Le magazine Keo des idées neuves sur la mobilité fait par le Groupe Keolis. Actualités, dossiers, forums, zoom et analyses vous attendent au fil de ses 24 pages.
Au sommaire de ce numéro : La mobilité à l'heure du partage, la TVA dans les transports publics, Las Vegas, Bordeaux, le Grand Paris...
1. Keo
Des idées neuves
sur la mobilité
octobre
2013
la mobilité
a l’heure
du partage
La consommation collaborative
transforme les déplacements.
Keolis mise
sur las Vegas
Début juillet, KTA, filiale américaine
de Keolis, a repris l’exploitation du
réseau de bus desservant le célèbre
« Strip » à Las Vegas.
KEOL020_01_bat.indd 1
10/10/13 07:18
2. édito
2
L’art
du partage
Partager un moyen de transport, on le fait déjà tous lorsque l’on
prend le bus, le tramway ou le métro. Ce n’est pas nouveau ! Partager
sa voiture, sa maison ou encore sa place de parking l’est en revanche
beaucoup plus ! Bienvenue dans l’ère de la mobilité collaborative,
une pratique qui s’installe progressivement dans nos modes de vie,
comme le montre Keo’Focus. Chez Keolis, on partage également
les savoir-faire – à Las Vegas, le Groupe a mis son expertise au service
de la ville pour reprendre le réseau de bus – et les talents, à l’image
de l’équipe du futur tramway de la Gold Coast australienne, formée
par les experts du Groupe. Keo’Visa vous fera enfin voyager au cœur
des multiples modes de transport du réseau bordelais : un bel exemple
de voirie harmonieusement partagée.
Retrouvez dans ce Keo’ à partager toutes les nouvelles
du monde des transports et de la mobilité.
Bonne lecture !
Keolis
Présent dans 14 pays à travers
le monde, Keolis est un opérateur
majeur du transport de voyageurs.
Le Groupe propose une palette
de solutions de transport adaptées
aux besoins des territoires
et des clients voyageurs.
Keolis – 9, rue Caumartin –
75320 Paris Cedex 9
Tél. : 01 71 18 00 00
KEOL020_02_bat.indd 2
Keo’ le magazine
Keo’, le magazine corporate
du Groupe Keolis, se propose
d’explorer le thème de la mobilité
durable. Actualité, succès, métiers,
innovations, débats, opinions…
Keo’ fait circuler des idées neuves
sur la mobilité !
RÉDACTION
• Directrice de la publication :
Lucile Chevallard
• Responsable du comité
de rédaction : Catherine Miret
• Illustrations : Quentin Vijoux,
Clémence Gandillot/Marie et Nous,
Julien Gremaud/Kot illustration
• Iconographie : Getty, Fotolia,
Franck Juery, Jenna Dosch/CAPA,
Nico Tucat/CAPA, Corbis, AFP, Andia
• Conception et rédaction :
(réf. : KEOL020)
10/10/13 07:19
3. SOMMAIRE
3
Keolis • Octobre 2013
4
8
De la ligne à grande
vitesse au Brésil au
Cyclocable en Norvège,
toute l’actualité de la
mobilité et des transports
On vous dit tout sur…
la TVA dans les transports
publics, et les parkings
nouvelle génération
Keo’ACTU
Keo’PRATIK
10
Keo’TEAM
Tramway : savoir-faire
sur les rails
12
Keo’POLIS
Keolis mise
sur Las Vegas
18
Keo’VISA
Bordeaux, ville
intermodale
20
Keo’FORUM
14
Grand Paris : des projets
en attendant le métro
22
Keo’IDÉES
Henry Torgue :
« Réfléchir aux qualités
sonores d’un lieu
dès sa conception
est primordial »
Keo’FOCUS
LA MOBILITÉ
À L’HEURE
DU PARTAGE
10
18
KEOL020_03_bat.indd 3
10/10/13 07:21
4. Keo’ACTU
4
CÔTÉMObilite
2025
Quel avenir pour
les transports
et la mobilité ?
undi 19 août,
lors d’un
séminaire
gouvernemental sur la France de
2025, Frédéric Cuvillier,
ministre délégué aux
Transports, a présenté son
rapport. D’ici douze ans,
la mobilité aura augmenté,
le trafic voyageurs aura
progressé (1,7 % par an) et
les besoins en déplacements
des grandes métropoles
seront plus importants.
Pour accompagner cette
évolution, il faut à la fois
améliorer les réseaux de
L
transport existants et créer
de nouvelles offres, ce qui
passera, pour Frédéric
Cuvillier, par l’achèvement
de la mise en place des
liaisons province-Paris
en moins de 3h30,
une plus grande visibilité
accordée aux autocars pour
favoriser leur utilisation,
l’augmentation de l’offre
de transports collectifs
en site propre (tramway,
téléphérique urbain,
BHNS, etc.), l’ouverture
à la concurrence des TER
et, enfin, la promotion des
nouvelles technologies.
BRÉSIL
DÉCENTRALISATION
PV ET MÉTROPOLES
Le TGV prend
du retard
Après les sénateurs,
ce sont les députés
qui ont adopté, cet été,
le projet de loi sur
la dépénalisation du
stationnement. Deux
mesures en ressortent.
Première nouveauté :
la loi permettra aux
maires de fixer à la fois
le prix du stationnement
et le montant des
amendes. Les amendes
relèvent en effet
aujourd’hui du droit
pénal, et s’élèvent à
17 euros quels que soient
la taille de la ville, l’heure
ou le lieu de l’infraction.
La présidente du Brésil
avait lancé un appel d’offres
pour la construction d’une
ligne à grande vitesse entre
Rio de Janeiro et São Paulo,
dont l’exploitation était prévue
en 2020. En raison du faible
nombre de candidatures,
le gouvernement brésilien
a repoussé d’au moins un an
l’appel d’offres. Seul le
consortium mené par Alstom
et comprenant la SNCF y
avait répondu, tandis que
des groupes espagnols et
allemands s’étaient engagés
à présenter leur candidature
s’ils disposaient de plus de
temps. Affaire à suivre…
KEOL020_04a05_bat.indd 4
Deuxième volet :
les métropoles de Paris,
Lyon et Marseille, et
une dizaine d’autres
métropoles qui seront
créées en province
pour remplacer les
intercommunalités
existantes, disposeront
de compétences
étendues, notamment
en matière de circulation.
