Les trappistes de Rochefort sont en danger. Un projet d’extension de la carrière de la Boverie menace la pérennité de la source Tridaine. Cette source fournit l'eau de la brasserie de l'abbaye de Rochefort.
Conférence de presse de l'abbaye Notre-Dame de Saint-Rémy pour préserver la source Tridaine
1.
2. Calestienne
Nous sommes en Famenne, région entre le Condroz au nord et l’Ardenne
au sud. La zone entre la Famenne et l’Ardenne est la Calestienne. La source
de Tridaine se trouve sous le plateau du Gerny.
3. Implantation
L’Abbaye Notre-Dame de Saint-Rémy de Rochefort a été construite en
1230 par Gilles de Walcourt, seigneur de Rochefort. Il lui fallait de l’eau
de source pour boire, pour les besoins domestiques et aussi pour
actionner la roue d’un moulin.
La source initiale devait se trouver en face des deux étangs, au pied de la
Calestienne, à la jonction schiste calcaire.
4. Tridaine
Dès le XVIIème siècle, les minerais de fer et de plomb étaient recherchés par les
moines aux environs de l’Abbaye. En 1797, en creusant une galerie dans une
veine de galène, l’eau est arrivée en force. Les ouvriers avaient troué la paroi
qui retenait l’eau, provoquant un rabattement de la nappe à la cote
altimétrique de 210 m et le tarissement de la source initiale. Il y avait (et il y a
toujours) 3 sources d’où le nom « Tridaine ». L’Abbaye est propriétaire de la
source de Tridaine.
5. La Trappiste de Rochefort
L’eau de la source Tridaine constitue une des matières premières majeures
de la fameuse bière « Trappiste de Rochefort » produite par l’Abbaye. Cette
eau est très pure et ne requiert aucun traitement chimique, elle contribue
au goût caractéristique de la bière.
L’Abbaye consomme +/- 100.000 m3 /an (privé + brasserie). La brasserie
produit 35.000 Hl de trappiste par an (projet 50.000 Hl dans les prochaines
années).
6. Captage de Tridaine
En 1892, une convention entre l’Abbaye et la ville engage l’Abbaye à fournir
gratuitement près de 400.000 m3 d’eau potable par gravité et par an.
Aujourd’hui, la source de Tridaine constitue la source d’eau potable
principale (80 %) de l’agglomération de Rochefort (± 5 000 abonnés,).
7. Parcours de l’eau par gravité
depuis Tridaine
1. Puits de l’Abbaye. 2. Captage ancien Thiers d’Ohet.
8. Plan château eau Abbaye
Vers ville de Rochefort
Château eau Abbaye
+/- 100 m³
Vers Abbaye
De Tridaine
1. Vanne manuelle
2. Compteur eau Abbaye
1
1 1
2
9. Convention Lhoist-Abbaye
La pierre présente dans la source de Tridaine est riche en calcaire (98% de CaCO3).
Cela influence la bonne qualité de l’eau et permet à l’industriel Lhoist de fabriquer
de la chaux.
En 1984, une convention Lhoist-Abbaye engage le carrier à ne pas descendre sous
la cote altimétrique de 220m car la nappe se trouve à la cote de 210 m.
10. Projet de la carrière
Lhoist désire creuser la carrière plus profondément
Plan d’exploitation:
Délivrer 1,35 Mt/an de calcaire pur au concasseur primaire
(extraction totale : 1,70 Mt/an).
Démarrage prévu du plan d’exploitation : juin 2015.
Approfondissements progressifs :
2015 à 2019 : niveau 205 mètres
2020 à 2030 : niveau 190 mètres
+/-2030 à +/-2040 : niveau 175 mètres
+/-2040 à +/- 2046 : niveau 160 mètres
fin 2046, extension maximale.
11. Projet de la carrière
Phases du pompage:
Le sommet de la nappe aquifère devra toujours se situer minimum à 10 m
sous le fond de la carrière ;
- 1 an avant la création d’un nouvel étage d’exploitation, démarrage du
rabattement de la nappe (pompage estimé à 160m3/h (pendant 1 an) ;
- Lorsque la nappe a atteint l’altitude voulue, réduction du débit de pompage
à 115m3/h ;
- Fluctuation de l’altitude de la nappe en fonction des saisons (amplitude +/-
10 mètres) ;
Solutions pour l’alimentation en eau de la brasserie et de la ville :
Creuser des puits de captage et installer des pompes => alimenter
artificiellement l’actuelle sortie de la source Tridaine.
