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                   blanc




     L’émergence
d’une croissance Durable
Livre Blanc imprimé sur papier 60 % recyclé, certifié FSC*
et de produits issus de forêts bien gérées et de bois ou de fibres recyclées.


*FSC : Forest Stewardship Council
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           blanc




L’entreprise face aux enjeux
 du Développement Durable

De la nécessaire responsabilité
 aux nouvelles opportunités
        de croissance




            © Sopra Consulting - 2010
Ont contribué à l’élaboration de ce Livre Blanc :

I Xavier Amoros, Senior Manager, responsable de l’offre Développement Durable,
Sopra Consulting,
I Fabienne Mathey Girbig, Senior Manager, responsable du Développement Durable,
Sopra Group,
I Emmanuelle Joseph-Dailly, Consultante Senior spécialisée en Responsabilité Sociale
d’Entreprise, Sopra Consulting




                                         2
Préambule




D    ans ce Livre Blanc, Sopra Consulting analyse la manière dont les direc-
     tions d’entreprise, parmi les plus avancées, intègrent le Développement
Durable au sein de leurs activités et transforment un ensemble de nouvelles
responsabilités en opportunités de développement et de performance.
La réflexion qui en découle s’appuie sur l’analyse de différents retours d’expé-
rience et notamment : le 1er Trophée européen du Développement Durable,
co-organisé en 2009 par Sopra Consulting et les membres du réseau
EI-Consulting Group 1, des entretiens menés en 2010 auprès d’une vingtaine
d’entreprises européennes et l’expérience acquise dans le cadre de nos
missions auprès des directions d’entreprise.
      Au-delà des contextes variés, des caractéristiques communes appa-
raissent dans les entreprises les plus avancées en matière de Développement
Durable. La pression des contextes de marché, la reconnaissance par le
management du caractère vital du changement, la force de conviction




1 E-I Consulting Group rassemble 9 sociétés européennes de conseil, dont Sopra Consulting.
Ces sociétés mettent en réseau leurs connaissances des marchés nationaux et leurs expertises
et servent ensemble des problématiques européennes de leurs clients.




                                             3
d’une direction auprès de l’ensemble de l’entreprise et la capacité d’inno-
vation ont été les facteurs déterminants pour ces entreprises. Ils expliquent la
puissance coordonnée des démarches, l’allocation de moyens, les interac-
tions profondes de l’entreprise avec davantage d’acteurs. Au final, les entre-
prises les plus avancées en Développement Durable, savent se transformer
pour aborder ces nouveaux défis. De façon non surprenante, ces entreprises
sont souvent reconnues comme leaders de leur secteur.
     Cet ouvrage en tire les enseignements et les restitue sous la forme d’un
questionnement méthodique auquel se prêtent les entreprises concernées,
en termes d’analyse des enjeux, de choix d’actions et de mise sous tension de
l’organisation. Ce livre blanc se veut un guide pour ceux qui ont la charge de
définir et de conduire une politique de Développement Durable.




                                       4
Sommaire




Introduction                                                               7

Les fondements de la réflexion stratégique
sur le Développement Durable                                               13
   Les 3 grandes questions pour l’entreprise                               13
   L’exposition aux enjeux de la Durabilité                                16


Les Responsabilités environnementales et sociales                          27
   Déterminer sa responsabilité environnementale                           27
   Déterminer sa responsabilité sociale                                    30
   Traiter les risques liés aux empreintes                                 32


La Vulnérabilité en lien avec les enjeux
du Développement Durable                                                   35
   Prendre la mesure des risques de raréfaction de ressources              36
   Prendre la mesure des risques d’antagonisme à la Durabilité             37


De nouvelles Opportunités à appréhender                                    41
   Les logiques opérationnelles de la Durabilité                           42
   Les opportunités du social business                                     49


Le Développement Durable au cœur des organisations                         51
   Apprécier sa maturité                                                   51
   Construire son plan directeur                                           53
   Une mise en œuvre éminemment transverse                                 56
   La mission spécifique d’une direction dédiée                            57


Pour conclure                                                          59



                                         5
6
Introduction




L  e Développement Durable est un horizon dans lequel se projettent les
   entreprises dans la plupart des secteurs. Les marques destinées au grand
public, qu’il s’agisse des voitures, des produits alimentaires, des cosmétiques
ou encore des détergents rivalisent en terme d’image peu ou prou sur le
terrain de la Durabilité au sens environnemental. Les constructeurs ont ainsi
intégré dans leur stratégie produits les contraintes à terme de motorisation
sans hydrocarbure et de réduction des émissions de gaz polluants. La grande
distribution modifie ses sources d’approvisionnement, excluant par exemple,
les bois non-labellisés, l’huile de palme, les produits halieutiques notoirement
surexploités. Les fabricants de matériel informatique quant à eux, sont tenus
d’éliminer les composants toxiques et doivent gérer la fin de vie de leurs
produits. Les grandes banques            2   affirment s’astreindre à des lignes de
conduite environnementales dans leur financement de projets industriels.
Lorsqu’ils sont interrogés, les dirigeants reconnaissent de plus en plus dans le
Développement Durable une dimension stratégique majeure pour leur propre
entreprise.




2 En particulier les grandes banques anglo-saxonnes, comme HSBC ou Morgan Stanley.




                                               7
Faut-il encore s’interroger sur les raisons de l’emballement récent, alors
que les enjeux sont, à l’examen, déjà anciens ?
      L’émergence de nouveaux grands pays industrialisés ajoutée à la pour-
suite de la croissance démographique 3 ont accentué depuis 10 ans les ponc-
tions sur les ressources naturelles. Elles ont aggravé les émissions de pollution
en tout genre, que les puissances industrielles établies avaient déjà, à elles
seules, amené au point de criticité que nous connaissons.
      La répétition de catastrophes naturelles présage des effets redoutés du
changement climatique.
      Le plafonnement très proche de la production pétrolière, la disparition
rapide des forêts primitives au profit de monocultures industrielles ou de l’éta-
lement urbain nous montrent bel et bien les limites de notre planète.
      Enfin, les medias se font l’écho du marathon diplomatique qui tente
d’aboutir à un nouveau protocole sur la réduction des gaz à effet de serre.
      La litanie des faits façonne les opinions qui prennent conscience, jour
après jour, de l’ampleur de l’impact des activités économiques sur la nature.
Le lien entre la somme des consommations individuelles et l’épuisement, en
partie irréversible, des ressources devient évident et chacun se fait à l’idée de
la nécessité de changer les modes de production, de consommation, et plus
largement de vie. Les clients le traduisent en de nouvelles attentes à l’égard
des entreprises.
      Parallèlement, la question des droits humains impacte les attentes des
consommateurs. La mondialisation du commerce et l’industrialisation rapide
de nouveaux pays ont favorisé l’importation massive de produits élaborés
dans des pays aux lois sociales bien moins contraignantes que celles en




3 La population mondiale a franchi, selon l’ONU, le seuil des 6 milliards d’individus en 2000 et
atteindra 7 milliards au début de 2012.




                                                8
vigueur dans nos pays développés. L’opinion publique se dresse contre l’idée
de biens produits par des personnes exploitées, par des enfants, ou bien
encore des biens dont la vente finance des conflits armés 4. La recherche de la
compétitivité des prix doit aller de pair avec la dignité des conditions de travail.
       Il en va de même dans nos pays occidentaux, où les principes d’équité
doivent s’appliquer à tous et combattre des pratiques discriminatoires,
inconscientes ou délibérées, aujourd’hui de moins en moins tolérées.
       Dans un autre registre, la vigilance sur le traitement des animaux par les
industries agro-alimentaires, cosmétiques et de l’habillement a considéra-
blement progressé, notamment au Royaume-Uni ou en Allemagne, où sont
apparus les labels « cruelty free ».
       La frontière de l’acceptable se déplace, les normes sociales évoluent
rapidement, libérant de ce fait le jeu de pressions fortes et multiples. Des
contraintes plus fortes apparaissent en matière de réglementations, de
normes ou de chartes d’autorégulation. Ces évolutions conduisent les entre-
prises à repenser en profondeur la façon dont elles apportent de la valeur à
leurs clients et à leurs investisseurs, dont elles gèrent le développement de
leurs employés et dont elles intègrent les attentes des autres parties
prenantes 5. Le Développement Durable amène à porter un regard nouveau
sur les activités courantes et des idées nouvelles émergent.
       Le temps du changement est donc là et il est inéluctable.




4 Dans cet esprit, l’accord international convenu à Kimberley (Afrique du Sud) promeut depuis 2003
une filière du diamant offrant l’assurance qu’elle ne finance pas des conflits armés, notamment en
Afrique.
5 Les parties prenantes sont tous les acteurs avec lesquels l’entreprise est ou peut être en relation du
fait de son activité.




                                                   9
Pour soulager les tensions environnementales, les idées et les innovations
foisonnent. Des solutions technologiques nouvelles apparaissent. Cependant,
il faut du temps pour les amener à l’échelle industrielle et à la viabilité écono-
mique. A titre d’exemple, les solutions de captage et de stockage du CO2
par enfouissement aux sorties des centrales thermiques ont été mises au point.
Mais au stade actuel, leur déploiement est limité aux seuls sites situés à
proximité de poches géologiques étanches ; au delà, les surcoûts sont rédhi-
bitoires. De même, les projets Desertec 6 ou Transgreen 7 prévoient d’ache-
miner à grande échelle l’énergie solaire du sud de la Méditerranée vers
l’Europe, mais la technologie de transport électrique doit encore progresser
pour contenir les déperditions de puissance sur longue distance.
      La nécessité d’adaptation rapide aux changements de notre environ-
nement laisse peu de temps pour fiabiliser les innovations, établir les
consensus normatifs, instaurer de nouveaux usages qui soient acceptables.
Tout ceci met en lumière la radicalité des changements à opérer.
      Pour faire face à ces défis, que font les entreprises les plus avancées ?
Cette question est d’autant plus intéressante, que l’observation de l’inté-
gration du Développement Durable au cœur des stratégies et des opérations
révèle des contrastes très marqués entre entreprises, qui ne s’expliquent pas
seulement par l’appartenance à tel ou tel secteur. Le Développement
Durable est présent, ou pas, dans les critères de décision, dans les budgets,
dans les projets, dans les organigrammes et dans la communication. Les
contrastes expriment des positionnements bien réfléchis.




6 Desertec est un projet soutenu par Le Club de Rome et la TREC (Transmediterranean Renewable
Energy Cooperation).
7 Transgreen est une société d’étude créée à l’initiative du Forum de l’Union pour la Méditerranée.




                                                10
Pour beaucoup, ce qui a été fait jusqu’à aujourd’hui relève du plus
accessible, tandis que le gros œuvre reste à engager. Il est vrai que le Déve-
loppement Durable à l’échelle de l’entreprise est complexe. On attend des
entreprises qu’elles sachent avancer à la fois sur les fronts du social, de l’envi-
ronnement et de la performance économique. Il en résulte une complexifi-
cation des activités. Vouloir placer la prévalence sur le long terme se heurte
aux exigences de court terme de nos économies en transformation rapide.
     Pour autant, le changement d’horizon est le même pour tous et va
amener l’ensemble des entreprises à se confronter aux nouvelles réalités. En
contrepartie de ces contraintes, les efforts entrepris ouvrent de nouvelles
voies de développement et de performance.
     Ainsi, dans ce livre blanc nous proposons de parcourir les axes de la
réflexion stratégique qui permettent aux directions d’entreprise de tracer leur
feuille de route. Cette réflexion s’articule autour des questions qui portent sur
la responsabilité sociale et environnementale, sur la vulnérabilité
à des risques nouveaux et sur les opportunités qui émergent.
     Pour progresser dans cette réflexion, il est impératif d’analyser les
facteurs d’enjeux concrets que sont les attentes des clients, le recours aux
matières et au travail, le cadre réglementaire et enfin le jeu des parties
prenantes.
     Pour apprécier l’imminence des enjeux, l’entreprise gagne, comme
nous le verrons, à évaluer sa propre maturité et à la comparer à ses pairs. L’en-
semble des analyses fonde l’élaboration de plans d’actions cohérents et
porteurs.




                                        11
12
Les fondements de la réflexion
stratégique sur le Développement Durable



Les 3 grandes questions pour l’entreprise

       La réflexion stratégique sur le Développement Durable s’appuie sur les
trois grandes questions de la responsabilité, de la vulnérabilité et des opportu-
nités. Ces trois questions, sans être mutuellement exclusives, servent de points
d’appui et garantissent une analyse complète.
       Ainsi, le Développement Durable pose la mission fondamentale de l’entreprise non plus
       seulement en termes de création de richesses économiques, mais aussi en termes de
       préservation de l’environnement, d’équité et de bien-être.

       Ce déplacement du point d’équilibre pose la question de la responsabilité
de l’entreprise. La réflexion porte sur la nature et l’étendue des empreintes
environnementales et sociales :
I   De quoi se composent ces empreintes ?
I   Quelle est leur criticité ?
I   Quelles actions permettent de les diminuer et à quels coûts ?
I   Comment prioriser les pistes d’actions ?
I   Que font les concurrents ?




                                             13
I   Quelles pressions vont exercer les clients à court et moyen termes ?
I   Quelle réglementation impactera l’entreprise ?
I   Comment valoriser les efforts ?


Schéma 1 - Les trois questions du Développement Durable




                                   Comment assumer
                                    sa Responsabilité
                                   environnementale
                                       et sociale ?




                    Comment                             Quelles
                    réduire ses                         Opportuniés
                    Vulnérabilités ?                    s’ouvrent et
                                                        comment
                                                        les saisir ?




       Le défi pour l’entreprise est de réussir à concilier des responsabilités bien
identifiées, mais dont les effets portent sur le moyen et le long terme, avec des
impératifs économiques qui portent sur le court terme. Toutefois, ignorer
ou sous-estimer ses responsabilités peut se retourner contre l’entreprise
elle-même, en termes de préjudice de notoriété ou encore de sanctions
financières. Ce défaut de responsabilité environnementale et sociale peut
fragiliser l’entreprise, ce qui nous amène à la deuxième question de la réflexion.


       La deuxième grande question porte en effet sur la vulnérabilité poten-
tielle de l’entreprise, qui trouve son point de départ dans la prise de
conscience récente qu’une altération générale de l’environnement ou des



                                          14
iniquités sociales qui perdurent peuvent avoir des conséquences sur le fonc-
tionnement de l’entreprise. Il s’agit d’évaluer les risques qui en découlent et
d’anticiper des mesures pour limiter ces risques. L’analyse des risques implique
de s’interroger sur les points suivants :
I   La dégradation de l’environnement et la raréfaction des ressources
peuvent-elles affecter mon activité?
I   Les attentes éthiques 8 du marché représentent-elles un risque d’obsolescence
pour mon offre ?
I   Quels sont les risques sociaux ?
I   Les nouvelles réglementations sont-elles des freins à l’activité ?
I   Quelles sont les solutions de contournement ?
I   Quelle est l’urgence et l’ampleur du changement pour l’entreprise ?
       Pour compléter l’appréhension des risques, il faut identifier les fragilités
potentielles qui pourraient déstabiliser les positions de marché. Ignorer des
opportunités importantes représente un risque stratégique, qui se situe
à l’intersection des problématiques de vulnérabilité et d’opportunité
(cf. schéma 1).


       La troisième grande question, porte sur les opportunités qui s’ouvrent
grâce au Développement Durable et notamment, le développement de
nouvelles offres, l’ouverture à de nouveaux marchés, une adhésion plus forte
des salariés au projet d’entreprise.
       Une réflexion sur ces opportunités nouvelles conduisent ainsi l’entreprise
à s’interroger sur :
I   Les savoir-faire et les technologies nécessaires.
I   L’arbitrage entre le développement en interne ou l’acquisition de savoir-
faire externes.
I   Le potentiel de marchés inexploités que constituent les populations habi-
tuellement exclues de la consommation.

8 L’éthique se définit comme le souci de l’autre et englobe de ce fait les préoccupations environne-
mentales et sociales qui touchent les générations actuelles et futures.




                                                 15
I   L’adhésion des salariés au projet d’entreprise, résultant d’un engagement
plus marqué de l’entreprise vers plus d’équité.
       Par ailleurs, en cherchant à diminuer son empreinte environnementale
ou sociale, l’entreprise construit des solutions, qu’elle peut proposer ensuite
sur le marché. Ce cas de figure se présente au croisement des sphères de la
Responsabilité et des Opportunités (cf. schéma 1).
       Les questions posées sur les nouvelles responsabilités, la vulnérabilité et les opportunités
       mettent en lumière des perspectives et des risques inattendus.
       Cette analyse contribue à cerner les actions qu’il faut impérativement mener, pour
       ensuite alimenter une dynamique de transformation. Cette dynamique doit porter
       aussi bien sur l’activité actuelle, que sur tous les projets futurs de l’entreprise.


       La prise en compte de ces éléments de réflexion est développée dans
les chapitres suivants de ce document. Au préalable, il est nécessaire d’ex-
poser les facteurs qui déterminent l’importance des enjeux dans le contexte
donné d’une entreprise.



L’exposition aux enjeux de la Durabilité

       L’analyse des responsabilités, vulnérabilités et opportunités porte fonda-
mentalement sur 4 facteurs d’enjeux : les empreintes environnementales et
sociales, la sensibilité des clients à l’éthique, le cadre réglementaire et
normatif encadrant l’activité de l’entreprise et le jeu des parties prenantes
(cf. schéma 2). Le poids relatif des responsabilités, des risques et des opportu-
nités qui se dégage de l’analyse définit un contexte propice à un dévelop-
pement dans la continuité ou, au contraire, à des changements radicaux.




                                                  16
Schéma 2 - Les facteurs d’enjeux


                                        Opportunités
                                          L

                    Empreintes                       Sensibilité des clients
                    environnementales                à l’éthique
                    et sociales




  Responsabilités                         Facteurs                             Responsabilités
                  L




                                                                               L
      et Risques                          d’enjeux                             et Risques


                    Cadre réglementaire              Jeu des parties
                    et normatif                      prenantes



                                          L
                                        Opportunités




Les empreintes environnementales et sociales
     Dès lors qu’une activité nécessite directement ou indirectement une
consommation de ressources matérielles ou qu’elle produit des rejets, l’entre-
prise a un devoir de préservation des ressources naturelles concernées. Cela
concerne les moyens matériels utilisés dans le cycle d’approvisionnement, de
production et de distribution, les activités du personnel, notamment en
matière de déplacements, les consommables, la longévité du matériel, l’em-
preinte des produits et services depuis leur conception jusqu’à leur fin de vie
(cf. schéma 3).




                                             17
Savoir apprécier l’empreinte environnementale passe par un tour d’ho-
rizon des incidences de l’activité de l’entreprise et de la mise sur le marché de
ses produits.
       Sur chacun des facteurs d’empreinte, il faut au-delà des seules stipula-
tions réglementaires locales s’interroger sur :
I   L’origine et les conditions d’extraction des matières premières ou des condi-
tions de production des sous-traitances.
I   L’efficience énergétique et hydrique.
I   L’innocuité des rejets et rebuts dans l’eau, dans l’air et dans la terre.
       Concernant l’empreinte sociale ou humaine, il s’agit de s’assurer du
bien-être des personnes dans le cadre de l’activité de l’entreprise et de
l’équité de traitement pour chacune d’entre elles. L’entreprise doit veiller,
selon son poids, à ce que cet ensemble de principes soit appliqué aussi chez
ses fournisseurs et, plus encore, chez ses sous-traitants.