10/10/13 07:22
5. 5
Keolis • Octobre 2013
Autopartage
Ville mobile
Une nouvelle offre de mobilité
responsable : c’est ainsi que se présente
BlueCub, le service d’autopartage
électrique imaginé par le groupe Bolloré
pour les habitants de la communauté
urbaine de Bordeaux (La Cub). Calqué
sur le modèle parisien d’Autolib’, BlueCub
se fonde sur une démarche écologique,
économique et urbaine. Non polluantes
et silencieuses, les « BlueCars » s’adossent
à l’offre de mobilité déjà proposée
sur la métropole bordelaise : bus, tram,
vélos en libre-service, navettes fluviales
et le système d’autopartage existant,
Autocool. Fluidification du trafic, réduction
de la pollution, création d’emplois : autant
de bénéfices générés par ce nouveau
service, qui comptera à son lancement,
en novembre 2013, 90 véhicules,
40 stations et 180 bornes de recharge
sur l’ensemble du territoire de La Cub.
Infrastructures
Une ligne qui
prend son envol
En 2008, le Charles-de-Gaulle
Express, liaison ferroviaire directe
entre Paris et l’aéroport Charlesde-Gaulle, avait été attribué
en concession à Vinci. L’entrée
en service prévue en 2014 avait
finalement été abandonnée.
Frédéric Cuvillier a relancé
le projet cet été en demandant
à Aéroports de Paris et Réseau
Ferré de France de collaborer pour
lui faire parvenir des propositions
de mise en œuvre. Le nouveau
CDG Express, qui serait mis en
service en 2023, relierait toujours
la gare de l’Est à l’aéroport, mais
serait désormais financé par une
taxe prélevée sur les billets d’avion.
Chiffres
5,3estimé du 1
Mds €
Coût
er
tronçon de la ligne 15 du
métro du Grand Paris.
100 %GreenCove 2016
du capital de
Fin du chantier
(123envoiture.com) est
détenu par la SNCF.
Écomobilité
Le Cyclocable
à la rescousse
Les cyclistes de la ville de Trondheim
peuvent souffler : depuis le 1er juin,
l’agglomération norvégienne a mis
en service un système de remontée
mécanique pour vélos, le Cyclocable.
Développé par le groupe grenoblois
Poma à travers sa filiale Skyrail,
le Cyclocable fonctionne grâce
à un système de sabot pousseur
et de traction par câble. Les cyclistes
fatigués peuvent ainsi prendre
appui sur le sabot, qui se rétracte
automatiquement sous la chaussée
à leur départ. Une solution gratuite,
100 % électrique et silencieuse,
pour remonter la pente en douceur
et sans effort !
KEOL020_04a05_bat.indd 5
de modernisation
du métro de Lille.
AGENDA
Salons 24e Rencontres
nationales du transport public
– du 27 au 29 novembre –
Bordeaux. Les Rencontres
constituent le rendez-vous
incontournable de l’année
sur les questions de mobilité,
rassemblant élus, responsables
transports, opérateurs,
institutionnels, chercheurs,
journalistes, etc. À ne pas
manquer ! 1res Rencontres
nationales de l’urbanisme
durable – 12 et 13 novembre
– Paris. Il sera question, lors de
ces premières Rencontres, des
défis auxquels sont confrontées
les collectivités : comment
réussir le développement
durable de la ville ?
Colloque Rendre
la ville aux piétons, pourquoi,
comment ? – 17 octobre –
Strasbourg. Au programme :
analyse philosophique et
sociologique de la marche
dans les villes, étude
des besoins des piétons
dans l’espace urbain,
ateliers techniques et visites
de chantiers. Strasbourg,
une ville pionnière en matière
de mobilité !
10/10/13 07:22
6. Keo’ACTU
6
eO
CÔTÉ
Éthique des affaires
Keolis certifié conforme !
Afin que le développement
du Groupe rime avec respect
de l’éthique des affaires, Keolis
a lancé le programme Konformité,
qui sera totalement déployé
à l’automne. Décryptage avec
Nadine de Gueyer, directrice
juridique corporate.
Pourquoi avoir mis en place
le programme Konformité ?
Être exigeant en termes d’éthique
dans la conduite des affaires partout
dans le monde correspond à une
obligation légale prévue par de
nombreux textes nationaux et
internationaux mais aussi à une priorité
pour Keolis, dans le cadre de sa politique
de responsabilité sociétale. Mettre en
place un programme de conformité,
axé sur la concurrence libre et loyale,
la prévention de la corruption et la
protection des données personnelles,
c’est d’abord aider les managers à
développer leurs activités tout en
limitant les risques de mise en cause
de leur responsabilité. Pour l’entreprise,
Konformité vise à prévenir les risques
financiers et d’image, à pérenniser
le développement du Groupe en
préservant sa capacité à se positionner
sur les appels d’offres et, enfin,
à développer une image d’exemplarité
différenciante et attirante pour
les nouveaux collaborateurs.
Comment se traduit-il
concrètement ?
Nous avons mis au point de nombreux
outils : des documents destinés
aux collaborateurs (procédures,
questionnaires d’auto-évaluation…),
un module d’e-learning, des formations
dispensées aux correspondants
Konformité de France et de l’international,
aux communautés métiers et
aux directeurs de filiales sur le volet
« concurrence ».
Où en est-on de son déploiement ?
Le dernier trimestre 2013 sera consacré
à la diffusion des procédures Groupe
en matière de parrainages, mécénats
et dons, de cadeaux et invitations et
de recours aux consultants commerciaux
à l’international, afin de s’assurer que
chacun les connaisse et les applique
s’il est susceptible d’être concerné
dans son activité quotidienne. Des
recommandations seront également
faites pour la mise en place de chartes
utilisateur et administrateur des systèmes
informatiques. Les correspondants
Konformité, issus de la filière finance,
épauleront les managers et les
collaborateurs pour l’appropriation
des différents outils. Une rentrée sous
le signe de la conformité !
URBAIN
Contrats renouvelés
L’été 2013 s’est révélé
fructueux pour Keolis,
qui a renouvelé trois
de ses contrats.
À Nîmes, la nouvelle
DSP prévoit une refonte
du réseau en deux
phases, afin d’améliorer
la performance tout
en simplifiant la lisibilité
des itinéraires et des
horaires. Le contrat, qui
a démarré le 1er juillet
KEOL020_06_bat.indd 6
pour dix ans, générera
un chiffre d’affaires
de 470 millions d’euros.
