11. « La lecture numérique, ça commence quand on quitte la
lecture sur écran d’ordinateur pour disposer d’un objet à
lire qui élimine l’écran vertical, et permet que la lecture
devienne tout simplement posture du corps,
transportabilité, invisibilité du support. »
François Bon, Choisir, acheter une liseuse.
Image : opensourceway (flickr) cc-by-sa
24. Image : 'PixelPlacebo' (flickr) cc-by-nc
« Il y a quelque chose de reposant dans les
objets dédiés, les grille-pain, les presse-oranges.
On les utilise sans s’interroger, ils marchent
généralement assez longtemps, réclament peu
d’entretien. Ils trouvent leur place dans notre
quotidien, et rendent humblement de précieux
services en se faisant oublier.
Ces objets ne sont plus des « technologies », ils
sont simplement des objets familiers.
Telle pourrait être la liseuse, un objet reposant
nous permettant simplement, à certains
moments, de ne faire que lire. »
Virginie Clayssen
25. Equipement dans le monde : ordres de grandeur
2 milliards
X5
500 millions
X 10
50 millions
X2
25 millions
D’après F. Kaplan, La standardisation du livre et H. Guillaud, Les supports
du livre numérique.
27. Les formats
EPub : format ouvert, « reflowable », c’est-à-
dire qu’il s’adapte aux écrans des différents
supports sur lequel il est utilisé.
PDF : Initialement un format propriétaire
Adobe, il est maintenant un standard
ouvert.
AZW : format propriétaire d’Amazon utilisé
dans le Kindle.
28. Les applications
de lecture
IOS : IBooks, Stanza, Bluefire, Kobo…
Android : Aldiko, Kobo, Mantano Reader…
36. L’offre d’ebooks en France
A peine 15% des titres disponibles en papier le sont
en version numérique
(soit environ 80 000 titres, dont seulement 10 000 à
12 000 en epub)
Le MOTIF : EBOOKZ : L’offre légale et illégale de livres numériques,
mai 2011.
15%
37. « On ne devrait pas parler de chaîne du livre
mais de boucle du livre » (Hervé Le Crosnier)
43. De nouveaux modèles
économiques
Gratuité / conservation des données
personnelles
“Si vous ne payez pas pour quelque chose, vous n’êtes pas le
client, vous êtes le produit” (Andrew Lewis)
45. Le livre
numérique
• Histoire
• Technologie
• Ecosystème
Image : Mike Licht (flickr) cc-by
• Création
46. Le livre « homothétique »
"Les homothéties préservent
l'alignement des points et les
rapports algébriques. Elles
transforment une droite en une
droite qui lui est parallèle. En
géométrie euclidienne, elles
apparaissent comme des cas
particulier des similitudes ; les
homothéties préservent les angles
et dilatent les distances."
47. L’effet diligence
"Les premiers wagons
ressemblaient à des
Image : Wikimedia Commons
diligences et les premières
automobiles, à des
voitures à cheval. […] Le
risque est d’utiliser des
outils nouveaux avec des
protocoles anciens".
Jacques Perriault
49. Qu’est-ce qu’un livre ?
Image : Pablo Auladell
Un corpus (Michel Melot)
« Servir de support au texte n’est
pas le propre du livre […]. Bien
au contraire, pour l’écriture
comme pour l’image, le livre
est un carcan. La vraie raison
d’être du livre, c’est le corpus.
Seul le livre est adapté pour
arrêter l’écriture, y mettre un
terme et rassembler les
morceaux épars en un tout. »
50. Qu’est-ce qu’un livre ?
Un objet à 3 dimensions (Frédéric Kaplan)
– Dimension 0, ou l’unité, le mot.
– Dimension 1, le texte : « Représenter la réalité sous
cette forme est évidemment un défi. C’est l’impossible
mission de la littérature et du discours scientifique »
(Kaplan.)
– Dimension 2, cartes, diagrammes, tableaux : le plan,
support de projection ou lieu d’articulation de textes,
images, schémas ou le deux à la fois. « Ils aident à
“déployer nos idées en deux dimensions, les organiser
dans le plan.” (Kaplan).
