2. Camille Joseph Gomis
Né en 1970, prêtre catholique sénégalais, curé à Bignona, en
Casamance.
Après 10 ans de sacerdoce et de responsabilités lourdes, suit en
France des formations en management, géopolitique, médiation.
Créé en 2006 à Ziguinchor, en Casamance, l’association
‘Génération Non-Violente’.
Ouvre en 2012 à Brin un ‘Centre de recherche et de formation en
gestion non-violente des conflits’ qui voit passer plus de 1 000 personnes
par an.
Travaille à la mise en place d’une formation universitaire sur
l’analyse de la situation sociopolitique et le développement durable à
l’’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest’ à Ziguinchor.
« Par le symbole du bracelet, nous voulons rappeler à l’homme et
de manière permanente, que la force qui sort de sa main ne doit plus
être une force destructrice, mais une force qui construit ».
3. Dominic Barter
Brésilien né en 1970, coordinateur du ‘Projet de Justice restaura-
tive du CNVC’, développe depuis les années 1990 des pratiques restaura-
tives, d’abord avec les habitants de favelas de Rio de Janeiro, puis au
Brésil et dans le monde. Depuis 2005, son processus de Circulos
restaurativos (Cercles restauratifs, une forme de justice réparatrice*) a été
au cœur des projets pilotes de justice restaurative du ministère de la
Justice brésilien.
Les Cercles restauratifs sont un processus communautaire pour
apporter du soutien aux personnes en conflit. Profondément en phase
avec les principes de la Communication non-violente (CNV), ils créent un
pouvoir partagé. Entrant dans le sens sous-jacent des conflits et des
crimes, ils se terminent avec des plans d’actions mesurables qui peuvent
rapprocher les gens les uns des autres et mener à une guérison de la
communauté. Un cercle restauratif réunit les 3 parties affectés par un acte
qui a causé un dommage : celui ou ceux qui ont commis l’acte, ceux dont
le bien-être a été principalement affecté, et tous les membres de la
communauté qui ont été indirectement affectés par cet acte.
* Albert Eglash décrit en 1977 trois approches différentes de la justice:
- "justice rétributive", fondée sur la peine;
- "justice distributive", impliquant le traitement thérapeutique des délinquants;
- "justice réparatrice", fondée sur la réparation avec la participation des victimes et des délinquants.
Howard Zehr, criminologue états-unien (voir diapo à son sujet), en est le pionnier.
4. Dominic Barter
Un endroit où le conflit peut vivre. Un moment pour entendre
la douleur. Un espace où l’on peut dire la vérité en sécurité. Un lieu
pour chercher des solutions ensemble de régulation collective. Un
objectif d’auto-responsabilisation, de compréhension, de réparation
et d’écoute.
3 étapes : identifier les facteurs clés du conflit, parvenir à
des accords sur les prochaines étapes, et évaluer les résultats. Le
processus se termine lorsque des actions ont été trouvées qui
apportent des bénéfices mutuels favorisant l'intégrité inhérente
àtous ceux qui sont impliqués dans le conflit.
La justice restaurative est pratiquée dans les écoles, les
tribunaux, les prisons, les quartiers, les familles, etc.
En octobre 2018, le Comité des ministres du Conseil de
l'Europe a adopté une recommandation aux États membres
reconnaissant "les avantages potentiels de la justice réparatrice
dans les systèmes de justice pénale" et encourageant les États
membres à "développer et utiliser la justice réparatrice. »
«Ce qui rend le conflit dangereux, c’est de s’en éloigner. »
5. Daoud et Jihan Nassar
Né en 1970, Palestinien luthérien, master d‘administration
d‘entreprise.
Avec sa femme Jihan et leurs 3 enfants, fait vivre la ‚Ferme de
l‘Espérance‘ encerclée par 5 colonies israéliennes illégales à Nahalin en
Cisjordanie (9 km au sud-ouest de Bethléem).
Muni de titres de propriété depuis 1916, résiste dans la non-
violence à toutes les initiatives et menaces de démolition des
constructions (abris pour animaux, réservoir d‘eau, toilettes sèches,
Grotte de la paix, etc.), replante des oliviers pour remplacer ceux
coupés par les colons israéliens.
Fondateur en 2000 et animateur du projet de paix "Tent of
Nations" (Tente des nations), destiné à promouvoir la compréhension
entre les peuples et les cultures.
Des jeunes du monde entier sont hébergés sous des tentes.
« Nous refusons d‘être ennemis.»
6. Ziad Medoukh
Né en 1970, Palestinien, DEA en didactique de ‘Français Langue
Étrangère’ (FLE) de l'Université Stendhal à Grenoble, Docteur en
sciences du langage de l’université Paris VIII.
Responsable du département de français de l’université Al-Aqsa de
Gaza depuis 2006 et fondateur du ‘Centre de la paix’ de cette université
en 2007.
Conférencier infatigable sur Gaza et la Palestine, et sur
l’oppression exercée sur la population par Israël, préconise la résistance
non-violente et multiplie en France et en Europe les rencontres avec les
associations et les réseaux de jeunes.
« Aujourd'hui, vivre à Gaza, organiser sa vie, l'éducation des
enfants, c'est déjà une forme de résistance non-violente, choisie
spontanément par la population civile : 94 % des enfants sont scolarisés,
ce qui témoigne de la force de résistance des familles palestiniennes. »
7. Musa Abu Maria
Palestinien né en 19??.
Prisonnier politique de 1999 à 2003, torturé, hospitalisé à la suite de
ces mauvais traitements.
De nouveau arrêté en 2009, libéré grâce à l’action d’Amnesty
International et des associations israéliennes de défense des droits
humains.
Coordonnateur de la résistance populaire en Cisjordanie.
Fondateur de Palestine Solidarity Project. Cette association, fondée
en 2006 dans le village de Beit Ommar (Cisjordanie sud), s’oppose par
l’action directe non-violente à l’occupation israélienne des terres
palestiniennes.
« Nous croyons dans le concept de "fermeté" comme une forme
de résistance. Pour beaucoup de communautés avec lesquelles nous
travaillons, rester sur leurs terres face à l’intimidation, la violence,
l’étranglement économique et les tentatives de déplacements forcés,
c’ est un acte de résistance. »
9. Cécile Dubernet
Française née en 1971, Sciences Po Bordeaux, docteur en
sciences politiques de la Bristol University (GB), a enseigné à Bristol et
Erlangen (Allemagne).
Maître de conférence en science politique (Géopolitique et
sécurité internationale) ) à l’Institut Catholique de Paris, à la ‘Faculté
des Sciences Sociales et Économiques’ (FASSE, dont elle est vice-
doyenne. Thèmes de recherche : intervention civile de paix dans des
zones de conflits, relations internationales et migrations forcées,
déplacement interne de populations.
Assure les formations des volontaires pour des missions
d’intervention civile de paix pour le ‘Comité français de l’intervention
civile de paix’ dans la cadre d’un diplôme universitaire (DU)
« L’intervention civile de paix repose sur quelques principes
fondateurs : la non-violence, l’impartialité et le respect des acteurs
locaux. (…)
Cet outil n'est pas simplement visionnaire, en avance sur son
temps, mais il est aussi efficace et cohérent avec les valeurs qui le
sous-tendent. »
10. Pinar Selek
Née en 1971, sociologue et romancière de Turquie, militante du
droit des femmes et de l’objection de conscience.
En 1998, arrêtée et torturée par les policiers à la recherche de
l'identité de Kurdes qu'elle a interrogés dans le cadre de recherches
sociologiques sur les conséquences de la guerre civile.
Accusée d'être responsable d'un attentat commis en juillet 1998
dans le marché aux épices d'Istanbul, reconnue innocente.
Organise une ‘Rencontre des femmes pour la paix’ à Diyarbakir.
En 2001, fonde avec d'autres l'association féministe Amargi
("retour à la mère", mais aussi "liberté" en sumérien) qui s'engage dans
les mobilisations contre les violences faites aux femmes, pour la paix et
contre toutes les dominations. L'association organise, en 2002, la
‘Marche des femmes les unes vers les autres’ : des milliers de femmes
convergent de toute la Turquie vers la ville de Konya.
Exilée politique en Allemagne, puis en France, où elle est
militante, chercheuse et enseignante en sciences politiques et en
sociologie.
11. Yonatan Shapira
Né en 1972 ?, Israélien, ex-officier de l’armée de l’air.
En septembre 2003, fait partie des 27 pilotes de l’armée de l’air
qui déclarent refuser d’effectuer des missions dans les territoires
occupés.
Licencié de l’armée. Dénonce les crimes de guerre israéliens *.
Fondateur, avec le Palestinien Souliman Khatib, de l’association
israélo-palestinienne Combatants for Peace, qui mène une lutte non-
violente contre l’occupation israélienne de la Palestine et pour une
solution pacifique entre les 2 peuples.
