %
d’entre elles sont dépourvues de con-
taminants agricoles. Ce, en dépit des
problèmes chroniques liés au cadas-
tre et à l’urbanisation des espaces
agricoles qui rongent le secteur. Ce
fait, selon le ministre des Finances,
est aussi observable au niveau des
ressources hydriques du pays qui se
gaspillent.
C’est pourquoi les rapports des ate-
liers de réflexion sur la question ont
proposé la création d’une commis-
sion multidisciplinaire pour réviser le
cadre légal existant. La délimitation
des zones de production et la mise en
place de mécanismes de valorisation
des terres figurent parmi les pistes de
solutions proposées. Par ailleurs, les
travaux de réflexions se sont inscrits
aussi dans une dynamique de rent-
abilité de l’eau, facteur de production
inexploité, à travers la modernisation
des infrastructures rurales : systèmes
d’irrigation et de stockage d’eau.
D’où viendront les fonds ?
« Qui embrasse trop, mal étreint.»
Reprenant ce vieil adage, l’économiste
Eddy Labossiere a, tantôt, suggéré,
compte tenu de la maigre allocation
budgétairedupays,devaloriserdesfil-
ières spécifiques du secteur agricole.
Soulignant que les autres secteurs
ont des besoins incompressibles. Il a
aussi plaidé en faveur de la création
d’une banque d’investissement pour
favoriser des crédits à long terme
dans le secteur. Une option que le
ministre des Finances n’envisage pas.
Il se dit favorable à un mécanisme de
financement du secteur agricole où
les acteurs du système seraient par-
ties prenantes. Il prône ainsi le crédit
mutuel, à savoir la création d’une
banque faite avec les agriculteurs et
pour les agriculteurs.
Pour sa part, le coordonnateur de
la CNSA, l’agronome Gary Mathieu,
estime que les problèmes liés au
développement du secteur agricole
dépassent les questions de finance-
ment. Selon lui, les priorités du
secteur sont souvent mal définies. Il
convient, à ce propos, confie-t-il au
journal, d’éliminer des programmes
dénommés « cash for work » et un
ensemble de « petits projets » dont
les dépenses ne peuvent être justi-
fiées. Il identifie, de ce fait, la ques-
tion de la bonne gouvernance comme
une entrave au développement de
l’agriculture.
Toutefois, Gary Mathieu applaudit
l’initiative du gouvernement de con-
fier au MARNDR le leadership dans
la définition du choix de ses priorités.
Soulignant au passage qu’en raison
du phénomène d’El nino, les prob-
lèmes de sécheresse se poursuivront
dans le pays jusqu’à mi 2016. S’ajoute
à cela, poursuit-il, l’insécurité ali-
mentaire qui touche 3,8 millions
de personnes. Aussi, pour lui, plus
que la disponibilité des ressources
financières, ce sont les priorités qui
doivent être bien définies.
Le MARNDR est invité, selon le min-
istre des Finances, à s’approprier
les réflexions produites en ateliers
pour élaborer un plan stratégique
d’action. Wilson Laleau dit compter
sur l’implication des autres secteurs
au niveau du gouvernement, bien
qu’ils fussent peu représentés au
cours des discussions. Car, explique-
t-il, l’initiative ne vise pas à élaborer
le budget du MARNDR, mais plutôt à
rechercher une synergie entre les dif-
férents secteurs, tout en orientant les
actions gouvernementales inscrites
dans le prochain budget vers le dével-
oppement de l’agriculture.
Cet ambitieux objectif débute avec la
préparation du budget de l’exercice
fiscal 2015-2016. Il devra, toutefois,
dans un cadre programmatique,
s’étendre sur une période de trois
ans.
6 | N0
35 JEUDI 9 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
Une campagne électorale sur fond
de difficultés financièrespar Noclès Débrérus
Wilson Laleau espère 20 % de croissance agricole
Par Jean Michel Cadet
HAITI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
ÉCONOMIE/BUDGET2015-2016
Le séminaire sur les ateliers de réflexion relatifs aux orientations du budget 2015-2016 a pris fin. Une séance de
synthèse des discussions, tenue le mercredi 8 juillet au ciné Triomphe fraîchement rénové, montre la nécessité de
valoriser la terre et l’eau, pourtant négligées, comme deux facteurs de productivité du secteur agricole.
Wilson Laleau, ministre de l’Économie et des Finances. / Photo : J.J. Augustin
C
ette démarche, selon M.
Renaud, vise à pousser les
autorités dominicaines à
donner un « traitement plus
humain » aux personnes concernées
par le processus de régularisation et
de rapatriement qui, à en croire les
autorités de la République voisine,
constitue un moyen de contrôler le
flux migratoire sur leur territoire.
Cette rencontre spéciale tenue à
la Salle Simon Bolivar, au siège de
l’OEA à Washington, a aussi été
l’occasion pour le ministre haïtien
des Affaires étrangères de demander
à la communauté internationale de
rompre son silence sur cette situation
inacceptable qualifiée d’épuration
ethnique par plusieurs organisations
de défenses des droits humains des
deux côtés de la frontière.
Il a ainsi appelé la communauté
internationale à venir en Haïti pour
constater par elle-même les violations
de droits humains dans le processus
de déportation. Car, au niveau de la
frontière, dit-il, c’est comme l’achoa.
Lener Renaud a aussi tenu à expliquer
qu’il n’est pas venu demander des
faveurs à la République dominicaine
qui agit comme s’il déportait des gens
vers des camps de réfugiés. Mais, il
dit venir demander justice pour ces
nombreuses victimes de l’attitude
qu’il qualifie sans le dire, à travers
son illustration, de Nazisme.
« Si le monde avait compris la
situation, la réunion de ce matin
n’aurait pas lieu. L’OEA n’aurait
alors pas envoyé une mission pour
investiguer sur le terrain », selon M.
Renaud. La République dominicaine
s’embourbe dans des chiffres que
personne ne comprenne, fait-il
remarquer pour dénoncer la perfidie
de cet acte inhumain.
« Même contre vous, Haïti continuera
à vous accompagner de telle manière
que vous ne reproduisez pas les
mêmes erreurs que d’autres ont fait
dans le temps et qui n’ont pas été
bénéfique pour l’humanité », a-t-il
soutenu.
M. Renaud a également continué
à plaider auprès des autorités
dominicaines et de la Communauté
internationale, pour l’adoption d’un
nouveau protocole de rapatriement
devant permettre un meilleur
contrôle du processus. Ce serait, dit-
il, une manière de s’assurer que ce
soit effectivement des ressortissants
haïtiens en situation irrégulière
de l’autre côté de la frontière qui
soient rapatriés. En outre, il appelle
les dominicains à la poursuite du
dialogue en vue de trouver une
solution au problème.
Revenant sur la contribution de ses
compatriotes dans le développement
socio-économique de la République
dominicaine, notamment dans
le secteur de la construction, le
tourisme, les services et l’agriculture,
le ministre Renaud a insisté sur
la nécessité pour les autorités
dominicaines de respecter le droit de
ces personnes. Aussi, a-t-il souligné
que le gouvernement haïtien est
déterminé à prévenir une catastrophe
humanitaire ayant pour vertu de
déstabiliser le pays.
Toutefois, un élément important
dans la déclaration de M. Renaud
a focalisé l’attention des nombreux
téléspectateurs figés devant leur poste
de télé, qui regardaient sur la chaîne
de télévision d’État la retransmission
de cette rencontre que l’OEA avait
annoncé qui serait publique. Le
ministre a, en effet, déclaré que le
gouvernement haïtien ne restera pas
indifférent face au sort des personnes
d’origine haïtienne ayant été
dénaturalisées. Une déclaration qui
contraste avec ses récentes prises de
position faisant croire qu’Haïti n’était
prête à accueillir aucun étranger, ni
de dominicains d’origine Haïtienne.
Ce fut à El Rancho, au début de la
semaine écoulée, qu’il avait tenu
cette déclaration.
L’échec du PIDIH
préjudiciable !
Tous les membres de l’Administration
Martelly sont aujourd’hui una-
nimes à admettre que le Programme
d’identification et de documentation
des Haïtiens est un piteux échec.
Daniel Supplice, ambassadeur d’Haïti
à Santo Domingo, croit même que
l’échec de ce programme est l’une des
causes des déportations en Répub-
lique dominicaine. Ces propos furent
diffusés par la presse dominicaine,
aussi par la presse Haïtienne, notam-
ment la Radio-Télé Métropole.
Le PIDIH, rapporte l’ancien titulaire
du MHAVE, devait constituer la
première étape avant l’accès au
Plan National de Régularisation
des Étrangers (PNRE). Plus de 200
mille personnes auraient dû, grâce
à ce programme, bénéficier de
pièces d’identité. Pourtant, d’après
les chiffres disponibles, seulement
52,000 haïtiens vivant en République
dominicaine y ont été inscrits.
Parmi ces personnes, 15 000 ont
bénéficié de cartes d’identification
nationale (CIN), le ministère des
affaires étrangères a livré 2 000
passeports et les Archives 20,000
actes de naissance.
JEUDI 9 JUILLET 2015 N0
35 | 7
ACTUALITÉ
Lener Renaud lance son offensive diplomatique
Par Lionel Edouard
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION
Le ministre des Affaires étrangères haïtien, Lener Renaud. /Photo : haitiinfoplus.com
L’offensive diplomatique auprès des organisations internationales, annoncée par le ministre des Affaires
étrangères haïtien, Lener Renaud, semble être définitivement lancée. Lors d’une rencontre avec le Conseil
Permanent de l’Organisation des États Américains, le mercredi 8 juillet 2015, le chancelier haïtien a sollicité
l’intervention de la communauté internationale dans le dossier des déportations d’Haïtiens en situation illégale
et des Dominicains d’origine Haïtienne vivant sur le territoire de la République Dominicaine.
8 | N0
35 JEUDI 9 JUILLET 2015
MONDE
L
a Russie a opposé mercredi
son veto à un projet de
résolution du Conseil de
sécurité de l’Onu présentant
le massacre de Srebrenica, en Bosnie,
comme un génocide, un texte soumis
à l’occasion du 20e
anniversaire de
l’événement.
Chine, Nigeria, Angola et Venezuela
se sont abstenus et les dix autres
Etats membres du Conseil de
sécurité se sont prononcés en
faveur de ce texte d’inspiration
britannique.
Initialement prévu mardi, le vote
avait été reporté d’une journée
pour que la Grande-Bretagne et les
Etats-Unis tentent de convaincre
la Russie de ne pas faire usage de
son veto.
Vitali Tchourkine, représentant
permanent de Moscou à l’Onu, a
jugé le projet « non constructif,
conflictuel et politiquement
orienté ». « La responsabilité est
globalement imputée à un peuple
», a-t-il déploré. « Notre vote (...)
ne signifie toutefois pas que nous
restons sourds aux souffrances des
victimes de Srebrenica et d’autres
lieux de Bosnie-Herzégovine ».
Récusant le terme de génocide, la
délégation russe proposait de le
remplacer par « crimes les plus
graves aux yeux de la communau-
té internationale ».
Selon le Tribunal pénal interna-
tional pour l’ex-Yougoslavie (TPIY),
le massacre de 8 000 musulmans
par les forces bosno-serbes en juil-
let 1995 à Srebrenica relève bien
du génocide.
« Un génocide a eu lieu à Srebreni-
ca. C’est un fait reconnu par la jus-
tice, pas un jugement politique.
Sur ce point, il n’y a pas à faire
de compromis », s’est indigné
Peter Wilson, numéro deux de la
délégation britannique à l’Onu.
L’ambassadrice des Etats-Unis
Samantha Power a quant à elle
jugé le veto russe « déchirant »
pour les familles des victimes et
a parlé d’une « nouvelle tâche »
dans les annales du Conseil. Le
projet a suscité la colère de Bel-
grade et des Serbes de Bosnie qui
ont adressé une lettre de protesta-
tion à l’Onu.
Les autorités serbes reconnais-
sent qu’un « crime grave » a été
commis mais refusent elles aussi
le terme de génocide.
Le désaccord sur ce projet de réso-
lution a créé une atmosphère de
défiance en Bosnie où le 20e anni-
versaire du massacre sera célé-
bré samedi dans le cadre d’une
cérémonie au cours de laquelle
136 corps récemment identifiés
seront inhumés dans le cimetière
de Srebrenica, où reposent déjà 6
241 victimes.
Pour le président de la République
serbe de Bosnie, Milorad Dodik,
l’adoption de la résolution aurait
entraîné « la désintégration de la
Bosnie ».
Le président serbe, Tomislav
Nikolic, a quant à lui écrit à la
reine Elizabeth pour lui demander
de convaincre le gouvernement
de David Cameron de renoncer à
son idée.
Le mois dernier, le Premier minis-
tre serbe, Aleksandar Vucic, avait
annoncé son intention d’assister
aux cérémonies à Srebrenica afin
de « rendre hommage aux victimes
musulmanes et bosniaques ». Il
a ensuite précisé que sa venue
dépendrait de l’adoption ou non
de la résolution à l’Onu.
La Russie met son veto à l'Onu
à une résolution sur SrebrenicaSources : Onu
Mémorial à la mémoire des victimes de Srebrenica, devant le cimetière abritant les restes de 6.000 persones. La Russie a
opposé mercredi son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’Onu présentant le massacre de Srebrenica,
en Bosnie, comme un génocide, un texte soumis à l’occasion du 20e anniversaire de l’événement. / Photo: prise le 20 juin
2015 / REUTERS / Dado Ruvic moins
Silvio Berlusconi condamné
à trois ans de prisonSources : Reuters
L
’ancien chef du gouvernement
italien Silvio Berlusconi a été
condamné mercredi par la jus-
tice italienne à une peine de
trois ans de prison.
Pour avoir acheté en 2006 la
voix d’un sénateur afin de faire
tomber le gouvernement de centre
gauche, alors dirigé par Romano
Prodi. Le « Cavaliere », qui se dit
innocent, n’aura toutefois pas à
effectuer cette peine puisque les
faits qui lui sont reprochés seront
prescrits avant un futur jugement
en appel. Le tribunal de Naples,
qui jugeait cette affaire, lui a en
outre interdit d’occuper des fonc-
tions officielles pour une durée de
cinq ans.
L’ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a été condamné mercredi par la justice italienne à une peine
gauche, alors dirigé par Romano Prodi. Le « Cavaliere », qui se dit innocent, n’aura toutefois pas à effectuer cette peine
puisque les faits qui lui sont reprochés seront prescrits avant un futur jugement en appel. / Photo d’archives/REUTERS
JEUDI 9 JUILLET 2015 N0
35 | 9
MONDE
L
es rebelles des Forces armées
révolutionnaires de Colombie
(Farc) ont annoncé mercredi
qu’ils étaient prêts à lancer un
appel en faveur d’une trêve unilatérale
d’un mois à compter du 20 juillet, une
initiative susceptible de relancer les
pourparlers de paix dont la poursuite
est menacée par l’intensification de la
violence observée ces derniers mois.
« Nous annonçons que nous
sommes disposés à donner pour
ordre de respecter un cessez-le-feu
d’un mois à compter du 20 juillet.
Avec cette initiative, nous sou-
haitons créer des conditions favo-
rables pour progresser avec l’autre
partie vers un cessez-le-feu bilatéral
définitif », a déclaré Iván Márquez,
chef de file des Farc.
Le conflit le plus long d’Amérique
latine a fait 220.000 morts et des
millions de déplacés depuis 1964.
Les pourparlers de La Havane,
qui ont débuté en novembre
2012, ont produit des résultats
encourageants, les plus
importants jamais engrangés lors
de négociations de paix entre les
Farc et l’Etat colombien. Mais les
violences se sont intensifiées ces
derniers temps, notamment depuis
une embuscade rebelle qui a coûté
la vie à dix militaires en avril et qui
a conduit le président Juan Manuel
Santos à ordonner une reprise des
bombardements aériens contre la
rébellion, qu’il avait suspendus
un mois plus tôt en gage de bonne
volonté.
Depuis le début des pourparlers,
Bogota et les Farc ont réglé plusieurs
points importants, sur la réforme
agraire, l’avenir politique des Farc
et la fin du trafic de drogue.
Deux dossiers sont en suspens,
l’indemnisation des victimes et la
démobilisation des Farc.
Juan Manuel Santos, qui a dit
vouloir conclure un accord de paix
dans l’année, n’a donné aucun signe
laissant penser qu’il était prêt à
ordonner à son tour un cessez-le-
feu. « Nous apprécions le geste des
Farc (...) mais il faut que davantage
soit fait, des gestes concrets
notamment, pour accélérer les
négociations », a-t-il dit sur son
compte Twitter.
aux négociations de paix en cours à La Havane. Photo: prise le 20 avril 2015 /
REUTERS
Les Farc proposent un nouveau
cessez-le-feu d'un moisSources : Reuters
Le nombre de demandeurs d'asile dans l'UE
a bondi de 68 % en 2015
sources : AFP
L
e nombre de demandeurs
d’asile dans les pays de l’Union
européenne a fait un bond de
68 % au cours des cinq pre-
miers mois de l’année par rapport à
la même période en 2014, a annoncé
mercredi l’organisme de l’Union euro-
péenne chargé de la question.
L’EASO (European asylum support
office ou Bureau européen d’appui
en matière d’asile) n’a toutefois
pas donné de chiffres détaillés sur
le nombre de migrants qui sont
entrés sur le territoire européen
durant la période qui court de jan-
vier à mai.
La semaine dernière, le Haut-com-
missariat des Nations unies pour
les réfugiés (HCR) avait avancé
le chiffre de 137 000 réfugiés et
migrants arrivés en Europe par la
mer au cours du premier semestre,
en majorité en Italie et en Grèce.
Selon l’EASO, l’année 2014 a déjà
représenté un record du nombre
d’arrivées, avec plus de 660 000
demandeurs d’asile arrivés sur
le territoire des Vingt-Huit ainsi
qu’en Suisse et en Norvège.
L’augmentation des flux migra-
toires en direction de l’Europe,
qui s’explique en partie par le
conflit en Syrie, a poussé les gou-
vernements de l’UE à chercher des
réponses. Les ministres des Vingt-
Huit chargés du dossier doivent se
retrouver jeudi à Luxembourg afin
de définir les contours d’une poli-
tique d’accueil de ces migrants et
de réfléchir aux moyens de les dis-
suader d’entreprendre la traversée
périlleuse de la Méditerranée.
Migrants dans le port de Catane, en Sicile. Le nombre de demandeurs d’asile dans les pays de l’Union européenne a fait
un bond de 68% au cours des cinq premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2014. / Photo : prise le 30
juin 2015 / REUTERS / Antonio Parrinello
COLOMBIE
10 | N0
35 JEUDI 9 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Le tourisme, un secteur porteur
pour favoriser le développement
économique ?Par Therno N. A. Senelus
En 2014, Haïti a reçu plus d’un million de visiteurs (1 127 577 pour être plus précis), dont 662 403 croisiéristes et
465 174 touristes de séjour, ce qui supposerait une croissance de 10,8 % par rapport à 2013.
J
adis,l’hébergementdestouristes
en Haïti était limité à quelques
guest-house au confort limité et
à des hôtels de grand luxe qui
pouvaient être assimilés à des pal-
aces. Aujourd’hui, l’offre en matière
d’hébergement touristique est très
diversifiée. La multiplicité des types
d’hébergement et les nouveaux tarifs
en vigueur témoignent de l’évolution
de la situation, même si on est encore
loin de la flambée des années soixante
et soixante-dix.
En ce premier semestre de
2015, les responsables du
ministère du Tourisme et des
industries créatives (MTIC)
auront bien du mal à estimer
avec plus ou moins d’exactitude
le nombre d’établissements
d’hébergement touristique, de
chambres disponibles et encore
moins le nombre de croisiéristes
fréquentant annuellement le pays.
Il semblerait toutefois qu’en 2014
Haïti a reçu plus d’un million de
visiteurs (1 127 577 pour être plus
précis), dont 662 403 croisiéristes
et 465 174 touristes de séjour, ce
qui supposerait une croissance de
10 8 % par rapport à 2013.