À Saint-Malo, Keolis
a été renouvelé pour
six ans. Le contrat, qui
a également débuté
le 1er juillet, produira
un chiffre d’affaires
de 50 millions d’euros.
Enfin, dans le cadre
de l’appel d’offres lancé
par la métropole Nice
Côte d’Azur, Keolis
a renouvelé son activité
sur le secteur de Vence
et remporté deux
autres contrats dans
la région, ainsi que
la desserte de
l’aéroport de Nice.
11/10/13 23:06
7. Keolis • Octobre 2013
7
Mode
Tramway de Tours :
c’est parti !
près Angers, Brest, Dijon…
Tours a succombé à la
mode du tramway !
Inauguré le week-end
du 31 août, il a été intégré au réseau
Fil Bleu pour compléter l’offre de
transport de la ville. Les particularités
de ce petit nouveau ? Côté design,
une livrée miroir, des rames pensées
comme des places publiques,
un intérieur rouge d’un côté, bois de
l’autre, une lumière qui varie au fil
des saisons, une collaboration avec
l’artiste Daniel Buren… Côté parcours,
le tram traverse la ville du nord au sud
sur 15 km, et la ligne est jalonnée de
29 stations. La desserte est assurée
de 5 heures à 0 h 30, toutes les six
à dix minutes aux heures de pointe.
L’arrivée de ce nouveau moyen de
transport a été l’occasion pour Keolis
et la ville de Tours de repenser le
réseau dans sa globalité, pour faciliter
l’intermodalité avec le bus, le vélo,
la voiture et le train, mais aussi pour
rendre le réseau plus simple et
plus accessible.
Bus
RER B : EFFIA se mobilise
Quatre jours d’arrêt sur la partie nord de la ligne B du RER
A
A lire dans Eo’Mag, notre
dossier sur le tramway de Tours
pendant le week-end du 15 août : du jamais vu ! Heureusement, des
solutions ont été aménagées pour continuer à assurer la desserte. EFFIA,
avec l’aide de plusieurs filiales de Keolis, a mis en place cinq lignes de bus
de substitution, et a ainsi assuré la moitié de l’ensemble des transports.
Au total, ce sont 250 bus qui ont effectué près de 5 000 trajets. Aérolis,
filiale commune de Keolis et d’Air France, s’est également mobilisée.
Keolis
à la conquête
de la Suède
Keolis a remporté en juin
l’exploitation du réseau
de bus d’Hisingen, ville située
sur la côte ouest suédoise, dans
l’agglomération de Göteborg.
Avec ce nouveau réseau, Keolis,
déjà premier opérateur de bus
dans la capitale, renforce
significativement sa présence
en Suède en devenant le
deuxième opérateur du pays
et le premier à Göteborg.
Le contrat a démarré le 16 juin
pour une durée de huit ans.
Il générera un chiffre d’affaires
de plus de 40 millions d’euros.
Le réseau emploie 400 salariés
et s’est doté d’une flotte
de 142 bus dont la majorité
fonctionne aux énergies
alternatives.
KEOL020_07_bat.indd 7
RÉSEAU URBAIN
La petite ligne qui monte
Bergen, agglomération
d’environ 260 000
habitants, est
la capitale du comté
de Hordaland et
la deuxième ville
de Norvège. Elle est
desservie par la ligne
de tramway appelée
Bybanen (« métro
léger ») en norvégien.
D’une longueur
initiale de 9,8 km,
la ligne, exploitée
par Fjord1 Partner,
joint-venture entre
Fjord1 et Keolis Nordic,
se déploie depuis
le 21 juin sur 13,4 km.
Grâce à six rames
supplémentaires,
ce sont 15 000 heures
de service en plus
par an qui sont
désormais assurées.
Prochaines étapes :
le recrutement
et la formation
pendant l’automne
de 23 nouveaux
conducteurs et
l’extension de 7 km
prévue pour juin 2016.
10/10/13 07:26
8. Keo’PRATIK
8
ON VOUS DIT TOUT SUR…
LA TVA DANS
LES TRANSPORTS
PUBLICS
À partir de janvier 2014, la TVA
augmente. Pour les transports
publics, l’addition est salée :
ils seront taxés à 10 %. La profession
réclame un taux réduit à 5 % car,
explique-t-elle, les transports sont
indispensables à la vie quotidienne.
LES CONSÉQUENCES
DES BILLETS PLUS CHERS
La hausse de la TVA est directement
répercutée dans le prix du ticket.
Les voyageurs paieront donc
plus cher l’an prochain leurs
déplacements en train, autocar,
métro, bus ou tramway. Par exemple,
en 2012, en Île-de-France, les tarifs
des transports publics avaient crû
en moyenne de 1,5 % au 1er janvier,
conséquence de l’augmentation
de la TVA. Mais, contrairement
à une hausse classique des tarifs, qui
permet d’investir dans les transports
publics, les recettes issues de la TVA
reviennent à l’État sans que le
secteur en bénéficie directement.
LE CONTEXTE
QUATRE TAUX DE TVA EN FRANCE
Quatre taux de TVA différents
sont appliqués en France. Le plus
bas, à 2,1 %, concerne certaines
publications de presse, les
médicaments remboursables
et certains spectacles. Le taux
réduit de 5,5 % couvre les produits
et services de première nécessité,
tels que l’eau et les boissons
non alcoolisées, l’alimentation,
les équipements pour personnes
handicapées, ainsi que les
abonnements aux réseaux
d’énergie. Le taux intermédiaire
de 7 % s’applique aux biens
tels que les médicaments
non remboursables, les livres,
la restauration, les prestations
d’hébergement et les services
de transport public. Pour les
transports, ce taux de TVA est
assez nouveau puisque, jusqu’au
1er janvier 2012, ils bénéficiaient
du taux réduit à 5,5 %. Quant
au taux de TVA dit « normal »,
il est fixé à 19,60 % et s’applique
à tous les autres biens ou services.
KEOL020_08-09_bat.indd 8
CE QUI VA CHANGER
CRISE DES FINANCES PUBLIQUES
OBLIGE, à partir du 1er janvier 2014,
la TVA évolue de nouveau
en France. Le taux intermédiaire
va passer de 7 % à 10 %, tandis
que le taux normal va être fixé
à 20 %. En revanche, le taux réduit
reculera de 5,5 % à 5 %.