Appelle au boycott et aux sanctions internationales contre Israël,
participe aux flottilles vers Gaza pour dénoncer le blocus maritime de
cette zone palestinienne.
* En juillet 2002, pour tuer un dirigeant du Hamas à Gaza, un F 16 israélien largue
une bombe et tue 14 personnes, dont 9 enfants. Lors de l’opération Plomb durci
(22 jours de bombardements en déc. 2008 - janv. 2009), 1 400 Palestiniens sont
tués. etc.
12. Leymah Gbowee
Née en 1972, travailleuse sociale libérienne,
membre de l'Église luthérienne. Au Ghana, membre du ‘Réseau
Ouest Africain pour la consolidation de la paix’ (WANEP).
Responsable de l'organisation du mouvement non-violent Women of
Liberia Mass Action for Peace qui œuvre pour mettre un terme à la
deuxième guerre civile libérienne en 2003 et conduit à l'élection au Liberia
de la première femme présidente d'une nation africaine, Ellen Johnson
Sirleaf.
En 2002, en tant que "combattante de la paix", est à l'origine d'une
"grève du sexe" lors de laquelle les femmes de toutes les confessions
religieuses se refusent aux hommes tant que les hostilités se poursuivent.
Cette action oblige le dictateur sanguinaire Charles Taylor à les
associer aux négociations de paix peu avant sa chute.
Co-prix Nobel de la paix 2011 pour avoir « mobilisé et organisé les
femmes au-delà des lignes de division ethniques et religieuses pour mettre
fin à une longue guerre au Liberia et assurer la participation des femmes
aux élections. »
13. Vincent Girard
Chef de projet de la campagne d’action ’Marseille, ville non-violente’
initié avec une équipe, dont la psychothérapeute Isabelle Filliozat. Cette
politique menée au niveau de la ville* se propose de construire dans une
dynamique participative une information et une formation sur les enjeux
autour du trauma. Il s’agit de toucher les professionnels de l’éducation, de
la santé, de la police, de la Justice, et toute personne en contact avec des
enfants, des familles, des communautés et de travailler sur quatre points,
les 4 R : 1) Réaliser ce qu’est le trauma et son impact ; 2) savoir en
Reconnaître les signes ; 3) apprendre à y Répondre ; 4 ) Résister à
retraumatiser.
../..
* De nombreuses villes dans le monde ont créé un réseau dit Trauma informed city dont Oslo,
Leeds, Belfast, Baltimore, Philadelphie, San Francisco, Toronto, Sacramento, etc.
Né en 1972, psychiatre français. Promeut, à la suite du professeur états-unien Larry
Davidson, le concept de rétablissement, un modèle médical qui rompt avec la notion de
guérison, et qui se centre sur le point de vue du patient. Vise à prévenir plutôt que guérir.
Initiateur du programme ‘MARSS, Mouvement et action pour le rétablissement sanitaire et
social’, et du ‘Lieu de répit’, hébergement psychiatrique communautaire en alternative à
l’hospitalisation.
14. Vincent Girard, « Marseille non-violente »
L’objectif est la diminution de la violence intrafamiliale, à
l’école, au travail et la diminution de violences de genre/sexuelles.
Les six principes mis en oeuvre :
- Sécurité : assurer la sécurité (physique, économique, émotion-
nelle, etc.) ;
- Pouvoir : voix de chacun, choix, autonomie, restaurer à chacun
du pouvoir sur sa propre vie ;
- Authenticité : fiabilité, transparence, pas de secret ;
- Ensemble : support par les pairs, coopération, mutualisation,
modèle psychosocial orienté vers le rétablissement ;
- Positivité : approche basée sur les forces (on regarde ce qui
marche déjà, on s’appuie sur les forces existantes et en devenir),
orientation vers les solutions et le rétablissement ;
- Adaptation : culture, histoire et questions de genre.
Images :
- Visuel sur la neuroperception et le stress toxique utilisé dans la formation
- House of correction de Philadelphie (États-Unis), fermée en 2018
15. Étienne Raphaël et Dominique Legeard
E. R.: Français né en 1972. Diplômé de littérature moderne et d’une
maîtrise de cinéma, réalisateur, scénariste, producteur, monteur.
Rencontre les résistants non-violents palestiniens, les paysans du
Larzac, voyage au cœur de la forêt primaire au Gabon, en ex-
Yougoslavie, participe aux combats écologistes, contre les OGM ou
le nucléaire.
D. L. : Français né en 1960 (pseudonymes : Lidwine, Marcel de la
Gare), dessinateur de bandes dessinées.
Créateurs d’une bande dessinée de 240 pages sur la non-violence à
paraître en 2017.
« La non-violence fait preuve d'imagination, elle est spectaculaire,
pleines de rebondissements et de mouvements : en fait, elle contient tous
les ingrédients pour un grand récit d'aventure, avec des personnages hauts
en couleur, avec de l'action et même de l'humour. (…)
L'instant neige est la métaphore de ce moment inattendu qui
surprend chacun de nous quand, au petit matin, nous découvrons avec
émerveillement que la neige est tombée pendant la nuit, bousculant toutes
les prévisions de notre quotidien. »
16. Abdullah Abu Rahma
Né en 1973 ?, Palestinien, habitant de Bil’in, village de 1800
habitants en Cisjordanie privé de ses terres par la construction du mur.
Coordinateur du ‘Comité Populaire de Bil'in contre le Mur de
séparation et les Colonies’.
Depuis Janvier 2005, le village a organisé des manifestations
non-violentes hebdomadaires tous les vendredis contre la construction
du mur avec des Israéliens et des internationaux.
A obtenu en 2007 de la Cour Suprême israélienne le déplacement
du mur.
Arrêté en décembre 2009 pour détention d’armes israéliennes
usagées après avoir organisé une exposition de grenades utilisées
contre les manifestants. 25 comités de résistance populaire ont adopté
des méthodes d’action similaires.
« Notre seul ennemi est l’occupation (…)
La non-violence est efficace. C’est quelque chose dont nous
sommes fiers. Notre intifada est pacifique, est c’est pourquoi elle est
forte ».
17. L’inconnu de la place Tian’anmen
Le 4 juin 1989 a lieu une violente répression exercée par le
gouvernement chinois à l'encontre des manifestations pour la
démocratie.
Le lendemain, 5 juin, sur la place Tian’anmen, à Pékin, un
inconnu (le ‘Tank Man’) bloque la progression d'une colonne d'au
moins 17 chars du type 59 de l'Armée chinoise.
Les chars s'arrêtent devant lui, il leur fait signe de repartir. Le char de
tête essaie à plusieurs reprises de contourner l'homme, mais celui-ci
se place à nouveau sur sa route.
Puis l'inconnu grimpe sur le dessus du char et a une brève
conversation avec un membre d'équipage.
Des témoins (ou des policiers en civil ?) éloignent l'homme et
l’entraînent dans la foule. Les chars poursuivent alors leur progres-
sion.
La photographie de la scène, prise par Jeff Widener de l'Associated Press, est
couramment utilisée pour symboliser le courage et la force de la non-violence
face à la répression armée.
18. Xavier Renou
Français né en 1973, docteur en science politique, ancien
collaborateur de Greenpeace.
Crée en novembre 2006 le ‘Collectif des désobéissants’* pour
lutter contre l’arme nucléaire.
Les stages de formation s’adressent aux militants de l’altermondia-
lisme, de l’écologie, des droits de l’homme, etc.
Ils exposent les fondements de la désobéissance civile et expli-
quent comment monter une action de A à Z : analyse de la situation,
définition de l’objectif, répartition des tâches, transport, budget, contacts
avec la presse, sécurité, attitude pendant l’interpellation et le procès,
comment assumer la sanction, etc.
« L'article 2 de la déclaration des droits de l'homme de 1789
affirme le droit du citoyen à résister. La désobéissance civile ne
s'improvise pas. Une formation est utile pour tous ceux qui se battent de
manière non-violente pour changer le monde. Nos stages permettent aux
participants d'éviter les bêtises, de mieux s'organiser et d‘être plus
efficaces dans leur action. »
* L’IRNC préfère le néologisme de ‘désobéisseur’, qui évoque une action citoyenne
délibérée, alors que ‘désobéissant’ peut évoquer l’enfant capricieux incontrôlable.
19. Srdja Popovic
Né en 1973, activiste serbe. Études de biologie marine à
l'université de Belgrade. Commence une carrière dans la musique avec
deux albums et quelques concerts. S’engage dans le Parti démocrate
en 1991, lors des manifestations contre le régime de Slobodan
Milosevic. En 1996, est élu à l’assemblée municipale de Belgrade.
Participe aux manifestations de l’hiver 1996-1997.
Fin octobre 1998, fonde Otpor, avec une quinzaine d’autres amis,
en lutte contre la dictature de Milosevic.
Après la révolution qui a poussé Slobodan Milosovic à la
démission en 2000, devient membre de l'Assemblée nationale serbe.
