Pass through des taux directeurs de la Banque Centrale
2. Introduction
Définition de quelques concepts clés
Revue de littérature théorique
Evolution de quelques variables bancaires entre juin 2000 et
juin 2011
Méthodologie de l’étude
Présentation des résultats
Conclusion , Implications et perspectives
3. Dans la poursuite de ses objectifs qui consistent fondamentalement en la
stabilité des prix, la Banque Centrale dispose de plusieurs canaux
lesquels permettent la transmission des impulsions monétaires au
secteur réel de l’économie. Il existe une abondante littérature autour de
la problématique de la transmission des chocs monétaires aux taux
bancaires compte tenu du fait que cela renseigne sur l’efficacité de la
politique monétaire à travers ce canal.
L’un des points forts de ces travaux sur le pass-through des taux
directeurs est la présence d’inertie ou viscosité dans la réactivité des
taux bancaires .
Plusieurs auteurs ont investigué cet aspect et en ont proposé pas mal
d’outils pour répondre aux préoccupations des autorités monétaires.
4. Définition de quelques concepts
Degré de Pass-through: mesure la réactivité des taux bancaires aux variations
des taux directeurs découlant de la politique monétaire
Viscosité: Traduit le faible degré de réactivité des taux bancaires aux
modifications des conditions monétaires
Taux directeurs: Taux fixés par la Banque centrale d’un pays lui permettant de
réguler l’activité économique.
Taux débiteurs: Taux d’intérêt exprimé en pourcentage fixe ou variable qui
permet de déterminer les intérêts sur un prêt
Taux créditeurs: Taux permettant de déterminer la somme d’argent qui est due
à un client au titre de ses placement financiers à une date de valeur donnée
Modèle à correction d’erreur: modèle permettant de représenter conjointement
les dynamiques de court terme(variables en différence première) et de long
terme(variable en niveau)
5. Les objectifs du travail consistent à:
1.-Estimer le degré et la vitesse d’ajustement des taux bancaires
suite aux variations des taux directeurs
2.-Déceler la présence d’asymétrie dans la transmission
6. D’un point de vue théorique, plusieurs facteurs
peuvent influencer le pass-through des taux
directeurs aux taux bancaires.
La structure des dépôts bancaires
L’état de la concurrence
L’inflation
La volatilité des taux directeurs
Le niveau d’activité économique
7. Structure des dépôts bancaires
Dans une économie où la structure des dépôts est composée
essentiellement de taux variables, l’ajustement des taux bancaires
en réaction aux chocs de la politique monétaire se fait de manière
plus rapide. Contrairement, si les dépôts sont rémunérés
majoritairement à des taux fixes, le pass-through devrait être
relativement faible.
Degré de concurrence du marché bancaire
La pression concurrentielle joue un rôle déterminant dans la
qualité de transmission des chocs monétaires aux taux bancaires.
Selon que l’on soit dans un environnement où la concurrence est
plus ou moins forte, le pass-through devrait être plus ou moins
complet( Cottareli et Kourelis, 1994).L’approche consiste alors à
déterminer l’indice de concentration bancaire( Indice Herfindahl-
Hirschmann)
8. L’inflation
L’environnement inflationniste détermine théoriquement le pass-
through des taux directeurs sur les taux bancaires, compte tenu du
fait qu’il permet aux prix de s’ajuster plus facilement. En effet,
certains prix sont rigides à la baisse et l’inflation permet un
réajustement par les prix relatifs (Mojon, 2000). Il est admis que
le taux directeur de la Banque Centrale augmente parfois moins
vite que l’inflation, ce qui se traduit par une baisse du taux
d’intérêt réel. Par rapport à cette situation, les banques
commerciales se voient dans l’obligation d’augmenter leurs taux
débiteurs car cette chute du taux d’intérêt réel constitue une
détérioration des profits bancaires.
9. La volatilité des taux directeurs
L’incertitude influe négativement sur l’effet de la politique monétaire dès
lors que les banques commerciales ont du mal à ajuster leurs taux. A cela,
s’associent des coûts d’ajustement d’autant plus élevés pour les banques que
le niveau d’incertitude sur la politique monétaire est grand. De plus, les
emprunteurs sont averses au risque, les banques peuvent vouloir privilégier
la stabilité de leurs taux en adoptant un comportement de lissage des
variations du marché monétaire. S’il s’avère que ce comportement est adopté
par ces derniers, la mise en place d’une politique monétaire crédible devrait
pouvoir influencer positivement la transmission des fluctuations des taux
directeurs sur les taux bancaires. Le niveau d’incertitude en question est
associé empiriquement à la variance du taux d’intérêt directeur. Plus la
variance est grande, plus le niveau d’incertitude est élevé et se traduit par
une viscosité dans le pass-through. Tout compte fait, les variations des taux
directeurs auraient un impact plus considérable sur les taux du marché
bancaire lorsque ces variations sont perçues comme étant permanentes
(Mojon, 2000)
10. Le niveau de croissance
La croissance économique peut s’avérer très bénéfique dans la
transmission des impulsions monétaires au marché bancaire. En
effet, en situation de croissance, lorsqu’une forte demande est
anticipée, avec de bonnes perspectives de profits et de
débouchés, les entreprises sont alors incitées à s’endetter pour
investir soit en recourant à la finance directe ou au crédit
bancaire ,et ce, même s’il y a augmentation des taux débiteurs .