La fiscalité va donc peser de plus
en plus lourd sur les transports :
au final, c’est un quasi-doublement
du taux de TVA en trois ans qui
va être supporté par le secteur.
CE QUE DIT LE GART
Les transports publics,
« produit de première nécessité »
• Depuis la décision gouvernementale de taxer les
transports au niveau intermédiaire de la TVA, les
professionnels se mobilisent. Le Gart (Groupement
des autorités responsables des transports) réclame
une TVA à 5 %, estimant que les transports du
quotidien sont un produit de première nécessité,
« indispensable pour aller travailler ».
• Il rappelle que les transports publics sont classés
en tant que tels en Allemagne, au Royaume-Uni,
au Portugal, en Suède et en Norvège.
• Pour appuyer sa demande, l’organisation
professionnelle a calculé que le manque à gagner
pour l’État (quelque 280 millions d’euros si les
transports étaient soumis à un taux de 5 % au lieu
de 10 %) pourrait être compensé par la hausse
d’un demi-point de la TICPE (taxe intérieure
de consommation sur les produits énergétiques).
• De plus, grâce aux économies permises par
cette mesure, des moyens supplémentaires
pourraient être consacrés à l’amélioration des
transports publics.
10/10/13 13:43
9. 9
Keolis • Octobre 2013
ON VOUS DIT TOUT SUR…
LES PARKINGS
NOUVELLE
GÉNÉRATION
260 parkings
en exploitation dans
140 villes en France.
P
roximité avec les gares, parcs-relais pour
favoriser l’accès aux transports en commun, abris
pour les vélos, places réservées au covoiturage…
EFFIA envisage le stationnement comme un véritable
maillon de la chaîne de la mobilité. Fini les parkings gris
et tristes, vive le confort et la convivialité ! De nombreux
services à valeur ajoutée équipent ces parkings
nouvelle génération : une signalétique claire, des places
adaptées à tout le monde, une sécurité renforcée,
des labels de qualité. EFFIA a une longueur d’avance
sur le stationnement.
115 000
places en gestion.
3
4
1
6
5
2
10
7
9
8
1 Consigne
L’équipement moto peut
être déposé à l’accueil
du parking.
2 Bornes d’information
Les bornes d’information
multimodales renseignent
sur l’état du trafic, les
horaires des trains, etc.
3 Véhicules électriques
De nombreux parkings
KEOL020_08-09_bat.indd 9
sont équipés de bornes
de recharge.
4 Resaplace
Une place même si le
parking est complet ! Il est
possible de réserver de
quatre mois jusqu’à trente
minutes avant son arrivée.
5 PMR
Les emplacements sont
situés près des ascenseurs,
et des interphones
permettent aux PMR
de demander de l’aide
à tout moment.
6 Covoiturage
Des points de rencontre
pour les utilisateurs du
covoiturage sont mis en
place dans de nombreux
parkings EFFIA.
7 Vélos
Il est possible de déposer
son vélo dans un enclos
fermé avec un accès
sécurisé, ou sur une zone
aménagée.
9 Fair-play
Des places sont réservées
aux femmes enceintes, aux
femmes accompagnées
de jeunes enfants et aux
seniors.
8 Deux-roues motorisés
Des zones aménagées
sont dédiées aux
deux-roues motorisés.
10 Moyens de paiement
Plusieurs moyens sont
proposés pour payer les
frais de stationnement.
10/10/13 07:29
10. Keo’TEAM
10
TRAMWAY :
SAVOIR-FAIRE
SUR LES RAILS
Avec 14 réseaux de tramway exploités, l’expertise
de Keolis dépasse les frontières françaises. Pour
mettre sur les rails les projets de demain, l’institut
de formation du Groupe a créé un programme
pour les collaborateurs internationaux. Reportage
aux côtés de l’équipe australienne de Gold
Coast venue, en juin, pour suivre ce cursus.
Le facteur humain de la formation
a été important, les échanges ont
été riches avec les équipes locales.
Ce sont 11 managers de Gold Coast
qui ont été accueillis à l’Institut
Keolis pour être formés.
Le Learning Management
System a été utilisé pour
faciliter la transmission
des savoirs.
Le futur tramway
en images.
Les 11 managers
ont également
répondu à des quiz.
Françoise Tisserand a
présenté le savoir-faire
tramway de Keolis.
KEOL020_10-11_bat.indd 10
14/10/13 15:31
11. 11
Keolis • Octobre 2013
LE DIRECTEUR
D’EXPLOITATION
n programme intensif
de quatre semaines pour
découvrir les secrets
du savoir-faire de Keolis
en matière de tramway : c’est l’expérience
technique et humaine vécue sur le terrain
par l’équipe australienne en charge
du futur tramway de Gold Coast.
« Parce qu’il s’agit d’un projet d’envergure,
la formation des équipes devait
être ambitieuse », confie Françoise
Tisserand, responsable développement
formation à l’Institut Keolis.
En 2014, 14 rames desserviront en effet
cette zone de l’État du Queensland,
avec une fréquentation estimée à plus
de 50 000 voyageurs par jour.
« En partenariat avec Jonathan Delannoy,
Operations Director à Gold Coast,
nous avons construit cette formation
sur mesure pour répondre aux attentes
spécifiques des équipes », explique
Françoise Tisserand. Les 11 managers
responsables d’exploitation et de
sécurité de Gold Coast ont été accueillis
en formation à l’Institut Keolis, puis
ont parcouru la France de Paris à Dijon,
en passant par Le Mans et Angers,
avant de s’envoler pour l’Angleterre,
à Nottingham. Objectif de ce périple :
étudier, sur le terrain, l’ensemble
des savoir-faire du Groupe.
U
System) a ainsi fluidifié les échanges
entre les formateurs et les membres de
l’équipe australienne. « Ce tout nouvel
outil de formation en ligne leur a permis
d’assimiler les apprentissages à leur
rythme, de personnaliser leur parcours,
de s’auto-évaluer via un quiz et de
communiquer avec d’autres stagiaires »,
précise Françoise Tisserand. Tout au
long de leur formation, les 11 managers
ont également rencontré les différents
corps de métiers qui structurent une
exploitation tramway. « Les échanges
ont été très riches, en partie grâce aux
intervenants locaux qui avaient pris
la peine de réaliser leurs présentations
en anglais ! », confie avec enthousiasme
la responsable de formation. Une belle
expérience humaine qui confirme le fort
sentiment d’appartenance qui soude
les équipes du Groupe Keolis à travers
le monde.