Est ensuite conseiller du premier ministre Zoran Đinđić, puis
membre du cabinet du ministre de l’Économie et conseiller auprès du
vice-premier ministre.
Intervient dans les universités états-uniennes, notamment dans un
cours en ligne à l'université Harvard. Est élu en 2017 recteur de
l'université de St Andrews, au Royaume-Uni. ../..
20. Srdja Popovic et Slobodan Djinovic
Anciens membres du mouvement de résistance de la
jeunesse serbe Otpor ! ("Résistance !") qui a joué un rôle majeur dans le
renversement de Slobodan Milosevic en octobre 2000, de même que la
coalition des partis politiques d’opposition DOS et le CESID avec ses
milliers d’observateurs électoraux .
Ces trois acteurs ont reçu des aides d’organisations états-uniennes
(National Endowment for Democracy (NED), International Republican
Institute (IRI), ‘Agence américaine pour le développement international’
(USAID), etc.
Ils ont bénéficié des formations à l’action non-violente animées par
Robert Halwey, proche collaborateur de Gene Sharp, dont les livres ont
été traduits et diffusés en fiches sur Internet.
../..
21. Ivan Marovic, Stanko Lazarevic et Aleksandar Maric
Otpor ! tente ensuite de se transformer en parti politique qui
essuie un fiasco électoral ( 60 000 voix) aux élections parlementaires.
Quand Otpor ! s’intègre dans le Parti Démocratique du président
Boris Tadic en septembre 2004, Popovic et Dinovic s’en éloignent et
créent en 2005 le Centre for Applied Non-Violent Actions and Strategies
(CANVAS) qui organise des séminaires de formation à la lutte contre
les fraudes électorales dans d'anciens satellites soviétiques.
D’autres leaders serbes d’Otpor !, Ivan Marovic, Stanko
Lazarevic et Aleksandar Maric, créent le Center for Non-Violent
Resistance. ../..
Photo du bas : Ivan Marovic
22. Les anciens leaders d’Otpor !
Ces organisations sont devenues des entreprises privées de
consultants monnayant leurs compétences.
C’est ainsi que les méthodes non-violentes ont été "exportées"
en Géorgie (chute de Chevardnadze), en Ukraine (organisation Pora,
très active durant la "révolution orange"), en Biélorussie (organisation
de défense des droits civiques ZUBR, opposée à Loukachenko), en
Albanie, en Russie (opposition à Poutine), au Kirghizistan (renverse-
ment du président Akaïev), en Ouzbékistan (opposition à Karimov),
au Liban, etc.
Les étudiants du Mouvement du 6 Avril en Égypte ont consulté
Otpor ! et adopté ses méthodes lors de la révolution égyptienne de
2011. ../..
Photos : - Srdja Popovic et Slobodan Dinovic,
- Logo du Mouvement du 6 avril inspiré de ceux d’Otpor ! et de Canvas
23. Les anciens leaders d’Otpor !
« L'essentiel du travail de CANVAS est plutôt de répandre
dans le monde le message du "pouvoir du peuple" que de
remporter des victoires contre tel ou tel dictateur.
Notre prochaine mission sera de montrer qu'une lutte
non-violente est outil puissant pour la liberté, la démocratie et
les droits de l'homme ».
Resteront à vérifier à l’avenir la cohérence entre les
moyens non-violents et les fins poursuivies, la déontologie de
ces organismes de formation à l’action non-violente, l’ambition
et le devenir politiques de leurs dirigeants…
24. Sébastien Arsac et Brigitte Gothière
Nés en 1973. S. B. : professeur des écoles, objecteur de
conscience. B. G. : Professeure dans l’enseignement professionnel,
bénévole à la Croix Rouge.
Créent en 2003 le collectif ‘Stop gavage’ pour lutter contre
le gavage des canards destinés au foie gras. Créent en 2008
l’association L 214 (en référence à l’article L214 du Code rural qui
a reconnu pour la première fois en 1976 que les animaux étaient doués
de sensibilité), qui agit en justice pour faire condamner les actes de
cruauté et les pratiques illégales.
Comme dans les associations états-uniennes Mercy for
Animals ou Compassion in world farming (CIWF), les militants se font
embaucher dans les abattoirs ou les élevages industriels avec des
caméras cachées pour dénoncer les conditions d’abattage et la
maltraitance animale.
d
En trois ans, l’association a lancé les sites Viande.info (un site sur l’impact de
la viande), Politique-animaux (un observatoire des prises de position des élus
politiques sur les animaux), Vegoresto (qui répertorie les restaurants végans en
France)
25. Rachel Kéké
Femme ivoirienne, née en 1974, arrivée en France en 2000,
mère de 5 enfants. D’abord femme de chambre, puis gouvernante.
Travaille pendant 17 ans à l’hôtel Ibis, rue des Batignolles à Paris, a
successivement 4 employeurs sous-traitants d’Ibis, dont le dernier, STN,
impose des cadences épuisantes (jusqu’à 40 chambres par jour).
Organise une grève, avec drapeaux, tracts, haut-parleurs,
confettis, musique, danses, piquets de grève sous la neige. Remporte
avec les autres employées (34 au début, 20 à la fin) une victoire historique
en mai 2021 au terme de 22 mois de grève : augmentation de salaires,
indemnité de nourriture, baisse de la cadence indicative de nombre à
chambres à nettoyer par heure, mise en place d’une pointeuse
électronique, fourniture de 2 tenues par an.
« "Ce métier de femme de chambre est un travail où on exploite
beaucoup les femmes. On n'a pas de diplôme. On connait l'exploitation, le
harcèlement moral, sexuel... Le syndicat CGT propreté tentait par tous les
moyens de nous décourager, alors on a contacté le syndicat CGT-HPE*. Il
faut déranger suffisamment pour que l’hôtel soit obligé de faire des
"gratuits" aux clients. Mais c’était dur : on était méprisées, certains clients
nous jetaient des pommes et des seaux d’eaux depuis les fenêtres. On
avait deux options : démissionner ou gagner. Certainement pas céder ! »
* HPE : Hôtels de prestige et économiques
26. Eli McCarthy
Né en 1975, États-unien, doctorat en éthique et en théorie
sociale de la Graduate Theological Union et maîtrise en théologie de la
Weston Jesuit School of Theology. Responsable des questions de
justice et de paix à la Conference of Major Superiors of Men
(conférence de direction de tous les ordres religieux des hommes
catholiques des États-Unis), professeur en Justice and Peace Studies à
la Georgetown University (Washington DC). Assure des interventions
non-violentes dans les conflits et une formation à la justice réparatrice,
une éducation à la paix et à la protection des civils non-armés.
Définit une « éthique de la paix juste » comme un « moyen de
coopération politique pour le bien commun, le respect de la dignité de
tous et du monde, pour prévenir la violence avant son déclenchement et
transformer le conflit par des stratégies non-violentes » :
1 – Développer les qualités et compétences pour gérer les conflits de
manière constructive
2 – Briser les cycles des conflits destructeurs et violents
2 – Construire une paix durable.
27. Kaddour Hadadi
Surnommé HK, auteur-chanteur français né en 1976, fils d'immigrés
algériens établis à Roubaix. Ex-membre du groupe ‘Ministère des affaires
populaires’ (MAP), initiateur du groupe ‘HK et les Saltimbanks’. Son
engagement à gauche a fait de la chanson On lâche rien ! un hymne de
campagne.
Sort en 2011 l'album Citoyen du monde. Crée en 2019 la chanson
Alors on change dans un clip à l’occasion des mobilisations relatives au
climat, avec les images de l'association ANV-COP21.
En dépit des attentats et des blessures de la révolution, le roman
poétique Le cœur à l’outrage conte l’histoire d’Elsa et Mohammed
cherchant à faire tenir leur histoire d’amour entre Paris où ont lieu les
attentats terroristes et Tunis où s’invente la démocratie.
Proche de ‘Greenpeace’, ‘ATTAC’, ‘Amnesty International’, membre
de ‘Non-violence XXI’.
La chanson Ce soir nous irons au bal, interprétée par HK et les
Saltimbanks, se veut un hommage aux victimes des attentats du 13
novembre 2015 en France.
Avec sa chanson On lâche rien ! , écrit un des hymnes des luttes
sociales. Appelle à un changement profond du système politique.
../..
28. Kaddour Hadadi
« Nous sommes révolutionnaires. Nous l’avons toujours
été, nous le serons toujours, face à ce système que l’on considère
comme injuste, absurde, oppressant, violent, et à bout de souffle.
Mais nous ne sommes pas des adeptes de la révolution «à tout
prix», quels que soient les moyens, ou quelles que soient les
alliances : le chemin que l’on choisit pour mener une bataille est
aussi important que la bataille elle-même. »
« Répondre à la violence par une autre violence, c’est déjà se
perdre soi-même. (…) Si nous échouons à obtenir de grandes
victoires par la non-violence, je crains que des lendemains plus
sombres ne s’annoncent. La désobéissance civile est un outil
particulièrement pertinent. Lorsque l’on se rend compte à quel point
le jeu est faussé, le semble de s’organiser et de ne plus respecter les
règles me semble un choix juste.
