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SOCIÉTÉ
SPORT
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U17 : Haïti qualifiée
pour le 2e
tour !
par Gérald Bordes
L'ULCC dénonce,
la Justice fait le mortPar Jean Michel Cadet
HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION
MARDI 21 JUILLET 2015 NUMÉRO 43
WWW.LENATIONAL.HT
QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI
ACTUALITÉ
Haïti ne s'excusera pas !
HAÏTI / APN / DÉTOURNEMENT DE FONDS
L
e rapport de l’ULCC recom-
mande explicitement que
les nommés Ulrick Duplessy
et Joseph Bernard soient
poursuivis pour vol, faux et usage de
faux. Même les dirigeants de l’APN
ne sont pas épargnés : le directeur
général d’alors, Jean Évens Charles,
le directeur financier, Jean Guivard
Nelson, la responsable du service de
recouvrement, Marguerite Danielle
Augusma Jérôme, doivent être
aussi poursuivis pour abus d’au-
torité contre la chose publique,
selon le rapport.
De gauche à droite, le ministre de la Communication, Rotchild François Junior, et le ministre a.i. des Affaires étrangères, Lener
Renaud. / Photo d’archives : J. J. Augustin
L’unité de lutte contre la corruption (ULCC) a joué sa partition dans le dossier relatif
au détournement de 10 millions de dollars américains au profit de l’entreprise APNI/
import-export alors que les chèques émis par l’agence maritime « Seabord of Haiti »
étaient en réalité à l’ordre de l’Autorité portuaire nationale (APN). Dans son rapport
d’enquête, l’ULCC recommande que les fraudeurs soient sanctionnés conformément à
la loi. Bien qu’il ait été saisi du dossier depuis le 3 décembre 2014, le parquet de Port-
au-Prince reste muet sur la question.
Protestation et
exigence d'excuses
de Pretoria
Par Stephen Ralph Henri
Les deux cents ans
de l'église Méthodiste
en Haïti
Par Ritzamarum ZETRENNE
2. 2 | N0
43 MARDI 21 JUILLET 2015
TRIBUNE
L
’être humain est avant
tout un animal social et la
communication entre les
membres des communautés
humaines, quelle que soit leur taille,
de la cellule familiale à la nation,
est possiblement le facteur le plus
déterminant de leur cohésion et de
leur survie. Aussi pour des raisons
multiplesetvariées,lacommunication
joue-t-elle un rôle-clé dans la sécurité
d’un pays.
D’abord, elle est comme nous
l’avons indiqué, facteur de cohé-
sion sociale et nationale, mais
également entre la nation et
l’État. Reconnaissant cette impor-
tance, quoique de façon négative,
Napoléon écrivait: « Je crains
dix journaux plus que cent mille
baïonnettes ». Que ne dirait-il à
l’heure de la radio, de la télévision
et de l’internet !
La transmission du savoir, des
idées, des valeurs, des mots
d’ordre, des alertes, des mises en
garde et même des ordres, tout
cela passe par une politique de
communication conduite par
l’État, mais conçue et réalisée
conjointement avec la société poli-
tique et la société civile.
Une telle politique est
indispensable dans le moment
que vit notre pays et que tous
s’accordent à reconnaître critique,
notamment pour diminuer la
polarisation grandissante de la
société haïtienne, secouer la
léthargie, voire le sentiment de
désespoir qui s’installe dans des
strates importantes de notre
population et qui obère notre
capacité à relever les nombreux
défis auxquels nous sommes
collectivement confrontés.
Pour faire face aux nombreuses
menaces identifiées dans le présent
rapport, il faudra que la nation
toute entière soit convaincue des
dangers qui menacent sa survie
et s’approprie les contre-mesures
proposées après en avoir été bien
informée et les avoir librement
débattues.
La communication fait partie
intégrante du « pouvoir intelligent
» qui doit combiner de façon
équilibrée, l’incitation, la
coercition et la persuasion. Elle
se distingue de la propagande au
sens vulgaire du terme, qui vise à
endoctriner, vassaliser et parfois
à terroriser dans un but partisan.
L’éducation formelle et informelle
Peu de gens en Haïti contestent le
fait que l’éducation nationale dans
notre pays a été sérieusement
déficiente et qu’elle a négligé
particulièrement la majorité
paysanne et aujourd’hui ses
descendants de plus en plus
urbanisés mais toujours aussi
exclus. Rattraper ce retard est
un impératif, mais un tel défi
ne saurait être relevé en faisant
appel exclusif à l’éducation
formelle, dispensée dans des
établissements scolaires d’ailleurs
presque totalement contrôlés par
le secteur privé et souvent gérés
comme des commerces ordinaires.
Heureusement, les progrès
technologiques réalisés dans le
domaine de la communication
de masse, ont augmenté la
puissance et la portée des moyens
de transmission de l’information,
tout en en diminuant les coûts
et les difficultés d’utilisation.
Ces nouveaux moyens devraient
être harnachés pour pallier les
faiblesses du secteur formel
d’éducation. Ils pourraient même
compenser les déficiences en
qualité et en quantité du corps
enseignant national, servir à
l’éducation civique, alerter
l’opinion sur les nouvelles
menaces, transmettre des savoirs
techniques nouveaux, combattre
les comportements délictueux ou
tout simplement néfastes etc...
La défense de la culture, de
la langue et de la cohésion
nationales
C’est par la communication que
ces trois piliers de la sécurité d’un
pays peuvent être soit renforcés,
soit au contraire, sapés. Une
politique de communication bien
conçue doit réunir les médias
publics et privés dans une
défense commune de ce qui peut
renforcer le ciment qui nous lie
et nous permet de faire face aux
menaces auxquelles nous sommes
collectivement confrontés et qui
mettent en péril notre survie
même comme nation.
La défense et la promotion du
créole devraient en constituer un
des axes principaux. Cette langue
n’est pas une relique folklorique,
un jargon à l’usage exclusif des
marginalisés, mais un outil
primordial de notre identité, d’un
indispensable dialogue national et
donc de notre souveraineté et de
notre sécurité.
De nombreux pays légifèrent
sur le contenu linguistique des
programmes diffusés sur les ondes
nationales et sur une proportion
raisonnable entre les productions
importées et les productions
locales. Au nom de quel libéralisme
débridé devrions-nous tolérer ou
même promouvoir l’invasion des
cerveaux de notre jeunesse par des
valeurs culturelles de civilisations
si différentes de la nôtre ? Nous
courrons ainsi le risque de
renforcer le travail d’aliénation
déjà si patent au sein de notre
système d’éducation formelle, et
même d’élever en notre sein même
de véritables agents ennemis.
La liberté de la presse
et le droit à l’information
La liberté d’expression et son
corollaire institutionnel, la liberté
de la presse sont des conquêtes
remportées de haute lutte par
l’ensemble du peuple haïtien.
L’une et l’autre sont essentielles à
un régime démocratique et à une
politique de sécurité respectueuse
de celui-ci.
Il reste cependant que ces libertés
sont de puissants outils qui sont
autant capables de cicatriser que de
blesser et qu’elles doivent toujours
respecter l’intérêt collectif et rester
à son service.
Tout en applaudissant à la conquête
de ces libertés fondamentales, la
Commission doit relever qu’elles
n’ont pas toujours été exercées
avec le sens de responsabilité qui
est la contrepartie nécessaire du
pouvoir qu’elles confèrent. Dans
une réaction typique de ceux qui
avaient été trop longtemps affamés
de ces droits, nous avons tous eu
tendance à nous en gaver. Est-il
normal que le « quatrième pouvoir »
qui fait une promotion si active des
vertus de l’équilibre exige en même
temps qu’il jouisse d’une liberté
totale ? La moindre évocation
d’une règlementation de la presse
déclenche une levée de boucliers
contre « le retour de la dictature ».
Les critiques les plus pondérées
sont assimilées à des attaques
liberticides. Or, si la contribution
décisive de la presse, radiopho-
nique en particulier, au combat
pour la démocratie est indéniable,
on ne peut cacher non plus le
constat de dérives parfois graves.
Une radio, une station de télévision
par ondes ont-elles le droit d’offrir
leur micro et la puissance de
leurs émetteurs à des individus
proférant des propos attentatoires
à l’ordre public, voire carrément
séditieux ? Un présentateur de
nouvelles, donc supposément
de faits vérifiables et confirmés,
peut-il prêter sa voix à des
publicités commerciales ? Est-il
admissible que des messages
concernant des sujets vitaux,
comme la santé, soient diffusés
dans une langue que la majorité
des auditeurs ne maîtrise pas
et de surcroît dans un charabia
pseudo-scientifique ? Par ailleurs,
il est évident que la compétence
et le sens de responsabilité des
travailleurs de la presse sont très
inégaux et libres de tout contrôle ou
certification. Si le journalisme est
une profession, par quel diplôme
reconnu est-il sanctionné ? Dans
ce domaine autant qu’en médecine
ou en génie civil, l’existence de
charlatans représente un grave
danger pour les citoyens et la
collectivité. Comment peut-on
reconnaître à l’État le droit de
certifier, de sanctionner et même
de « décertifier » un simple
chauffeur de véhicule utilisant la
voie publique et pas un chauffeur
utilisant les ondes publiques ?
L’octroi des licences d’exploitation
des stations de radio et de
télévision ne saurait se résumer,
comme cela semble le cas, à de
simples critères financiers et
techniques. Des devoirs envers
la communauté, le respect
de l’intérêt public devraient
accompagner le pouvoir accordé à
la presse, ainsi que des sanctions
proportionnelles à la gravité des
infractions et à la récidive. La
liberté d’expression et celle de la
presse ont leurs contreparties qui
sont : le droit à une information
vérifiée, le droit à la sécurité et à
la paix.
La Commission reconnaît les
efforts de diverses associations
de journalistes et de propriétaires
de médias, pour l’élaboration de
codes de déontologie et même de
propositions pour une éventuelle
loi sur la presse. Cependant, elle
pense que cette démarche de la
corporation devrait être complétée
par celle du public qui est le
consommateur final d’information.
Aussi plaide-t-elle pour la création
d’un Observatoire national de
la Presse ou une Haute Autorité
de l’Audio-visuel qui veillerait à
l’intérêt public en la matière. Malgré
des moyens techniques réputés
très performants, le CONATEL
ne remplit pas ce rôle, de toute
évidence.
Pour finir, de nombreuses sociétés
s’insurgent contre le monopole de
l’État sur la presse mais également
contre sa concentration entre
quelques mains puissantes; l’État
et la société haïtienne auraient
tort d’ignorer ce problème en notre
pays.
« Chat échaudé craint l’eau froide
» dit la sagesse populaire, mais si
cette crainte confine à la paranoïa,
le chat meurt de soif. Notre méfiance
légitime face à la censure ne doit
pas nous faire oublier qu’au nom
de la sécurité de tous, l’État à le
devoir et donc le droit de contrôler
l’exercice de la liberté d’expression
et de la presse.
Une loi sur la presse, respectueuse
de la démocratie, doit faire partie
de l’agenda législatif de l’Exécutif
et du Parlement. La Commission
ne le répètera jamais assez: « faute
de lois tout État, tout pouvoir n’a
de choix qu’entre le laissez-faire et
l’arbitraire ».
