5. CRISE….
La crise actuelle n’est pas seulement
« urbaine », elle est aussi urbanistique,
dans la mesure où les outils, les
instruments et les modalités de la
fabrication des villes n’évoluent pas au
même rythme que les aspects
socioéconomiques et mentaux.
9. PROJET: FUTUR MEILLEUR…
Dans le sens commun, l’ambition et la vitalité sont
toujours liées au « projet », c’est-à-dire, à une
tentative de construire un avenir meilleur que le
présent. Le présent est le lieu de la construction du
futur : le projet vient pour assurer une « valeur
existentielle, ontologique, sociologique,
anthropologique, philo-génétique… (il) est le vecteur
essentiel de l’être en devenir, de l’être projeteur».
10. LA FINITUDE….
Un détour dans les origines de la philosophie
permet d’éclairer sur cet « engouement »
envers l’avenir : la finitude.
La conscience d’une durée de vie limitée serait
à la base de la philosophie. La finitude appelle
le salut. Comment faire face à la mort ? Bien
avant les religions, les philosophes ont élaboré
« des doctrines de salut par soi-même, sans
l’aide de dieu. »
11. LE SALUT…..
Le salut prôné par les philosophes provient
de la raison. En effet, face au courant
irréversible du temps, il fallait construire
une attitude. Au lieu d’attendre la « mort »,
l’homme trouva les ressources en allant
vers l’avant, en échafaudant des projets.
12. PROJET /VITALITE
« Etre mort », c’est être réduit à une
situation ne favorisant aucunement un
pouvoir à donner du sens au présent, ni au
futur. C’est même ne plus pouvoir être en
situation de penser au « projet » et à
l’avenir.
13. IMMORTALITE
La procréation était une forme
naturelle pour la « pérennisation »
L’accomplissement d’actions
héroïques était aussi recherché pour
figurer dans les récits et
s’immortaliser dans la mémoire des
générations.
19. UTILISTARISME
L’utilitarisme est adopté aujourd’hui pour assurer une
légitimité morale pour donner libre cour aux ambitions.
Reléguant le platonisme, la morale conséquentialiste
définit le bien ou le bon comme tout ce qui procure un
maximum d’avantages et du plaisir. Le principe de
l’utilité se mesure aux jugements des actions déployées
pour la procuration des plaisirs. Inutile de rappeler que
cette morale est cultivée dans les sillons du libéralisme,
dont l’intérêt mesuré aux résultats, justifie les moyens
employés.
20.
21. Pyramide de MASLOW
La pyramide dressée par A. Maslow définit
cinq types de besoins, classés en deux
catégories : les besoins fondamentaux et
les besoins « ontiques ». Si les premiers
regroupent les besoins physiologiques et
sociophysiologiques, les seconds
participent à l’accomplissement de l’être
sur le plan existentiel.
22.
23. La carence d’un besoin aboutira à une psychopathologie, ce qui entraine un
retard dans l’accomplissement de la plénitude de l’être.
Maslow réhabilite l’hédonisme, cette recherche du plaisir, classée par les
philosophes dans la case des pathologies, alors qu’elle ne fait que confirmer
l’attachement de l’homme à « compléter » son humanité. Dans cette quête
d’accomplissement de son être, l’homme doit être motivé et créatif, il doit
également prendre des « risques » , emprunter des chemins chaotiques.
Cette quête de l’accomplissement de soi est continue et les projets «
égotiques » aussi. « Si un besoin est satisfait, alors un autre émerge », nous
dit Maslow , preuve que la vitalité est une nécessaire à ambitionner des «
statuts » en prenant des « risques » pour combler les carences et éviter les
psychopathologies engendrées par les insatisfactions.
24. C’est dire que l’homme est
toujours porteur de projets
« égotiques» nécessaires à capter
l’estime de soi et aussi des autres.
25. Le projet signifie ambition comme forme de
vitalité et d’audace, tournée résolument vers
l’avenir. Mais cette ambition mue par des désirs
irrésistibles n’a pas de consistance sans un
pouvoir, sans une volonté, sans une quelconque
capacité ou une énergie interne susceptible de
dynamiser une idée première pour traverser un
champ d’inertie vers un but ou un objectif
imaginé ou souhaité.
26. Favorisées par le libéralisme économique, la
communication et la vulgarisation des
techniques de gestion, les notions de projet et
de ses modes de gestion sont imposées en
objets centraux des sciences de gestion. L’esprit
mercantilisme s’est propagé dans le monde et
ses disciples ne lésinent pas sur les moyens
pour se doter de compétences pour la réussite
de leurs initiatives. Ainsi, les managers ont
émergé pour conduire les projets.