JONATHAN
LA RESPONSABLE
DÉVELOPPEMENT
FORMATION À
L’INSTITUT KEOLIS
FRANÇOISE
Des outils pédagogiques innovants
Pour faciliter leur apprentissage,
de nouveaux outils pédagogiques
ont été mis en place par l’Institut Keolis.
Le logiciel LMS (Learning Management
L’humain comme clé de voûte”
Stephen Drosdeck, Duty Manager de KDR Gold Coast
Drosdeck
« En Australie, nos
process sont fortement
américanisés. Nous
connaissons peu les
techniques et les savoirfaire européens. À travers
cette formation, j’ai
LE CHEF DU PCC
STEPHEN
KEOL020_10-11_bat.indd 11
constaté que les systèmes
d’exploitation français
ont un plus haut niveau
de standard technologique.
Les outils de transmission
des compétences sont
aussi très modernes.
Comme ce Learning
Management System
qui a facilité l’acquisition
des connaissances. Mais,
surtout, il y a le facteur
humain. C’est une des
clés de voûte de la réussite
d’un projet d’envergure. Au
contact des équipes locales,
nous avons découvert un
enthousiasme fédérateur
que nous aimerions
insuffler à Gold Coast.
C’est notre prochain
challenge ! »
« Nous avons
challengé nos
connaissances »
Jonathan Delannoy,
operations director
de KDR Gold Coast
« Cette formation avait
trois objectifs : inculquer
des savoir-faire, présenter
les différentes techniques
de gestion et d’exploitation
utilisées en France et
en Angleterre, et former
notre équipe à la pédagogie
et à l’ingénierie pour qu’elle
puisse ensuite transmettre
ces savoir-faire aux
conducteurs du futur
tramway. Les personnes
présentes venaient
d’horizons différents :
certaines avaient une
expérience tramway,
d’autres aucune. À l’Institut
Keolis, nous avons donc
challengé nos connaissances
en revenant au b.a.-ba du
métier. Il est important que
chacun maîtrise ses forces
et ses faiblesses pour mieux
identifier ce qu’il peut
apporter à l’équipe. L’Institut
Keolis a fait un énorme
travail pour harmoniser
les techniques de formation
et, grâce à cet outil innovant
qu’est le Learning
Management System (LMS),
nous avons pu informatiser
nos process de formation
et mieux identifier nos
besoins futurs en formation
continue. Notre équipe
a testé ses compétences via
des quiz, identifié ses forces
et ses faiblesses. Enfin, nous
avons eu accès à l’ensemble
de la base documentaire
mise en place dans le cadre
de la formation. »
11/10/13 23:10
12. Keo’POLIS
12
Début juillet, KTA, filiale américaine de Keolis, a repris
l’exploitation du réseau de bus desservant le célèbre
« Strip » à Las Vegas. Ce qui a fait la différence pour l’autorité
organisatrice ? La force de proposition de Keolis, sa volonté
d’offrir un service exceptionnel et sa capacité à assurer
la transition avec un autre opérateur.
KEOLIS MISE
SUR LAS VEGAS
L
e réseau de bus de Las
Vegas compte parmi les
plus importants des ÉtatsUnis en gestion déléguée :
19 e réseau du pays, opérationnel
24 h/24, il est composé d’une flotte
importante de véhicules (bus à deux
étages, BHNS, bus hybrides ou roulant
au gaz naturel). Au moment de l’appel
d’offres, RTC* a choisi de séparer le
réseau de Las Vegas en deux lots, entre
le nord et le sud. Remporté par KTA
pour cinq ans, le lot sud dessert le
célèbre « Hotels & Casino corridor »,
surnommé le « Strip ». Il représente la
partie la plus visible et emblématique du réseau : 55 % des véhicules,
environ 30 millions de passagers par
an et un chiffre d’affaires cumulé de
500 millions de dollars, soit environ
378 millions d’euros. En plus de l’exploitation, Keolis gère la maintenance, le
personnel et la relation client, fidèle à
la devise de KTA : « We do things the
right way, every day. »
* Regional Transportation Commission
of Southern Nevada, l’autorité organisatrice
du réseau de Las Vegas.
KEOL020_12-13_bat.indd 12
Keolis, un atout
pour la transition
Le réseau de Las Vegas
comporte 36 lignes
de bus et transporte plus
de 178 000 voyageurs
au quotidien. Si nous avons
choisi KTA pour le lot sud,
c’est d’abord pour son
expérience en matière
de transports. Nous avons
également en commun
un engagement pour
garantir aux voyageurs
un service exceptionnel,
et nous partageons
la volonté d’améliorer la
mobilité sur notre territoire
afin de soutenir la croissance et la diversité. Dès
le départ, KTA a travaillé
en collaboration avec
nos équipes, a recruté
des personnels encadrants
clés et a consacré beaucoup
de temps à comprendre
les nuances de notre
marché, y compris le très
populaire « Strip » de
Las Vegas, spécificité
unique à notre territoire.
Keolis s’est donc révélé un
véritable atout dans le cadre
de la transition avec l’ancien
opérateur : la continuité
du service a été assurée,
et sa qualité préservée.
M. J. Maynard,
directrice régionale
adjointe de RTC
10/10/13 07:43
13. 13
Keolis • Octobre 2013
côté
L’objectif : garantir la plus haute
qualité de service
Dwight Brashear,
directeur général de KTA
Pour KTA, l’enjeu principal
de la reprise du réseau
était d’assurer la transition
avec l’ancien opérateur.
Plusieurs actions ont donc
été menées : former les
nouveaux conducteurs,
évaluer les compétences
des mécaniciens, identifier
les besoins de formation
technique, soutenir RTC
dans cette phase de
transition. Dans des délais
très courts, nous avons
1
également dû mettre
en place un plan de
recrutement de plus
de 450 conducteurs,
mécaniciens et fonctions
support expérimentés,
reprendre les équipements
de gestion et de service
de l’un des plus grands
systèmes de transport
de bus du pays, et prendre
en toute fluidité le relais
de l’exploitation des
lignes résidentielles
et touristiques. Et
maintenant ? L’objectif
est d’apporter toujours
plus d’innovation
technologique, d’attention
aux collaborateurs, aux
clients et aux voyageurs
pour garantir une haute
qualité de service.