Séjourner en Haïti
Les frais d’hébergement varient
de 196 à 150 $ US par nuit si l’on
tient compte du tarif affiché dans
les cinq plus importants hôtels
localisés dans le département de
l’Ouest : 196 $ US à Best Western,
150 $ US à Royal Oasis, 187 $ US
à NH El Rancho, 174 $ US à l’Hôtel
Karibe et 179 $ US à Mariott.
De mars à juin 2014, une cam-
pagne de classification des
établissements d’hébergement
a touché les départements de
l’Ouest, du Nord, du Sud, du Sud-
Est, du Centre, de l’Artibonite et
des Nippes. Cent soixante-dix-sept
établissements furent répertoriés
et classés sur un total de 525
immeubles visités.
A partir de cette nouvelle évalua-
tion, les établissements hôteliers
en Haïti sont désormais classés en
fonction des critères distinctifs,
les étoiles chez nous - pour faire
original - étant remplacées par des
hibiscus. Cinq hôtels seulement,
représentant à peine 1 % de l’offre
total de chambres d’hôtels en Haïti
(soit 441 chambres), ont eu droit
au classement de cinq hibiscus,
l’équivalent de cinq étoiles. Sept
autres de quatre hibiscus viennent
en seconde position pour un total
de 380 chambres, et 52 autres -
10 % de l’offre totale - ont mérité
un classement de trois hibiscus
pour un total de 1 743 chambres.
Un taux moyen
d’occupation de 50 %
Dans l’objectif de promouvoir et
d’encourager les investissements
privés dans le secteur touristique
haïtien, le MTIC a réalisé un
ensemble d’activités visant à aug-
menter le nombre de chambres de
standard international disponibles
dans le pays, dans une perspec-
tive d’amélioration de la capacité
d’accueil de l’industrie touristique
pour un hébergement de qualité.
Un inventaire de la Direction des
investissements du MTIC révèle
que pour la période d’octobre
2010 à septembre 2014, la Com-
mission interministérielle des
investissements a agréé 41 pro-
jets d’investissements, soit 34
établissements d’hébergement
touristiques, 4 projets de transport
touristique, 1 projet de complexe
touristique et 2 autres projets tour-
istiques.
Pour une offre totale de 2 180
chambres et 3 appartements con-
struits ou en cours de construc-
tion.
En 2014, la capacité hôtelière
d’Haïti a été partiellement évaluée
à 9 490 chambres offertes par 525
établissements hôteliers évalués
sous le label « hibiscus ». Cinq
mille trente-six chambres sont
classées à partir des critères de
qualité établis par le MTIC en
consultation avec les associations
d’opérateurs. Au niveau national,
le taux moyen d’occupation du
sous-secteur est estimé à 50 %.
Création de 14 000 emplois
Le montant total d’investissements
pour la réalisation de ces 41 pro-
jets touristiques est estimé à envi-
ron 345 millions de dollars améri-
cains (345 423 867 $ US) pour
13 700 emplois créés dont 3 425
emplois directs et 10 275 emplois
indirects. Parmi les 3 425 emplois
directs prévus, 2 785 devraient
être créés dans l’Ouest, 352 dans
le Sud et le Sud-Est et 288 dans
le département du Nord.
Sur un total de 2 180 chambres,
1 742 devraient être construites
dans l’Ouest, 257 dans le Nord et
181 dans le Sud et le Sud-Est. Si la
tendance se confirme que si toutes
les prévisions se concrétisent, le
parc hôtelier haïtien atteindra,
dans les trois prochaines années,
un nombre total de 13 265
chambres.
Le directeur des investissements
du MTIC, Ulrick Emmanuel Noël,
est convaincu que « les inves-
tissements publics tendent à
viabiliser les investissements
privés », précisant que le gou-
vernement haïtien a consenti
d’importants investissements en
termes d’aménagement de sites
touristiques et de renforcement de
certaines infrastructures de base.
« Près d’une dizaine de sites tour-
istiques ont été aménagés dans
les régions touristiques priori-
taires du pays comme Choiseuil,
Saut-Mathurine, Observatoire de
Boutilliers, Raymond-les-Bains,
Bassin-Bleu et Saut-d’Eau ».
Il a par ailleurs précisé que le gou-
vernement haïtien a initié, con-
jointement avec des partenaires
du secteur privé, un programme
de professionnalisation et de
renforcement du transport tour-
istique visant à doter les chauf-
feurs de taxis touristiques d’une
centaine de véhicules neufs.
Le tourisme a été identifié par
l’administration Martelly comme
l’un des secteurs prioritaires sus-
ceptibles de générer la croissance
économique et de créer des emplois
durables dans le pays. Comme
secteur porteur, le tourisme
pourrait-il soutenir la croissance
économique, contribuant ainsi à
la réduction de la pauvreté et au
développement socioéconomique
de la population ?
HAÏTI /EMPLOISDURABLES
Les établissements hôteliers en Haïti sont désormais classés en fonction de critères distinctifs.
JEUDI 9 JUILLET 2015 N0
35 | 11
ÉCONOMIE
Tourisme : estimation des emplois directs
et indirects, quelle méthodologie ?Source : Insee*
ACTIVITÉÉCONOMIQUE
L
e tourisme correspond à un
déplacement géographique de
la consommation de certaines
personnes, depuis le lieu de
leur résidence principale vers le lieu
où elles ont décidé de passer au moins
une nuit pour un motif de loisirs, de
santé ou professionnel. Traditionnel-
lement, l’emploi touristique est suivi
à travers les activités dites caractéri-
stiques du tourisme.
La méthodologie d’estimation
Selon la définition de l’Organisation
mondiale du tourisme, il s’agit
des activités dont une partie de
l’output principal est constituée
de produits qui, dans la plupart
des pays, cesseraient d’exister en
quantité significative en l’absence
de tourisme. Les principales activi-
tés sont l’hôtellerie et les autres
formes d’hébergement, la restau-
ration et les cafés, les téléphéri-
ques et remontées mécaniques,
les agences de voyages et le trans-
port de voyageurs. Cette défini-
tion, utilisée par la direction du
Tourisme pour l’élaboration des
comptes du tourisme, permet les
comparaisons internationales et le
suivi conjoncturel.
La nouvelle méthode d’estimation
des emplois salariés liés au tour-
isme, mise au point par l’Insee,
repose sur un principe différent.
Elle n’est pas comparable avec
celle qui avait été utilisée en 2001
et 2004. Afin de mieux rendre
compte des impacts territoriaux,
un établissement peut être quali-
fié de touristique, et son emploi
alors comptabilisé en touristique,
en fonction du caractère plus ou
moins touristique de son activité
et du niveau d’équipement touris-
tique de la commune.
En fonction de ces deux critères
(activité et localisation de
l’établissement), des règles de
décision permettent de déter-
miner quelle part de l’emploi de
l’établissement (de tout l’emploi
à aucun emploi) sera considérée
comme liée au tourisme (cf. tab-
leau). Pour permettre des compara-
isons géographiques pertinentes,
les activités en lien avec le tour-
isme mais pas avec la fréquenta-
tion touristique du territoire analy-
sé sont exclues (agences de voy-
ages pour des séjours à l’étranger
ou fabrication de caravanes par
exemple).
Par ailleurs, les emplois induits ne
sont pas comptabilisés dans cette
évaluation. Ainsi, l’ouverture d’un
commerce de détail saisonnier est
prise en compte mais ce dernier
induit des emplois dans le com-
merce de gros qui, eux, ne sont
pas retenus. Les emplois liés à la
consommation tirée des revenus
des employés de ce commerce ne
sont également pas pris en compte.
La méthode repose sur
l’exploitation des DADS (Décla-
rations Annuelles de Données
Sociales) de 2003 que doit rem-
plir toute entreprise employant
des salariés. Elles couvrent toutes
les catégories de salariés, pour
tous les établissements et pour
toutes les activités économiques
à l’exception de l’agriculture, des
services domestiques et des ser-
vices de l’État. Le fichier DADS
permet de connaître le niveau de
l’emploi salarié par activité pour
chaque jour de l’année. Les carac-
téristiques des salariés par genre,
âge et type d’emploi sont celles de
ceux employés dans les activités
100 % et fortement touristiques.
Les limites de la méthode
La méthode utilisée ici permet de
dénombrer les emplois salariés
liés à la fréquentation touristique.
Ce dénombrement n’est donc pas
exhaustif.
L’activité touristique génère
également une part importante
d’emplois non-salariés. Ces emplois
sont exercés dans les activités
d’hébergement, la restauration,
les commerces d’alimentation…
sous la forme de travailleurs
indépendants, d’employeurs ou
d’aides familiaux. L’emploi non
salarié peut également recouvrir
des activités secondaires.
En Bretagne, la gestion des 9 000
locations meublées labellisées et
des 3 000 chambres d’hôtes label-
lisées fait souvent l’objet d’une
activité annexe, rarement salariée
et donc non incluse dans notre
étude. Outre l’emploi non salarié,
une part de l’emploi salarié lié
au tourisme n’a pu être prise en
compte dans cette étude, de par la
source et la méthode utilisée.
L’emploi dans les campings munic-
ipaux est également légèrement
sous-estimé : ceux-ci n’ayant sou-
vent pas d’identification propre, ils
sont assimilés aux mairies et donc
exclus des activités touristiques.
En 1997, l’emploi salarié direct lié
à la fréquentation touristique en
Bretagne avait été estimé à environ
20 000. Dans la présente étude, on
obtient donc 24 000 emplois tour-
istiques en plus. Deux causes expli-
quent cet écart. Premièrement,
l’emploi salarié dans les hôtels,
cafés, restaurants a progressé : +
6 000 emplois entre 1997 et 2003
(source : estimations d’emplois).
Deuxièmement, il y a des écarts
liés aux différences de méthode
d’estimation, des différences sur
la typologie des communes, des
différences dans la typologie des
activités, des différences dans le
calcul de la part de l’emploi per-
manent.
*Source : Institut national
de la statistique et des études
économiques Insee
Les emplois du tourisme peuvent être directs ou indirects. On considèrera comme emplois directs l’ensemble
des emplois exercés dans des établissements fournissant directement, à titre marchand ou non, des biens et des
services aux touristes. Comment les estimer ?
La nouvelle méthode d’estimation des emplois salariés liés au tourisme, mise au
point par l’Insee, repose sur un principe différent.
12 | N0
35 JEUDI 9 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
L'Europe se fixe une "ultime date butoir"
pour décider du sort de la GrèceSource : Le Monde / AFP
L'Amérique latine salue le Non du peuple grec
Source : Lemonde.fr
Deux jours après le non du référendum grec, l’Europe a décidé de fixer une « date butoir finale » pour résoudre la
crise qui touche la Grèce, asphyxiée financièrement.
Plusieurs dirigeants d’Amérique latine, dont la présidente argentine Cristina Kirchner et son homologue cubain
Raúl Castro, ont félicité le peuple grec pour avoir rejeté massivement le plan des créanciers d’Athènes et ses
nouvelles mesures d’austérité.
L
e président du conseil italien,
Matteo Renzi, a annoncé mardi
soir tard, à la sortie du dîner
des dirigeants de la zone euro,
la tenue dimanche 12 juillet d’un
nouveau sommet réunissant cette fois
les 28 dirigeants européens, et non
plus ceux de la zone euro seulement.
« J’espère que cela sera notre dernière
rencontre sur la Grèce. J’espère que
nouspourronstrouveruneconclusion
heureuse », a expliqué le dirigeant
italien à la presse.
Athènes va en effet solliciter un
troisième plan d’aide en échange
de contreparties dont on ne con-
nait pas encore le contour exact.
Le premier ministre grec, Alexis
Tsipras, a dit mardi soir espérer
une « sortie finale de la crise »,
en trouvant « un accord sociale-
ment juste et économiquement
viable ». Athènes devra présenter
ses mesures jeudi.
Deux scénarios seront ensuite sur
la table dimanche, selon le prési-
dent de la Commission europée-
nne, Jean-Claude Juncker :
• Les mesures sont jugées
suffisamment sérieuses par les
partenaires européens et, dans
ce cas, une aide est débloquée
pour la Grèce, probablement sous
forme d’un prêt à court-terme dans
un premier temps pour assurer
la réouverture des banques
grecques, puis sous forme d’un
plan du Mécanisme européen de
stabilité.
• Les mesures ne sont pas
considérées suffisantes, et sera
pris la décision d’un« Grexit »,
c’est-à-dire une sortie de la Grèce
de la zone euro, a affirmé Jean-
Claude Juncker. Dans ce cas, le
président du Conseil européen,
Donald Tusk, a assuré que des
mesures humanitaires en faveur
du peuple grec seraient prises.
Pour aider à la réflexion, un
premier rendez-vous sera organisé
dès samedi avec un Eurogroupe,
c’est-à-dire une réunion des
ministres de la zone euro. Ceux-
ci pourront statuer sur le « sérieux
et la crédibilité » des propositions
grecques demandées à l’unisson
par ses partenaires européens.
Si les sommets « de la dernière
chance » se sont multipliés ces
dernières semaines sur le dossier
grec, le rendez-vous de dimanche
sonne cette fois plus déterminant.
Le président du Conseil européen,
Donald Tusk, a eu ainsi des mots
très solennels :
« La réalité brutale, c’est que
nous n’avons plus que cinq jours
pour trouver un accord final. J’ai
jusqu’à présent éviter de parler de
date butoir, mais ce soir, je dois le
dire haut et fort, la date butoir est
pour cette fin de semaine. Nous
sommes tous responsables de
cette crise et nous avons tous le
devoir de la résoudre. »
Reste à savoir ce qu’Athènes va
mettre sur la table pour obtenir
l’aval de ses créanciers. La
question d’une décôte de la dette
grecque va s’avérer centrale, la
chancelière Angela Merkel ayant
répété mardi soir son opposition
franche à tout effacement de la
valeur nominale de la dette. Alexis
Tsipras avait pour sa part dit la
semaine passée son intention
d’obtenir « une décote de 30 % »
de la dette grecque. Une demande
qui fait sens alors que de plus en
plus d’économistes, mais aussi
le Fonds monétaire international
(FMI), estiment déraisonnable de
penser que la Grèce parviendra
un jour à rembourser un montant
colossal de 322 milliards d’euros
(soit 177 % du produit intérieur
brut du pays) tout en renouant
avec la croissance.
De son côté, le président français
François Hollande a confirmé au
sortir de la réunion avec les chefs
d’Etat que la Banque centrale
européenne (BCE) assurera la
liquidité minimale à la Grèce
jusqu’à ce que les membres de la
zone euro se prononcent sur un
projet d’accord ce weekend.
Mais avant même cette mise par
écrit des contreparties grecques,
le premier ministre grec, Alexis
Tsipras, a présenté dès mardi
après-midi à la chancelière
allemande, Angela Merkel, au
président français, François
Hollande, et au président de
la Commission européenne,
Jean-Claude Juncker, une note
contenant les propositions
d’Athènes. Selon nos informations,
il s’agirait d’une version adaptée
des dernières réformes proposées
par la Commission européenne,
rejetées par Athènes. Alexis
Tsipras interviendrait mercredi
devant le Parlement européen.
«
Grèce: victoire totale de la
démocratie et de la dignité»,
a écrit Mme Kirchner dans
un message sur Facebook,
exprimant «au nom du peuple et du
gouvernement argentins toute sa soli-
darité au valeureux peuple grec et à
ses dirigeants». «Le peuple grec a dit
NON aux conditions impossibles et
humiliantes qu’on prétend lui impos-
er pour la restructuration de sa dette
extérieure», a écrit la présidente.
«Nous, les Argentins, nous savons
de quoi il retourne. Espérons
que l’Europe et ses dirigeants
comprendront le message des
urnes. On ne peut exiger de
personne qu’il signe son propre acte
de décès», a ajouté Mme Kirchner.
L’Argentine avait déclaré en 2001
le plus gros défaut de paiement de
l’Histoire, d’un montant de près
de 100 milliards de dollars, au
moment où elle vivait une crise
économique, sociale et politique
sans précédent.
Quatorze ans plus tard, le pays a
réussi à renégocier 93 % de sa dette
avec ses créanciers privés, mais il
est confronté par l’entremise de la
justice américaine à une demande
de remboursements de fonds
spéculatifs, les «fonds vautours»,
pour un montant de près de 8
milliards de dollars. Sur le front
de la dette publique, Buenos Aires
a remboursé tout ou une partie
de ses obligations, vis-à-vis de la
Banque mondiale et du FMI, et
signé l’an dernier un accord avec le
Club de Paris, fixant un échéancier
qu’il a jusqu’ici respecté.
Pour sa part, le président cubain
Raúl Castro a également félicité
le premier ministre grec Alexis
Tsipras, a rapporté lundi le
quotidien officiel Granma.
«J’adresse mes sincères
félicitations pour la victoire du
Non au référendum grec», a-t-il
dit. «Ce résultat montre que la
majorité du peuple grec soutient
la politique courageuse du
gouvernement que vous dirigez»,
a-t-il ajouté.
De son côté, le président bolivien
Evo Morales s’est également félicité
de la victoire du non et a estimé
qu’elle constituait une défaite pour
«l’impérialisme européen». «Je
félicite le grand peuple grec pour
le triomphe du “non-paiement” de
la dette, qui constitue une déroute
infligée à l’impérialisme européen»,
a déclaré le président bolivien,
cité par l’agence de presse ABI.
Le résultat du référendum « est le
début de la libération du peuple
européen», a ajouté M. Morales,
qui a exprimé «son respect et son
admiration pour le peuple grec».
Reste à savoir ce qu’Athènes va mettre sur la table pour obtenir l’aval de ses
créanciers / or-argent.eu
JEUDI 9 JUILLET 2015 N0
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14 | N0
35 JEUDI 9 JUILLET 2015
JUSTICE
L
eTribunaldepremièreinstance
(TPI) de Port-au-Prince s’est
transporté, le mardi 7 juillet
2015, dans au moins deux
centres de détention de la région
métropolitaine pour y tenir des audi-
ences correctionnelles et des Assises
criminelles sans assistance de jury. Le
commissaire du gouvernement de ce
ressort, Me. Clamé-Ocnam Daméus
qui se félicite d’une telle initiative,
rappelle qu’il s’agit pour lui de lutter
contre la détention préventive pro-
longée.
C’est une grande première dans
l’histoire du pays, que de per-
mettre à des détenus longtemps
en attente de jugement de pouvoir
passer devant leur juge naturel
dans des salles d’audiences emmé-
nagées dans le bâtiment de la
prison. Cela permet, dit-il, un
traitement plus célère des dos-
siers.
La prison civile de Pétion-Ville et le
Centre de rééducation des mineurs
en conflit avec la loi (Cermicol) à
Delmas ont reçu, mardi, des audi-
ences spéciales du TPI de Port-au-
Prince. Juges, substituts commis-
saires du gouvernement, greffiers
et huissiers se sont rendus dans les
locaux de ces centres pour tenir des
jugements permettant d’évacuer
des dossiers longtemps en attente.
« C’est le début d’une pratique
qui va durer. Cela nous permet de
répertorier plus facilement des cas
urgents et aussi de traiter plus rap-
idement, en une journée, un grand
nombre de dossiers », explique en
substance le chef du parquet près le
TPI de Port-au-Prince, Me. Clamé-
Ocnam Daméus.
Au moins deux salles d’audience
ont été emménagées dans les locaux
de la prison des femmes à Pétion-
Ville avec le support de l’ambassade
américaine en Haïti. Au total trois
dossiers ont été entendus au cours
de la première journée des audienc-
es spéciales à Pétion-Ville. Le tribu-
nal présidé par le juge Hermon Con-
stant assisté de Me. Abner Emile
comme représentant du Ministère
public a procédé à la libération de
deux femmes détenues.
Une femme détenue pour complic-
ité d’enlèvement et qui attendait
d’être jugée depuis son arrestation
en 2013, a pu être fixée sur son
sort. Elle a été condamnée à cinq
ans d’emprisonnement ce qui, avec
le bénéficie de la loi Lespinasse,
pourra lui permettre de quitter la
prison dans encore trois ans. Le
juge a prononcé son jugement le
jour même de l’audience et le par-
quet de Port-au-Prince promet de
jouer, sans tarder, sa partition, en
ce qui a trait à l’exécution dudit
jugement.