Schéma 3 - Les facteurs d’empreintes


                                          Efficience
                 Empreintes              énergétique
                de l’entreprise




                                      Activités    Moyens
            Empreinte             personnel et     matériels            Maîtrise des rejets
            humaine                    clients                          et impacts




                                         Vos produits
                                         et prestations




                     Efficience
                     hydrique                                  Maîtrise du cycle
                                                               de vie des biens




                                                  18
La sensibilité des clients à l’éthique
      Saturation et désenchantement vis-à-vis des bienfaits de la consom-
mation ont permis une attention plus soutenue aux impacts de cette consom-
mation sur la nature. Le citoyen fait désormais le lien entre ce qu’il achète et
les conséquences de ses actes de consommation. Les observatoires de la
consommation, comme le Crédoc, se font l’écho de ces changements
globalement observés 9 dans le comportement des consommateurs.
      Le consommateur est en quête de sens, autant que de plaisir dans la
satisfaction de ses besoins et envies. La consommation responsable devient
une façon de concilier ses diverses aspirations, de mettre de l’ordre entre ses
attitudes et ses comportements et, in fine, d’agir. Le citoyen consommateur
se sait capable, à sa mesure, d’envoyer un message vers l’amont de la filière
de production et d’encourager des offres plus éthiques.
      Le consommateur effectue des achats plus qualitatifs. Bien que soucieux
de son pouvoir d’achat, le consommateur est plus mature dans son acte
d’achat. Il sait allier sa recherche systématique du bas coût à celle de la
qualité qui intègre le critère de responsabilité : la viande bovine doit être
traçable au travers de sa lignée, le maïs doit être sans OGM, le poisson doit
être issu de la pêche responsable... Face à ces nouvelles attitudes, même les
enseignes de distribution à bas prix ont compris qu’elles devaient compléter
leurs assortiments et ont lancé leurs propres gammes de produits alimentaires
portant le label Bio.
      Le consommateur est en attente de preuves. Aguerri par des années
d’exposition aux promesses des marques, il ne se laisse plus influencer aussi
facilement par l’image publicitaire. Les marques ne sont attractives qu’en
assurant la cohérence entre l’image, la preuve de la valeur et de la vertu des




9 Voir études ‘La consommation et modes de vie’ 2007 et ‘L’alimentation durable’ 2009.




                                               19
produits. L’effet de halo des produits-phare sur l’ensemble d’une gamme s’est
amenuisé. La preuve doit être apportée sur chaque produit. Les réseaux
sociaux sur Internet rendent la réputation des marques très volatile, les obli-
geant à entrer dans un dialogue, à détailler la promesse par des informations
pointues. La demande d’informations sur l’origine des produits devient une
pratique normale et s’étend à un grand nombre de produits.
       Pour être crédible, le produit fini doit être proposé avec son historique.
Les valeurs éthiques qui ont accompagné sa production font intrinsèquement
partie de sa valeur. Elles doivent être rendues visibles, ce qui nécessite de se
plier à une discipline exigeante d’éco-conception et de traçabilité.
       Ces tendances ne resteront pas limitées à quelques produits embléma-
tiques ou quelques thématiques phares du Développement Durable. Elles
résultent en effet d’exigences d’autant plus pressantes qu’elles sont au
carrefour de préoccupations aussi bien éthiques (tournées vers les autres) que
personnelles, telles que la qualité de vie, le souci de la santé, de la sécurité ou
encore du pouvoir d’achat.
       Sur ces différents points, il est essentiel que les clients soient impliqués
dans la poursuite d’objectifs de Durabilité et qu’ils y contribuent, pour au final
être plus solidaires et plus loyaux envers la marque : accepter des délais de
livraison plus longs pour diminuer le bilan carbone du transport, fournir des
informations personnelles en échange d’informations de traçabilité, se
défaire des emballages réutilisables ou recyclables sur le lieu d’achat...
       Chaque entreprise doit intégrer les questions d’éthique concernant ses produits aux
       dispositifs d’écoute de ses clients, pour limiter les risques de désaffection. Dans les faits,
       l’écoute des clients sur les thèmes éthiques est encore globalement modeste, ce qui
       crée un décalage entre l’offre et les attentes des clients et facilite l’arrivée de produits
       de substitution. C’est le cas pour les producteurs d’eau minérale en bouteille, dont les
       ventes ont chuté de 15 % en 3 ans 10, sur la période 2007-2009, au profit des fabricants
       de carafes à filtre.




10 Estimation de l’institut ACNielsen.




                                                 20
Il convient de préciser que les marchés du BtoB sont également attentifs
aux accomplissements environnementaux et sociaux, mais les modalités de
pression sont différentes. Les chartes d’achat des clients, les engagements au
sein d’organisations comme le Pacte Mondial 11, le respect des cadres régle-
mentaires influent de plus en plus sur la recevabilité des offres.


Le jeu des parties prenantes
      Plus que jamais, la qualité et l’étendue du tissu de relations que les entre-
prises savent instaurer avec leurs parties prenantes déterminent le succès de
leurs activités.
      Face à la méfiance des citoyens et à la pression exercée par des acteurs
tiers, les entreprises peuvent être contraintes à des changements radicaux.
Sous les coups répétés de défenseurs de l’environnement, Nestlé a renoncé à
utiliser dans la composition de ses produits, l’huile de palme produite par une
société indonésienne accusée de déforestation peu scrupuleuse. Les fabri-
cants de matériels informatiques et de téléphones mobiles sont très attentifs
au comparatif annuel publié par Greenpeace sur leurs produits. Dans un tout
autre domaine, Greenpeace a bloqué le port de Marseille pour alerter
l’opinion publique française sur la disparition du thon rouge. Cette action
spectaculaire a permis de contraindre la grande distribution à sortir cette
espèce emblématique de ses étals. Des marques locales peuvent également
être la cible de pressions de la part d’acteurs locaux, qui savent alerter
l’opinion locale ou les pouvoirs publics.
      Pour se prémunir contre les actions perturbantes d’acteurs tiers, il est essentiel de
      prendre les devants, de se mettre à l’écoute et de prendre en compte les points
      de vue extérieurs s’ils sont jugés cruciaux pour le bon développement de l’entreprise.




11 Il s’agit d’un pacte, initié par les Nations Unies, par lequel des entreprises s’engagent à aligner
leurs opérations et leurs stratégies sur dix principes universellement acceptés touchant les droits de
l’homme, les normes du travail, l’environnement et la lutte contre la corruption.




                                                  21
La consultation des parties prenantes s’instaure comme une pratique indispensable,
     notamment pour toutes les entreprises à activités sensibles.
     Pour des raisons de neutralité et de confiance, leur gestion est souvent confiée à des
     médiateurs indépendants.


     Cette ouverture à des acteurs extérieurs permet aussi de partager les
informations au sein de partenariats d’affaires.
     Pour aider ses fournisseurs situés dans des pays émergents à répondre
aux exigences sociales, l’enseigne de distribution Carrefour a été parmi les
créateurs de l’initiative « Clause Sociale », permettant la mutualisation des


Schéma 4 - Cartographie étendue des parties prenantes




                                            Entrants/
                                            substituts
                             Partenaires                  ONG




              Actionnaires                                          Media




          Fournisseurs
                                           Entreprise                   Clients




            Administration                                          Consom-
                                                                    mateurs



                         Régulateurs                      Commu-
                                                           nautés
                                           Autorités
                                            locales




                                               22
outils et des résultats d’audits entre les acteurs français. Dans ce type de
dispositif, les sous-traitants partagent ouvertement des données, qui sont
consultables par tous leurs clients. Carrefour a aussi participé à la création de
la plate-forme mondiale « Global Social Compliance Programme » (GSCP),
qui réunit des distributeurs comme Tesco ou Metro, ainsi que des grands indus-
triels dans le but de faire converger les standards d’audits sociaux et de
mutualiser les bonnes pratiques.
       Il revient tout particulièrement aux leaders sectoriels de mener ces
démarches, car ils disposent de la puissance nécessaire pour infléchir les
pratiques. C’est ainsi qu’une autre très grande enseigne de la distribution
alimentaire a fédéré les industriels de l’emballage pour mettre en place un
benchmark des pratiques sur neuf critères, permettant notamment de
comparer les matériaux et leur efficacité énergétique.
       Dans le domaine social, Danone 12 se démarque avec ses ‘Social Inno-
vation Lab’, qui réunissent des salariés et des ONG partenaires, pour mener
ensemble des projets sociétaux partout où la société est implantée. Ces diffé-
rents acteurs mettent en commun les compétences et les expériences du
terrain, ce qui permet de constituer des communautés de travail en réseau
sur des problématiques complexes : instauration de relations durables avec
les petits fermiers, gestion à grande échelle de réseaux de distribution de
proximité, mise en place de programmes de compensation carbone avec
des communautés locales...
       La qualité du dialogue permet d’alimenter l’entreprise en idées, et d’an-
ticiper les risques liés à des tiers. Cette qualité s’apprécie selon plusieurs
critères :
I   La prise en compte exhaustive des parties prenantes.
I   La régularité des échanges.
I   La prise en compte des requêtes.


12 Danone a été lauréat du 1er trophée européen du Développement Durable, co-organisé par
Sopra Consulting et le E-I Consulting Group.




                                           23
I   L’élaboration de chartes de relations (charte d’achat pour les fournisseurs
par exemple).
I   Les pratiques de contrôles permanents et périodiques.
I   L’accompagnement de la démarche de progrès.
       Les nombreuses parties prenantes exigent un dialogue structuré sous la
responsabilité d’un acteur extérieur. Celui-ci veille au respect d’un protocole
de dialogue et à la tenue des engagements qui en résultent.
       Dans ces pratiques de dialogue, clients et autres parties prenantes sont
devenus « infovores » et exigent des données de plus en plus précises et
actualisées que l’entreprise doit pouvoir produire de façon continue.


Cadres réglementaires et normatifs
       Les cadres réglementaires portant sur l’environnement, l’énergie ou la
gestion sociale ont connu une évolution exponentielle, qui semble devoir se
poursuivre. Par ailleurs, les référentiels de norme proposent des canevas larges
et détaillés, à l’instar de la norme ISO 26000 relative au Développement
Durable. De par la nature même de leur activité, certains secteurs sont plus
concernés que d’autres.




                                       24
Schéma 5 – Cadres réglementaires obligatoires et incitatifs


                                                    Mesures obligatoires
                                                          L

                                                                              Rapport DD
        Réglementation
                                                        Stress au travail      pour toute
       anti-discrimination
                                                                             ent. > 500 pers.


                                                                            Bilan carbone       Des renforcements
                          Loi NRE*                       Plan séniors         pour toute        de la réglementation
                                                                            ent. > 500 pers.    à prévoir


            Insertion                                                                            Réglementation
                                 Directives DEEE/                             Étiquetage
        professionnelle                                   Égalité H/F                              Technique
                                      Reach                                 environnemental
        des handicapés                                                                                2012

     * NRE : Nouvelles Régulations Économiques

                  Cadre actuel                              2010                  2011             2012…

                      Certification
                                                                              Normes ISO
                     responsabilité
                                                                                26000
                     sociale (ISO…)


          Normes ISO                 Normes HQE
            14001                      et BBC

                                                                              Aspects sociaux
                      Charte de la
                    diversité de 2004                                         Aspects environnementaux


                                                          L
                                                    Mesures incitatives




     Ces réglementations génèrent de facto de nouvelles responsabilités. Les
ignorer fait courir le risque de sanctions financières et juridiques - dont
certaines sont pénales - et peut menacer la continuité des activités. A l’in-
verse, les réglementations et incitations fiscales permettent aussi de créer de
nouveaux marchés. La réglementation sur la réduction des émissions de CO2
en Europe a créé, par exemple, le marché des certificats de réduction pour
les industries fortement émettrices (sidérurgie, papeterie, cimenterie).
     La capacité à comprendre les tendances au travers de l’évolution des
cadres réglementaires, à influer sur le contenu et l’application des lois, ainsi
qu’à inventer des réponses aux nouvelles attentes, ouvrent des opportunités
nouvelles.


                                                               25
26
Les Responsabilités
                             environnementales et sociales



Déterminer sa responsabilité environnementale


Délimiter l’empreinte
      L’empreinte environnementale se définit comme ce qui est pris à la
nature pour subvenir aux besoins de production et absorber les déchets. Les
impacts généraux sur l’environnement sont nocifs dès lors qu’ils impliquent
une perte des milieux naturels, la surexploitation de ressources naturelles, des
pollutions, une perturbation d’écosystèmes ou enfin des émissions de gaz à
effet de serre 13.
      La responsabilité environnementale consiste donc à déterminer son
empreinte environnementale et à la maîtriser. Pour ce faire, le question-
nement, inédit, est vaste et technique. Afin de mettre en relief les différentes
composantes de l’empreinte environnementale et ne pas se perdre dans des
investigations sans fin, il est nécessaire d’introduire la notion de gravité des




13 Typologie établie par l’Evaluation des Ecosystèmes du Millénaire (EEM) à l’initiative des Nations
Unies.




                                                 27
dommages causés à l’environnement et de s’attaquer ainsi aux risques et aux
dommages les plus graves. Le niveau de gravité va dépendre de multiples
facteurs :
I   Les dommages sont-ils avérés ou seulement potentiels ?
I   Des antécédents viennent-ils renforcer la probabilité de survenance des
risques ?
I   S’agit-il de les prévenir ou bien de les contenir puis de les résorber ?
I   Sur quoi portent les risques : la santé, la sécurité des personnes ou des
espèces animales, les écosystèmes… ?
I   Les dommages peuvent-ils s’aggraver par combinaison à d’autres phéno-
mènes ?
I   Quelle est leur persistance dans le temps et sont-ils réversibles ou non ?
I   Enfin, à toutes ces questions, s’ajoute celle de la certitude scientifique de la
causalité entre le facteur de risque et le risque lui-même. Le caractère
incertain tend à atténuer l’urgence de l’action, mais la potentialité de consé-
quences graves nécessite néanmoins une prise en compte anticipée des
risques.


Exploiter la connaissance de l’empreinte
       Seule une connaissance étayée du niveau de gravité des dommages et
des risques permet de chercher les voies d’amélioration dans la conception
des produits ou dans l’efficacité des procédés de production. Pour procéder
aux bons arbitrages, l’entreprise doit donc savoir produire et communiquer
de nouvelles informations.
       Les investigations conduisent régulièrement à des résultats inattendus.
Une société de restauration, par exemple, a pu constater que les prépara-
tions lyophilisées présentaient un meilleur bilan environnemental que les plats
préparés en cuisine, du fait d’un lavage rationnalisé des produits et d’une
réfrigération limitée.




                                           28
Par ailleurs, seule la mesure de l’empreinte permet de déclarer sérieu-
sement des progrès ou des mérites et de s’en prévaloir auprès de ses clients.
      Tous ces points doivent s’inscrire évidemment dans une recherche de
viabilité économique. La diminution des déchets ne doit pas augmenter le
prix des produits. Le choix d’options logistiques moins polluantes ne doit pas
pénaliser la qualité de services, etc.


Une responsabilité plus forte dans certains secteurs
      Cette responsabilité concerne en tout premier lieu les entreprises indus-
trielles et en particulier celles qui opèrent dans les pays émergents. Pour des
raisons similaires, les distributeurs sont aussi pleinement concernés. Le choix
des marchandises que ces entreprises commercialisent engage leur respon-
sabilité et tout particulièrement les produits en marque propre.
      D’autres entreprises de service, comme celles du transport ou des télé-
communications, doivent s’interroger sur les équipements utilisés pour
l’exercice de leurs activités. Le transport aérien civil représente à lui seul 3 %
des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Il en va de même pour le
monde de l’Internet 14.
      Quant aux banques et aux assureurs, ils doivent intégrer dans le péri-
mètre de leurs empreintes, les impacts indirects générés par les financements
d’investissements industriels, le crédit à la consommation ou encore leurs
couvertures assurantielles.




14 La seule entreprise Google gère plus de 800 000 serveurs dans le monde et nécessite annuel-
lement l’équivalent énergétique de deux centrales nucléaires pour une puissance de 2TWh (source
Gartner).




                                              29
Déterminer sa responsabilité sociale

       La responsabilité sociale consiste à se soucier de l’empreinte sociale,
c’est-à-dire fondamentalement du bien-être des personnes et de l’équité de
leur traitement. Cette responsabilité se décline selon les points suivants :
I   L’équité de traitement entre les individus. Cela concerne la parité hommes-
femmes, la non discrimination des seniors et des personnes handicapées. Le
principe d’équité commence par la politique de recrutement mais doit s’as-
surer que les personnes concernées bénéficient de parcours de carrière
adaptés. Les femmes doivent pouvoir accéder à des postes à responsabilité
tout en étant mère de famille. Les salariés handicapés doivent pouvoir
déclarer leur handicap, sans craindre pour leur parcours professionnel.
Enfin, de nouveaux services se développent pour faciliter l'intégration des
personnes handicapées. C'est le cas, par exemple, du service Tadeo acces-
sible par internet, qui permet à des personnes sourdes et malentendantes de
travailler et de communiquer normalement, en direct ou au téléphone.
I   La gestion de la diversité. La diversité peut être vue de façon différente par
les entreprises selon leurs métiers ou leurs secteurs. Pour certaine sociétés, il
s’agit de favoriser les embauches de femmes, pour d’autres, cela impliquera
l’emploi de personnes issues de l’immigration, ou des seniors.
I   Le développement de l’employabilité des collaborateurs. La politique d’em-
ployabilité vise à favoriser la capacité des salariés à être potentiellement
employés dans une nouvelle structure. Utilisée dans les politiques d’emploi et
d’insertion professionnelle, elle est souvent limitée aux situations d’urgence,
comme les restructurations. Or, l’évolution des mentalités donne au principe
d’employabilité une dimension nouvelle dans les politiques de GRH actuelles.
Ces politiques constitueront un élément de plus en plus attractif pour les candidats.
I   La garantie de conditions de travail saines. Ceci s’applique aussi bien pour la
sécurité physique que psychique. Ces aspects se mesurent par le taux d’acci-
dents du travail, le niveau d’absentéisme pour maladie ou le développement
de situations de stress pouvant mener aux états dépressifs, voire aux suicides.



                                          30
I   L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Cette tendance
récente des aspirations personnelles nécessite d’être intégrée dans la gestion
opérationnelle des collaborateurs.
I   Le développement de l’emploi et le bien-être des communautés. Au-delà
de la performance financière, l’entreprise a un rôle majeur dans le dévelop-
pement économique, notamment par la préservation, voire la création
d’emplois dans les régions où elle mène ses activités et réalise son chiffre d’af-
faires. Plus globalement, l’entreprise se doit désormais d’être attentive aux
communautés locales qui se situent dans le périmètre de ses activités et doit
contribuer à l’amélioration de leur bien-être.
I   Une éthique solide des affaires. Il s’agit ici de combattre les pratiques de
corruption, mais aussi d’instaurer de nouvelles règles de déontologie et
notamment de transparence.
       L’animation d’une culture commune autour de la responsabilité sociale
constitue un liant indispensable pour la rendre crédible et pérenne. Cette
culture s’incarne par des pratiques de communication et d’échanges et par
l’exemplarité du management.
       Par l’ensemble de ces nouvelles démarches de responsabilité sociale, l’entreprise
       renforce sa réputation, limite l’absentéisme, contient le turn-over et renforce sa
       marque ‘employeur’. Cela lui permet d’élargir et de diversifier son recrutement, de
       motiver ses salariés et de tirer le meilleur de leur potentiel. Le bénéfice ultime est d’avoir
       une organisation productive, inventive, adaptable et rentable.


