1. (Cette histoire se déroule dans les années 1950, à l'époque où les montres
étaient mécaniques et devaient être remontées pour pouvoir fonctionner.
Elles n'étaient pas étanches non plus.)
Il y avait une chose qu'Emilie était incapable d'assumer. Elle n'admettait
jamais avoir fait quelque chose de mal. A la place, elle inventait des
histoires pour essayer de cacher sa faute.
Evidemment, ça ne marchait jamais. Maman s'en apercevait toujours.
Peu importe combien Emilie mentait, la vérité sortait toujours.
Bien qu'Emilie ait raconté des douzaines d'histoires et qu'elle se soit
toujours fait prendre, elle continuait d'affabuler, avec toujours les
mêmes résultats désolants. Un jour, cependant, il arriva quelque chose qui
changea tout.
C'était son anniversaire, et
Papa et Maman lui offrirent
quelque chose de spécial: la
plus coquette, la plus jolie
petite montre qu'elle ait
jamais vue! Elle était trop
heureuse pour parler. Elle
n'aurait jamais osé espérer
recevoir quelque chose
d'aussi beau.
Emilie mit la montre à son
poignet et la contempla
pendant des heures.
Imaginez! Une vraie montre
qui indiquait l'heure pour de
bon, pas comme les jouets
qu'elle possédait avant celle-ci.
La triste erreur d'Emilie
2. Papa et Maman lui demandèrent de faire très attention au soin d'un
cadeau aussi cher : elle devait la remonter tout doucement, et pas trop
souvent ; elle devait la retirer avant de laver la vaisselle; et évidemment,
elle devait l'enlever avant de prendre sa douche ou son bain.
« Si tu prends bien soin de cette petite montre, dit Papa, elle te servira
pendant très, très longtemps. »
« Oh, j'en prendrai soin, dit Emilie, pour rien au monde je ne voudrais
qu'elle soit abimée! Je n'ai jamais eu quelque chose d'aussi beau! »
Un soir, un mois plus tard environ, Emilie prenait son bain. Elle avait fini
de se laver les cheveux et tout le corps, quand soudain elle s'aperçut que sa
précieuse montre était toujours à son poignet. Elle paniqua et se dépêcha
de sortir de la baignoire. Elle enleva la montre et la mit à son oreille. Elle
s'était arrêtée!
« Oh, se lamenta-t-elle, ma jolie montre! Je l'ai cassée! Je l'ai cassée! »
Puis lui vint une pensée terrible : « Que va dire Maman? Que va dire Papa? »
Elle ne se sentait pas la
force de les affronter. Ils
avaient beau se montrer
gentils et remplis d'amour, elle
se dit qu'elle ne pouvait pas
leur avouer la terrible vérité
sur ce qu'elle venait de faire.
Que faire ? Si elle ne portait
plus la montre, ils se
poseraient des questions. Si
elle la portait et qu'ils
remarquaient qu'elle ne
marchait plus, ils
l'interrogeraient. Elle choisit
d'inventer une histoire afin
qu'ils ne découvrent jamais la
vérité.
3. Quelques jours passèrent. Emilie gardait son secret. Puis un matin, au
petit déjeuner, Papa lui demanda l'heure.
- Je ne sais pas, dit-elle, en rougissant un peu. Je crains que ma montre
ne se soit arrêtée.
- Arrêtée ? dit Papa, as-tu oublié de la remonter la nuit dernière?
- Oh non, non, dit Emilie, je l'ai bien remontée, mais, eh bien... elle s'est
juste arrêtée.
- Montre-la moi, dit Papa.
Emilie la retira de son poignet et la lui tendit.
- C'est étrange, dit Papa, on dirait qu'il y a un peu d'humidité sous le
verre. Je me demande ce qui aurait pu causer cela?
- Je me posais la même question, dit Emilie, peut-être qu'elle a été
mouillée quand je suis sortie sous la pluie la nuit dernière. Mais je ne
pensais pas que la pluie pouvait traverser le verre.
- Je ne le pense pas non plus, dit Papa, j'y jetterai un autre coup d'œil
quand je rentrerai ce soir.
Lorsque Papa fut parti, Maman demanda à voir la montre. Elle aussi
remarqua l'humidité sous le verre.
- C'est étrange, dit-elle, je vois des petites gouttes d'eau là-dedans, moi
aussi. Emilie, tu es sûre que tu avais la montre quand tu étais sous la pluie?
- Oh oui, Maman, oui! Il pleuvait vraiment fort.
- Non, pas la nuit dernière, dit Maman qui commençait à avoir des
doutes, il n'a pas plu du tout, la nuit
dernière!
- Alors ce devait être la nuit
d'avant, répondit Emilie, en
rougissant un peu plus.
- Es-tu vraiment sûre que l'eau
dans la montre vient de la pluie?
demanda Maman.
- Oh, oui, euh... oui, je pense que
c'est ça, dit Emilie
- Tu es sûre que ce n'est pas l'eau
du bain ? interrogea Maman.
- Tu es sûre que ce n'est pas l'eau
du bain ?
Non, euh...
oui, je veux dire
non; Je n'en suis pas
vraiment sûre...