2. Participation et éthique
La participation des citoyens aux affaires publiques est
une question fondamentale d’éthique publique:
Elle nourrit la citoyenneté, qui concerne l’exercice des
droits et libertés par chaque citoyen et le
développement individuel et collectif des
compétences démocratiques (prendre la parole, faire
entendre sa voix, argumenter sans violence, etc.) : la
responsabilité partagée de faire ensemble les lois de
notre Cité
Elle améliorer la qualité de notre vie démocratique,
des débats publics qui s’y déroulent et de sa capacité
d’inclure de manière égale une diversité de points de
vue (contre la technocratie)
Elle améliore la qualité des décisions publiques (la
gouvernance): une décision sera meilleure si elle est
informée par une diversité de points de vue, de
valeurs et de savoirs, par l’intelligence collective
3. La participation citoyenne
Au moment des élections et sous diverses formes
institutionnalisées: la participation publique, organisée par l’État
et son administration
Les scrutins, pour choisir le gouvernement
Les consultations publiques, pour orienter les décisions du
gouvernement
Les conseils d’administration et tables de concertation
Les conseils de quartier de Québec (qui doivent être demandés
dans les quartiers par les citoyens)
À tout moment de la vie publique, quand la situation l’exige ou
quand l’indignation est à son comble:
Dictature, pouvoir autoritaire ou totalitaire
Indignation face à la corruption
Pouvoir abusif et mépris des institutions
Inaction et passivité de l’État face à certains problèmes
Désengagement volontaire de l’État(éducation, services sociaux,
culture, etc.)
Dès que les citoyens s’organisent pour agir dans l’espace public,
ils construisent et animent la « société civile », à la différence de
l’action isolée.
4. La société civile
Qui participe? Ce qu’on appelle la société civile
La société civile n’est ni l’État ni le marché (secteur privé à but
lucratif plus ou moins régulé par l’État selon les pays et les
époques)
Le singulier est trompeur: elle est tout sauf homogène et du
même avis (elle n’est pas la gauche, par exemple).
Elle rassemble: associations, regroupements, syndicats, partis
politiques, organismes communautaires, mais aussi des
mouvements collectifs spontanés qui se forment dans des
moments d’indignation = le peuple qui s’organise dans sa
diversité pour s’opposer au pouvoir abusif, injuste, dictatorial
Comment elle agit? De multiples façons:
La résistance au nazisme
OccupyWall street
Occupons Québec
Québec 2001
Défense de la radio CHOI-FM
5. Étienne de la Boétie (1530-1563)
1549 : Etienne de La Boétie n'a
pas encore 18 ans lorsqu'il écrit le
Discours de la servitude volontaire
ou Le Contr'Un, en réaction au
saccage de Bordeaux, consécutif
à la révolte de sa population
contre l'établissement d'une
nouvelle taxe. Futur conseiller au
parlement de Bordeaux, puis à la
Cour, le jeune Etienne y voit l'un
des stigmates d'un absolutisme
qu'il entreprend de dénoncer et
dont il accuse le peuple d'en être
non seulement le complice, mais
encore le véritable responsable.
6. Celui qui vous maîtrise tant, n'a que deux yeux, n'a
que deux mains, n'a qu'un corps, et n'a autre chose
que ce qu'a le moindre homme du grand nombre
infini de nos villes : sinon qu'il a plus que vous tous,
c'est l'avantage que vous lui faites pour vous
détruire. D'où a-t-il pris tant d'yeux ? D'où vous épie-
t-il, si vous ne les lui donnez ? Comment a-t-il tant de
mains pour vous frapper, s'il ne les prend de vous ?
Les pieds dont il foule vos cités, d'où les a-t-il, s'ils ne
sont les vôtres ? Comment a-t-il aucun pouvoir sur
vous que par vous autres mêmes ? Comment vous
oserait-il courir sus, s'il n'avait intelligence avec
vous ! Que vous pourrait-il faire, si vous n'étiez
receleurs du larron qui vous pille, complices du
meurtrier qui vous tue, et traîtres de vous-mêmes ?
Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres.