Le chef du parquet de Port-au-
Prince dit avoir le soutien indis-
pensable du barreau de Port-au-
Prince dans cette démarche. Cela
lui permet d’informer préalable-
ment les avocats des détenus de
la tenue des séances de jugement
dans l’enceinte de la prison, afin
de se présenter pour assurer leur
défense.
Aussi dit-t-il, les parents des déte-
nus ont accès à la salle d’audience
à l’intérieur de la prison, conformé-
ment aux exigences de la loi en ce
qui a trait au caractère public du
jugement.
Il se félicite, par ailleurs, de
l’implication dans le processus,
des différents bureaux d’assistance
légale, en vue de permettre aux
détenus démunis de trouver gra-
tuitement les services d’un avocat
pour assurer leur défense.
Me. Daméus annonce que ces
audiences spéciales vont se pour-
suivre dans les différents centres
de détention de sa juridiction, ce,
dans le cadre de l’opération « coup
de poing » lancée par le ministre
de la Justice, Me. Pierre-Richard
Casimir.
Rappelons que la phase III du
programme d’assistance légale est
entamée depuis le 25 juin 2015. Ce
programme supporté par la Minus-
tah et conjointement mené par le
ministère de la Justice et le barreau
de Port-au-Prince, permet à des jus-
ticiables démunis, d’obtenir gratu-
itement l’assistance d’un avocat,
particulièrement dans les cas des
personnes en détention.
Les encadreurs et assistants légaux
offrent aussi des consultations
juridiques, sans représentation au
tribunal, en matière civile, commer-
ciale et de droit du travail.
Lors de la cérémonie de lancement
de la phase III de ce programme,
le bâtonnier de l’ordre des avocats
de Port-au-Prince, avait plaidé en
faveur d’une loi sur l’assistance
légale en Haïti. Entre autres avan-
tages, cette loi devrait permettre
aux justiciables de trouver une
aide juridique complète en toutes
matières.
Le TPI de Port-au-Prince organise des
audiences spéciales dans les prisonspar Eddy Laguerre
L
e Centre de rééducation des
mineurs en conflit avec la loi
(Cermicol), logé à Delmas 33,
est l’un des rares centres en
Haïti, destiné à la rééducation et la
réinsertion des enfants ayant commis
des infractions. Beaucoup de mineu-
rs en conflit avec la loi, gardés dans
d’autres villes du pays, le sont parfois
dans des conditions qui s’apparent
clairement à une prison, ce qui est
contraire aux conventions internatio-
nales relatives aux droits de l’enfant.
Le Cermicol dont l’existence est
un progrès du régime pénitenti-
aire haïtien, connaît des manque-
ments et des besoins susceptibles
d’entraver sa mission.
Logé dans un bâtiment contigu
au commissariat de Delmas 33, le
Cermicol comptait jusqu’au début
de ce mois de juillet 2015, 154
mineurs en conflit avec la loi, repar-
tis dans six cellules, dont l’une est
dysfonctionnelle depuis quelque
temps. Le centre de Delmas reçoit
uniquement des garçons, alors que
les filles mineures sont placées à
Pétion-Ville.
Loin de se contenter de faire purger
une peine de prison aux mineurs
qu’il reçoit, le centre a pour mis-
sion principale la formation, la
rééducation et la réhabilitation des
enfants ayant contrevenir à la loi.
Les enfants qui y sont placés sont
généralement âgés de 12 à 18 ans.
La majorité des mineurs placés au
Cermicol sont accusés de viol. On
rencontre aussi d’autres infractions
telles : voies de fait, vol à mains
armées ou même des larcins.
Le centre dispose d’une biblio-
thèque garnie essentiellement de
livres jeunesse, grâce au support
de l’organisation « bibliothèque
sans frontières ». Une école fonda-
mentale fonctionne à l’intérieur du
Cermicol et offre des cours jusqu’à
la 9ème année fondamentale.
A en croire les responsables du
centre, l’école fondamentale du
Cermicol a déjà enregistré parmi
ses élèves, des lauréats aux exam-
ens officiels. L’école compte au total
25 professeurs qui offrent des cours
à la fois à Delmas et à Pétion-Ville.
Cependant, le fonctionnement de
cette école a été largement perturbé
au cours de l’année académique
écoulée (2013-2014). Les élèves
ont perdu cette année en raison
de la grève entamée par les profes-
seurs réclamant leurs salaires. Pour
la nouvelle année académique, le
Cermicol espère, avec le soutien
du Ministère de la Justice, repren-
dre ses cours au profit des mineurs
placés dans le centre.
En plus de l’école fondamentale qui
fonctionne dans la matinée, le Cer-
micol bénéficie aussi d’un projet de
formation dans les prisons, mené
par la Minustah. Ces formations
tenues dans l’après-midi, per-
mettent aux enfants d’apprendre
des petits métiers, comme la cor-
donnerie, la couture, la plomberie,
etc.
Les responsables du Cermicol qui
disposent de travailleurs sociaux,
souhaitent avoir au moins deux
psychologues à la disposition des
mineurs.
Les mineurs reçus à Delmas
relèvent soit de la juridiction tri-
bunal de première instance de
Port-au-Prince, soit de celle de
la Croix-des-Bouquets. Tous les
mineurs entrent au Cermicol avec
un mandat de dépôt émis par un
magistrat, à en croire les respon-
sables du Centre.
Près de 90% de ces mineurs n’ont
pas encore eu un jugement définitif.
La majorité d’entre eux sont donc
en situation de détention préven-
tive. Sur les 154 mineurs qui se
trouvent au Cermicol jusqu’à début
juillet, 33 dépendaient de la juridic-
tion de la Croix des Bouquets.
Notons que la juridiction de Port-
au-Prince dispose d’un tribunal
pour enfants doté de trois juges
d’instruction. Au parquet de Port-
au-Prince, au moins un substitut
commissaire du gouvernement
s’occupe essentiellement des dos-
siers relatifs aux mineurs.
La justice des mineurs tarde encore
à s’étendre convenablement dans
toutes les juridictions du pays.
Même si les autres tribunaux de
première instance tiennent des
audiences pour enfants, aucun tri-
bunal spécial ni juge spécialisé ne
s’occupe des dossiers relatifs aux
mineurs.
Le Cermicol dont les responsables
veulent se lancer vers de nouveaux
défis, bénéficie du soutien et de la
collaboration de plusieurs parte-
naires tels l’Institut du bien-être
social, la Minustah et l’Unicef .
Le Cermicol : entre progrès et défispar Eddy Laguerre
JEUDI 9 JUILLET 2015 N0
35 | 15
SOCIÉTÉ
N
ous autres Haïtiens, nous avons des mœurs assez intéressantes.
Le monde nous voit comme un peuple courageux et combattant,
mais il semble n’avoir jamais eu un avant-goût de notre côté
comédien. Ou peut-être que nous n’en sommes, nous-mêmes, pas
conscients. Pourtant cela va de notre manière de parler, passant par notre
façon de nous habiller jusqu’à chacune de nos pensées. Et l’une de nos
qualités qui permet de mettre cela en exergue réside dans notre discrétion
absolue. De ce fait, ce n’est que le fantôme du mot « zen » qui existe dans
nos dictionnaires. Nous nous mêlons toujours de ce qui nous regarde et
ceci exclusivement.
La preuve, si jamais quelque chose arrive chez vous en toute intimité,
quoi de plus normal si l’histoire finit au marché, dans la bouche de
chaque marchande de poisson ? En deux tempstrois mouvements,
toute la ville est au courant et vous ne le saurez pas forcément. Cela
ne sera la faute que d’une seule compagnie de communication : «
Radio Dyòl » en toute beauté ! Je vous dis cela en bon Haïtienne
mais les affaires des autres… ça ne me regarde pas !
Prenez par exemple le niveau révoltant d’analphabètes qui vont voter.
Avez-vous remarqué que même si une bonne partie de la population
n’arrive pas à mettre les « jé » devant les « suis », nos dirigeants sont
assez lettrés pour conjuguer les verbes magouiller et piller à tous les
temps de l’indicatif ? Dieu soit loué ! C’est tout aussi pareil pour le
niveau du chômage. Nous nous plaignons du manque de travail à
longueur de journée. N’est-ce pas un travail à plein temps, le support
que nous apportons constamment à la médiocrité ? Nous devrions nous
en féliciter ! Autrement nous n’aurions jamais eu droit à un concert live
du prince Chris Brown accompagné du beau gosse Lil Wayne saupoudré
à la sauce « exhibition du président de la République en personne ».
Nous sommes si privilégiés d’avoir un président qui pense à nous
divertir de façon à nous départir des sujets de stress quotidien.
Dommage qu’il n’y ait pas un clown sur la liste actuelle de ceux qui
font la queue pour les prochaines élections. On devrait en faire la
condition sine qua non pour arriver au pouvoir. D’ailleurs, nous en
aurions besoin avec la situation de nos frères qui va de mal en pis
en République dominicaine ! Mais qu’en sais-je ? C’était juste une
suggestion comme une autre, mais les affaires des autres… ça ne me
regarde pas !
Chaque Haïtien rêve du grand jour où le pays ne portera plus de
béquilles. C’est un désir très légitime, nous sommes tous d’accord
sur ce point. Après tout, les rêves ne sont qu’un zapping continuel.
Cependant, dès que la pluie tombe, c’est jour férié pour tout le monde.
Ils sont rares, les écoles et autres établissements de même importance
qui, malgré les cordes, persistent à vouloir fonctionner. S’il pleuvait
tous les jours, ce serait assurément pour bientôt le jour du progrès
! Lors des actuels jours fériés, qu’est-ce qui arrive ? Les banques
ferment leurs portes : congé national, vous n’aurez pas besoin d’argent
aujourd’hui.
Autant ne pas manger et pendant que vous y êtes, arrêtez de respirer
aussi (ce serait trop de travail pour vous) : C’EST CONGÉ NATIONAL
! Les hôpitaux et les cliniques publics ? Nous en reparlerons dans un
siècle, lorsqu’ils seront dignes du nom qu’ils portent ! En attendant,
passons en vue « l’abcès sur le clou » : l’église ! « Tous les produits
qui se vendent comme des pâtés chauds sont d’ordre satanique !... Et
puis les parents, c’est quoi cette histoire que vos enfants fréquentent
une assemblée religieuse différente de la vôtre ? Vous pouvez payer
les écolages grâce à la bénédiction divine donc vous devez exiger que
les enfants vous suivent à l’église.
S’il doit en être autrement, qu’ils pourvoient à leurs besoins de leurs
propres moyens ! » Amen, pasteur ! C’est très malin de jouer sur
l’ignorance du peuple ! Je vous posais simplement quelques questions
en toute discrétion mais moi les affaires des autres… ça ne me regarde
pas !
Ça ne me regarde pas !
par Edna Blaise
P
étion-Ville, 7 h 00 du matin.
La foule de demandeurs de
visas est déjà nombreuse à
l’entrée du consulat brésil-
ien, à l’angle des rues Clerveaux et
Darguin. Elle est très remuante et
plutôt bruyante. Malgré la présence
des agents de sécurité, la police est
appelée en renfort.
Certains sont là depuis cinq
heures du matin. Ils viennent de
partout. Ils sont pour la plupart
âgés entre 18 et 40 ans. La force
vive d’Haïti qui fait la queue ici
tous les matins dans l’espoir de
fuir le pays. Tous ceux à qui nous
avons pu parler ont évoqué le
chômage comme leur principal
motif d’évasion.
Nadia a 19 ans, elle vient des
Gonaïves et veut à tout prix partir
dans l’espoir de trouver un emploi.
Cependant elle n’a pas encore ter-
miné ses études classiques. « Haa
! M vin pran chans mwen. »
Julien, lui, a 39 ans, il vient de
Saint-Louis du Sud. Contremaître,
père d’une fille de six ans et
demi, il vit avec sa femme et sa
mère. «Trouver un travail en Haïti
devient de plus en plus difficile »,
se désole-t-il. Il dit ne pas avoir
peur d’affronter l’inconnu.
Il a un ami déjà émigré qui lui a
dit : « Pito w la tan w pa la. Se pa
paradi, men w ap jwenn travay,
menm si se pa toulè jou. » Ce
témoignage bien peu rassurant a
suffi pour le convaincre de tenter
lui aussi sa chance. Pierre-André
a d’abord vécu illégalement aux
Bahamas durant six mois puis
a été refoulé dans son pays. Il
est ensuite parti vers Répub-
lique dominicaine où il a vécu
durant quatre ans. Cela fait trois
semaines qu’il a quitté la Répub-
lique voisine.
Il avoue n’avoir pas été
personnellement l’objet de
persécutions, mais qu’il a choisi
de revenir après avoir été témoin
des mauvais traitements réservés
à ses compatriotes.
Pierre-André parle l’espagnol et
un peu d’anglais, il est plombier,
mécanicien et peintre.
Il aurait pu vivre en Haïti, s’il
avait trouvé du travail. Il a une
fille de huit mois avec sa femme
et doit payer le loyer avant la fin
de l’année. Il entend utiliser ses
économies pour une nouvelle
aventure. Il estime qu’il a plus de
chance de réussir ailleurs.
Une bousculade nous interrompt.
L’agent de sécurité agite un bâton
pour forcer les demandeurs de
visas à rester dans la file.
La foule s’agite, les nerfs sont
chauffés à blanc. Des badauds
postés en face s’amusent de la
scène. Au moment de partir,
d’autres candidats à l’immigration
s’amènent pour s’ajouter à la
longue file ou plutôt à la grande
foule…
Quand le chômage
provoque la ruée
vers le Brésilpar Vantz Brutus
HAÏTI–SOCIÉTÉ
Le Brésil, depuis au moins deux ans, attire
véritablement les jeunes Haïtiens. L’idée d’un pays en
chantier un an avant la Coupe du monde de football
de 2014 faisait miroiter des opportunités d’embauche
à une jeunesse laissée pour compte. Mais un an
après l’organisation de ce grand événement, les rues
attenantes au consulat brésilien ne désemplissent pas.
Les candidats à l’émigration vers le Brésil sont toujours
très nombreux.
Des étudiants devant l’Ambassade du Brésil. / Photo: Johnsmithsanon.com
16 | N0
35 JEUDI 9 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
L
e soleil est à son zénith. La
statue de Dessalines chevauch-
ant sa monture, surplombe
l’esplanade. Le bruit des véhi-
cules pollue l’atmosphère angoissante
de ce coin du centre-ville. C’est le
champ de Mars de Port-au-Prince où
Maurice Sixto a rencontré son person-
nage Gwomoso et où l’auteur de « Sen-
taniz » a emmené mèt Zabèlbok faire
ses promenades vespérales. L’endroit
où s’est érigé le mât de cocagne de
René Despestres. Lieu public où sont
écrites les petites histoires du peuple
haïtien. Mais lieu qui est aujourd’hui
en chantier et qui demeure l’agora
qu’il a été depuis toujours.
La place Dessalines est clôturée
pour les travaux de rénovation.
Une architecture moderne devra
bientôt loger un service de res-
tauration pour les promeneurs.
À quelques pas, il y a le kiosque
Occide Jeanty qui a été inauguré,
mais dont les travaux de rénova-
tion restent encore inachevés.
Le Champ de Mars est inscrit
dans l’agenda de la reconstruc-
tion. Mais ce qui attire encore
l’attention dans ce grand chantier,
c’est l’attroupement des gens qui
y viennent pour rendre hommage
aux logos, disent certains.
Ils y sont toujours nombreux.
Avec la fermeture des classes, on
ne remarque plus les élèves qui y
venaient faire école buissonnière.
Des marchands vendent leurs
produits alimentaires et attendent
la fin de la journée pour rentrer
chez eux. Un petit cercle se forme,
au milieu duquel quelques-uns
prennent la parole à tour de rôle.
Darvensky Destouche a achevé ses
études classiques et est devenu,
depuis deux ans, un familier de
cette ambiance discursive. Il a
voulu nous donner ses points de
vue sur ces discussions en plein
air en ce lieu que les gens appel-
lent communément l’Université
libre du Champ de Mars.
« Les gens viennent ici pour
vivre leur chômage avec moins
d’angoisse. Mais il y a aussi des
employés de bureau qui viennent
ici pour la discussion qu’ils trou-
vent agréable. C’est une grande
école de la vie où l’on vient
apprendre ce que les livres ne
nous apprennent pas.
Le niveau intellectuel de la dis-
cussion est acceptable. C’est une
espèce d’agora où la parole est
accordée à tous. Un endroit où
parler est soustrait à toutes les
formes de censure. »
Ses propos nous font penser à ces
discussions à Athènes au temps de
l’Antiquité. Les participants n’ont
pas à se soumettre à une forme
académique, explique un partici-
pant qui fréquente le lieu depuis
quinze ans.
C’est le lieu de la parole libre où
le dialogue se déroule autour de la
politique, la religion, la philoso-
phie, l’économie. L’essentiel pour
chacun est de trouver la vérité ou
la synthèse des choses.
Il n’y a pas de tabou, ni de mor-
alisme. L’esprit cherche à com-
prendre tout ce qui l’entoure, fait
savoir ce dernier qui croit qu’il a
acquis une grande sagesse qui a
transformé sa vie.
Il a l’air sûr de lui quand il nous
confie, comme pour dévoiler un
secret enfoui dans les siècles des
hommes : « J’ai pu acquérir beau-
coup de savoir qui m’a transformé.
C’est l’endroit où j’ai appris une
forme de sagesse philosophique. »
On attend peut-être la fin des
travaux de restauration pour aller
profiter de l’ombre qu’offrent
quelques arbres, manger une
glace avec ses enfants, son âme
sœur, ses amis. Mais le Champ de
Mars semble avoir toujours été
pour certains participants des
débats le lieu où les gens vont
faire l’expérience de la caverne
platonicienne. Ceux qui s’y ren-
dent découvrent, par la discussion
non conventionnelle dans les uni-
versités, le soleil qui leur révèle
l’essence des choses et cessent de
croire en l’apparence de celles-ci.
Mais tout le monde ne tiendrait
certainement pas la même opinion
sur les formes que prennent ces
débats où tous pensent qu’ils ont
la raison discursive et une parole
qui peut avoir une valeur ratio-
nnelle.
Le Champ de Mars est-il vraiment
une agora ? La réponse dépend de
la rive où l’on se trouve et de ce
qu’on a lu sur l’Agora des Grecs.
Champ-De-Mars, Port-au-Prince Haïti. / Photo: © Osman Jérôme.
Champ de Mars : une agora
au cœur de Port-au-Princepar Évens Cheriscler (Boukman)
HAÏTI/DÉBATS
JEUDI 9 JUILLET 2015 N0
35 | 17
18 | N0
35 JEUDI 9 JUILLET 2015
CULTURE
Lancement officiel de la CARIFESTA XII
Par PAR ELISÉE DÉCEMBRE
A
près l’interprétation de
l’hymne national la Dessali-
nienne, celui de Caricom et
deCARIFESTAXII,plusieurs
intervenants ont pris la parole : Elsa
Baussan Noël, Dithny Joan Raton,
Philippe Dodard, Hilary Brown, tous
ont salué l’organisation de cette fes-
tivité qui va se dérouler en Haïti, la
première république noire indépen-
dante du monde. Ils ont reconnu que
CARIFESTA XII va renforcer la cul-
ture caribéenne et cimenter les rela-
tions entre les peuples de la caraïbe.
Tous les pays membres de la Car-
icom, Antigua, Barbade, Belize,
La Dominique, la Jamaïque, le
Suriname, Trinidad et Tobago
et d’autres pays invités, comme
le Mexique, le Panama seront
présents lors des festivités. Les
festivités se dérouleront à Port-
au-Prince, Pétion-ville, Carrefour,
Jacmel, Cap-Haïtien, Gonaïves et
les Cayes.
La culture haïtienne sera mise à
l’honneur. Des spectacles de danse,
des excursions dans les différents
« Lakou » mystiques du pays, des
projections cinématographiques,
des représentations théâtrales,
des visites guidées des différents
sites historiques, des activités
relatives à la gastronomie figurent
dans le menu de ce festival.
Pour le moment, les organisateurs
ont lancé la douzième édition de
la CARIFESTA sans donner de
détails relatifs à l’organisation
et au coût de ces festivités. En
attendant, CARIFESTA XII, est
un événement culturel majeur
qui réunira le monde de la cul-
ture caribéenne en Haïti pour dix
jours de fêtes, de partage et de
divertissement.