– Dimension 3 : le livre imprimé comme “conteneur,
classeur de documents de dimension 2. « le livre
organise les pages, les cartes et les tableaux [...]. Il
articule dans l’espace une accumulation d’objets
potentiellement hétéroclites... C’est la fonction
architecturante. »
– Dimension 4 : applications, vidéos : introduction du
temps, du mouvement, de la vitesse, des flux
Frédéric Kaplan,
Le livre-papier comme projection du livre-ma
.
51. Et si le livre papier n’était que la
projection du livre-machine ?
Thierry Crouzet, Qu’est-ce qu’un livre électronique ?
61. “De la même manière qu’il n’est pas évident d’adapter un
texte en vidéo, le grande liberté que permet l’expansion
d’un livre-papier en livre-machine n’est en général
exploitée que très timidement. Il nous faudra du temps
avant de prendre nos marques dans cet espace large,
avant de savoir en exploiter les multiples articulations de
manière pertinente.”
Frédéric Kaplan
Faux Photography by Andyofne (flickr) cc-by
Un peu de terminologie : ne pas confondre ebook (ou la version quebecoise livrel), pour désigner les fichiers électroniques, et reader, ou liseuse, le support de lecture. Version française de la tablette : « l’ardoise ».
La même double logique (fichier ou terminal) se pose lorsqu’on cherche à déterminer l’acte de naissance du livre numérique : 40, ans si on remonte au Projet Gutenberg, le premier texte numérisé, le texte de la Déclaration de l’indépendance des Etats-Unis, en 1971. Ou bien 10 ans si on remonte aux premières tablettes commercialisées aux USA. Succès de l’ebook conditionné par démocratisation des supports. http://picasaweb.google.com/115758124164204837617/Booknologie?feat=embedwebsite&gsessionid=aw8X-S7Ht15Qtc8-Cb6o_g#5485279421629873426
En effet, selon une étude du cabinet Kearney, les ventes d’ebooks ne représenteraient que 0,5% des ventes totales de livres dans l’Hexagone, contre 7% au Royaume-Uni et 20% aux Etats-Unis. http://www.slideshare.net/IfBookThen/do-readers-dream-of-electronic-books
Début 2011 en France : 0,64% de la population a déjà lu un ebook sur liseuse.
A replacer aussi dans une histoire plus globale des révolutions du livre. 10 révolutions avant l’ebook : http://m.theatlantic.com/technology/archive/2010/08/10-reading-revolutions-before-e-books/62004 http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/9753/book-une-revolution-vous-voulez-rire Kaplan : histoire d’une standardisation, d’abord des règles de production, puis des règles d’usage. (Un système dont la production et l’usage sont standardisés est une machine, différence de l’outil et de la machine selon Simondon, on peut faire d’autres usages d’un outil, une machine ne sert qu’à ce pour quoi elle a été conçue). Le livre est une technologie, une technologie magnifique. Le livre numérique est aussi la chance du livre papier de qualité (développer de beaux objets pour offrir une vraie plus-value, livre jeunesse, d’art, notamment). Mort probable du livre de poche, seul subsisterait à terme marché du hardcover. Aux USA, l’ebook a déjà dépassé le livre de poche.
On peut aussi considérer qu’il y a dans l’avénement du livre numérique un retour à un état précédent l’imprimerie : Michel Melot, Du livre comme forme symbolique : le web est infini, comme le rouleau, le livre est fermé, clos, symbole d’une religion pour qui la venue du messie est déjà arrivée. Théorie de la « parenthèse Gutenberg » (Thomas Pettitt, professeur danois) : le numérique et la dépréciation du livre papier, la généralisation de l’autoédition, remet en cause l’idée du livre comme support de la vérité : « l’imprimé n’est plus la garantie de la vérité. Et le discours oral n’est plus synonyme d’erreur. »
Evolutions très longues, coexistence des usages et non remplacement immédiat d’une technologie par l’autre. De même, le rouleau a mis des décennies à supplanter la tablette, car les usages différaient (voir bas-relief avec les deux scribes akkadiens). Pour certains usages, la tablette était préférable. « On adopte un nouveau support quand il présente plus d’avantages qu’un ancien, pas uniquement quand il n’a que des avantages. » T. Crouzet Chaque étape de l’évolution de l’histoire du livre, l’innovation a été vue comme une dépréciation : Flaubert scandalisé par le passage de la plume d’oie à la plume métallique, éditeurs choqués en 1953 par le livre de poche où il n’y a plus besoin d’utiliser un coupe-papier… Et après coup on sait qu’on ne pourrait pas revenir en arrière dans la qualité de l’ergonomie. Cette opposition entre livre imprimé et livre numérique n’apporte rien, c’est binaire et pas très intéressant. Et surtout d’opposer deux lecteurs , alors qu’on sait qu’on lit encore plus quand on passe au numérique. C’est un enrichissement complémentaire (contenus, fonctionnalités) plus qu’une alternative réductrice.