Nous rêvons de la victoire de nos idées, de nos valeurs de
justice sociale, de solidarité et de fraternité humaine, de démocratie
réelle, de respect de la Terre et du vivant. Nous rêvons d’une lutte
enchantée, menée avec force et obstination. En faisant tout ce qui
est en notre pouvoir pour ne jamais avoir à céder à la violence, car
cela voudrait dire que nous aurons perdu une part essentielle de ce
que nous sommes et de ce pour quoi nous nous battons.»
29. Oleh Sentsov
Né en 1976, réalisateur, scénariste et producteur ukrainien de
cinéma. Son film Gaamer (2011) raconte l’histoire d’un jeune ukrainien
passionné de jeux vidéo.
Engagé dans le mouvement pro-européen Euromaidan, ne
reconnait pas l’invasion puis l’annexion russe de la Crimée. Arrêté en
mai 2014, comme Hennady Afanasyev, Alexei Chirnigo et Oleksandr
Kolchenko, par le ‘Service fédéral de sécurité de la Fédération de
Russie’ (FSB) sous l'accusation de « préparation d'actes terroristes ».
Condamné en août 2015 à 20 ans de réclusion aux termes d'une
parodie de procès.
Emprisonné dans une colonie pénitentiaire en Sibérie occidentale,
fait en 2018, 145 jours de grève de la faim. Reçoit en octobre 2018 le
prix Sakharov du Parlement européen. Libéré en septembre 2019 au
cours d'un échange de prisonniers entre l'Ukraine et la Russie.
« Je ne suis pas un serf. »
« Je ne vois pas l’intérêt d’avoir des principes si on n’est pas prêt à
souffrir, voire à mourir pour eux ».
« Quand tu te retrouves en prison, tu apprends à vivre d’espé-
rance, même quand celle-ci a disparu. »
Image du bas : Le film Le Procès de Askold Kurov au sujet du procès de Sentsov
30. Véronique Dudouet
Française née en 1977. Enfance au sein des communautés de
l’Arche de Lanza del Vasto, études en science politique (IEP de
Toulouse) et en résolution des conflits (Master et doctorat au
Département de Peace studies de l’université de Bradford, Grande-
Bretagne).
Chercheuse principale et directrice de programme à la
‘Fondation Berghof’ à Berlin (Allemagne) où elle travaille depuis 2005
et membre de l’IRNC.
Active dans plusieurs initiatives de solidarité internationale,
notamment sur la Palestine (où elle a effectué plusieurs séjours de
recherche et d’accompagnement civil).
Ses travaux de recherche actuels portent sur la transition de la
lutte armée à la résistance civile, le rôle des acteurs tiers dans les
mouvements non-violents, la gouvernance post-conflit, la
méthodologie de "recherche action" participative, la négociation et la
médiation dans les conflits politiques asymétriques.
31. Erica Chenoweth et Maria Stephan
Maria Stephan., universitaire états-unienne née en 1977. Chercheuse
à l’International Center on Nonviolent Conflict (ICNC) et à l’US Institute for
Peace. Rencontre en 2006 Erica Chenoweth, étudiante en doctorat de
sciences politiques à l’Université du Colorado, aujourd’hui Associate Senior
Researcher au Peace Research Institute Oslo (PRIO), qui s’interroge sur la
pertinence de l’action non-violente.
Elles collectent des données sur toutes les campagnes majeures
depuis 1900, violentes et non-violentes, visant le renversement d’un
gouvernement ou la libération d’un territoire. Les données couvrent le
monde entier et concernent tous les cas connus, 323 cas, où ont été
observés au moins 1000 participants. Leur ouvrage Why Civil Resistance
Works ? The Stratégic Logic of Nonviolent Conflict (2011) montre qu’entre
1900 et 2006, les campagnes non-violentes, dans le monde entier, ont
réussi deux fois plus souvent que les insurrections armées.
Cette tendance se confirme sur la période 1900-2014. Attirant un
soutien impressionnant des citoyens et privant les régimes de leurs
principales sources de pouvoir, les campagnes non-violentes ont produit
des résultats remarquables, même dans les contextes iranien, palestinien,
philippin et birman. ../..
32. Erica Chenoweth et Maria Stephan
Dans le même temps, les insurrections violentes sont
devenues de plus en plus rares et infructueuses.
Les auteures identifient les conditions qui favorisent le succès
de la non-violence. La résistance non-violente présente moins
d'obstacles à l'implication physique et psychologique des femmes,
des personnes âgées ou handicapées, permet l'information et
l'éducation, favorise l'engagement des participants. Des niveaux de
participation plus élevés contribuent alors à une résilience accrue, à
une probabilité accrue d’innovation tactique, à une possibilité accrue
de remise en cause du désordre établi (et donc à une incitation
moindre du régime à maintenir le statu quo), ainsi qu’à des
retournements parmi les acteurs, y compris les membres des forces
militaires.
Les mouvements de résistance non-violents couronnés de
succès ouvrent la voie à des démocraties plus durables et plus
pacifiques, moins susceptibles de régresser dans la guerre civile.
33. Erica Chenoweth et Maria Stephan
« Croire que seule la violence peut combattre efficacement
un pouvoir qui refuse d’entendre son peuple est une erreur aussi grave
que répandue. En réalité, la non-violence est une arme bien plus efficace
contre la tyrannie.
Erica Chenoweth et Maria J. Stephan, spécialistes américaines
de politique internationale, ont observé plus de 320 insurrections au
cours du XXème siècle, notamment en Iran (1979, image du haut), en
Palestine (1992), aux Philippines (1986) et en Birmanie (1990). Leur
conclusion est sans appel : quels que soient leurs objectifs et le type de
pouvoir qu’elles affrontent, les insurrections non violentes
parviennent à leurs fins trois fois sur quatre, contre une fois seulement
pour les violentes. En outre, les mouvements de résistance civile offrent
une bien meilleure garantie d’un avenir démocratique.
Pouvoir de la non-violence est devenu un ouvrage de référence
plusieurs fois primé qui dénonce l’inefficacité des soulèvements violents
dans le monde. »
L’édition française est précédée d’une préface inédite de Jacques
Semelin, directeur de recherche au CNRS, professeur à ‘Sciences Po
Paris’, spécialiste français des questions de résistance civile.
34. Abdourahman Mohamed Guelleh
alias TX, né en 1977, militant politique non-violent djiboutien*.
Ancien maire de la ville de Djibouti. Emprisonné durant 4 mois en 2020
pour avoir participé à une réunion de la coalition de 7 partis politiques,
l’‘l’Union pour le salut national (USN)’ dont il était le Secrétaire général.
Dirige actuellement le ‘Rassemblement pour l’action, la démocratie et le
développement écologique’ (RADDE), principal mouvement d’opposition
à la dictature, qui organise des protestations non-violentes : sit-in devant
l’Assemblée nationale, marches avec des chants et danses tradition-
nelles, etc.
« Le RADDE est opposé à toute forme de violence pour des
raisons de principe, de pragmatisme et de stratégie. Je suis habité par
trois principes de Martin Luther King : accepter la souffrance au nom de
la cause pour atteindre l’objectif, éviter la violence physique, ne pas
nourrir le sentiment de vengeance dans mon esprit. Ils m’ont permis
d’affronter avec courage - et une certaine sérénité - toutes les formes de
répression que j’ai endurées. »
* La République de Djibouti, indépendante depuis 1977, est dirigée depuis 45 ans par le
dictateur Ismail Omar Guelleh, ex-chef de la sécurité intérieure et extérieure, puis Président de la
République depuis 1999. Il s’estime réélu en 2021 pour un 5ème mandat et tient le pays d’une
main de fer. Toute forme d’opposition ou de revendication politique, sociale, économique ou
syndicale est brutalement étouffée dans l’œuf ou réprimée : massacres de civils non armés;
assassinats ciblés, arrestations arbitraires, tortures, exils forcés, licenciements, etc.
35. Marina Ovsiannikova
Née Tkatchouk en 1978, journaliste et productrice russe. Fille d'une
mère russe et d'un père ukrainien, diplômée de l'Université d'État du
Kouban, puis de ‘l'Académie russe d'économie nationale et d'administration
publique’. Travaille pour la première chaîne de télévision russe Pervi Kanal,
détenue majoritairement par l'État.
Dans la troisième semaine de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le
14 mars 2022, pour manifester son opposition à la guerre en Ukraine, se
fait mondialement connaître par un acte de résistance, en brandissant lors
du journal télévisé du soir Vremia, une pancarte Non à la guerre. Ne croyez
pas à la propagande. Ici, ils vous mentent. Les Russes contre la guerre. La
diffusion normale de l'émission est interrompue, un reportage pré-enregistré
remplace le direct.