Signature dun protocole d'accord entre le ministère
de l'Éducation nationale et l'Académie créole
Par Schultz Laurent Junior
L
e ministre de l’Éducation
nationale et de la Formation
professionnelle, Nesmy
Manigat et le président de
l’Académie créole, Pauris Jean-
Baptiste ont signé un accord dans la
matinée du mercredi 8 juillet 2015
au local du ministère à la rue Audain
en vue de renforcer l’apprentissage
de la langue créole dans notre système
éducatif. En amont de cette signature,
une conférence de presse ¬- déroulée
en présence de certains cadres du
ministère et de quelques membres de
l’Académie parmi lesquels Guy Gerald
Ménard, Jocelyne Trouillot Lévy,
Adeline Chancy – a été l’occasion de
définir,danslecadredecepartenariat,
une politique linguistique efficace et
efficiente pour que le créole, la langue
mère soit beaucoup plus utilisée
dans notre système éducatif et dans
l’administration du ministère de
l’Éducation nationale.
S’exprimant au début de cette
conférence de presse, le président
de l’Académie Créole, Pauris Jean
Baptiste a souligné l’importance
de cette initiative visant à mettre
en valeur la langue maternelle.
Il en a profité pour lancer un
appel vibrant aux haïtiens qui
doivent aussi travailler à valoriser
la langue créole à travers un
engagement collectif. Ils doivent
également selon Pauris Jean-
Baptiste montrer les subtilités et
les riches potentialités de notre
langue, élément important de
notre culture. « Apprendre dans la
langue maternelle est un principe
universel. Comment comprendre
que vous soyez lettrés dans une
langue alors que vous ignorez celle
qui peut vous identifier en tant
qu’haïtien. S’est-il interrogé sur un
ton amer ». Partant de ce constat, il
a souligné plus loin que « enseigner
dans la langue maternelle peut
favoriser l’apprentissage chez
nos apprenants ». Le titulaire du
ministère de l’Éducation nationale
et de la Formation professionnelle
Nesmy Manigat a déclaré que
son ministère entend valoriser et
renforcer le travail qui a été déjà
réalisé par Joseph C.Bernard.
Ce dernier avait consenti beaucoup
de sacrifices afin que la langue
créole soit admise dans le cursus
scolaire. « La signature de ce
contrat est pour nous un moment
très important. Cet évènement
concerne tout le pays. Il s’agit pour
nous de réfléchir en vue d’apporter
des réformes en profondeur dans
notre système éducatif.
Nous devons aménager un cadre
propice pour rendre pérenne et
effectif les grands points de ce
protocole d’accord, pour résoudre
définitivement tous les problèmes
liés à la question linguistique en
Haïti. » a-t-il fait savoir.
Toutefois, Manigat reconnait qu’il
faut beaucoup de patience, de
compréhension, de tolérance et de
bonne volonté pour concrétiser
cet objectif. « Nous devons dès
maintenant nous mettre au travail,
le réaliser ensemble pour que
d’autres personnes ne le fassent
pour nous », a argué le ministre.
Quid de ce protocole d’accord ?
Ce document de cinq pages fournit
des informations exhaustives
sur l’accord unissant désormais
les deux institutions à savoir le
ministère de l’Éducation nationale
et l’Académie Créole.
Il définit aussi les conditions de
cette collaboration et élabore
également tous les principes et
les moyens qui seront utilisés par
les deux institutions pour mener
à terme leur mission. Ils ont, en
effet, pour mission de faire la
promotion de la langue créole
conformément à l’article 213 de
la constitution de 1987. Inciter les
écoles et les universités à l’utiliser
comme langue d’apprentissage.
Définir une nouvelle orientation
de la langue créole dans notre
système éducatif. Promouvoir
l’utilisation de la langue créole
dans les institutions publiques
et privées œuvrant dans le
secteur éducatif. Contribuer à la
formation des maîtres.De l’avis
de tous ceux qui ont paraphé ce
document, l’application de ce
protocole d’accord va insuffler
un souffle nouveau à notre quête
identitaire.
La ministre de la Culture, Joan Ditny Raton, a lancé officiellement, le mardi 7 juillet, la douzième édition du
Festival des Arts Caribéens (CARIFETSA XII). Cette activité culturelle qui réunit tous les pays de la Caricom
(Marché Commun de la Caraïbe) se déroulera en Haïti du 21 au 30 août 2015. Thème retenu : « Nos racines, notre
culture, notre avenir commun ».
Elsa Baussan Noël, Erol Josué et la ministre de la Culture, Dithny Joan Raton. / Photo: Ruben Chéry
Le ministre de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, et le président de
l’Académie créole, Pauris Jean-Baptiste. / Photo : Ruben Chéry
JEUDI 9 JUILLET 2015 N0
35 | 19
CULTURE
Bravo Tropic : heureux cinquantième !par Walcam
L
’orchestre Tropicana d’Haïti
vient de sortir un énième
album, baptisé « Bravo Tropic
», avec la participation de
l’infatigable maestro saxophoniste
Cina O. Charles alias Ti Blanc, ainsi
que du chanteur Parisien Fils-Aimé.
L’album « Bravo Tropic », que le
groupe doit signer ce week-end
pour ses nombreux fans, comporte
12 compositions sur divers sujets.
Les paroliers de l’orchestre
Tropicana (nous avons relevé de
nouveaux noms) ne lésinent pas
avec ce qui se passe autour d’eux.
Ils regardent et ils agissent à leur
façon pour aider un pays auquel
ils croient encore.
Ils apportent à leur façon leur
contribution, surtout à la culture.
Les textes de ces compositions
peuvent soulever beaucoup de
débats dans la société. Ils trait-
ent un peu de tout pour plaire aux
milliers de fans de l’orchestre du
Cap-Haïtien.
Déjà, sur les ondes, il y a une com-
position qui attire l’attention des
animateurs de musique compas.
Il y a un grand effort avec les
arrangements que nous pouvons
constater. C’est du métier.
La composition « It’s so sweet »
est un texte d’amour de Raphael
Telsin qui pourrait faire le
prochain hit de Tropic dans les
soirées dansantes et sur les ondes
des stations de radio.
C’est une histoire d’amour simple
qui se déroule autour d’une fête
champêtre.
De ces douze compositions, il y a
« Bravo Tropic », « It’s so sweet », «
Histoired’amour»,«Vyepwochen»,
« Ayiti bèl », « Pou timoun », « Out
side », qui est une reprise.
Des compositions qui parlent
du social, du tourisme, de
l’environnement, de la famille
avec la collaboration de musiciens
et chanteurs d’autres groupes
musicaux tels que Ritchie
(Jean Hérard Richard) de Klass,
Shabba (Hervé Anténor) de
Djakout number 1, Roberto
Martino de T-Vice, Marie Junelle
Papouloute d’Anbyans, Jacques
(Kako) Bourjolly, le batteur et
compositeur Shedley Abraham,
le trompettiste Eddy Brisseaux et
Arly Larivière de Nu Look.
L’orchestre Tropicana composé de
seize (16) musiciens organisera
ce vendredi 10 juillet, au Club
International, son fief à Port-au-
Prince, une vente signature pour
tous les « djo kannèl » désireux
d’acquérir le dernier CD baptisé
« Bravo Tropic : Souvenir du
cinquantième ».
Logo 50 ans de l’orchestre Tropicana.
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  • 1. » P. 19 » P. 22 »   P. 7 SPORT/GOLDCUP2015 CULTURE » lire page 3 » suite page 6 Revivez les meilleures images de la rencontre Haïti-Panama Une campagne électorale sur fond de difficultés financièresPar Noclès Débrérus HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES JEUDI 9 JUILLET 2015 NUMÉRO 35 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ Allo CEP, la campagne a commencé ! HAITI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES Le Conseil électoral provisoire (CEP) lance officiellement la période de campagne ce jeudi 9 juillet, à travers une cérémonie qui se tiendra à l’hôtel Best Western à Pétion- Ville, selon une note émanant de l’organisme électoral invitant les secteurs ayant désigné leurs représentants au CEP, les partenaires nationaux et internationaux à y prendre part. Du 9 juillet au 7 août à minuit, c’est un total de 1848 candidats agréés, dont 233 au Sénat et 1615 à la députation, qui seront habilités à mener campagne. Lener Renaud lance son offensive diplomatique Lionel Edouard Bravo Tropic : heureux cinquantième ! par Walcam
  • 2. 2 | N0 35 JEUDI 9 JUILLET 2015 TRIBUNE L’Union est notre force. Notre désunion est celle des ennemis de notre patrie ! Hommage à cette unité récemment retrouvée au sein de nos dirigeants face à la menace de voisins racistes, anti haïtiens. Ainsi donc, face au comportement pervers des autorités dominicaines procédant à des déportations violentes et illégales, face au terrorisme de certains groupes en république voisine créant une vraie psychose de peur qui engendre cet exode vers Haïti et finalement face à ce processus scandaleux d’apatridie de milliers de citoyens dominicains que la république dominicaine compte déverser sur notre territoire, l’heure est à notre rassemblement autour de notre drapeau national. C’est dans ce contexte que le COLLECTIF du 4 DECEMBRE invite les compatriotes haïtiens qui avaient investi en république dominicaine, à ramener leurs entreprises en Haïti, pour créer ainsi des emplois nécessaires, stables et durables. LE COLLECTIF lance aussi un vibrant appel à l’UNITE NATIO- NALE et demande à toutes les asso- ciations de la Société civile, aux politiciens, partis politiques, associ- ations professionnelles, Chambres de Commerce et à tous les citoyens et citoyennes qui aiment encore Haïti, de former un faisceau contre la HAINE et le RACISME d’hier et d’aujourd’hui et, conjointement avec la COMMUNAUTE INTERNA- TIONALE, d’empêcher l’exécution du macabre plan dominicain. LE COLLECTIF du 4 DECEMBRE, qui a toujours mis l’emphase sur la PRODUCTION NATIONALE et réclamé le BOYCOTT des produits dominicains, renouvelle une fois de plus cette double demande et propose à la NATION ENTIERE d’accepter à court, moyen et long terme les sacrifices que ce double objectif demande. Pour non seulement faire face à cet acharnement de la République dominicaine contre les ressortissants haïtiens et leurs descendants, mais encore pour endiguer l’exode déstabilisateur provoqué par cette république voisine, LE COLLECTIF DU 4 DECEMBRE suggère encore aux autorités de notre pays d’utiliser les structures douanières existantes aux postes frontaliers pour bien gérer le flot de ces victimes du racisme dominicain. Par voie de conséquence, l’importation des produits à partir de la République dominicaine aurait à se faire que par voie aérienne ou maritime vers les ports de Port au Prince, ce, tout autant que durera la crise créée par la république voisine. Le COLLECTIF du 4 DECEMBRE exhorte toute la NATION à ne pas se taire malgré l’adversité mais à continuer de se battre pour les idéaux de liberté et de dignité humaine et à faire avancer notre société dans le progrès, l’humanité et la solidarité. Jean-Robert Argant Coordonnateur Général Port-au-Prince le 6 juillet 2015 Excellence, Monsieur Joseph Michel Martelly, Président de la République, Excellence, Monsieur Evans Paul, Premier Ministre, Nous, intellectuels, professionnels, artistes, artisans, haïtiens vivant à l’étranger, paysans, citoyens, vous présentons nos plus sincères félicitations pour les fermes déclarations que vous avez tenues récemment au sujet de la déportation de nos frères haïtiens et dominicains de la République Dominicaine. Ce n’était pas trop tôt ! Par contre, nous souhaitons attirer votre attention sur le fait qu’un jeu malin d’allées et venues diplomatiques autour du phénomène (universel) de la migration semble réussir presque à cacher le fait innommable, inédit, insultant pour le monde, d’une aberration telle qu’elle ne s’était jamais encore présentée dans l’histoire universelle : la loi 168-13. Comment les auteurs de cette infamie contre l’humanité ont- ils pu espérer un instant qu’une quelconque fumée de palabres de conférences ou de négociations allait masquer cette tâche hideuse désormais indélébile qu’ils ont collée a la face de leur propre nation ? Comment ont-ils pu en arriver là ? Voici que l’un des leurs ex chefs d’état déclare publiquement sa honte. Quelle folie, quel aveuglement les ont poussés jusque là ? Ils ont été trop loin. Ils le savent, et là doit se situer le combat de toute personne, de toute nation, de tout État, de toute communauté régionale ou mondiale pour se définir et définir ses choix face à une ignominie qu’on aurait cru inimaginable… Ne nous laissons pas pousser vers des à-côtés secondaires savamment moussés mais insuffisants nous le répétons, à cacher l’opprobre. Toute femme, tout homme n’a qu’une attitude possible : réclamer au nom de l’humanité que cette tâche soit effacée sur son visage d’être humain. La cour constitutionnelle dominicaine et ceux qui l’ont si vilement manipulée se doivent d’avoir le courage de se laver, de laver leur nation encore stupéfaite et de nous laver, nous personnes humaines, en revenant sur cette loi sortie tout droit d’esprits démoniaques et essentiellement racistes. C’est ce que nous Vous proposons à Vous nos dirigeants, de décider au nom d’Haïti et au nom du monde entier : - Que les dispositions concrètes soient prises pour cesser toutes relations diplomatiques et commerciales avec la RD jusqu’au retrait intégral de cette loi infâme et déshonorante ; - que soit envisagé dans les jours qui viennent un pont aérien entre Haïti et les nations sœurs pour faire face aux urgences vitales ; - que soit lancée une recherche diligente de fournisseurs alternatifs ; - que soient annulés les contrats d’ordre logistique avec la République Dominicaine; - que soient initiées en urgence les négociations appropriées avec les importateurs haïtiens et les états du Bassin les plus accessibles ; - que soient envisagés des accords avec certains pays frères pour que des corps de leurs armées spécialisés dans la gestion des catastrophes nous aident à la frontière à organiser l’accueil et la relocalisation des déportés ; - que soient créées, toutes affaires cessantes, des projets de protection des ressources naturelles et de production peu exigeantes dans tous les espaces inoccupés avec financement spécial de l’État ; - qu’une campagne de sensibilisation soit initiée au niveau national en vue de mobiliser la nation toute entière pour qu’elle puisse s’approprier la cause et réveiller en elle son sentiment de patriotisme et de civisme ; - Qu’il soit notifié à l’OMC que le respect des droits humains doit prévaloir sur toutes considérations commerciales et économiques. Excellence, Monsieur Joseph Michel Martelly, Président de la République, Excellence, Monsieur Evans Paul, Premier Ministre, En décidant de rompre toutes relations diplomatiques et commerciales avec la République Dominicaine vous aurez relancé la conquête de notre souveraineté et renouvelé, à l’instar de 1804, un moment du combat universel pour la dignité humaine. Marc Antoine Noel Marcel Duret Kettly Mars Pétition au président Michel Joseph Martelly et au Premier ministre Evans Paul Appel du Collectif 4 décembre