Faire commencer l’histoire du livre numérique au projet Gutenberg, c’est ignorer cette dimension de l’usage : la lecture longue à besoin de supports légers, mobiles.
Terme proposé par Virginie Clayssen (chargée stratégie numérique groupe Editis), progressivement adopté. http://www.archicampus.net/wordpress/?p=1355
A la base de la liseuse, la technologie de l’affichage bistable. « - Le composant primaire est une micro capsule qui contient des particules blanches chargées négativement et des particules noires chargées positivement ; - Lorsque l'on applique un champ électrique négatif, les particules blanches se placent sur une extrémité de la capsule et les noires sur l'autre; - En plaçant des millions de ces capsules sur une surface et en les commandant par des champs électriques, on peut générer une image en 2 couleurs; - Par simple adjonction d'une matrice de filtres on obtient une version couleur (4096 couleurs). » Wikipedia
« Ce système est bistable, une seule impulsion de polarisation suffit à définir si le pixel est "allumé" ou non. De plus, le très fort contraste d'affichage rend l'éclairage direct ou indirect inutile, tout ceci entraîne un gain de consommation énergétique appréciable. | et permet de lire en plein soleil (à la diff de l’ipad) | - La très faible consommation de courant électrique : ce système consomme uniquement lors du changement de page, ensuite la page reste telle quelle sans consommation d'énergie, comme pour un livre, l'éclairage vient de la lumière ambiante. - La possibilité d'avoir des écrans souples, comme l'est le papier. » Wikipedia
Comparateur de liseuses : http://ereaderlookup.com/
Presque la moitié du marché pour le Kindle : le lecteur prononce quasiment des vœux perpétuels à Amazon. Les 3 types de clients cibles des liseuses : gros lecteurs, nomades, universitaires et professions intellectuelles Gros lecteur (plus de 20 livres par an) : 17% de la population de France 12% des Américains équipés d’une liseuse
Baisse des prix des liseuses. On peut même imaginer que dans un futur proche les machines seront "données" avec un abonnement Car supports commercialisés en lien avec des contenus, un catalogue : kindle, barnes and noble, fnac. Stratégies de verrouillage sur des catalogues liés. Ne plus avoir à passer par le navigateur web est la tendance générale (Sony survivra-t-il dans le domaine des liseuses ?)
Pour lire presse, BD, livres jeunesses, c’est la tablette qui s’impose (couleur, plus grande taille d’écran…). Pas même gamme de prix : 600€
Etude réalisée par la régie publicitaire Admob (Google) auprès de 1 430 utilisateurs de tablettes tactiles résidant aux Etats-Unis. L’étude a été réalisée en mars 2011. http://services.google.com/fh/files/blogs/AdMob%20-%20Tablet%20Survey.pdf
Politique d’Apple dans les applications depuis 2011 : interdiction des liens hypertextuels vers le web. Enfermement du lecteur et construction d’une boite noire. Android : système libre à l’origine, dans le code, mais souvent utilisé avec une logique de système propriétaire. Les systèmes type kobo-fnac pointent vers leur propre boutique.
Les perspectives : Nouvel enjeu : lecture magazines (expérience de lecture d’un magazine en noir et blanc : désastreux). Nouvel outil, plus petit que l’Ipad, beaucoup moins cher (250€) : Le Nook color de Barnes and Nobles et le Kindle color. Pas encore en France.
Quelle technologie va s’imposer ? « Controverse du grille-pain » (Virginie Clayssen) : Y a-t-il un avenir pour la liseuse face aux tablettes multifonctions, interactives ? http://www.archicampus.net/wordpress/?p=689 Un marché de niche.