Communication et sécuritépar Patrick Élie
3. MARDI 21 JUILLET 2015 N0
43 | 3
ACTUALITÉ
La haine des intellectuels
Undangerhantelecollectifhaïtien.Cedanger,quimalheureusements’installede
plusenplusdanslesconsciences,prendvisagedansdespratiquesetdesdiscours
populistes,obscurantistesetplats.
Ce danger procède de cette rhétorique qui dit que les intellectuels n’ont rien fait
pour ce pays. Cela reviendrait à dire qu’on n’a nullement besoin de mobiliser de
l’intelligence et des compétences spécifiques dans la gestion de la cité. Cela revi-
endrait à dire que l’exercice de la démocratie doit s’apparenter à l’exercice de la
médiocratie.Enraccourcis,ilfautmettrelabêtiseaupouvoir.
Onsaitdequelventfunestecettevisiontiresonsouffle.Onsaitpourquoionalimente
cespropos.Cediscoursestceluidecellesetceuxquiveulentprendrelepouvoirpour
fairepayeraucorpssocialleurmanqueàgagner,lesétudesqu’ilsn’ontpasfaites,
letempsqu’ilsn’ontpasconsacréàleurformation.
Ce discours est celui d’arrivistes politiques incultes jusqu’à la moelle. Ils veulent
enfoncerdanslagorgedupeupletoutelavaleurquecedernieraccordeàlasco-
larisation,auxsavoirs,àcequ’Aristoteauraitappelél’intellection.
Malheureusement,lapropagandedecettehordecolonisegraduellementlesimagi-
nairesetlesintentionsélectorales.
Disonsleschosesenrestantcolletésàlavéritéduréeletdel’histoire,parlonsbien
àl’oréedecesélectionsquiarrivent.Cesélectionsquilaissentpenseràmonsieur
toutlemondequemadametoutlemondepeutêtredéputé,sénateur,président.
Uneéliteintellectuelleforméea-t-elledéjàeulecontrôledupouvoirenHaïti?Un
hommed’esprit,unvisionnairea-t-ildéjà étééluàlatêtedel’Étatd’Haïti.
L’intellectuel est celui qui peut prendre une distance critique devant les faits du
réel,celuiquipeutdoncdanscetteénergiecognitiveintellectualisercesfaitsenles
intégrantàsonsystème,enlesconfrontantàunsocledesavoirquiexisteetquia
faitsespreuves.
Auboutdeceprocessus,l’intellectuelc’estcelui-pourlediredansuneveinesartri-
enne-quivaprendreposition,engagersaculturedansunepragmatiquedeprogrès
matérieletspiritueldelasociété.L’intellectuelestunserviteur.Sonintelligenceest
celledubonheurcollectif.
Onn’estdoncpasintellectuelforcémentparcequ’onaluKantetqu’onaentendu
parler de Lacan ; on l’est quand en soi-même on porte cette valeur ajoutée qui
procèdedelaconnaissancedusystèmedeschosesquiexistent.Onl’estquanden
touteéthique,onfaitdesoiunagentdedéveloppement,unevoiepermettantà
d’autresdenommerlemonde.
Cetypedeleadershipjusqu’àprésent,Haïtinel’apasencoreconnu.Etsinouslais-
sonslibrecoursàceuxquivendentl’idéequ’ilfautmaintenantmettreàlatêtede
l’Étatdesincompétents,c’estpasdemainquecepaysretrouverasadignitéetles
routesdudéveloppement.
Dangelo Neard
Édito
Un million de nouveaux
inscrits dans le registre
électoral
Par Noclès Débréus
HAÏTI/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
L
e directeur général de l’Office
national d’identification (ONI),
Jean Baptiste saint-Cyr, a fait
le point sur les travaux déjà
réalisés par l’organisme qu’il dirige,
dans le cadre du processus électoral
lors d’une conférence donnée ce lundi
20 juillet 2015. Aussi, en a-t-il profité
pour passer en revue les principales
missions de l’ONI au regard de sa loi
organique ainsi que les nouvelles per-
spectives envisagées.
L’Office national d’identification
(ONI), selon les dispositions de sa
loi organique, est l’organe chargé
de fournir le document devant
identifier tous les citoyens haïtiens
à travers la carte d’identification
nationale (CIN). Cette carte est un
instrument important qui, en plus
d’identifier le citoyen, l’habilite à
effectuer certaines opérations parmi
lesquelles voter aux élections. Dans
le cadre du rapport entretenu entre
l’ONI et le Conseil électoral provisoire
dans la préparation du registre
électoral, Jean Baptiste Saint-Cyr
a informé que la liste électorale a été
fermée depuis le 11 mai dernier tel
que mentionné dans le calendrier
électoral et selon les vœux du décret
électoral.
Ce registre électoral contient pas
moins de 5 millions 848 mille
électeurs, selon les informations
communiquées par le directeur
général de l’ONI alors que celle
des élections de 2010 avoisinait
les 4 millions 700 mille électeurs,
soit une différence de plus d’un
million de nouveaux électeurs. Pour
faciliter les gens à retirer leur carte
d’identification en cette période
électorale, l’ONI avait augmenté
ses bureaux, informe-t-il. En plus
des 140 bureaux communaux, 209
bureaux ont été placés dans des
sections communales, a expliqué
Jean Baptiste Saint-Cyr, précisant
que, contrairement aux années
antérieures, les cartes sont imprimées
en Haïti.
Avec une machine capable d’imprimer
24 mille cartes par jour, le patron de
l’ONI dit travailler activement pour
fournir aux citoyens ayant fait la
demande avant le 11 mai leur carte
avant la tenue des élections.
Jean Baptiste Saint-Cyr a aussi fait le
point sur l’opération de changement
d’adresse. N’importe quel citoyen,
dit-il, qui a changé son adresse est
tenu de l’informer à l’ONI, à travers
un certificat de résidence délivré
par le juge de paix de sa juridiction.
L’ONI procédera par la suite à la
modification de cette adresse
dans sa base de données. Une fois
modifiée l’adresse, l’ONI attribuera
un centre de vote provisoire à ce
citoyen en fonction de son nouveau
domicile, a expliqué Monsieur Saint-
Cyr, informant que l’opération de
relocalisation des électeurs relève
exclusivement de la compétence du
CEP.
Hormis l’identification des électeurs,
l’ONI n’a pas négligé les autres
éléments faisant partie de sa mission.
Ainsi, Monsieur Saint-Cyr a annoncé
avoir déjà mis en place un système
qui lui permettra d’identifier tous
les enfants à la naissance en leur
attribuant un numéro qui leur
servira jusqu’à la mort. « Nous avons
déjà préparé des papiers sécurisés
qui nous permettront de délivrer
des certificats aux enfants à la
naissance », a-t-il fait savoir. En vue
de faire une expérience pilote dans
le cadre de ce projet, Jean baptiste
Saint-Cyr dit être déjà en pourparlers
avec certains bailleurs de fonds (BID,
Banque mondiale, Canada, OEA, Plan
International) en vue de mobiliser les
moyens nécessaires.
Concernant le dossier des
rapatriés haïtiens, l’office national
d’identification entend s’y pencher
rapidement. Après les 22 mille
cartes livrées dans le cadre du
Programme d’identification et de
documentations des Haïtiens vivant
en République dominicaine, M.
Saint-Cyr a annoncé la mise en place
d’une unité d’enregistrement pour les
rapatriés vivant dans des camps de
fortune pour les munir de leur carte
d’identification. En outre, l’ONI vise
à étendre ses tentacules dans les
différents consulats afin de permettre
aux Haïtiens de l’extérieur de pouvoir
se doter de cette pièce d’identité.
saint-Cyr. / Photo : J. J. Augustin
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IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR
LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A
Bien qu’ils ne soient pas touchés
au premier chef, ces dirigeants
se heurtent, cependant, aux
dispositions de l’article 150 du
code pénal qui leur enjoint d’exiger
des chèques ou des effets bancaires
certifiés à des agences maritimes
débiteurs de l’APN.
Alors que le tribunal de Première
instance de Port-au-Prince a été
signifié du dossier depuis sept mois
environ, l’action publique ne serait
pas encore diligentée à l’encontre
de ces fraudeurs dument identifiés.
Le journal à, hélas, vainement
tenté de joindre au téléphone le
commissaire du gouvernement de
Port-au-Prince, Me Clamé Ocnam
Daméus.
Comme à l’accoutumée, le chef
du parquet, l’avocat de la société,
n’était pas joignable pour faire le
point sur l’état d’avancement de ce
dossier d’intérêt général.
Alix Célestin défend l’APN
Bien qu’il dise déplorer qu’aucune
sanction n’ait été prise contre
les fraudeurs, le directeur
général de l’APN, Alix Célestin
tente, néanmoins de défendre
les dirigeants de cette entité du
ministère de l’Économie et des
Finances (MEF) indexés dans le
rapport de l’ULCC. Il questionne
les motifs évoqués, contenus dans
le code pénal en son article 150,
pour recommander la poursuite de
ces fonctionnaires de l’État. Selon
lui, la loi organique de l’APN ne
fait pas injonction aux autorités
chargées du recouvrement des
créances d’exiger à leurs débiteurs,
les agences maritimes, des chèques
certifiés ou des effets bancaires.
Car, avance-t-il, en tant qu’organe
autonome, l’APN entretient des
rapports privilégiés avec ses
partenaires qu’il dit considérer
comme faisant partie du système.
En tant que tel, renchérit M.
Célestin, ils payent leurs factures
par chèque à partir d’un compte
courant qu’ils disposent.
Alix Célestin rejette aussi la thèse
selon laquelle le détournement de
ces fonds aurait bénéficié d’une
certaine complicité à l’interne.
Si non, soutient-il, les fraudeurs
auraient utilisé le sceau de l’APN
en lieu et place de celui estampillé
APNI/import-export. Monsieur
Célestin s’en prend, de préférence,
aux divulgations faites de façons
détaillées par les medias du rapport
de l’ULCC qui, selon lui, obstruent
à la bonne marche du dossier. Les
personnes fautives en profiteront,
dit-il, pour se mettre à couvert. S’il
est vrai qu’il dit déplorer qu’après
sept mois, aucune arrestation
n’ait été faite, il croit qu’avec la
divulgation de ce rapport, il n’y en
aura probablement plus.
Soucieux de l’image de l’institution
qu’il dirige, Alix Célestin estime que
ces révélations sont susceptibles de
nuire aux projets de développement
enclenchés par l’APN. Il redoute
que les institutions financières
veuillent octroyer des crédits à
une institution dont l’état financier
n’est pas sain. Ce, en référence aux
16 millions de dollars américains
que des agents maritimes doivent
à l’APN.
Alix Célestin a tenu, toutefois,
à préciser que dans ce dossier,
l’Autorité portuaire nationale n’est
pas mise en cause. D’une part, les
10 millions de dollars détournés
étaient destinés à l’APN. Et d’autre
part, l’opération a été orchestrée
chez ses débiteurs.
4 | N0
43 MARDI 21 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
L'ULCC dénonce,
la Justice fait le mortPar Jean Michel Cadet
HAÏTI/APN/DÉTOURNEMENTDEFONDS
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Me Clame Ocna Daméus, commissaire de gouvernement de Port-au-Prince. /
Photo : haitiangroovemedia.com
5. MARDI 21 JUILLET 2015 N0
43 | 5
ACTUALITÉ
R
otchild François Junior,
ministredelaCommunication
fixe la position de
l’Administration Martelly sur
la question. Le gouvernement haïtien
ne présentera pas d’excuse ! « La
démarche haïtienne est correcte ».