  • 3. JEUDI 9 JUILLET 2015 N0 35 | 3 ACTUALITÉ Le but du rêve Après la Copa America, le match Haïti-Panama de la Gold Cup a laissé chez nos compatrioteslesentimentqu’onpeutremonterlapente.L’événementparaîtsans grand éclat. Cependant, dans l’état actuel de la chute de la conscience collective, lebutégalisateurd’Haïti,réalisédefortbellemanièretechnique,apermisàplus d’undechasser,pourunenuitaumoins,lecauchemarnocturned’unpaysaffaibli etaccablé. Carilyadesannéesoùnos«aficionados»veulentêtre«lespremiersparprocuration »,commeleditl’écrivainGaryVictor.Devantlevided’organisation,d’infrastructure, dejeuxdecoulissesentrelaFédérationinternationaledefootballetlegouverne- menthaïtienet,surtout,faceàl’absencedesTomPouce,GuySaintvil,PhillipeVorbe, MannoSanonquisefaitencoresentir,lesmordusdufootballhaïtienontfaitdes choixdejoueursquiilluminentlesterrainsdejeuàl’étranger.DuBrésil,Ronaldo, Ronaldhino,Neymar.Del’Argentine,Maradona,Messi. On acceptait ces choix parce qu’ils se confinaient dans l’espace latino-américain. Bienqu’ilyaitdesopinionsquilaissentcroirequelessuccèssportifsduBrésiletde l’Argentine ont leur source dans la « discipline dictatoriale » imposée à ces pays, nouscroyonsquec’estletalentsoutenuparl’encadrementdel’Étatquiestàlabase desexploitsdecespays.Sinon,àcôté,leChilidePinochetneseraitpassouventà latraîne. Maintenant qu’il semble que l’Argentine et le Brésil sont en phase de déclin, on chercheuneautreétoileàlaquelles’accrocher.Ellepourraitvenird’Haïtisilegou- vernement haïtien investissait dans le sport et la culture de façon rationnelle, méthodiqueetvisionnaire.Maisquelschoixfaireaumomentoùlebasketballgagne du terrain et que certains affirment que c’est la culture américaine qui bouscule notrevieillepassiondufoot? Depuisquelquesannées,lesAméricainsprennentausérieuxlefootball.Ladernière Coupe du monde a montré leur détermination. Naturellement on ne peut pas « monter»unPelécommeunemécaniqueavecdesmoyensfinanciersetdessavoirs systématisés.Maisl’AmériqueduNordvientaussinousapprendrequel’élégance individuellesportivedoitêtreremplacéeparlaforcecollective.LeprésidentObama avaitdit:«Onentendraparlerdenousdansquatreans!» Les Grenadiers vont affronter les États-Unis bientôt pour la Gold Cup. On pourra mesurer les efforts d’une équipe et les progrès de l’autre. Entre « le pays le plus pauvredel’hémisphère»,commeonleprétend,etlagrandepuissanceétoilée,la marged’espoirpourHaïtiestmince.Lesjeunesnelesaventpas.Ilyatrenteans,ce seraitpourHaïtiunepartiedeplaisir!Ons’accrocheauprincipeque leballonest rondetroulepourtoutlemonde.C’estlebutdurêve. Le National Édito Allo CEP, la campagne a commencé !Par Lionel Edouard HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES U ne campagne visuelle informelle prend forme de plus en plus à l’approche de la date fixée pour le début de ces activités devant permettre aux candidats de vendre leur vision et programme politique. Plus question de mobilisation à travers les réseaux sociaux. Les forces en présence s’affirment et s’affichent. Toutefois, aucune sanction n’a été prononcée. Aucun avertissement. Le CEP ne pipe mot. Les grandes artères de la capitale sont le théâtre rêvé, choisi par ces prétendants aux législatives. L’autoroute de Bourdon, Delmas et Canapé-Vert sillonnés montrent à clair qu’ils ont brûlée l’étape et se sont déjà lancés dans la bataille. « Pa ekri sou mi kay moun, ann fè yon kanpay pwòp », un vœu pieu de certains candidats qui lançaient des messages à leurs rivaux pour respecter la propriété privée. Un principe-clé en démocratie libérale. Mais cela reste un vœu . Sur les murs, les barrières des résidences et autres entreprises privées, les nouveaux graffitis côtoient inlassablement les anciens. Faut-il également rappeler que ces messages appelant à une campagne propre sont diffusés à partir de banderoles placés dans des points stratégiques, portant les emblèmes des partis, les numéros et les noms des candidats ? Une campagne subtile. Non ? « Ayiti ap tann ou », « Viv ou vote untel » sont les slogans à la mode qui ornent les murs des bâtisses. Toutefois, les activistes qui les ont mis n’ont pas jugé nécessaires de biffer ceux-là qui y ont été inscrits en d’autres circonstances, soit pour insulter le chef de l’État, un ministre ou tout simplement pour attaquer un candidat rival, dans la commune ou la circonscription. Les « aba untel » affluent également. Il est donc courant de voir, par exemple, un « Aba Martelly » côtoyer un « viv Charlot » sur les murs de Delmas. Cependant, s’il arrive que les candidats soient beaucoup plus actifs dans cette campagne qui ne porte pas encore son nom, les partis également pointent le bout du nez. C’est le cas pour la Plateforme Verite qui, en dépit de l’exclusion de son candidat à la présidence, occupe le terrain. En effet, toute l’autoroute de Delmas porte les traces de l’équipe jaune et vert. En début de cette semaine, des fan- ions portant le numéro 69, l’emblème, les couleurs et le nom du parti sont placés le long de l’autoroute. Tous les quatre ou cinq poteaux support- ant les lampadaires, chers à l’équipe «Tèt kale », pend un de ces fanions. D’autres affiches plus imposantes ont été rencontrées sur l’autoroute de Bourdon, à l’angle de la route de Christ-Roi et de l’avenue John Brown.Le Parti « Konviksyon » n’est pas en reste, avec un poster géant flanqué de son slogan. Il est placé à l’angle de l’autoroute de Delmas et la route de Frères. Un point plus que stratégique qui fait la jonction entre Pétion-Ville, Delmas et la Route de Frères. Les stratagèmes ne manquent donc pas. Sans compter les voitures décorées aux couleurs des partis et arborant des posters de certains can- didats couramment rencontrés sur les routes nationales. Quid du décret électoral ? Le décret électoral qui sert de cadre légal à la réalisation des élections ne prévoient rien en ce qui a trait aux sanctions qui devaient être réservées aux candidats et/ou partis politiques qui ont lancé prématurément leur campagne. Il ne dit rien non plus sur les candidats qui auraient continué leur campagne après les délais retenus pour la fermeture de la campagne électorale. Les articles 114 à 124 qui traitent du déroulement de la campagne n’y apportent aucune précision. Ils ne mentionnent pas non plus si les sanctions sont laissées à la discrétion du Conseil électoral, tout comme l’article 114.1 affirme que le début et la fin de la période de campagne sont fixés par le CEP. Cet épisode, comme bien d’autres, sera vite oublié avec le début de la campagne, le jeudi 9 juillet. Sans aucun signal, certains candidats se sont déjà lancés dans la bataille. Pourtant, les responsables au Conseil électoral provisoire avaient annoncé que le mois de campagne prévu pour les législatives devait débuter à partir du jeudi 9 juillet, pour prendre fin le vendredi 7 août 2015. Une prérogative conférée à cet organisme par le décret électoral à travers son article 114.1. » suite de la première page
  • 4. WWW.LENATIONAL.HT 2, DELMAS 40 B EMAIL: INFO@LENATIONAL.HT PUBLICITE@LENATIONAL.HT REDACTION@LENATIONAL.HT (509) 4611-1010 / 3214-5554 PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. 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L’objectif de ces séancesdeformationsetderéflexions, expliqueLeslyAlphonse,c’estd’armer les notaires à de nouvelles techniques, afin de les rendre plus efficace dans l’exercice de leur fonction. Depuis la création du syndicat, poursuit-il, nous avons toujours cette pratique d’organiser des évènements pareils. Deux univer- sités notariales, trois congrès natio- nale, deux forum international, et plusieurs formations itinérants dans les villes de provinces sont déjà réalisés par le SNJH, a informé le vice-président de cette structure. C’est aussi l’occasion pour la SNJH, selon M. Alphonse, de statuer sur le cas des rapatriés qui à l’avenir auront sans doute à réclamer des terres de leurs anciens parents. Les notaires ont déjà commencé à réfléchir sur la manière de résou- dre les éventuels litiges entre ces rapatriés et les autres héritiers, a-t-il informé. L’université notariale est un pro- gramme de formation décerné spécifiquement aux hommes et femmes exerçant le métier de notaire. Elle est réalisée chaque année sous l’égide du SNJH et ses partenaires, comme le comité interministériel d’aménagement du territoire (CIAT), le syndicat des notaires du Canada, et le syndicat des notaires de la Colombie. Au menu du programme de cette année, est inséré entre autres, des exposé sur : « la place du notaire dans l’éducation financière.- responsabilité notariale enjeux, limites et implications.- le droits des personnes à mobilité réduite.- gestions des fonds d’autrui.- le droit des biens.- nationalité haïtienne et apatridie.- les défis immobiliers et le déplacement de la popula- tion ». Sur la liste des formateurs, sont figuré le nom de personnalités juridiques nationales et interna- tionales comme, Me Camille Leb- lanc, Me Monferrier Dorval, Pierre Becqué, etc. De l’exercice de la fonction notariale Marie Alice Bélisaire a relaté le fait que c’est un métier particulier, elle demande par conséquent un traitement particulier. « N’est pas notaire qui veut », a-t-elle précisé. Pour exercer le métier de notariat, il faudrait d’abord faire des études en droit, ensuite se spécialiser dans une entité notariale. Il n’existe pas encore d’entité d’étude notariale, le métier reste alors un métier héréditaire. L’entité d’étude reste jusqu’à date le père qui transmet ses dossiers à son fils, ou autre membre de la famille. En tant que présidente de l’organisation, elle nous a mis au courant que son institution est en train d’effectuer des démarches pouvant aboutir à la création d’une entité de forma- tion notariale, pour enfin vulgariser cette discipline qui compte seule- ment 337 spécialistes pour toute la population haïtienne. Pour sa part, Me Jean Henry Céant, qui à cause de son engament dans la course électorale, ne peut plus être comme d’habitude parmi les formateurs, a estimé que chaque notaire méritent d’être couronné. Pour lui, les notaires sont les seuls qui travaillent sans accompagne- ment, sans encadrement, sans informations, sans les moyens qu’il faut, alors qu’ils sont exposés à de graves dangers. Ce métier ne doit pas être un métier de conservateur, il doit être ouvert aux grand public, et marcher avec la technologie, a-t-il conseillé. Pour clore les assises, le SNJH lancera samedi 11 juillet 2015, le code déontologique notariale, où les notaires prendront l’engagement de pratiquer l’éthique, la rigueur, le respect des lois et des normes dans ce métier indispensable à la possession des biens, à l’investissement, et à la sécurité des familles en Haïti. Vulgariser le métier notarial en Haïti par Evens REGIS HAÏTI/CONGRÈSNATIONALDESNOTAIRES Le métier notarial est sur la voie de la modernisation. Trois ans de cela, le syndicat des notaires des juridictions d’Haïti (SNJH) a été créé, avec pour mission principale de favoriser l’émancipation de cette discipline. Dans le cadre de la charge qui lui a été confié, le SNJH a réuni du 8 au 11 juillet 2015 à l’hôtel Montana, l’ensemble des notaires du territoire national, pour sa 3e université notariale, et son 4e congrès national. Marie Alice Bélisaire, présidente du Syndicat des notaires des juridictions d’Haïti
  • 5. C ependant,cesontenviron340 écoles inscrites dans le Psugo, dont 208 établissements scolaires à Carrefour (Ouest) et 132 à Gros-Morne (Artibonite) qui sont éclaboussées dans ce scandale de corruption. L’ULCC, à travers le rapport préliminaire de vérification des écoles faisant partie dudit programme, publié le 30 juin dernier, afaitmentiondesécolesquin’existent que de nom. Il s’agit de l’« École mixte Papillon vert de Moulin », l’Institution mixte Jules Solime Milscent, leurs directeurs sont respectivement Élius Marcy et Davilien Fédelaine dans la commune de Gros-Morne. Ce constat n’est pas différent dans la commune de Carrefour, poursuit le même rapport : École Charles H. Mason, Collège Mixte Eddy Pascal, École fondamentale Rêves d’enfant, Institution mixte Frères Mathelier, École La Florai- son, EDDUCA. Ces établissements fictifs, quant à eux, sont admin- istrés chacun en ce qui les con- cerne par Ulrick Céba, Jean Eddy Pascal, Marie Yvette L. Edouard, Jacques Mathelier, Jasmin Monge et Vild Eddy. Le rapport a en outre indiqué qu’il existe une inadéquation entre les effectifs déclarés et ceux consta- tés. Il s’agit d’une violation des clauses du contrat conclu avec le MENFP de la part de ces « préten- dus » directeurs d’établissements. Pour la commune de Gros-Morne, près de 70 écoles ont affirmé avoir un effectif estimé à environ 8083 élèves, alors que les enquêteurs n’en ont pu constater que 6191. À Carrefour, la situation n’est pas différente. Près de 47 établisse- ments scolaires dans la zone III ont informé avoir détenu un nombre estimé à environ 6301 élèves déclarés, tandis que seule- ment 5081 sont enregistrés, selon ce document. Toujours à Carrefour, le rapport a fait état de 50 écoles dans la zone I, 5 dans la région II qui n’ont pas pu être enquêtées. Il en est de même de 9 dans le district de Gros-Morne. Cela, explique-t-il, est dû soit à cause de la période des examens d’État, soit en raison du fait que les professeurs ont emporté les cahiers de présence de ces établissements. Toutefois, il convient de souligner que ce document confirme avoir relevé également des écarts insignifiants entre les effectifs déclarés et ceux constatés dans la ville de Gros- Morne. À ce stade, il a fait remar- quer que sur près de 48 écoles, l’effectif déclaré se situe dans la fourchette de 4542 élèves, alors que le constat en fait montre de 4449. Cette inadéquation, selon le rapport, résulte de ce que les inspecteurs de zone n’assument pas correctement leurs responsabilités. Au regard des informations recueillies, il n’a eu aucun cas de conflit d’intérêt et de trafic d’influence de la part des fonctionnaires du MENFP. Se fondant sur ces constats, il est recommandé, entre autres, au ministère de bloquer les fonds au profit des écoles respectant les clauses du contrat paraphé avec ledit ministère, actualiser la liste des établissements scolaires inscrits dans le Psugo, rendre obligatoire le recyclage des professeurs en vue d’une meilleure formation académique des élèves. Psugo : Des irrégularités déconcertantes Le Psugo a été en proie à des irrégularités déconcertantes dans certains établissements qui y sont inscrits, selon ce qu’a déclaré le directeur général du MENFP, Rénold Telfort, lors d’une interview accordée au journal Le National dans les locaux de ce ministère, le vendredi 3 juillet dernier. Les enquêteurs, poursuit-il, se sont rendus dans les écoles impliquées dans ce programme en vue de s’enquérir de leurs activités. À la surprise générale, arrivés dans ces établissements, leurs responsables n’ont même pas pu fournir des informations relatives à l’effectif d’élèves inscrits dans leur palmarès. Quant aux écoles fournissant des renseignements, il affirme avoir relevé une différence notable entre le nombre d’élèves déclarés et le total de ceux constatés sur le terrain en supervisant, entre autres, leurs salles, leurs cahiers d’appel, leurs archives. Cet écart va dans la plupart des cas au-delà d’une centaine, explique le numéro deux du MENFP. Il a pris en exemple le cas où un directeur d’école affirmerait avoir 100 élèves à raison de 90 dollars chacun. La somme détournée serait donc estimée à environ 9 mille dollars américains au détriment des enfants qui devraient être scolarisés, fustige M. Telfort, arguant que cette situation est intolérable. Ainsi, il informe que les autorités ont déjà pris les mesures nécessaires. La Justice est désormais saisie du dossier. Le commissaire du gouvernement a mis l’action publique en mouvement et recherche, dit-il, les coupables en vue de leur infliger leur peine conformément à la loi. Sans ambages, il a en outre indiqué que les autorités du MENFP vont engager des poursuites judiciaires contre ces établissements. Ces décisions, précise M. Telfort, pourront aller jusqu’à la fermeture des portes de ces écoles fautives. Mais il se veut rassurant quant aux élèves. Ces derniers, annonce-t-il, peuvent s’orienter soit dans des écoles publiques, soit dans d’autres établissements subventionnés dans le cadre du Programme. D’autres mesures, dit-il, pourront s’étendre jusqu’à la nationalisation de ces établissements. Car, l’avenir des élèves est ce qui importe le plus pour le ministère. JEUDI 9 JUILLET 2015 N0 35 | 5 ACTUALITÉ ÉCHO Petit-Goâve : prison civile surchargée Les avocats du barreau de Petit- Goâve, les juges de paix et le responsable du commissariat de police se sont entretenus, mardi, autour de la surcharge de la prison civile, incapable recevoir de nouveaux prévenus. Les autorités judiciaires estiment urgent de trouver une solution adéquate. Lundi, les avocats de la cité soulouquoise ont organisé un sit-in pour dénoncer la surcharge au niveau de la prison. Par ailleurs, la population souhaite la nomination d’un nouveau conseil exécutif intérimaire à la tête de la mairie de Petit-Goâve en remplacement de l’ancienne administration communale dirigée par Sandra Jules, en difficulté avec la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif. L'OCCID lance un appel à la vigilance L’Observatoire citoyen pour l’institutionnalisation de la démocratie (OCID), un consortium de la société civile regroupant l’Initiative de la société civile (ISC), le Centre œcuménique des droits humains (CEDH) et Jurimedia, n’a pas caché ses préoccupations quant aux discours violents tenus par plusieurs candidats ou leurs partisans, aux actes d’intimidation dont sont l’objet les membres du Conseil électoral provisoire (CEP). L’OCID demande aux autorités compétentes de diligenter des enquêtes sur des menaces proférées à l’endroit de certains conseillers électoraux ainsi que sur les allégations de corruption portées par des candidats non agréés contre des membres du CEP. Jérémie : manifestation au quartier Léon La population au quartier Léon (Haute Voldrogue), section communale de Jérémie, a manifesté mardi pour demander au gouvernement d’élever cette localité au rang de la commune. « Le quartier Léon répond à toutes les conditions pour devenir commune », ont soutenu les manifestants, rappelant avoir voté, pour cette raison, le président Michel Joseph Martelly qui avait promis de satisfaire cette revendication, selon la presse locale. Dithny Joan Raton, pour des échanges culturels dans la Caraïbe La ministre de la Culture, Dithny Joan Raton, qui a rencontré récemment la Première dame des Bahamas, Bernadette Christie, les ministres de la Culture de Cuba, Julian Gonzalez Toledo, et des Bahamas, Daniel Johnson, a discuté avec le secrétaire général de l’AEC, Alfonso Muñera Cavadia, autour de l’importance des échanges culturels entre les pays de la Caraïbe. Lors d’une tournée caraïbéenne, Madame Raton, qui a participé à un colloque sur la coopération culturelle des grands États de la Caraïbe, en a profité pour inviter les pays de la région au Festival des arts de la Caraïbe (Carifesta) prévu en Haïti du 21 au 30 août prochains. Quatre-vingt-cinq écoles exclues du PSUGO par Reynold Aris HAÏTI/ÉDUCATION Le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) passe à l’action. Dans un communiqué en date du mercredi 8 juillet 2015, il a été décidé d’exclure pour fraude, 85 établissements scolaires, se trouvant à Carrefour et à Gros-Morne, du Programme de scolarisation universelle, gratuite et obligatoire (PSUGO). Cette décision fait suite à l’enquête réalisée par l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) à la demande des Ministères de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP), de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) durant la période allant du 9 au 17 juin 2015.
