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Nouveau riche à
Paris
Par Alexis DELAPRESLE
I Bienvenue à Paris
Il était une fois un homme nommé Philippe.
Cet homme était très riche et avait surtout d’énormément d'ambitions.
Il était arrivé par un beau matin dans la ville de Paris avec une seule
idée en tête: accroître sa richesse.
Il trimballait avec lui une mallette rempli de liasses de billets et ne s'en
séparait jamais.
La stratégie de Philippe était parfaitement claire.
Il avait longtemps réfléchi aux activités de gestion et de transaction qui
seraient susceptibles de lui rapporter beaucoup d'argent et il avait
finalement trouvé sa proie: l'immobilier.
Philippe se mit donc à parcourir Paris en sachant déjà par quoi
commencer : acheter beaucoup de maisons et d'appartements
Il arriva dans le 8ème arrondissement et, se trouvant devant l'Hôtel de la
Princesse Mathilde, il s'assit sur un banc et se mit à réfléchir.
Il voulait être sûr de pouvoir investir sans risque et avait peur de faire
une erreur dès le début.
« Bon allez c'est parti, après tous les risques font partie du jeu, se dit-il. »
Et il se dirigea vers la première agence immobilière.
En entrant dans l'établissement, il alla vers le bureau d'accueil où un
monsieur plutôt âgé se tenait.
« Bonjour monsieur, commença Philippe. Je souhaiterai procéder à un
achat de maison.
- C'est tout à votre honneur, dit le vieux monsieur. Une de nos maisons
vous intéresse-t-elle en particulier ? »
Philippe n'avait pas vraiment étudié attentivement les maisons que
proposait cette agence, mais il savait qu'il en voulait une aux dimensions
importantes et avec une architecture très moderne.
Du coup son regard se posa automatiquement sur l'image d'une maison
imposante qui lui plut tout de suite.
« Je choisis cette maison, fit Philippe en désignant l'image de la maison
en question
- Excellent choix monsieur. »
Ils réglèrent les derniers détails puis l'agent lui proposa d'effectuer de
visiter la maison.
« Rapidement alors, insista Philippe, je suis assez pressé. »
La visite s'effectua sans souci bien qu'elle fut grandement raccourcie
selon la volonté de Philippe qui souhaitait l'acheter la plus rapidement
possible.
Finalement Philippe signa des papiers et conclu donc ainsi l'affaire.
Il était propriétaire de sa première maison dans Paris.
« Que ce soit le début d'une longue série, espéra Philippe tandis qu'il
sortait de l'agence. »
Ce fut un véritable parcours dans la ville lumière que Philippe entreprit.
Il se déplaçait notamment dans les quartiers chics où il acheta plusieurs
maisons.
Chaque fois, il choisissait une maison selon sa grande taille et chaque
fois il écourtait les visites traditionnelles, impatient de procéder à l'achat
suivant.
Il devint très rapidement connu dans tout Paris et les gens se montraient
à la fois impressionnés mais se posaient tous la même question: qui est
cet homme et d'où tient-il cette fortune qui lui permet de nombreuses
maisons avec autant de facilité.
Philippe ne prêta guère attention à cette nouvelle popularité.
Alors qu'il avait acquis un bon nombre de rues, Philippe décida d'aller
encore plus loin dans ses achats.
Il arriva un jour devant la gare Montparnasse où il avait appris il y a peu
de temps que l'ancien directeur avait pris sa retraite.
Philippe se rendit donc dans le bureau de l'ancien directeur et présenta
sa candidature.
D'autres candidats étaient également présents.
Au moment de la réunion pour décider du nouveau directeur, les cadres
de la SNCF furent convaincus par les arguments de Philippe et encore
plus lorsqu'ils virent sa fortune.
Philippe promit de faire du développement de la gare Montparnasse, une
de ses priorités.
C'est ainsi que Philippe fut élu directeur officiel de la gare Montparnasse.
Philippe avait réalisé une grosse partie de ses objectifs.
Il avait certes beaucoup dépensé en si peu de temps mais il savait qu'à
long terme, sa fortune n'en serait que plus colossale.
Philippe s'assit sur un banc en lisant le journal : on parlait de lui à la une
des journaux et notamment de ses nombreuses propriétés.
Philippe esquissa un sourire à la lecture du journal.
« Les affaires marchent bien à ce que je vois. »
Philippe se retourna brusquement.
Un inconnu se tenait debout derrière lui, bien habillé avec un drôle de
chapeau sur la tête et un de ces fameux cigares « havane » à la bouche.
« Comme quasiment tous les habitants de cette ville, je suis au courant
de votre fabuleuse épopée dans le domaine de l'immobilier, reprit le
bonhomme. Toutes mes félicitations. »
Philippe fut flatté de ce qu'avançait cet inconnu.
« Et bien je vous remercie, dit-il en se levant de son banc.
- D'ailleurs permettez-moi de me présenter, je m'appelle Alain Gortchev,
je suis d'origine russe et je suis un investisseur immobilier. »
Philippe lui serra la main mais ne put s'empêcher d'avoir un semblant de
réaction en entendant les deux derniers mots.
« Et comment vont les affaires demanda Philippe ? »
- Bien, très bien répondit Alain tout en gardant le regard fixé sur Philippe.
Depuis que je suis arrivé à Paris, j'ai déjà en ma possession plusieurs
maisons et appartements de très grandes qualités et je compte les
moderniser.»
Philippe resta bouche bée.
Il n'était donc pas le seul à effectuer des transactions immobilières de
cette envergure.
Il avait en face de lui un sérieux concurrent : Alain Gortchev
« Tout comme vous je possède une grosse fortune et Paris m'a semblé
la ville parfaite pour y concevoir un véritable empire immobilier, déclara-t-
il. »
Philippe devint écarlate.
Il avait basé sa stratégie en étant sûr d'être le seul à acheter des rues
dans Paris.
« Et quand avez-vous commencé vos achat, demanda Philippe ?
- Oh il n'y pas si longtemps que cela, je dirai presque en même temps
que vous affirma Alain. Bon allez je dois y aller, bonne journée
monsieur»
A la fin de sa phrase, il jeta son cigare au loin et partit dans la direction
opposée.
