1. 16. La transition démocratique
““La période de laLa période de la transitiontransition
démocratiquedémocratique s'étend de la morts'étend de la mort
du général Franco, le 20du général Franco, le 20
novembre 1975, à la victoire desnovembre 1975, à la victoire des
socialistes aux électionssocialistes aux élections
législatives d'octobre 1982. (…)législatives d'octobre 1982. (…)
Après quelques moisAprès quelques mois
d'immobilisme politique,d'immobilisme politique,
l'l'arrivée d'Adolfo Suárez à la têtearrivée d'Adolfo Suárez à la tête
du gouvernementdu gouvernement en juillet 1976en juillet 1976
marque l'essor desmarque l'essor des réformes,réformes,
consacrées par l'adoption de laconsacrées par l'adoption de la
Constitution de 1978Constitution de 1978. S'en suit. S'en suit
une période de consolidation desune période de consolidation des
institutions démocratiques, maisinstitutions démocratiques, mais
aussi de “désenchantement” etaussi de “désenchantement” et
dede crise économique, sociale etcrise économique, sociale et
politiquepolitique qui se solde par laqui se solde par la
tentative de coup d'État du “23-tentative de coup d'État du “23-
F”F”, le 23 février 1981.”, le 23 février 1981.”
2.
3. On a vu peu de signes de changement ces jours-là. Dans la salle de colonnes du
Palais d'Orient restait ouverte la chapelle ardente de Franco. Selon les informations,
plus de 300.000 personnes étaient passées devant le cercueil du dictateur”
6. “Cette opposition multiple cherche à s'unifier aux débuts de la transition.
Naissent ainsi deux organisations unitairesdeux organisations unitaires autour des deux mouvances dominantes,
les communistes et les socialistes. La Junte démocratique d'EspagneJunte démocratique d'Espagne est créée en
juillet 1974 autour des premier, suivie de la Plate-forme de la ConvergencePlate-forme de la Convergence
démocratiquedémocratique en juin 1975, autour des seconds. Ceux deux organisationsCeux deux organisations
fusionnent en mars 1976 dans la Coordination démocratique, dite “fusionnent en mars 1976 dans la Coordination démocratique, dite “PlatajuntaPlatajunta””,
entité unique destinée à négocier avec le gouvernement.
Enfin, au dessus des partis se situe le roi Juan Carlos. (…) De fait, sa seule
légitimité est franquiste, puisqu'il n'est pas l'héritier en titre de la Couronne
d'Espagne, encore entre les mains de son père Don Juan de Bourbon. Si Juan Carlos a
en secret opté depuis longtemps pour la réforme, sa marge de manoeuvre est
néanmoins étroite et il doit naviguer avec prudence dans les méandres du pouvoir.
Son premier discours devant les Cortès témoigne de cette extrême prudence et est un
modèle de compromis: d'un côté il promet d'être fidèle à l'armée et au souvenir du
général Franco, de l'autre il déclare être le “roi de tous les Espagnols”, souhaiter la
concorde nationale” et la “participation de tous” à cette “nouvelle étape de l'histoire
de l'Espagne.”
Source: Jordi Canal (dir.): Histoire de l'Espagne contemporaine.
