Présentation réalisée par Lionel Maurel et Thomas Fourmeux lors de la journée d'étude sur les biens communs organisée par le groupe régional ABF Franche-Comté.
5. Définir le bien commun, les biens
communs ?
« On parle de « bien commun » chaque fois qu'une
communauté de personnes est animée par le même désir de
prendre en charge une ressource dont elle hérite ou qu'elle crée
et qu'elle s'auto-organise de manière démocratique, conviviale
et responsable pour en assurer l'accès, l'usage et la pérennité
dans l'intérêt général et le souci du 'bien vivre' ensemble et du
bien vivre des générations à venir » - Alain Ambrosi
Projet Remix Biens Communs
A lire : le bien commun est
sur toutes les lèvres .
6. Les leçons de l’histoire…ParChrisWimbush.CC-BY-SA
En Angleterre, la charte des forêts (13ème siècle),
le mouvement des enclosures (16ème, 17ème siècle)
« Tout homme libre fait
gîter [ses bêtes] dans la
forêt comme il le souhaite
et possède son panage. »
Charte des forêts. Article 9
7. Une notion longtemps en crise
Garret Hardin –The Tragedy Of The Commons, Science, 1968.
Destempsanciens.CC-BY-NC
L'accès libre à une ressource
limitée pour laquelle la demande
est forte mène inévitablement à
la surexploitation de cette
ressource et finalement à sa
disparition.
[…] Solutions pour éviter la
surexploitation des ressources :
La nationalisation, la
privatisation
Wikipedia. Tragédie des communs.
8. Un renouveau récent
A lire :
Elinor Ostrom ou la réinvention des biens communs – Hervé Le Crosnier
ParHolgerMotzkau.CC-BY-SA
Elinor Ostrom. Prix Nobel d’Economie 2009
« Elinor Ostrom a mis en place un cadre d’analyse et
de développement institutionnel destiné à l’observation
des communs. De ses observations concrètes elle a tiré
huit principes d’agencement que l’on retrouve dans les
situations qui assurent réellement la protection des
communs dont ces communautés d’acteurs ont la
charge :
— des groupes aux frontières définies ;
— des règles régissant l’usage des biens collectifs qui
répondent aux spécificités et besoins locaux ;
— la capacité des individus concernés à les modifier ;
— le respect de ces règles par les autorités
extérieures ;
— le contrôle du respect des règles par la communauté
qui dispose d’un système de sanctions graduées ;
— l’accès à des mécanismes de résolution des conflits
peu coûteux ;
— la résolution des conflits et activités de gouvernance
organisées en strates différentes et imbriquées. »
9.
10.
11.
12.
13. La connaissance envisagée
comme bien commun ?
PauloBrandao.CC-BY-SA.
Elinor Ostrom – Charlotte Hesse :
Understanding Knowledge As A Commons
14. La connaissance, un bien
commun par nature ?
Par echiner1. CC-BY-SA.
« Si la nature a rendu moins susceptible
que toute autre chose l’appropriation
exclusive, c’est bien l’action du pouvoir de
la pensée que l’on appelle une idée, qu’un
individu peut posséder de façon exclusive
aussi longtemps qu’il la garde pour lui ;
mais au moment où elle est divulguée,
elle devient la possession de tous, et celui
qui la reçoit ne peut pas en être
dépossédé. Sa propriété particulière,
aussi, est que personne ne la possède
moins parce que tout le monde la
possède. Celui qui reçoit une idée de
moi reçoit un savoir sans diminuer le
mien ; tout comme celui qui allume sa
bougie à la mienne reçoit la lumière
sans me plonger dans la pénombre.
Que les idées circulent librement de l’un à
l’autre partout sur la planète. »
Thomas JeffersonL’information, la culture, la
connaissance sont non-
rivales par excellence
WikimediaCommons.
15. La connaissance, un bien
commun fragile
[…] le savoir qui réside dans mon cerveau
n’enlève rien au savoir qui se trouve dans le
vôtre. Aujourd’hui cependant, l’idée de
connaissance comme bien public disparaît de
plus en plus. Les savoirs empaquetés sous
forme numérique sont infiniment plus
vulnérables aux enclosures, plus fragiles face
aux risques de perte, et davantage susceptibles
d’altération que les savoirs exprimés dans des
livres et des journaux imprimés.
Si les formats numériques facilitent l’accès aux
contenus, ils permettent également de
s’approprier ce qui fut longtemps « intangible ».
Charlotte Hesse.