Philippe resta sur place chamboulé par cette nouvelle: il n'était pas le
seul à procéder à autant d'achats de maisons et d'appartements dans
Paris.
Il ne comptait bien sûr pas en rester là.
II Premières mésaventures
Philippe avait à son acquis de nombreuses propriétés dans Paris.
Depuis sa rencontre avec Alain Gortchev, il n'a pas cessé d'accélérer la
cadence et d'acheter encore d'autres maisons pour étendre son empire
immobilier.
Il ne connaissait pas encore très bien cet homme et il craignait qu'il ait
déjà pris de l'avance.
Car oui, pour Philippe, l'immobilier représente une véritable course
contre la montre: il lui fallait acheter, toujours acheter pour avoir un
temps d'avance sur les autres.
Un jour il se lassa d'acheter des maisons dans Paris.
Il se mit alors à réfléchir sur d'autres possibilités
« Je suis déjà directeur d'une gare, pensa-t-il. Dans quel type
d'établissement public pourrai-je investir ? »
Et c'est en pensant ainsi qu'il eut une illumination : il lui fallait un hôtel.
Il se rendit dans l'agence immobilière spécialisée dans la vente d'hôtels
la plus proche et il choisit un hôtel au hasard dans la liste proposée.
Il signa le contrat qui fit de lui le propriétaire officiel.
En sortant de l'agence, il tomba sur un homme bien habillé, le teint
bronzé qui se dirigeait vers l'accueil de l'agence d'un air pressé.
Mais ce que Philippe remarqua aussi, c'est la grande mallette que tenait
cet homme à la main et il devint soudainement suspicieux.
« Vous êtes nouveau dans Paris ? lui demanda Philippe avec pour
unique but d'en savoir plus sur lui. »
L'homme le dévisagea d'un air arrogant
« En effet, répondit-il. Je m'appelle Lorenzo Vaccini, homme d'affaire
pour vous servir.
- Et vous pensez avoir trouvé un endroit où vous installer ? demanda
Philippe.
- Ma foi c'est n'est pas le but de ma visite, répondit-il. J'ai déjà acquis il
n'y a pas si longtemps une superbe maison dans le 16ème
arrondissement. Je suis ici pour acheter un splendide hôtel. »
Philippe hocha la tête ne sachant que dire.
« Je pense que vous venez d'en faire de même. Quelques maisons ne
vous suffisent donc pas ? fit Lorenzo d'un air moqueur. »
Philippe comprit qu'il en savait déjà beaucoup.
« J'ai croisé ce monsieur russe il n'y a pas longtemps, Alain je crois, dit
Lorenzo. Il m'a parlé de vous et j'ai pu voir que vous faisiez la une des
journaux. Tout comme vous et moi, il a l'air très attiré par l'immobilier.
- Et les parisiens, ça ne leur fait rien de voir autant de maisons
rachetées ?
- Oh vous savez, les propriétés sont faites pour être rachetés non ?
Donc ils n'y prêtent guère attention.
Puis il se dirigea vers l'accueil de l'agence tandis que Philippe se mit en
route.
Il compta son argent et estima qu'il avait encore la possibilité d'acheter
un ou deux hôtels, seulement après il n'aurait plus grand chose et devra
attendre que les premiers profits se réalisent.
Plusieurs jours ont passé.
Philippe semblait enfin satisfait de qu'il avait réalisé jusque-là.
Quelques temps auparavant, il avait l'acquisition de deux hôtels 4
étoiles, un joli coup de maître selon lui.
Il ouvrit sa mallette et constata qu'elle s'était bien vidée suite à ses
nombreuses dépenses.
Philippe avait acheté précipitamment ces hôtels par peur qu'un autre
concurrent les rachète.
« Je deviens parano, pensa-t-il »
Il referma sa mallette et songea à prendre du repos bien mérité.
Philippe était serein.
Pour la première fois il n'avait plus à se soucier des différents achats qu'il
devrait effectuer.
Il profita de son temps libre pour visiter Paris et ses nombreux
monuments.
Philippe décida alors d'effectuer un voyage pour se ressourcer un peu et
réserva un billet pour la gare St Lazare, les autres places étant toutes
prises dans les autres gares.
Mais à la vue du prix de billet, Philippe se mit en rogne et contacta un
conseiller de la gare.
« Je vous appelle car je souhaite effectuer un simple voyage et je vois
que le prix du billet est exorbitant, grogna Philippe. Qu'est-ce que cela
signifie ?
- Vous devez appartenir surement à la catégorie millionnaire. Notre
directeur a voté pour de nouvelles réformes : toutes personnes
appartenant à la catégorie que je viens de vous citer, voit le prix de son
billet automatiquement augmenté de 75 % »
Philippe ne voulait pas croire ce qu'il entendait.
« C'est inadmissible ! Passez-moi le directeur. »
- Je suis désolé, il n'est pas disponible. Vous devrez patienter monsieur»
Philippe raccrocha le téléphone et rumina.
« Tu parles d'un repos. »
Philippe se rendit également dans un hôtel pour une nuit.
Son but était de briser la monotonie en évitant de dormir tout le temps
dans le sien.
Il passa une bonne nuit mais le lendemain matin, il fut désagréablement
surpris lorsqu'on lui annonça le prix du séjour.
« Etes-vous sérieux ?! S’exclama Philippe. Je n'ai jamais vu un prix
pareil dans un hôtel, c'est honteux.
- C'est que … monsieur appartient à la catégorie 1-A, c'est à dire que
vous possédait ... une forte somme d'argent, marmonna la dame de
l'accueil. »
Philippe cru entendre le même discours par rapport au scénario du prix
d'un billet de train.
« Puis je voir le directeur ? »
- Je regrette, il est absent pour le moment.
Philippe paya alors à contrecœur et se promit la prochaine fois de
demander le prix dès le début.
Philippe recroisa un jour Alain Gortchev par hasard alors qu'il se baladait
tranquillement.
Alain esquissa un sourire.