Le ministre explique que les faits
avancés ont été prouvés. Dialogue !
Le point central du discours haïtien.
Il doit se dérouler autour du protocole
de rapatriement pour assurer un
meilleur contrôle du processus,
insiste-il.
Lener Renaud, ministre de la
Défense, également ministre des
Affaires étrangères et des Cultes a.i.,
abonde dans le même sens. Il rejette
la position des officiels dominicains.
Réaction. Voilà comment monsieur
Renaud qualifie la démarche
haïtienne. C’était aussi le même
cas de figure pour la République
dominicaine, avance-t-il, qui avait fui
la table des négociations pour saisir
le Conseil permanent de l’OEA.
« Nous étions en négociation pour
trouver une solution autour du
protocole de rapatriement, ils ont
choisi d’aller à l’OEA, au Conseil
permanent, nous avons juste emboîté
le pas pour donner notre version des
faits », rappelle Lener Renaud. Aussi
a-t-il insisté sur le fait qu’il fallait
démonter l’argumentaire dominicain.
« La République dominicaine a dit
qu’il n’y a pas eu de déportations,
nous avons démontré devant l’OEA
que les déportations sont effectives,
contrairement à ce qui était dit
dans le Programme national de
régularisation des étrangers (PNRE)
qui devait prendre fin le 17 juin
2015 », reprend monsieur Renaud.
Les Dominicains ouvrent d’autres
fronts. Ils veulent responsabiliser
Haïti. Ils critiquent l’incapacité de
l’État haïtien à doter ses concitoyens
de documents d’identité. C’est ce qu’a
dit le président Médina la semaine
écoulée. Haïti veut toutefois éviter
la polémique. Lener Renaud refuse
le tac au tac. Il temporise. « Nous ne
sommes, à aucun moment, montés
au créneau contre les autorités
dominicaines ». Une précision
importante dans ce contexte tendu.
En ce qui a trait à cette campagne
de désinformation qui serait le
prétexte des Dominicains pour
abandonner le dialogue, monsieur
Renaud se positionne : « Il n’ y a pas
eu de campagne de désinformation
au niveau international contre nos
voisins. »
Le dialogue parait incontournable.
Malgré le refus de l’une des parties.
Le secrétaire général de l’OEA vient
d’adresser une correspondance aux
deux chefs d’État, haïtien et dominic-
ain, dans le but d’inviter les deux pays
au dialogue. Il s’alignerait donc sur
la position haïtienne. Lener Renaud
s’en félicite. Le président Martelly
aussi, rapporte-il. Ce fut la demande
d’Haïti au Conseil permanent de
l’organisation hémisphérique. Le
ministre, dans ses propos explique,
qu’il voulait demander à la commu-
nauté internationale de presser la
République dominicaine à revenir à
la table des négociations pour dégager
ce protocole de rapatriement. Déjà, le
chef de l’État haïtien, Michel Joseph
Martelly, a répondu favorablement à
la demande du secrétaire général de
l’OEA, Luis Almagro. Il veut se ras-
seoir avec les autorités dominicaines.
Malgré le double jeu et les coups bas
des dernières séances de dialogue
entre les deux pays. Mais, quand ces
pourparlers auront-ils lieux ? Pas tout
de suite. Car, la République domini-
caine est réticente. Les dominicains
auraient déjà dénoncé l’attitude du
secrétaire général de l’OEA, rapporte
Lener Renaud. Entre-temps, depuis
ce fameux face à face devant le Con-
seil permanent de l’OEA, le ministre
haïtien de la Défense fait remarquer
que les flux de rapatriement ont
diminué. « Nous observons de près
», dit-il.
Il ne faut pas confondre, selon le
ministre, les va-et-vient coutumiers
entre les deux pays et le processus
de déportation. À cet effet, il avance
que jusqu’à la semaine dernière,
environ 27 mille personnes étaient
rapatriées. Un chiffre nettement plus
élevé selon la presse dominicaine
et des organisations de défense de
droits humains des deux côtés de la
frontière, qui parlent de plus de 40
mille rapatriés.
Haïti ne s'excusera pas !Par Lionel Edouard
HAÏTI/RÉPUBLIQUEDOMINICAINE/MIGRATION
Les autorités dominicaines campent sur leur position. Il n’y aura pas de dialogue. Du moins, pas avant que les
autorités haïtiennes ne présentent des excuses formelles pour la campagne dite de désinformation orchestrée
contre la République dominicaine. Le chancelier Andres Navarro est clair. Il met aussi la pression pour pousser le
gouvernement haïtien à se désavouer. La guerre des mots continue. Haïti répond. Sans détour !
» suite de la première page
6. 6 | N0
43 MARDI 21 JUILLET 2015
ACTUALITÉ
P
révudansleCodedutravailde
1961, puis actualisé en 1984,
le CSS doit jouer un rôle
intermédiaire entre le secteur
syndical et le secteur patronal, a fait
savoir le coordonnateur de « Antèn
ouvriye », Réginald Jules, lors d’une
interview accordée à Le National le
vendredi 17 juillet 2015. Le syndicali-
ste souligne que dans l’état actuel des
choses les membres de cette struc-
ture doivent sortir de leur silence au
regard de la dépréciation de la devise
locale et de l’augmentation du coût
de la vie.
Il s’en est pris aux autorités qui
n’assument pas leur responsabil-
ité en ce qui concerne la loi sur
le salaire minimum. Il fustige les
dirigeants qui, dit-il, ont laissé à la
traîne les ouvriers dans les manu-
factures.
Alors que les patrons se moquent
d’eux. Les ouvriers, explique M.
Jules, végètent dans la misère avec
un salaire de pitance qui devrait
subir une augmentation graduelle.
C’est-à-dire, passer de 125, 150,
200 à 300 gourdes. Ce qui n’a pas
été fait en dépit de l’escalade du
coût de la vie. IL précise en plus que
certaines manufactures qui octroi-
ent les 200 gourdes aux ouvriers ont
dans la majorité des cas soit doublé,
soit triplé le tarif de travail de ces
personnes-là. Aussi a-t-il critiqué
l’absence des mesures d’ajustement
en leur faveur. Au regard de la
cherté de la vie, le coordonnateur
de « Antèn ouvriye», invite les auto-
rités à se pencher sur la situation
socio-économique des ouvriers qui
ne parviennent pas à subvenir à
leurs besoins personnels et famil-
iaux. Dans cette conjoncture, il dit
espérer que les responsables vont
prendre des mesures urgentes et
appropriées en vue d’accompagner
cette catégorie sociale en grande
difficulté.
Quant à la composition du CSS, le
syndicaliste s’est montré sceptique.
Il critique le fonctionnement de
cette structure qui, selon lui, compte
tenu de leurs agissements, travaille
pour un secteur bien déterminé, le
secteur patronal, au détriment des
ouvrières et des ouvriers. Il rap-
pelle que ces membres ont recom-
mandé récemment à l’État de fixer
le salaire minimum à un montant
inférieur à celui que prévoit la loi
qui s’y rapporte. Il affirme que cette
démarche avait provoqué la grogne
de plusieurs milliers d’ouvriers qui
ont manifesté dans les rues de la
capitale en avril dernier. Il exhorte
toutefois le CSS à exercer la tâche
qui lui est assignée.Mécontent du
comportement des membres du
CSS, M. Jules rappelle que la loi
portant création de cette structure
stipule en son article 4 : « Le CSS
devra se réunir trois mois avant la
fin de chaque exercice fiscal afin
de réviser, s’il y a lieu, le salaire
minimum en fonction des indices
macro-économiques. En aucun cas,
cette révision ne peut être effectuée
à la baisse ». Le coordonnateur a,
en ce sens, souligné qu’aujourd’hui
le salaire minimum doit passer à
mille gourdes compte tenu de la
détérioration des conditions socio-
économiques. À ceux qui font allu-
sion à la compétitivité, le syndicali-
ste s’est montré prudent, affirmant
que cette notion ne saurait être
prise isolément sans tenir compte
de l’environnement économique.
Certes, on peut la comparer par
rapport à la République dominic-
aine pour voir son barème, mais les
dirigeants dominicains ont fourni
des mesures d’accompagnement
aux ouvriers leur permettant de
satisfaire leurs différents besoins
sociaux.
Élections : Gare aux
thaumaturges
Le syndicaliste n’y va pas par quatre
chemins. Il invite les ouvriers à la
vigilance en cette période électo-
rale. Il déclare qu’en cette conjonc-
ture les candidats vont s’amener
comme des thaumaturges, sou-
lignant qu’ils vont leur promettre
monts et merveille. Ainsi, M. Jules
dit espérer que les ouvriers vont
s’organiser davantage afin d’obtenir
gain de cause dans la bataille pour
l’amélioration de leurs condi-
tions de vie. Car, soutient-il, seuls
les ouvriers peuvent arriver au
changement auquel ils aspirent. Le
porte-parole de PLASIT, Pierre Télé-
maque s’est, pour sa part, montré
très critique contre les autorités qui
agissent pour le compte du secteur
patronal, au lieu de se pencher sur
la situation socio-économique des
ouvriers dans les manufactures. Il
appelle à une réforme du système
de sécurité sociale afin de permettre
aux ouvrières et ouvriers de jouir de
leurs droits fondamentaux, notam-
ment l’accès à la santé et aux assur-
ances.
Le National a eu beau tenter de join-
dre les responsables du CSS en vue
de faire la lumière sur ce dossier.
Le journal n’est parvenu qu’à obte-
nir une note de presse émanant du
ministère des Affaires sociales et
du Travail (MAST) et des membres
du CSS en date du 15 juillet 2015.
Laquelle informe que la permanence
est décrétée au sein du CSS en ce
qui concerne les salaires minima
au regard de la dépréciation de la
gourde par rapport au dollar (améri-
cain). Aucune décision toutefois
n’a été mentionnée dans cette note
qui ferait un quelconque état de
l’avancement de cette permanence
au niveau de cette structure.
D
epuis le début de la période
de campagne, le jeudi 9
juillet dernier, très peu de
candidats s’exhibent. Mis à
part quelques banderoles sur la route
nationale #1, et certains graffitis sur
des murs de quelques bâtiments
de la ville, rien n’est encore visible
en termes d’affiche. Alors qu’il y a
plus de 20 aspirants-députés pour
la circonscription des Gonaïves
et 25 candidats au sénat pour le
département de l’Artibonite.
Quelques rares candidats à
la députation ont déjà lancé
officiellement leur campagne
aux Gonaïves. Ils n’ont aucun
spot en rotation dans les medias.
Interrogés à ce sujet, certains
candidats se disent dans l’impasse.
« Nous lançons notre campagne
avec les moyens du bord », ont-ils
lâché.
Ces derniers n’ont pas caché leur
mécontentement face au retard du
conseil électoral provisoire en vue
de financer leur campagne. Les jours
avancent, les candidats s’inquiètent
sérieusement. Parallèlement, pour
les opérateurs, le processus électoral
va bon train. Toutes les dispositions
sont déjà prises pour la tenue du pre-
mier tour des législatives, le 9 Août
prochain, a garanti fermement le pré-
sident du bureau électoral départe-
mental (BED) de l’Artibonite, Claudel
Saintilien. Il a en outre informé que
plusieurs matériels devant servir à
la réalisation des prochaines joutes
sont déjà stockés dans la Cité de
l’Indépendance. Citons entre autres,
les matériels non-sensibles et 15
motocyclettes.