En France : taux de pénétration tablettes 2,9 % et liseuses 0,2 %. Aux USA taux d’usage des deux supports équivalent (20%). Smartphone : ici écarté, pas un outil pour le livre numérique, à part en appoint grâce au cloud computing.
http://lafeuille.blog.lemonde.fr/2011/03/16/a-chaque-support-son-lecteur/ Amazon ne dévoile jamais de chiffres, mais kobo a fait connaitre ses stats utilisateurs 1 – Les gros lecteurs, plutôt sur liseuse, 7 commandes par mois en moyenne. Surtout de la fiction. 2 – Clientèle smartphone, beaucoup plus volage, le plus grand nombre. Achète moins fréquemment, micro-lecture, utilise beaucoup de gratuit 3 – « les mondains de l’Ipad », usage chez soi 4 – Le « Freegan », ou gratuivore, adepte de contenus libres de droit ou piratés.
Format epub, format standard et partagé. Sauf par le plus gros acteur du secteur, Amazon, qui utilise un format propriétaire dans son Kindle. Epub sorte de format compressé, sous-ensemble de html et css (très léger sauf images).
Le logiciel de lecture, invisible dans la liseuse (« firmware », comme sur un lecteur mp3 ou un appareil photo), mais installé ou à télécharger sur tablettes ou smartphone. C’est l’application qui va déterminer la façon dont va se visualiser l’endroit où vous en êtes d’un ouvrage, la gestion des surlignements, des annotations…). Et modes de navigation spécifiques pour la BD (AveComics). + lecteurs d’epub sur PC (Lucidor, Adobe Digital Editions, Bookworm en ligne http://bookworm.oreilly.com/
Babelio, Librarything Plateformes de partages d’annotations : Copia, 24Symbols, Rethink books, réseau social du Kindle http://lafeuille.blog.lemonde.fr/2011/09/11/les-fonctions-sociales-du-kindle-et-leurs-limites/ Mesures : stats de Librarything (combien de livres lus ce mois…), de Kobo fonctionnalités propres au livre num : dictionnaire intégré, moteur de recherche, fonctionnalités sociales… Fonctionnalités sociales plus avancées sur la tablette
applications servant de bibliothèques pour mieux classer et retrouver ses ebooks (Calibre, sorte de Itunes du livre, et FBReader)
Economie de la rareté : modèle économique attaché aux supports physiques, époque de l’analogique. Limite physique à la production (stockage, distribution) et rareté des titres médiatisés. Effet majeur du numérique : copie sans perte. Pas plus cher de multiplier les exemplaires. Défense de l’industrie de la copie physique qui tente de survivre face aux empires économiques (Amazon, Apple, Google) Pourquoi un tel écart avec la situation aux USA ? Simple décalage dans le temps ? (la première liseuse connectée directement à une librairie en ligne a été mis en vente fin 2007. En France, sauf le Fnacbook, les liseuses connectées (via le Wifi) sont arrivées seulement fin 2011. Une liseuse connectée en 3G vient seulement d’être annoncée.) La vitesse d’adoption en France sera-t-elle identique à celle observée aux Etats-Unis ? signifierait un marché numérique autour de 20% (du marché « trade », ce qu’en France nous appelons « littérature générale », qui inclut fiction, documents, jeunesse, pratique, et exclut livre scolaire et édition pro) fin 2015. Loi Lang, réseau dense de librairies, santé d’un livre de poche de qualité, vendu peu cher, créent en France des conditions de disponibilité et de diversité de l’offre de livres inconnues aux USA ou au Royaume-Uni. Pas conditions optimales : mais bien plus mauvaises partout ailleurs. L’argument « facilité à se procurer un livre numérique » est donc un avantage qui apparaît peut-être moins crucial au lecteur français qu'aux usa. (d’après commentaire de V. Clayssen sur http://lafeuille.blog.lemonde.fr/2012/03/30/le-marche-du-livre-electronique-est-il-en-panne/ ) Livre de poche : gros enjeu économique. Collection folio entre 30% et 50% chiffre d'affaire de Gallimard, probable cannibalisation du livre de poche par le num Plusieurs dispositifs viennent freiner l’essor du livre numérique en France : les drm, les prix (et une loi qui entérine des prix abusifs), la maigreur du catalogue.