« Vous prenez du repos ? demanda Alain
- On ne peut rien vous cacher, répondit Philippe. Vous devriez faire de
même, les affaires peuvent bien attendre.
- Sûrement, mais je préfère me concentrer sur l'essentiel. J'ai encore
beaucoup d'achats à négocier, des contrats à signer, je n'ai pas le temps
de prendre des vacances.
- Comme vous voudrez, dit Philippe.»
Puis ils se quittèrent de nouveau, l'un retournant à son business, l'autre
continuant sa ballade.
Philippe se trouvait dans son hôtel.
Il était heureux car depuis un moment son patrimoine immobilier était
largement rentable.
Comme convenu les revenus des loyers des différents maisons,
appartements ou hôtels achetés lui ont permis de commencer à
rembourser petit à petit ses achats.
Il ne lui restait plus qu'à attendre à long terme et bientôt il sera encore
plus riche.
Philippe se sentait serein et optimiste, et il décida même d'aller rendre
visite à Lorenzo Vaccini.
Il arriva devant sa grande maison dans le 16ème
et après avoir toqué à la
porte, il admira sa demeure : c'était une grande maison avec une
structure longiligne qui lui conférait une modernité sans pareil, avec un
magnifique jardin sur la gauche.
La porte s'ouvrit et Lorenzo ne put s'empêcher d'être un peu surpris.
« Tiens c'est vous, dit-il.
- Oui c'est moi, répondit Philippe. Je venais juste vous voir pour
converser un peu »
Lorenzo sourit et le laissa entrer.
Philippe découvrit alors un grand salon moderne avec plusieurs canapés
aux couleurs et des tapis d'un style oriental.
« Vous désirez boire quelque chose ? demanda Lorenzo
- Non merci c'est fort aimable, répondit Philippe.
Il s'assit et pris la parole.
« Alors monsieur Vaccini, êtes-vous sur la bonne voie dans
l'établissement de votre patrimoine immobilier ?
- Ma foi cela se passe plutôt bien, répondit Lorenzo. J'ai à mon actif une
dizaine d'appartements et je compte bien en acheter d'autres dès que
l'investissement commencera à porter ses fruits.
- Je pense faire de même, affirma Philippe. Avez-vous eu des nouvelles
d’Alain ?
- Et comment. Je l'ai vu il n'y a pas très longtemps, il ne s'arrête jamais.
J'ai l'impression qu'il cherche à prendre son temps lorsqu'il veut acheter
une nouvelle propriété alors que ma foi, cela ne demande pas non plus
une grande réflexion.
- Oui je l'ai vu aussi il y a de cela quelques jours, il ne prend même pas
quelques jours de repos, s'étonna Philippe.
Ils discutèrent encore un peu d’Alain, puis Philippe se leva.
« Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, dit Philippe. A bientôt
monsieur Vaccini. »
Puis il sortit et se rendit dans son hôtel particulier se reposer un peu.
Mais il ne doutait pas que des mauvaises nouvelles l'attendaient.
En arrivant à son hôtel, un membre du personnel de service se présenta
devant lui.
« Le courrier d'aujourd'hui monsieur.
- Je vous remercie, répondit Philippe. »
Il s'assit sur un canapé et commença à déballer le courrier.
Les lettres étaient banales et sans importance, jusqu'à ce que son
regard se focalisa sur une lettre en particulière.
Il regarda le dos de la lettre et exprima un grognement à la lecture de ce
qui était écrit : « avis d'imposition taxe d'habitation »
« Saleté d'impôts, pensa Philippe. »
Il ouvrit à contrecœur la lettre et poussa un cri.
La taxe d'habitation avait atteint une somme folle avec tous les
logements secondaires que possédait Philippe, sans compter le nombre
d'hôtels qu'il avait acquis.
Ce qui embêtait par-dessus tout Philippe, c'est qu'il avait dépensé la
quasi-totalité de sa fortune, avec l'idée de faire bénéfice avec les
revenus des loyers.
Cependant il se rassura.
« D'ici le délai pour payer les impôts, j'aurais réalisé des profits, je serai
en mesure de tout payer. »
Il posa sa lettre et sortit un moment respirer l'air frais.
Soudain le maître d'hôtel qui se trouvait à l'entrée l'appela.
« Monsieur, j'ai encore du courrier. »
Philippe estima qu'il avait eu sa dose.
« Merci, posait cela sur la table, je regarderai cela après.
- Vous feriez mieux de venir voir dès maintenant, lui suggéra le maitre
d'hôtel. »
Philippe eut un drôle de pressentiment.
Le maître d'hôtel lui passa la lettre en question et Philippe la déballa
sans prendre la peine de regarder le dos pour voir de quoi il s'agissait.
Et lorsqu'il eut parcouru le contenu entier de la lettre, il entra dans une
grande colère
« Des frais de réparation ?!, cria-t-il si fort que les autres membres de
service s'arrêtèrent l'espace d'un instant pour le regarder. Quelle est
donc cette histoire grotesque ? Il s'agit d'une erreur, non ?
- Je crains que non monsieur, répondit le maitre d'hôtel. Du moins en ce
qui concerne notre hôtel. Il est vieux et il a subi quelques accidents ces
dernières années. Personne ne désirait le racheter, car les réparations
étaient trop chères. Je pensais que vous étiez au courant.
- En aucun cas, grogna Philippe.»
Il relu attentivement la lettre.
Apparemment un grand nombre de ses maisons avait besoin de
sérieuses réparations.
Philippe avait acheté ses maisons en fonction de la taille et de leur luxe
mais il avait négligé les visites.
« C'est le comble, pensa-t-il. »
Les frais s'élevaient à une grosse somme d'argent.
Cela ajouté aux impôts, cela faisait beaucoup pour Philippe qui
commença à prendre réellement conscience de sa bêtise d'avoir dilapidé
la grande majorité de sa fortune sans avoir anticipé les différents
imprévus.
De plus sa lettre était claire : on lui laissait peu de temps pour procéder
aux réparations, sans quoi il recevait tout d'abord un avertissement, puis
une lettre de remise obligatoire de la maison en vente si les réparations
n'avaient toujours pas été effectuées.