Le concours pour les superviseurs
électoraux, a lieu le week-end
écoulé. Ils étaient au total 1 870
candidats venus des 15 communes
de la région. Les séances de
formation pour ces superviseurs
ainsi que les agents de sécurité
électorale (ASE) devraient se tenir
sous peu, a indiqué le président
du BED.
Selon Claudel Saintilien,
les aspirants législateurs du
département ont déjà signé un
Code de bonne conduite dans la
période électorale, à l’initiative du
BED, de la PNH et de la Justice.
De son côté, le directeur
départemental de la police de
l’Artibonite, Berson Soljour, a fait
savoir que l’institution policière
s’engage pour le bon déroulement
du processus électoral. Il a fait
savoir que durant la période,
les dispositifs de sécurité sont
renforcés dans le département.
Il ne reste que trois semaines
pour la fermeture de la campagne
électorale. Plusieurs observateurs
s’attendaient à une période de
campagne plus agitée. « Les
candidats sont tous dans le même
sac. Il n’y a pas de potentiel
candidat aux élections », a opiné
un citoyen.
Le CSS muet face aux exigences des ouvriers
Par Reynold Aris
HAÏTI/SALAIREMINIMUM
La détérioration des conditions socio-économiques continue d’alimenter les débats. Dépréciation accélérée de
la gourde par rapport au dollar, augmentation du coût de la vie, les inquiétudes abondent. Mais le silence du
Conseil supérieur des salaires (CSS) inquiète davantage. Face à une telle situation la Plateforme des syndicats
des usines textiles (Plasit) s’insurge. Et elle exige des autorités l’augmentation des salaires des ouvriers en
adéquation avec la cherté de la vie.
Une Campagne timidePar Dieulivens Jules
GONAÏVES/ÉLECTIONSLÉGISLATIVES
Environ 2 semaines après l’ouverture officielle de la campagne électorale,
l’ambiance ne se fait pas sentir dans la Cité de l’Indépendance. Les candidats
étaient-ils vraiment prêts à franchir cette étape? C’est le questionnement de plus
d’un.
7. D
es informations publiées sur
le site internet d’un journal
africain, l’IOL NEWS en
date du 18 juillet, et repris-
es par des médias haïtiens, rapporte
que les biens de l’ambassade d’Haïti
à Waterkloof, au Pretoria en Afrique
du Sud, ont été saisis, en raison
d’arriérés de loyer. Reconnaissant
que le fait s’est réellement produit, le
chancelier Haïtien ad intérim Lener
Renaud, souligne que « la mission
haïtienne n’est nullement fautive ».
Il est également question de la rési-
dence du Chef de la mission haïti-
enne au Pretoria et non l’ambassade
comme s’est présentement rap-
porté. Lener Renaud explique au
National, qu’une lettre est adressée
à la chancellerie de Pretoria pour
« protester » de ce qui s’est passé
et exiger des « excuses ». Pour le
Ministre Renaud, ce qui s’est passé
constitue un accroc au droit, vu que
l’immunité va aussi à la résidence
du chargé de mission.
Dans les détails fournis au National
par Israël Jacky Cantave, un membre
du cabinet du Ministre Renaud, la
mission haïtienne au Pretoria a eu
une entente avec le propriétaire de
la résidence du chargé de mission
où, l’incident s’est produit, pour
y effectuer des réparations. Le
propriétaire n’avait pas les moyens
pour effectuer les ajustements en
question. Les travaux de réparation
effectués sont pratiquement finis.
Dans l’intervalle, le propriétaire
est décédé et c’est sa femme qui
a entrepris la démarche en justice
à l’insu de la mission et la décision
du tribunal est « un jugement par
défaut ». Dans la journée du 20
juillet, le chargé d’affaires d’Haïti,
Stéphane Déjoie, s’est rendu à la
chancellerie de Pretoria, pour faire
la lumière sur la question. Celle-ci
a «donné la garantie que la décision
de justice sera annulée ».
Suivant l’accord qui a été conclu
avec le propriétaire décédé, la
mission déduirait les dépenses
effectuées pour les réparations des
frais de loyers.
Un récent ministre haïtien des
Affaires étrangères, affirme que
chaque mois l’État haïtien effectue
des transferts d’argent sur les
comptes de toutes les missions à
l’extérieur. Ces transferts servent à
payer tous les frais liés aux activités
de celle-ci, notamment, celui des
loyers, le payroll du personnel et les
charges sociales. Il rapporte que la
mission de l’Afrique du Sud reçoit
40 mille dollars américains le mois.
Toutes les missions ne reçoivent pas
les mêmes frais.
Cet ancien chancelier, estime
pour sa part que certaines
missions haïtiennes à l’extérieur
ne rapportent pas grand-chose au
pays. Il cite, entre autres, celle de
l’Afrique du Sud, de l’Angleterre et
du Vietnam.
MARDI 21 JUILLET 2015 N0
43 | 7
Protestation et exigence d'excuses de Pretoria
Par Stephen Ralph Henri
HAÏTI/DIPLOMATIE
Le gouvernement d’Haïti s’est adressé à la chancellerie de Pretoria, qui est la capitale administrative de l’Afrique
du Sud, pour dénoncer l’opération de déguerpissement menée contre la résidence du chef de mission et du coup
exiger des excuses, d’après le ministère des Affaires étrangères Haïtien. Un ancien chancelier haïtien rapporte
que la mission de l’Afrique du Sud est l’une des mieux lotie mais n’en voit pas le profit pour le pays.
Des biens de l’ambassade d’Haïti à Waterkloof, au Pretoria en Afrique du Sud,
ont été saisis, en raison d’arriérés de loyer. / Photo : haitianinternet.com
8. 8 | N0
43 MARDI 21 JUILLET 2015
MONDE
C
uba et les Etats-Unis ont
formellement renoué lundi
leurs relations diplomatiques,
rompues il y a cinquante-
quatre ans, et le drapeau cubain a
été hissé sur l’ambassade de Cuba à
Washington.
Le ministre cubain des Affaires
étrangères, Bruno Rodriguez,
a présidé la réouverture de la
représentation diplomatique, étape
symbolique du rapprochement
annoncé simultanément le 17
décembre dernier par Barack
Obama et son homologue, Raul
Castro.
Plus de 500 personnalités, dont
de nombreux parlementaires
américains, avaient été conviées
pour l’occasion mais aucune
invitation n’avait été adressée aux
élus du Congrès en pointe dans la
lutte anti-castriste.
De profondes divergences
demeurent entre les deux pays et
les efforts diplomatiques en vue
d’une normalisation complète
devraient être longs.
Mais la cérémonie de lundi a revêtu
une forte dimension symbolique.
Autre signe d’une volonté
commune de fermer la page d’un
demi-siècle d’hostilité: le chef de
la diplomatie américaine, John
Kerry, a reçu son homologue cubain
-- le premier ministre des Affaires
étrangères en visite à Washington
depuis la Révolution castriste --
au Département d’Etat. Les deux
hommes ont souligné l’importance
de l’événement à leurs yeux, tout en
la relativisant.
« Les événements historiques que
nous sommes en train de vivre
feront sens uniquement avec la fin
du blocus économique, commercial
et financier, qui provoque tant de
privations et de dégâts pour notre
peuple, avec la rétrocession du
territoire occupé de Guantanamo,
et le respect de la souveraineté de
Cuba », a déclaré Bruno Rodriguez
lors de la cérémonie d’ouverture
de la représentation diplomatique.
Par la suite, John Kerry a salué « un
nouveau départ » dans les relations
entre les Etats-Unis et Cuba, mais
a précisé que le chemin qui devait
conduire à une normalisation
pleine et entière serait « long et
complexe ».
Le porte-parole de la Maison
blanche, Josh Earnest, a quant
à lui affirmé que la présidence
américaine se montrait « optimiste»
à l’idée que La Havane respecte les
droits de l’homme dans les années
à venir.
DISCRÉTION À CUBA
Au moment où le drapeau cubain
était hissé et où retentissait
l’hymne national du pays, d’autres
voix se faisaient entendre, celles
d’anonymes restés à l’extérieur,
qui criaient au milieu de la foule:
« Cuba si, embargo no ! »
John Foster Dulles et Gonzalo
Guell furent les deux derniers chefs
de la diplomatie des deux pays à
participer à une réunion officielle à
Washington le 22 septembre 1958,
quelques mois avant la révolution
castriste. Dans la capitale cubaine,
l’ambassade américaine a également
rouvert, mais en toute discrétion: la
« section d’intérêts » américaine a
publié un communiqué indiquant
qu’elle devenait « officiellement
l’ambassade des Etats-Unis ».
La bannière étoilée n’y sera hissée
qu’à l’occasion d’une visite de
John Kerry dans l’île, prévue le
14 août prochain. Les Etats-Unis
ont rompu leurs relations avec l’île
communiste en 1961 et imposé un
embargo économique et commercial
dont certaines mesures ont déjà été
assouplies depuis le rapprochement
de décembre dernier.
Pour que cet embargo soit
totalement levé, il faut l’aval
du Congrès dominé par les
républicains.
Le drapeau cubain flotte sur l'ambassade
de Cuba à Washington
Sources : Reuters
Dans une rue de La Havane. Cuba et les Etats-Unis ont formellement renoué
lundi leurs relations diplomatiques, rompues il y a plus d’un demi-siècle, et
rouvert leur ambassade respective à Washington et La Havane. / Photo: prise le
19 juillet 2015/REUTERSP
États-Unis : Kerry reçoit son homologue cubain,
une première en 57 ans
Sources : Le Point.fr (avec AFP)
Le chef de la diplomatie américaine a accueilli Bruno Rodriguez dans ses locaux du département d’État. Il doit se
rendre lui-même à La Havane en août.
L
e secrétaire d’Etat John Kerry
a dit lundi que les Etats-Unis
voulaient entretenir des « liens
de bon voisinage » avec Cuba,
mais a prévenu que la normalisation
totale des relations entre les deux
pays serait « longue et complexe ».
Quelques heures après la réouverture
d’ambassades à Washington et La
Havane, John Kerry --s’exprimant en
espagnol-- s’est félicité « du début de
cette nouvelle relation avec le peuple
et le gouvernement de Cuba », lors
d’une conférence de presse commune
avec son homologue cubain Bruno
Rodriguez. Mais, revenant à l’anglais,
il a ajouté que ce rapprochement ne
signifiait « pas la fin des nombreuses
différences qui séparent toujours nos
gouvernements ».
Le ministre des Affaires étrangères
cubain Bruno Rodriguez a quant
à lui appelé à la fin de l’embargo
économique contre Cuba et a
demandé la restitution des terrains
de la base américaine de Guanta-
namo. Bruno Rodriguez a dit que
La Havane voulait aller de l’avant.
Mais il a insisté sur le fait que «
lever complètement l’embargo et la
restitution du territoire occupé illé-
galement de Guantanamo » étaient
des points « cruciaux pour avancer
vers une normalisation » des rela-
tions entre les deux pays.
Le secrétaire d’État américain John
Kerry a reçu lundi son homologue
cubain Bruno Rodriguez dans les
locaux du département d’État, pre-
mière visite de ce type pour un dip-
lomate de La Havane depuis 1958.
John Kerry et Bruno Rodriguez se
sont serré la main avec le sourire
devant les caméras avant d’entamer
une réunion pour évoquer les dif-
férents sujets relatifs au rapproche-
ment entre les États-Unis et Cuba
initié en décembre dernier après
plus de cinq décennies d’hostilité.