Je ne veux pas que vous le poussiez ou l’ébranliez,
mais seulement ne le soutenez plus, et vous le
7. Les enjeux de la démocratie dans le
monde
Dans de nombreux pays: se débarrasser de
dictateurs et enfin pouvoir choisir un gouvernement
démocratiquement
Les inégalités sociales et économiques sont le plus
grand obstacle à la démocratie
Au Québec: utiliser la publicité sociale et les
techniques de marketing pour amener les gens à
voter…
Avez-vous voté ou allez-vous voter? Pourquoi?
Les indignés 2011
La démocratie n’est jamais acquise ni définitive. Toute
brèche laisse s’engouffrer la dictature de la pensée
ou de l’action. La liberté peut se perdre. Mais la
démocratie s’adapte aussi à toutes sortes de
contexte:
Budgets participatifs
Tribunaux Gacaca au Rwanda
8. Le modèle grec (451-411)
• 50 ans de démocratie directe, appuyée par une prospérité due à
l’impérialisme
• Gouvernement en rotation, sans parti ni programme: une
délibération constante dans l’agora
• Un principe de représentativité unique: tirage au sort dans 10 tribus
de 500 gouvernants qui se relaient; des assemblées du peuple tous
les 9 jours, avec quorum de 6000 personnes! La stochocratie plutôt
que le vote.
• Le misthos: compensation pour le manque à gagner en raison de la
participation: Vers le milieu du Ve siècle av. J.-C. en 451 av. J.-C.
Périclès mit en place une indemnité journalière de présence au sein
de l'Héliée et de la Boulê, ainsi qu'aux spectacles des
Panathénées : c’est le misthos (« salaire ») destiné à faire participer
les citoyens les plus pauvres et les plus distants de la ville. Elle leur
permettait de chômer un jour pour assurer leurs fonctions civiques
et politiques. Le montant du misthos passa de deux à trois oboles
par jour sous Cléon, soit l'équivalent du faible salaire d'un ouvrier.
• Valorisation du logos, de la parole argumentée, intelligente, non
violente
9. Analyse de la participation citoyenne
ou publique au Québec
Différentes interprétations et façons de lire
l’actualité:
Faible participation au vote et aux
consultations: ignorance, incompréhension des
enjeux, frivolité, indifférence, cynisme, rejet des
politiciens, sentiment d’impuissance, lucidité sur
la faiblesse du pouvoir national, tournant vers la
participation non institutionnelle?
Nouvelles formes de participation, société civile
internationale: un piège car loin de la prise de
décision politique nationale ou lucidité sur la
délocalisation des lieux de pouvoir?
Argument de l’incompétence des citoyens :
position technocratique qui confond « expertise
pointue » et « intelligence collective » dans
laquelle les savoirs se complètent et
s’interrogent selon le principe de la « tête bien
faite ». Rapports de pouvoir-savoir à
10. Les communicateurs publics et la
participation citoyenne
Le journalisme: INFORMER les citoyens sur ce
qui se passe et notamment sur les actions du
pouvoir – ouvrir des espaces de discussion –
valoriser la diversité des sources et des points de
vue – préserver la liberté de parole de la société
civile
Exposé sur le journalisme public, citoyen
Les relations publiques et la publicité: ANIMER et
APPUYER la participation en faisant connaître la
société civile dans l’espace public et en aidant la
société civile ou l’État à organiser correctement
des événements ou des consultations qui
permettent la prise de parole, l’expression
respectueuse de points de vue diversifiés:
11. Conclusion: Défis éthiques des
communicateurs dans le cas de la
participation citoyenne
Donner la parole à toutes les voix de manière
juste et équitable, sans se laisser impressionner
par le pouvoir ou par l’argent; rester intègre, ne
pas se faire acheter ou manipuler
Représenter adéquatement la parole recueillie
dans différents milieux (État, marché, société
civile) sans privilégier de manière non justifiée
une voix par rapport aux autres
Informer, encourager les gens à s’informer et à
exercer leur esprit critique
Appuyer le maintien d’une société civile active,
qui remplit bien son rôle politique