Philippe décida qu'il fallait réagir.
III La désillusion
Philippe réfléchissait.
Il songeait à aller voir l'organisme qui lui avait envoyé la lettre des frais
de réparation pour avoir plus de temps.
Mais c'était peine perdu, ce type d'organisme était intolérant en terme de
délai de paiement.
Il avait plusieurs options : soit il vendait quelques maisons où les frais de
réparations étaient les plus élevés, auquel cas il aurait finalement assez
d'argent pour payer le reste des frais.
Mais cela signifiait trouver une personne assez naïve qui veuille bien
acheter la maison en question, ce qui ne risquait pas de tourner en la
faveur de Philippe.
Soit il échangeait avec un investisseur ses maisons contre des maisons
correctes sans bien sûr évoquait les réparations à effectuer.
L'idée lui sembla bonne et n'ayant aucune nouvelle d'Alain Gortchev, il
se décida à rendre de nouveau visite à Lorenzo Vaccini.
Il arriva devant sa maison illico presto et toqua à la porte.
Lorenzo ouvrit.
« Tiens encore vous, dit Lorenzo en souriant. Je peux vous être utile ?
- J'ai une proposition à vous faire monsieur Vaccini.
- Ah tiens donc, dit-il en ayant l'air soudainement de se tenir sur ses
gardes. Et quelle est-elle ?
Philippe toussa un peu.
- Et bien voilà, j'ai pensé qu'entre honnêtes hommes d'affaires, nous
pourrions faire de belles affaires ensemble. C'est pourquoi je vous
propose quelques magnifiques maisons que j'ai acquises il y a peu de
temps contre des maisons qui vous appartiennent. »
Lorenzo fut interloqué par cette annonce.
« Je ne comprends pas vraiment, dit-il. Quelle serait l'intérêt de cet
échange ?
- Et bien les maisons dont je vous parle se trouvent dans des quartiers
très chics de Paris et constituent donc un emplacement stratégique.
Quand à vos maisons, elles m’intéressent par leur style architectural. De
plus je pense que c'est un bon moyen de prouver que nous pouvons
nous faire confiance l'un et l'autre. »
Lorenzo resta perplexe puis il fit part de sa décision.
« Je suis désolé, mais votre proposition ne m'intéresse pas. »
Et après ces paroles, il referma la porte devant un Philippe qui devint
nerveux.
« Raté, pensa-t-il. En même temps ma proposition n'avait ni queue ni
tête je l’admets. »
Il prit alors la direction de l'hôtel tout en réfléchissant de comment il allait
se sortir de cette situation.
En cours de roue, il croisa un homme dont le visage lui était familier.
« Ça alors, quelle bonne surprise, fit Alain Gortchev. »
Philippe n'avait pas le cœur à parler affaires, et il chercha donc à
raccourcir la conversation qui allait suivre.
« Bonjour monsieur Gortchev, répondit Philippe. Comment allez-vous ?
- Et bien tout vas très bien, je vous remercie répondit Alain. J'ai mis du
temps faire le bon choix pour chaque nouvelle propriété mais finalement
je suis content de moi.
- Mes félicitations, dit Philippe. Je suis malheureusement pressé et je
dois vous quitter. Allez à bientôt.
A peine avait-il fini sa phrase qu'il se mit en route.
Il souhaitait rester dans son hôtel à réfléchir tranquillement à ses
problèmes.
« J'espère d'ailleurs que vous avez passé une bonne nuit dans mon
hôtel. »
Philippe s'arrêta inopinément comme s'il avait brusquement attrapé une
crampe.
Il se retourna vers Alain.
« Je vous demande pardon ? demanda Philippe. De que hôtel parlez-
vous ? »
- Oh juste un de mes hôtels dans le 4ème arrondissement, où jadis vous
avait passé une nuit, répondit Alain. On m'a rapporté que vous vous étiez
plaint du prix de l'hôtel.
Philippe fut choqué.
« C'est donc vous le directeur.
- Oui cher monsieur, et je pense que vous aviez eu tort de vous énerver
contre mes employés. Il est normal que plus on riche, plus on paie, c'est
comme les impôts
Philippe commença à s'énerver.
« Mais enfin vos prix sont absurdes, s'emporta-t-il. Vous êtes bien le
premier à proposer des prix aussi élevés. C'est tout simplement
grotesque. »
Alain se mit à sourire.
« Mon pauvre ami de quoi vous plaignez vous ? Je suis directeur de cet
hôtel, j'impose mes règles voilà tout. Et cela va de même en ce qui
concerne les gares n'est-ce pas ? »
Philippe comprit que le directeur de la gare St Lazare et celui de l'hôtel
en question était une seule et même personne.
Fou de rage, il se jeta sur Alain en portant ses mains à sa gorge.
Malheureusement pour lui, la police passait par là.
Ils intervinrent rapidement et menottant Philippe, il le fit rentrer dans la
voiture de police.
Après plusieurs jours passés en prison, Philippe fut relâché.
Il se rendit à l'hôtel où le maître d'hôtel l'attendait
Une grande déception se lisait sur son visage.
« Malheureusement monsieur pendant votre absence, les frais de
réparations n'ont pas cessé d'augmenter. Les entrepreneurs demandent
à ce que vous hypothéquiez vos biens immobiliers pour commencer à
rembourser vos dettes.
- Et les habitants qui résident à l'intérieur alors ?
- On les a avertis. Ils seront transférés dans d'autres maisons en
attendant que vous ayez remboursé vos dettes.
Philippe n'eut pas le choix.
Il se résolu à hypothéquer la totalité de son patrimoine immobilier.
Mais il se rendit que le crédit qui lui fut accordé suffisait simplement à
payer la totalité des impôts.
Comme il fut impossible pour Philippe de rembourser ses dettes, le
créancier saisit la totalité des maisons et hôtels de Philippe et il fut obligé
de tout mettre aux enchères.
Philippe étant ruiné, il se mit en route et quitta définitivement Paris.
Clément grogna.
Il s'en voulait de sa stratégie et se pencha en arrière sur sa chaise.