Rétablissement historique des
relations diplomatiques
Plus tôt dans la journée, le drapeau
cubain a pris sa place lundi dans
l’entrée du département d’État
américain ainsi que sur la toute nou-
velle ambassade cubaine à Wash-
ington, marquant le rétablissement
historique des relations diploma-
tiques entre les deux pays. Le secré-
taire d’État américain se rendra lui
à Cuba le 14 août, notamment pour
y hisser le drapeau américain sur
la nouvelle ambassade des États-
Unis. John Kerry devient ainsi le
plus haut responsable américain
à visiter l’île communiste depuis
la normalisation des relations.
La dernière visite d’un secrétaire
d’État remonte à 1945.
Bruno Rodriguez, ministre cubain des Affaires étrangères, et John Kerry,
secrétaire d’État américain./ Photo : AFP
10. 10 | N0
43 MARDI 21 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Susciter la vocation entrepreneuriale
auprès de 350 finissants universitairesPar Therno N. A. Sénélus
Le Rwanda est le 7ème pays
le mieux géré de la planète,
selon le World Economic ForumPar Aaron Akinocho
T
rois cent cinquante
universitaires finissants ont
été reçus comme stagiaires
à durée déterminée dans
des établissements d’enseignement
supérieur et professionnel du pays.
Ces jeunes postulants ont été
recrutés durant la période estivale
dans le cadre du Programme
d’initiation des jeunes à l’emploi
(PIJE) du ministère de l’Économie
et des Finances, nous apprend
Lordis Bernard, coordonnateur
de l’activité. Le PIJE se donne
pour objectif de susciter la
vocation entrepreneuriale chez
ces derniers afin de favoriser le
lien entre les entreprises et les
ressources humaines qualifiées de
l’administration publique ou du
secteur privé.
Une centaine de bénéficiaires
sont déjà à une phase avancée du
programme et pourront bientôt
mettre fin à leur stage. Les deux
cent soixante autres réaliseront
leur stage au cours de la période
allant du 20 au 22 juillet. La
démarche d’apprentissage au
profit du dernier groupe est
prévue pour le début septembre.
C’est ce qu’a confié jeudi dernier
au National, le titulaire du projet
PIJE.
Le document de stage précise
que « le stagiaire est couvert,
pendant la durée de son stage
d’application, en ce qui a trait au
risque « accidents du travail » par
l’OFATMA. Pour l’année 2015, la
gratification à donner au stagiaire
est établie à dix mille (10 000)
gourdes par mois, financées par le
ministère des Finances. Elle peut
être prise en charge en totalité par
l’entité d’accueil. Un rapport de
stage est exigé de chaque stagiaire.
Un certificat d’attestation de stage
décrivant le travail effectué est à
la charge de l’entité d’accueil.
Toute entreprise, tout organisme
(public ou privé), toute organisa-
tion ou institution internationale,
toute organisation non gouverne-
mentale disposés à recevoir un
stagiaire, selon le mode de sélec-
tion du Programme, sont des enti-
tés d’accueil. L’entité, bénéficiant
d’une certaine autonomie finan-
cière, pourra accueillir le stagia-
ire, le prendre en charge en désig-
nant un responsable de stage qui
facilitera’ son accès aux informa-
tions nécessaires et à son intégra-
tion au sein de l’entité. Si, celle-
ci décide de prolonger la durée
du stage de plus de deux mois, la
gratification et l’assurance pour le
risque « accidents-travail » sont à
sa charge entièrement.
En dépit du nombre de jeunes
recrutés, Lordis Bernard n’est pas
satisfait. Pour ce faire, il propose
d’autres stratégies. « Je ne suis
pas satisfait, car les problèmes
techniques enregistrés nous
empêchent d’atteindre les 500
jeunes visés par le programme»,
ajoutant que le PIJE va s’améliorer
en vue d’atteindre l’effectif prévu
pour la période en cours.
Public ciblé
Ce seront les meilleurs étudiants
finissants de la promotion la plus
récente des centres de formation
supérieure et technique.
Les étudiants provenant des
établissements de formation,
membres de la Conférence des
recteurs, présidents, dirigeants
d’universités et de centres de
formation supérieure d’Haïti
(CORPUHA) sont prioritairement
visés. Les établissements de
formation soumettront une liste
des cinq meilleurs par domaine de
formation et par ordre de mérite.
Un répertoire électronique sera
disponible pour les entités qui
manifestent leur intérêt à créer un
dispositif d’accueil des stagiaires.
La période de recrutement prendra
fin le 15 juin 2015.
Financement du programme
Il est prévu dans le Budget
rectificatif 2014-2015, un crédit
de dix millions de gourdes
destinées au financement de deux
mois d’activités au profit des cinq
cents stagiaires pendant l’été, de
juillet à août 2015. Il est attendu
de certains organismes publics
autonomes, à caractère financier
ou commercial, le transfert sur
un compte ouvert à cet effet
d’un montant minimum de 500
000 gourdes en vue de prendre
en charge la gestion des stages.
Les partenaires techniques et
financiers établis dans le pays
pourront, après négociation,
renforcer ce fonds et accueillir
un plus grand nombre de jeunes
dans le cadre du programme. Les
entités privées qui participent
au Programme pourront prendre
elles-mêmes les stagiaires en
charge.
Avis des étudiants du programme
Les étudiants voient dans
cette initiative, des mesures
d’accompagnement des jeunes
finissants de diverses disciplines
scientifiques des universités
du pays. Venel Dublain, un
finissant et postulant en sciences
économiques, salue cette initiative
du gouvernement. Il propose
qu’elle soit renforcée pour la prise
en compte de tous les étudiants.
« C’est évident qu’on vient avec
un programme en vue d’initier
les jeunes à l’emploi. Mais
aussi, il faudrait tenir compte
de l’ensemble de la population
estudiantine, mais pas seulement
un petit groupe ». Et, il termine
par ces mots: « Non à l’exclusion,
oui à l’inclusion ».
Confiante du projet, Fedeline
Caristhène, originaire de Jacmel et
finissante en gestion des affaires,
déclare : « Je ne savais même pas
ce que je ferais après mes études.
J’apprécie cette initiative dont je
suis devenue l’une des premiers
bénéficiaires ». La postulante
encourage les décideurs à
pérenniser ce programme afin
que d’autres étudiants puissent
en bénéficier.
S
elon le World Economic
Forum (WEF) qui a publié
ce rapport, le classement du
Rwanda s’explique en grande
partie par le niveau de gaspillage très
bas en ce qui concerne les dépenses
gouvernementales.
«Nous ne sommes pas supris par
ce classement parce qu’il ne fait
qu’exprimer la réalité ce qui se
passe chez nous. Au Rwanda, il
y a un processus compréhensible
en ce qui concerne la gestion et la
reddition de compte, en particulier
dans l’usage des ressources
publiques» a déclaré Anastase
Shyaka qui dirige le conseil
rwandais de la gouvernance
(RGB). Les Rwandais ont accès
à des informations cruciales
en ce qui concerne l’action
gouvernementale, les décisions de
l’exécutif et la façon dont celui-
ci établit ses priorités et fait ses
choix a-t-il confié à Xinhua.
En Afrique le Rwanda est suivi par
l’île Maurice qui se classe (26ème)
et l’Afrique du Sud (32ème). Dans
l’est du continent, il se classe très
loin devant le Kenya qui vient
en 51ème position ou l’Ouganda
(79ème).
Le rapport, qui évalue le niveau
d’efficacité de la gouvernance de
144 pays du monde sur la base
de critère comme le gaspillage
des ressources, les obstacles à
la régulation et la transparence
dans l’élaboration des politiques
nationales.
Au niveau international, le WEF a
étonnamment classé le Qatar en
premier, devant Singapour et la
Finlande.
EMPLOI/JEUNES
GOUVERNANCE
L’édition 2014-2015 du rapport mondial sur la compétitivité classe le gouvernement rwandais au 7ème rang en
ce qui concerne l’efficacité dans la gestion publique. Ce pays se retrouve ainsi devant des nations comme la Suisse
(9ème) ou le Luxembourg (10ème).
11. MARDI 21 JUILLET 2015 N0
43 | 11
ÉCONOMIE
SÉCURITÉALIMENTAIRE
L'Union européenne et la FAO lancent
deux nouveaux programmesSource : FAO
Le lancement de ce nouveau partenariat vise à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’agriculture
durable et la résilience dans au moins 35 pays*.
E
ssentiellement, ils se propo-
sent d’apporter une aide aux
pays partenaires et aux organ-
ismes régionaux pour élaborer
des politiques plus énergiques dans
cette perspective.
Les programmes ont été annoncés
à Addis-Abeba (Éthiopie) ce jeudi
16 juillet, lors d’une réunion entre
le Commissaire de l’UE chargé de
la coopération internationale et du
développement, Neven Mimica, et
le Directeur général de la FAO, José
Graziano da Silva, durant la 3ème
Conférence internationale sur le
financement du développement.
L’Union européenne contribue à hau-
teur de 50 millions d’euros et la FAO
d’environ 23,5 millions à cette initia-
tive, qui sera pilotée par les pays en
fonction de la demande.
“Cette initiative sera décisive pour
aider les pays partenaires et les
organisations régionales à mobiliser
les moyens politiques, techniques et
financiers autour du but commun de
réduction de l’insécurité alimentaire
et nutritionnelle. Elle contribuera
également à renforcer le partenariat
entre l’Union européenne et la FAO”,
a affirmé M. Mimica.
“Cette nouvelle phase de notre parte-
nariat avec l’Union européenne per-
mettra de renforcer la capacité de
la FAO d’aider les gouvernements à
acquérir les données et l’information
nécessaires pour élaborer et mettre
en œuvre des politiques efficaces
dans le but de s’attaquer aux causes
profondes de la faim et de dévelop-
per la résilience aux chocs et aux
crises”, a souligné M. Graziano da
Silva.
La nouvelle initiative consiste en
deux programmes quinquennaux
rattachés entre eux :
• Le mécanisme FIRST (Impact
sur la sécurité alimentaire et nutri-
tionnelle, Résilience, Durabilité et
Transformation) visant à renforcer
les capacités des gouvernements et
des administrations régionales en
matière de sécurité alimentaire et
de nutrition ainsi que de mise en
œuvre de politiques agricoles dura-
bles, sous la forme d’un appui aux
politiques et de développement des
capacités.
• Le programme INFORMED (Infor-
mation pour la sécurité alimentaire
et nutritionnelle et la résilience au
service des décisions) contribuera à
renforcer la résilience face aux crises
alimentaires dues aux catastrophes
anthropiques et naturelles. Un des
moyens d’atteindre ce but est de
fournir aux décideurs des informa-
tions périodiques, factuelles et en
temps utile.
Priorités communes de
lutte contre la faim et la
malnutrition
Malgré les progrès réalisés au cours
des dernières décennies, selon le
dernier rapport des Nations Unies
sur l’insécurité alimentaire, quelque
800 millions de personnes dans
le monde sont encore victimes de
la faim, tandis que des millions
d’autres encore n’ont pas accès à une
alimentation saine.
Par ailleurs, ces dernières années,
les crises alimentaires – souvent la
conséquence de conflits ou de catas-
trophes naturelles, eux-mêmes dus
au changement climatique ou à la
volatilité des prix des aliments – ont
frappé des populations en nombre
toujours croissant, Les personnes
vulnérables ont de plus en plus de
mal à se procurer de la nourriture en
quantité suffisante et à gagner leur
vie face à de tels chocs.
