Les médias socionumériques : des espaces de construction d'une culture numéri...
Internet et participation politique
1. Internet et participation politique
Alexandre Coutant, ELLIADD, OUN,
Université de Franche-Comté / ISCC
alexandre.coutant@univ-fcomte.fr
@acoutant
Diffusable sous licence Creative Commons – CC BY-SA 3.0
http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/
2. Contexte
• Alexandre Coutant, Internet et
politique, Coll. Les Essentiels
d’Hermès, CNRS Éditions,
2012.
– Commande éditoriale : revue de
littérature et ajouts d’inédits pour
éclairer les enjeux actuels
– Pas spécialiste de la politique
mais des médias, spécifiquement
d’Internet
– Beau sujet permettant de mieux
comprendre les rapports entre
technique et société
3. La place des médias en politique
• Modèle idéal de l’espace public
– Principe de publicité Vs secret d’état
– Politiques spécialistes, représentants du peuple
– Citoyen : personne privée faisant exercice public de la
raison
– Rationalité émerge du débat public
– Médias en charge de la médiation entre les deux
• Critiques :
– Médias pas médiateurs mais interprètes/traducteurs
– Publicité vs manipulation
– Représentation critiquée : interprétation et manipulation
– Désir de liens directs
– Raison pas si partagée
4. La démocratie participative
• Alternative au système représentatif
– Fondée sur crainte de déconnexion des représentants et
d’une inégalité de l’accès au débat public
– Implication directe du citoyen
– Pouvoir limité des représentants élus
– Refondation de la démocratie représentative par le local
• Critiques
– Fondée sur l’idéal du modèle athénien
– Quelle compatibilité avec les
démocraties de masse ?
– Risques du lien direct entre citoyen et
élu : populisme
5. Internet, un nouveau média ?
• Média ou support de
communication ?
• Quelles conceptions
du privé et du public ?
• Remplacement ou
stratification ?
• Interactivité
– Nouveau ?
– Permet engagement ?
6. L’espoir de la participation
• Participation :
– (Relative) facilité technique de la prise
de parole sur les espaces en ligne
– Mise en relation facilitée
– Espaces d’expression non filtrés
• Espoir d’une autonomie renforcée
de l’usager (empowerment)
– Accès à connaissance
• Limites :
– Volume : équipement, capitaux
culturels et techniques
– Contenu : échanges ordinaires vs
discours citoyen
– Politique du réseau : fonctionnement
communautaire encouragé
7.
8. Petit point théorique : comment
aborder Internet ?
• Imaginaires toujours associés à TIC
– Technophiles et technophobes
– Sociologisme et technicisme
• Rôle des imaginaires dans les représentations
sociales des TIC : ont une utilité mais ne pas les
prendre à la lettre
• Observation montre systématiquement
une co-construction
– Position pas si facile à tenir en réalité car
nécessite de connaître usages et dispositifs
10. Un ancrage dans le temps long
• Les tentatives de cyberdémocraties
– Télévision par câble, vidéoconférence, vidéotex, réseaux
informatiques embryonnaires
• Dialogue plus ou moins encouragé
• Plébiscite ou délégation du choix
– Des résultats nuancés
• Amélioration légère mais systématique (information,
participation, influence sur les choix)
• Techniques peu déterminantes
• Démarche des politiques joue beaucoup
• Engagement des citoyens tributaire de leur intérêt personnel
• Dirigeants continuent à cadrer le débat
11. Les démarches des politiques
• Hommes politiques
– Présence peu participative
– Communication unilatérale : diffusion
– Identification d’audiences à séparer
– Espaces officiels très encadrés
• Conseillers en communication
– Discours de promesse
– Aveuglement par chiffres et autolégitimation
• Dans deux cas, pas de culture participative
– Peu d’intérêt et peu pensé
– Joutes entre partis occulte attention aux audiences
• Recul par rapport au modèle habermassien puisque court-circuite
médias : risque de populisme
• Participation cosmétique et recherche de « colleurs d’affiches »
12.
13.
14.
15.