« Bon et bien je suis ruiné. C'est pénible, je gagne rarement à ce jeu. »
Martin sourit.
« Allons ce n'est qu'une partie de Monopoly après tout, répliqua-t-il. Il
faut un vainqueur à tout. »
- En même temps quelle idée d'appeler son pion Philippe, dit une autre
personne.
Clément haussa les épaules, puis il posa les dés sur la table et se leva
pour prendre l'air.

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  • 1. Nouveau riche à Paris Par Alexis DELAPRESLE
  • 2. I Bienvenue à Paris Il était une fois un homme nommé Philippe. Cet homme était très riche et avait surtout d’énormément d'ambitions. Il était arrivé par un beau matin dans la ville de Paris avec une seule idée en tête: accroître sa richesse. Il trimballait avec lui une mallette rempli de liasses de billets et ne s'en séparait jamais. La stratégie de Philippe était parfaitement claire. Il avait longtemps réfléchi aux activités de gestion et de transaction qui seraient susceptibles de lui rapporter beaucoup d'argent et il avait finalement trouvé sa proie: l'immobilier. Philippe se mit donc à parcourir Paris en sachant déjà par quoi commencer : acheter beaucoup de maisons et d'appartements Il arriva dans le 8ème arrondissement et, se trouvant devant l'Hôtel de la Princesse Mathilde, il s'assit sur un banc et se mit à réfléchir. Il voulait être sûr de pouvoir investir sans risque et avait peur de faire une erreur dès le début. « Bon allez c'est parti, après tous les risques font partie du jeu, se dit-il. » Et il se dirigea vers la première agence immobilière. En entrant dans l'établissement, il alla vers le bureau d'accueil où un monsieur plutôt âgé se tenait. « Bonjour monsieur, commença Philippe. Je souhaiterai procéder à un achat de maison. - C'est tout à votre honneur, dit le vieux monsieur. Une de nos maisons vous intéresse-t-elle en particulier ? » Philippe n'avait pas vraiment étudié attentivement les maisons que proposait cette agence, mais il savait qu'il en voulait une aux dimensions importantes et avec une architecture très moderne. Du coup son regard se posa automatiquement sur l'image d'une maison imposante qui lui plut tout de suite. « Je choisis cette maison, fit Philippe en désignant l'image de la maison en question - Excellent choix monsieur. » Ils réglèrent les derniers détails puis l'agent lui proposa d'effectuer de visiter la maison. « Rapidement alors, insista Philippe, je suis assez pressé. » La visite s'effectua sans souci bien qu'elle fut grandement raccourcie selon la volonté de Philippe qui souhaitait l'acheter la plus rapidement possible. Finalement Philippe signa des papiers et conclu donc ainsi l'affaire. Il était propriétaire de sa première maison dans Paris. « Que ce soit le début d'une longue série, espéra Philippe tandis qu'il sortait de l'agence. »
  • 3. Ce fut un véritable parcours dans la ville lumière que Philippe entreprit. Il se déplaçait notamment dans les quartiers chics où il acheta plusieurs maisons. Chaque fois, il choisissait une maison selon sa grande taille et chaque fois il écourtait les visites traditionnelles, impatient de procéder à l'achat suivant. Il devint très rapidement connu dans tout Paris et les gens se montraient à la fois impressionnés mais se posaient tous la même question: qui est cet homme et d'où tient-il cette fortune qui lui permet de nombreuses maisons avec autant de facilité. Philippe ne prêta guère attention à cette nouvelle popularité. Alors qu'il avait acquis un bon nombre de rues, Philippe décida d'aller encore plus loin dans ses achats. Il arriva un jour devant la gare Montparnasse où il avait appris il y a peu de temps que l'ancien directeur avait pris sa retraite. Philippe se rendit donc dans le bureau de l'ancien directeur et présenta sa candidature. D'autres candidats étaient également présents. Au moment de la réunion pour décider du nouveau directeur, les cadres de la SNCF furent convaincus par les arguments de Philippe et encore plus lorsqu'ils virent sa fortune. Philippe promit de faire du développement de la gare Montparnasse, une de ses priorités. C'est ainsi que Philippe fut élu directeur officiel de la gare Montparnasse. Philippe avait réalisé une grosse partie de ses objectifs. Il avait certes beaucoup dépensé en si peu de temps mais il savait qu'à long terme, sa fortune n'en serait que plus colossale. Philippe s'assit sur un banc en lisant le journal : on parlait de lui à la une des journaux et notamment de ses nombreuses propriétés. Philippe esquissa un sourire à la lecture du journal. « Les affaires marchent bien à ce que je vois. » Philippe se retourna brusquement. Un inconnu se tenait debout derrière lui, bien habillé avec un drôle de chapeau sur la tête et un de ces fameux cigares « havane » à la bouche. « Comme quasiment tous les habitants de cette ville, je suis au courant de votre fabuleuse épopée dans le domaine de l'immobilier, reprit le bonhomme. Toutes mes félicitations. » Philippe fut flatté de ce qu'avançait cet inconnu. « Et bien je vous remercie, dit-il en se levant de son banc. - D'ailleurs permettez-moi de me présenter, je m'appelle Alain Gortchev, je suis d'origine russe et je suis un investisseur immobilier. »
  • 4. Philippe lui serra la main mais ne put s'empêcher d'avoir un semblant de réaction en entendant les deux derniers mots. « Et comment vont les affaires demanda Philippe ? » - Bien, très bien répondit Alain tout en gardant le regard fixé sur Philippe. Depuis que je suis arrivé à Paris, j'ai déjà en ma possession plusieurs maisons et appartements de très grandes qualités et je compte les moderniser.» Philippe resta bouche bée. Il n'était donc pas le seul à effectuer des transactions immobilières de cette envergure. Il avait en face de lui un sérieux concurrent : Alain Gortchev « Tout comme vous je possède une grosse fortune et Paris m'a semblé la ville parfaite pour y concevoir un véritable empire immobilier, déclara-t- il. » Philippe devint écarlate. Il avait basé sa stratégie en étant sûr d'être le seul à acheter des rues dans Paris. « Et quand avez-vous commencé vos achat, demanda Philippe ? - Oh il n'y pas si longtemps que cela, je dirai presque en même temps que vous affirma Alain. Bon allez je dois y aller, bonne journée monsieur» A la fin de sa phrase, il jeta son cigare au loin et partit dans la direction opposée. Philippe resta sur place chamboulé par cette nouvelle: il n'était pas le seul à procéder à autant d'achats de maisons et d'appartements dans Paris. Il ne comptait bien sûr pas en rester là.