Arrêtée, condamnée à une amende pour « infraction administrative »,
relâchée dans l'attente d'un jugement pour non-respect de la récente loi sur
la "propagation de fausses informations sur l’utilisation des forces armées
russes", qui pouvait lui valoir jusqu'à 15 ans de prison. Exfiltrée en France
par ‘Reporters sans frontières’ et réfugiée à Paris.
« J'ai honte d'avoir laissé raconter des mensonges sur les écrans de
télévision. J'ai honte d'avoir permis de zombifier les Russes. (…) Allez
manifester, n'ayez pas peur, ils ne peuvent pas nous emprisonner tous. »
36. Razika Adnani
Né en 1978 ?, philosophe, islamologue et conférencière franco-
algérienne. Jusqu’en 2005, enseigne la philosophie en Algérie. Publie en
2001 et 2003 deux précis de philosophie destinés aux lycéens. Quitte
l'enseignement afin de s’investir complètement dans la réflexion philoso-
phique ainsi que dans la recherche sur l’Islam et la pensée musulmane.
Membre du Conseil d’Orientation de la ‘Fondation de l'Islam de France’
et membre du conseil scientifique du ‘Centre civique d’étude du fait
religieux’ (CCEFR).
Penseure de l'islam, s’inscrit dans la lignée d'intellectuels comme
Mohammed Arkoun ou Nasr Hamid Abou Zeid qui interrogent la pensée
musulmane en vue de la renouveler.
Dans La nécessaire réconciliation (2014), réfléchit à la question
de la violence, de la relation à l’autre, à soi et à l’histoire. Cet ouvrage
emprunte à l’Algérie la matière de sa réflexion, mais ouvre le champ sur
les questions relatives au rapport à la violence et à la mémoire.
Défend l’idée que la violence est immorale et qu’elle s’exprime
là où l’être humain manque de maturité. Même si la contre-violence est
utilisée pour éviter une violence supérieure, elle doit être jugée comme
un échec et un mal. La distinction entre la fin et le moyen est impérative
pour éviter que la violence s’attribue la valeur morale de la fin.
37. Rachel Corrie
(1979-2003), militante états-unienne d’origine juive, volontaire
de l’International Solidarity Movement (ISM).
Morte le 16 mars 2003 dans la bande de Gaza, durant la
‘seconde Intifada’, écrasée par un bulldozer israélien alors qu'elle
essaye avec d'autres membres de son organisation d'arrêter
pacifiquement la démolition de la maison d'un médecin palestinien.
Des membres d'ISM présents sur les lieux lors des faits
affirment que le conducteur du bulldozer a délibérément tué
R.C. en l'écrasant deux fois avec son bulldozer. La jeune femme
s'était placée face à l'engin, dans le but de se faire voir par le
conducteur et ainsi l'inciter à ne pas poursuivre son chemin
vers la démolition.
Selon l’armée israélienne, le conducteur de l’engin ne l’aurait
pas vue, car elle était dans un angle mort.
38. Erika Leclerc-Marceau
Née en 1979, comédienne d'origine québécoise installée en France,
humoriste, animatrice radio, chroniqueuse, auteure de créations théâtrales sur
mesure. ‘École nationale de l’humour’ (Montréal), licence en communication
UQAM (Montréal), 10 ans de formation en Communication Non-Violente.
Auteur et interprète de Ma [non] violence ordinaire.
Co-créatrice de La Beauté des Sexes, un duo drôle, doux et questionnant sur Comment éduquer à
l'équité des sexes? Animatrice de radio Microphone Francophone . Co-créatrice de la conférence active
Oser se parler... Comment dire ? une initiation à la Communication Non-Violente en duo avec Françoise
Keller. Co-créatrice du spectacle La folle épopée d'une famille ordinaire qui a pour thème central ’Que
voulons-nous vivre ensemble ?’ Créatrice de Erika l'intranquille (humour sensible, décalé et poético-fêlé)
et de Être parents, mieux vaut en rire ! (mélange de one woman show, de conférence gesticulée et de
théâtre forum autour de l'éducation bienveillante).
« Les conflits, ça fait partie de la vie, de la paix. Le médecin aussi tombe
malade, ça ne l’empêche pas d’être bon médecin, au contraire ! (…) La
violence est aussi à l’intérieur de moi. Dans ma tête, il y a un autobus rempli
de personnages, et c’est pas toujours la même personne qui conduit l'autobus
! La belle-mère de Cendrillon vit dans ma tête, parfois, c'est elle qui conduit le
bus! (…) La réponse à la violence, c’est l’amour : l’écoute, la compréhension,
le soin, l’ouverture, la fermeté, la douceur, la confiance, le courage, la vérité. »
39. Chloé di Cintio
Née en 1979, formatrice française. Diplômée en philosophie et en
psychologie. S'engage en 1996 dans le ‘Réseau Sortir du nucléaire’ (sit in,
blocages, pratique du consensus en grand groupe, etc.). En 2002, rédige
un mémoire de maîtrise, Désobéissance civile et non-violence. Se
consacre ensuite à l'éducation alternative (gestion des conflits, pratiques
coopératives, théâtre forum, etc.). Se spécialise en éducation alternative
depuis 2002 : formatrice ‘Non Violence et Paix 54’, formée auprès de
‘Génération Médiateurs’, rejoint l'association ‘Altern'Educ’ en 2002, dans
laquelle elle exerce des fonctions d'animation, formation et direction, avant
d'en devenir Présidente. Dirige la revue Éduquer Autrement de 2003 à
2008.
Spécialiste en jeux coopératifs, formée au théâtre-forum, à la
communication sans violence, à l'animation de cercles de parole, à la
gestion des conflits, anime des formations sur ces thèmes.
Son Petit traité de désobéissance civile dresse un état des lieux
complet de cette forme de résistance politique, des origines à nos jours :
théorie, pratiques, méthodes, débats, enjeux et perspectives. L'auteur fait
le point sur les notions essentielles de toute société humaine (la morale, la
violence, la légitimité, le droit, la loi...). Ce livre donne aussi la parole aux
acteurs de la désobéissance.
40. Jon(athan) Palais
Né en 1979. Milite à Greenpeace à partir de 2006 et avec
l'association écologiste ‘Bizi !’, au Pays Basque, à partir de 2011.
Participe au lancement des mouvements ‘Alternatiba’ en 2013
et ‘Action Non-Violente COP21’ en 2015, deux dynamiques de mobilisa-
tion citoyenne contre le changement climatique, qui conjuguent la
promotion des alternatives avec les actions non-violentes de résistance
et d'opposition.
« Notre génération doit relever en quelques années le défi le
plus colossal qu’on ait jamais connu à l'échelle de toute l'histoire de
l'humanité.
Un tel défi ne pourra pas être relevé par des petits groupes de
militants, mais par un mouvement citoyen de masse, à la fois radical et
populaire, car c'est une transformation en profondeur de notre société
qu'il faut réussir à faire très rapidement au niveau planétaire. (…)
La stratégie de l'action non-violente est la mieux adaptée pour
lancer le mouvement “à la Martin Luther King pour le climat” dont nous
avons besoin aujourd'hui. »
41. Tawakkul Karman
Née en 1979, militante yéménite pour la défense des droits
des femmes.
Crée en 2005 le groupe de défense des droits humains
Women Journalists Without Chains (Femmes journalistes sans
chaînes), pour défendre la liberté de pensée et d'expression.
Dénonce l'interdiction par le ministère de l'Information de la
création d'un journal et d'une radio, reçoit des menaces et des offres
de corruption des autorités.
De 2007 à 2010, participe ou appelle à des manifestations ou
des sit-in sur la place de la Liberté à Sanaa, devant le bâtiment du
gouvernement.
Co-prix Nobel de la paix 2011 en reconnaissance de « son
travail dans la lutte non-violente pour la sécurité des femmes
et pour les droits des femmes à la pleine participation dans le
travail de consolidation de la paix au Yémen ».
« Leur cause est juste, mais ce n’est pas par la violence que
les Syriens réussiront à faire tomber la dictature. »
42. Benjamin Joyeux
Né en 1980, journaliste français indépendant et juriste de
formation, spécialisé sur l'environnement et les relations internationales,
militant dans divers associations et collectifs de défense des libertés et
des droits humains.
Pendant dix ans collaborateur parlementaire d'élu.e.s écologistes
au Sénat, à l'Assemblée nationale et au Parlement européen.
Sympathisant du mouvement indien Ekta Parishad depuis 2004.
Activiste gandhien de la non-violence, coordinateur depuis 2016 de Jaï
Jagat 2020, grande marche Delhi-Genève pour la justice et la paix
prévue en 2020, sorte de « Forum social en marche » qui s’adresse à
tous les exclus de la mondialisation et celles et ceux pour qui un autre
monde est possible. La marche a notamment pour but la mise en œuvre
des 17 ‘objectifs de développement durable’ (ODD) de ‘Agenda 2030 des
Nations Unies.