A partir des années 2000,
développement de « l’économie
de la connaissance » (capitalisme
cognitif)
16. La connaissance et le second
mouvement des enclosures
Évolution de la durée
des droits d’auteurs en France
17. La connaissance et le second
mouvement des enclosures
Évolution des coûts d’abonnement aux revues scientifiques
18. Matrix Core. Par Pixelsior. CC-BY-NC-SA
Biens communs de la connaissance
Qu’est-ce que change le numérique ?
19. Par son architecture, Internet a la
nature d’un bien commun.
1993 : Tim Berners-Lee fait le choix de mettre le
World Wide Web dans le domaine public.
20. Economie de l’abondance et fin de la rivalité
« Quand on partage un bien
matériel, il se divise. Quand on
partage un bien immatériel, il se
multiplie. » Serge Soudoplatoff
« Un bien commun est quelque chose que plusieurs propriétaires ont en commun. La propriété est partagée entre ces personnes.
De manière générale, la problématique des biens communs est que, lorsqu’une ressource est partagée en commun, il faut
théoriquement des règles pour s’assurer que cette ressource ne soit pas, soit abusée, soit épuisée.
Cela change dans le monde numérique puisque la notion de rivalité n’existe plus. En consultant une œuvre numérique, je n’empêche
personne de l’utiliser, je ne l’abîme pas, il n’y a plus les risques que l’on désigne par la »Tragédie des communs ».
Avec le numérique, on transpose donc la question à d’autres problématiques : Comment protéger les communs, comment empêcher
l’exploitation injuste, l’abus, comment les préserver, les promouvoir et en créer davantage. »
Primavera de Filippi.
21. source :
Valentina_A
Eviter les clôtures (enclosures),
éviter les monopoles, éviter les
silos d'informations
A lire : Identifier les enclosures
informationnelles pour favoriser
les apprentissages en réseau.
22. DMCA aux Etats-Unis (1998), Directive européenne
de 2001,Loi DADVSI en France en 2006Par Freefotouk. CC-BY-NC.
Nouvelles formes d’enclosure = DRM
(Digital Right Management)
24. Wikipédia, exemple emblématique des
biens communs informationnels
- Une ressource
partagée
- Une communauté
- Des règles de
fonctionnement et
de gouvernance
25. 25
Creative Commons et
l’extension aux créations
culturelles
« Tout ce qui n’est pas
interdit est permis »
Pas d’autorisation
à demander tant
qu’on reste dans
le cadre de la
licence
Exemple des licences
Creative Commons
4 conditions et
6 contrats
Il faut conclure un contrat pour lever
une restriction posée par la licence
Pen3. Par Merlinprincesse. CC-BY-NC-ND
26. Forte croissance des biens communs culturels,
grâce à l’usage des licences Creative Commons
29. Books Want To Be Free !
Little Free Library. Par Litlnemo. CC-BY-NC-SA
A lire : De toronto à Montréal
en passant par Berlin,
les micro-bibliothèques de rue.
41. Favoriser
l’accès à un
internet ouvert
"Ni la loi anti-terroriste, ni la loi
Hadopi n’obligent ces
établissements à identifier les
utilisateurs des ordinateurs mis à
leur disposition, ni à conserver des
informations nominatives pour les
remettre lors d’une enquête
diligentée par un juge au titre de la
loi Hadopi, ou d’une personnalité
qualifiée placée auprès du ministre
de l’Intérieur au titre de la loi anti-
terroriste, ni même à filtrer à titre
préventif les accès à l’internet."
Analyse juridique complète sur le
site de l'IABD
42. •Le droit d’accéder librement et sans discrimination à toutes les cultures et à une
information plurielle ;
•Le droit à un accompagnement attentif et compétent, respectueux des attentes des
citoyens ;
•Le droit des personnes handicapées à l’égalité d’accès aux savoirs et à l’information ;
•Le droit d’expérimenter et de se former tout au long de la vie ;
•Le droit d’être en capacité de participer à l’innovation sociale et aux débats citoyens ;
•Le droit d’accéder à un internet public ouvert et fiable ;
•Le droit d’accéder, de réutiliser, de créer et de diffuser des communs du savoir ;
•Le droit d’accéder à des ressources, y compris numériques, respectant la diversité des
usages et favorisant l’appropriation de l’information et du savoir ;
Notas del editor
Au XIIe siècle, un droit d’usage voulait que dans les forêts et sur les terres communales, les villageois soient autorisés à laisser paître leurs bêtes, ramasser du bois mort, récolter du miel ou des champignons. Ces droits n’avaient nul besoin d’être inscrits dans des lois puisqu’il s’agissait de biens communs (en anglais, commons). Mais au XIIIe siècle, en Angleterre, le roi Jean et les Barons lancent un mouvement d’enclosure des Communs et provoquent une révolte populaire