  • 5. II Premières mésaventures Philippe avait à son acquis de nombreuses propriétés dans Paris. Depuis sa rencontre avec Alain Gortchev, il n'a pas cessé d'accélérer la cadence et d'acheter encore d'autres maisons pour étendre son empire immobilier. Il ne connaissait pas encore très bien cet homme et il craignait qu'il ait déjà pris de l'avance. Car oui, pour Philippe, l'immobilier représente une véritable course contre la montre: il lui fallait acheter, toujours acheter pour avoir un temps d'avance sur les autres. Un jour il se lassa d'acheter des maisons dans Paris. Il se mit alors à réfléchir sur d'autres possibilités « Je suis déjà directeur d'une gare, pensa-t-il. Dans quel type d'établissement public pourrai-je investir ? » Et c'est en pensant ainsi qu'il eut une illumination : il lui fallait un hôtel. Il se rendit dans l'agence immobilière spécialisée dans la vente d'hôtels la plus proche et il choisit un hôtel au hasard dans la liste proposée. Il signa le contrat qui fit de lui le propriétaire officiel. En sortant de l'agence, il tomba sur un homme bien habillé, le teint bronzé qui se dirigeait vers l'accueil de l'agence d'un air pressé. Mais ce que Philippe remarqua aussi, c'est la grande mallette que tenait cet homme à la main et il devint soudainement suspicieux. « Vous êtes nouveau dans Paris ? lui demanda Philippe avec pour unique but d'en savoir plus sur lui. » L'homme le dévisagea d'un air arrogant « En effet, répondit-il. Je m'appelle Lorenzo Vaccini, homme d'affaire pour vous servir. - Et vous pensez avoir trouvé un endroit où vous installer ? demanda Philippe. - Ma foi c'est n'est pas le but de ma visite, répondit-il. J'ai déjà acquis il n'y a pas si longtemps une superbe maison dans le 16ème arrondissement. Je suis ici pour acheter un splendide hôtel. » Philippe hocha la tête ne sachant que dire. « Je pense que vous venez d'en faire de même. Quelques maisons ne vous suffisent donc pas ? fit Lorenzo d'un air moqueur. » Philippe comprit qu'il en savait déjà beaucoup. « J'ai croisé ce monsieur russe il n'y a pas longtemps, Alain je crois, dit Lorenzo. Il m'a parlé de vous et j'ai pu voir que vous faisiez la une des journaux. Tout comme vous et moi, il a l'air très attiré par l'immobilier. - Et les parisiens, ça ne leur fait rien de voir autant de maisons rachetées ? - Oh vous savez, les propriétés sont faites pour être rachetés non ? Donc ils n'y prêtent guère attention.
  • 6. Puis il se dirigea vers l'accueil de l'agence tandis que Philippe se mit en route. Il compta son argent et estima qu'il avait encore la possibilité d'acheter un ou deux hôtels, seulement après il n'aurait plus grand chose et devra attendre que les premiers profits se réalisent. Plusieurs jours ont passé. Philippe semblait enfin satisfait de qu'il avait réalisé jusque-là. Quelques temps auparavant, il avait l'acquisition de deux hôtels 4 étoiles, un joli coup de maître selon lui. Il ouvrit sa mallette et constata qu'elle s'était bien vidée suite à ses nombreuses dépenses. Philippe avait acheté précipitamment ces hôtels par peur qu'un autre concurrent les rachète. « Je deviens parano, pensa-t-il » Il referma sa mallette et songea à prendre du repos bien mérité. Philippe était serein. Pour la première fois il n'avait plus à se soucier des différents achats qu'il devrait effectuer. Il profita de son temps libre pour visiter Paris et ses nombreux monuments. Philippe décida alors d'effectuer un voyage pour se ressourcer un peu et réserva un billet pour la gare St Lazare, les autres places étant toutes prises dans les autres gares. Mais à la vue du prix de billet, Philippe se mit en rogne et contacta un conseiller de la gare. « Je vous appelle car je souhaite effectuer un simple voyage et je vois que le prix du billet est exorbitant, grogna Philippe. Qu'est-ce que cela signifie ? - Vous devez appartenir surement à la catégorie millionnaire. Notre directeur a voté pour de nouvelles réformes : toutes personnes appartenant à la catégorie que je viens de vous citer, voit le prix de son billet automatiquement augmenté de 75 % » Philippe ne voulait pas croire ce qu'il entendait. « C'est inadmissible ! Passez-moi le directeur. » - Je suis désolé, il n'est pas disponible. Vous devrez patienter monsieur» Philippe raccrocha le téléphone et rumina. « Tu parles d'un repos. » Philippe se rendit également dans un hôtel pour une nuit. Son but était de briser la monotonie en évitant de dormir tout le temps dans le sien. Il passa une bonne nuit mais le lendemain matin, il fut désagréablement surpris lorsqu'on lui annonça le prix du séjour.