« Un engagement politique n'a de sens qu'en mettant en adéqua-
tion les valeurs que l'on porte et la façon dont on se comporte. Et c'est
particulièrement vrai pour l'écologie, dont l'exigence n'est rien de moins
que de sauver la planète, en commençant donc par se sauver soi-
même. »
43. Guillaume Gamblin
Né en 1980, militant francais de la non-violence et de la décrois-
sance. Mémoire de maîtrise sur la philosophie de la non-violence. Milite
un temps au MAN, travaille pour ‘Non-violence XXI’, fait une enquête
sur les organisations non-violentes de France, reprise par Alternatives
non-violentes.
Auteur des ouvrages La Force de l’autonomie. Gandhi précur-
seur de la décroissance ?, L'insolente - Dialogues avec Pinar Selek,
avec Pierre Sommermeyer, du recueil Non-violence dans la révolution
syrienne, d’un livre sur Pepe Beunza, etc. Ancien volontaire de l'inter-
vention civile de paix au Guatemala.
Co-rédacteur depuis 2006 de la revue S!lence, très impliquée
notamment dans la réflexion et l’information sur la désobéissance civile.
« Lorsque les règles en vigueur ont été adoptées collective-
ment et dans le respect des minorités, lorsqu’elles respectent les
exigences de justice et les droits humains, économiques, politiques et
sociaux, les suivre permet alors de vivre ensemble. Car ce sont elles qui
aident à protéger les plus faibles et à établir une égalité de traitement
entre tou.te.s. ../..
44. Guillaume Gamblin
Mais lorsque les lois contreviennent aux exigences de
justice, ne respectent pas les droits et/ou ont été élaborées sans les
personnes et les groupes concernés, elles cessent d’être légitimes.
Quand les moyens de pression classiques pour les modifier ont été
épuisés sans résultats, désobéir à des lois injustes devient alors non
seulement un droit mais aussi un devoir.»
« Dans ce travail sur les victoires*, on a vu qu'il fallait en
moyenne entre 12 et 25 ans pour obtenir victoire, et ça montre que
quand on entame une campagne d’action non-violente, il faut y aller
sur le long terme, même quand le sujet est d'une urgence absolue. »
« La non-violence est plus que jamais nécessaire dans un
contexte où les tensions sont de plus en plus fortes à cause de
l’urgence écologique qui devient une urgence sociale et qui accentue
les extrémismes et les nationalismes. »
* N° spécial de S!lence sur les victoires de l'écologie en octobre 2022, pour les 40
ans de la revue, affiche associée ci-contre.
Image du haut : De la marche du sel de Gandhi à la lutte des paysans du Larzac,
des mouvements antipub et anti-OGM aux campagnes pour le climat d’ANV-COP 21, cette
affiche de S!lence donne également à voir de nombreuses actions moins connues, et la
diversité des formes de la désobéissance civile.
45. Caroline de Haas
Née en1980, militante féministe et femme politique française. Étudie
l'histoire contemporaine à Lyon-II et Nanterre, militante (‘Amnesty
International’, ‘Petits frères des pauvres’, ‘Scouts unitaires’, ‘UNEF’). En
2009, participe à la fondation de l'association ‘Osez le féminisme !’ dont
elle est porte-parole jusqu'en juillet 2011. Milite au sein du ‘Mouvement des
jeunes socialistes’ puis, au ‘Parti socialiste’ en tant qu'attachée de presse
du porte-parole du parti, Benoît Hamon, jusqu'en 2012.
Après l'élection présidentielle de 2012 et la création d'un ministère
des Droits des femmes au sein du gouvernement Ayrault, est conseillère
chargée des relations avec les associations et de la lutte contre les
violences faites aux femmes au sein du cabinet de Najat Vallaud-
Belkacem. En juin 2013, crée ‘Egaé’, d'égal à égale, agence de conseil en
égalité professionnelle. En septembre 2016, directrice de campagne de
Cécile Duflot, candidate à la primaire présidentielle écologiste de 2016.
En 2019, défend l’instauration d’un brevet de non-violence, obligatoire
au collège et soutenu par une campagne nationale de sensibilisation, sur
le modèle de l'attestation scolaire de sécurité routière, ayant pour but de
former les générations futures au respect des femmes.
46. Rima al Dali
Née en 1980, Syrienne, diplômée en droit de l'université
d'Alep, travaille pour un Programme de développement de l’ONU,
bénévole de la ‘Croix Rouge’.
Proteste en avril 2012 en robe rouge contre les violences en
Syrie.
Manifeste à nouveau pacifiquement à Damas en novembre
2012, avec Ru'a Ja'far, Kinda al-Za'our et Lubna al-Za'our.
Habillées en robes de mariage blanches, elles portent trois
bannières, l'une appelant à la fin de toutes les opérations militaires
en Syrie, une autre avec les mots "la Syrie est pour nous tous", et
une disant : « Nous sommes tous épuisés, nous voulons une autre
solution».
Emprisonnées.
« Les moyens utilisés pour parvenir à nos buts doivent être
aussi purs que nos buts.»
47. Kizito Mihigo
(1981-2020), artiste rwandais, chanteur de gospel, auteur de chants
liturgiques, organiste et compositeur.
Rescapé du génocide des Tutsis, formé au Conservatoire de musi-
que de Paris. Durant son séjour en Europe, ayant fait connaissance du
‘Mouvement international de la réconciliation’ (MIR), organise régulièrement
des concerts de musique sacrée suivis par une messe de Requiem pour
les victimes de toutes sortes de violences dans le monde.
Crée en 2010 la ‘Fondation Kizito Mihigo pour la paix’. Entame une
tournée dans les écoles et dans toutes les prisons du Rwanda pour édu-
quer aux valeurs de paix et de réconciliation. En 2012, animateur de télévi-
sion. En avril 2014, après avoir publié une chanson critique, Igisobanuro
Cy'urupfu (‘La signification de la mort’), aussitôt interdite par les autorités
rwandaises, est arrêté pour "menace contre l'État". En février 2015, con-
damné à 10 ans de prison pour "conspiration contre le gouvernement" du
président-dictateur Paul Kagamé. Libéré par la grâce présidentielle le 14
septembre 2018.
À nouveau arrêté le 13 février 2020, meurt dans sa cellule à Kigali le
17 février, officiellement d'un suicide par pendaison.
« Je suis rescapé du génocide mais ce n'est pas pour autant que
j'ignore la souffrance des autres (…) La mort n'est jamais bonne, que ce
soit du génocide, de la guerre ou des vengeances… »
48. Célia Grincourt
Née en 1982, animatrice radio et comédienne française. Master
de Lettres modernes, diplômée animatrice radio de ‘l’Institut National
Audiovisuel’. Pendant 15 ans comédienne, directrice de compagnie de
théâtre et autrice. Adhérente de ‘l’Observatoire de la violence éducative
ordinaire’ (OVEO), attachée à la défense des droits des enfants,
militante ‘Colibris’ et ‘Greenpeace’. Découvre la non-violence à la
lecture d’un article évoquant les travaux d’Erica Chenoweth.
Lance en octobre 2020 un podcast et un site Internet La force
de la non-violence, avec un programme d’interviews pour aborder la
non-violence sous toutes ses formes : Jean-François Bernardini, HK,
Jon Palais, Pauline Boyer, Daliborka Milanovic, Txetx Etcheverry,
Isabelle Filliozat, etc.
« La non-violence m’a permis de tout mettre en lien. Pour moi,
c’est tout simplement le meilleur moyen à notre disposition pour défen-
dre l’être humain, une réponse naturelle à tous les maux qui rongent
notre société. »
« Le podcast me permet de suivre ce fil rouge de la non-violen-
ce et favorise la prise de distance, donc la réflexion. Concernant le titre,
je souhaitais à la fois qu’il marque les esprits et qu’il casse les stéréo-
types. Faire comprendre aux gens que la non-violence représente une
force puissante, les interpeller d’emblée.»
49. Pascal Djemegued
Né en 1983, prêtre ("abbé Pascal") et militant politique
camerounais. Enfance difficile du fait de la mort de son père,
gendarme, alors que lui a 8 ans. Études de philosophie, stage aux États-
Unis (au Centre Martin Luther King et dans les zones de canne à sucre).
Diplôme universitaire ‘Intervention civile de paix’ de l’Université catholique
de Paris en 2019, mémoire de mastère sur la protection des enfants contre
Boko Haram.
Crée en 2019 le ‘Réseau de protection des droits de l’homme, de
l’environnement et de la promotion d’une culture de paix’. Dans un pays
livré à la violence des rebelles et des terroristes (Boko Haram) et à celle de
l’État, le réseau regroupe des étudiants et universitaires et se préoccupe de
réinsertion des exclus, de protection des victimes et des terres.