7. “Dans son discours de 22 novembre 1975, Juan Carlos I déclara le début
« d'une nouvelle étape dans l'histoire d'Espagne », et manifesta le souhait
d'atteindre « un vrai consensus de concorde nationale » et sa volonté d'intégrer
« tous les Espagnols, en admettant qu'il y a des « particularités régionales » et
l'atout de la Couronne en faveur de l'intégration en Europe”
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15. “Le texte constituionnel comprend onze titres et 169 articles. Il débute par un
bref préambule de présentation de ses principes fondateurs (la démocratiedémocratie, l'État deÉtat de
droitdroit, le respect des droits de l'homme et des libertésrespect des droits de l'homme et des libertés, un ordre économique etordre économique et
social justesocial juste), développés dans le titre préliminaire qui énonce les principes
fondamentaux de l'État, de la nation espagnole, de ses structures politiques,
économiques, sociales et territoriales. Le titre I décline les droits et libertés du
citoyen, qui témoignent de la volonté progressite des constituants -la peine de mortla peine de mort
par exemple est abolieest abolie. Les titres II à VI définissent les différents pouvoirs -la
Couronne, le législatif, l'éxécutif et le judiciaire. L'Espagne devient une monarchiemonarchie
parlementaireparlementaire dans laquelle le roi apparaît comme un arbitrele roi apparaît comme un arbitre. La démocratie repose
sur le parlement bicaméralparlement bicaméral (Congrès des Députés et Sénat) élu au suffrageélu au suffrage
universeluniversel, d'où est issu l'exécutif. Le texte constitutionnel propose également un
cadre de développement de l'économie sociale du marchédéveloppement de l'économie sociale du marché (titre VII, ainsi que d'une
nouvelle structure territoriale, l'État des autonomiesÉtat des autonomies (titre VIII).
Ce dernier titre est un fidèle reflet des ambivalences de la constitution de 1978ambivalences de la constitution de 1978.
Celle-ci est une constitution de consensusconstitution de consensus qui résulte de compromis successifs
donnant lieu à des formulations parfois ambiguësformulations parfois ambiguës qui laissent certaines questions
en suspens, comme le droit à l'avortementdroit à l'avortement, la place de l'Église catholiqueplace de l'Église catholique (dont le
rôle prépondérant est suggéré alors que l'État est défini comme non confessionnel)
ou la structure territoriale de l'État. Si le droit à l'autonomie des “nationalités et
régions” est reconnu, dans le cadre de l'unité indivisible de la nation en suivant le
principe de la solidarité territoriale, la configuration finale de l'Espagne est laissée
entre les mains des initiatives régionales. Il s'agit en ce sens d'une constitutionconstitution
ouverte ou évolutive, qui nécessite d'être développée par des lois ditesouverte ou évolutive, qui nécessite d'être développée par des lois dites
“organiques”, et parfois précisée par les sentences du Tribunal constitutionnel“organiques”, et parfois précisée par les sentences du Tribunal constitutionnel.”
Source: Jordi Canal (dir.): Histoire de l'Espagne contemporaine.
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17. “Les problèmes économiques et sociauxproblèmes économiques et sociaux, qui avaient été délibérément placés
au second plan derrière l'impératif politique de construction du nouvel État
démocratique, et temporairement gelés par les pactes de la Moncloa, reviennent avec
force au-devant de la scène. Le second choc pétrolier de 1979second choc pétrolier de 1979 provoque une
nouvelle hausse des prix du pétrole, tandis que la croissance économique est nulle en
1980 et 1981, et que le nombre de chômeurs atteint le chiffre symbolique dule nombre de chômeurs atteint le chiffre symbolique du
million en 1980million en 1980. Le chômage se hisse en tête des préoccupations des Espagnols, et ce
pour de nombreuses années.
Par ailleurs tout se passe comme si la routine du jeu politique démocratique avait
prématurément découragé les citoyens, la démobilisation politique et sociale ayant
succédé à la forte mobilisation des années 1976-1977. Les taux de participationLes taux de participation
électorale diminuent fortementélectorale diminuent fortement. (…) Après le boom des années 1977-1978 le taux
d'affiliation syndicale est retombé à l'un des niveaux les plus bas d'Europe. (…)
Une grave crise s'empare du gouvernement et du parti au pouvoirUne grave crise s'empare du gouvernement et du parti au pouvoir. L'UCD
accumule les échecs électoraux depuis la gifle du référendum andalou en janvier
1980, elle n'obtient respectivement que 8 et 10% des voix aux élections régionales
basques et catalanes. Plusieurs remaniements ministériels en 1980 témoignent des
défections croissantes autour de Suárez et des divisions internes au parti. (…)
Un courant critique se développe [au sein de l'UCD]Un courant critique se développe [au sein de l'UCD] (…)
En outre, l'Espagne est en proie à un regain de l'offensive terroriste, qui bénéficie
d'un écho amplifié dans ce contexte délétère. Les années 1979 et 1980 sont desLes années 1979 et 1980 sont des
années record en termes d'attentats et d'assassinats terroristesannées record en termes d'attentats et d'assassinats terroristes. (…)
L'armée, encore nostalgique du régime antérieuret rétive au changement, est
donc l'une des principales victimes du terrorisme. (…) Le terrorisme contribue doncLe terrorisme contribue donc
au climat putschiste qui envahit l'espace public au cours de l'année 1980au climat putschiste qui envahit l'espace public au cours de l'année 1980. (…) Déjà
en novembre 1978, une première tentative de putsch avait été désamorcée à temps
par les services secrets: il s'agissait de la conspiration “Galaxie”conspiration “Galaxie”,...”