27. Il est à signaler aussi que les sciences de
gestion (particulièrement le management)
ne manquent pas de puiser leur
argumentaire dans les travaux des
psychologues, d’ailleurs Maslow tient une
place importante. C’est dire que la notion
du projet reste attachée à un état
psychologique de l’homme en rapport avec
son être et son devenir.
28. « Image, situation que l’on veut atteindre »,
ou « ce qu’on l’intention de faire », les
dictionnaires multiplient les définitions, mais
le sens commun reste prégnant. Souhait,
rêve ou intention, le projet est tout ça à la
fois. C’est conduire à son terme un rêve en le
réalisant avec « une volonté déterministe ».
29. Ce « brouillon de l’avenir », est devenu un objet
essentiel des sciences de la gestion : tel qu’il est défini,
il apparait comme un objet « discipliné », déterminé et
encadré. Les définitions officielles le confirment : « Le
projet est un ensemble d’activités coordonnées et
maitrisées comportant des dates de début et de fin,
entrepris dans le but d’atteindre un objectif conforme à
des exigences spécifiques telles que des contraintes de
délais, de coûts et de ressources » .
30. La notion de projet est appropriée par les managers et
les gestionnaires : la conduite des opérations demeure
à juste titre leur souci majeur. En effet toutes les
performances de gestion se mesurent aux rapports de
respect des « contraintes » budgétaires et temporelles.
Pour Cleland et King, c’est un effort complexe déployé «
pour atteindre un objectif spécifique » dans le respect
impératif d’ « un échéancier et d’un budget ».
31. Dans la nouvelle division du travail, le projet, particulièrement
leur gestion, rejoignent les pratiques objets d’apprentissage et
de missions professionnelles. Ils se déclinent dans une discipline
aujourd’hui inévitable pour la réussite des objectifs et des
actions visant des buts particulièrement dans les domaines de
production des biens. Cette tendance à accaparer les modes de
gestion des projets en instituant des règles et des modalités,
relègue les portées individuelles et les finalités internes. En effet,
la réussite de projets se mesure donc au respect des contraintes
(échéance et budget), à la performance des dispositifs mis en
place, à celle du livrable et de sa compétitivité dans le marché.
Cependant, la portée égotique et les expériences qui découlent
d’un projet réussi ne sont pas comptabilisée, alors qu’elles ont
également des retombées individuelles (même si le travail a été
accompli par une équipe).
32. Le projet instrumentalisé, scientifisé, technicisé
et ramené à un champ disciplinaire propre au «
capital » dépossède l’individu d’un cadre dans
lequel il a la possibilité d’accomplir son « être ».
« …. pense pour vous » : la publicité enfourche la
rhétorique non seulement pour fabriquer le
consommateur, mais aussi pour le « fidéliser ».
Les formes de substitution s’installent dans les
structures psychiques de l’individu, en
déterminant et en orientant ses besoins.
33. La logique du marché, la compétitivité et la
solvabilité appellent des techniques de
marketings. Il n’est plus question seulement de
projet réussi, celui qui assure une gestion du «
triangle » des contraintes (délais, budget et
qualité) : la question de la réception s’impose
également en objectif fondamental.
34. Stratégie, planification, tactiques se mêlent
dans la conduite du projet. Il est question
de management, préféré à une gestion «
calculatrice », par ses caractéristiques
inventives et créatrices. Il est même défini
comme « art » de conduite des projets.
35. Toujours est-il, que la nouvelle condition du projet se
veut séductrice, accrocheuse et surtout solvable. A ce
niveau et sur le plan individuel, la vitalité, comme
moteur et énergie essentiels pour la construction de
l’être et pour conjurer l’angoisse n’est que les
stigmates logeant dans le champ de l’intime. Effet la
prégnance des modes de consommation relègue et
enferme les « ambitions » individuelles et créatives
dans un système de valeur fluctuant. A la manière de «
package standard », le mode de consommation établit
une autre échelle de valeur, et tend même à se
substituer à celle qui régissait la société.
36. Ainsi, l’appareil « productive » dans le
capitalisme instrumentalise les institutions
sociales, car elle « n’est plus pas la
contradiction entre « maximisation du profit » et
« rationalisation de la production », mais entre
une productivité virtuellement illimitée et la
nécessité d’écouler les produits »