       La prise en compte attentive de ces facteurs peut s’avérer une des clés
du succès de l’entreprise. C’est le cas de la société Trisélec 15, qui a permis le
développement du tri sélectif et du recyclage des déchets ménagers dans la
région lilloise. Pour répondre à ses besoins de main-d’œuvre, cette entreprise
a fait le choix d’employer dans ses effectifs une part importante de travailleurs
en situation de précarité, dont 6 % sont illettrés. Sur un effectif d’environ
400 personnes, 16 nationalités sont présentes. Ces personnes bénéficient de


15 TriSélec a obtenu un prix spécial lors du 1er trophée européen du Développement Durable, co-
organisé par Sopra Consulting et E-I Consulting Group.



                                                 31
formations qui les préparent à une insertion durable dans le monde du travail.
Une attention particulière a été apportée à l’ergonomie des espaces de
travail - l’entreprise a reçu un prix d’architecture - et les collaborateurs sont
très régulièrement invités à s’exprimer sur des actions d’amélioration. Au
résultat, les indicateurs sociaux et économiques de l’entreprise surperforment
ceux de son secteur. Trisélec a le taux de recyclage le plus élevé (92 %) en
France et dégage une marge opérationnelle de 15 %.



Traiter les risques liés aux empreintes

       L’analyse des responsabilités environnementales ou sociales met en
évidence des risques. La prise en compte de ces risques impose trois obliga-
tions à l’entreprise : anticiper ces risques, informer et, le cas échéant, réparer
les dommages.
       Tout d’abord, l’entreprise doit en effet se préoccuper des consé-
quences prévisibles, même lointaines ou diluées, de ses activités. Dans le
même temps, elle doit effectuer en amont les démarches requises afin de
prévenir les dommages possibles.
       La deuxième obligation est de rendre publique, au moins partiellement,
l’information sur les bilans tels que les bilans environnementaux, les effets ou
les risques potentiels s’ils sont sérieux. L’initiative du Carbon Disclosure Project 16,
qui invite les entreprises à publier régulièrement leurs bilans de gaz à effet de
serre, va exactement dans ce sens et sera à terme rejointe par des initiatives
similaires dans les domaines de l’eau, des forêts, de la biodiversité ou encore
des bilans sociaux.



16 Le Carbon Disclosure Project (CDP) rassemble des investisseurs institutionnels et des entreprises. Il
incite les acteurs économiques à améliorer la qualité de l’information publiée, en les interrogeant
chaque année, via un questionnaire, sur leur prise en compte du changement climatique et sur leurs
émissions de gaz à effet de serre. Ses résultats sont publiés chaque année.




                                                   32
Enfin, la dernière obligation concerne la réparation, quand des
dommages sont avérés. Les décisions de justice sont pour cela souvent
nécessaires.
       Selon la connaissance des risques et la capacité à les maîtriser, les
comportements adaptés sont la prudence, la prévention ou la précaution :
I   Dans le cas où les risques sont avérés et si l’on peut estimer la fréquence
d'occurrence, l’attitude adéquate est la prudence. Cette attitude conduit à
mettre en œuvre les mesures qui empêchent l’avènement du risque. L’ob-
jectif de risque ‘zéro’ paraît être le seul tolérable, si une solution alternative
existe. Pour exemple, l’amiante, connue pour ses effets cancérigènes, est
interdite dans les matériaux de construction.
I   Lorsque les risques sont avérés, mais la fréquence d'occurrence n’est pas
prévisible, car dépendante de circonstances complexes, la bonne démarche
doit être la prévention. L'incertitude ne porte pas sur le risque, mais sur sa réali-
sation. Dans ce cas, les mesures d’évitement doivent être complétées par des
mesures pour limiter la gravité des conséquences. Le cas d’une rupture d’un
oléoduc ne peut être complètement évité, la prévention s’attache donc à
mettre en œuvre les moyens pour contenir les dommages potentiels.
I   Enfin, dans le cas des risques non-avérés, sans certitudes scientifiques, mais
pour lesquels des indices, même très faibles, indiquent la possibilité d’une
menace grave, il faut s’appuyer sur le principe de précaution 17.
       Ce principe s’applique à des domaines nouveaux, qui ne disposent pas
de statistiques. Il en résulte le caractère hypothétique de la réalité et de la
gravité des dommages possibles. La nocivité potentielle des ondes liées aux
téléphones portables ou des émissions humaines de gaz à effet de serre en
sont des illustrations marquantes.
       Une telle démarche ne s’assimile pas à une règle de l’inaction, mais elle
rend nécessaire de définir les risques qu’il est oui ou non acceptable de prendre.

17 Selon la loi : « l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du
moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un
risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût économiquement acceptable ».




                                                   33
34
La Vulnérabilité en lien avec les enjeux
                du Développement Durable




L  es conséquences de la dégradation de l’environnement, pour lesquelles
   l’entreprise n’est nullement responsable, peuvent perturber l’exercice de
son activité, qu’il s’agisse de disparition de ressources ou d’altération de leurs
qualités. L’analyse de la vulnérabilité s’intéresse aux risques possibles en lien
avec des facteurs environnementaux ou sociaux et leurs conséquences
potentielles, dont le premier effet est un enchérissement du coût des matières
précédant leur rationnement.
     Par ailleurs, à mesure que des pratiques inspirées des principes de Dura-
bilité s’instaurent, la vulnérabilité de l’entreprise peut aussi provenir du fait
d’antagonismes entre l’activité de l’entreprise et ces principes.




                                        35
Prendre la mesure des risques de raréfaction
de ressources

      Les entreprises ont pensé leur activité en considérant les ressources
matérielles nécessaires comme illimitées. L’augmentation très forte des
besoins en ressources matérielles rend réels les risques de pénurie temporaire
ou définitive sur nombre d’entre-elles. Raréfaction et enchérissement
menacent donc toutes les industries et leurs clients qui peuvent en prendre
parfois brutalement conscience. Ce n’est que très récemment que les
compagnies aériennes se sont mises à tester des carburants autres que le
kérosène. Concernant les produits alimentaires, le réchauffement climatique
crée déjà des tensions sur l’offre de blé, de café ou de thé par exemple.
      Le problème est tout aussi aigu pour les matières premières rares telles
que l'indium, nécessaire à la fabrication des écrans plats, le tantale indispen-
sable dans la téléphonie ou encore les terres rares qui entrent dans la fabri-
cation des moteurs hybrides et dans de nombreux produits de haute
technologie. Ces matières premières rares sont concentrées dans un nombre
limité de pays, notamment la Chine, ce qui rend leur accès d’autant plus
difficile.
      Le risque peut venir également de l’altération de ces ressources par le
fait de pollutions, au point de les rendre impropres à leur utilisation. On pense
à l’eau pour les industries agro-alimentaires. La menace peut aussi être juri-
dique, quand la loi s’apprête à interdire des substances dangereuses, ce qui
impose donc à l’industriel de rechercher des substituts.
      Sur les moyens et longs termes, se pose la question cruciale de la dépen-
dance à ces matières et aux façons de garantir leur approvisionnement à des
coûts viables ou au contraire à rechercher toutes les alternatives.




                                       36
Prendre la mesure des risques d’antagonisme
à la Durabilité

      S’il n’existe sans doute aucun secteur intrinsèquement irréconciliable
avec le Développement Durable, la vulnérabilité peut néanmoins provenir
d’une fragilité stratégique au regard des logiques qui en découlent. L’appli-
cation des principes de sobriété ou de non-nocivité peut conduire, si rien
n’est entrepris, à obérer les perspectives de développement ou de rentabilité.
      Les entreprises de distribution de l’eau connaissent la contradiction
posée par leur modèle même de revenus. En effet, elles ont intérêt à toujours
distribuer plus d’eau sans regarder l’efficience de son usage. Dans des villes,
où les réseaux en place sont complets et les tarifs de l’eau régulés pour des
raisons sociales, la marge de développement pour ces compagnies est en
principe l’accroissement de la consommation d’eau. Inciter leurs clients à
modérer leur consommation va à l’encontre de leurs intérêts directs. Une des
solutions à cette problématique se trouve dans une réforme à conduire pour
le financement du service de distribution de l’eau, prévoyant une contri-
bution plus soutenue de la part publique. Les énergéticiens font face à un
dilemme similaire. Ils n’ont en effet, à priori, que peu d’intérêt à promouvoir
l’efficience énergétique de leurs clients. Il a fallu instaurer en France le méca-
nisme des certificats d’économie d’énergie, assorti d’une menace financière,
pour stimuler la recherche d’économies d’énergie.
      Les constructeurs automobiles sont confrontés à un défi d’une autre
nature. S’il est entendu que la voiture individuelle est un moyen de transport
peu éco-efficient 18 face aux alternatives du transport en commun, des cycles
ou de l’auto-partage, s’il est entendu que les petits modèles sont préférables
aux grosses cylindrées, les constructeurs doivent alors accepter d’eux-mêmes
une contraction de la taille de leur marché, ce qui est difficile à concevoir.

18 Le taux moyen d’occupation en passagers est de 1,32 en France. Quand les véhicules sont
prévus pour 4 ou 5 passagers, on mesure l’ampleur du gaspillage par l’écart entre la capacité de
transport et le besoin réel.




                                               37
Pour autant, les modalités alternatives de mobilité individuelle existent,
comme le véhicule éléctrique et sont développées par des acteurs nouveaux
dont certains sont des groupes puissants.
     Enfin, si une entreprise mène une activité réputée potentiellement
dangereuse, la discussion éthique avec les parties prenantes s’impose pour
paraître ‘acceptable’ et ainsi tempérer, voire contrer les mises au banc. Il
s’agit alors de suggérer, sous un jour nouveau, des bénéfices sous-estimés.
L’industrie de l’énergie nucléaire met ainsi en avant ses vertus de propreté, en
insistant sur ses très faibles émissions de carbone, pour être plus discrète sur les
déchets de combustibles.
     Dans tous les cas, transformer le risque en opportunité est nécessaire, qu’il s’agisse de
     se prémunir contre de nouveaux arrivants, de préserver sa longueur d’avance ou de se
     différencier avec succès.
     L’entreprise doit entretenir un portefeuille de projets innovants, expérimenter des tech-
     nologies émergentes pour amener à maturité de véritables alternatives durables. Elle
     doit faire évoluer son métier, sans attendre la contrainte de la réglementation ou la
     pression de la concurrence.


     Dans cet esprit de recherche d’opportunités, Dassault Aviation travaille,
à titre d’étude, sur un scénario ‘100 % écologique’ et participe au projet
d’avion solaire Solar Impulse. Les fabricants d’ampoules électriques ont su
réinventer leur marché. Cela sera peut-être le cas pour Renault-Nissan avec
sa gamme complète de véhicules électriques. C’est moins le cas, à ce jour,
pour les céréaliers français qui ne savent pas satisfaire la demande du
marché français en céréales Bio.




                                             38
39
40
De nouvelles Opportunités
                                           à appréhender



     Loin de se limiter à de nouvelles contraintes et à de nouveaux risques, les
logiques du Développement Durable présentent très clairement des opportu-
nités pour renforcer la compétitivité et favoriser la croissance des entreprises.
     Le champ de l’innovation est vaste et recèle des possibilités considérables de dévelop-
     pement. A l’orée du nouveau millénaire, les énergies renouvelables ne représentaient
     presque rien. Elles représentent actuellement 4 % du mix énergétique mondial et
     devraient atteindre 20 % au terme de la décennie 2010 ! En 2003, l’industriel General
     Electric a lancé une gamme de produits Ecomagination qui pèse aujourd’hui
     20 milliards de dollars.


     Ces exemples doivent inciter les entreprises à regarder au-delà de la
simple exploitation de leurs actifs présents et à s’interroger sur ce qui est
accessible au regard de la maîtrise de leurs marchés et de leurs savoir-faire.




                                            41
Les logiques opérationnelles de la Durabilité

       Ces logiques s’articulent autour des points suivants :
I   Principes d’économie circulaire.
I   Développement de l’économie de l’usage.
I   Solutions d’efficience des consommations en énergie et en eau.
I   Solutions non-fossiles de production énergétique.
I   Solutions d’efficience matérielle.
I   Faire valoir ses mérites.


Les principes d’économie circulaire
       Les principes d’économie circulaire annoncent le développement à
grande échelle de filières de réutilisation et de recyclage ; ces principes
partent de la conception et vont jusqu’à la réutilisation en fin de vie :
I   La conception de produits doit recourir à des produits sans nocivité, si
possible biodégradables et permettant un usage long. Elle doit aussi prévoir
un démantèlement facile et économique en fin de vie de façon à permettre
la réutilisation ultérieure des matières. Cette conception est appelée du
berceau-au-berceau 19 lorsqu’elle vise une réutilisation intégrale des maté-
riaux.
I   La réutilisation passe par le développement de filières de réutilisation des
matériaux, comprenant la collecte des matières, leurs tris, les traitements
physiques ou chimiques et leur transformation en matières premières secon-
daires.
       On mesure l’importance des opportunités quand on sait qu’en France
seulement 20 % des produits ménagers en fin de vie entrent effectivement
dans les filières du recyclage ; le reste est incinéré ou mis en décharge. Les
activités industrielles recèlent des opportunités équivalentes, en cherchant à
utiliser les coproduits plutôt qu‘à les enfouir. C’est le cas des cimentiers, qui


19 La conception Berceau-au-Berceau (Cradle-to-Cradle) fait l’objet de certification.




                                                42
renforcent le béton depuis peu avec des poussières issues de la combustion
du charbon dans les centrales thermiques.
      Dans le même ordre d’idées, des cultures de micro-algues sont expéri-
mentées pour produire des biocarburants en utilisant la masse de CO2 issue
des centrales thermiques. Ceci est fait, contrairement aux biocarburants de
première génération, sans causer de déforestation ni créer de concurrence
avec les cultures alimentaires.
      Pour les métaux rares, la récupération et le recyclage des appareils
électroniques quotidiens constituent une source essentielle d'approvision-
nement. Cette source est actuellement sous-exploitée.


Développement de l’économie de l’usage
      Cette économie prône l’usage de biens qui restent sous la responsabilité
d’un opérateur. L’intérêt est, d’une part, de mutualiser des équipements et
des compétences de maintenance et, d’autre part, d’assurer la mise à dispo-
sition de moyens en fonction des besoins. Cela incite également l’opérateur
des biens à utiliser des produits très robustes et donc très ‘durables’. Ce dernier
point rompt avec la programmation de l’obsolescence du produit pour créer
un marché du remplacement.
      Pour cela il faut intégrer dans la réflexion l’unité fonctionnelle de l’usage
et mettre en regard le service sur mesure. On peut avantageusement recourir
aux méthodes d’analyse fonctionnelle et d’analyse de la valeur, par
exemple :
I   Avec le cloud-computing, des prestataires comme Amazon ou Google
proposent d’utiliser des puissances de traitement et de stockage informa-
tiques mutualisées et sur mesure. Cela évite aux utilisateurs de se doter eux-
mêmes de serveurs qui seraient sous-utilisés.




                                         43
I   Le développement de l’auto-partage fournit une autre illustration. Pour le
trajet d’un individu, on met à disposition un véhicule de type Smart voire un
deux-roues, tandis que pour le transport d’une famille, on propose une
berline. Sur un parcours de moyenne distance, une partie à fort trafic peut se
faire en transport en commun, tandis que le ‘dernier kilomètre’ peut se faire
avec un véhicule individuel. Sur ce sujet, les technologies de l’information
jouent un grand rôle dans le succès des dispositifs, en permettant de fluidifier
la gestion des flottes de véhicules.
I   Ce principe peut s’appliquer également à d’autres domaines, aussi bien
pour la consommation des particuliers (biens culturels, vêtements et acces-
soires, électroménager, outillage de l’habitat et du jardin) que pour l’équi-
pement des industries et des services.
       Toutefois, les facteurs de succès à réunir sont nombreux et complexes. Le
passage à une économie de l’usage exige notamment de nouveaux modes
de financement et de revenus. Le renoncement à la vente d’un bien au profit
d’une mise à disposition de ce bien doit être compensé par des revenus de
services issus de la location, de la maintenance, de la vente de consom-
mables ou d’autres services connexes, tels que la formation par exemple.


Solutions d’efficience des consommations en énergie et en eau
       Ces solutions réduisent les besoins en énergie et en eau pour arriver à un
même résultat souhaité. Les principes directeurs sont les suivants :
I   Dès la conception, il s’agit de réduire intrinsèquement les besoins par le
choix des matériaux et la prise en compte des contextes d’usage du bien.
Pour les bâtiments, il s’agit de penser l’aménagement interne des bâtiments
et l’intégration dans l’environnement extérieur 20.




20 Ces principes sont repris par les normes actuelles BBC (Bâtiment à Basse Consommation), ou HQE
(Haute Qualité Environnementale) et futures (Règlementation Technique 2012).




                                               44
I   Il s’agit aussi d’intégrer des dispositifs de toute nature (mécanique, informa-
tique…) qui régulent l’adéquation entre les consommations et leurs motifs.
       Avec son composant ‘stop start’, l’équipementier Valeo permet ainsi de
consommer du carburant, uniquement lorsque le véhicule avance et non
plus sur les temps d’immobilisation d’un parcours. Selon Valeo, les gains en
carburant constatés sont de 9 %.
       Dans le domaine des bâtiments, les systèmes informatiques assortis de
capteurs, permettent un usage raisonné des systèmes d’éclairage, de
chauffage ou de climatisation, en les rendant capables de prendre en
compte l’occupation réelle du bâtiment et les conditions thermiques à un
instant donné.
       Parmi les moyens informatiques innovants, citons la plate-forme Internet
Pachube, qui permet de façon ouverte de mettre en relation les capteurs de
tout type d’appareils, et notamment des compteurs électriques communi-
cants. Cette plate-forme ouvre des possibilités nouvelles pour rationnaliser
la consommation. D’autres plate-formes telles qu’Ohm de Microsoft ou
Efficiency 2.0 ont les mêmes objectifs.
I   La recherche de l’efficience amène à préférer le remplacement d’un équi-
pement énergivore pour un autre plus économe et à financer ce rempla-
cement par les économies d’énergie ou d’eau associées. La mise en
perspective des coûts d’investissement et des coûts opérationnels comme le
prône la méthode du TCO 21, met en évidence les arbitrages pertinents dans
ce domaine.
       Parallèlement, il faut assurer une maintenance technique des appareils
pour en vérifier les réglages. Des appareils intelligents comportent des cellules
d’alerte, qui vont jusqu’à fournir des détails sur les besoins de maintenance.