Source: Jordi Canal (dir.): Histoire de l'Espagne contemporaine.
18. “Le 23 février23 février, le Parlement s'apprête à voter l'investiture du successeur de
Suárez, Leopoldo Calvo Sotelo. Des gardes civils font irruption dans l'hémicycle du
Congrés des députés, sous l'égide du lieutenant-colonel Tejerolieutenant-colonel Tejero, déjà impliqué dans
l'opération Galaxie de 1978, qui brandit son pistolet-mitrailleur, tire quelques rafales
en l'air et ordonne à tous de se jeter au sol. Seuls restent debout, défiant l'attaque,
Santiago Carrillo, Adolfo Suárez et le leutenant-général Gutiérrez Mellado, ministre de
la Défense, qui exhorte, en vain, Tejero à l'obéissance due à son rang. Les Espagnols
regardent le spectacle, pétrifiés, sur leur téléviseur: la séance d'investiture était
retransmise en direct. Tejero, qui affirme agir au nom du Roi, prend en otage les
parlementaires ainsi que le gouvernement présent dans sa totalité, en attendant
l'arrivée du général Alfonso ArmadaAlfonso Armada, un proche du Roi, censé prendre les rênes de la
situation. Parallèlement, le général Milans del BoschMilans del Bosch, capitaine général de la région de
Valence, lance ses chars dans les rues et proclame l'état d'urgence et le couvre-feu.”
Source: Jordi Canal (dir.): Histoire de l'Espagne contemporaine.
19.
20.
21.
22. “En à peine sept ans, l'Espagne est ainsi passée d'un régime autoritaire à un
régime démocratique aligné sur le modèle des démocaties occidentales. En témoigne
le retour en Espagne, en septembre 1981, du tableau de Picasso, Guernica, symbole
de la rébellion contre le fascisme et de la barbarie de celui-ci, suivant les voeux de son
créateur: l'oeuvre avait été prétée au MOMA de New York dans l'attente du
rétablissement de la démocratie en Espagne. La transition espagnole est ainsiLa transition espagnole est ainsi
devenue un modèle pous les pays en voie de démocratisation en Amérique latinedevenue un modèle pous les pays en voie de démocratisation en Amérique latine
dans les années 1980 puis en Europe de l'Est la décennie suivante.dans les années 1980 puis en Europe de l'Est la décennie suivante.
Les spécialistes ont cherché à déterminer les clés du succès espagnol: ont été
mis en avant la négociation entre les élites de l'Ancien Régime et de l'oppositionnégociation entre les élites de l'Ancien Régime et de l'opposition, le
réformismeréformisme, le gradualismegradualisme, l'esprit de consensusesprit de consensus, la modération desmodération des
comportementscomportements, le pacifismepacifisme, la volonté de réconciliation nationalevolonté de réconciliation nationale. Si aujourd'hui
ces caractéristiques sont partiellement remises en cause par tout un courant
historiographique qui analyse au plus près la réalité du processus, reste que lala
transition a acquis un statut de mythe historique et politique en Espagne mêmetransition a acquis un statut de mythe historique et politique en Espagne même. ”
Source: Jordi Canal (dir.): Histoire de l'Espagne contemporaine.
23.
24. Du bipartisme au pluripartisme (1993-2015)Du bipartisme au pluripartisme (1993-2015)