Cofonde ‘l’Observatoire de l’extrémisme violent et des droits de
l’homme dans l’Extrême-Nord’, qui veille sur les droits humains, dialogue
avec les autorités administratives et traditionnelles, puis la ‘Plateforme de
dialogue et d’organisation de la société civile’.
Accompagne des mères célibataires, des veuves de militaires,
d’anciens enfants-soldats, encourage des démarches de réconciliation.
« L’effort de toute une vie, disait Maurice Blondel, est d’associer la
pensée et l’action. (…) Il n’y a que l’amour pour convertir le criminel. »
50. Pauline Boyer
et Johann Naessens
Pauline Boyer, née en 1983, "activiste climat écoféministe" française.
Docteure en pharmacie et ingénieure des industries chimiques ENSIC,
quitte ses fonctions dans l'industrie 2015 pour s'engager à ‘Alternatiba’ et à
‘ANV COP21’ puis à ‘Greenpeace-France’ après sa prise de conscience du
dérèglement climatique et de l'urgence à changer de paradigme.
Yohann Naessens, né en 19??, enseignant, puis coordinateur de ‘Non-
violence XXI’ pendant 5 ans, puis à nouveau enseignant.
« Face à la menace climatique, à l’augmentation des inégalités et à
l’incapacité des dirigeants à changer radicalement de cap, la tentation de la
violence est forte, y compris dans les mouvements qui luttent pour un
changement de société. Méconnues, les stratégies de luttes non-violentes
représentent pourtant un outil puissant pour redonner du pouvoir au plus
grand nombre et construire un monde juste et soutenable. La philosophie de
la non-violence a donné naissance à une stratégie de lutte qui constitue une
force de transformation radicale et populaire. Face aux défis de notre époque,
infiniment complexes et entremêlés dans des chaînes de déresponsabilisa-
tion", l’action non-violente permet de s’ancrer dans une dynamique enthou-
siasmante et efficiente qui génère de l’espoir et transcende la peur, au sein de
de mouvements efficaces, inclusifs et créatifs. »
51. Luc Nkulula
(1985-2018), militant politique non-violent de la République Démo-
cratique du Congo (RDC). Licencié en droit de l' Université de Goma,
travaille comme consultant pour diverses organisations internationales.
Cofondateur en 2012 du mouvement pro-démocratie ‘Lutte pour le
changement’ (‘Lucha’), "mouvement citoyen congolais non-partisan et
non-violent" . Le groupe a pour objectif de promouvoir une meilleure
gouvernance, le respect des droits humains et la démocratie dans ce pays
qui a fait face à 32 ans de dictature du président Mobutu. La première
manifestation connue de Lucha, avant sa constitution officielle, est la
mobilisation des jeunes lors des élections présidentielles et législatives de
2011 afin que le maximum que tous d’électeurs éligibles soient inscrits.
Suivent des actions concernant le manque d'eau potable et le traitement
des ordures à Goma.
Esprit rebelle, combatif, plusieurs fois arrêté… En 2016, debout sur
un camion de police, appelle Joseph Kabila à se retirer conformément à la
constitution et à permettre des élections crédibles et transparentes.
../..
52. Luc Nkulula et ‘Lucha’
Meurt dans l’incendie de sa maison en juin 2018. Les militants
de ‘Lucha’ exigent une "enquête crédible" après la mort de leur ami.
Lucha, chronique d’une révolution sans armes au Congo, est un
reportage en bande dessinée réalisé par la journaliste Justine Brabant
et la dessinatrice Annick Kamgang. Plus de 200 jeunes militants
pacifiques ont été arrêtés, enlevés par les services de sécurité
congolais, détenus au secret ou condamnés à de la prison à l’issue de
simulacres de procès. L’ouvrage raconte le parcours de ces jeunes
Congolais qui ont choisi de mener un combat pacifique dans un pays
où les armes, le clientélisme et la corruption sont monnaie courante.
Le documentaire de la journaliste française Marlène Rabaud,
Congo Lucha, filmé sur 2 ans, est une plongée au cœur de ce
mouvement citoyen qui a milité pour la fin du régime de l'ancien
président Joseph Kabila en RDC.
« Nous sommes des leaders. Pas des otages du passé. Ni
esclaves du présent. Ni les mendiants de notre avenir ! Nous sommes
non-violents. Nous prenons des risques ensemble. Nous assumons
nos actes. »
53. Rachel Lamy
Née en 1986, éducatrice spécialisée française. Passionnée par
les voyages et les rencontres à travers le monde. Par l’accueil et les
échanges qu’elle a avec des personnes de cultures et de religions
différentes, s’interroge sur la manière dont nous pouvons créer des
liens, des projets et des ponts entre nous, afin d’anticiper, de traverser
et de trouver des réponses restauratives aux conflits interculturels,
politiques et interreligieux. Rédactrice en chef de la revue trimestrielle
Alternatives non-violentes (avril 2021)
Se forme à des techniques de résolution de conflits et de bien-
être, tels que la Communication non-violente, (créée par Marshall
Rosenberg), les Cercles restauratifs (fondés par Dominic Barter au
Brésil), le Yoga du rire (créé par Madan Kataria, en Inde). Participe au
parcours du Sésame, fondé par Abdennour Bidar et Inès Weber à Paris.
Est impliquée dans l’Universal Solidarity Movement (USM) à Indore en
Inde, créé par Varghese Alengaden.
« L’idée pour moi est d’aller observer, découvrir puis mettre en
valeur des engagements et des témoignages de personnes actrices
pour la paix et pour la dignité dans le monde, pour ensuite rejoindre à
mon tour un groupe existant dans lequel m’investir, ou créer ma propre
proposition d’espaces de rencontres. »
54. Manuel Cervera-Marzal
Français né en 1987, diplômé de Sciences Po Paris et docteur en
science politique.
Chercheur en science politique à l’’Université Libre de Bruxelles’ et à
l’Université Paris-Diderot.
Dans le cadre de ses recherches sociologiques et philosophiques,
s’intéresse tout particulièrement aux pensées de Thoreau, Gandhi et King,
ainsi qu’aux théories de la démocratie et à la philosophie politique
contemporaine.
Membre du Comité de rédaction de la revue Alternatives non-
violentes et de l’IRNC. Auteur de 4 livres.
« En substituant l’idée que "la fin est dans les moyens comme l’arbre
est dans la graine" à la maxime d’après laquelle "la fin justifie les moyens",
Gandhi élabore une conception renouvelée et harmonieuse des rapports
entre éthique et politique.
En insistant sur le principe de responsabilité - qui exige de chacun
qu’il désobéisse aux lois qu’il juge injustes - le Mahatma inaugure une idée
de la citoyenneté conçue comme action politique et non comme statut
juridique. »
55. Manuel Cervera-Marzal
« Loin de menacer la démocratie, la désobéissance civile lui
confère un nouveau souffle. Considérer les nouveaux désobéissants
comme des "citoyens" plutôt que comme des "délinquants" contribue au
renforcement de la démocratie. »
« J’identifie une troisième approche, que j’appelle "désobéis-
sante" parce qu’elle vient des écrits et des discours des grands
précurseurs de la désobéissance civile : Henry David Thoreau, Gandhi
et Martin Luther King. Selon eux, la désobéissance civile est constitutive
de la démocratie. Il ne s’agit pas seulement d’un "droit", que nous
devrions utiliser avec extrême parcimonie, mais d’un "impératif", qui
exige de nous que nous affrontions de manière systématique toute loi
injuste, voire le système juridico-politique dans sa globalité si c’est de lui
que viennent les injustices. »
« La démocratie n’est pas qu’un état des choses, c’est aussi un
mouvement, une dynamique, avec ce que cela implique de conflictua-
lité, de soulèvements, de rébellion, de désordre, de création. C’est là
qu’intervient l’utopie, étroitement liée à la démocratie et à la désobéis-
sance civile. En effet, contrairement à ce que prétendent les idéologues
académiques et autres défenseurs de l’ordre établi, nous n’avons ni
atteint la fin de l’histoire, ni la forme achevée de la démocratie. »
56. Anton Deums
Né en 1993, militant non-violent français du mouvement
‘Extinction Rebellion’. Part à l’âge de 20 ans sur les routes du Népal, de
l’Inde et du Tibet (crée les documentaires Sur les sentiers de la rencontre
et Digression tibé-taine). Avec sa compagne Romane et à bord de leur
camion Mobilab Songo, sillonne pendant quelques années les éco-lieux
de France, partageant en face à face et en ligne les savoir-faire et
savoir-être qu’ils apprennent au contact des personnes rencontrées et
des liens créés.
Réfléchit et expérimente pour promouvoir sa vision humaniste et
écologiste d’une société respectueuse de son environnement. En quête
d’une ferme où s’installer en collectif, partage son temps entre la vie
avec sa famille, le militantisme, sa formation au métier de paysan et ses
recherches sur la résilience des territoires.