21 TCO : Total Cost of Ownership, soit le coût total de possession d’un bien d’équipement.




                                                 45
I   Enfin, l’efficience passe par une rationalisation des besoins de transport des
produits et des personnes dans les activités de production et de consom-
mation :
    - Fabriquer des produits destinés à une consommation locale, ou à défaut,
     privilégier les moyens logistiques les moins polluants (transports maritime,
     fluvial, ferroviaire).
    - Développer le travail à distance : bureaux de télétravail, salles de télé-
     présence pour éviter notamment les déplacements sur longue distance.
    - Développer la mixité des zones urbaines, offrant des emplois à proximité
     des lieux d’habitation et des lieux de commerces.


Solutions non-fossiles de production énergétique
       Alors que nos économies sont dépendantes des hydrocarbures, les
nouvelles solutions de production d’énergie émergent néanmoins de toutes
parts : énergie solaire, éoliennes terrestres ou marines, hydroliennes marines
ou fluviales, géothermie, osmose, biocarburants, méthanisation de la
biomasse, cogénération, piles à combustible…
       La mise au point des nouveaux procédés ou nouveaux types d’instal-
lation est actuellement ouverte à tout type d’acteur, allant de la start-up cali-
fornienne qui met au point la bloom box 22, aux poids lourds de l’industrie
énergétique.


Solutions d’efficience matérielle
       Les solutions d’efficience matérielle visent à atteindre une utilisation satis-
faisante des matériaux, en en minimisant la quantité nécessaire et péren-
nisant la disponibilité future de ces matériaux. Pour cela, il faut notamment :
I   Recourir à des matériaux naturels renouvelables et réserver les ressources
qui ne sont pas renouvelables aux usages les plus vitaux. La ponction de


22 La bloom box est un générateur électrique, de nouvelle génération, basé sur des piles
à combustible.




                                           46
ressources renouvelables, doit s’effectuer dans des proportions qui
permettent aux stocks de se reconstituer. La pêche dite responsable vise ainsi
à définir des quotas de prélèvement de la ressource halieutique.
I   Veiller toujours à préserver l’environnement lors de l’extraction des matières.
Pour extraire les minerais, l’industrie minière doit par exemple, bannir les
procédés de destruction intégrale de montagnes, qui font disparaître les
écosystèmes et polluent les cours d’eau.
I   Trouver des alternatives aux matériaux tirés du pétrole, comme le permet la
chimie végétale avec ses très nombreux débouchés (énergie, alimentation
humaine et animale, cosmétiques, matériaux de construction, tensio-
actifs…).
I   Utiliser au mieux la résistance des matériaux : ajustement de l’épaisseur des
tôles, diminution du grammage du papier, des films plastiques ou des cartons
d’emballage,… Pour exemple, le Comité Interprofessionnel des Vins de
Champagne a pris la décision, suite à un bilan environnemental, d’alléger le
poids des bouteilles en passant de 900 à 835 grammes. Derrière le bénéfice
écologique, on perçoit immédiatement le gain économique par la réduction
de matière et l’allégement du coût logistique.


Faire valoir ses mérites
       Saisir les opportunités du Développement Durable, c’est bien sûr se
prévaloir auprès de ses clients de vertus durables crédibles et être
convaincant dans son engagement de progrès. Cette crédibilité passe par la
mise en cohérence de ses actions et par une avance avérée au regard de
l’état de l’art. La cohérence implique de s’assurer qu’aucun risque écolo-
gique indirect ne vienne entacher les allégations. Un tel contre-exemple est
fourni par l’utilisation de l’huile de palme non-certifiée dans la conception de
nombreux produits, qui sont néanmoins présentés comme ‘naturel’, à juste
titre, mais aussi comme vertueux, à tort.




                                          47
La cohérence exige également un équilibre entre le volet environne-
mental et le volet social. L’adhésion à une marque sur des valeurs d’éthique
ne supporte pas de contradiction criante. Qu’importe qu’un produit soit
labellisé ‘vert’, si les medias révèlent au grand jour les suicides en série chez un
sous-traitant chinois impliqué dans la fabrication de ce produit, comme ce fut
le cas pour Apple en 2010.
      Pour toutes ces raisons, une démarche rigoureuse, équilibrée et coordonnée à
      l’échelle de l’entreprise est nécessaire et conditionne le succès des nouvelles offres.
      Ainsi les entreprises les plus avancées se distinguent par des pratiques exemplaires dans
      les domaines sociaux et environnementaux.


      Coco Mat       23,   fabricant grec de matelas et de lingerie, ou Trisélec,
société de tri sélectif, sont de bons exemples d’entreprises de taille moyenne,
qui sont remarquables dans leur capacité à faire face à leurs responsabilités
sociales et environnementales et à en tirer profit.




23 L’entreprise Coco Mat crée des matelas conçus exclusivement à partir de fibres de noix de coco,
matériau entièrement renouvelable, naturel et abondant. Sa politique sociale se remarque par la
place donnée à des collaborateurs handicapés ou à des réfugiés. Cette entreprise a obtenu un prix
spécial lors du 1er trophée du Développement Durable co-organisé par Sopra Consulting.




                                                48
Les opportunités du social business

     Enfin, il reste à mentionner les opportunités du Social Business. Le Social
Business s’intéresse aux marchés que constituent les 2,5 milliards de personnes,
dont les revenus individuels sont très faibles (1 à 2,5 dollars par jour) et consti-
tuent de ce fait le ‘bas de la pyramide’ de la population mondiale. Ces
marchés, longtemps ignorés, commencent à être intégrés dans les stratégies
de développement de grands groupes. Avec succès, Danone a mis au point
au Bangladesh un modèle opérationnel entièrement dédié à l’approvision-
nement en produits laitiers nutritifs spécialement conçus pour les plus démunis.
Schneider Electric fait de même pour développer les marchés de l’électrifi-
cation « off-grid » (non-relié au réseau électrique) en Afrique et en Inde. Son
programme développe non seulement une offre dédiée et adaptée au
manque d’équipement, mais il met aussi à disposition des ressources finan-
cières pour dynamiser la création d’entreprises dans le domaine de l’énergie
et forme aux métiers de l’électricité pour pallier les pénuries locales de
compétences.




                                         49
50
Le Développement Durable
                               au cœur des organisations




Q       uand une direction d’entreprise a identifié ses propres enjeux de Déve-
        loppement Durable, la nécessité d’agir se précise. Au préalable, il est
important pour l’entreprise d’apprécier sa propre maturité en termes de Dura-
bilité et de se situer dans le champ concurrentiel. Les éléments sont alors
réunis pour construire la feuille de route et pour passer à la mise en œuvre au
sein de l’entreprise.



Apprécier sa maturité

       Pour cadrer son action, l’entreprise a besoin de compléter son appré-
hension des enjeux par son propre état des lieux. L’état de la maturité de l’en-
treprise s’apprécie sur les objectifs, les moyens et les résultats de sa politique
de Développement Durable.
       Les questions qui se posent sont les suivantes :
I   Sur les objectifs fixés : sont-ils ambitieux, visibles, chiffrés, réalistes, éche-
lonnés dans le temps et donc engageants et mesurables ? Couvrent-ils bien le
champ des responsabilités et des opportunités ? Quels sont les objectifs des
concurrents ?



                                           51
I   Sur les moyens mis en regard des objectifs : sont-ils adaptés ? Le mana-
gement est-il réellement investi ? Des procédures formelles viennent-elles en
appui des politiques ? Des moyens de pilotage et de reporting sont-ils en
place ?
I   Sur les résultats : comment se situent-ils au regard des objectifs ? Les échecs
sont-ils gérés de façon transparente ? Quelles sont les appréciations des diffé-
rentes parties prenantes ?
       Ce tour d’horizon permet de situer la maturité de l’entreprise. Celle-ci
peut être comparée à ses pairs ou aux meilleures pratiques connues. L’état
des lieux ainsi obtenu vient nourrir la réflexion sur les plans d’actions et
renseigne sur l’opportunité d’agir dans des échéances proches.


Schéma 6 – Appréciation de la maturité d’une démarche de Développement Durable



                                                   Réalité des
                                  Étendue          pouvoirs de
                                  des objectifs    management
                                  (Env./Social/
                                  Offre…)                       Existence
                                                                des procédures
                     Niveaux                                    de DD
                     d’ambition
                                  Observation          Observation     Pertinence
                                  des objectifs        des moyens      des
                                                                       ressources

                Visibilité
                des objectifs                                         Pertinence
                                                                      des moyens
                                           Observation                de contrôle
                                           des résultats
                       Indicateurs                              Gestion des
                       de résultats                           Controverses -
                                                              Transparence
                                         Points de vue
                                         des acteurs




                                                  52
Construire son plan directeur

     Les réflexions engagées permettent de recenser les actions potentielles,
de les prioriser selon des critères précis et ainsi d’élaborer un plan d’actions
inscrit dans le temps, avec une logique de construction et fonction des dispo-
nibilités financières. L’élaboration d’un plan directeur est indispensable pour
rationnaliser les actions, leur donner une cohérence puissante et visible et leur
donner une véritable dynamique.
     L’exposition de l’entreprise aux enjeux du Développement Durable,
caractérisée par les opportunités, les responsabilités et les risques d’une part,
l’appréciation de la maturité de l’entreprise d’autre part, offre une vision sur
les actions à entreprendre ou à poursuivre.
     La situation d’une entreprise peut être caractérisée sur un diagramme
croisant ces deux dimensions (cf. schéma 7). Pour les entreprises fortement
exposées aux enjeux, l’anticipation stratégique est l’attitude indispensable.
Dans cette catégorie, on retrouve les acteurs leaders de leurs marchés, qui se
sont façonné une vision ‘durable’. Cette vision les guide pour avancer. On y
trouve aussi des entreprises qui se sont développées historiquement autour de
valeurs éthiques comme le laboratoire pharmaceutique danois Novo Nordisk,
aussi bien que des entreprises qui y sont venues par un grand virage straté-
gique, comme Wal Mart. Pour certains, cette vision se renforce d’un
caractère de quasi ‘mission’, comme pour Danone, qui place sa raison d’être
dans une finalité profondément sociétale. Un tel sens de la mission est proba-
blement nécessaire pour se lancer, bien avant les autres, dans le Social
Business. Ces entreprises sont rejointes par le contingent des pragmatiques
suiveurs, qui, observant les contraintes du moment et les opportunités les plus
accessibles, se mettent en mouvement. Pour les entreprises moins exposées,
un opportunisme éclairé peut les pousser à exploiter ces opportunités de
développement, sans que cela ne recèle un caractère vital pour elles.




                                       53
Schéma 7 - Positionnement stratégique


                                       « Élevée »


                                            Exposition aux enjeux
                                            du DD dans l’activité


                       Attentisme                     Anticipation


                                        L
                      préjudiciable                   stratégique



        « Réactif »                                                  « Anticipatif »
                                                      Pro-activité


                                                     Opportunisme
                                        L


                        Passivité
                                                       éclairé




                                      « Modérée »




      De l’ensemble des investigations en ressort un panel d’actions poten-
tielles. Celles-ci doivent être priorisées. La confrontation des quatre points de
vue suivants permet d’y procéder (cf. schéma 8) :
I   La contribution à l’amélioration des empreintes environnementales ou
sociales.
I   La réduction de la vulnérabilité de l’entreprise aux conséquences de
l’érosion environnementale.




                                            54
I Les bénéfices économiques attendus, qu’il s’agisse de revenus additionnels,

de réduction de coûts, voire de bénéfices non-financiers comme l’impact sur
la réputation de l’entreprise.
I   Les exigences budgétaires, en termes de CAPEX 24 et d’OPEX 25.
       La qualification des critères permet de définir, en synthèse, des rangs de
priorités parmi les actions. Cette matrice peut servir à apprécier un large
panel d’actions, d’investissements et en quelque sorte entrer dans les usages
habituels de sélection des projets, en complément d’une démarche tirée par
la problématique du Développement Durable.


Schéma 8 - Matrice des priorités


                              Amélioration de l’empreinte


                            Forte      Modérée      Forte     Modérée

                            Projet 1    Projet 2   Action n     …
                   Sans                                                 Présents


                   Sans                  Priorisation                   Absents
     Nécessité                                                                       Bénéfices
     d’investir                                                                    économiques
                   Avec                                                 Présents


                   Avec                                                 Absents

                            Forte       Forte      Modérée Modérée



                                  Réduction Vulnérabilité




24 CAPEX : Capital Expenditure.
25 OPEX : Operational Expenditure.




                                                   55
Pour illustrer ce point, l’innovation dans les ampoules à basse consom-
mation a été pour les fabricants un projet avec une forte amélioration de leur
empreinte environnementale. Il a nécessité une capacité d’investissement
importante pour adapter l’outil industriel. Mais il a aussi fait valoir des béné-
fices économiques très importants, puisque cela devait dynamiser ce marché
de remplacement au profit d’ampoules sensiblement plus chères. Ces entre-
prises paraissaient modérément exposées à la vulnérabilité.
     Cette priorisation sur l’ensemble des sujets ayant trait au Dévelop-
pement Durable permet de retenir ou d’exclure les actions, de les inscrire
dans un horizon de temps, en fonction d’une logique de construction et au
gré des disponibilités financières.



Une mise en œuvre éminemment transverse

     Le Développement Durable se pose comme une problématique
globale de management. Toutes les grandes directions de l’entreprise sont
impliquées.
     Les directions générales et directions de la stratégie doivent se mobiliser
et se saisir des changements qui se profilent sur les marchés. Le marketing doit
anticiper les tendances, intégrer le Développement Durable dans le position-
nement. Il doit aussi repérer de nouveaux segments de clientèle corres-
pondant aux clients sensibles à l’éthique et concevoir des offres adéquates.
Les Ressources Humaines sont naturellement appelées à prendre en charge
la dimension humaine et sociale du Développement Durable. Mais elles
doivent aussi répondre aux aspirations des collaborateurs actuels ou futurs à
davantage de sens dans leur vie professionnelle. Elles doivent faire évoluer les
métiers et inscrire le Développement Durable dans les objectifs individuels des
collaborateurs, comme cela se pratique chez Danone ou Tesco par exemple.




                                       56
Les fonctions Achats, Production et Logistique doivent œuvrer à l’amé-
lioration de l’empreinte environnementale et sociale des opérations. Les DSI
doivent s’approprier le Green IT et les directions financières doivent intégrer
dans leurs actions, les attentes éthiques des investisseurs et des actionnaires.



La mission spécifique d’une direction dédiée

       La transversalité du Développement Durable doit être orchestrée, dynamisée et
       pilotée. C’est là, fondamentalement, la raison d’être d’une direction ad-hoc, dont on
       doit préciser clairement les prérogatives au regard de celles des autres directions.



Ses objectifs
       La direction du Développement Durable doit intervenir à deux niveaux :
I   Au niveau stratégique :
    - Nourrir la réflexion stratégique : cerner les enjeux et les menaces, fixer les
     lignes directrices.
    - Assurer la déclinaison de la stratégie Développement Durable dans
     chacune des directions.
    - Veiller à la cohérence d’ensemble des démarches.
    - Mettre en place le système de pilotage nécessaire.
    - Développer une politique d’influence auprès des régulateurs 26.
I   Au niveau opérationnel :
    - Aider à fixer des objectifs et en suivre la progression.
    - Concevoir et déployer un système de reporting intégrant les indicateurs
     Développement Durable.




26 A titre d’exemple, Bolloré Division Papier, société spécialisée dans le papier à faible grammage,
milite auprès d’organismes prescripteurs (Ademe) et de l’Etat pour la mise en place d’une classifi-
cation des papiers en fonction des émissions de gaz à effet de serre généré par la fabrication.




                                                 57
- Rechercher les synergies, mutualiser les outils et diffuser les expériences.
  - Animer le dialogue avec les parties prenantes.
  - Améliorer la compréhension des enjeux pour l’entreprise.
  - Homogénéiser et développer les compétences nouvelles.
  - Accompagner les responsables dans la réalisation de leurs objectifs.
  - Faire progresser les pratiques de l’entreprise en animant des démarches
   de progrès continu.


Un rattachement élevé, en proximité sur les opérations
     La direction du Développement Durable doit s’exercer à un niveau
central, de façon à garantir la cohérence des actions menées dans l’entre-
prise et à leur donner de la puissance. Pour donner à cette direction le poids
dont elle a besoin dans sa mission, elle doit être rattachée à la Direction
Générale. L’ancrage au sein d’une direction de la Stratégie, quand elle
existe, permet de donner cette hauteur nécessaire.
     Toutefois, il est tout aussi important d’assurer une véritable connexion
avec les opérations.
     Pour déployer sa politique dans l’organisation, la direction centrale doit
s’appuyer sur des instances qui rassemblent les autres grandes directions. Elle
doit tisser un réseau, composé de relais officiels et de liens informels.
     Dans les grandes organisations, ces directions peuvent compter une
vingtaine de personnes. Elles sont reliées à un nombre beaucoup plus
important de correspondants au sein des autres directions, ceux-ci pouvant
avoir un double rattachement.
     Enfin, ce sont tous les collaborateurs globalement qu’il faut impliquer
dans la démarche, pour que le Développement Durable soit au cœur des
préoccupations et des transformations.




                                         58
Pour conclure




P   rogresser dans une logique de Développement Durable engage les
    entreprises dans des transformations importantes, sources d’opportunités
et de développement. Des changements profonds émergent dans tous les
domaines : modèle économique, conduite des opérations, management des
personnes, segmentation des marchés, constitution des portefeuilles d’offres,
stratégie d’approvisionnement, gestion de l’innovation, ouverture aux
acteurs extérieurs…
     La mesure de ces mutations a été prise par les entreprises leaders ou
pionnières ; elles les projettent dans des plans d’actions pluriannuels et se
situent elles-mêmes sur un parcours de progression. Les pratiques de gestion,
les solutions techniques durables, les systèmes d’information sont en cours
d’invention, d’adaptation ou de rodage. Parmi tous ces moyens, certains
arrivent déjà à maturité.
     Dans un monde de changements rapides, la récurrence de trois ques-
tions fondamentales doit guider la réflexion et l’action. Quelles responsabilités
apparaissent sous un jour nouveau ? En quoi l’érosion des ressources natu-
relles et la dégradation de l’environnement peuvent-elles menacer la conti-
nuité de l’entreprise ? Quelles opportunités stratégiques s’ouvrent grâce au
Développement Durable ?




                                       59
Les réponses apportées peuvent alors dicter les moyens à mettre en
œuvre, en termes de management, d’orientation de l’innovation, de relation
avec les clients et d’exécution dans les opérations. La cohérence d’ensemble
est déterminante pour bâtir des stratégies de différentiation solides et en tirer
des bénéfices durables.
     Ces questions et ces actions font appel à des domaines de compé-
tences en partie déjà présents dans l’entreprise tels que la réflexion straté-
gique, la gestion des risques et de la qualité, l’écoute des clients, le sourcing,
les relations publiques, etc. Toutefois, de nouvelles compétences sont aussi
nécessaires et de nouveaux points de vue doivent être entendus. Il s’agit
d’envisager son activité dans une relation d’impact et de dépendance avec
la nature et avec le vivant, il s’agit de comprendre les incidences des chan-
gements climatiques et de savoir comment prendre sa part dans la réduction
des émissions de gaz à effet de serre. Il faut savoir s’insérer dans les filières
alternatives qui s’organisent : filières de produits certifiés, filières des matières
premières secondaires et de valorisation des produits en fin de vie. Sur les
volets sociaux, la gestion de la diversité, du handicap, la pratique de l’équité
sont complexes et passent également par le recours à de nouvelles compé-
tences.
     Il revient aux directions générales d’impulser ces changements qui sont
majeurs pour leur entreprise et pour cela, de mobiliser les moyens nécessaires.