  • 6. » suite de la première page Pour ces élections, dont le premier tour des législatives est prévu au 9 août 2015, on dénombre pas moins de 166 partis, plateformes et regroupements politiques agréés par le Conseil électoral provisoire. Toutes ces structures politiques profiteront de cette période de campagne pour vendre leur vision, leur idéologie ainsi que leur programme politique conformément aux dispositions de l’article 115 du décret-électoral du 2 mars 2015, les autorisant à utiliser tous les moyens de communication collective pour mener campagne. Alors que la campagne est lancée, les partis politiques ainsi que les candidats n’ont de cesse de se plaindre quant aux moyens financiers qui leur font défaut. De jour en jour, les élections sont plus exigeantes en termes de dépenses, déplorent certains candidats qui disent être en campagne depuis tantôt trois ans. Le mardi 7 juillet, lors de la rencontre entre le Conseil électoral provisoire et les partis politiques, la question de subvention a été mise sur le tapis et a constitué l’une des préoccupations majeures des politiques. À un mois de la date fatidique du 9 août, retenue pour le premier tour des législatives, aucun officiel de l’État n’est en mesure d’informer quand est-ce que sera donnée la subvention aux partis politiques, telle que mentionnée à l’article 125 du décret électoral stipulant qu’à l’occasion des compétitions électorales l’État accorde aux partis politiques, aux groupements politiques ayant des candidats agréés aux élections, une subvention pour les aider à mener leur campagne électorale. Intervenant à ce sujet, maître Mosler Georges, directeur exécutif du CEP, dit avoir déjà fait tout ce qui dépendait de lui. « Pour la subvention, conformément à l’article 125, une correspondance a été adressée au gouvernement via le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des questions électorales, Jean Fritz Jean-Louis, pour savoir quel est le montant alloué au financement des élections. Jusqu’à ce jour, aucune réponse ne nous est encore parvenue », a informé Mosler Georges. Aux responsables des partis politiques présents, il a par ailleurs précisé que le CEP a déjà défini les modalités de distribution de ce fonds sitôt qu’il sera disponible. Les partis politiques qui n’ont pas de candidats agréés ainsi que les candidats indépendants ne pourront pas bénéficier de cette subvention. D ansunéland’optimismetrès poussé, Wilson Laleau croit que les espérances de crois- sance du secteur pourraient, d’ici à 2020, atteindre la barre de 20 % en exploitant à fond les facteurs de productivité. Il prend en exemple le projet « Agritrans » dans le Nord-Est et des initiatives prises dans d’autres régions du pays et qui portent fruits. Affirmant sa foi dans le potentiel agri- cole du pays, le grand argentier de la Républiquecroitqu’endupliquantces modèles, l’objectif peut être atteint. En revanche, les réflexions produites en ateliers montrent qu’un taux de croissance agricole estimé à 7 % peut être atteint. Les conclusions de ces travaux découlent du constat selon lequel un million d’hectares de terres agricoles sont exploitables. Et 72 % d’entre elles sont dépourvues de con- taminants agricoles. Ce, en dépit des problèmes chroniques liés au cadas- tre et à l’urbanisation des espaces agricoles qui rongent le secteur. Ce fait, selon le ministre des Finances, est aussi observable au niveau des ressources hydriques du pays qui se gaspillent. C’est pourquoi les rapports des ate- liers de réflexion sur la question ont proposé la création d’une commis- sion multidisciplinaire pour réviser le cadre légal existant. La délimitation des zones de production et la mise en place de mécanismes de valorisation des terres figurent parmi les pistes de solutions proposées. Par ailleurs, les travaux de réflexions se sont inscrits aussi dans une dynamique de rent- abilité de l’eau, facteur de production inexploité, à travers la modernisation des infrastructures rurales : systèmes d’irrigation et de stockage d’eau. D’où viendront les fonds ? « Qui embrasse trop, mal étreint.» Reprenant ce vieil adage, l’économiste Eddy Labossiere a, tantôt, suggéré, compte tenu de la maigre allocation budgétairedupays,devaloriserdesfil- ières spécifiques du secteur agricole. Soulignant que les autres secteurs ont des besoins incompressibles. Il a aussi plaidé en faveur de la création d’une banque d’investissement pour favoriser des crédits à long terme dans le secteur. Une option que le ministre des Finances n’envisage pas. Il se dit favorable à un mécanisme de financement du secteur agricole où les acteurs du système seraient par- ties prenantes. Il prône ainsi le crédit mutuel, à savoir la création d’une banque faite avec les agriculteurs et pour les agriculteurs. Pour sa part, le coordonnateur de la CNSA, l’agronome Gary Mathieu, estime que les problèmes liés au développement du secteur agricole dépassent les questions de finance- ment. Selon lui, les priorités du secteur sont souvent mal définies. Il convient, à ce propos, confie-t-il au journal, d’éliminer des programmes dénommés « cash for work » et un ensemble de « petits projets » dont les dépenses ne peuvent être justi- fiées. Il identifie, de ce fait, la ques- tion de la bonne gouvernance comme une entrave au développement de l’agriculture. Toutefois, Gary Mathieu applaudit l’initiative du gouvernement de con- fier au MARNDR le leadership dans la définition du choix de ses priorités. Soulignant au passage qu’en raison du phénomène d’El nino, les prob- lèmes de sécheresse se poursuivront dans le pays jusqu’à mi 2016. S’ajoute à cela, poursuit-il, l’insécurité ali- mentaire qui touche 3,8 millions de personnes. Aussi, pour lui, plus que la disponibilité des ressources financières, ce sont les priorités qui doivent être bien définies. Le MARNDR est invité, selon le min- istre des Finances, à s’approprier les réflexions produites en ateliers pour élaborer un plan stratégique d’action. Wilson Laleau dit compter sur l’implication des autres secteurs au niveau du gouvernement, bien qu’ils fussent peu représentés au cours des discussions. Car, explique- t-il, l’initiative ne vise pas à élaborer le budget du MARNDR, mais plutôt à rechercher une synergie entre les dif- férents secteurs, tout en orientant les actions gouvernementales inscrites dans le prochain budget vers le dével- oppement de l’agriculture. Cet ambitieux objectif débute avec la préparation du budget de l’exercice fiscal 2015-2016. Il devra, toutefois, dans un cadre programmatique, s’étendre sur une période de trois ans. 6 | N0 35 JEUDI 9 JUILLET 2015 ACTUALITÉ Une campagne électorale sur fond de difficultés financièrespar Noclès Débrérus Wilson Laleau espère 20 % de croissance agricole Par Jean Michel Cadet HAITI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES ÉCONOMIE/BUDGET2015-2016 Le séminaire sur les ateliers de réflexion relatifs aux orientations du budget 2015-2016 a pris fin. Une séance de synthèse des discussions, tenue le mercredi 8 juillet au ciné Triomphe fraîchement rénové, montre la nécessité de valoriser la terre et l’eau, pourtant négligées, comme deux facteurs de productivité du secteur agricole. Wilson Laleau, ministre de l’Économie et des Finances. / Photo : J.J. Augustin
  • 7. C ette démarche, selon M. Renaud, vise à pousser les autorités dominicaines à donner un « traitement plus humain » aux personnes concernées par le processus de régularisation et de rapatriement qui, à en croire les autorités de la République voisine, constitue un moyen de contrôler le flux migratoire sur leur territoire. Cette rencontre spéciale tenue à la Salle Simon Bolivar, au siège de l’OEA à Washington, a aussi été l’occasion pour le ministre haïtien des Affaires étrangères de demander à la communauté internationale de rompre son silence sur cette situation inacceptable qualifiée d’épuration ethnique par plusieurs organisations de défenses des droits humains des deux côtés de la frontière. Il a ainsi appelé la communauté internationale à venir en Haïti pour constater par elle-même les violations de droits humains dans le processus de déportation. Car, au niveau de la frontière, dit-il, c’est comme l’achoa. Lener Renaud a aussi tenu à expliquer qu’il n’est pas venu demander des faveurs à la République dominicaine qui agit comme s’il déportait des gens vers des camps de réfugiés. Mais, il dit venir demander justice pour ces nombreuses victimes de l’attitude qu’il qualifie sans le dire, à travers son illustration, de Nazisme. « Si le monde avait compris la situation, la réunion de ce matin n’aurait pas lieu. L’OEA n’aurait alors pas envoyé une mission pour investiguer sur le terrain », selon M. Renaud. La République dominicaine s’embourbe dans des chiffres que personne ne comprenne, fait-il remarquer pour dénoncer la perfidie de cet acte inhumain. « Même contre vous, Haïti continuera à vous accompagner de telle manière que vous ne reproduisez pas les mêmes erreurs que d’autres ont fait dans le temps et qui n’ont pas été bénéfique pour l’humanité », a-t-il soutenu. M. Renaud a également continué à plaider auprès des autorités dominicaines et de la Communauté internationale, pour l’adoption d’un nouveau protocole de rapatriement devant permettre un meilleur contrôle du processus. Ce serait, dit- il, une manière de s’assurer que ce soit effectivement des ressortissants haïtiens en situation irrégulière de l’autre côté de la frontière qui soient rapatriés. En outre, il appelle les dominicains à la poursuite du dialogue en vue de trouver une solution au problème. Revenant sur la contribution de ses compatriotes dans le développement socio-économique de la République dominicaine, notamment dans le secteur de la construction, le tourisme, les services et l’agriculture, le ministre Renaud a insisté sur la nécessité pour les autorités dominicaines de respecter le droit de ces personnes. Aussi, a-t-il souligné que le gouvernement haïtien est déterminé à prévenir une catastrophe humanitaire ayant pour vertu de déstabiliser le pays. Toutefois, un élément important dans la déclaration de M. Renaud a focalisé l’attention des nombreux téléspectateurs figés devant leur poste de télé, qui regardaient sur la chaîne de télévision d’État la retransmission de cette rencontre que l’OEA avait annoncé qui serait publique. Le ministre a, en effet, déclaré que le gouvernement haïtien ne restera pas indifférent face au sort des personnes d’origine haïtienne ayant été dénaturalisées. Une déclaration qui contraste avec ses récentes prises de position faisant croire qu’Haïti n’était prête à accueillir aucun étranger, ni de dominicains d’origine Haïtienne. Ce fut à El Rancho, au début de la semaine écoulée, qu’il avait tenu cette déclaration. L’échec du PIDIH préjudiciable ! Tous les membres de l’Administration Martelly sont aujourd’hui una- nimes à admettre que le Programme d’identification et de documentation des Haïtiens est un piteux échec. Daniel Supplice, ambassadeur d’Haïti à Santo Domingo, croit même que l’échec de ce programme est l’une des causes des déportations en Répub- lique dominicaine. Ces propos furent diffusés par la presse dominicaine, aussi par la presse Haïtienne, notam- ment la Radio-Télé Métropole. Le PIDIH, rapporte l’ancien titulaire du MHAVE, devait constituer la première étape avant l’accès au Plan National de Régularisation des Étrangers (PNRE). Plus de 200 mille personnes auraient dû, grâce à ce programme, bénéficier de pièces d’identité. Pourtant, d’après les chiffres disponibles, seulement 52,000 haïtiens vivant en République dominicaine y ont été inscrits. Parmi ces personnes, 15 000 ont bénéficié de cartes d’identification nationale (CIN), le ministère des affaires étrangères a livré 2 000 passeports et les Archives 20,000 actes de naissance. JEUDI 9 JUILLET 2015 N0 35 | 7 ACTUALITÉ Lener Renaud lance son offensive diplomatique Par Lionel Edouard HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION Le ministre des Affaires étrangères haïtien, Lener Renaud. /Photo : haitiinfoplus.com L’offensive diplomatique auprès des organisations internationales, annoncée par le ministre des Affaires étrangères haïtien, Lener Renaud, semble être définitivement lancée. Lors d’une rencontre avec le Conseil Permanent de l’Organisation des États Américains, le mercredi 8 juillet 2015, le chancelier haïtien a sollicité l’intervention de la communauté internationale dans le dossier des déportations d’Haïtiens en situation illégale et des Dominicains d’origine Haïtienne vivant sur le territoire de la République Dominicaine.
  • 8. 8 | N0 35 JEUDI 9 JUILLET 2015 MONDE L a Russie a opposé mercredi son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’Onu présentant le massacre de Srebrenica, en Bosnie, comme un génocide, un texte soumis à l’occasion du 20e anniversaire de l’événement. Chine, Nigeria, Angola et Venezuela se sont abstenus et les dix autres Etats membres du Conseil de sécurité se sont prononcés en faveur de ce texte d’inspiration britannique. Initialement prévu mardi, le vote avait été reporté d’une journée pour que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis tentent de convaincre la Russie de ne pas faire usage de son veto. Vitali Tchourkine, représentant permanent de Moscou à l’Onu, a jugé le projet « non constructif, conflictuel et politiquement orienté ». « La responsabilité est globalement imputée à un peuple », a-t-il déploré. « Notre vote (...) ne signifie toutefois pas que nous restons sourds aux souffrances des victimes de Srebrenica et d’autres lieux de Bosnie-Herzégovine ». Récusant le terme de génocide, la délégation russe proposait de le remplacer par « crimes les plus graves aux yeux de la communau- té internationale ». Selon le Tribunal pénal interna- tional pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), le massacre de 8 000 musulmans par les forces bosno-serbes en juil- let 1995 à Srebrenica relève bien du génocide. « Un génocide a eu lieu à Srebreni- ca. C’est un fait reconnu par la jus- tice, pas un jugement politique. Sur ce point, il n’y a pas à faire de compromis », s’est indigné Peter Wilson, numéro deux de la délégation britannique à l’Onu. L’ambassadrice des Etats-Unis Samantha Power a quant à elle jugé le veto russe « déchirant » pour les familles des victimes et a parlé d’une « nouvelle tâche » dans les annales du Conseil. Le projet a suscité la colère de Bel- grade et des Serbes de Bosnie qui ont adressé une lettre de protesta- tion à l’Onu. Les autorités serbes reconnais- sent qu’un « crime grave » a été commis mais refusent elles aussi le terme de génocide. Le désaccord sur ce projet de réso- lution a créé une atmosphère de défiance en Bosnie où le 20e anni- versaire du massacre sera célé- bré samedi dans le cadre d’une cérémonie au cours de laquelle 136 corps récemment identifiés seront inhumés dans le cimetière de Srebrenica, où reposent déjà 6 241 victimes. Pour le président de la République serbe de Bosnie, Milorad Dodik, l’adoption de la résolution aurait entraîné « la désintégration de la Bosnie ». Le président serbe, Tomislav Nikolic, a quant à lui écrit à la reine Elizabeth pour lui demander de convaincre le gouvernement de David Cameron de renoncer à son idée. Le mois dernier, le Premier minis- tre serbe, Aleksandar Vucic, avait annoncé son intention d’assister aux cérémonies à Srebrenica afin de « rendre hommage aux victimes musulmanes et bosniaques ». Il a ensuite précisé que sa venue dépendrait de l’adoption ou non de la résolution à l’Onu. La Russie met son veto à l'Onu à une résolution sur SrebrenicaSources : Onu Mémorial à la mémoire des victimes de Srebrenica, devant le cimetière abritant les restes de 6.000 persones. La Russie a opposé mercredi son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’Onu présentant le massacre de Srebrenica, en Bosnie, comme un génocide, un texte soumis à l’occasion du 20e anniversaire de l’événement. / Photo: prise le 20 juin 2015 / REUTERS / Dado Ruvic moins Silvio Berlusconi condamné à trois ans de prisonSources : Reuters L ’ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a été condamné mercredi par la jus- tice italienne à une peine de trois ans de prison. Pour avoir acheté en 2006 la voix d’un sénateur afin de faire tomber le gouvernement de centre gauche, alors dirigé par Romano Prodi. Le « Cavaliere », qui se dit innocent, n’aura toutefois pas à effectuer cette peine puisque les faits qui lui sont reprochés seront prescrits avant un futur jugement en appel. Le tribunal de Naples, qui jugeait cette affaire, lui a en outre interdit d’occuper des fonc- tions officielles pour une durée de cinq ans. L’ancien chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a été condamné mercredi par la justice italienne à une peine gauche, alors dirigé par Romano Prodi. Le « Cavaliere », qui se dit innocent, n’aura toutefois pas à effectuer cette peine puisque les faits qui lui sont reprochés seront prescrits avant un futur jugement en appel. / Photo d’archives/REUTERS
  • 9. JEUDI 9 JUILLET 2015 N0 35 | 9 MONDE L es rebelles des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ont annoncé mercredi qu’ils étaient prêts à lancer un appel en faveur d’une trêve unilatérale d’un mois à compter du 20 juillet, une initiative susceptible de relancer les pourparlers de paix dont la poursuite est menacée par l’intensification de la violence observée ces derniers mois. « Nous annonçons que nous sommes disposés à donner pour ordre de respecter un cessez-le-feu d’un mois à compter du 20 juillet. Avec cette initiative, nous sou- haitons créer des conditions favo- rables pour progresser avec l’autre partie vers un cessez-le-feu bilatéral définitif », a déclaré Iván Márquez, chef de file des Farc. Le conflit le plus long d’Amérique latine a fait 220.000 morts et des millions de déplacés depuis 1964. Les pourparlers de La Havane, qui ont débuté en novembre 2012, ont produit des résultats encourageants, les plus importants jamais engrangés lors de négociations de paix entre les Farc et l’Etat colombien. Mais les violences se sont intensifiées ces derniers temps, notamment depuis une embuscade rebelle qui a coûté la vie à dix militaires en avril et qui a conduit le président Juan Manuel Santos à ordonner une reprise des bombardements aériens contre la rébellion, qu’il avait suspendus un mois plus tôt en gage de bonne volonté. Depuis le début des pourparlers, Bogota et les Farc ont réglé plusieurs points importants, sur la réforme agraire, l’avenir politique des Farc et la fin du trafic de drogue. Deux dossiers sont en suspens, l’indemnisation des victimes et la démobilisation des Farc. Juan Manuel Santos, qui a dit vouloir conclure un accord de paix dans l’année, n’a donné aucun signe laissant penser qu’il était prêt à ordonner à son tour un cessez-le- feu. « Nous apprécions le geste des Farc (...) mais il faut que davantage soit fait, des gestes concrets notamment, pour accélérer les négociations », a-t-il dit sur son compte Twitter. aux négociations de paix en cours à La Havane. Photo: prise le 20 avril 2015 / REUTERS Les Farc proposent un nouveau cessez-le-feu d'un moisSources : Reuters Le nombre de demandeurs d'asile dans l'UE a bondi de 68 % en 2015 sources : AFP L e nombre de demandeurs d’asile dans les pays de l’Union européenne a fait un bond de 68 % au cours des cinq pre- miers mois de l’année par rapport à la même période en 2014, a annoncé mercredi l’organisme de l’Union euro- péenne chargé de la question. L’EASO (European asylum support office ou Bureau européen d’appui en matière d’asile) n’a toutefois pas donné de chiffres détaillés sur le nombre de migrants qui sont entrés sur le territoire européen durant la période qui court de jan- vier à mai. La semaine dernière, le Haut-com- missariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) avait avancé le chiffre de 137 000 réfugiés et migrants arrivés en Europe par la mer au cours du premier semestre, en majorité en Italie et en Grèce. Selon l’EASO, l’année 2014 a déjà représenté un record du nombre d’arrivées, avec plus de 660 000 demandeurs d’asile arrivés sur le territoire des Vingt-Huit ainsi qu’en Suisse et en Norvège. L’augmentation des flux migra- toires en direction de l’Europe, qui s’explique en partie par le conflit en Syrie, a poussé les gou- vernements de l’UE à chercher des réponses. Les ministres des Vingt- Huit chargés du dossier doivent se retrouver jeudi à Luxembourg afin de définir les contours d’une poli- tique d’accueil de ces migrants et de réfléchir aux moyens de les dis- suader d’entreprendre la traversée périlleuse de la Méditerranée. Migrants dans le port de Catane, en Sicile. Le nombre de demandeurs d’asile dans les pays de l’Union européenne a fait un bond de 68% au cours des cinq premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2014. / Photo : prise le 30 juin 2015 / REUTERS / Antonio Parrinello COLOMBIE
  • 10. 10 | N0 35 JEUDI 9 JUILLET 2015 ÉCONOMIE Le tourisme, un secteur porteur pour favoriser le développement économique ?Par Therno N. A. Senelus En 2014, Haïti a reçu plus d’un million de visiteurs (1 127 577 pour être plus précis), dont 662 403 croisiéristes et 465 174 touristes de séjour, ce qui supposerait une croissance de 10,8 % par rapport à 2013. J adis,l’hébergementdestouristes en Haïti était limité à quelques guest-house au confort limité et à des hôtels de grand luxe qui pouvaient être assimilés à des pal- aces. Aujourd’hui, l’offre en matière d’hébergement touristique est très diversifiée. La multiplicité des types d’hébergement et les nouveaux tarifs en vigueur témoignent de l’évolution de la situation, même si on est encore loin de la flambée des années soixante et soixante-dix. En ce premier semestre de 2015, les responsables du ministère du Tourisme et des industries créatives (MTIC) auront bien du mal à estimer avec plus ou moins d’exactitude le nombre d’établissements d’hébergement touristique, de chambres disponibles et encore moins le nombre de croisiéristes fréquentant annuellement le pays. Il semblerait toutefois qu’en 2014 Haïti a reçu plus d’un million de visiteurs (1 127 577 pour être plus précis), dont 662 403 croisiéristes et 465 174 touristes de séjour, ce qui supposerait une croissance de 10 8 % par rapport à 2013. Séjourner en Haïti Les frais d’hébergement varient de 196 à 150 $ US par nuit si l’on tient compte du tarif affiché dans les cinq plus importants hôtels localisés dans le département de l’Ouest : 196 $ US à Best Western, 150 $ US à Royal Oasis, 187 $ US à NH El Rancho, 174 $ US à l’Hôtel Karibe et 179 $ US à Mariott. De mars à juin 2014, une cam- pagne de classification des établissements d’hébergement a touché les départements de l’Ouest, du Nord, du Sud, du Sud- Est, du Centre, de l’Artibonite et des Nippes. Cent soixante-dix-sept établissements furent répertoriés et classés sur un total de 525 immeubles visités. A partir de cette nouvelle évalua- tion, les établissements hôteliers en Haïti sont désormais classés en fonction des critères distinctifs, les étoiles chez nous - pour faire original - étant remplacées par des hibiscus. Cinq hôtels seulement, représentant à peine 1 % de l’offre total de chambres d’hôtels en Haïti (soit 441 chambres), ont eu droit au classement de cinq hibiscus, l’équivalent de cinq étoiles. Sept autres de quatre hibiscus viennent en seconde position pour un total de 380 chambres, et 52 autres - 10 % de l’offre totale - ont mérité un classement de trois hibiscus pour un total de 1 743 chambres. Un taux moyen d’occupation de 50 % Dans l’objectif de promouvoir et d’encourager les investissements privés dans le secteur touristique haïtien, le MTIC a réalisé un ensemble d’activités visant à aug- menter le nombre de chambres de standard international disponibles dans le pays, dans une perspec- tive d’amélioration de la capacité d’accueil de l’industrie touristique pour un hébergement de qualité. Un inventaire de la Direction des investissements du MTIC révèle que pour la période d’octobre 2010 à septembre 2014, la Com- mission interministérielle des investissements a agréé 41 pro- jets d’investissements, soit 34 établissements d’hébergement touristiques, 4 projets de transport touristique, 1 projet de complexe touristique et 2 autres projets tour- istiques. Pour une offre totale de 2 180 chambres et 3 appartements con- struits ou en cours de construc- tion. En 2014, la capacité hôtelière d’Haïti a été partiellement évaluée à 9 490 chambres offertes par 525 établissements hôteliers évalués sous le label « hibiscus ». Cinq mille trente-six chambres sont classées à partir des critères de qualité établis par le MTIC en consultation avec les associations d’opérateurs. Au niveau national, le taux moyen d’occupation du sous-secteur est estimé à 50 %. Création de 14 000 emplois Le montant total d’investissements pour la réalisation de ces 41 pro- jets touristiques est estimé à envi- ron 345 millions de dollars améri- cains (345 423 867 $ US) pour 13 700 emplois créés dont 3 425 emplois directs et 10 275 emplois indirects. Parmi les 3 425 emplois directs prévus, 2 785 devraient être créés dans l’Ouest, 352 dans le Sud et le Sud-Est et 288 dans le département du Nord. Sur un total de 2 180 chambres, 1 742 devraient être construites dans l’Ouest, 257 dans le Nord et 181 dans le Sud et le Sud-Est. Si la tendance se confirme que si toutes les prévisions se concrétisent, le parc hôtelier haïtien atteindra, dans les trois prochaines années, un nombre total de 13 265 chambres. Le directeur des investissements du MTIC, Ulrick Emmanuel Noël, est convaincu que « les inves- tissements publics tendent à viabiliser les investissements privés », précisant que le gou- vernement haïtien a consenti d’importants investissements en termes d’aménagement de sites touristiques et de renforcement de certaines infrastructures de base. « Près d’une dizaine de sites tour- istiques ont été aménagés dans les régions touristiques priori- taires du pays comme Choiseuil, Saut-Mathurine, Observatoire de Boutilliers, Raymond-les-Bains, Bassin-Bleu et Saut-d’Eau ». Il a par ailleurs précisé que le gou- vernement haïtien a initié, con- jointement avec des partenaires du secteur privé, un programme de professionnalisation et de renforcement du transport tour- istique visant à doter les chauf- feurs de taxis touristiques d’une centaine de véhicules neufs. Le tourisme a été identifié par l’administration Martelly comme l’un des secteurs prioritaires sus- ceptibles de générer la croissance économique et de créer des emplois durables dans le pays. Comme secteur porteur, le tourisme pourrait-il soutenir la croissance économique, contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté et au développement socioéconomique de la population ? HAÏTI /EMPLOISDURABLES Les établissements hôteliers en Haïti sont désormais classés en fonction de critères distinctifs.