Des défis que nous
sommes prêts à relever !
1. Depuis le 7 juillet, Keolis
exploite le réseau de bus du sud
de Las Vegas, le célèbre « Hotels
& Casino corridor », plus connu
sous le nom de « Strip ».
À lire, sur Eo’mag,
notre dossier
consacré
à Las Vegas
2
3. RTC est le
19e réseau du pays
en termes de
fréquentation et
est opérationnel
24 h/24.
KEOL020_12-13_bat.indd 13
3
2. Le réseau est composé de 36 lignes
de bus et 207 véhicules. Il transporte
plus de 30 millions de voyageurs par an.
10/10/13 07:43
14. Keo’focus
14
Partage de véhicules,
de places de stationnement,
de trajets : en une décennie,
la consommation collaborative,
phénomène majeur de la
société contemporaine, a
profondément transformé les
déplacements des voyageurs.
La mobilité
a l’heure
du partage
changer des appartements
p
endant les vacances, troquer
son appareil photo contre une
poussette, mettre en commun
un potager ou un espace de travail, se regrouper pour financer
un projet ou une création d’entreprise… l’économie du partage est en plein essor. « Il y a dix ans,
dans son livre L’âge de l’accès, l’essayiste américain
spécialiste de prospective Jeremy Rifkin annonçait
l’arrivée imminente d’un nouvel âge du capitalisme
et d’une société fondée sur l’accès aux biens »,
r
appelle Antonin Léonard, cofondateur et global
connector de OuiShare. Rifkin ne se trompait pas :
une nouvelle consommation collaborative, où
l
’accès prime sur la possession, l’usage d’un produit
sur son acquisition, a fait son apparition. « Elle est
née avec Internet, qui a permis une forme inédite
de communication, sur le mode “many to many”.
Tout le monde peut désormais discuter avec tout le
monde », analyse Antonin Léonard. Le phénomène
a ensuite été amplifié par la crise économique, qui a
pesé sur le pouvoir d’achat.
é
La mobilité, domaine d’élection du partage
L’économie du partage n’est pas propre à la mobilité,
KEOL020_14-17_bat.indd 14
10/10/13 07:57
15. Keolis • Octobre 2013
15
côté
L’autopartage
en version lilloise
,
En 2007, Keolis et la ville
de Lille s’associaient
pour mettre en place
Lilas Autopartage,
un service de location
courte durée de voitures
en libre-service. Six ans
plus tard, 31 stations
sont ouvertes dans
12 communes de l’agglomération lilloise. La flotte
compte 75 véhicules de
10 modèles différents,
allant de la citadine
urbaine type Twingo au
véhicule utilitaire léger
type Kangoo, en passant
par la berline ou le
Scénic sept places.
Comment ça marche ?
Le voyageur règle
30 euros de frais
d’adhésion et s’abonne
pour 5 ou 6 euros par
mois. Puis, lorsqu’il a
mais c’est le domaine où elle est le plus manifeste.
Antonin Léonard y voit même « le symbole de ce
mouvement ». « Nous avons repéré les premières
expériences du partage appliqué au transport de
voyageurs il y a une dizaine d’années, aux ÉtatsUnis », se souvient Bruno Marzloff, directeur du
groupe Chronos. Depuis, ces expériences se sont
diversifiées et démocratisées, avec le développement, dans de nombreux pays, du vélo en libreservice, des taxis partagés, de l’autopartage entre
particuliers, des flottes d’autopartage privées, du
covoiturage ou encore du partage de places de
stationnement, privées ou publiques. « Le vélo
partagé est aujourd’hui la forme de transport qui
connaît la plus forte croissance dans le monde et
la voiture partagée devrait rapidement lui emboîter
le pas », souligne Antonin Léonard. BlaBlaCar,
leader européen du covoiturage, enregistre ainsi
100 000 abonnés supplémentaires chaque mois.
« Le marché est perçu comme à fort potentiel, ainsi
que le montre – entre autres exemples – le rachat
de Zipcar, leader mondial de l’autopartage, par
Avis, leader mondial de la location automobile,
début 2013 », ajoute Bruno Marzloff. D’ailleurs,
selon une étude réalisée pour le groupe Chronos
par TNS Sofres, 51 % des Français estiment que
KEOL020_14-17_bat.indd 15
5,5
millions de
personnes
pourraient
utiliser
l’autopartage
en Europe
d’ici à 2015.
besoin d’un véhicule,
il le réserve, 24 h/24
et 7 j/7, dans une station
pour un nombre d’heures
donné, à partir d’une
heure de location.
Après utilisation,
il ne paie que ce qu’il
a consommé, c’està-dire les heures, et les
kilomètres effectués.
Le système fonctionne
bien : « Nous avons
déjà 1 800 adhérents,
et 50 adhésions
supplémentaires sont
enregistrées chaque
mois. Nous atteignons
un ratio de 30 utilisateurs
par véhicule. Et 70 %
de nos clients n’ont pas
de voiture individuelle »,
indique Claire Lambert,
directrice de Lilas
Autopartage.
l’essentiel des déplacements se fera dans des
véhicules partagés en 2030.
Des avantages individuels et collectifs
Pourquoi un tel succès ? Antonin Léonard et
Bruno Marzloff le relient tous deux à des évolutions
« civilisationnelles ». Ils soulignent en particulier le
nouveau rapport à la voiture individuelle, dont les
jeunes générations se détachent de plus en plus.
Selon une étude réalisée par l’université du Michigan
dans 15 pays, entre 1983 et 2008, la possession du
permis de conduire chez les 25-29 ans a baissé de
10 %. Autre évolution fondamentale : la montée en
puissance de nouvelles formes de sociabilité
mêlant technologie et lien social, façon Facebook
ou Twitter. Le développement de la mobilité
partagée s’appuie également sur celui des NTIC :
smartphones qui permettent de rester toujours
connecté, GPS pour la géolocalisation, systèmes
sans contact qui facilitent la validation et le paiement. « Pour les consommateurs, la mobilité partagée a des avantages économiques et pratiques :
quand on réalise que le taux moyen d’utilisation
d’une voiture individuelle est d’environ 5 %, l’autopartage apparaît comme une vraie alternative,
11/10/13 23:24
16. Keo’focus
16
la mobilité à l’heure du partage
décryptage
Et maintenant, le partage du temps !