Dans ce contexte-là, il est fort probable que la hausse de la
demande et du volume des crédits ait un impact positif sur le
pass-through.
11. Au cours de ces dernières décennies, des travaux ont
abondé autour de la problématique de la réactivité des
taux bancaires aux changements des conditions
monétaires
Le point commun de ces recherches est qu’il existe une
certaine viscosité dans la transmission, ce qui peut
compromettre l’efficacité de la politique monétaire à
travers le canal du taux d’intérêt.
Plusieurs auteurs ont apporté des explications par
rapport à ce constat.
12. Cottarelli et Kourelis (1994): expliquent cette viscosité
des taux créditeurs en considérant la faible pression
concurrentielle de l’économie
Dans ce contexte particulier, les taxes sur les dépôts ne
vont pas réagir car cette variation marginale ne pourra
pas compenser les coûts d’ajustement
Aussi les banques peuvent agir de manière collusive, ce
qui fait que l’atteinte d’un nouvel équilibre suite aux
variations des taux directeurs se fait très lentement.
13. Hannan et Berger (1991) s’appuient sur l’élasticité de la
demande de prêts pour expliquer le caractère visqueux des taux
bancaires.
Considérant que le marché bancaire est une industrie (industrie
bancaire), alors il fait face à des coûts d’ajustement. Alors,
lorsque les taux directeurs ont été modifiés, la vitesse
d’ajustement devra dépendre de la demande des prêts laquelle
dépend de la structure du système financier.
Plus la demande de prêts est inélastique au taux d’intérêt, plus on
devrait s’attendre à un degré de pass-through élevé
14. Stiglitz et Weiss(1991) expliquent cette rigidité par le fait
qu’il existe de l’asymétrie informationnelle au niveau du
marché bancaire, ce qui peut conduire à un rationnement du
crédit. Etant donné que la probabilité d’avoir un défaut de
paiement augmente d’autant que les taux d’intérêt sont
élevés alors toute hausse des taux d’intérêt débiteurs est
susceptible de provoquer des risques de portefeuille de prêt
,ce qui conduit les institutions bancaires à maintenir leurs
taux débiteurs stables.
15. Effets asymétriques dans la transmission
Cette idée a été explorée par Hannan et Berger(1991),
Neumark et Sharpe(1992) et a été plus largement
développée par Scholnic(1996).
Ces auteurs font ressortir l’existence de rigidités
symétriques et asymétriques au niveau des taux
créditeurs et débiteurs, lesquelles sont dues aux coûts
d’ajustement
19. a.-Les données
Dans le cadre de ce travail nous avons utilisé quatre variables
Les taux d’intérêt sur les dépôts d’épargne en gourdes(rd),
les taux d’intérêt sur les dépôts à termes en gourdes(rdat) et
les taux d’intérêt sur les prêts en gourdes(rl) et les taux sur
les bons à 91 jours comme proxy pour les taux
directeurs(rm)
Les données utilisées ont été collectées sur une base
mensuelle, couvrent la période juin 2000-juin 2011 et
proviennent de la Direction Monnaie et Analyse
Economique (BRH) et du site internet de la BRH.
20. b.-Les modèles
Il existe plusieurs modèles permettant de mesurer le pass-through
des taux directeurs. On retrouve les modèles symétriques et les
modèles asymétriques.
les modèles symétriques sont regroupés suivant deux approches:
Approche standard (Cottarelli et Kourelis, 1994) et l’approche
par la cointégration (Mojon et al.2000) très répandue depuis les
années 2000.
1.-Modèles symétriques: Approche standard
21. Une fois le modèle estimé on détermine la sensibilité des taux
bancaires aux variations des taux directeurs.
2.-Modèles symétriques: Approche par la cointégration
22. 𝝀 : représente la force de rappel vers l’équilibre de long
terme
3.-Modèles asymétriques
Ce type modèle a été construit par Scholnic(1996) ainsi que
Kleimeier et Sanders(2000). Il permet de savoir si les taux
bancaires s’ajustent de manière linéaire suite aux variations
des taux directeurs selon qu’ils se trouvent en dessus ou en
dessous du niveau d’équilibre.
On a :
23. On prend la série et on la fait évoluer suivant deux
régimes autour d’un seuil
Puis
On aboutit à cette forme:
24. Le terme positif signifie que si les taux créditeurs ou débiteurs se
trouvent en dessus de l’équilibre suite à une baisse des taux
directeurs, ils devront s’ajuster à la baisse au cours de la prochaine
période.
De manière analogue si ces derniers se trouvent en dessous de
l’équilibre, ils devront s’ajuster à la hausse à la prochaine période.
Le coefficients 𝜶1 mesure la vitesse d’ajustement des taux
bancaires quand ces derniers sont en dessus de l’équilibre
et 𝜶2 la vitesse d’ajustement quand ils sont en dessous
25. Pour tester la présence d’asymétrie dans la transmission on effectue
un test de Wald sur les coefficients 𝜶1 et
𝜶2(Scholnic,1996). S’ils sont significativement différents, on en
déduit qu’il y a des effets asymétriques dans la transmission.