                                         60
À propos de Sopra Consulting
          Pôle Conseil de Sopra Group, Sopra Consulting accompagne les entre-
          prises dans leurs projets de transformation, partout en Europe.
          Avec près de 700 consultants, Sopra Consulting est aujourd’hui l’un des
          tout premiers acteurs français de conseil en stratégie, management,
          organisation et technologie.




                      Pour toute information concernant cette publication :

                 Sopra Consulting                                          Sopra Group
92, avenue Charles de Gaulle - 92200 Neuilly sur Seine        9 bis, rue de Presbourg - 75116 Paris
                Tél. : 01 46 41 97 97                                   Tél. : 01 40 67 29 29
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          La pérennité des organisations passe aujourd’hui par la
          Durabilité. C’est ce qu’indique l’analyse développée par Sopra
          Consulting dans ce livre blanc, en s’appuyant sur l’expérience
          d’entreprises leaders de leurs secteurs et de PME innovantes.
          Au-delà des responsabilités assumées dans le rapport à
          l’environnement et aux personnes, ces entreprises engagées
          dans le Développement Durable savent anticiper les risques
          causés par la dégradation des ressources naturelles. Surtout,
          elles se développent en inventant, en mettant en œuvre ou en
                                                                     -
          commercialisant des solutions qui préservent l’environnement et
          garantissent un meilleur bien-être des personnes.
          La voie est désormais ouverte. D’autres entreprises, plus ou
          moins exposées aux enjeux du Développement Durable, suivent
          ce mouvement, pressées par les lois, attentives aux attentes
          clairement exprimées de leurs clients, interpellées par les leaders
          d’opinion.
          Toutefois, mettre en œuvre une stratégie de différentiation
          solide nécessite d’élaborer des plans d’actions cohérents,
          complets et ambitieux, impliquant chacune des fonctions de
          l’entreprise. Il s’agit de conduire la transformation qui permettra
          de créer de réels avantages compétitifs.




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Livre blanc sur la planification stratégique de la RSE