> Et si la mobilité
partagée avait une
incidence, à terme,
sur nos rythmes de
vie ? « à Lille Métropole, nous avons
intégré la gestion du
temps à nos réflexions
sur la mobilité : dans
le cadre de notre
plan climat-énergie
métropolitain, nous
souhaitons travailler
sur l’aménagement
côté
Cap sur le
« mix mobilité »
« L’évolution des comporte
ments en matière de
mobilité est tournée vers
une utilisation combinée,
alternative, partagée. Aucun
mode n’apporte plus à lui
seul une réponse à toutes les
problématiques de déplacement, et le client voyageur
ne souhaite plus être limité
à une solution unique. Il veut
être acteur de sa mobilité
tant dans ses choix de mode
que dans sa consommation,
poussé par des choix écono
miques, un désir de participer
aux évolutions de tendances,
etc. Pour répondre à ces
attentes, Keolis construit
un mix mobilité à partir
de la palette des modes :
transport collectif, vélo en
location et en libre-service,
voiture partagée (auto
partage et covoiturage),
l’intérêt pour le voyageur
étant de pouvoir profiter
de leur complémentarité. »
Marie-France Vayssières,
responsable nouvelles mobilités
chez Keolis
KEOL020_14-17_bat.indd 16
2, 2
millions de
trajets sont
effectués chaque
mois dans le
monde via les
systèmes de
vélos partagés.
8
voitures
individuelles
en moyenne
sont remplacées
par une voiture
« partagée ».
du temps de la ville,
explique Éric Quiquet,
premier vice-président
de la communauté
urbaine de Lille, chargé
de la commission
Transports urbains.
Il n’y a pas de fatalité
à ce que tous les
salariés d’une zone
d’activités arrivent
en même temps
au bureau le matin :
on peut parfaitement
échelonner les
arrivées en discutant
des horaires de travail
avec les entreprises. »
La réflexion concerne
aussi les transports
publics : à cet égard,
Lille compte s’inspirer
de l’exemple de
Rennes. La ville
bretonne a mené
des discussions avec
l’université pour
décaler certains
cours prévus le matin.
Objectif ? éviter
aux étudiants d’être
confrontés à des
lignes de métro
engorgées.
relève Bruno Marzloff. Et, pour la collectivité, le partage appliqué aux déplacements de voyageurs a
des avantages systémiques liés aux externalités :
moins de pollution, une circulation plus fluide, des
effets positifs sur la santé, davantage d’échanges,
plus de solidarité, un lien social renforcé, une qualité
de vie améliorée. »
Vers un marché unique du déplacement
L’émergence de la mobilité partagée a entraîné un
changement de logique. « Le temps où coexistaient
deux populations, celle qui se déplace en voiture et
les usagers des transports en commun, est révolu.
Le propriétaire d’une voiture ne va pas hésiter à
monter dans un tramway ou à prendre un vélo si
c’est plus commode. Désormais, le voyageur est au
centre du raisonnement en matière de transport, car
c’est lui qui va arbitrer entre les différents moyens
de déplacement à sa disposition », explique Bruno
Marzloff. Il manquait un maillon pour rendre l’offre
de transport plus pertinente de bout en bout, de
porte à porte. Le transport partagé est ce « maillon
manquant ». Grâce à lui, l’ère des transports a cédé
la place à une ère de la mobilité, fondée sur la complémentarité des modes. Un marché unique du
déplacement a fait son apparition, qui pousse à la
création d’une offre intégrée de transport.
Des services combinables à l’infini
Pour Bruno Marzloff, « l’autorité de transports est
la première concernée par cette évolution, car
c’est à elle de résoudre la problématique de l’acheminement des citoyens. À elle d’arbitrer entre les
solutions en fonction des réalités locales et des
10/10/13 07:57
17. 17
Keolis • Octobre 2013
mots croisés
Une mobilité complémentaire
Marie Martese,
fondatrice de la Roue Verte
Une réponse à un
besoin croissant
« La Roue Verte est une entreprise
spécialisée dans les prestations de
covoiturage pour les entreprises et
les collectivités. Nous intervenons
surtout pour des trajets entre le
domicile et le travail, dans les zones
mal desservies par les transports
en commun et pour des distances
supérieures à 20 km. à Lyon,
par exemple, dès que l’on franchit
le périphérique, il y a davantage
de candidats au covoiturage. Nous
répondons à un besoin croissant,
car les entreprises s’éloignent
des centres-villes et les salariés
habitent de plus en plus loin
de leur lieu de travail. »
Arnaud Hary, directeur des
concessions et du développement
durable du groupe sanef
Éric Quiquet, premier vice-président
de la communauté urbaine de Lille, chargé
de la commission Transports urbains
Un moyen d’attirer
de nouveaux clients
Un maillon supplé
mentaire pour garantir
un réseau en continu
« Le groupe sanef, qui souhaite
accompagner le développement
des mobilités émergentes, a mis
en place des espaces dédiés
au covoiturage sur certaines aires
d’autoroute. C’est un service que
nous rendons à nos clients : en leur
évitant un covoiturage “sauvage”
non sécurisé et sans confort,
nous optimisons ce nouvel usage
de l’autoroute. En outre, nous
voyons dans le covoiturage un
moyen pour de nouveaux clients
d’accéder à notre réseau : seuls,
ils n’en auraient peut-être pas
eu les moyens ; à plusieurs, cela
devient possible. »
densités de population, en s’appuyant sur toutes les
combinaisons rendues possibles par la multi licité
p
des services existants : train, tramway, bus, métro,
autopartage privé ou public, covoiturage, taxis
p
artagés, vélos en libre-service, vélos en location,
partage de places de stationnement ». Sur le terrain,
les initiatives se multiplient. Les collectivités cherchent à mieux organiser les transports dans leur
périmètre grâce aux Agendas 21 ou aux plans de
déplacements urbains. De leur côté, les opérateurs
de transports et les associations déploient des offres
de mobilité qui mutualisent les moyens disponibles.
Aujourd’hui, à Rennes, Orléans ou Toulouse, avec
un titre de transport unique, les voyageurs ont
accès à une large palette de solutions de transports
KEOL020_14-17_bat.indd 17
18 000
vélos en location
et en libre-service
sont mis à la
disposition
des voyageurs
par Keolis
dans 18 villes.
