Qu’ils soient créateurs ou repreneurs, les Innovateurs qui figurent dans cet ouvrage ont été choisis spécifiquement par leur CCI parce qu’ils symbolisent cet esprit d’ouverture, propice aux découvertes et aux grandes avancées.
2. 3030
I
nstallée à Duttlenheim près de Strasbourg, cette
société fondée en 1946 a toujours été en pointe
dans les équipements et machines réalisées
« sur mesure » pour des clients industriels. À ses
débuts, l’entreprise familiale fabriquait des mo-
teurs électriques et des machines spéciales. En
1972, l’installation en Alsace du groupe américain
Millipore* oriente l’activité vers le secteur phar-
maceutique. « Streb&Weil était quasiment deve-
nu mono client », souligne Raoul Weil, représen-
tant la 3e
génération, arrivé dans la structure en
2001 et P-DG depuis 2006. Le premier chantier de
ce jeune ingénieur en électronique de puissance
qui a fait ses armes chez Alstom fut de refondre
la stratégie de développement en s’ouvrant à
d’autres clients. Forte de 40 salariés, avec une
dominante technique - ingénieurs et techniciens -
Streb&Weil met au service des industries pharma-
ceutiques, médicales, agroalimentaires, sa capa-
cité à développer des équipements à partir d’un
cahier des charges exigeant et les produire en
petites et moyennes séries, jusqu’à 1000 unités.
« Nous fabriquons par exemple des équipements
d’analyse pour des laboratoires, précise Raoul
Weil. Nous nous appuyons sur un bureau d’étude
de 6 personnes et nos ateliers en usinage, tôlerie
fine, électricité, assemblage… Ce que nos clients
apprécient, c’est d’avoir un interlocuteur unique,
capable de leur garantir une qualité de fabrica-
tion de A à Z. Nous sommes d’ailleurs certifiés ISO
13485 et ISO 9001. »
Streb&Weil : la santé en ligne
de mire
ALSACE
* Désormais Merck-Millipore après son rachat en 2010 par le groupe allemand
3. 31
AU CŒUR DE L’INNOVATION
Un robot médical et une machine
à réparer le cœur !
De prime abord, l’engin impressionne.
Il s’agit d’un robot d’assistance à la Stimulation
Magnétique Transcrânienne (TMS), destiné à
améliorer la mise en œuvre de cette technique
en neurostimulation non invasive, utilisée
dans le traitement de maladies telles que les
dépressions sévères ou les douleurs chroniques.
Cette innovation mondiale est le fruit d’une
collaboration entre une start-up de Strasbourg et
la société Streb&Weil. Elle permet d’automatiser
le positionnement sur la tête d’un patient, d’une
bobine de stimulation, habituellement appliquée
à la main par un opérateur, avec un haut niveau
de sécurité et avec une précision améliorée.
Une autre innovation de Streb&Weil et de
ses partenaires n’est pas encore visible : un
automate destiné à la culture de cellules souches
pour « réparer » des cœurs endommagés
par un infarctus du myocarde. « Sur notre
partie proprement dite, à savoir la fonction de
culture, notre innovation consiste à développer
un incubateur sécurisé pour salle blanche
capable d’assurer une traçabilité complète, en
toute autonomie et dans toutes les situations,
précise Raoul Weil. Le cahier des charges est
très exigeant, s’agissant de cellules souches à
réinjecter dans les tissus nécrosés du cœur… »
Le projet collaboratif, porté par une start-up
médicale de Mulhouse, soutenu au plan national
par BPI France fera assurément grand bruit
lorsqu’il aboutira…
31
Des partenariats prometteurs
Le chantier de diversification entamé par Raoul Weil com-
mence à porter ses fruits. Si la pharmacie représente tou-
jours 60 % de l’activité de l’entreprise, le secteur médical
pèse désormais 20 % et représente un grand potentiel de
développement. Les 20 % restants sont des clients d’autres
branches, qui ont également de fortes attentes techniques
et qualitatives pour la mise en œuvre de process très spé-
cifiques. L’Oréal, dans la cosmétique, a ainsi commandé à
Streb&Weil des développements d’équipements destinés à
leurs laboratoires de Recherche et Innovation.
La société alsacienne travaille de plus en plus souvent en
mode collaboratif sur des projets labellisés « Alsace Bio-
Valley », pôle de compétitivité piloté par les industriels
de la santé et soutenu par l’État. « On y rencontre aussi
bien des start-ups que des groupes internationaux. Il y a
énormément d’idées, de concepts innovants », s’enthou-
siasme Raoul Weil qui a trouvé là des partenaires de qualité.
« Nous nous positionnons sur des secteurs très innovants,
et sommes tributaires de nos clients qui doivent passer par
des homologations, parfois même des études cliniques. Les
processus sont longs. Nous avons nous-mêmes beaucoup
investi, en ressources, mais aussi financièrement dans trois
ou quatre gros projets (lire encadré). Il faudra attendre en-
core attendre un ou deux ans avant d’en récolter les fruits. »
Activité : Conception et fabrication
d’équipements et machines
« à l’unité » ou en petites séries, pour
l’industrie pharmaceutique, médicale et
l’agroalimentaire.
Effectifs 2014 : 40personnes,
dont 6 au bureau d’étude.
C.A. 2013 : 6,5millions d’euros
www.strebweil.com
Streb&Weil
ZI, rue de la Gare 67120 Duttlenheim
Raoul Weil
P-DG de Streb&Weil
représente la 3e
génération dans
l’entreprise familiale.
Le robot de stimulation magnétique
transcrânienne est aujourd’hui en
service dans plusieurs hôpitaux.