  • 1. L ivre blanc L’émergence d’une croissance Durable
  • 2. Livre Blanc imprimé sur papier 60 % recyclé, certifié FSC* et de produits issus de forêts bien gérées et de bois ou de fibres recyclées. *FSC : Forest Stewardship Council
  • 3. L ivre blanc L’entreprise face aux enjeux du Développement Durable De la nécessaire responsabilité aux nouvelles opportunités de croissance © Sopra Consulting - 2010
  • 4. Ont contribué à l’élaboration de ce Livre Blanc : I Xavier Amoros, Senior Manager, responsable de l’offre Développement Durable, Sopra Consulting, I Fabienne Mathey Girbig, Senior Manager, responsable du Développement Durable, Sopra Group, I Emmanuelle Joseph-Dailly, Consultante Senior spécialisée en Responsabilité Sociale d’Entreprise, Sopra Consulting 2
  • 5. Préambule D ans ce Livre Blanc, Sopra Consulting analyse la manière dont les direc- tions d’entreprise, parmi les plus avancées, intègrent le Développement Durable au sein de leurs activités et transforment un ensemble de nouvelles responsabilités en opportunités de développement et de performance. La réflexion qui en découle s’appuie sur l’analyse de différents retours d’expé- rience et notamment : le 1er Trophée européen du Développement Durable, co-organisé en 2009 par Sopra Consulting et les membres du réseau EI-Consulting Group 1, des entretiens menés en 2010 auprès d’une vingtaine d’entreprises européennes et l’expérience acquise dans le cadre de nos missions auprès des directions d’entreprise. Au-delà des contextes variés, des caractéristiques communes appa- raissent dans les entreprises les plus avancées en matière de Développement Durable. La pression des contextes de marché, la reconnaissance par le management du caractère vital du changement, la force de conviction 1 E-I Consulting Group rassemble 9 sociétés européennes de conseil, dont Sopra Consulting. Ces sociétés mettent en réseau leurs connaissances des marchés nationaux et leurs expertises et servent ensemble des problématiques européennes de leurs clients. 3
  • 6. d’une direction auprès de l’ensemble de l’entreprise et la capacité d’inno- vation ont été les facteurs déterminants pour ces entreprises. Ils expliquent la puissance coordonnée des démarches, l’allocation de moyens, les interac- tions profondes de l’entreprise avec davantage d’acteurs. Au final, les entre- prises les plus avancées en Développement Durable, savent se transformer pour aborder ces nouveaux défis. De façon non surprenante, ces entreprises sont souvent reconnues comme leaders de leur secteur. Cet ouvrage en tire les enseignements et les restitue sous la forme d’un questionnement méthodique auquel se prêtent les entreprises concernées, en termes d’analyse des enjeux, de choix d’actions et de mise sous tension de l’organisation. Ce livre blanc se veut un guide pour ceux qui ont la charge de définir et de conduire une politique de Développement Durable. 4
  • 7. Sommaire Introduction 7 Les fondements de la réflexion stratégique sur le Développement Durable 13 Les 3 grandes questions pour l’entreprise 13 L’exposition aux enjeux de la Durabilité 16 Les Responsabilités environnementales et sociales 27 Déterminer sa responsabilité environnementale 27 Déterminer sa responsabilité sociale 30 Traiter les risques liés aux empreintes 32 La Vulnérabilité en lien avec les enjeux du Développement Durable 35 Prendre la mesure des risques de raréfaction de ressources 36 Prendre la mesure des risques d’antagonisme à la Durabilité 37 De nouvelles Opportunités à appréhender 41 Les logiques opérationnelles de la Durabilité 42 Les opportunités du social business 49 Le Développement Durable au cœur des organisations 51 Apprécier sa maturité 51 Construire son plan directeur 53 Une mise en œuvre éminemment transverse 56 La mission spécifique d’une direction dédiée 57 Pour conclure 59 5
  • 8. 6
  • 9. Introduction L e Développement Durable est un horizon dans lequel se projettent les entreprises dans la plupart des secteurs. Les marques destinées au grand public, qu’il s’agisse des voitures, des produits alimentaires, des cosmétiques ou encore des détergents rivalisent en terme d’image peu ou prou sur le terrain de la Durabilité au sens environnemental. Les constructeurs ont ainsi intégré dans leur stratégie produits les contraintes à terme de motorisation sans hydrocarbure et de réduction des émissions de gaz polluants. La grande distribution modifie ses sources d’approvisionnement, excluant par exemple, les bois non-labellisés, l’huile de palme, les produits halieutiques notoirement surexploités. Les fabricants de matériel informatique quant à eux, sont tenus d’éliminer les composants toxiques et doivent gérer la fin de vie de leurs produits. Les grandes banques 2 affirment s’astreindre à des lignes de conduite environnementales dans leur financement de projets industriels. Lorsqu’ils sont interrogés, les dirigeants reconnaissent de plus en plus dans le Développement Durable une dimension stratégique majeure pour leur propre entreprise. 2 En particulier les grandes banques anglo-saxonnes, comme HSBC ou Morgan Stanley. 7
  • 10. Faut-il encore s’interroger sur les raisons de l’emballement récent, alors que les enjeux sont, à l’examen, déjà anciens ? L’émergence de nouveaux grands pays industrialisés ajoutée à la pour- suite de la croissance démographique 3 ont accentué depuis 10 ans les ponc- tions sur les ressources naturelles. Elles ont aggravé les émissions de pollution en tout genre, que les puissances industrielles établies avaient déjà, à elles seules, amené au point de criticité que nous connaissons. La répétition de catastrophes naturelles présage des effets redoutés du changement climatique. Le plafonnement très proche de la production pétrolière, la disparition rapide des forêts primitives au profit de monocultures industrielles ou de l’éta- lement urbain nous montrent bel et bien les limites de notre planète. Enfin, les medias se font l’écho du marathon diplomatique qui tente d’aboutir à un nouveau protocole sur la réduction des gaz à effet de serre. La litanie des faits façonne les opinions qui prennent conscience, jour après jour, de l’ampleur de l’impact des activités économiques sur la nature. Le lien entre la somme des consommations individuelles et l’épuisement, en partie irréversible, des ressources devient évident et chacun se fait à l’idée de la nécessité de changer les modes de production, de consommation, et plus largement de vie. Les clients le traduisent en de nouvelles attentes à l’égard des entreprises. Parallèlement, la question des droits humains impacte les attentes des consommateurs. La mondialisation du commerce et l’industrialisation rapide de nouveaux pays ont favorisé l’importation massive de produits élaborés dans des pays aux lois sociales bien moins contraignantes que celles en 3 La population mondiale a franchi, selon l’ONU, le seuil des 6 milliards d’individus en 2000 et atteindra 7 milliards au début de 2012. 8
  • 11. vigueur dans nos pays développés. L’opinion publique se dresse contre l’idée de biens produits par des personnes exploitées, par des enfants, ou bien encore des biens dont la vente finance des conflits armés 4. La recherche de la compétitivité des prix doit aller de pair avec la dignité des conditions de travail. Il en va de même dans nos pays occidentaux, où les principes d’équité doivent s’appliquer à tous et combattre des pratiques discriminatoires, inconscientes ou délibérées, aujourd’hui de moins en moins tolérées. Dans un autre registre, la vigilance sur le traitement des animaux par les industries agro-alimentaires, cosmétiques et de l’habillement a considéra- blement progressé, notamment au Royaume-Uni ou en Allemagne, où sont apparus les labels « cruelty free ». La frontière de l’acceptable se déplace, les normes sociales évoluent rapidement, libérant de ce fait le jeu de pressions fortes et multiples. Des contraintes plus fortes apparaissent en matière de réglementations, de normes ou de chartes d’autorégulation. Ces évolutions conduisent les entre- prises à repenser en profondeur la façon dont elles apportent de la valeur à leurs clients et à leurs investisseurs, dont elles gèrent le développement de leurs employés et dont elles intègrent les attentes des autres parties prenantes 5. Le Développement Durable amène à porter un regard nouveau sur les activités courantes et des idées nouvelles émergent. Le temps du changement est donc là et il est inéluctable. 4 Dans cet esprit, l’accord international convenu à Kimberley (Afrique du Sud) promeut depuis 2003 une filière du diamant offrant l’assurance qu’elle ne finance pas des conflits armés, notamment en Afrique. 5 Les parties prenantes sont tous les acteurs avec lesquels l’entreprise est ou peut être en relation du fait de son activité. 9
  • 12. Pour soulager les tensions environnementales, les idées et les innovations foisonnent. Des solutions technologiques nouvelles apparaissent. Cependant, il faut du temps pour les amener à l’échelle industrielle et à la viabilité écono- mique. A titre d’exemple, les solutions de captage et de stockage du CO2 par enfouissement aux sorties des centrales thermiques ont été mises au point. Mais au stade actuel, leur déploiement est limité aux seuls sites situés à proximité de poches géologiques étanches ; au delà, les surcoûts sont rédhi- bitoires. De même, les projets Desertec 6 ou Transgreen 7 prévoient d’ache- miner à grande échelle l’énergie solaire du sud de la Méditerranée vers l’Europe, mais la technologie de transport électrique doit encore progresser pour contenir les déperditions de puissance sur longue distance. La nécessité d’adaptation rapide aux changements de notre environ- nement laisse peu de temps pour fiabiliser les innovations, établir les consensus normatifs, instaurer de nouveaux usages qui soient acceptables. Tout ceci met en lumière la radicalité des changements à opérer. Pour faire face à ces défis, que font les entreprises les plus avancées ? Cette question est d’autant plus intéressante, que l’observation de l’inté- gration du Développement Durable au cœur des stratégies et des opérations révèle des contrastes très marqués entre entreprises, qui ne s’expliquent pas seulement par l’appartenance à tel ou tel secteur. Le Développement Durable est présent, ou pas, dans les critères de décision, dans les budgets, dans les projets, dans les organigrammes et dans la communication. Les contrastes expriment des positionnements bien réfléchis. 6 Desertec est un projet soutenu par Le Club de Rome et la TREC (Transmediterranean Renewable Energy Cooperation). 7 Transgreen est une société d’étude créée à l’initiative du Forum de l’Union pour la Méditerranée. 10
  • 13. Pour beaucoup, ce qui a été fait jusqu’à aujourd’hui relève du plus accessible, tandis que le gros œuvre reste à engager. Il est vrai que le Déve- loppement Durable à l’échelle de l’entreprise est complexe. On attend des entreprises qu’elles sachent avancer à la fois sur les fronts du social, de l’envi- ronnement et de la performance économique. Il en résulte une complexifi- cation des activités. Vouloir placer la prévalence sur le long terme se heurte aux exigences de court terme de nos économies en transformation rapide. Pour autant, le changement d’horizon est le même pour tous et va amener l’ensemble des entreprises à se confronter aux nouvelles réalités. En contrepartie de ces contraintes, les efforts entrepris ouvrent de nouvelles voies de développement et de performance. Ainsi, dans ce livre blanc nous proposons de parcourir les axes de la réflexion stratégique qui permettent aux directions d’entreprise de tracer leur feuille de route. Cette réflexion s’articule autour des questions qui portent sur la responsabilité sociale et environnementale, sur la vulnérabilité à des risques nouveaux et sur les opportunités qui émergent. Pour progresser dans cette réflexion, il est impératif d’analyser les facteurs d’enjeux concrets que sont les attentes des clients, le recours aux matières et au travail, le cadre réglementaire et enfin le jeu des parties prenantes. Pour apprécier l’imminence des enjeux, l’entreprise gagne, comme nous le verrons, à évaluer sa propre maturité et à la comparer à ses pairs. L’en- semble des analyses fonde l’élaboration de plans d’actions cohérents et porteurs. 11
  • 14. 12
  • 15. Les fondements de la réflexion stratégique sur le Développement Durable Les 3 grandes questions pour l’entreprise La réflexion stratégique sur le Développement Durable s’appuie sur les trois grandes questions de la responsabilité, de la vulnérabilité et des opportu- nités. Ces trois questions, sans être mutuellement exclusives, servent de points d’appui et garantissent une analyse complète. Ainsi, le Développement Durable pose la mission fondamentale de l’entreprise non plus seulement en termes de création de richesses économiques, mais aussi en termes de préservation de l’environnement, d’équité et de bien-être. Ce déplacement du point d’équilibre pose la question de la responsabilité de l’entreprise. La réflexion porte sur la nature et l’étendue des empreintes environnementales et sociales : I De quoi se composent ces empreintes ? I Quelle est leur criticité ? I Quelles actions permettent de les diminuer et à quels coûts ? I Comment prioriser les pistes d’actions ? I Que font les concurrents ? 13
  • 16. I Quelles pressions vont exercer les clients à court et moyen termes ? I Quelle réglementation impactera l’entreprise ? I Comment valoriser les efforts ? Schéma 1 - Les trois questions du Développement Durable Comment assumer sa Responsabilité environnementale et sociale ? Comment Quelles réduire ses Opportuniés Vulnérabilités ? s’ouvrent et comment les saisir ? Le défi pour l’entreprise est de réussir à concilier des responsabilités bien identifiées, mais dont les effets portent sur le moyen et le long terme, avec des impératifs économiques qui portent sur le court terme. Toutefois, ignorer ou sous-estimer ses responsabilités peut se retourner contre l’entreprise elle-même, en termes de préjudice de notoriété ou encore de sanctions financières. Ce défaut de responsabilité environnementale et sociale peut fragiliser l’entreprise, ce qui nous amène à la deuxième question de la réflexion. La deuxième grande question porte en effet sur la vulnérabilité poten- tielle de l’entreprise, qui trouve son point de départ dans la prise de conscience récente qu’une altération générale de l’environnement ou des 14
  • 17. iniquités sociales qui perdurent peuvent avoir des conséquences sur le fonc- tionnement de l’entreprise. Il s’agit d’évaluer les risques qui en découlent et d’anticiper des mesures pour limiter ces risques. L’analyse des risques implique de s’interroger sur les points suivants : I La dégradation de l’environnement et la raréfaction des ressources peuvent-elles affecter mon activité? I Les attentes éthiques 8 du marché représentent-elles un risque d’obsolescence pour mon offre ? I Quels sont les risques sociaux ? I Les nouvelles réglementations sont-elles des freins à l’activité ? I Quelles sont les solutions de contournement ? I Quelle est l’urgence et l’ampleur du changement pour l’entreprise ? Pour compléter l’appréhension des risques, il faut identifier les fragilités potentielles qui pourraient déstabiliser les positions de marché. Ignorer des opportunités importantes représente un risque stratégique, qui se situe à l’intersection des problématiques de vulnérabilité et d’opportunité (cf. schéma 1). La troisième grande question, porte sur les opportunités qui s’ouvrent grâce au Développement Durable et notamment, le développement de nouvelles offres, l’ouverture à de nouveaux marchés, une adhésion plus forte des salariés au projet d’entreprise. Une réflexion sur ces opportunités nouvelles conduisent ainsi l’entreprise à s’interroger sur : I Les savoir-faire et les technologies nécessaires. I L’arbitrage entre le développement en interne ou l’acquisition de savoir- faire externes. I Le potentiel de marchés inexploités que constituent les populations habi- tuellement exclues de la consommation. 8 L’éthique se définit comme le souci de l’autre et englobe de ce fait les préoccupations environne- mentales et sociales qui touchent les générations actuelles et futures. 15
  • 18. I L’adhésion des salariés au projet d’entreprise, résultant d’un engagement plus marqué de l’entreprise vers plus d’équité. Par ailleurs, en cherchant à diminuer son empreinte environnementale ou sociale, l’entreprise construit des solutions, qu’elle peut proposer ensuite sur le marché. Ce cas de figure se présente au croisement des sphères de la Responsabilité et des Opportunités (cf. schéma 1). Les questions posées sur les nouvelles responsabilités, la vulnérabilité et les opportunités mettent en lumière des perspectives et des risques inattendus. Cette analyse contribue à cerner les actions qu’il faut impérativement mener, pour ensuite alimenter une dynamique de transformation. Cette dynamique doit porter aussi bien sur l’activité actuelle, que sur tous les projets futurs de l’entreprise. La prise en compte de ces éléments de réflexion est développée dans les chapitres suivants de ce document. Au préalable, il est nécessaire d’ex- poser les facteurs qui déterminent l’importance des enjeux dans le contexte donné d’une entreprise. L’exposition aux enjeux de la Durabilité L’analyse des responsabilités, vulnérabilités et opportunités porte fonda- mentalement sur 4 facteurs d’enjeux : les empreintes environnementales et sociales, la sensibilité des clients à l’éthique, le cadre réglementaire et normatif encadrant l’activité de l’entreprise et le jeu des parties prenantes (cf. schéma 2). Le poids relatif des responsabilités, des risques et des opportu- nités qui se dégage de l’analyse définit un contexte propice à un dévelop- pement dans la continuité ou, au contraire, à des changements radicaux. 16
  • 19. Schéma 2 - Les facteurs d’enjeux Opportunités L Empreintes Sensibilité des clients environnementales à l’éthique et sociales Responsabilités Facteurs Responsabilités L L et Risques d’enjeux et Risques Cadre réglementaire Jeu des parties et normatif prenantes L Opportunités Les empreintes environnementales et sociales Dès lors qu’une activité nécessite directement ou indirectement une consommation de ressources matérielles ou qu’elle produit des rejets, l’entre- prise a un devoir de préservation des ressources naturelles concernées. Cela concerne les moyens matériels utilisés dans le cycle d’approvisionnement, de production et de distribution, les activités du personnel, notamment en matière de déplacements, les consommables, la longévité du matériel, l’em- preinte des produits et services depuis leur conception jusqu’à leur fin de vie (cf. schéma 3). 17
  • 20. Savoir apprécier l’empreinte environnementale passe par un tour d’ho- rizon des incidences de l’activité de l’entreprise et de la mise sur le marché de ses produits. Sur chacun des facteurs d’empreinte, il faut au-delà des seules stipula- tions réglementaires locales s’interroger sur : I L’origine et les conditions d’extraction des matières premières ou des condi- tions de production des sous-traitances. I L’efficience énergétique et hydrique. I L’innocuité des rejets et rebuts dans l’eau, dans l’air et dans la terre. Concernant l’empreinte sociale ou humaine, il s’agit de s’assurer du bien-être des personnes dans le cadre de l’activité de l’entreprise et de l’équité de traitement pour chacune d’entre elles. L’entreprise doit veiller, selon son poids, à ce que cet ensemble de principes soit appliqué aussi chez ses fournisseurs et, plus encore, chez ses sous-traitants. Schéma 3 - Les facteurs d’empreintes Efficience Empreintes énergétique de l’entreprise Activités Moyens Empreinte personnel et matériels Maîtrise des rejets humaine clients et impacts Vos produits et prestations Efficience hydrique Maîtrise du cycle de vie des biens 18
  • 21. La sensibilité des clients à l’éthique Saturation et désenchantement vis-à-vis des bienfaits de la consom- mation ont permis une attention plus soutenue aux impacts de cette consom- mation sur la nature. Le citoyen fait désormais le lien entre ce qu’il achète et les conséquences de ses actes de consommation. Les observatoires de la consommation, comme le Crédoc, se font l’écho de ces changements globalement observés 9 dans le comportement des consommateurs. Le consommateur est en quête de sens, autant que de plaisir dans la satisfaction de ses besoins et envies. La consommation responsable devient une façon de concilier ses diverses aspirations, de mettre de l’ordre entre ses attitudes et ses comportements et, in fine, d’agir. Le citoyen consommateur se sait capable, à sa mesure, d’envoyer un message vers l’amont de la filière de production et d’encourager des offres plus éthiques. Le consommateur effectue des achats plus qualitatifs. Bien que soucieux de son pouvoir d’achat, le consommateur est plus mature dans son acte d’achat. Il sait allier sa recherche systématique du bas coût à celle de la qualité qui intègre le critère de responsabilité : la viande bovine doit être traçable au travers de sa lignée, le maïs doit être sans OGM, le poisson doit être issu de la pêche responsable... Face à ces nouvelles attitudes, même les enseignes de distribution à bas prix ont compris qu’elles devaient compléter leurs assortiments et ont lancé leurs propres gammes de produits alimentaires portant le label Bio. Le consommateur est en attente de preuves. Aguerri par des années d’exposition aux promesses des marques, il ne se laisse plus influencer aussi facilement par l’image publicitaire. Les marques ne sont attractives qu’en assurant la cohérence entre l’image, la preuve de la valeur et de la vertu des 9 Voir études ‘La consommation et modes de vie’ 2007 et ‘L’alimentation durable’ 2009. 19
  • 22. produits. L’effet de halo des produits-phare sur l’ensemble d’une gamme s’est amenuisé. La preuve doit être apportée sur chaque produit. Les réseaux sociaux sur Internet rendent la réputation des marques très volatile, les obli- geant à entrer dans un dialogue, à détailler la promesse par des informations pointues. La demande d’informations sur l’origine des produits devient une pratique normale et s’étend à un grand nombre de produits. Pour être crédible, le produit fini doit être proposé avec son historique. Les valeurs éthiques qui ont accompagné sa production font intrinsèquement partie de sa valeur. Elles doivent être rendues visibles, ce qui nécessite de se plier à une discipline exigeante d’éco-conception et de traçabilité. Ces tendances ne resteront pas limitées à quelques produits embléma- tiques ou quelques thématiques phares du Développement Durable. Elles résultent en effet d’exigences d’autant plus pressantes qu’elles sont au carrefour de préoccupations aussi bien éthiques (tournées vers les autres) que personnelles, telles que la qualité de vie, le souci de la santé, de la sécurité ou encore du pouvoir d’achat. Sur ces différents points, il est essentiel que les clients soient impliqués dans la poursuite d’objectifs de Durabilité et qu’ils y contribuent, pour au final être plus solidaires et plus loyaux envers la marque : accepter des délais de livraison plus longs pour diminuer le bilan carbone du transport, fournir des informations personnelles en échange d’informations de traçabilité, se défaire des emballages réutilisables ou recyclables sur le lieu d’achat... Chaque entreprise doit intégrer les questions d’éthique concernant ses produits aux dispositifs d’écoute de ses clients, pour limiter les risques de désaffection. Dans les faits, l’écoute des clients sur les thèmes éthiques est encore globalement modeste, ce qui crée un décalage entre l’offre et les attentes des clients et facilite l’arrivée de produits de substitution. C’est le cas pour les producteurs d’eau minérale en bouteille, dont les ventes ont chuté de 15 % en 3 ans 10, sur la période 2007-2009, au profit des fabricants de carafes à filtre. 10 Estimation de l’institut ACNielsen. 20
  • 23. Il convient de préciser que les marchés du BtoB sont également attentifs aux accomplissements environnementaux et sociaux, mais les modalités de pression sont différentes. Les chartes d’achat des clients, les engagements au sein d’organisations comme le Pacte Mondial 11, le respect des cadres régle- mentaires influent de plus en plus sur la recevabilité des offres. Le jeu des parties prenantes Plus que jamais, la qualité et l’étendue du tissu de relations que les entre- prises savent instaurer avec leurs parties prenantes déterminent le succès de leurs activités. Face à la méfiance des citoyens et à la pression exercée par des acteurs tiers, les entreprises peuvent être contraintes à des changements radicaux. Sous les coups répétés de défenseurs de l’environnement, Nestlé a renoncé à utiliser dans la composition de ses produits, l’huile de palme produite par une société indonésienne accusée de déforestation peu scrupuleuse. Les fabri- cants de matériels informatiques et de téléphones mobiles sont très attentifs au comparatif annuel publié par Greenpeace sur leurs produits. Dans un tout autre domaine, Greenpeace a bloqué le port de Marseille pour alerter l’opinion publique française sur la disparition du thon rouge. Cette action spectaculaire a permis de contraindre la grande distribution à sortir cette espèce emblématique de ses étals. Des marques locales peuvent également être la cible de pressions de la part d’acteurs locaux, qui savent alerter l’opinion locale ou les pouvoirs publics. Pour se prémunir contre les actions perturbantes d’acteurs tiers, il est essentiel de prendre les devants, de se mettre à l’écoute et de prendre en compte les points de vue extérieurs s’ils sont jugés cruciaux pour le bon développement de l’entreprise. 11 Il s’agit d’un pacte, initié par les Nations Unies, par lequel des entreprises s’engagent à aligner leurs opérations et leurs stratégies sur dix principes universellement acceptés touchant les droits de l’homme, les normes du travail, l’environnement et la lutte contre la corruption. 21
  • 24. La consultation des parties prenantes s’instaure comme une pratique indispensable, notamment pour toutes les entreprises à activités sensibles. Pour des raisons de neutralité et de confiance, leur gestion est souvent confiée à des médiateurs indépendants. Cette ouverture à des acteurs extérieurs permet aussi de partager les informations au sein de partenariats d’affaires. Pour aider ses fournisseurs situés dans des pays émergents à répondre aux exigences sociales, l’enseigne de distribution Carrefour a été parmi les créateurs de l’initiative « Clause Sociale », permettant la mutualisation des Schéma 4 - Cartographie étendue des parties prenantes Entrants/ substituts Partenaires ONG Actionnaires Media Fournisseurs Entreprise Clients Administration Consom- mateurs Régulateurs Commu- nautés Autorités locales 22