  • 11. JEUDI 9 JUILLET 2015 N0 35 | 11 ÉCONOMIE Tourisme : estimation des emplois directs et indirects, quelle méthodologie ?Source : Insee* ACTIVITÉÉCONOMIQUE L e tourisme correspond à un déplacement géographique de la consommation de certaines personnes, depuis le lieu de leur résidence principale vers le lieu où elles ont décidé de passer au moins une nuit pour un motif de loisirs, de santé ou professionnel. Traditionnel- lement, l’emploi touristique est suivi à travers les activités dites caractéri- stiques du tourisme. La méthodologie d’estimation Selon la définition de l’Organisation mondiale du tourisme, il s’agit des activités dont une partie de l’output principal est constituée de produits qui, dans la plupart des pays, cesseraient d’exister en quantité significative en l’absence de tourisme. Les principales activi- tés sont l’hôtellerie et les autres formes d’hébergement, la restau- ration et les cafés, les téléphéri- ques et remontées mécaniques, les agences de voyages et le trans- port de voyageurs. Cette défini- tion, utilisée par la direction du Tourisme pour l’élaboration des comptes du tourisme, permet les comparaisons internationales et le suivi conjoncturel. La nouvelle méthode d’estimation des emplois salariés liés au tour- isme, mise au point par l’Insee, repose sur un principe différent. Elle n’est pas comparable avec celle qui avait été utilisée en 2001 et 2004. Afin de mieux rendre compte des impacts territoriaux, un établissement peut être quali- fié de touristique, et son emploi alors comptabilisé en touristique, en fonction du caractère plus ou moins touristique de son activité et du niveau d’équipement touris- tique de la commune. En fonction de ces deux critères (activité et localisation de l’établissement), des règles de décision permettent de déter- miner quelle part de l’emploi de l’établissement (de tout l’emploi à aucun emploi) sera considérée comme liée au tourisme (cf. tab- leau). Pour permettre des compara- isons géographiques pertinentes, les activités en lien avec le tour- isme mais pas avec la fréquenta- tion touristique du territoire analy- sé sont exclues (agences de voy- ages pour des séjours à l’étranger ou fabrication de caravanes par exemple). Par ailleurs, les emplois induits ne sont pas comptabilisés dans cette évaluation. Ainsi, l’ouverture d’un commerce de détail saisonnier est prise en compte mais ce dernier induit des emplois dans le com- merce de gros qui, eux, ne sont pas retenus. Les emplois liés à la consommation tirée des revenus des employés de ce commerce ne sont également pas pris en compte. La méthode repose sur l’exploitation des DADS (Décla- rations Annuelles de Données Sociales) de 2003 que doit rem- plir toute entreprise employant des salariés. Elles couvrent toutes les catégories de salariés, pour tous les établissements et pour toutes les activités économiques à l’exception de l’agriculture, des services domestiques et des ser- vices de l’État. Le fichier DADS permet de connaître le niveau de l’emploi salarié par activité pour chaque jour de l’année. Les carac- téristiques des salariés par genre, âge et type d’emploi sont celles de ceux employés dans les activités 100 % et fortement touristiques. Les limites de la méthode La méthode utilisée ici permet de dénombrer les emplois salariés liés à la fréquentation touristique. Ce dénombrement n’est donc pas exhaustif. L’activité touristique génère également une part importante d’emplois non-salariés. Ces emplois sont exercés dans les activités d’hébergement, la restauration, les commerces d’alimentation… sous la forme de travailleurs indépendants, d’employeurs ou d’aides familiaux. L’emploi non salarié peut également recouvrir des activités secondaires. En Bretagne, la gestion des 9 000 locations meublées labellisées et des 3 000 chambres d’hôtes label- lisées fait souvent l’objet d’une activité annexe, rarement salariée et donc non incluse dans notre étude. Outre l’emploi non salarié, une part de l’emploi salarié lié au tourisme n’a pu être prise en compte dans cette étude, de par la source et la méthode utilisée. L’emploi dans les campings munic- ipaux est également légèrement sous-estimé : ceux-ci n’ayant sou- vent pas d’identification propre, ils sont assimilés aux mairies et donc exclus des activités touristiques. En 1997, l’emploi salarié direct lié à la fréquentation touristique en Bretagne avait été estimé à environ 20 000. Dans la présente étude, on obtient donc 24 000 emplois tour- istiques en plus. Deux causes expli- quent cet écart. Premièrement, l’emploi salarié dans les hôtels, cafés, restaurants a progressé : + 6 000 emplois entre 1997 et 2003 (source : estimations d’emplois). Deuxièmement, il y a des écarts liés aux différences de méthode d’estimation, des différences sur la typologie des communes, des différences dans la typologie des activités, des différences dans le calcul de la part de l’emploi per- manent. *Source : Institut national de la statistique et des études économiques Insee Les emplois du tourisme peuvent être directs ou indirects. On considèrera comme emplois directs l’ensemble des emplois exercés dans des établissements fournissant directement, à titre marchand ou non, des biens et des services aux touristes. Comment les estimer ? La nouvelle méthode d’estimation des emplois salariés liés au tourisme, mise au point par l’Insee, repose sur un principe différent.
  • 12. 12 | N0 35 JEUDI 9 JUILLET 2015 ÉCONOMIE L'Europe se fixe une "ultime date butoir" pour décider du sort de la GrèceSource : Le Monde / AFP L'Amérique latine salue le Non du peuple grec Source : Lemonde.fr Deux jours après le non du référendum grec, l’Europe a décidé de fixer une « date butoir finale » pour résoudre la crise qui touche la Grèce, asphyxiée financièrement. Plusieurs dirigeants d’Amérique latine, dont la présidente argentine Cristina Kirchner et son homologue cubain Raúl Castro, ont félicité le peuple grec pour avoir rejeté massivement le plan des créanciers d’Athènes et ses nouvelles mesures d’austérité. L e président du conseil italien, Matteo Renzi, a annoncé mardi soir tard, à la sortie du dîner des dirigeants de la zone euro, la tenue dimanche 12 juillet d’un nouveau sommet réunissant cette fois les 28 dirigeants européens, et non plus ceux de la zone euro seulement. « J’espère que cela sera notre dernière rencontre sur la Grèce. J’espère que nouspourronstrouveruneconclusion heureuse », a expliqué le dirigeant italien à la presse. Athènes va en effet solliciter un troisième plan d’aide en échange de contreparties dont on ne con- nait pas encore le contour exact. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a dit mardi soir espérer une « sortie finale de la crise », en trouvant « un accord sociale- ment juste et économiquement viable ». Athènes devra présenter ses mesures jeudi. Deux scénarios seront ensuite sur la table dimanche, selon le prési- dent de la Commission europée- nne, Jean-Claude Juncker : • Les mesures sont jugées suffisamment sérieuses par les partenaires européens et, dans ce cas, une aide est débloquée pour la Grèce, probablement sous forme d’un prêt à court-terme dans un premier temps pour assurer la réouverture des banques grecques, puis sous forme d’un plan du Mécanisme européen de stabilité. • Les mesures ne sont pas considérées suffisantes, et sera pris la décision d’un« Grexit », c’est-à-dire une sortie de la Grèce de la zone euro, a affirmé Jean- Claude Juncker. Dans ce cas, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a assuré que des mesures humanitaires en faveur du peuple grec seraient prises. Pour aider à la réflexion, un premier rendez-vous sera organisé dès samedi avec un Eurogroupe, c’est-à-dire une réunion des ministres de la zone euro. Ceux- ci pourront statuer sur le « sérieux et la crédibilité » des propositions grecques demandées à l’unisson par ses partenaires européens. Si les sommets « de la dernière chance » se sont multipliés ces dernières semaines sur le dossier grec, le rendez-vous de dimanche sonne cette fois plus déterminant. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a eu ainsi des mots très solennels : « La réalité brutale, c’est que nous n’avons plus que cinq jours pour trouver un accord final. J’ai jusqu’à présent éviter de parler de date butoir, mais ce soir, je dois le dire haut et fort, la date butoir est pour cette fin de semaine. Nous sommes tous responsables de cette crise et nous avons tous le devoir de la résoudre. » Reste à savoir ce qu’Athènes va mettre sur la table pour obtenir l’aval de ses créanciers. La question d’une décôte de la dette grecque va s’avérer centrale, la chancelière Angela Merkel ayant répété mardi soir son opposition franche à tout effacement de la valeur nominale de la dette. Alexis Tsipras avait pour sa part dit la semaine passée son intention d’obtenir « une décote de 30 % » de la dette grecque. Une demande qui fait sens alors que de plus en plus d’économistes, mais aussi le Fonds monétaire international (FMI), estiment déraisonnable de penser que la Grèce parviendra un jour à rembourser un montant colossal de 322 milliards d’euros (soit 177 % du produit intérieur brut du pays) tout en renouant avec la croissance. De son côté, le président français François Hollande a confirmé au sortir de la réunion avec les chefs d’Etat que la Banque centrale européenne (BCE) assurera la liquidité minimale à la Grèce jusqu’à ce que les membres de la zone euro se prononcent sur un projet d’accord ce weekend. Mais avant même cette mise par écrit des contreparties grecques, le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a présenté dès mardi après-midi à la chancelière allemande, Angela Merkel, au président français, François Hollande, et au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, une note contenant les propositions d’Athènes. Selon nos informations, il s’agirait d’une version adaptée des dernières réformes proposées par la Commission européenne, rejetées par Athènes. Alexis Tsipras interviendrait mercredi devant le Parlement européen. « Grèce: victoire totale de la démocratie et de la dignité», a écrit Mme Kirchner dans un message sur Facebook, exprimant «au nom du peuple et du gouvernement argentins toute sa soli- darité au valeureux peuple grec et à ses dirigeants». «Le peuple grec a dit NON aux conditions impossibles et humiliantes qu’on prétend lui impos- er pour la restructuration de sa dette extérieure», a écrit la présidente. «Nous, les Argentins, nous savons de quoi il retourne. Espérons que l’Europe et ses dirigeants comprendront le message des urnes. On ne peut exiger de personne qu’il signe son propre acte de décès», a ajouté Mme Kirchner. L’Argentine avait déclaré en 2001 le plus gros défaut de paiement de l’Histoire, d’un montant de près de 100 milliards de dollars, au moment où elle vivait une crise économique, sociale et politique sans précédent. Quatorze ans plus tard, le pays a réussi à renégocier 93 % de sa dette avec ses créanciers privés, mais il est confronté par l’entremise de la justice américaine à une demande de remboursements de fonds spéculatifs, les «fonds vautours», pour un montant de près de 8 milliards de dollars. Sur le front de la dette publique, Buenos Aires a remboursé tout ou une partie de ses obligations, vis-à-vis de la Banque mondiale et du FMI, et signé l’an dernier un accord avec le Club de Paris, fixant un échéancier qu’il a jusqu’ici respecté. Pour sa part, le président cubain Raúl Castro a également félicité le premier ministre grec Alexis Tsipras, a rapporté lundi le quotidien officiel Granma. «J’adresse mes sincères félicitations pour la victoire du Non au référendum grec», a-t-il dit. «Ce résultat montre que la majorité du peuple grec soutient la politique courageuse du gouvernement que vous dirigez», a-t-il ajouté. De son côté, le président bolivien Evo Morales s’est également félicité de la victoire du non et a estimé qu’elle constituait une défaite pour «l’impérialisme européen». «Je félicite le grand peuple grec pour le triomphe du “non-paiement” de la dette, qui constitue une déroute infligée à l’impérialisme européen», a déclaré le président bolivien, cité par l’agence de presse ABI. Le résultat du référendum « est le début de la libération du peuple européen», a ajouté M. Morales, qui a exprimé «son respect et son admiration pour le peuple grec». Reste à savoir ce qu’Athènes va mettre sur la table pour obtenir l’aval de ses créanciers / or-argent.eu
  • 13. JEUDI 9 JUILLET 2015 N0 35 | 13
  • 14. 14 | N0 35 JEUDI 9 JUILLET 2015 JUSTICE L eTribunaldepremièreinstance (TPI) de Port-au-Prince s’est transporté, le mardi 7 juillet 2015, dans au moins deux centres de détention de la région métropolitaine pour y tenir des audi- ences correctionnelles et des Assises criminelles sans assistance de jury. Le commissaire du gouvernement de ce ressort, Me. Clamé-Ocnam Daméus qui se félicite d’une telle initiative, rappelle qu’il s’agit pour lui de lutter contre la détention préventive pro- longée. C’est une grande première dans l’histoire du pays, que de per- mettre à des détenus longtemps en attente de jugement de pouvoir passer devant leur juge naturel dans des salles d’audiences emmé- nagées dans le bâtiment de la prison. Cela permet, dit-il, un traitement plus célère des dos- siers. La prison civile de Pétion-Ville et le Centre de rééducation des mineurs en conflit avec la loi (Cermicol) à Delmas ont reçu, mardi, des audi- ences spéciales du TPI de Port-au- Prince. Juges, substituts commis- saires du gouvernement, greffiers et huissiers se sont rendus dans les locaux de ces centres pour tenir des jugements permettant d’évacuer des dossiers longtemps en attente. « C’est le début d’une pratique qui va durer. Cela nous permet de répertorier plus facilement des cas urgents et aussi de traiter plus rap- idement, en une journée, un grand nombre de dossiers », explique en substance le chef du parquet près le TPI de Port-au-Prince, Me. Clamé- Ocnam Daméus. Au moins deux salles d’audience ont été emménagées dans les locaux de la prison des femmes à Pétion- Ville avec le support de l’ambassade américaine en Haïti. Au total trois dossiers ont été entendus au cours de la première journée des audienc- es spéciales à Pétion-Ville. Le tribu- nal présidé par le juge Hermon Con- stant assisté de Me. Abner Emile comme représentant du Ministère public a procédé à la libération de deux femmes détenues. Une femme détenue pour complic- ité d’enlèvement et qui attendait d’être jugée depuis son arrestation en 2013, a pu être fixée sur son sort. Elle a été condamnée à cinq ans d’emprisonnement ce qui, avec le bénéficie de la loi Lespinasse, pourra lui permettre de quitter la prison dans encore trois ans. Le juge a prononcé son jugement le jour même de l’audience et le par- quet de Port-au-Prince promet de jouer, sans tarder, sa partition, en ce qui a trait à l’exécution dudit jugement. Le chef du parquet de Port-au- Prince dit avoir le soutien indis- pensable du barreau de Port-au- Prince dans cette démarche. Cela lui permet d’informer préalable- ment les avocats des détenus de la tenue des séances de jugement dans l’enceinte de la prison, afin de se présenter pour assurer leur défense. Aussi dit-t-il, les parents des déte- nus ont accès à la salle d’audience à l’intérieur de la prison, conformé- ment aux exigences de la loi en ce qui a trait au caractère public du jugement. Il se félicite, par ailleurs, de l’implication dans le processus, des différents bureaux d’assistance légale, en vue de permettre aux détenus démunis de trouver gra- tuitement les services d’un avocat pour assurer leur défense. Me. Daméus annonce que ces audiences spéciales vont se pour- suivre dans les différents centres de détention de sa juridiction, ce, dans le cadre de l’opération « coup de poing » lancée par le ministre de la Justice, Me. Pierre-Richard Casimir. Rappelons que la phase III du programme d’assistance légale est entamée depuis le 25 juin 2015. Ce programme supporté par la Minus- tah et conjointement mené par le ministère de la Justice et le barreau de Port-au-Prince, permet à des jus- ticiables démunis, d’obtenir gratu- itement l’assistance d’un avocat, particulièrement dans les cas des personnes en détention. Les encadreurs et assistants légaux offrent aussi des consultations juridiques, sans représentation au tribunal, en matière civile, commer- ciale et de droit du travail. Lors de la cérémonie de lancement de la phase III de ce programme, le bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, avait plaidé en faveur d’une loi sur l’assistance légale en Haïti. Entre autres avan- tages, cette loi devrait permettre aux justiciables de trouver une aide juridique complète en toutes matières. Le TPI de Port-au-Prince organise des audiences spéciales dans les prisonspar Eddy Laguerre L e Centre de rééducation des mineurs en conflit avec la loi (Cermicol), logé à Delmas 33, est l’un des rares centres en Haïti, destiné à la rééducation et la réinsertion des enfants ayant commis des infractions. Beaucoup de mineu- rs en conflit avec la loi, gardés dans d’autres villes du pays, le sont parfois dans des conditions qui s’apparent clairement à une prison, ce qui est contraire aux conventions internatio- nales relatives aux droits de l’enfant. Le Cermicol dont l’existence est un progrès du régime pénitenti- aire haïtien, connaît des manque- ments et des besoins susceptibles d’entraver sa mission. Logé dans un bâtiment contigu au commissariat de Delmas 33, le Cermicol comptait jusqu’au début de ce mois de juillet 2015, 154 mineurs en conflit avec la loi, repar- tis dans six cellules, dont l’une est dysfonctionnelle depuis quelque temps. Le centre de Delmas reçoit uniquement des garçons, alors que les filles mineures sont placées à Pétion-Ville. Loin de se contenter de faire purger une peine de prison aux mineurs qu’il reçoit, le centre a pour mis- sion principale la formation, la rééducation et la réhabilitation des enfants ayant contrevenir à la loi. Les enfants qui y sont placés sont généralement âgés de 12 à 18 ans. La majorité des mineurs placés au Cermicol sont accusés de viol. On rencontre aussi d’autres infractions telles : voies de fait, vol à mains armées ou même des larcins. Le centre dispose d’une biblio- thèque garnie essentiellement de livres jeunesse, grâce au support de l’organisation « bibliothèque sans frontières ». Une école fonda- mentale fonctionne à l’intérieur du Cermicol et offre des cours jusqu’à la 9ème année fondamentale. A en croire les responsables du centre, l’école fondamentale du Cermicol a déjà enregistré parmi ses élèves, des lauréats aux exam- ens officiels. L’école compte au total 25 professeurs qui offrent des cours à la fois à Delmas et à Pétion-Ville. Cependant, le fonctionnement de cette école a été largement perturbé au cours de l’année académique écoulée (2013-2014). Les élèves ont perdu cette année en raison de la grève entamée par les profes- seurs réclamant leurs salaires. Pour la nouvelle année académique, le Cermicol espère, avec le soutien du Ministère de la Justice, repren- dre ses cours au profit des mineurs placés dans le centre. En plus de l’école fondamentale qui fonctionne dans la matinée, le Cer- micol bénéficie aussi d’un projet de formation dans les prisons, mené par la Minustah. Ces formations tenues dans l’après-midi, per- mettent aux enfants d’apprendre des petits métiers, comme la cor- donnerie, la couture, la plomberie, etc. Les responsables du Cermicol qui disposent de travailleurs sociaux, souhaitent avoir au moins deux psychologues à la disposition des mineurs. Les mineurs reçus à Delmas relèvent soit de la juridiction tri- bunal de première instance de Port-au-Prince, soit de celle de la Croix-des-Bouquets. Tous les mineurs entrent au Cermicol avec un mandat de dépôt émis par un magistrat, à en croire les respon- sables du Centre. Près de 90% de ces mineurs n’ont pas encore eu un jugement définitif. La majorité d’entre eux sont donc en situation de détention préven- tive. Sur les 154 mineurs qui se trouvent au Cermicol jusqu’à début juillet, 33 dépendaient de la juridic- tion de la Croix des Bouquets. Notons que la juridiction de Port- au-Prince dispose d’un tribunal pour enfants doté de trois juges d’instruction. Au parquet de Port- au-Prince, au moins un substitut commissaire du gouvernement s’occupe essentiellement des dos- siers relatifs aux mineurs. La justice des mineurs tarde encore à s’étendre convenablement dans toutes les juridictions du pays. Même si les autres tribunaux de première instance tiennent des audiences pour enfants, aucun tri- bunal spécial ni juge spécialisé ne s’occupe des dossiers relatifs aux mineurs. Le Cermicol dont les responsables veulent se lancer vers de nouveaux défis, bénéficie du soutien et de la collaboration de plusieurs parte- naires tels l’Institut du bien-être social, la Minustah et l’Unicef . Le Cermicol : entre progrès et défispar Eddy Laguerre