Un récent rapport conjoint de la
FAO, du Fonds international pour
le développement agricole (FIDA) et
du Programme alimentaire mondial
(PAM) estime qu’il faudra encore
267 milliards de dollars par an pour
éradiquer la faim dans le monde d’ici
2030 sous forme d’investissements
dans les zones rurales et urbaines
ainsi que dans la protection sociale.
Compte tenu de ces enjeux, les dif-
férents partenaires des initiatives
FIRST et INFORMED reconnaissent
la nécessité d’une action coordonnée
de l’ensemble des parties prenantes
afin d’affronter efficacement les
causes profondes de la faim et de la
malnutrition.
L’UE contribue à ces initiatives
par le biais du programme «Biens
publics mondiaux et les défis qui
les accompagnent»(GPGC), au titre
du budget de l’UE alloué à l’aide
au développement (Instrument de
développement et de coopération,
ou ICD).
L’Union européenne, un des bailleurs
de fonds les plus importants de la
FAO, a adhéré à l’Organisation en
tant que membre en 1991. En 2004,
l’UE et la FAO intensifient leur col-
laboration, devenant des partenaires
stratégiques. Ce dernier accord con-
solide et étend cette coopération de
longue date.
* Liste préliminaire des
pays où les programmes
seront mis en œuvre:
19 pays pour INFORMED:
Afghanistan, Bangladesh, Burkina
Faso, Cambodge, Djibouti,
République démocratique du Congo,
Ethiopie, Gambie, Haïti, Kenya,
Mauritanie, Myanmar, Pakistan,
République centrafricaine, Soudan,
Sri Lanka, Swaziland, Tadjikistan et
Zimbabwe
27 pays pour FIRST: Bénin, Burkina
Faso, Cambodge, Côte d’Ivoire, Cuba,
Djibouti, Fiji, Guatemala, Haïti,
Iles Salomon, Kenya, Malawi, Mali,
Mauritanie, Mozambique, Myanmar,
Niger, Ouganda, Pakistan, Répub-
lique-Unie de Tanzanie, Rwanda, Sri
Lanka, Swaziland, Tchad, Vanuatu,
Zambie et Zimbabwe
Cultivateur malgache en train de travailler dans une rizière. / Photo : FAO
12. 12 | N0
43 MARDI 21 JUILLET 2015
ÉCONOMIE
Figure intellectuelle de la construction européenne, le penseur qualifie l’accord de «mélange toxique entre des
réformes structurelles nécessaires et des mesures néolibérales qui décourageront complètement un peuple grec
déjà épuisé, et tuera dans l’œuf tout élan de croissance.»
Le penseur allemand Jürgen Habermas
juge l'accord grec « toxique »
Source : Libération
VUSURLEWEB
D
ans un entretien au
«Guardian», le philosophe et
sociologue allemand Jürgen
Habermas juge l’accord
signé lundi entre la Grèce et ses
créanciers «toxique», et se montre très
critique vis-à-vis du gouvernement
d’Angela Merkel.
L’accord conclu lundi entre la Grèce
et ses créanciers est «toxique». Dans
un entretien au Guardian publié
jeudi, le philosophe et sociologue
allemand Jürgen Habermas, qui
commente peu l’actualité politique,
s’attaque pêle-mêle à la gestion de
la crise grecque et au gouvernement
allemand. Selon lui, l’accord signé
lundi, qui prévoit un nouveau plan
d’aide pour la Grèce en échange
de mesures d’austérité rejetées
par le référendum du 5 juillet est
«destructeur».
Cet accord «contredit ouvertement
les principes démocratiques
de l’Union européenne» et n’a
pas de sens d’un point de vue
économique, juge le penseur, figure
du mouvement étudiant allemand
de la fin des années 1960. Il y voit
un «mélange toxique entre des
réformes structurelles nécessaires
et des mesures néolibérales qui
décourageront complètement un
peuple grec déjà épuisé, et tuera
dans l’œuf tout élan de croissance.»
«Forcer le gouvernement grec à
donner son accord à un fonds de
privatisation, économiquement
discutable et éminemment
symbolique, ne peut être compris
que sous l’angle d’un châtiment
décrété contre un gouvernement de
gauche», analyse le philosophe, qui
réclame une restructuration de la
dette grecque.
monétaire en union politique
Jürgen Habermas, qui avait déjà
désavoué la politique d’Angela
Merkel par le passé, se montre
également très critique vis-à-vis
du gouvernement allemand, qui a
«dilapidé en l’espace d’une nuit tout
le capital politique qu’une Allemagne
meilleure avait accumulé depuis
un demi-siècle». Les précédents
gouvernements allemands, note-t-il,
avaient démontré «une plus grande
sensibilité politique».
Interrogé par le quotidien
britannique sur la nature de
la crise en Europe, le penseur
allemand met en cause les
politiques néolibérales de
dérégulation et de mauvais choix
politiques. Il accuse les dirigeants
européens, d’être incapables d’agir
dans l’intérêt d’une communauté
européenne car «trop occupés
par leur électorat national», ainsi
que les institutions de l’Union
européenne, trop technocratiques.
«Les décisions essentielles sont
prises par le Conseil européen, la
commission et la BCE - en d’autres
termes, les institutions qui
manquent soit de légitimité pour
prendre de telle décision, soit de
base démocratique», déplore-t-il.
Sur les remèdes à apporter à ce «piège
politique» dans lequel se trouve
l’Europe, Jürgen Habermas réclame
un changement radical de direction
politique. Selon lui, le «déficit de
démocratie et à l’augmentation
des inégalités sociales» ne peut se
résoudre qu’en transformant «l’union
monétaire en union politique», pour
aboutir à une Europe mieux intégrée,
sans sacrifier, comme c’est le cas
actuellement, l’Etat-providence.
Le philosophe et sociologue allemand Jürgen Habermas. / Photo: liberation.fr
13. MARDI 21 JUILLET 2015 N0
43 | 13
« Dis ! Tu n’as pas remarqué le dernier copain de la fille de
madame Bertrand »? C’est la question de Marie à sa chère
cocote Rita.
De ma chambre, je peux écouter quotidiennement les longs
discours de ces deux médisantes. Personne du voisinage
n’est à l’abri de leurs coups de langue. Elles partagent la
même galerie et n’ont pas d’horaire pour « bouillir leur zen
». Elles sont des chômeuses.
Toutefois les deux commères ont un très bon emploi : dire
du mal des gens. Rita et Marie sont vraiment deux grandes
complices. Elles vont au marché ensemble, se coiffent l’une
l’autre, fréquentent les mêmes endroits, partagent leurs
repas… Elles sont souvent à couteaux tirés avec leurs voi-
sins et sont généreuses en propos grivois.
Marie vit toute seule dans une pièce de maison. Elle est
la mère d’une petite fille dont le père a la garde. Rita vit
avec son petit garçon, dont le père s’en fout et fréquente
un homme frôlant la cinquantaine qui, souvent, la gratifie
d’une nuit d’amour.
Depuis deux mois, les conversations des deux commères
tournent fréquemment autour de l’amant de Rita. D’après
cette dernière, son compagnon la néglige physiquement, ne
dépense plus comme auparavant. Elle le soupçonne d’avoir
une femme pas trop loin dans le voisinage. Marie en tant
que fidèle amie la conseille : « Tu peux trouver mieux, ma
chérie. Révoque-le. Les garçons ont des yeux secs comme
le Sahara. Un de perdu, dix de retrouvés, cocote ».
Les semaines s’épuisaient et Rita n’avait pas encore trouvé
une solution adéquate pour son amant et ne cessait de se
plaindre auprès de son amie. Un matin, la voix stridente de
Rita a déchiré le calme du voisinage : « Sale dévergondée,
tu aurais pu m’empoisonner volontiers. Mais tu vas me le
payer traitresse ».
Ces propos étaient adressés à Marie qui a attiré malicieuse-
ment l’amant de son amie dans ses bras et dans son lit
comme le sirop attire les fourmis. En guise de réponse,
la voleuse d’homme a rétorqué : « Je n’ai pas peur de toi,
ma chère. S’il t’a abandonnée c’est parce que je suis plus
sucrée que toi ». Elle a ajouté en tuypant : « M pran l, m
pranl net. Et si c’était à refaire je n’aurais pas hésité une
seule seconde ».
Du portail de ma maison, je riais du comique de la situation.
Je me disais que les oreilles du voisinage prendront un peu
de repos puisque ces médisantes ne se mettront plus à deux
pour dire du mal des autres.
La voleusepar Nancy Constant
L
a Confédération des travail-
leurs haïtiens (CTH) a réuni
les 18 et 19 juillet 2015, à
Pétion-ville une soixantaine de
dirigeants et dirigeantes des fédéra-
tions et syndicats nationaux affiliés, et
ceux de ses deux commissions dans
le cadre de son 13e Conseil national.
Cette activité s’est déroulée autour du
thème « Un syndicalisme éclairé pour
un lendemain meilleur ».
Les délégués venus de plusieurs
régions du pays, ont dans leur
majorité, approuvé le rapport poli-
tique et administratif présentant
la gestion pour les dix-huit der-
niers mois, du Bureau exécutif
de la CTH, présidé par Monsieur
Jacques Belzin.
Durant ces deux journées, les
membres de la CTH, qui se sont
réunis en ateliers dans leur fief
à l’Institut national de forma-
tion sociale (INAFOS) à Frères,
ont adopté plusieurs résolutions
recommandant entre autres, la
consolidation du mouvement des
travailleurs en Haïti avec une
insistance sur l’identification
des biens meubles et immeubles
dont certains sont encore déte-
nus par des anciens dirigeants de
l’organisation.
Les discussions ont été ponctuées
par les interventions de deux coo-
pérantes belges en l’occurrence
Madame Annick De Ruyver,
envoyée spéciale de la Confédéra-
tion des Syndicats Chrétiens (CSC)
et responsable du Département
international pour l’Amérique
latine et Haïti, et Madame Kattia
Paredes Moreno, représentante de
la Confédération des Syndicats
des Amériques (CSA) affiliées à la
Confédération Syndicale interna-
tionale (CSI).
Dans leurs interventions respec-
tives, les deux étrangères ont mis
l’emphase sur la représentativité
syndicale en Haïti prise à son
compte par la CTH aux dires de
ses dirigeants. La transparence
financière au niveau du fonc-
tionnement, est l’un des critères
qui mesure la représentativité
syndicale, qui de l’avis de ces
coopérantes, pose un problème
de communication en raison des
données informatique qui ne sont
pas disponibles.
En ce sens, ont-elles prescrit, la
CTH doit faire des choix straté-
giques pour pouvoir assurer le
leadership du mouvement syndi-
cal en Haïti et atteindre les objec-
tifs fixés.
Madame Annick De Ruyver a
exprimé sa satisfaction du travail
réalisé par le bureau exécutif de la
CTH dans le cadre du programme
de coopération axé sur divers
plans notamment la formation
syndicale, la cotisation, la résolu-
tion des conflits, la négociation
collective, le respect des droits.
La représentante de la CSC au
13e Conseil national de la CTH,
s’est également, réjouie des efforts
déployés par le bureau, qui suite
à une décision de justice, a repris
le contrôle de l’INAFOS, ce qui
va permettre à l’organisation syn-
dicale, d’autofinancer son dével-
oppement, a-t-elle fait remarquer.