  • 25. outils et des résultats d’audits entre les acteurs français. Dans ce type de dispositif, les sous-traitants partagent ouvertement des données, qui sont consultables par tous leurs clients. Carrefour a aussi participé à la création de la plate-forme mondiale « Global Social Compliance Programme » (GSCP), qui réunit des distributeurs comme Tesco ou Metro, ainsi que des grands indus- triels dans le but de faire converger les standards d’audits sociaux et de mutualiser les bonnes pratiques. Il revient tout particulièrement aux leaders sectoriels de mener ces démarches, car ils disposent de la puissance nécessaire pour infléchir les pratiques. C’est ainsi qu’une autre très grande enseigne de la distribution alimentaire a fédéré les industriels de l’emballage pour mettre en place un benchmark des pratiques sur neuf critères, permettant notamment de comparer les matériaux et leur efficacité énergétique. Dans le domaine social, Danone 12 se démarque avec ses ‘Social Inno- vation Lab’, qui réunissent des salariés et des ONG partenaires, pour mener ensemble des projets sociétaux partout où la société est implantée. Ces diffé- rents acteurs mettent en commun les compétences et les expériences du terrain, ce qui permet de constituer des communautés de travail en réseau sur des problématiques complexes : instauration de relations durables avec les petits fermiers, gestion à grande échelle de réseaux de distribution de proximité, mise en place de programmes de compensation carbone avec des communautés locales... La qualité du dialogue permet d’alimenter l’entreprise en idées, et d’an- ticiper les risques liés à des tiers. Cette qualité s’apprécie selon plusieurs critères : I La prise en compte exhaustive des parties prenantes. I La régularité des échanges. I La prise en compte des requêtes. 12 Danone a été lauréat du 1er trophée européen du Développement Durable, co-organisé par Sopra Consulting et le E-I Consulting Group. 23
  • 26. I L’élaboration de chartes de relations (charte d’achat pour les fournisseurs par exemple). I Les pratiques de contrôles permanents et périodiques. I L’accompagnement de la démarche de progrès. Les nombreuses parties prenantes exigent un dialogue structuré sous la responsabilité d’un acteur extérieur. Celui-ci veille au respect d’un protocole de dialogue et à la tenue des engagements qui en résultent. Dans ces pratiques de dialogue, clients et autres parties prenantes sont devenus « infovores » et exigent des données de plus en plus précises et actualisées que l’entreprise doit pouvoir produire de façon continue. Cadres réglementaires et normatifs Les cadres réglementaires portant sur l’environnement, l’énergie ou la gestion sociale ont connu une évolution exponentielle, qui semble devoir se poursuivre. Par ailleurs, les référentiels de norme proposent des canevas larges et détaillés, à l’instar de la norme ISO 26000 relative au Développement Durable. De par la nature même de leur activité, certains secteurs sont plus concernés que d’autres. 24
  • 27. Schéma 5 – Cadres réglementaires obligatoires et incitatifs Mesures obligatoires L Rapport DD Réglementation Stress au travail pour toute anti-discrimination ent. > 500 pers. Bilan carbone Des renforcements Loi NRE* Plan séniors pour toute de la réglementation ent. > 500 pers. à prévoir Insertion Réglementation Directives DEEE/ Étiquetage professionnelle Égalité H/F Technique Reach environnemental des handicapés 2012 * NRE : Nouvelles Régulations Économiques Cadre actuel 2010 2011 2012… Certification Normes ISO responsabilité 26000 sociale (ISO…) Normes ISO Normes HQE 14001 et BBC Aspects sociaux Charte de la diversité de 2004 Aspects environnementaux L Mesures incitatives Ces réglementations génèrent de facto de nouvelles responsabilités. Les ignorer fait courir le risque de sanctions financières et juridiques - dont certaines sont pénales - et peut menacer la continuité des activités. A l’in- verse, les réglementations et incitations fiscales permettent aussi de créer de nouveaux marchés. La réglementation sur la réduction des émissions de CO2 en Europe a créé, par exemple, le marché des certificats de réduction pour les industries fortement émettrices (sidérurgie, papeterie, cimenterie). La capacité à comprendre les tendances au travers de l’évolution des cadres réglementaires, à influer sur le contenu et l’application des lois, ainsi qu’à inventer des réponses aux nouvelles attentes, ouvrent des opportunités nouvelles. 25
  • 28. 26
  • 29. Les Responsabilités environnementales et sociales Déterminer sa responsabilité environnementale Délimiter l’empreinte L’empreinte environnementale se définit comme ce qui est pris à la nature pour subvenir aux besoins de production et absorber les déchets. Les impacts généraux sur l’environnement sont nocifs dès lors qu’ils impliquent une perte des milieux naturels, la surexploitation de ressources naturelles, des pollutions, une perturbation d’écosystèmes ou enfin des émissions de gaz à effet de serre 13. La responsabilité environnementale consiste donc à déterminer son empreinte environnementale et à la maîtriser. Pour ce faire, le question- nement, inédit, est vaste et technique. Afin de mettre en relief les différentes composantes de l’empreinte environnementale et ne pas se perdre dans des investigations sans fin, il est nécessaire d’introduire la notion de gravité des 13 Typologie établie par l’Evaluation des Ecosystèmes du Millénaire (EEM) à l’initiative des Nations Unies. 27
  • 30. dommages causés à l’environnement et de s’attaquer ainsi aux risques et aux dommages les plus graves. Le niveau de gravité va dépendre de multiples facteurs : I Les dommages sont-ils avérés ou seulement potentiels ? I Des antécédents viennent-ils renforcer la probabilité de survenance des risques ? I S’agit-il de les prévenir ou bien de les contenir puis de les résorber ? I Sur quoi portent les risques : la santé, la sécurité des personnes ou des espèces animales, les écosystèmes… ? I Les dommages peuvent-ils s’aggraver par combinaison à d’autres phéno- mènes ? I Quelle est leur persistance dans le temps et sont-ils réversibles ou non ? I Enfin, à toutes ces questions, s’ajoute celle de la certitude scientifique de la causalité entre le facteur de risque et le risque lui-même. Le caractère incertain tend à atténuer l’urgence de l’action, mais la potentialité de consé- quences graves nécessite néanmoins une prise en compte anticipée des risques. Exploiter la connaissance de l’empreinte Seule une connaissance étayée du niveau de gravité des dommages et des risques permet de chercher les voies d’amélioration dans la conception des produits ou dans l’efficacité des procédés de production. Pour procéder aux bons arbitrages, l’entreprise doit donc savoir produire et communiquer de nouvelles informations. Les investigations conduisent régulièrement à des résultats inattendus. Une société de restauration, par exemple, a pu constater que les prépara- tions lyophilisées présentaient un meilleur bilan environnemental que les plats préparés en cuisine, du fait d’un lavage rationnalisé des produits et d’une réfrigération limitée. 28
  • 31. Par ailleurs, seule la mesure de l’empreinte permet de déclarer sérieu- sement des progrès ou des mérites et de s’en prévaloir auprès de ses clients. Tous ces points doivent s’inscrire évidemment dans une recherche de viabilité économique. La diminution des déchets ne doit pas augmenter le prix des produits. Le choix d’options logistiques moins polluantes ne doit pas pénaliser la qualité de services, etc. Une responsabilité plus forte dans certains secteurs Cette responsabilité concerne en tout premier lieu les entreprises indus- trielles et en particulier celles qui opèrent dans les pays émergents. Pour des raisons similaires, les distributeurs sont aussi pleinement concernés. Le choix des marchandises que ces entreprises commercialisent engage leur respon- sabilité et tout particulièrement les produits en marque propre. D’autres entreprises de service, comme celles du transport ou des télé- communications, doivent s’interroger sur les équipements utilisés pour l’exercice de leurs activités. Le transport aérien civil représente à lui seul 3 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Il en va de même pour le monde de l’Internet 14. Quant aux banques et aux assureurs, ils doivent intégrer dans le péri- mètre de leurs empreintes, les impacts indirects générés par les financements d’investissements industriels, le crédit à la consommation ou encore leurs couvertures assurantielles. 14 La seule entreprise Google gère plus de 800 000 serveurs dans le monde et nécessite annuel- lement l’équivalent énergétique de deux centrales nucléaires pour une puissance de 2TWh (source Gartner). 29
  • 32. Déterminer sa responsabilité sociale La responsabilité sociale consiste à se soucier de l’empreinte sociale, c’est-à-dire fondamentalement du bien-être des personnes et de l’équité de leur traitement. Cette responsabilité se décline selon les points suivants : I L’équité de traitement entre les individus. Cela concerne la parité hommes- femmes, la non discrimination des seniors et des personnes handicapées. Le principe d’équité commence par la politique de recrutement mais doit s’as- surer que les personnes concernées bénéficient de parcours de carrière adaptés. Les femmes doivent pouvoir accéder à des postes à responsabilité tout en étant mère de famille. Les salariés handicapés doivent pouvoir déclarer leur handicap, sans craindre pour leur parcours professionnel. Enfin, de nouveaux services se développent pour faciliter l'intégration des personnes handicapées. C'est le cas, par exemple, du service Tadeo acces- sible par internet, qui permet à des personnes sourdes et malentendantes de travailler et de communiquer normalement, en direct ou au téléphone. I La gestion de la diversité. La diversité peut être vue de façon différente par les entreprises selon leurs métiers ou leurs secteurs. Pour certaine sociétés, il s’agit de favoriser les embauches de femmes, pour d’autres, cela impliquera l’emploi de personnes issues de l’immigration, ou des seniors. I Le développement de l’employabilité des collaborateurs. La politique d’em- ployabilité vise à favoriser la capacité des salariés à être potentiellement employés dans une nouvelle structure. Utilisée dans les politiques d’emploi et d’insertion professionnelle, elle est souvent limitée aux situations d’urgence, comme les restructurations. Or, l’évolution des mentalités donne au principe d’employabilité une dimension nouvelle dans les politiques de GRH actuelles. Ces politiques constitueront un élément de plus en plus attractif pour les candidats. I La garantie de conditions de travail saines. Ceci s’applique aussi bien pour la sécurité physique que psychique. Ces aspects se mesurent par le taux d’acci- dents du travail, le niveau d’absentéisme pour maladie ou le développement de situations de stress pouvant mener aux états dépressifs, voire aux suicides. 30
  • 33. I L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Cette tendance récente des aspirations personnelles nécessite d’être intégrée dans la gestion opérationnelle des collaborateurs. I Le développement de l’emploi et le bien-être des communautés. Au-delà de la performance financière, l’entreprise a un rôle majeur dans le dévelop- pement économique, notamment par la préservation, voire la création d’emplois dans les régions où elle mène ses activités et réalise son chiffre d’af- faires. Plus globalement, l’entreprise se doit désormais d’être attentive aux communautés locales qui se situent dans le périmètre de ses activités et doit contribuer à l’amélioration de leur bien-être. I Une éthique solide des affaires. Il s’agit ici de combattre les pratiques de corruption, mais aussi d’instaurer de nouvelles règles de déontologie et notamment de transparence. L’animation d’une culture commune autour de la responsabilité sociale constitue un liant indispensable pour la rendre crédible et pérenne. Cette culture s’incarne par des pratiques de communication et d’échanges et par l’exemplarité du management. Par l’ensemble de ces nouvelles démarches de responsabilité sociale, l’entreprise renforce sa réputation, limite l’absentéisme, contient le turn-over et renforce sa marque ‘employeur’. Cela lui permet d’élargir et de diversifier son recrutement, de motiver ses salariés et de tirer le meilleur de leur potentiel. Le bénéfice ultime est d’avoir une organisation productive, inventive, adaptable et rentable. La prise en compte attentive de ces facteurs peut s’avérer une des clés du succès de l’entreprise. C’est le cas de la société Trisélec 15, qui a permis le développement du tri sélectif et du recyclage des déchets ménagers dans la région lilloise. Pour répondre à ses besoins de main-d’œuvre, cette entreprise a fait le choix d’employer dans ses effectifs une part importante de travailleurs en situation de précarité, dont 6 % sont illettrés. Sur un effectif d’environ 400 personnes, 16 nationalités sont présentes. Ces personnes bénéficient de 15 TriSélec a obtenu un prix spécial lors du 1er trophée européen du Développement Durable, co- organisé par Sopra Consulting et E-I Consulting Group. 31
  • 34. formations qui les préparent à une insertion durable dans le monde du travail. Une attention particulière a été apportée à l’ergonomie des espaces de travail - l’entreprise a reçu un prix d’architecture - et les collaborateurs sont très régulièrement invités à s’exprimer sur des actions d’amélioration. Au résultat, les indicateurs sociaux et économiques de l’entreprise surperforment ceux de son secteur. Trisélec a le taux de recyclage le plus élevé (92 %) en France et dégage une marge opérationnelle de 15 %. Traiter les risques liés aux empreintes L’analyse des responsabilités environnementales ou sociales met en évidence des risques. La prise en compte de ces risques impose trois obliga- tions à l’entreprise : anticiper ces risques, informer et, le cas échéant, réparer les dommages. Tout d’abord, l’entreprise doit en effet se préoccuper des consé- quences prévisibles, même lointaines ou diluées, de ses activités. Dans le même temps, elle doit effectuer en amont les démarches requises afin de prévenir les dommages possibles. La deuxième obligation est de rendre publique, au moins partiellement, l’information sur les bilans tels que les bilans environnementaux, les effets ou les risques potentiels s’ils sont sérieux. L’initiative du Carbon Disclosure Project 16, qui invite les entreprises à publier régulièrement leurs bilans de gaz à effet de serre, va exactement dans ce sens et sera à terme rejointe par des initiatives similaires dans les domaines de l’eau, des forêts, de la biodiversité ou encore des bilans sociaux. 16 Le Carbon Disclosure Project (CDP) rassemble des investisseurs institutionnels et des entreprises. Il incite les acteurs économiques à améliorer la qualité de l’information publiée, en les interrogeant chaque année, via un questionnaire, sur leur prise en compte du changement climatique et sur leurs émissions de gaz à effet de serre. Ses résultats sont publiés chaque année. 32
  • 35. Enfin, la dernière obligation concerne la réparation, quand des dommages sont avérés. Les décisions de justice sont pour cela souvent nécessaires. Selon la connaissance des risques et la capacité à les maîtriser, les comportements adaptés sont la prudence, la prévention ou la précaution : I Dans le cas où les risques sont avérés et si l’on peut estimer la fréquence d'occurrence, l’attitude adéquate est la prudence. Cette attitude conduit à mettre en œuvre les mesures qui empêchent l’avènement du risque. L’ob- jectif de risque ‘zéro’ paraît être le seul tolérable, si une solution alternative existe. Pour exemple, l’amiante, connue pour ses effets cancérigènes, est interdite dans les matériaux de construction. I Lorsque les risques sont avérés, mais la fréquence d'occurrence n’est pas prévisible, car dépendante de circonstances complexes, la bonne démarche doit être la prévention. L'incertitude ne porte pas sur le risque, mais sur sa réali- sation. Dans ce cas, les mesures d’évitement doivent être complétées par des mesures pour limiter la gravité des conséquences. Le cas d’une rupture d’un oléoduc ne peut être complètement évité, la prévention s’attache donc à mettre en œuvre les moyens pour contenir les dommages potentiels. I Enfin, dans le cas des risques non-avérés, sans certitudes scientifiques, mais pour lesquels des indices, même très faibles, indiquent la possibilité d’une menace grave, il faut s’appuyer sur le principe de précaution 17. Ce principe s’applique à des domaines nouveaux, qui ne disposent pas de statistiques. Il en résulte le caractère hypothétique de la réalité et de la gravité des dommages possibles. La nocivité potentielle des ondes liées aux téléphones portables ou des émissions humaines de gaz à effet de serre en sont des illustrations marquantes. Une telle démarche ne s’assimile pas à une règle de l’inaction, mais elle rend nécessaire de définir les risques qu’il est oui ou non acceptable de prendre. 17 Selon la loi : « l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût économiquement acceptable ». 33
  • 36. 34
  • 37. La Vulnérabilité en lien avec les enjeux du Développement Durable L es conséquences de la dégradation de l’environnement, pour lesquelles l’entreprise n’est nullement responsable, peuvent perturber l’exercice de son activité, qu’il s’agisse de disparition de ressources ou d’altération de leurs qualités. L’analyse de la vulnérabilité s’intéresse aux risques possibles en lien avec des facteurs environnementaux ou sociaux et leurs conséquences potentielles, dont le premier effet est un enchérissement du coût des matières précédant leur rationnement. Par ailleurs, à mesure que des pratiques inspirées des principes de Dura- bilité s’instaurent, la vulnérabilité de l’entreprise peut aussi provenir du fait d’antagonismes entre l’activité de l’entreprise et ces principes. 35
  • 38. Prendre la mesure des risques de raréfaction de ressources Les entreprises ont pensé leur activité en considérant les ressources matérielles nécessaires comme illimitées. L’augmentation très forte des besoins en ressources matérielles rend réels les risques de pénurie temporaire ou définitive sur nombre d’entre-elles. Raréfaction et enchérissement menacent donc toutes les industries et leurs clients qui peuvent en prendre parfois brutalement conscience. Ce n’est que très récemment que les compagnies aériennes se sont mises à tester des carburants autres que le kérosène. Concernant les produits alimentaires, le réchauffement climatique crée déjà des tensions sur l’offre de blé, de café ou de thé par exemple. Le problème est tout aussi aigu pour les matières premières rares telles que l'indium, nécessaire à la fabrication des écrans plats, le tantale indispen- sable dans la téléphonie ou encore les terres rares qui entrent dans la fabri- cation des moteurs hybrides et dans de nombreux produits de haute technologie. Ces matières premières rares sont concentrées dans un nombre limité de pays, notamment la Chine, ce qui rend leur accès d’autant plus difficile. Le risque peut venir également de l’altération de ces ressources par le fait de pollutions, au point de les rendre impropres à leur utilisation. On pense à l’eau pour les industries agro-alimentaires. La menace peut aussi être juri- dique, quand la loi s’apprête à interdire des substances dangereuses, ce qui impose donc à l’industriel de rechercher des substituts. Sur les moyens et longs termes, se pose la question cruciale de la dépen- dance à ces matières et aux façons de garantir leur approvisionnement à des coûts viables ou au contraire à rechercher toutes les alternatives. 36
  • 39. Prendre la mesure des risques d’antagonisme à la Durabilité S’il n’existe sans doute aucun secteur intrinsèquement irréconciliable avec le Développement Durable, la vulnérabilité peut néanmoins provenir d’une fragilité stratégique au regard des logiques qui en découlent. L’appli- cation des principes de sobriété ou de non-nocivité peut conduire, si rien n’est entrepris, à obérer les perspectives de développement ou de rentabilité. Les entreprises de distribution de l’eau connaissent la contradiction posée par leur modèle même de revenus. En effet, elles ont intérêt à toujours distribuer plus d’eau sans regarder l’efficience de son usage. Dans des villes, où les réseaux en place sont complets et les tarifs de l’eau régulés pour des raisons sociales, la marge de développement pour ces compagnies est en principe l’accroissement de la consommation d’eau. Inciter leurs clients à modérer leur consommation va à l’encontre de leurs intérêts directs. Une des solutions à cette problématique se trouve dans une réforme à conduire pour le financement du service de distribution de l’eau, prévoyant une contri- bution plus soutenue de la part publique. Les énergéticiens font face à un dilemme similaire. Ils n’ont en effet, à priori, que peu d’intérêt à promouvoir l’efficience énergétique de leurs clients. Il a fallu instaurer en France le méca- nisme des certificats d’économie d’énergie, assorti d’une menace financière, pour stimuler la recherche d’économies d’énergie. Les constructeurs automobiles sont confrontés à un défi d’une autre nature. S’il est entendu que la voiture individuelle est un moyen de transport peu éco-efficient 18 face aux alternatives du transport en commun, des cycles ou de l’auto-partage, s’il est entendu que les petits modèles sont préférables aux grosses cylindrées, les constructeurs doivent alors accepter d’eux-mêmes une contraction de la taille de leur marché, ce qui est difficile à concevoir. 18 Le taux moyen d’occupation en passagers est de 1,32 en France. Quand les véhicules sont prévus pour 4 ou 5 passagers, on mesure l’ampleur du gaspillage par l’écart entre la capacité de transport et le besoin réel. 37
  • 40. Pour autant, les modalités alternatives de mobilité individuelle existent, comme le véhicule éléctrique et sont développées par des acteurs nouveaux dont certains sont des groupes puissants. Enfin, si une entreprise mène une activité réputée potentiellement dangereuse, la discussion éthique avec les parties prenantes s’impose pour paraître ‘acceptable’ et ainsi tempérer, voire contrer les mises au banc. Il s’agit alors de suggérer, sous un jour nouveau, des bénéfices sous-estimés. L’industrie de l’énergie nucléaire met ainsi en avant ses vertus de propreté, en insistant sur ses très faibles émissions de carbone, pour être plus discrète sur les déchets de combustibles. Dans tous les cas, transformer le risque en opportunité est nécessaire, qu’il s’agisse de se prémunir contre de nouveaux arrivants, de préserver sa longueur d’avance ou de se différencier avec succès. L’entreprise doit entretenir un portefeuille de projets innovants, expérimenter des tech- nologies émergentes pour amener à maturité de véritables alternatives durables. Elle doit faire évoluer son métier, sans attendre la contrainte de la réglementation ou la pression de la concurrence. Dans cet esprit de recherche d’opportunités, Dassault Aviation travaille, à titre d’étude, sur un scénario ‘100 % écologique’ et participe au projet d’avion solaire Solar Impulse. Les fabricants d’ampoules électriques ont su réinventer leur marché. Cela sera peut-être le cas pour Renault-Nissan avec sa gamme complète de véhicules électriques. C’est moins le cas, à ce jour, pour les céréaliers français qui ne savent pas satisfaire la demande du marché français en céréales Bio. 38
  • 41. 39
  • 42. 40
  • 43. De nouvelles Opportunités à appréhender Loin de se limiter à de nouvelles contraintes et à de nouveaux risques, les logiques du Développement Durable présentent très clairement des opportu- nités pour renforcer la compétitivité et favoriser la croissance des entreprises. Le champ de l’innovation est vaste et recèle des possibilités considérables de dévelop- pement. A l’orée du nouveau millénaire, les énergies renouvelables ne représentaient presque rien. Elles représentent actuellement 4 % du mix énergétique mondial et devraient atteindre 20 % au terme de la décennie 2010 ! En 2003, l’industriel General Electric a lancé une gamme de produits Ecomagination qui pèse aujourd’hui 20 milliards de dollars. Ces exemples doivent inciter les entreprises à regarder au-delà de la simple exploitation de leurs actifs présents et à s’interroger sur ce qui est accessible au regard de la maîtrise de leurs marchés et de leurs savoir-faire. 41
  • 44. Les logiques opérationnelles de la Durabilité Ces logiques s’articulent autour des points suivants : I Principes d’économie circulaire. I Développement de l’économie de l’usage. I Solutions d’efficience des consommations en énergie et en eau. I Solutions non-fossiles de production énergétique. I Solutions d’efficience matérielle. I Faire valoir ses mérites. Les principes d’économie circulaire Les principes d’économie circulaire annoncent le développement à grande échelle de filières de réutilisation et de recyclage ; ces principes partent de la conception et vont jusqu’à la réutilisation en fin de vie : I La conception de produits doit recourir à des produits sans nocivité, si possible biodégradables et permettant un usage long. Elle doit aussi prévoir un démantèlement facile et économique en fin de vie de façon à permettre la réutilisation ultérieure des matières. Cette conception est appelée du berceau-au-berceau 19 lorsqu’elle vise une réutilisation intégrale des maté- riaux. I La réutilisation passe par le développement de filières de réutilisation des matériaux, comprenant la collecte des matières, leurs tris, les traitements physiques ou chimiques et leur transformation en matières premières secon- daires. On mesure l’importance des opportunités quand on sait qu’en France seulement 20 % des produits ménagers en fin de vie entrent effectivement dans les filières du recyclage ; le reste est incinéré ou mis en décharge. Les activités industrielles recèlent des opportunités équivalentes, en cherchant à utiliser les coproduits plutôt qu‘à les enfouir. C’est le cas des cimentiers, qui 19 La conception Berceau-au-Berceau (Cradle-to-Cradle) fait l’objet de certification. 42