  • 15. JEUDI 9 JUILLET 2015 N0 35 | 15 SOCIÉTÉ N ous autres Haïtiens, nous avons des mœurs assez intéressantes. Le monde nous voit comme un peuple courageux et combattant, mais il semble n’avoir jamais eu un avant-goût de notre côté comédien. Ou peut-être que nous n’en sommes, nous-mêmes, pas conscients. Pourtant cela va de notre manière de parler, passant par notre façon de nous habiller jusqu’à chacune de nos pensées. Et l’une de nos qualités qui permet de mettre cela en exergue réside dans notre discrétion absolue. De ce fait, ce n’est que le fantôme du mot « zen » qui existe dans nos dictionnaires. Nous nous mêlons toujours de ce qui nous regarde et ceci exclusivement. La preuve, si jamais quelque chose arrive chez vous en toute intimité, quoi de plus normal si l’histoire finit au marché, dans la bouche de chaque marchande de poisson ? En deux tempstrois mouvements, toute la ville est au courant et vous ne le saurez pas forcément. Cela ne sera la faute que d’une seule compagnie de communication : « Radio Dyòl » en toute beauté ! Je vous dis cela en bon Haïtienne mais les affaires des autres… ça ne me regarde pas ! Prenez par exemple le niveau révoltant d’analphabètes qui vont voter. Avez-vous remarqué que même si une bonne partie de la population n’arrive pas à mettre les « jé » devant les « suis », nos dirigeants sont assez lettrés pour conjuguer les verbes magouiller et piller à tous les temps de l’indicatif ? Dieu soit loué ! C’est tout aussi pareil pour le niveau du chômage. Nous nous plaignons du manque de travail à longueur de journée. N’est-ce pas un travail à plein temps, le support que nous apportons constamment à la médiocrité ? Nous devrions nous en féliciter ! Autrement nous n’aurions jamais eu droit à un concert live du prince Chris Brown accompagné du beau gosse Lil Wayne saupoudré à la sauce « exhibition du président de la République en personne ». Nous sommes si privilégiés d’avoir un président qui pense à nous divertir de façon à nous départir des sujets de stress quotidien. Dommage qu’il n’y ait pas un clown sur la liste actuelle de ceux qui font la queue pour les prochaines élections. On devrait en faire la condition sine qua non pour arriver au pouvoir. D’ailleurs, nous en aurions besoin avec la situation de nos frères qui va de mal en pis en République dominicaine ! Mais qu’en sais-je ? C’était juste une suggestion comme une autre, mais les affaires des autres… ça ne me regarde pas ! Chaque Haïtien rêve du grand jour où le pays ne portera plus de béquilles. C’est un désir très légitime, nous sommes tous d’accord sur ce point. Après tout, les rêves ne sont qu’un zapping continuel. Cependant, dès que la pluie tombe, c’est jour férié pour tout le monde. Ils sont rares, les écoles et autres établissements de même importance qui, malgré les cordes, persistent à vouloir fonctionner. S’il pleuvait tous les jours, ce serait assurément pour bientôt le jour du progrès ! Lors des actuels jours fériés, qu’est-ce qui arrive ? Les banques ferment leurs portes : congé national, vous n’aurez pas besoin d’argent aujourd’hui. Autant ne pas manger et pendant que vous y êtes, arrêtez de respirer aussi (ce serait trop de travail pour vous) : C’EST CONGÉ NATIONAL ! Les hôpitaux et les cliniques publics ? Nous en reparlerons dans un siècle, lorsqu’ils seront dignes du nom qu’ils portent ! En attendant, passons en vue « l’abcès sur le clou » : l’église ! « Tous les produits qui se vendent comme des pâtés chauds sont d’ordre satanique !... Et puis les parents, c’est quoi cette histoire que vos enfants fréquentent une assemblée religieuse différente de la vôtre ? Vous pouvez payer les écolages grâce à la bénédiction divine donc vous devez exiger que les enfants vous suivent à l’église. S’il doit en être autrement, qu’ils pourvoient à leurs besoins de leurs propres moyens ! » Amen, pasteur ! C’est très malin de jouer sur l’ignorance du peuple ! Je vous posais simplement quelques questions en toute discrétion mais moi les affaires des autres… ça ne me regarde pas ! Ça ne me regarde pas ! par Edna Blaise P étion-Ville, 7 h 00 du matin. La foule de demandeurs de visas est déjà nombreuse à l’entrée du consulat brésil- ien, à l’angle des rues Clerveaux et Darguin. Elle est très remuante et plutôt bruyante. Malgré la présence des agents de sécurité, la police est appelée en renfort. Certains sont là depuis cinq heures du matin. Ils viennent de partout. Ils sont pour la plupart âgés entre 18 et 40 ans. La force vive d’Haïti qui fait la queue ici tous les matins dans l’espoir de fuir le pays. Tous ceux à qui nous avons pu parler ont évoqué le chômage comme leur principal motif d’évasion. Nadia a 19 ans, elle vient des Gonaïves et veut à tout prix partir dans l’espoir de trouver un emploi. Cependant elle n’a pas encore ter- miné ses études classiques. « Haa ! M vin pran chans mwen. » Julien, lui, a 39 ans, il vient de Saint-Louis du Sud. Contremaître, père d’une fille de six ans et demi, il vit avec sa femme et sa mère. «Trouver un travail en Haïti devient de plus en plus difficile », se désole-t-il. Il dit ne pas avoir peur d’affronter l’inconnu. Il a un ami déjà émigré qui lui a dit : « Pito w la tan w pa la. Se pa paradi, men w ap jwenn travay, menm si se pa toulè jou. » Ce témoignage bien peu rassurant a suffi pour le convaincre de tenter lui aussi sa chance. Pierre-André a d’abord vécu illégalement aux Bahamas durant six mois puis a été refoulé dans son pays. Il est ensuite parti vers Répub- lique dominicaine où il a vécu durant quatre ans. Cela fait trois semaines qu’il a quitté la Répub- lique voisine. Il avoue n’avoir pas été personnellement l’objet de persécutions, mais qu’il a choisi de revenir après avoir été témoin des mauvais traitements réservés à ses compatriotes. Pierre-André parle l’espagnol et un peu d’anglais, il est plombier, mécanicien et peintre. Il aurait pu vivre en Haïti, s’il avait trouvé du travail. Il a une fille de huit mois avec sa femme et doit payer le loyer avant la fin de l’année. Il entend utiliser ses économies pour une nouvelle aventure. Il estime qu’il a plus de chance de réussir ailleurs. Une bousculade nous interrompt. L’agent de sécurité agite un bâton pour forcer les demandeurs de visas à rester dans la file. La foule s’agite, les nerfs sont chauffés à blanc. Des badauds postés en face s’amusent de la scène. Au moment de partir, d’autres candidats à l’immigration s’amènent pour s’ajouter à la longue file ou plutôt à la grande foule… Quand le chômage provoque la ruée vers le Brésilpar Vantz Brutus HAÏTI–SOCIÉTÉ Le Brésil, depuis au moins deux ans, attire véritablement les jeunes Haïtiens. L’idée d’un pays en chantier un an avant la Coupe du monde de football de 2014 faisait miroiter des opportunités d’embauche à une jeunesse laissée pour compte. Mais un an après l’organisation de ce grand événement, les rues attenantes au consulat brésilien ne désemplissent pas. Les candidats à l’émigration vers le Brésil sont toujours très nombreux. Des étudiants devant l’Ambassade du Brésil. / Photo: Johnsmithsanon.com
  • 16. 16 | N0 35 JEUDI 9 JUILLET 2015 SOCIÉTÉ L e soleil est à son zénith. La statue de Dessalines chevauch- ant sa monture, surplombe l’esplanade. Le bruit des véhi- cules pollue l’atmosphère angoissante de ce coin du centre-ville. C’est le champ de Mars de Port-au-Prince où Maurice Sixto a rencontré son person- nage Gwomoso et où l’auteur de « Sen- taniz » a emmené mèt Zabèlbok faire ses promenades vespérales. L’endroit où s’est érigé le mât de cocagne de René Despestres. Lieu public où sont écrites les petites histoires du peuple haïtien. Mais lieu qui est aujourd’hui en chantier et qui demeure l’agora qu’il a été depuis toujours. La place Dessalines est clôturée pour les travaux de rénovation. Une architecture moderne devra bientôt loger un service de res- tauration pour les promeneurs. À quelques pas, il y a le kiosque Occide Jeanty qui a été inauguré, mais dont les travaux de rénova- tion restent encore inachevés. Le Champ de Mars est inscrit dans l’agenda de la reconstruc- tion. Mais ce qui attire encore l’attention dans ce grand chantier, c’est l’attroupement des gens qui y viennent pour rendre hommage aux logos, disent certains. Ils y sont toujours nombreux. Avec la fermeture des classes, on ne remarque plus les élèves qui y venaient faire école buissonnière. Des marchands vendent leurs produits alimentaires et attendent la fin de la journée pour rentrer chez eux. Un petit cercle se forme, au milieu duquel quelques-uns prennent la parole à tour de rôle. Darvensky Destouche a achevé ses études classiques et est devenu, depuis deux ans, un familier de cette ambiance discursive. Il a voulu nous donner ses points de vue sur ces discussions en plein air en ce lieu que les gens appel- lent communément l’Université libre du Champ de Mars. « Les gens viennent ici pour vivre leur chômage avec moins d’angoisse. Mais il y a aussi des employés de bureau qui viennent ici pour la discussion qu’ils trou- vent agréable. C’est une grande école de la vie où l’on vient apprendre ce que les livres ne nous apprennent pas. Le niveau intellectuel de la dis- cussion est acceptable. C’est une espèce d’agora où la parole est accordée à tous. Un endroit où parler est soustrait à toutes les formes de censure. » Ses propos nous font penser à ces discussions à Athènes au temps de l’Antiquité. Les participants n’ont pas à se soumettre à une forme académique, explique un partici- pant qui fréquente le lieu depuis quinze ans. C’est le lieu de la parole libre où le dialogue se déroule autour de la politique, la religion, la philoso- phie, l’économie. L’essentiel pour chacun est de trouver la vérité ou la synthèse des choses. Il n’y a pas de tabou, ni de mor- alisme. L’esprit cherche à com- prendre tout ce qui l’entoure, fait savoir ce dernier qui croit qu’il a acquis une grande sagesse qui a transformé sa vie. Il a l’air sûr de lui quand il nous confie, comme pour dévoiler un secret enfoui dans les siècles des hommes : « J’ai pu acquérir beau- coup de savoir qui m’a transformé. C’est l’endroit où j’ai appris une forme de sagesse philosophique. » On attend peut-être la fin des travaux de restauration pour aller profiter de l’ombre qu’offrent quelques arbres, manger une glace avec ses enfants, son âme sœur, ses amis. Mais le Champ de Mars semble avoir toujours été pour certains participants des débats le lieu où les gens vont faire l’expérience de la caverne platonicienne. Ceux qui s’y ren- dent découvrent, par la discussion non conventionnelle dans les uni- versités, le soleil qui leur révèle l’essence des choses et cessent de croire en l’apparence de celles-ci. Mais tout le monde ne tiendrait certainement pas la même opinion sur les formes que prennent ces débats où tous pensent qu’ils ont la raison discursive et une parole qui peut avoir une valeur ratio- nnelle. Le Champ de Mars est-il vraiment une agora ? La réponse dépend de la rive où l’on se trouve et de ce qu’on a lu sur l’Agora des Grecs. Champ-De-Mars, Port-au-Prince Haïti. / Photo: © Osman Jérôme. Champ de Mars : une agora au cœur de Port-au-Princepar Évens Cheriscler (Boukman) HAÏTI/DÉBATS
  • 17. JEUDI 9 JUILLET 2015 N0 35 | 17
  • 18. 18 | N0 35 JEUDI 9 JUILLET 2015 CULTURE Lancement officiel de la CARIFESTA XII Par PAR ELISÉE DÉCEMBRE A près l’interprétation de l’hymne national la Dessali- nienne, celui de Caricom et deCARIFESTAXII,plusieurs intervenants ont pris la parole : Elsa Baussan Noël, Dithny Joan Raton, Philippe Dodard, Hilary Brown, tous ont salué l’organisation de cette fes- tivité qui va se dérouler en Haïti, la première république noire indépen- dante du monde. Ils ont reconnu que CARIFESTA XII va renforcer la cul- ture caribéenne et cimenter les rela- tions entre les peuples de la caraïbe. Tous les pays membres de la Car- icom, Antigua, Barbade, Belize, La Dominique, la Jamaïque, le Suriname, Trinidad et Tobago et d’autres pays invités, comme le Mexique, le Panama seront présents lors des festivités. Les festivités se dérouleront à Port- au-Prince, Pétion-ville, Carrefour, Jacmel, Cap-Haïtien, Gonaïves et les Cayes. La culture haïtienne sera mise à l’honneur. Des spectacles de danse, des excursions dans les différents « Lakou » mystiques du pays, des projections cinématographiques, des représentations théâtrales, des visites guidées des différents sites historiques, des activités relatives à la gastronomie figurent dans le menu de ce festival. Pour le moment, les organisateurs ont lancé la douzième édition de la CARIFESTA sans donner de détails relatifs à l’organisation et au coût de ces festivités. En attendant, CARIFESTA XII, est un événement culturel majeur qui réunira le monde de la cul- ture caribéenne en Haïti pour dix jours de fêtes, de partage et de divertissement. Signature dun protocole d'accord entre le ministère de l'Éducation nationale et l'Académie créole Par Schultz Laurent Junior L e ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, Nesmy Manigat et le président de l’Académie créole, Pauris Jean- Baptiste ont signé un accord dans la matinée du mercredi 8 juillet 2015 au local du ministère à la rue Audain en vue de renforcer l’apprentissage de la langue créole dans notre système éducatif. En amont de cette signature, une conférence de presse ¬- déroulée en présence de certains cadres du ministère et de quelques membres de l’Académie parmi lesquels Guy Gerald Ménard, Jocelyne Trouillot Lévy, Adeline Chancy – a été l’occasion de définir,danslecadredecepartenariat, une politique linguistique efficace et efficiente pour que le créole, la langue mère soit beaucoup plus utilisée dans notre système éducatif et dans l’administration du ministère de l’Éducation nationale. S’exprimant au début de cette conférence de presse, le président de l’Académie Créole, Pauris Jean Baptiste a souligné l’importance de cette initiative visant à mettre en valeur la langue maternelle. Il en a profité pour lancer un appel vibrant aux haïtiens qui doivent aussi travailler à valoriser la langue créole à travers un engagement collectif. Ils doivent également selon Pauris Jean- Baptiste montrer les subtilités et les riches potentialités de notre langue, élément important de notre culture. « Apprendre dans la langue maternelle est un principe universel. Comment comprendre que vous soyez lettrés dans une langue alors que vous ignorez celle qui peut vous identifier en tant qu’haïtien. S’est-il interrogé sur un ton amer ». Partant de ce constat, il a souligné plus loin que « enseigner dans la langue maternelle peut favoriser l’apprentissage chez nos apprenants ». Le titulaire du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle Nesmy Manigat a déclaré que son ministère entend valoriser et renforcer le travail qui a été déjà réalisé par Joseph C.Bernard. Ce dernier avait consenti beaucoup de sacrifices afin que la langue créole soit admise dans le cursus scolaire. « La signature de ce contrat est pour nous un moment très important. Cet évènement concerne tout le pays. Il s’agit pour nous de réfléchir en vue d’apporter des réformes en profondeur dans notre système éducatif. Nous devons aménager un cadre propice pour rendre pérenne et effectif les grands points de ce protocole d’accord, pour résoudre définitivement tous les problèmes liés à la question linguistique en Haïti. » a-t-il fait savoir. Toutefois, Manigat reconnait qu’il faut beaucoup de patience, de compréhension, de tolérance et de bonne volonté pour concrétiser cet objectif. « Nous devons dès maintenant nous mettre au travail, le réaliser ensemble pour que d’autres personnes ne le fassent pour nous », a argué le ministre. Quid de ce protocole d’accord ? Ce document de cinq pages fournit des informations exhaustives sur l’accord unissant désormais les deux institutions à savoir le ministère de l’Éducation nationale et l’Académie Créole. Il définit aussi les conditions de cette collaboration et élabore également tous les principes et les moyens qui seront utilisés par les deux institutions pour mener à terme leur mission. Ils ont, en effet, pour mission de faire la promotion de la langue créole conformément à l’article 213 de la constitution de 1987. Inciter les écoles et les universités à l’utiliser comme langue d’apprentissage. Définir une nouvelle orientation de la langue créole dans notre système éducatif. Promouvoir l’utilisation de la langue créole dans les institutions publiques et privées œuvrant dans le secteur éducatif. Contribuer à la formation des maîtres.De l’avis de tous ceux qui ont paraphé ce document, l’application de ce protocole d’accord va insuffler un souffle nouveau à notre quête identitaire. La ministre de la Culture, Joan Ditny Raton, a lancé officiellement, le mardi 7 juillet, la douzième édition du Festival des Arts Caribéens (CARIFETSA XII). Cette activité culturelle qui réunit tous les pays de la Caricom (Marché Commun de la Caraïbe) se déroulera en Haïti du 21 au 30 août 2015. Thème retenu : « Nos racines, notre culture, notre avenir commun ». Elsa Baussan Noël, Erol Josué et la ministre de la Culture, Dithny Joan Raton. / Photo: Ruben Chéry Le ministre de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, et le président de l’Académie créole, Pauris Jean-Baptiste. / Photo : Ruben Chéry
  • 19. JEUDI 9 JUILLET 2015 N0 35 | 19 CULTURE Bravo Tropic : heureux cinquantième !par Walcam L ’orchestre Tropicana d’Haïti vient de sortir un énième album, baptisé « Bravo Tropic », avec la participation de l’infatigable maestro saxophoniste Cina O. Charles alias Ti Blanc, ainsi que du chanteur Parisien Fils-Aimé. L’album « Bravo Tropic », que le groupe doit signer ce week-end pour ses nombreux fans, comporte 12 compositions sur divers sujets. Les paroliers de l’orchestre Tropicana (nous avons relevé de nouveaux noms) ne lésinent pas avec ce qui se passe autour d’eux. Ils regardent et ils agissent à leur façon pour aider un pays auquel ils croient encore. Ils apportent à leur façon leur contribution, surtout à la culture. Les textes de ces compositions peuvent soulever beaucoup de débats dans la société. Ils trait- ent un peu de tout pour plaire aux milliers de fans de l’orchestre du Cap-Haïtien. Déjà, sur les ondes, il y a une com- position qui attire l’attention des animateurs de musique compas. Il y a un grand effort avec les arrangements que nous pouvons constater. C’est du métier. La composition « It’s so sweet » est un texte d’amour de Raphael Telsin qui pourrait faire le prochain hit de Tropic dans les soirées dansantes et sur les ondes des stations de radio. C’est une histoire d’amour simple qui se déroule autour d’une fête champêtre. De ces douze compositions, il y a « Bravo Tropic », « It’s so sweet », « Histoired’amour»,«Vyepwochen», « Ayiti bèl », « Pou timoun », « Out side », qui est une reprise. Des compositions qui parlent du social, du tourisme, de l’environnement, de la famille avec la collaboration de musiciens et chanteurs d’autres groupes musicaux tels que Ritchie (Jean Hérard Richard) de Klass, Shabba (Hervé Anténor) de Djakout number 1, Roberto Martino de T-Vice, Marie Junelle Papouloute d’Anbyans, Jacques (Kako) Bourjolly, le batteur et compositeur Shedley Abraham, le trompettiste Eddy Brisseaux et Arly Larivière de Nu Look. L’orchestre Tropicana composé de seize (16) musiciens organisera ce vendredi 10 juillet, au Club International, son fief à Port-au- Prince, une vente signature pour tous les « djo kannèl » désireux d’acquérir le dernier CD baptisé « Bravo Tropic : Souvenir du cinquantième ». Logo 50 ans de l’orchestre Tropicana.