12. Si Lhoist descend de 4 paliers de 15 m, soit 60 m sous le niveau de 220 m,
la source de Tridaine sera tarie et l’eau qui pourrait être fournie par Lhoist,
le nouveau propriétaire de l’eau, sera de l’eau pompée et de surcroît, ne
sera plus qu’une eau « potabilisable » => frais de pompage et de
traitements très importants à charge du bénéficiaire de l’eau. (peut-être à
charge de Lhoist pendant l’exploitation mais après ?)
Projet de la carrière
13. Le puits du soutirage, une alternative? Peut-être maintenant mais si le
niveau de la nappe est inférieur à 210 m, le puits sera-t-il toujours
approvisionné en eau ? L’origine de cette eau n’est pas définie.
Problème LHOIST
220 m
Limite actuelle du fond de la carrière
211 m Niveau de la résurgence de Tridaine
180 m Cote
inférieure de
l’abbaye
(Biran)
160 m Fond de la carrière après 2020 ?
140 m Fond du puits de
l’abbaye
Projet de la carrière
14. Actuellement, l’eau contient 20 mg/l de nitrates alors que pendant les
essais, l’eau pompée contenait 27 mg/l de nitrates.
Après exploitation de cette masse de “pierre blanche”, l’eau de la nappe
sera de l’eau d’exhaure et non une eau souterraine et le fond de la
carrière serait 20 m plus bas que le Biran qui deviendrait un cours d’eau
”aérien“.
Qualité de l’eau
15. Coût de l’eau
Frais liés à l’exhaure = le coût en électricité, pompes, maintenance, etc.
pour extraire l'eau et empêcher la formation d'une mare dans le fond de la
carrière
Ces frais représentent des sommes énormes: 50 centimes par mètre cube
pompé rien que pour les frais en électricité. Soit 800.000 m cubes par an,
donc près de 400.000 euros par an. Et ce, pendant toute la période
d'exploitation et bien sûr après celle-ci.
Ces frais n'existent pas aujourd'hui, puisque l'eau descend par la seule
force de la gravité vers l'abbaye.
16. En 2008, à la demande du Ministre de l’Environnement (Benoit Lutgen en
2008) et de Lhoist, l’Abbaye et la ville de Rochefort ont accepté de
participer à la réalisation d’une étude pour analyser la faisabilité technique
d’une exploitation de ce gisement sous le niveau de la nappe phréatique
tout en garantissant l’approvisionnement en eau à l’Abbaye et à la ville,
tant en quantité et qu’en qualité équivalentes.
Cette étude, contradictoire, s’est clôturée par une réunion tenue à
l’administration wallonne le 14 janvier 2013.
Les conclusions confirment le tarissement de la source et les remarques
précédentes en cas d’approfondissement de la carrière.
Etude de faisabilité
17. L’Abbaye s’oppose au projet de la carrière:
Il n’est pas acceptable de détruire tout un écosystème très ancien et une
source d’une qualité exceptionnelle au profit d’une exploitation industrielle
supplémentaire d’une vingtaine d’année.
La qualité de l’eau de source fait la spécificité de la Trappiste de Rochefort
et toute modification met en péril les caractéristiques de la bière.
Si la source est tarie, c’est l’existence même de la Trappiste de Rochefort
qui est en péril, ainsi que les 30 emplois directs de la brasserie et des
centaines d’emplois indirects.
Aujourd’hui, l’exploitant de la carrière ne peut garantir la qualité de l’eau
qui sera pompée durant l’extraction, ni assurer avec certitude la
distribution de la quantité d’eau nécessaire tant à l’Abbaye qu’à la ville de
Rochefort. Sans parler du coût de cette future distribution.
Position de l’Abbaye de Saint-Rémy
18. - Faire reconnaître par la Région Wallonne la zone de prévention liée au
permis de captage de l’Abbaye. Le dossier a été adressé à l’administration
compétente en janvier 2012. Une signature par le ministre empêcherait
l’approfondissement de la carrière, qui se trouve au milieu de la zone de
prévention, et donc le tarissement de la source de Tridaine.
- Informations et actions de soutien (pétition et lettre d’observations) via le
site web www.tridaine.be et page Facebook « Sauvez la Tridaine »
Prochaines étapes
19. Pour toute information complémentaire au sujet de la source de Tridaine et
du projet de la carrière, veuillez vous adresser à :
Christophe De Doncker
Porte-parole de l’Abbaye
Environnementaliste
0498 43 69 09
Christophe@esher.be
Contact