  • 45. renforcent le béton depuis peu avec des poussières issues de la combustion du charbon dans les centrales thermiques. Dans le même ordre d’idées, des cultures de micro-algues sont expéri- mentées pour produire des biocarburants en utilisant la masse de CO2 issue des centrales thermiques. Ceci est fait, contrairement aux biocarburants de première génération, sans causer de déforestation ni créer de concurrence avec les cultures alimentaires. Pour les métaux rares, la récupération et le recyclage des appareils électroniques quotidiens constituent une source essentielle d'approvision- nement. Cette source est actuellement sous-exploitée. Développement de l’économie de l’usage Cette économie prône l’usage de biens qui restent sous la responsabilité d’un opérateur. L’intérêt est, d’une part, de mutualiser des équipements et des compétences de maintenance et, d’autre part, d’assurer la mise à dispo- sition de moyens en fonction des besoins. Cela incite également l’opérateur des biens à utiliser des produits très robustes et donc très ‘durables’. Ce dernier point rompt avec la programmation de l’obsolescence du produit pour créer un marché du remplacement. Pour cela il faut intégrer dans la réflexion l’unité fonctionnelle de l’usage et mettre en regard le service sur mesure. On peut avantageusement recourir aux méthodes d’analyse fonctionnelle et d’analyse de la valeur, par exemple : I Avec le cloud-computing, des prestataires comme Amazon ou Google proposent d’utiliser des puissances de traitement et de stockage informa- tiques mutualisées et sur mesure. Cela évite aux utilisateurs de se doter eux- mêmes de serveurs qui seraient sous-utilisés. 43
  • 46. I Le développement de l’auto-partage fournit une autre illustration. Pour le trajet d’un individu, on met à disposition un véhicule de type Smart voire un deux-roues, tandis que pour le transport d’une famille, on propose une berline. Sur un parcours de moyenne distance, une partie à fort trafic peut se faire en transport en commun, tandis que le ‘dernier kilomètre’ peut se faire avec un véhicule individuel. Sur ce sujet, les technologies de l’information jouent un grand rôle dans le succès des dispositifs, en permettant de fluidifier la gestion des flottes de véhicules. I Ce principe peut s’appliquer également à d’autres domaines, aussi bien pour la consommation des particuliers (biens culturels, vêtements et acces- soires, électroménager, outillage de l’habitat et du jardin) que pour l’équi- pement des industries et des services. Toutefois, les facteurs de succès à réunir sont nombreux et complexes. Le passage à une économie de l’usage exige notamment de nouveaux modes de financement et de revenus. Le renoncement à la vente d’un bien au profit d’une mise à disposition de ce bien doit être compensé par des revenus de services issus de la location, de la maintenance, de la vente de consom- mables ou d’autres services connexes, tels que la formation par exemple. Solutions d’efficience des consommations en énergie et en eau Ces solutions réduisent les besoins en énergie et en eau pour arriver à un même résultat souhaité. Les principes directeurs sont les suivants : I Dès la conception, il s’agit de réduire intrinsèquement les besoins par le choix des matériaux et la prise en compte des contextes d’usage du bien. Pour les bâtiments, il s’agit de penser l’aménagement interne des bâtiments et l’intégration dans l’environnement extérieur 20. 20 Ces principes sont repris par les normes actuelles BBC (Bâtiment à Basse Consommation), ou HQE (Haute Qualité Environnementale) et futures (Règlementation Technique 2012). 44
  • 47. I Il s’agit aussi d’intégrer des dispositifs de toute nature (mécanique, informa- tique…) qui régulent l’adéquation entre les consommations et leurs motifs. Avec son composant ‘stop start’, l’équipementier Valeo permet ainsi de consommer du carburant, uniquement lorsque le véhicule avance et non plus sur les temps d’immobilisation d’un parcours. Selon Valeo, les gains en carburant constatés sont de 9 %. Dans le domaine des bâtiments, les systèmes informatiques assortis de capteurs, permettent un usage raisonné des systèmes d’éclairage, de chauffage ou de climatisation, en les rendant capables de prendre en compte l’occupation réelle du bâtiment et les conditions thermiques à un instant donné. Parmi les moyens informatiques innovants, citons la plate-forme Internet Pachube, qui permet de façon ouverte de mettre en relation les capteurs de tout type d’appareils, et notamment des compteurs électriques communi- cants. Cette plate-forme ouvre des possibilités nouvelles pour rationnaliser la consommation. D’autres plate-formes telles qu’Ohm de Microsoft ou Efficiency 2.0 ont les mêmes objectifs. I La recherche de l’efficience amène à préférer le remplacement d’un équi- pement énergivore pour un autre plus économe et à financer ce rempla- cement par les économies d’énergie ou d’eau associées. La mise en perspective des coûts d’investissement et des coûts opérationnels comme le prône la méthode du TCO 21, met en évidence les arbitrages pertinents dans ce domaine. Parallèlement, il faut assurer une maintenance technique des appareils pour en vérifier les réglages. Des appareils intelligents comportent des cellules d’alerte, qui vont jusqu’à fournir des détails sur les besoins de maintenance. 21 TCO : Total Cost of Ownership, soit le coût total de possession d’un bien d’équipement. 45
  • 48. I Enfin, l’efficience passe par une rationalisation des besoins de transport des produits et des personnes dans les activités de production et de consom- mation : - Fabriquer des produits destinés à une consommation locale, ou à défaut, privilégier les moyens logistiques les moins polluants (transports maritime, fluvial, ferroviaire). - Développer le travail à distance : bureaux de télétravail, salles de télé- présence pour éviter notamment les déplacements sur longue distance. - Développer la mixité des zones urbaines, offrant des emplois à proximité des lieux d’habitation et des lieux de commerces. Solutions non-fossiles de production énergétique Alors que nos économies sont dépendantes des hydrocarbures, les nouvelles solutions de production d’énergie émergent néanmoins de toutes parts : énergie solaire, éoliennes terrestres ou marines, hydroliennes marines ou fluviales, géothermie, osmose, biocarburants, méthanisation de la biomasse, cogénération, piles à combustible… La mise au point des nouveaux procédés ou nouveaux types d’instal- lation est actuellement ouverte à tout type d’acteur, allant de la start-up cali- fornienne qui met au point la bloom box 22, aux poids lourds de l’industrie énergétique. Solutions d’efficience matérielle Les solutions d’efficience matérielle visent à atteindre une utilisation satis- faisante des matériaux, en en minimisant la quantité nécessaire et péren- nisant la disponibilité future de ces matériaux. Pour cela, il faut notamment : I Recourir à des matériaux naturels renouvelables et réserver les ressources qui ne sont pas renouvelables aux usages les plus vitaux. La ponction de 22 La bloom box est un générateur électrique, de nouvelle génération, basé sur des piles à combustible. 46
  • 49. ressources renouvelables, doit s’effectuer dans des proportions qui permettent aux stocks de se reconstituer. La pêche dite responsable vise ainsi à définir des quotas de prélèvement de la ressource halieutique. I Veiller toujours à préserver l’environnement lors de l’extraction des matières. Pour extraire les minerais, l’industrie minière doit par exemple, bannir les procédés de destruction intégrale de montagnes, qui font disparaître les écosystèmes et polluent les cours d’eau. I Trouver des alternatives aux matériaux tirés du pétrole, comme le permet la chimie végétale avec ses très nombreux débouchés (énergie, alimentation humaine et animale, cosmétiques, matériaux de construction, tensio- actifs…). I Utiliser au mieux la résistance des matériaux : ajustement de l’épaisseur des tôles, diminution du grammage du papier, des films plastiques ou des cartons d’emballage,… Pour exemple, le Comité Interprofessionnel des Vins de Champagne a pris la décision, suite à un bilan environnemental, d’alléger le poids des bouteilles en passant de 900 à 835 grammes. Derrière le bénéfice écologique, on perçoit immédiatement le gain économique par la réduction de matière et l’allégement du coût logistique. Faire valoir ses mérites Saisir les opportunités du Développement Durable, c’est bien sûr se prévaloir auprès de ses clients de vertus durables crédibles et être convaincant dans son engagement de progrès. Cette crédibilité passe par la mise en cohérence de ses actions et par une avance avérée au regard de l’état de l’art. La cohérence implique de s’assurer qu’aucun risque écolo- gique indirect ne vienne entacher les allégations. Un tel contre-exemple est fourni par l’utilisation de l’huile de palme non-certifiée dans la conception de nombreux produits, qui sont néanmoins présentés comme ‘naturel’, à juste titre, mais aussi comme vertueux, à tort. 47
  • 50. La cohérence exige également un équilibre entre le volet environne- mental et le volet social. L’adhésion à une marque sur des valeurs d’éthique ne supporte pas de contradiction criante. Qu’importe qu’un produit soit labellisé ‘vert’, si les medias révèlent au grand jour les suicides en série chez un sous-traitant chinois impliqué dans la fabrication de ce produit, comme ce fut le cas pour Apple en 2010. Pour toutes ces raisons, une démarche rigoureuse, équilibrée et coordonnée à l’échelle de l’entreprise est nécessaire et conditionne le succès des nouvelles offres. Ainsi les entreprises les plus avancées se distinguent par des pratiques exemplaires dans les domaines sociaux et environnementaux. Coco Mat 23, fabricant grec de matelas et de lingerie, ou Trisélec, société de tri sélectif, sont de bons exemples d’entreprises de taille moyenne, qui sont remarquables dans leur capacité à faire face à leurs responsabilités sociales et environnementales et à en tirer profit. 23 L’entreprise Coco Mat crée des matelas conçus exclusivement à partir de fibres de noix de coco, matériau entièrement renouvelable, naturel et abondant. Sa politique sociale se remarque par la place donnée à des collaborateurs handicapés ou à des réfugiés. Cette entreprise a obtenu un prix spécial lors du 1er trophée du Développement Durable co-organisé par Sopra Consulting. 48
  • 51. Les opportunités du social business Enfin, il reste à mentionner les opportunités du Social Business. Le Social Business s’intéresse aux marchés que constituent les 2,5 milliards de personnes, dont les revenus individuels sont très faibles (1 à 2,5 dollars par jour) et consti- tuent de ce fait le ‘bas de la pyramide’ de la population mondiale. Ces marchés, longtemps ignorés, commencent à être intégrés dans les stratégies de développement de grands groupes. Avec succès, Danone a mis au point au Bangladesh un modèle opérationnel entièrement dédié à l’approvision- nement en produits laitiers nutritifs spécialement conçus pour les plus démunis. Schneider Electric fait de même pour développer les marchés de l’électrifi- cation « off-grid » (non-relié au réseau électrique) en Afrique et en Inde. Son programme développe non seulement une offre dédiée et adaptée au manque d’équipement, mais il met aussi à disposition des ressources finan- cières pour dynamiser la création d’entreprises dans le domaine de l’énergie et forme aux métiers de l’électricité pour pallier les pénuries locales de compétences. 49
  • 52. 50
  • 53. Le Développement Durable au cœur des organisations Q uand une direction d’entreprise a identifié ses propres enjeux de Déve- loppement Durable, la nécessité d’agir se précise. Au préalable, il est important pour l’entreprise d’apprécier sa propre maturité en termes de Dura- bilité et de se situer dans le champ concurrentiel. Les éléments sont alors réunis pour construire la feuille de route et pour passer à la mise en œuvre au sein de l’entreprise. Apprécier sa maturité Pour cadrer son action, l’entreprise a besoin de compléter son appré- hension des enjeux par son propre état des lieux. L’état de la maturité de l’en- treprise s’apprécie sur les objectifs, les moyens et les résultats de sa politique de Développement Durable. Les questions qui se posent sont les suivantes : I Sur les objectifs fixés : sont-ils ambitieux, visibles, chiffrés, réalistes, éche- lonnés dans le temps et donc engageants et mesurables ? Couvrent-ils bien le champ des responsabilités et des opportunités ? Quels sont les objectifs des concurrents ? 51
  • 54. I Sur les moyens mis en regard des objectifs : sont-ils adaptés ? Le mana- gement est-il réellement investi ? Des procédures formelles viennent-elles en appui des politiques ? Des moyens de pilotage et de reporting sont-ils en place ? I Sur les résultats : comment se situent-ils au regard des objectifs ? Les échecs sont-ils gérés de façon transparente ? Quelles sont les appréciations des diffé- rentes parties prenantes ? Ce tour d’horizon permet de situer la maturité de l’entreprise. Celle-ci peut être comparée à ses pairs ou aux meilleures pratiques connues. L’état des lieux ainsi obtenu vient nourrir la réflexion sur les plans d’actions et renseigne sur l’opportunité d’agir dans des échéances proches. Schéma 6 – Appréciation de la maturité d’une démarche de Développement Durable Réalité des Étendue pouvoirs de des objectifs management (Env./Social/ Offre…) Existence des procédures Niveaux de DD d’ambition Observation Observation Pertinence des objectifs des moyens des ressources Visibilité des objectifs Pertinence des moyens Observation de contrôle des résultats Indicateurs Gestion des de résultats Controverses - Transparence Points de vue des acteurs 52
  • 55. Construire son plan directeur Les réflexions engagées permettent de recenser les actions potentielles, de les prioriser selon des critères précis et ainsi d’élaborer un plan d’actions inscrit dans le temps, avec une logique de construction et fonction des dispo- nibilités financières. L’élaboration d’un plan directeur est indispensable pour rationnaliser les actions, leur donner une cohérence puissante et visible et leur donner une véritable dynamique. L’exposition de l’entreprise aux enjeux du Développement Durable, caractérisée par les opportunités, les responsabilités et les risques d’une part, l’appréciation de la maturité de l’entreprise d’autre part, offre une vision sur les actions à entreprendre ou à poursuivre. La situation d’une entreprise peut être caractérisée sur un diagramme croisant ces deux dimensions (cf. schéma 7). Pour les entreprises fortement exposées aux enjeux, l’anticipation stratégique est l’attitude indispensable. Dans cette catégorie, on retrouve les acteurs leaders de leurs marchés, qui se sont façonné une vision ‘durable’. Cette vision les guide pour avancer. On y trouve aussi des entreprises qui se sont développées historiquement autour de valeurs éthiques comme le laboratoire pharmaceutique danois Novo Nordisk, aussi bien que des entreprises qui y sont venues par un grand virage straté- gique, comme Wal Mart. Pour certains, cette vision se renforce d’un caractère de quasi ‘mission’, comme pour Danone, qui place sa raison d’être dans une finalité profondément sociétale. Un tel sens de la mission est proba- blement nécessaire pour se lancer, bien avant les autres, dans le Social Business. Ces entreprises sont rejointes par le contingent des pragmatiques suiveurs, qui, observant les contraintes du moment et les opportunités les plus accessibles, se mettent en mouvement. Pour les entreprises moins exposées, un opportunisme éclairé peut les pousser à exploiter ces opportunités de développement, sans que cela ne recèle un caractère vital pour elles. 53
  • 56. Schéma 7 - Positionnement stratégique « Élevée » Exposition aux enjeux du DD dans l’activité Attentisme Anticipation L préjudiciable stratégique « Réactif » « Anticipatif » Pro-activité Opportunisme L Passivité éclairé « Modérée » De l’ensemble des investigations en ressort un panel d’actions poten- tielles. Celles-ci doivent être priorisées. La confrontation des quatre points de vue suivants permet d’y procéder (cf. schéma 8) : I La contribution à l’amélioration des empreintes environnementales ou sociales. I La réduction de la vulnérabilité de l’entreprise aux conséquences de l’érosion environnementale. 54
  • 57. I Les bénéfices économiques attendus, qu’il s’agisse de revenus additionnels, de réduction de coûts, voire de bénéfices non-financiers comme l’impact sur la réputation de l’entreprise. I Les exigences budgétaires, en termes de CAPEX 24 et d’OPEX 25. La qualification des critères permet de définir, en synthèse, des rangs de priorités parmi les actions. Cette matrice peut servir à apprécier un large panel d’actions, d’investissements et en quelque sorte entrer dans les usages habituels de sélection des projets, en complément d’une démarche tirée par la problématique du Développement Durable. Schéma 8 - Matrice des priorités Amélioration de l’empreinte Forte Modérée Forte Modérée Projet 1 Projet 2 Action n … Sans Présents Sans Priorisation Absents Nécessité Bénéfices d’investir économiques Avec Présents Avec Absents Forte Forte Modérée Modérée Réduction Vulnérabilité 24 CAPEX : Capital Expenditure. 25 OPEX : Operational Expenditure. 55
  • 58. Pour illustrer ce point, l’innovation dans les ampoules à basse consom- mation a été pour les fabricants un projet avec une forte amélioration de leur empreinte environnementale. Il a nécessité une capacité d’investissement importante pour adapter l’outil industriel. Mais il a aussi fait valoir des béné- fices économiques très importants, puisque cela devait dynamiser ce marché de remplacement au profit d’ampoules sensiblement plus chères. Ces entre- prises paraissaient modérément exposées à la vulnérabilité. Cette priorisation sur l’ensemble des sujets ayant trait au Dévelop- pement Durable permet de retenir ou d’exclure les actions, de les inscrire dans un horizon de temps, en fonction d’une logique de construction et au gré des disponibilités financières. Une mise en œuvre éminemment transverse Le Développement Durable se pose comme une problématique globale de management. Toutes les grandes directions de l’entreprise sont impliquées. Les directions générales et directions de la stratégie doivent se mobiliser et se saisir des changements qui se profilent sur les marchés. Le marketing doit anticiper les tendances, intégrer le Développement Durable dans le position- nement. Il doit aussi repérer de nouveaux segments de clientèle corres- pondant aux clients sensibles à l’éthique et concevoir des offres adéquates. Les Ressources Humaines sont naturellement appelées à prendre en charge la dimension humaine et sociale du Développement Durable. Mais elles doivent aussi répondre aux aspirations des collaborateurs actuels ou futurs à davantage de sens dans leur vie professionnelle. Elles doivent faire évoluer les métiers et inscrire le Développement Durable dans les objectifs individuels des collaborateurs, comme cela se pratique chez Danone ou Tesco par exemple. 56
  • 59. Les fonctions Achats, Production et Logistique doivent œuvrer à l’amé- lioration de l’empreinte environnementale et sociale des opérations. Les DSI doivent s’approprier le Green IT et les directions financières doivent intégrer dans leurs actions, les attentes éthiques des investisseurs et des actionnaires. La mission spécifique d’une direction dédiée La transversalité du Développement Durable doit être orchestrée, dynamisée et pilotée. C’est là, fondamentalement, la raison d’être d’une direction ad-hoc, dont on doit préciser clairement les prérogatives au regard de celles des autres directions. Ses objectifs La direction du Développement Durable doit intervenir à deux niveaux : I Au niveau stratégique : - Nourrir la réflexion stratégique : cerner les enjeux et les menaces, fixer les lignes directrices. - Assurer la déclinaison de la stratégie Développement Durable dans chacune des directions. - Veiller à la cohérence d’ensemble des démarches. - Mettre en place le système de pilotage nécessaire. - Développer une politique d’influence auprès des régulateurs 26. I Au niveau opérationnel : - Aider à fixer des objectifs et en suivre la progression. - Concevoir et déployer un système de reporting intégrant les indicateurs Développement Durable. 26 A titre d’exemple, Bolloré Division Papier, société spécialisée dans le papier à faible grammage, milite auprès d’organismes prescripteurs (Ademe) et de l’Etat pour la mise en place d’une classifi- cation des papiers en fonction des émissions de gaz à effet de serre généré par la fabrication. 57
  • 60. - Rechercher les synergies, mutualiser les outils et diffuser les expériences. - Animer le dialogue avec les parties prenantes. - Améliorer la compréhension des enjeux pour l’entreprise. - Homogénéiser et développer les compétences nouvelles. - Accompagner les responsables dans la réalisation de leurs objectifs. - Faire progresser les pratiques de l’entreprise en animant des démarches de progrès continu. Un rattachement élevé, en proximité sur les opérations La direction du Développement Durable doit s’exercer à un niveau central, de façon à garantir la cohérence des actions menées dans l’entre- prise et à leur donner de la puissance. Pour donner à cette direction le poids dont elle a besoin dans sa mission, elle doit être rattachée à la Direction Générale. L’ancrage au sein d’une direction de la Stratégie, quand elle existe, permet de donner cette hauteur nécessaire. Toutefois, il est tout aussi important d’assurer une véritable connexion avec les opérations. Pour déployer sa politique dans l’organisation, la direction centrale doit s’appuyer sur des instances qui rassemblent les autres grandes directions. Elle doit tisser un réseau, composé de relais officiels et de liens informels. Dans les grandes organisations, ces directions peuvent compter une vingtaine de personnes. Elles sont reliées à un nombre beaucoup plus important de correspondants au sein des autres directions, ceux-ci pouvant avoir un double rattachement. Enfin, ce sont tous les collaborateurs globalement qu’il faut impliquer dans la démarche, pour que le Développement Durable soit au cœur des préoccupations et des transformations. 58
  • 61. Pour conclure P rogresser dans une logique de Développement Durable engage les entreprises dans des transformations importantes, sources d’opportunités et de développement. Des changements profonds émergent dans tous les domaines : modèle économique, conduite des opérations, management des personnes, segmentation des marchés, constitution des portefeuilles d’offres, stratégie d’approvisionnement, gestion de l’innovation, ouverture aux acteurs extérieurs… La mesure de ces mutations a été prise par les entreprises leaders ou pionnières ; elles les projettent dans des plans d’actions pluriannuels et se situent elles-mêmes sur un parcours de progression. Les pratiques de gestion, les solutions techniques durables, les systèmes d’information sont en cours d’invention, d’adaptation ou de rodage. Parmi tous ces moyens, certains arrivent déjà à maturité. Dans un monde de changements rapides, la récurrence de trois ques- tions fondamentales doit guider la réflexion et l’action. Quelles responsabilités apparaissent sous un jour nouveau ? En quoi l’érosion des ressources natu- relles et la dégradation de l’environnement peuvent-elles menacer la conti- nuité de l’entreprise ? Quelles opportunités stratégiques s’ouvrent grâce au Développement Durable ? 59
  • 62. Les réponses apportées peuvent alors dicter les moyens à mettre en œuvre, en termes de management, d’orientation de l’innovation, de relation avec les clients et d’exécution dans les opérations. La cohérence d’ensemble est déterminante pour bâtir des stratégies de différentiation solides et en tirer des bénéfices durables. Ces questions et ces actions font appel à des domaines de compé- tences en partie déjà présents dans l’entreprise tels que la réflexion straté- gique, la gestion des risques et de la qualité, l’écoute des clients, le sourcing, les relations publiques, etc. Toutefois, de nouvelles compétences sont aussi nécessaires et de nouveaux points de vue doivent être entendus. Il s’agit d’envisager son activité dans une relation d’impact et de dépendance avec la nature et avec le vivant, il s’agit de comprendre les incidences des chan- gements climatiques et de savoir comment prendre sa part dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il faut savoir s’insérer dans les filières alternatives qui s’organisent : filières de produits certifiés, filières des matières premières secondaires et de valorisation des produits en fin de vie. Sur les volets sociaux, la gestion de la diversité, du handicap, la pratique de l’équité sont complexes et passent également par le recours à de nouvelles compé- tences. Il revient aux directions générales d’impulser ces changements qui sont majeurs pour leur entreprise et pour cela, de mobiliser les moyens nécessaires. 60
  • 63. À propos de Sopra Consulting Pôle Conseil de Sopra Group, Sopra Consulting accompagne les entre- prises dans leurs projets de transformation, partout en Europe. Avec près de 700 consultants, Sopra Consulting est aujourd’hui l’un des tout premiers acteurs français de conseil en stratégie, management, organisation et technologie. Pour toute information concernant cette publication : Sopra Consulting Sopra Group 92, avenue Charles de Gaulle - 92200 Neuilly sur Seine 9 bis, rue de Presbourg - 75116 Paris Tél. : 01 46 41 97 97 Tél. : 01 40 67 29 29
  • 64. w w w. s o p r a c o n s u l t i n g . c o m La pérennité des organisations passe aujourd’hui par la Durabilité. C’est ce qu’indique l’analyse développée par Sopra Consulting dans ce livre blanc, en s’appuyant sur l’expérience d’entreprises leaders de leurs secteurs et de PME innovantes. Au-delà des responsabilités assumées dans le rapport à l’environnement et aux personnes, ces entreprises engagées dans le Développement Durable savent anticiper les risques causés par la dégradation des ressources naturelles. Surtout, elles se développent en inventant, en mettant en œuvre ou en - commercialisant des solutions qui préservent l’environnement et garantissent un meilleur bien-être des personnes. La voie est désormais ouverte. D’autres entreprises, plus ou moins exposées aux enjeux du Développement Durable, suivent ce mouvement, pressées par les lois, attentives aux attentes clairement exprimées de leurs clients, interpellées par les leaders d’opinion. Toutefois, mettre en œuvre une stratégie de différentiation solide nécessite d’élaborer des plans d’actions cohérents, complets et ambitieux, impliquant chacune des fonctions de l’entreprise. Il s’agit de conduire la transformation qui permettra de créer de réels avantages compétitifs. w w w. s o p r a g r o u p . c o m