« Lors d’une action de blocage d’un incinérateur dans la vallée de
l’Arve, la gendarme qui m’emmenait pour interrogatoire m’a dit : "Je vous
arrête, mais continuez, dans la classe de mon fils, il y a deux enfants
cancéreux !" »
« Nous entrons dans un siècle de tempêtes, on ne peut plus
attendre. On n’est pas nombreux, mais il faut s’engager : on a le choix,
même quand c’est difficile. »
Photo du haut : la pollution dans la vallée de l’Arve
57. Alexandra Skochilenko
Née en 1990, artiste, musicienne et militante russe. Auteure du
Livre sur la dépression (2014), qui a contribué à déstigmatiser les
problèmes de santé mentale en Russie. Après avoir participé à
une manifestation contre l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022, est
condamnée à une amende de 10 000 roubles.
En avril 2022, est dénoncée par un client du supermarché de St
Petersbourg où elle remplace les étiquettes des produits par de courts
textes racontant les atrocités commises par l'armée russe en Ukraine :
« L'armée russe a bombardé une école d'art à Marioupol. Environ 400
personnes s'y cachaient » ou encore « Les troupes russes ont empêché 14
camions d'aide humanitaire d'entrer dans la région de Kherson. Les civils
ont besoin d'eau et de nourriture ». Le 11 avril 2022, est inculpée de « diffu-
sion publique d’informations qu’elle savait fausses au sujet de l’utilisation
des forces armées de la Fédération de Russie *» et incarcérée.
Encourt jusqu’à 10 ans d’emprisonnement.
* Ce nouvel article du Code pénal a été introduit à la hâte par le gouvernement russe en mars
2022 pour tenter d’empêcher les Russes de critiquer l’invasion de l’Ukraine. Des dizaines de
personnes ont déjà été arrêtées en vertu de cet article.
** Remplacer les étiquettes dans les magasins est l'une des formes d'activisme encouragées
par les membres du groupe russe de « résistance féministe anti-guerre » (FAS), dont une centaine de
membres ont été arrêtées ou menacées de poursuite, notamment Yevgenia Isaeva, Yulia Kaburkina,
etc.
58. Matiullah Wesa
Né en 1992 ou 1993, enseignant afghan de l’ethnie
patchoun. Son père ouvre la toute première école pour filles de
Marouf en 2003. En 2002, alors qu'il a neuf ans, les talibans incendient
son école, incitant la famille à déménager à Kaboul. Fait ses études
supérieures en Inde, se spécialise dans les droits de l'homme.
En 2009, fonde l'organisation de bénévoles Pen Path, réseau
d’écoles et de bibliothèques ouvertes aux filles. En 2016, organise une
campagne de dons de livres pour créer des bibliothèques dans les
provinces. En 2017, parcourt l'Afghanistan pour plaider en faveur de la
réouverture des écoles fermées par les talibans. Après août 2021, toutes
les écoles pour filles sont clandestines. Reçoit des appels anonymes
menaçants et des avertissements des fondamentalistes.
Le 27 mars 2023, les talibans l’arrêtent à Kaboul et perquisition-
nent sa maison. Hamid Karzaï, l'ancien président, exprime sa tristesse et
appelle à sa libération. L’ONU demande des éclaircissements sur les
raisons de son arrestation et appelle au partage d'informations sur sa
localisation.
« Notre combat est non-violent, comme celui du Mahatma Gandhi.
Si nous devons aller en prison, nous ne résisterons pas. Mais nous ne
pouvons pas construire l’Afghanistan de demain sans que les femmes
aient accès à l’éducation. »
59. Joshua Wong
Joshua Wong Chi-fung, né en 1996, militant hong-kongais.
Élevé dans une famille de démocrates où l'engagement envers les
plus démunis est très important. Élève dans un lycée anglican, étudie
à l'Open University of Hong Kong. En 2011, âgé de 15 ans, fonde
Scholarism, groupe de protestation qui s’oppose à l’introduction dans
les écoles de cours d’«éducation morale et nationale», considérés
comme du «lavage de cerveau». En septembre 2012, 8.000
manifestants envahissent le siège du gouvernement à l’initiative de
Scholarism, et les partisans du programme font marche arrière.
En septembre 2014, fait partie des 78 personnes arrêtées par
la police après avoir investi les locaux du gouvernement en réaction
à la réforme électorale de 2014. Pendant la "révolution des para-
pluies" ou Occupy Central, créateur de l'application mobile FireChat,
massivement utilisée par les manifestants.
En août 2017, condamné à 2 ans de prison ferme pour son
rôle dans le mouvement des parapluies. Fondateur du parti
Demosisto, prodémocratique.
En juin 2019, libéré de prison au moment des manifestations
contre le projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine.
60. Agnes Chow
Née en 1996, étudiante et militante politique de Hong Kong,
engagée pour la démocratie, marquée par sa foi et son éducation
catholiques. En 2012, rejoint le mouvement étudiant Scholarism, et
en devient la porte-parole. Ce mouvement, une des organisations à
l’origine des manifestations de 2014 à Hong Kong, milite notamment
contre l'introduction de cours d'éducation morale et nationale à
l'école. En 2014, est porte-parole du « mouvement des parapluies ».
En 2016, participe à la fondation du parti Demosistō, qui
milite pour une plus grande démocratie à Hong Kong.
En 2018, se présente aux élections législatives de Hong
Kong, mais sa candidature est invalidée par le pouvoir chinois.
En août 2019, est arrêtée avec Joshua Wong en raison de
leur participation aux manifestations de 2019 à Hong Kong, mais ils
sont libérés le même jour sous caution.
Le 6 juillet 2020, accusée d'avoir organisé, incité à participer
et participé à ces manifestations, plaide coupable pour les deux
derniers chefs d'accusation. Le 10 août 2020, est arrêtée pour
incitation à la sécession en vertu de la loi sur la sécurité nationale.
61. Panusaya Sithijirawattanakul
Née en 1998, étudiante et militante thaïlandaise, surnommée
Roong ( "Arc-en-ciel" en langue siamoise). Étudie à la Faculté de
sociologie et d'anthropologie de l'Université Thammasat, porte-parole de
l'Union des étudiants en Thaïlande.
Avec Anon Nampa, Jatupat Boonpattararaksa, Parit Chiwarak,
Panupong Jadnok, Intira Jaroenpura,et bien d’autres, figure importante
lors des manifestations de 2020 pour la démocratie et les droits humains
en Thaïlande. Dans un discours en 10 points pour la réforme de la
monarchie, omet d'utiliser la forme habituelle de soumission au roi :
"dans la poussière sous la plante des pieds de Votre Majesté".
Fait une grève de la faim en prison du 30 mars au 6 mai 2020
pour sa libération et celle de 21 militants politiques. Arrêtée et emprison-
née en oct. 2020 pour insulte à sa Majesté, puis en septembre 2021,
pour avoir contribué à la page Facebook du groupe militant United Front
of Thammasat and Demonstration (photo du haut), puis en novembre 2021,
pour une nouvelle accusation d'insulte à Sa Majesté commise en déc.
2020.
Figure sur la liste de la BBC des 100 femmes inspirantes et
influentes dans le monde en 2020.
62. Tantawan Tuatulanon
et Orawan Phuphong
T. T. (née en 2001) et O. P. (née en 1999), militantes
politiques thaïlandaises antimonarchistes, désignées par leurs
surnoms respectifs, ‘Tawan’ et ‘Bam’.
En grève de la faim du 18 janvier au 11 février 2023, avec 3 reven-
dications : 1) un engagement des partis politiques à amender ou abolir la
très stricte loi de lèse-majesté, en vertu de laquelle elles ont toutes deux
été inculpées l’an dernier ; 2) la libération sous caution d’une dizaine de
militants pro-démocratie en attente de procès pour divers crimes dits
"politiques" (sédition, lèse-majesté ou délit "informatique", mais à qui les
juges refusent obstinément la liberté conditionnelle que prévoit la loi ;
3) l’instauration d’une justice « véritablement indépendante ». Mettent fin à
leur grève de la faim afin de survivre et continuer leur combat.
Ces revendications mettent dans l’embarras le gouvernement de
Prayuth Chan-o-cha, ex-général putschiste devenu Premier ministre. Elles
font suite aux manifestations de 2020 déclenchées à l'origine par la disso-
lution du parti Future Forward. Thanathorn Juangroongruangkit et
Piyabutr Saengkanokkkul, fondateurs de ce parti, plaident pour une
Thaïlande plus juste et démocratique, libérée de l’hégémonie militaire et de
la corruption politique et économique.
Photos : Les 2 militantes protestent devant le Tribunal pénal de Ratchadapisek, à Bangkok, le
16 janvier 2023 . Thanathorn Juangroongruangkit
■