Verrous numériques prétendant empêcher le piratage. Impossible de transférer, de copier, d’imprimer des pages, voire tout simplement de lire si vous êtes sous Linux. Oblige à télécharger un logiciel spécial, identifier sa machine, se souvenir de son ID Adobe (différence de la facilité d’acheter un livre avec le Kindle ou l’Ipad). Eternel problème : c’est beaucoup plus facile de faire qqch de simple d’usage quand on est dans un environnement propriétaire où l’on contrôle tout et où on maîtrise tous les tenants et aboutissants. V. Clayssen : « ce n’est pas spécifique au livre : vendre sa liberté contre de la facilité d’usage, ce n’est pas un schéma nouveau » DRM perdant-perdant : inefficace (les pirates peuvent le faire sauter aisément), et inadmissible (atteinte de droits élémentaires du lecteur pour la conservation et l’annotation notamment). Et coût répercuté sur le prix du livre. Alternative : watermarking (ou DRM social) : exemple de l’Italie http://aldus2006.typepad.fr/mon_weblog/2011/02/drm-100-%C3%A9diteurs-disent-non.html Ex : La Découverte, Au diable vauvert, Minuit, Viviane Hamy
Le consentement à payer : environ 40% du prix d’un livre papier. …Prix numérique moyen : 15€, alors que le livre de poche est à 6 à 8€, donc pas d’incitation vers le livre numérique. Alors que les livres numériques sont en moyenne commercialisés 10 € dans le monde et même 9 € aux Etats-Unis (50% de décote)
Ces politiques tarifaires aberrantes risquent cependant de durer, en raison de la loi PULN Loi votée en mai 2011. Unique au monde. Cette proposition de loi permet au livre sous forme numérique d'être régi par les mêmes règles que le livre papier. Ainsi, seul l'éditeur peut fixer le prix du livre numérique, qui doit être le même quel que soit le canal de vente au public. Ce texte transpose ainsi l'esprit de la « loi Lang » de 1981 Clause d’extraterritorialité : « oblige tous les marchands à se conformer au prix fixé par l’éditeur dès qu'ils vendent des livres à des acheteurs situés en France (théoriquement, la loi pourrait donc s'appliquer aussi aux sites internet étrangers de livres électroniques qui vendent des livres français aux internautes français). Au nom de l'exception culturelle, le gouvernement évite que les libraires puissent se faire concurrence, ce qui serait pourtant utile pour faire baisser le prix du livre au public et ainsi encourager davantage la lecture. Et pour éviter le développement des offres pirates. » Numerama Risque de pousser les lecteurs vers l’offre gratuite et illégale. Beaucoup dénoncent une mesure prématurée, alors que le marché n’est pas encore établi, risque de tuer le livre numérique (impossible de mener des politiques de marketing comme promotions, livre gratuit pendant les 6 premiers mois, offerts avec le livre imprimé…). Vision du livre numérique comme succédané du livre papier, pas autonome. Risque aussi de voir les marchands s’improviser éditeurs pour pouvoir casser les prix (cas d’Amazon), il est ainsi maître du prix qu’il propose et en plus est certain de ne pas retrouver ses livres chez la concurrence. La Commission européenne n’a pas encore donné son avis sur le sujet.
Intégralité des titres disponibles en français (CNL chiffres clefs de l’édition 2011) : 620 000 références. http://www.dgmic.culture.gouv.fr/IMG/pdf/Chiffres-cles_2010-2011.pdf 94% des titres piratés ne sont pas disponibles légalement dans le commerce. Enfin, pour finir le tour des raisons qui expliquent la situation du livre numérique en France, il y a aussi des raisons positives, notamment le maillage de librairies sur le territoire, infiniment supérieur à ce qu’il est aux USA, et la facilité de se procurer des livres qui en découle.
il est faux d’imaginer l’auteur comme pur créateur au sommet d’un système à sens unique. L’auteur a nécessairement été lecteur. Un système qui favorise et valorise le lecteur est aussi un système qui favorise le l’auteur. D’où importance des droits du lecteur à égalité des droits de l’auteur. Question d’équilibre et non d’absolu.