  • 7. « Etes-vous sérieux ?! S’exclama Philippe. Je n'ai jamais vu un prix pareil dans un hôtel, c'est honteux. - C'est que … monsieur appartient à la catégorie 1-A, c'est à dire que vous possédait ... une forte somme d'argent, marmonna la dame de l'accueil. » Philippe cru entendre le même discours par rapport au scénario du prix d'un billet de train. « Puis je voir le directeur ? » - Je regrette, il est absent pour le moment. Philippe paya alors à contrecœur et se promit la prochaine fois de demander le prix dès le début. Philippe recroisa un jour Alain Gortchev par hasard alors qu'il se baladait tranquillement. Alain esquissa un sourire. « Vous prenez du repos ? demanda Alain - On ne peut rien vous cacher, répondit Philippe. Vous devriez faire de même, les affaires peuvent bien attendre. - Sûrement, mais je préfère me concentrer sur l'essentiel. J'ai encore beaucoup d'achats à négocier, des contrats à signer, je n'ai pas le temps de prendre des vacances. - Comme vous voudrez, dit Philippe.» Puis ils se quittèrent de nouveau, l'un retournant à son business, l'autre continuant sa ballade. Philippe se trouvait dans son hôtel. Il était heureux car depuis un moment son patrimoine immobilier était largement rentable. Comme convenu les revenus des loyers des différents maisons, appartements ou hôtels achetés lui ont permis de commencer à rembourser petit à petit ses achats. Il ne lui restait plus qu'à attendre à long terme et bientôt il sera encore plus riche. Philippe se sentait serein et optimiste, et il décida même d'aller rendre visite à Lorenzo Vaccini. Il arriva devant sa grande maison dans le 16ème et après avoir toqué à la porte, il admira sa demeure : c'était une grande maison avec une structure longiligne qui lui conférait une modernité sans pareil, avec un magnifique jardin sur la gauche. La porte s'ouvrit et Lorenzo ne put s'empêcher d'être un peu surpris. « Tiens c'est vous, dit-il. - Oui c'est moi, répondit Philippe. Je venais juste vous voir pour converser un peu » Lorenzo sourit et le laissa entrer. Philippe découvrit alors un grand salon moderne avec plusieurs canapés
  • 8. aux couleurs et des tapis d'un style oriental. « Vous désirez boire quelque chose ? demanda Lorenzo - Non merci c'est fort aimable, répondit Philippe. Il s'assit et pris la parole. « Alors monsieur Vaccini, êtes-vous sur la bonne voie dans l'établissement de votre patrimoine immobilier ? - Ma foi cela se passe plutôt bien, répondit Lorenzo. J'ai à mon actif une dizaine d'appartements et je compte bien en acheter d'autres dès que l'investissement commencera à porter ses fruits. - Je pense faire de même, affirma Philippe. Avez-vous eu des nouvelles d’Alain ? - Et comment. Je l'ai vu il n'y a pas très longtemps, il ne s'arrête jamais. J'ai l'impression qu'il cherche à prendre son temps lorsqu'il veut acheter une nouvelle propriété alors que ma foi, cela ne demande pas non plus une grande réflexion. - Oui je l'ai vu aussi il y a de cela quelques jours, il ne prend même pas quelques jours de repos, s'étonna Philippe. Ils discutèrent encore un peu d’Alain, puis Philippe se leva. « Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, dit Philippe. A bientôt monsieur Vaccini. » Puis il sortit et se rendit dans son hôtel particulier se reposer un peu. Mais il ne doutait pas que des mauvaises nouvelles l'attendaient. En arrivant à son hôtel, un membre du personnel de service se présenta devant lui. « Le courrier d'aujourd'hui monsieur. - Je vous remercie, répondit Philippe. » Il s'assit sur un canapé et commença à déballer le courrier. Les lettres étaient banales et sans importance, jusqu'à ce que son regard se focalisa sur une lettre en particulière. Il regarda le dos de la lettre et exprima un grognement à la lecture de ce qui était écrit : « avis d'imposition taxe d'habitation » « Saleté d'impôts, pensa Philippe. » Il ouvrit à contrecœur la lettre et poussa un cri. La taxe d'habitation avait atteint une somme folle avec tous les logements secondaires que possédait Philippe, sans compter le nombre d'hôtels qu'il avait acquis. Ce qui embêtait par-dessus tout Philippe, c'est qu'il avait dépensé la quasi-totalité de sa fortune, avec l'idée de faire bénéfice avec les revenus des loyers. Cependant il se rassura. « D'ici le délai pour payer les impôts, j'aurais réalisé des profits, je serai en mesure de tout payer. » Il posa sa lettre et sortit un moment respirer l'air frais. Soudain le maître d'hôtel qui se trouvait à l'entrée l'appela.
  • 9. « Monsieur, j'ai encore du courrier. » Philippe estima qu'il avait eu sa dose. « Merci, posait cela sur la table, je regarderai cela après. - Vous feriez mieux de venir voir dès maintenant, lui suggéra le maitre d'hôtel. » Philippe eut un drôle de pressentiment. Le maître d'hôtel lui passa la lettre en question et Philippe la déballa sans prendre la peine de regarder le dos pour voir de quoi il s'agissait. Et lorsqu'il eut parcouru le contenu entier de la lettre, il entra dans une grande colère « Des frais de réparation ?!, cria-t-il si fort que les autres membres de service s'arrêtèrent l'espace d'un instant pour le regarder. Quelle est donc cette histoire grotesque ? Il s'agit d'une erreur, non ? - Je crains que non monsieur, répondit le maitre d'hôtel. Du moins en ce qui concerne notre hôtel. Il est vieux et il a subi quelques accidents ces dernières années. Personne ne désirait le racheter, car les réparations étaient trop chères. Je pensais que vous étiez au courant. - En aucun cas, grogna Philippe.» Il relu attentivement la lettre. Apparemment un grand nombre de ses maisons avait besoin de sérieuses réparations. Philippe avait acheté ses maisons en fonction de la taille et de leur luxe mais il avait négligé les visites. « C'est le comble, pensa-t-il. » Les frais s'élevaient à une grosse somme d'argent. Cela ajouté aux impôts, cela faisait beaucoup pour Philippe qui commença à prendre réellement conscience de sa bêtise d'avoir dilapidé la grande majorité de sa fortune sans avoir anticipé les différents imprévus. De plus sa lettre était claire : on lui laissait peu de temps pour procéder aux réparations, sans quoi il recevait tout d'abord un avertissement, puis une lettre de remise obligatoire de la maison en vente si les réparations n'avaient toujours pas été effectuées. Philippe décida qu'il fallait réagir.