Plaidant par ailleurs, en faveur
de la consolidation des acquis de
la CTH, la syndicaliste a fait une
comparaison entre la Belgique qui
compte 1.500 million d’affiliés
représentant environ 70% de la
classe travailleuse et Haïti qui n’a
que 2%. « La Confédération des
travailleurs haïtiens doit respecter
la réglementation pour que les
fonds alloués puissent faire avanc-
er la cause des travailleurs et tra-
vailleuses », a souhaité Madame
Annick De Ruyver.
Pour sa part, le président de la
CTH Jacques Belzin, préconise la
structuration du mouvement syn-
dical haïtien, qui selon lui, doit
œuvrer au bien-être des travail-
leurs. Ce 13e Conseil national, un
rendez-vous annuel de la CTH, a
permis aux différents délégués de
fixer leur position sur la conjonc-
ture incluant et sur la situation
des haïtiens contraints de quitter
la République Dominicaine.
Plusieurs commissions dont une
chargée de la récupération des
biens de la CTH, ont été formées,
au cours de ce Conseil qui a
également débattu la question de
la refonte du code du travail.
Les délégués de la CTH sont
unanimes à reconnaître les
difficultés des travailleurs face
au chômage, à la cherté de la
vie et à la dépréciation de la
monnaie nationale par rapport au
dollar américain, et pressent les
autorités d’agir afin d’apporter
des solutions appropriées aux
problèmes récurrents.
Jacques Belzin, René Prévil
Joseph, Marie Louise Lebrun
Louimarre, Ricot Palès Dolcé,
étaient parmi les membres du
bureau exécutif de la CTH,
présents à ce 13e Conseil natio-
nal.
Structurer le mouvement
syndical haïtien
par André Marc ODIGE
14. 14 | N0
43 MARDI 21 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
L
amissiondel’égliseMéthodiste
d’Haïti comporte aujourd’hui
plus de 160 églises à travers
tout le pays. Elles sont regrou-
pées en 11 circuits. Un réseau de 120
écolessecondairesoffreuneformation
de qualité aux enfants. Cette mission
a également contribué à l’avancement
et la pratique de la langue créole. «
C’est l’un de nos missionnaires, le
pasteur Ormond Marc-Onel, fai-
sant appel à un expert, le docteur
Franck Lubac, qui a doté le créole
haïtien de son premier alphabet,
dans les années 1940 », raconte
d’un air fier et enthousiaste le
révérend pasteur Marco Depestre.
L’une des principales missions
de l’église Méthodiste, a pour-
suivi le révérend pasteur Marco
Despestre, consiste à travailler au
développement communautaire
en Haïti. Des techniciens dissémi-
nés un peu partout dans le pays
accompagnent la population dans
les domaines de l’agriculture et
de l’élevage. Aussi cette structure
dispose-t-elle de centres de santé
dans presque toutes les régions
du pays.
Même si l’église Méthodiste, tra-
ditionnellement, ne se vante pas
de ses réalisations, le pasteur
Depestre explique que la popula-
tion se montre très reconnaissante
envers la mission. Il estime que le
travail doit continuer. Mais, Cela
ne l’empêche pas à éprouver un
sentiment de grande satisfaction
aujourd’hui.
Néanmoins, a laissé entendre le
pasteur Depestre, la mission con-
tinue dans sa démarche première
: travailler à augmenter le nombre
des communiés.
Aussi veut-elle mettre sur pied
une université méthodiste dans
le pays dont la mission consistera
à former particulièrement leurs
pasteurs.
Une marche pour marquer les
deux cents ans
A l’occasion du bicentenaire de
cette structure religieuse dans
le pays, une marche a rassemblé
tous les fidèles de cette Eglise.
Le départ est donné à la rue de
l’enterrement, près du nouveau
collège Bird, à 8 heures du matin.
Des centaines d’adeptes du prot-
estantisme sont déjà là, vêtus de
blanc, prêts pour entamer cette
marche qui doit aboutir au champ
de mars. Là, ils organiseront un
service d’action de grâce. Ils sont
venus des différentes églises
méthodistes de la région métro-
politaine. Certains viennent de
la commune de la Croix-des-Bou-
quets.
Mais, d’un seul corps, tous, ils
marchent au ton de la musique
des fanfares. Et, à la queue de
cette longue troupe, un DJ joue
des musiques évangéliques que
la foule reprend avec allégresse.
Tout au cours de la route, ils lan-
cent des messages de paix, des
invitations. Ils évangélisent.
L’église Méthodiste d’Haïti :
une histoire
« Les démarches pour implanter
une église protestante en Haïti
ont démarré depuis l’année 1815,
dans la République de l’Ouest et
du sud dirigée par Alexandre
Pétion », a tenu à informer le
secrétaire général de la mission en
Haïti, le révérend Marco Depestre.
C’est un capitaine anglais, Hancy
Reynolds, qui en a posé les
jalons en écrivant une lettre au
président Pétion lui demandant
l’autorisation d’implanter une
Église protestante dans le pays.
« C’est justement cette date que
nous commémorons aujourd’hui,
car c’est en date du 18 juillet
1815 que Pétion a donné
l’autorisation à M. Reynolds, par
une correspondance, de distribuer
les saintes écritures et de partager
sa foi dans le pays », a martelé le
pasteur. « Mais, le président Pétion
lui a tout aussi bien confié la tâche
de travailler dans l’éducation des
enfants d’Haïti », a fait savoir le
révérend Marco Depestre.
Les premiers missionnaires
protestants, exclusivement des
méthodistes, ont ainsi débarqué
à Port-au-Prince le 7 février 1817
avec pour objectifs d’évangéliser
et de contribuer dans la formation
des Haïtiens. Depuis, l’église
Méthodiste d’Haïti a beaucoup
grandi, malgré les difficultés
rencontrées quotidiennement
dans le pays. Monsieur Depestre
a tenu à préciser que cette Église
a subi, à un certain moment,
beaucoup de persécutions
politiques. « Grandes ont été les
difficultés rencontrées pendant
notre existence en Haïti.
Le premier bâtiment qui abritait
notre Église a été incendié par des
opposants au mouvement », nous
confie-t-il. Mais cela n’a pas pu
stopper la course.
Les festivités devant marquer la
commémoration du bicentenaire
de l’église Méthodiste d’Haïti ont
été lancées depuis janvier 2014,
dans le circuit du Cap-Haïtien.
Au champ de mars, le dimanche
19 juillet 2015, les membres de
cette mission n’ont pas manqué
de remercier Dieu pour leur avoir
prêté mains fortes dans leurs
actions visant le développement
du pays. Ils se disent déterminés
à agir et à croire en leur devise:
« l’amour du christ nous
possède ».
Les deux cents ans de l'église
Méthodiste en HaïtiPar Ritzamarum ZETRENNE
L’année 2017 marquera les deux cents ans de l’église Méthodiste dans le pays. Depuis, les responsables de cette
Eglise ont posé de multiples actions favorisant le développement et l’épanouissement du peuple haïtien, tant sur
le plan religieux que social.
....../ Photo:
15. MARDI 21 JUILLET 2015 N0
43 | 15
SOCIÉTÉ
Nos universités : combien de
places pour les bacheliers ?par Stéphanie Balmir
O
nze entités composent
l’université d’État d’Haïti.
Un nombre qui ne signifie
pas que les jeunes Haïtiens
aient forcément accès à l’université.
Environ deux mille réussiront à deve-
nir étudiants et à faire choix d’une
discipline quelconque au sein de
l’une des facultés. Deux mille. Quan-
tité insignifiante pour les jeunes qui,
chaque année, sont environ entre 50
et 70 mille à boucler leurs études clas-
siques.
Rick* est un étudiant de la fac-
ulté de linguistique appliquée.
Quoiqu’il ait achevé les cours et
préparé son travail de sortie, il croit
que l’université en Haïti demeure
un véritable casse-tête. Le nombre
d’étudiants que l’université reçoit
tous les ans est dérisoire compte
tenu de la quantité innombrable
qui désire y entrer. « La capacité
d’accueil est peu significative. Il
faudrait repenser la politique de
l’enseignement supérieur en Haïti.
Il faudrait rendre plus accessible
l’entrée à l’université si l’on veut
que cette jeunesse joue pleine-
ment son rôle de garant de l’avenir
de la nation », c’est du moins ce
que suggère Rick.
Lovely* est étudiante dans une
université privée en Haïti. Elle
pense que l’université chez nous
fonctionne dans un véritable dés-
ordre. Car, la capacité d’accueil est
en dessous de la moyenne. Il n’y a
pas assez d’universités pour tout
le monde. « À Port-au-Prince, nous
sommes déjà trop. Ne parlons pas
de ceux qui viennent des villes de
province et qui doivent tous les
ans grossir ce nombre ! », dit-elle.
D’ailleurs, elle fait partie de ceux
qui n’ont pas réussi à franchir le
seuil de la faculté de médecine. «
C’est pourquoi j’ai fait le choix de
l’université que je fréquente en ce
moment. Je ne pouvais rester sans
rien faire, » a-t-elle fait savoir.
La politique d’accueil de
l’université reste le centre des
débats. Jacques* qui a déjà
échoué aux examens d’entrée de
deux facultés de l’UEH argue que
l’État n’a pas de projet spécifique
pour tous ces jeunes qui bouclent
le cycle secondaire. « Il n’y a pas
de politique pour permettre à ces
jeunes de continuer leurs études.
Ils s’arrêtent à la philo parce que
chaque année, l’université reçoit
la même quantité d’étudiants.
Or, la plupart des parents haïtiens
dépourvus de moyens, croient que
l’université d’État est la seule
option pour leur progéniture. Sauf
que cet espoir n’est pas toujours
matérialisé. Parce qu’il n’est pas
évident que ces élèves passent les
concours avec succès. Lina*, une
femme de quarante ans, a un fils
unique. Elle avoue commencer à
faire des économies pour financ-
er les études supérieures de son
garçon. Tout simplement, elle sait
déjà que son fils a plus de chance
d’échouer que de réussir à inté-
grer l’une des entités de l’UEH. «
Menm si m se malerèz, m pa ka
kite l chita », dit-elle avec une
pointe de tristesse dans la voix.
Pour le professeur Lune Roc Pierre
Louis, professeur à l’UEH, Le pro-
blème d’accueil à l’université n’est
qu’un aspect d’une situation plus
complexe. « Le grand problème de
l’UEH est le manque de vision de
ses dirigeants notamment le Con-
seil exécutif. Depuis l’année1986,
mais surtout depuis 12 ans, ce
Conseil prend l’université en
otage. Il l’utilise à des fins privé-
es, au gré de ses intérêts. Or, il
devrait agir pour que l’université
parvienne à desservir la popula-
tion estudiantine. ». La CNRU (Cel-
lule de Réflexion pour la Nouvelle
UEH) milite depuis deux ans pour
que l’université réponde valable-
ment aux exigences des jeunes.
Ceux-ci pensent qu’il faut une
politique d’intégration au niveau
de l’université. La solution pour
Jacques serait que l’État change
de politique. Pour permettre à
plus d’étudiants d’intégrer les
facultés de leur choix. Quant
à Rick, sa solution passe par la
structure même. Il faut tout sim-
plement que certains professeurs
pensent à prendre leur retraite,
que l’université soit mieux struc-
turée, ait du matériel didactique
pour performer les savoirs parce
que la qualité de la formation doit
être une priorité.