De nouveaux acteurs : le prestataire technique (chargé de la conversion des fichiers en pdf, epub, et aussi dans les formats propriétaires, ou formats spécifiques, ex. Aquafadas pour la BD ou avec la RMN pour des catalogues numériques), agrégateurs, entrepôts numériques La possibilité de désintermédiation à tout moment : ce n’est plus vraiment une chaîne (où tous les chaînons se suivent dans un certain ordre et où tout se briserait si un chaînon manquait) puisque rien n’empêche plus, techniquement, un auteur de s’adresser directement à son lecteur. Les acteurs peuvent jouer plusieurs rôles (ex Epagine à la fois agrégateur et libraire, Amazon qui devient éditeur, certains auteurs signent directement chez Amazon, cas de Amanda Hocking, auteur de bitlit et qui a vendu, en 18 mois, un million et demi de romans pour Kindle => un des risques de la loi PULN), beaucoup de mouvements, nécessite veille. Mais tous les rôles ont encore leur importance (éditeur, revendeur…). Importance du rôle d’éditeur. Comme l’écrit Thierry Crouzet, un texte peut être auto-publié mais pas auto-édité. Mise en danger du libraire (concurrence des librairies en ligne, de la facilité de téléchargement). Remise en cause du rôle de la distribution physique des livres, la vache à lait des éditeurs, via groupes. Principales plateformes en France : Numilog, Editis, Eden (Gallimard, Flammarion, La Martinière).
Françoise Benhamou : Ceux qui jouent un rôle dans le numérique : soit des empires économiques qui ont la trésorerie pour investir à perte et poids pour négocier avec éditeurs (Hachette pionnier car riche et très américain) soit des tout petits, pure players innovants Les gros acteurs traditionnels de l’édition papier jouent la prudence, voire freinent devant l’incertitude économique de ce nouveau marché. Liste à retrouver sur Lorenzo Soccavo, 70 éditeur pureplayers francophones .
http://lioneldavoust.com/autres-travaux/traductions/short-short-short/ Abonnements à une collection, à un sujet (loisir et surtout universitaire). Fortes résistances. Pourtant logique qui prédomine aujourd’hui en musique «L'exemple de la musique doit d'ailleurs attirer notre attention sur le fait qu'un dispositif de prix unique est de nature à verrouiller le livre numérique dans un modèle unique, celui de l'achat à l'unité d'un ouvrage. Cette transposition du domaine physique a été le point d'achoppement de l'industrie musicale restée trop longtemps fixé sur l'achat de l'album comme unité indivisible. À première vue, il peut sembler étrange de d'acheter un livre chapitre par chapitre. Pourtant, nous ne consultons typiquement que quelques pages de nombreux ouvrages de référence, essais ou documentaires, ceux portant sur les sujets qui nous intéressent. Il ne serait donc pas absurde de pouvoir les acheter à l'unité. L'achat d'un ouvrage au fur et à mesure de lecture n'a d'ailleurs rien de révolutionnaire : c'est le principe du roman-feuilleton, qui peut s'honorer des noms de Dumas, Balzac ou Zola. Stephen King s'est d'ailleurs essayé à ce format en 1999, ne faisant probablement que l'erreur d'être un peu trop en avance puisque l'entreprise a réussi depuis à d'autres auteurs moins connus. Le livre numérique peut d'ailleurs s'accommoder de nombreuses autres formes de tarification, sous forme d'abonnement (format qui fit un temps la fortune des clubs de livres) ou l'insertion de pages de publicité, que certains éditeurs ont déjà commencé à expérimenter. Face à cette multiplicité des modèles, le prix unique du livre numérique, même réduit au livre homothétique, même accompagné de provisions le rendant plus souple que le prix unique du livre imprimé, est de nature à handicaper le développement d'autres modèles en renforçant les positions acquises des acteurs existants » http://www.nonfiction.fr/article-3970-p3-prix_du_livre_numerique__saccrocher_au_connu_au_risque_de_se_tromper.htm
Google est avant tout un publicitaire http://www.actualitte.com/actualite/lecture-numerique/acteurs-numeriques/google-invente-paiement-de-contenu-par-donnees-personnelles-33194.htm
Modèles type My major company : les internautes choisissent projet a soutenir, intéressés ensuite au bénéfice Autres modèles possibles : couplages livre numérique / version papier, livre avec presse, etc. Pour conclure sur ces modèles possibles : Il n’y aura pas de solution technologique au piratage, les pirates arriveront toujours à contourner les verrous numériques. Il s’agira de trouver un niveau optimum de piratage (le piratage c'est aussi de la création de notoriété, même s’il est aussi responsable de l'effondrement du chiffre d'affaire de la musique divisé par 2 en 6 ans) et contrebalancer par une offre de qualité avec différents niveaux selon les attentes des utilisateurs (ex abonnements thématiques, en lien avec des revues de presse, etc.) Voir sur ces questions économiques : De l’open access au freemium. Françoise Benhamou. Vidéo uecleo 2011 | L'édition électronique ouverte
Il est illusoire de penser que le numérique ne va pas aussi avoir une influence sur les contenus, sur les formes, sur les genres littéraires.