4. 32
Coriolis Composites,
de la voile à l’aéronautique
32
D
ouze salariés fin 2008, cent dix aujourd’hui :
Coriolis Composites réalise le rêve de tout entrepre-
neur, avec sa croissance à deux chiffres et de ra-
dieuses perspectives d’avenir. Pourtant, tout n’a pas été
simple pour les trois fondateurs, partis avec une bonne
idée mais sans fonds propres.
Clémentine Gallet, Alexandre Hamlyn et Yvan Hardy sont
sortis en 1997 de leurs écoles d’ingénieurs avec un projet
plutôt lié à la recherche qu’à une application industrielle.
« Mon mari, Alexandre, est passionné de voile, explique
Clémentine Gallet. En travaillant sur des chantiers navals,
nous avons constaté que les coques en composite se fabri-
quaient à la main, dans des conditions de travail difficiles.
Notre projet était donc de mettre au point une technologie
automatique pour fabriquer des coques de voiliers.» Les
trois ingénieurs partent d’un robot industriel sur lequel ils
développent une tête innovante capable de tisser la fibre.
BRETAGNE
5. 33
AU CŒUR DE L’INNOVATION
Demain, l’automobile
Après l’aéronautique et l’éolien, Coriolis Com-
posites a toutes les cartes en main pour abor-
der le marché de la construction automo-
bile. « Les composites, rappelle Clémentine
Gallet, permettent d’alléger les structures en
vue de consommer moins. L’automobile est donc
concernée au premier chef. Nous avons initié des
projets de co-innovation qui nous aident à cerner
les besoins. Dans cinq ans, nous serons opéra-
tionnels. » Selon les normes internationales, en
2020, en effet, les solutions devront être au point
pour substituer les matériaux composites aux
métaux dans la fabrication de châssis, colonnes,
portes ou toits à un coût compétitif. Dans cette
optique, Coriolis Composite, qui consacre 15 %
de son chiffre d’affaires à l’innovation, collabore
au pôle iD4CAR, « moteur d’idées pour véhicules
spécifiques et mobilité durable », dans le cadre
du projet Dynafib pour la réalisation de pièces
antivibratoire en composite thermoplastique
avec renforts locaux en fibres continues.
« Nous avons commencé par faire des prototypes et
quelques essais dans les laboratoires aéronautiques
mis à notre disposition par des universités. Nous nous
sommes alors rendu compte que nous étions en train
de développer une technologie applicable non seule-
ment aux voiliers, mais aussi à d’autres marchés. Ce
qui nous a amenés, en 1999, à postuler pour le premier
concours du ministère de la Recherche pour le déve-
loppement de technologies innovantes. Et nous avons
gagné dans la catégorie Emergence. »
33
Activité : Fabrication de têtes de robot,
fabrication de pièces techniques à base de
matières composites
Effectifs 2014 : 110salariés
C.A. 2013 : 13 millions d’euros
www.coriolis-composites.com
Coriolis Composites Technologies (SASU)
Rue Condorcet, ZA du Mourillon
56530 Quéven
Clémentine Gallet
devant une pièce
développée dans
le cadre du Corac
- Conseil pour
la Recherche
Aéronautique Civile -,
engagé notamment
dans le programme
européen CleanSky
pour la préservation
de l’environnement.
Installés à Lorient où ils trouvent les fonds propres qui
leur faisaient défaut, ils se tournent alors vers les mar-
chés de l’aéronautique. Leur première commande, en
2006, émane d’Airbus Industrie bientôt suivie d’autres
avionneurs comme Dassault aviation ou Bombardier.
Pour l’aviation, leur technologie de placement de fibres
permet de produire automatiquement des pièces de
structure (fuselage, ailes ou moteurs).
Une démocratisation du
processus de production
« Notre technologie, explique celle qui est désormais
présidente de Coriolis Composites, est une innova-
tion de rupture. Pour produire les mêmes pièces, nos
concurrents proposent des machines-outils qui coûtent
beaucoup plus cher que nos robots et nécessitent un
personnel hautement qualifié. D’une certaine manière,
nous faisons de la démocratisation de hautes techno-
logies. Nous avons donc créé un nouveau besoin sur le
marché de l’aéronautique. Comme celui-ci est en pleine
expansion, il booste notre croissance. »
L’équipe des associés d’origine est restée soudée.
Alexandre Hamlyn a pris la direction technique et Yvan
Hardy est chargé d’affaires. « Nous avons déposé une
trentaine de brevets, se félicite Clémentine Gallet, et
nous possédons aujourd’hui plus de 200 titres de pro-
priété intellectuelle à l’international. Nous avons breve-
té les composants mécaniques et même les logiciels.
Nous avons vendu 36 machines dans le monde, dont
80 % à l’étranger. Outre le Morbihan, où nous produi-
sons les machines, nous avons des filiales à Biarritz, en
Allemagne, en Angleterre et au Canada. Ce sont des
filiales à 100 % qui font de l’ingénierie et du service.
Nous misons beaucoup sur les partenariats avec les
universités pour la formation des étudiants. Lorsqu’on
fait de l’innovation, il faut permettre à chacun de se
faire la main, de se familiariser avec quelque chose qui
vient un peu d’une autre planète, parce que, par dé-
finition, ça fait peur. » Et en France ? « Nous collabo-
rons beaucoup avec l’université de Bretagne Sud. Une
grande part de ses financements proviennent de pro-
jets pour l’industrie et ses équipes savent parler avec
les entreprises ! »
6. WANTED
#INNOVATEURS
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Lançons le mouvement. Forte récompense envisagée.
ENTREPRENEUR(E)S QUI CASSENT LES CODES
2,5 MILLIONS D’ENTREPRENEURS
EN FRANCE