Le problème de l’université est
complexe. Il faut chercher leurs
véritables causes pour y trouver
les solutions adéquates. Solutions
qui, pour la CRNU, passent par la
mise en application de l’avant-pro-
jet de loi portant sur l’organisation
et le fonctionnement de
l’université d’État d’Haïti, adopté
en session ordinaire du Conseil
de l’université (CU) les premier et
deux novembre de l’année 2014.
De cette application découlerait
donc des solutions efficaces.
Sauf qu’en septembre 2015, la
majorité de nos 76 191 bacheliers
sera obligée de rester chez elle et
d’appliquer la politique du béton.
*Nom d’emprunt.
Le cycle universitaire demeure problématique en Haïti. Plus de la moitié des bacheliers qui terminent leurs
études classiques ont du mal à intégrer l’université d’État. Tous les ans, les rêves de jeunes femmes et jeunes
hommes du pays se volatilisent. « Pas assez de places à l’université d’État pour les accueillir tous » alors que ces
jeunes n’ont aucun support économique pour payer leurs études dans les universités privées.
La politique d’accueil de l’université reste le centre des débats.
16. A
ux États-Unis, se marier
après 30 ans ne garantit pas
de rester ensemble toute
sa vie. C’est du moins ce
qu’affirme une récente étude réali-
sée pour l’Institute of Family Studies
par Nicholas Wolfinger, professeur à
l’université d’Utah.
En ce moment
On aurait plutôt tendance à dire
qu’en matière de mariage, il faut
prendre son temps. Mais le socio-
logue Nicholas Wolfinger, qui a
analysé des données du National
Survey of Family Growth (NSFG),
un institut de sondage du gouver-
nement américain, affirme que
ceux qui attendent le plus long-
temps sont les moins susceptibles
de conserver leur bague au doigt.
Pas de panique, cela ne veut pas
dire que se marier à l’adolescence
diminue les risques de divorcer.
D’après l’universitaire, « quelqu’un
qui se marie à 25 ans a 50 %
chances de moins de divorcer que
quelqu’un qui se marie à 20 ans
». Qu’en est-il alors de ceux qui
se marient après leurs 30 ans ?
Dans les années 1990, toujours
selon des données du NSFG, le
taux de divorce diminuait dès
que l’on dépassait la vingtaine.
Aujourd’hui, la courbe s’est inver-
sée. À partir de 32 ans, « les ris-
ques de divorcer augmentent de 5
% par an ». En clair, les mariages
les plus stables sont ceux qui ont
eu lieu quand les mariés avaient
entre 25 et 32 ans.
Des alternatives au mariage
plus attractives ?
À partir de 32 ans, les risques
de divorcer augmentent de 5
% par an
Comment expliquer ce change-
ment ? Par aucune des variables
que sont le sexe, l’éducation, la
religion, la stabilité de la famille
d’origine ou l’historique sexuel
des personnes concernées. « Pour
presque tout le monde, la fin de
la vingtaine apparaît comme le
meilleur moment pour s’engager
», affirme le professeur. Il émet
une hypothèse, celle de l’« effet
de sélection ». « Les personnes
qui attendent la trentaine pour se
marier sont peut-être celles qui ne
sont pas prédisposées à vivre un
mariage heureux. (…) Il se peut
que les personnes qui se marient
plus tard soient confrontées à un
panel de partenaires potentiels
duquel ont été retirés les indivi-
dus les plus prédisposés au mar-
iage. »
Autre explication possible ? Les
nouveaux modes de vie. « Il est
possible que certaines des alter-
natives modernes au mariage
parviennent à exclure certaines
personnes gens hors du panel des
mariés potentiels.
Ceux qui sont dans la trentaine
et qui auraient pu faire de bons
époux se sentent très bien dans
leur célibat ou avec leur parte-
naire sans être mariés. » Sans
jamais vraiment tirer de conclu-
sion définitive. Questionné par
Jordan Weissman de Slate, le
sociologue admet qu’il n’a pas de
« véritable explication. Ce dont je
suis sûr, c’est que le changement
est là ».
En plus de l’âge, d’autres facteurs
peuvent apparemment avoir
une influence sur la longévité
d’un mariage. Un chercheur de
l’université de Pennsylvanie a
ainsi déterminé d’autres critères
ayant un impact, comme le temps
vécu ensemble avant la demande
en mariage, les revenus du foyer
et... la somme dépensée par le
couple pour la cérémonie !
16 | N0
43 MARDI 21 JUILLET 2015
SOCIÉTÉ
À quel âge ont lieu les mariages qui durent
le plus longtemps ?
Par Paméla Rougerie / lefigaro.fr
À quel âge ont lieu les mariages qui durent le plus longtemps ?
17. MARDI 21 JUILLET 2015 N0
43 | 17
CULTURE
Romain Gary dans « La vie devant soi »
Par Magdalee Brunache
P
rix Goncourt 1975, « La vie
devant soi » est, sans contes-
te, l’un desplus beaux romans
de Romain Gary. Je n’arrive
pas à compter combien de fois, je l’ai
lu et relu. Et, à chaque lecture, je
ne peux m’empêcher d’avoir des
larmes aux yeux. Il y a des romans
qui font cet effet là et des person-
nages qu’on garde en mémoire
toute sa vie.
Comme c’est le cas avec le petit
Mohammed, héros du roman.
Je ne saurais oublier l’amour de
Momo (Mohammed) pour la vieille
madame Rosa. Un amour unique
qui va bien au-delà de ce que les
mots infantiles de Momo parvien-
nent à exprimer. Ce petit garçon
arabe est doté d’une extrême
sensibilité et d’une grande intel-
ligence. Ila grandi dans un clandé,
sorte de pension pour les enfants
de prostituées, dirigé par Madame
Rosa. Ignorant ses origines, Momo
n’a aumonde que la vieille dame
qu’il voit se détériorer de jour en
jour...
Se laissant rarement aller aux
pleurs, cet enfant arrive à dis-
simuler ses souffrances, sa soli-
tude, sa fragilité sous un masque
de fierté et de bravoure. Il reporte
sur la vieille dame le trop plein
d’amour de son cœur d’enfant en
mal de tendresse. De toutes ses
forces, il va tenter de défendre
Madame Rosa de « tout ce qu’on
ne pardonne pas » dans la vie.
Autour d’elle, va se tisser une
chaîne de gens bons et généreux
dont l’aide lui sera inestimable.
Dans le milieu où s’est déroulée son
enfance, il a fait l’apprentissage
de nombreux modes de vie. Il a
côtoyé l’univers de la drogue (dont
il a pu néanmoins se préserver),
celui des prostituées et de leurs
proxénètes. Il en sait plus sur
la vie que pas mal de gens plus
âgés et c’est ce qui, souvent, le
surprend. Une compréhension des
choses que les aléas de l’existence
se sont chargés d’affûter.
Néanmoins, sous divers aspects,
il demeure un gamin attachant.
Un enfant avec le besoin de faire
partie d’une famille, de connaître
le bonheur (même s’il feint de s’en
ficher).Car, qu’il soit arabe et fils
de prostituée ne suffisent pas pour
lui refuser sa part de ciel bleu.
Bibliothèque Roger Dorsainville, une bibliothèque
adaptée aux non-voyants
Par Schultz Laurent Junior
D
’une capacité de plus de
5000 ouvrages, la biblio-
thèque Roger Dorsainville
située à la rue Ricourt à
Delmas 31 est coiffée par la Société
haïtienne d’aide aux aveugles. Quatre
employés dont un aveugle Éliphète
Myrtille dirigent cette institution
culturelle qui porte le nom de Roger
Dorsainville, en mémoire de ce grand
écrivain haïtien, l’auteur du roman
: « Les gens de Dakar ». Les murs
de la bibliothèque sont lambrissés de
photos de Louis Braille, Helene Keller,
Maurice Sixto entre autres qui ont
été frappés de cécité. Dans ce lieu
sympathique qui priorise la culture
et favorise l’échange, les amants du
livre peuvent trouver le Cd en trois
volumes de « Le vent de liberté » de
Jacques Roche, « Chaophonies » de
Franckétienne, « L’aveugle aux mille
destins » de Joe Jack.
L’on y trouve des livres de phi-
losophie pour permettre aux
lecteurs de réfléchir et compren-
dre le monde qui les entoure. Des
ouvrages de sciences sociales
englobant la politique, l’éducation,
l’économie pour mieux vivre dans
la société. Des ouvrages relatifs
aux sciences exactes pour observ-
er la nature, les plantes, les ani-
maux. Sans oublier des œuvres
qui tournent autour des sujets
ayant rapport aux sciences appli-
quées et à la religion.
Ce n’est pas tout : car il y’a par-
tout sur les murs des affiches sur
lesquelles on peut lire des conseils
susceptibles de permettre aux
aveugles de vivre mieux dans la
société. Des conférences débats,
des animations socioculturelles,
des ateliers d’écriture sont organ-
isés périodiquement.
Des cours d’apprentissage et
d’alphabétisation braille. Le prix
Kéthia Althenani Sorel est décerné
chaque année pour récompenser
les aveugles ayant réussi aux exa-
mens d’État.
Selon Philogène Isaac : « la bib-
liothèque Roger Dorsainville est
créée pour permettre aux per-
sonnes souffrant de déficience
visuelle d’avoir accès à la culture.
Nous mettons à la disposition des
malvoyants notamment tout ce
dont ils ont besoin afin qu’ils trou-
vent leur place dans la société.
Leur handicap ne peut pas les
empêcher à intégrer les différentes
sphères de la vie nationale. Cette
bibliothèque vise à contribuer à
faire du droit à la lecture pour
tous une réalité. C’est une porte
ouverte sur l’accessibilité uni-
verselle. En plus des déficients
visuels, elle est visitée quotidi-
ennement par des voyants (étudi-
ants enfants et étrangers) a fait
savoir Philogène Isaac.
À la question de savoir comment
les malvoyants arrivent à pénétrer
dans l’univers du livre, M Isaac
nous fait remarquer que les mal-
voyants peuvent lire de plusieurs
façons. Ils lisent avec les mains, du
bout des doigts à travers l’écriture
braille inventée par Louis braille
; et il y a aussi des livres qui sont
sur bande sonore.
Subventionnée par la Fokal et
ayant des partenariats avec le
Centre culturel « Pyepoudre », le
Conseil caribéen des aveugles et
l’Union mondiale des aveugles, la
bibliothèque Roger Dorsainville
comme on l’a déjà souligné est
coiffée par la Société haïtienne des
aveugles. Elle veut accompagner
la population handicapée visuelle
évoluant tant à Port- au- Prince
que dans les villes de province.
Elle agit en faveur de l’intégration
massive des malvoyants estimés
à plus 100 000 dans la sphère
culturelle. Elle veut favoriser leur
intégration dans la vie intellectu-
elle en mettant à leur disposition
des livres sonores ou écrits, en
français ou en créole, issus du pat-
rimoine littéraire haïtien.
La bibliothèque Roger Dorsainville est un espace de consultation adapté aux voyants et aux handicapés visuels.
Première bibliothèque sonore de Port-au-Prince, elle accompagne, depuis sa création les malvoyants sur le
chemin du développement humain et favorise leur inclusion sociale.
La bibliothèque Roger Dorsainville est un espace de consultation adapté aux
voyants et aux handicapés visuels.