Phénomène qu’on retrouve dans toute l’histoire des médias : les premières photos ressemblent à des peintures, les premiers films à du théâtre filmé, les premières émissions de tv à de la radio avec des images, etc. On cherche à recréer un environnement connu dans le livre numérique : IBooks avec ses étagères en bois, son système de tourne-page, etc.
Que ce soit au niveau des interfaces, des fonctionnalités (annotations, surlignements) que des contenus, encore une très timide exploration du web.
Un livre est un univers clos, fini, un livre numérique ce n’est pas le web. C’est même la base de la fonction « architecturante » chère à Frédéric Kaplan : le livre comme maison d’architecte, lieu aménageable et fermé, isolé (symbolisé par la couverture et par les marges) : cathédrale ou pavillon de banlieue résidentielle, accueillant ou labyrinthique. http://fkaplan.wordpress.com/2010/07/27/la-fonction-architecturante-du-livre/ Lieu où l’auteur suggère des chemins bienvenus, mais permet aussi des chemins de traverse, comme dans la bibliothèque où nous nous trouvons. C’est justement cela qui permet la narration complexe et la démonstration longue ; car pour certaines idées il faut amener le lecteur dans un très grand édifice. Lire une seule page de Sous le volcan de Malcolm Lowry n’est pas très intéressant ; cela n’a de sens que par rapport à l’édifice complexe.
Introduire de l’interactivité entre l’auteur et ses lecteurs, et du multimédia dans un livre papier Jacques Attali, Le sens des choses, 2009 Bande-annonce des livres : les “Book Trailers”. HarperCollins, un des plus gros éditeurs, a construit son propre studio pour fabriquer ses bandes annonces.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_en_r%C3%A9alit%C3%A9_altern%C3%A9e Film The Game avec Mickael Douglas 2008 chez Bayard
+ donner plusieurs exemples de BD interactives
Ici des BD qui ne sont pas grand public, autre exemple : « L’oreille coupée »
Ou exemple de Waste Land de TS Eliott : http://www.youtube.com/watch?v=rlhosnfP-Jw
Problème des livre applications : peu standardisés, risque du « syndrome du cd-rom », risque d’une obsolescence rapide : profite largement des possibilités du hardware, mais pourrons-nous en profiter dans quelques années ? L’innovation se paye par une fragilité patrimoniale. Par ailleurs, peu de public pour donc frilosité des éditeurs à investir dans ce genre de productions. Mise en danger des mots par les images et les applications, stimuli plus forts ? Souvent la logique de ces objets est plus d’ajouter que d’adapter (Robert Moor) http://nplusonemag.com/bones-of-the-book
Comme les exemples cités « d'effet diligence » (premiers films, premières émissions de télévision…), ces premières œuvres qui tentent d’exploiter les possibilités du nouveau média (bd interactives, littérature en twit, etc.) nous paraîtront sans doute naïves ou rudimentaires lorsque ces nouveaux medias auront atteint leur maturité. Même si aujourd’hui elles peuvent nous sembler « gadget ». Au-delà des formes nouvelles, le livre numérique est aussi une chance pour la publication de projets impubliables, car trop pointus, trop avant-gardistes. Chance de l’autopublication pour renouveler un système (le star système de l’édition papier) favorable à une infime minorité d’auteurs (économie de la rareté). Cf. Thierry Crouzet.
Des formes nouvelles avec lesquelles il faut se familiariser : nous envisageons souvent les ressources numériques comme une simple transposition de ce qui existe en format physique (encyclopédies, livres…) alors que bon nombre de ces ressources numériques n’existent qu’en ligne (voir aussi les bd interactives, les webdocumentaires, les POM, etc.).