16. • Conclusion :
– Espaces de
discussion politique
hors des arènes
officielles ou animés
par les seuls
partisans
– Limites de
l’application du
modèle Obama
• Contexte politique
national
• Candidat
18. Un potentiel révolutionnaire ?
• Un support d’échanges mais aussi un
ersatz de mobilisation
– Support ≠ catalyseur : en Égypte, les
pics d’emploi de Twitter
correspondent aux baisses d’activité
dans les rues / lors des
manifestations londoniennes, les
manifestants se coordonnaient par
l’emploi de Twitter
• Des conditions techniques
insuffisantes
– Révolutions reposent sur des facteurs
bien plus larges (éducation, chômage,
démographie, libertés publiques,
partage des richesses)
• Un outil de contrôle autant que
d’émancipation
– Traçabilité et restrictions d’accès
autant qu’emploi militant
19. Des registres discursifs mis en
visibilité
• Témoignage
• Contre expertise
• Divertissement
– Visibilité accrue
– Absence de tri avant l’accès
– Espaces publics fragmentés, plus ou moins étanches,
distincts de l’espace public officiel
20. Des registres discursifs mis en
visibilité
• Témoignage :
– Insistance sur le vécu
subjectif plus que sur
l’objectivation
– Quotidienneté, détail
plus qu’analyse et
synthèse
– Grande variété dans la
forme et le ton
– Non filtré : pas de
prétention à
l’exemplarité
21.
22.
23. Des registres discursifs mis en
visibilité
• Contre expertise :
– « Empowerment » : vise émancipation du citoyen
– Prise de recul, documentation, voire enquête
– Traitement de questions pointues pour fournir une interprétation
alternative aux discours en traitant usuellement
– Investissement fort et accès parfois à l’espace public officiel
24.
25.
26. Des registres discursifs mis en
visibilité
• Divertissement :
– Registre humoristique et du bon mot
– Flux des échanges badins et viralité potentiellement
très forte
– Remix, hybridation et détournement
27.
28. Une hyper visibilité du potache
• Détournement et badinerie quotidienne
– Même accessibilité que discours plus «
sérieux »
– Succès bien plus vaste
– Dispositifs facilitant la créativité
– Impact très important dans les résultats des
moteurs
– Pose question du « citoyen »
29.
30.
31.
32. Un désir de factualité
• Peu d’intérêt pour le discours officiel et
préférence pour l’échange entre
internautes
• Succès relatif des démarches d’évaluation
des propositions et actions des hommes
politiques
– Fact-checking et rappels des engagements
– Appel à des systèmes experts
33. Une multiplicité de fact-checking
• Journalistes
– Renforcement du rôle d’analyste et mise en avant
de compétences informationnelles
– Valorisation du factuel Vs émotionnel et conviction
• Présence rare sur les
plateaux
• Risque d’opposition
majeure des politiques
• Méthodologie encore
incertaine
• Vérification elle-même
prise dans le flux
34.
35. Une multiplicité de fact-checking
• Militant
• Espace public alternatif
• Coups médiatique par campagnes virales
36. Une multiplicité de fact-checking
• Internaute lambda
– Témoigne d’une attente principe repris
• Ponctuellement
• De manière organisée
37. Factuel vs opinion
• Nombreuses propositions d’objectivation du
vote
– Comparaisons sur questions précises
38. • Problème des raisons d’un vote
– Actions / aspirations
– Valeurs et pratiques
– Avis sur tous les sujets
39. Conclusion
• La participation politique nécessite en premier lieu des
compétences culturelles et sociales
– Ces ressources demeurent aussi stratifiées socialement
• Pas de reconnaissance officielle des espaces
– Espace public alternatif, bien plus fragmenté, mais pouvant accéder à
l’espace public officiel selon le contexte
• Rupture entre une communication unilatérale et des pratiques de
plus en plus participatives
– Une démocratie locale stimulée mais des démarches nationales peu
suivies
• Un exercice multisupport de la politique
– Rôle majeur de la télévision, les espaces participatifs diffusant ou
commentant souvent les contenus des médias classiques. L’inverse est
encore relativement rare ou peu maîtrisé
• Des espaces essentiellement badins
– Outil d’expression bien davantage que d’engagement
• Un signal faible : l’attrait pour une communication politique moins
émotionnelle ?
– Multiplicité d’éléments hétéroclites répondant ou complétant les
discours officiels
Notas del editor
L'UMP annonce 800 utilisateurs pour le service. Selon Linkfluence, partenaire du Monde.fr pour l'analyse de la campagne en ligne, le nombre de tweets postés a représenté 0,02 % des tweets publiés en France les trois premiers jours, avant de descendre à 0,002 % la semaine suivante.
Twitter : L'UMP annonce 800 utilisateurs pour le service. Selon Linkfluence , partenaire du Monde.fr pour l'analyse de la campagne en ligne , le nombre de tweets postés a représenté 0,02 % des tweets publiés en France les trois premiers jours, avant de descendre à 0,002 % la semaine suivante. Linkfluence a analysé les 3 messages diffusé le 28 septembre par les comptes hollandistes pendant un débat de la primaire. Ils ont calculé que leur nombre correspondait à 5 % de l'intégralité des messages concernant François Hollande . + dit que compris comme spam