1. Île de Pâques. Faux mystères et vraies
énigmes
Exposition
Musée du Malgré-Tout, Treignes
du 10 février au 31 août 2008
L’île de Pâques. Rien que ce nom évoque pour beaucoup les
mystères insondables de la nuit des temps. Depuis sa découverte en 1722
par les Européens, ce bout de terre perdu dans l’immense Pacifique n’a
MUSÉE DU MALGRÉ-TOUT d’ailleurs cessé d’être décrit comme recelant les vestiges fabuleux de
Rue de la Gare 28, 5670 Treignes civilisations perdues. Quoi qu’ait produit la recherche depuis ces temps
(Belgique) pionniers, cette réputation reste attachée à l’île de Pâques et les réali-
Tél. : +32/60.39.02.43 tés archéologiques ou ethnographiques ont du mal à passer. Sans doute
Fax : +32/60.39.04.70 l’imagination débridée est-elle plus facile à transmettre que la science et
cedarc@skynet.be entretient-elle plus naturellement un besoin d’évasion et de fantastique.
www.museedumalgretout.net Le merveilleux porte bien son nom et le briser semble toujours un peu
iconoclaste.
du lundi au vendredi :
9h30-17h30
week-end et jours fériés : Pourtant, il faut que justice soit rendue aux Polynésiens de l’île
10h30-18h00 de Pâques. Serait-ce là un peuple dénué de tout esprit, sans cesse ballot-
Fermé le mercredi sauf vacances té au gré des caprices des dieux ou des tenants d’autres civilisations au
scolaires et jours fériés
savoir extraordinaire (mais perdu !), sans parler des extra-terrestres que
certains ont même osé évoquer ? Or, la créativité des sociétés humaines
Adultes : 5,00 €
Séniors/étudiants : 4,00 € ne semble pas avoir de limites. Aussi, n’est-il nulle raison objective de
Enfants (6-12 ans) : 2,50 € considérer a priori que les Pascuans furent d’une sous-catégorie à l’ima-
gination et l’ingéniosité médiocre. Mais il y a plus.
Catalogue : 19,50 €
Dossier pédagogique téléchargeable sur On sait aujourd’hui, preuves scientifiques à l’appui, qu’ils fu-
la page :
http://users.skynet.be/cedarc/PDF/ rent bien les auteurs de ces statues qui nous semblent si incroyables par
docu-peda-ile-paque.pdf leurs proportions et qu’ils développèrent les technologies appropriées
Photos téléchargeables sur la page : à leurs ambitions. L’exemple est loin d’être sans précédent. Sans autre
http://users.skynet.be/cedarc/ énergie que l’eau, le vent ou la motricité humaine et animale, les maîtres
expo2008/photospress.html
d’œuvre du Moyen Âge n’ont-ils pas bâti les cathédrales, les pharaons
les pyramides, les romains un réseau routier de plusieurs centaines de
kilomètres, les empereurs chinois la plus vaste des murailles,… ?
Puisqu’on en est à tordre le cou à quelques canards, rappelons
également que l’île de Pâques n’est pas non plus le dernier lambeau du
continent de Mu qui, au dire de fins connaisseurs, fut englouti par les
flots au milieu du 2e millénaire avant notre ère (il est d’ailleurs toujours
surprenant que l’on puisse connaître la date d’un événement qui n’a
laissé aucune trace !). Plus prosaïquement, l’île de Pâques est la partie
émergée d’un vaste système volcanique dont l’activité s’est (provisoire-
ment ?) éteinte il y a déjà près de 250.000 ans.
Pour autant, il nous reste quantité d’énigmes à propos de cette
TREIGNES
île. Mais qu’on ne s’y trompe pas, ces dernières sont du ressort de la
2. complexité des sociétés humaines et de la lente évacuation des évi-
dences des temps anciens sous le coup des siècles qui s’écoulent, non
de quelque secret ou anomalie irrationnelle. Ainsi, la fameuse « écri-
ture » rongorongo, que d’aucuns s’acharnent encore à essayer de com-
prendre, mais qui est définitivement coupée de son contexte, la classe
intellectuelle détentrice du savoir ayant disparu depuis longtemps. Il est
d’autres questions qu’on ne désespère pas de résoudre, comme celle de
l’origine de ce peuple entreprenant, celle de la motivation des sculp-
teurs, poussés à la surenchère et qui ont été jusqu’à dresser des colosses
de plusieurs mètres de haut, ou celle des chemins empruntés par ceux
qui introduisirent la patate douce en ces terres éloignées.
L’archéologie moderne est également confrontée à d’autres pro-
blématiques, ainsi les raisons de la lente disparition des arbres de l’île de
MUSÉE DU MALGRÉ-TOUT Pâques et les conséquences culturelles et économiques de ce processus.
Rue de la Gare 28, 5670 Treignes On s’interroge encore sur les motivations de la déposition des grandes
(Belgique)
statues aux pieds de leurs autels, face contre terre, prouesse tout aussi
Tél. : +32/60.39.02.43
remarquable que le transport des géants de pierre à travers l’île. Le
Fax : +32/60.39.04.70
concours de « l’homme-oiseau », sorte de compétition sportive à finalité
cedarc@skynet.be
politique, pose également question quant à son origine et le moment de
www.museedumalgretout.net
sa mise en place.
du lundi au vendredi :
9h30-17h30 On le voit, les faux mystères de l’île de Pâques conduisent à des
week-end et jours fériés :
10h30-18h00
considérations guère positives, pour ne pas dire péjoratives. A contrario,
Fermé le mercredi sauf vacances l’étude scientifique de ce petit monde reste un des domaines les plus
scolaires et jours fériés passionnant qui soient. L’archéologie y est encore à ces balbutiements,
mais chaque coup de pioche révèle un lambeau du passé à comprendre.
Adultes : 5,00 € Les résultats de ces travaux soulèvent des questions tout aussi mer-
Séniors/étudiants : 4,00 € veilleuses que les « mystères », même s’ils obligent à plus de rigueur.
Enfants (6-12 ans) : 2,50 €
Catalogue : 19,50 € L’exposition présentée à Treignes est une tentative de faire dé-
Dossier pédagogique téléchargeable sur couvrir au public la richesse de la culture pascuane, monde où la pensée
la page : s’articula en des termes qui nous sont inconnus, ce qui nous offre la
http://users.skynet.be/cedarc/PDF/
docu-peda-ile-paque.pdf possibilité de nous enrichir d’une autre humanité tout aussi passion-
nante et complexe que la nôtre. Les pascuans contemporains participent
Photos téléchargeables sur la page :
http://users.skynet.be/cedarc/
activement à cette redécouverte du passé, cherchant à surmonter les
expo2008/photospress.html crises consécutives à l’arrivée des Européens qui, dès le XVIIIe siècle,
apportèrent dans leurs bagages tout un lot de maladies infectieuses (pe-
tite vérole, rougeole, lèpre, …), mais aussi quelques dévoiements, plus
sinistres car volontaires, telles les razzias esclavagistes qui décimèrent
une population fragilisée ou la mise en pâture de l’île pour l’élevage
extensif du mouton, privant les Natifs de leur terre ancestrale. Mais l’ar-
chéologie n’est pas là pour faire le procès du passé, ni pour s’adonner
à la compassion ou au repentir, dont la seule sincérité est souvent celle
de se donner bonne conscience. Il s’agit plutôt de travailler avec le plus
d’objectivité possible à la reconstruction des temps jadis.
Nicolas Cauwe
Chef de département
MRAH
TREIGNES