D’autre part, Dans le cas des taux créditeurs, si 𝜶1 > 𝜶2 alors
on en déduit que ces derniers s’ajustent plus rapidement à la
baisse qu’à la hausse donc plus visqueux à la hausse
Pour ce qui est des taux débiteurs, ils s’ajustent plus rapidement
à la hausse si 𝜶2>𝜶1 c’est à dire plus visqueux à la baisse.
26. Après avoir étudié la stationnarité des séries, vérifié l’existence de
relation de cointégration entre elles, on est parvenu aux résultats
suivants:
Résultats des estimation de la relation de long terme
On peut voir que les taux bancaires sont très visqueux à long terme,
un peu moins pour les taux sur les dépôts à terme(0.50%) suite à un
choc de 1%.
28. Les taux bancaires s’ajustent très faiblement aux variations des taux
directeurs
En effet, les taux sur les dépôts d’épargne(en gourdes) s’ajustent à hauteur
de 0.095% suite à une variation de 1% des taux directeurs
Les taux sur dépôts à termes(en gourdes) s’ajustent à hauteur de 0.14% et
les taux débiteurs ne s’ajustent seulement qu’à 0.18% suite à un choc de
1% des taux directeurs.
D’autre part les résultats des estimations des modèles asymétriques
montrent que les taux sur les dépôts d’épargne sont plus visqueux à la
hausse (0.0032% contre 0.17%) suite à un choc de 1% .
Les taux sur les dépôts à terme sont plus réactifs à la hausse qu’à la
baisse(0.17% contre 0.10%).
29. Les taux débiteurs affichent une certaine rigidité à la baisse (0.01%) tandis
qu’ils sont assez réactifs à la hausse(0.49%) .
Ces résultats laissent présager la présence d’effets asymétrique dans la
transmission. Pour ce nous avons réalisé un test de Wald(Scholnic,1996)
Les résultats du test montrent que la présence d’effets asymétriques ne peut
être validée statistiquement pour les taux créditeurs, alors que les taux
débiteurs affichent une certaine asymétrie dans l’ajustement aux taux
directeurs.
Test de Wald
Test de Wald Taux sur les
Dépôts d’épargne
Taux sur les dépôts
à terme
Taux sur les prêts
F-stat [2.667](0.105) [0.2905] (0.5908) [4.229] (0.0418)
Chi-carré [2.667] (0.1024) [0.2905] (0.5898) [4.2296] (0.0397)
Règle de décision Non rejet de h0 : Il
n’a pas d’asymétrie
dans la transmission
Non rejet de h0 : Il
n’a pas d’asymétrie
dans la transmission
Rejet de h0: il y a
asymétrie dans la
transmission
30. Délai d’ajustement des taux bancaires
Les modèles symétriques permettent de déterminer le délai d’ajustement des
taux bancaires aux modifications des conditions monétaires:
Avec
𝜶1: la transmission instantanée
𝜶2:la transmission finale
𝝀: vitesse d’ajustement des taux
On obtient les résultats suivants
Délai moyen
en mois
Taux d’intérêt sur
les dépôts d’épargne(gdes)
Taux d’intérêt sur les
dépôts à terme(gdes)
Taux d’intérêt sur
les prêts(gdes)
10 6 5
31. Test de stabilité( Chow Breakpoint Test)
Nous avons testé la stabilité des paramètres des modèles pour voir si les
taux bancaires se sont ajustés de manière constante sur la période d’étude
en considérant février 2004 comme point de coupure.
Les résultats montrent que la vitesse de transmission a été constante pour
les taux débiteurs et instable pour les taux créditeurs.
32. Faible pass-through des taux directeurs aux taux bancaires sur la période juin
2000-juin 2011
Très forte viscosité à la baisse des taux débiteurs contre un pass-through de
0.5% à la hausse
Présence d’asymétrie dans la transmission des chocs monétaires aux taux
débiteurs
Stabilité dans la transmission des chocs monétaires aux taux débiteurs.
Ces faibles degrés de pass-through des taux directeurs aux taux bancaires
peuvent être expliqués potentiellement par:
Le faible niveau de développement du système financier haïtien
La structure oligopolistique du marché bancaire impliquant une très faible
pression concurrentielle
L’asymétrie informationnelle entre les agents
La forte concentration du système bancaire haïtien
La surliquidité du système bancaire
33. Compte tenu de la rigidité des taux bancaires aux
variations des taux directeurs, laquelle constitue un
handicap à l’efficacité de la politique monétaire, les
autorités monétaires devraient pouvoir mobiliser d’autres
instruments pour atteindre ses objectifs.
Ex: le canal du crédit
34. Faire des estimations pour les taux d’intérêt sur les
opérations en dollars
Utiliser des taux directeurs à plus faibles échéances
(7jrs, 28jrs)
Utiliser la méthode des regressions glissantes(Rolling
Regressions)
Utiliser d’un VECM( Vector Error Correction Model)