  • 10. III La désillusion Philippe réfléchissait. Il songeait à aller voir l'organisme qui lui avait envoyé la lettre des frais de réparation pour avoir plus de temps. Mais c'était peine perdu, ce type d'organisme était intolérant en terme de délai de paiement. Il avait plusieurs options : soit il vendait quelques maisons où les frais de réparations étaient les plus élevés, auquel cas il aurait finalement assez d'argent pour payer le reste des frais. Mais cela signifiait trouver une personne assez naïve qui veuille bien acheter la maison en question, ce qui ne risquait pas de tourner en la faveur de Philippe. Soit il échangeait avec un investisseur ses maisons contre des maisons correctes sans bien sûr évoquait les réparations à effectuer. L'idée lui sembla bonne et n'ayant aucune nouvelle d'Alain Gortchev, il se décida à rendre de nouveau visite à Lorenzo Vaccini. Il arriva devant sa maison illico presto et toqua à la porte. Lorenzo ouvrit. « Tiens encore vous, dit Lorenzo en souriant. Je peux vous être utile ? - J'ai une proposition à vous faire monsieur Vaccini. - Ah tiens donc, dit-il en ayant l'air soudainement de se tenir sur ses gardes. Et quelle est-elle ? Philippe toussa un peu. - Et bien voilà, j'ai pensé qu'entre honnêtes hommes d'affaires, nous pourrions faire de belles affaires ensemble. C'est pourquoi je vous propose quelques magnifiques maisons que j'ai acquises il y a peu de temps contre des maisons qui vous appartiennent. » Lorenzo fut interloqué par cette annonce. « Je ne comprends pas vraiment, dit-il. Quelle serait l'intérêt de cet échange ? - Et bien les maisons dont je vous parle se trouvent dans des quartiers très chics de Paris et constituent donc un emplacement stratégique. Quand à vos maisons, elles m’intéressent par leur style architectural. De plus je pense que c'est un bon moyen de prouver que nous pouvons nous faire confiance l'un et l'autre. » Lorenzo resta perplexe puis il fit part de sa décision. « Je suis désolé, mais votre proposition ne m'intéresse pas. » Et après ces paroles, il referma la porte devant un Philippe qui devint nerveux. « Raté, pensa-t-il. En même temps ma proposition n'avait ni queue ni tête je l’admets. » Il prit alors la direction de l'hôtel tout en réfléchissant de comment il allait se sortir de cette situation.
  • 11. En cours de roue, il croisa un homme dont le visage lui était familier. « Ça alors, quelle bonne surprise, fit Alain Gortchev. » Philippe n'avait pas le cœur à parler affaires, et il chercha donc à raccourcir la conversation qui allait suivre. « Bonjour monsieur Gortchev, répondit Philippe. Comment allez-vous ? - Et bien tout vas très bien, je vous remercie répondit Alain. J'ai mis du temps faire le bon choix pour chaque nouvelle propriété mais finalement je suis content de moi. - Mes félicitations, dit Philippe. Je suis malheureusement pressé et je dois vous quitter. Allez à bientôt. A peine avait-il fini sa phrase qu'il se mit en route. Il souhaitait rester dans son hôtel à réfléchir tranquillement à ses problèmes. « J'espère d'ailleurs que vous avez passé une bonne nuit dans mon hôtel. » Philippe s'arrêta inopinément comme s'il avait brusquement attrapé une crampe. Il se retourna vers Alain. « Je vous demande pardon ? demanda Philippe. De que hôtel parlez- vous ? » - Oh juste un de mes hôtels dans le 4ème arrondissement, où jadis vous avait passé une nuit, répondit Alain. On m'a rapporté que vous vous étiez plaint du prix de l'hôtel. Philippe fut choqué. « C'est donc vous le directeur. - Oui cher monsieur, et je pense que vous aviez eu tort de vous énerver contre mes employés. Il est normal que plus on riche, plus on paie, c'est comme les impôts Philippe commença à s'énerver. « Mais enfin vos prix sont absurdes, s'emporta-t-il. Vous êtes bien le premier à proposer des prix aussi élevés. C'est tout simplement grotesque. » Alain se mit à sourire. « Mon pauvre ami de quoi vous plaignez vous ? Je suis directeur de cet hôtel, j'impose mes règles voilà tout. Et cela va de même en ce qui concerne les gares n'est-ce pas ? » Philippe comprit que le directeur de la gare St Lazare et celui de l'hôtel en question était une seule et même personne. Fou de rage, il se jeta sur Alain en portant ses mains à sa gorge. Malheureusement pour lui, la police passait par là. Ils intervinrent rapidement et menottant Philippe, il le fit rentrer dans la voiture de police. Après plusieurs jours passés en prison, Philippe fut relâché. Il se rendit à l'hôtel où le maître d'hôtel l'attendait
  • 12. Une grande déception se lisait sur son visage. « Malheureusement monsieur pendant votre absence, les frais de réparations n'ont pas cessé d'augmenter. Les entrepreneurs demandent à ce que vous hypothéquiez vos biens immobiliers pour commencer à rembourser vos dettes. - Et les habitants qui résident à l'intérieur alors ? - On les a avertis. Ils seront transférés dans d'autres maisons en attendant que vous ayez remboursé vos dettes. Philippe n'eut pas le choix. Il se résolu à hypothéquer la totalité de son patrimoine immobilier. Mais il se rendit que le crédit qui lui fut accordé suffisait simplement à payer la totalité des impôts. Comme il fut impossible pour Philippe de rembourser ses dettes, le créancier saisit la totalité des maisons et hôtels de Philippe et il fut obligé de tout mettre aux enchères. Philippe étant ruiné, il se mit en route et quitta définitivement Paris. Clément grogna. Il s'en voulait de sa stratégie et se pencha en arrière sur sa chaise. « Bon et bien je suis ruiné. C'est pénible, je gagne rarement à ce jeu. » Martin sourit. « Allons ce n'est qu'une partie de Monopoly après tout, répliqua-t-il. Il faut un vainqueur à tout. » - En même temps quelle idée d'appeler son pion Philippe, dit une autre personne. Clément haussa les épaules, puis il posa les dés sur la table et se leva pour prendre l'air.