« Développer des infrastructures
de transports en commun coûte
cher. Les modes de transport
partagés sont un maillon
supplémentaire pour garantir
un réseau en continu. Face à la
crise de la propriété automobile,
l’avenir des transports publics
consiste notamment à s’emparer
du sujet “automobile”. à Lille,
nous avons par exemple lancé
covoiturezplus.fr, une plateforme
de covoiturage pensée en complémentarité avec notre réseau de
transport public. Nous atteignons
un seuil de 1,2 à 1,3 passager par
véhicule. Si nous parvenons à un
taux de 1,8 ou 1,9, nous réglerons pas
mal de problèmes de circulation. »
en commun et partagés. Demain, des offres encore
plus ciblées feront leur apparition. L’Urscop Île-deFrance teste par exemple une offre de transport
combinant taxis partagés et accompagnement
dans les transports en commun pour les personnes
âgées isolées à faibles revenus. La consommation
collaborative, en élargissant le « champ des possibles », a déjà imprimé sa marque sur la mobilité…
et ce n’est qu’un début.
10/10/13 07:58
18. Keo’visa
18
Bordeaux,
ville
intermodale
Tram, vélo, navette fluviale,
bus, Bordeaux est pionnière
en matière d’intermodalité.
Découvrez la ville sous un
jour nouveau : celui des
transports en commun !
2
3
1. Le vélo VCub.
1
KEOL020_18-19_bat.indd 18
La communauté
urbaine de Bordeaux
propose 1 545 vélos
en libre-service,
24 h/24 et 7 j/7.
2 et 3.
Le tramway.
Composé de
trois lignes qui
traversent la ville,
le réseau de
tramway est
un véritable atout
pour les Bordelais.
Un système
d’alimentation
par le sol a
été privilégié
pour préserver
le centre
historique.
10/10/13 08:00
19. Keolis • Octobre 2013
19
4 et 5.
La navette fluviale.
Intégrée au réseau
de transport
bordelais, la BatCub
est en service depuis
le 2 mai 2013.
Elle permet
notamment
de traverser
la Garonne.
5
4
6 et 7. Le bus. La ville compte
un réseau de 65 lignes de bus.
Ce service est complété par
les cars du réseau TransGironde
à destination du reste du
département, et par la navette
desservant l’aéroport international.
7
6
3
is.
KEOL020_18-19_bat.indd 19
10/10/13 08:00
20. K ’
Keo’FORUM
Keo’FORUM
20
GRAND PARIS :
DES PROJETS
EN ATTENDANT
LE MÉTRO
En mars dernier, le Premier ministre, Jean-Marc
Ayrault, relançait, après l’avoir remanié,
le dossier du Grand Paris, lancé sous le précédent
gouvernement. Un projet d’envergure s’articulant
autour d’un nouveau réseau de transport
modernisé et étendu, qui sera achevé d’ici à 2030.
L
e défi du Grand Paris, revu et
rebaptisé par le gouvernement de François Hollande le
Nouveau Grand Paris ? Faire
de l’Île-de-France une région compétitive
et solidaire via une nouvelle politique de
logement, un mode de gouvernance
intercommunale innovant, la création de
la métropole de Paris ainsi qu’un plan de
développement du réseau de transports
en commun sans précédent symbolisé
par le Grand Paris Express (GPE).
Les premiers métros automatiques
devraient être en circulation dès 2018 et
l’intégralité des lignes (15, 16, 17, 18, Eole
et le Charles-de-Gaulle Express) – soit
200 km de métro et 72 gares – en service
à l’horizon 2030. Le projet prévoit aussi
la modernisation du réseau existant via
un plan de mobilisation mis au point par
la Région Île-de-France, l’État, les départements et le Syndicat des transports
d’Île-de-France (STIF) : rénovation de
RER, prolongement de lignes de métro,
création de nouveaux tramways et de
BHNS… Le coût total des travaux s’élèverait à 29,5 milliards d’euros. Une bonne
nouvelle pour les 8,5 millions de voyageurs franciliens – un chiffre qui grossit
chaque année un peu plus, le trafic ayant
augmenté de 21 % en dix ans. Certaines
de ces opérations sont engagées, d’autres
sont en cours d’enquête publique ou à
l’étude. Tour de table pour améliorer la
mobilité des Franciliens avant, pendant
et après le Nouveau Grand Paris.
L’USAGER
MARC PELISSIER, secrétaire général
de l’Association des usagers des
transports (AUT)/FNAUT Île-de-France
“Un projet qui évolue
dans le bon sens.”
Globalement, la mouture de
Christian Blanc* a été modifiée
positivement : des gares ont
été ajoutées et il a été décidé
d’améliorer aussi le réseau existant,
un point primordial pour l’AUT.
En ce qui concerne le phasage
des travaux, il nous semble logique
de privilégier la ligne 15 comme
cela a été décidé, car cette rocade
de proche couronne va décharger
le réseau existant. Mais nous
regrettons qu’il ait été prévu
de la délaisser une fois la partie sud
réalisée. Autre point d’attention :
l’intermodalité. Les flux générés par
les nouvelles infrastructures doivent
être pris en compte. Ils nécessitent
l’aménagement de dessertes et
de correspondances avec le réseau
existant, mais aussi avec les bus et
les vélos. Enfin, s’il y a maintenant
des recettes affectées au GPE
qui permettent de sécuriser les
premiers travaux, d’autres projets,
comme la création de sites propres
bus ou la construction de la
tangentielle Nord, ont été mis
de côté faute de crédits. Or ces
projets sont complémentaires
au GPE et permettraient
d’améliorer la mobilité des
Franciliens à court terme.
* Ancien secrétaire d’État chargé du
Développement de la région capitale.
KEOL020_20-21_bat.indd 20
10/10/13 08:02
21. Keolis • Octobre 2013
21
côté
L’ÉLU
PIERRE SERNE,
vice-président de la Région Île-de-France,
chargé des Transports
“Une seule vision
pour le réseau
structurant de demain.”
La Société du Grand Paris, dans le
cadre de la loi de décentralisation
en cours d’examen, passera sous
l’autorité du STIF, au même titre
que tous les opérateurs de
transports franciliens aujourd’hui.
Nous mettrons ainsi fin à cette
période ambiguë qui laissait à
penser qu’une certaine forme de
recentralisation vers l’État était en
cours dans les transports franciliens.
Nous assistons depuis 2012 à une
véritable évolution du projet et
de la gouvernance du Grand Paris
Express. Dorénavant il n’y aura plus
d’un côté le plan de mobilisation
pour les transports de la Région
Île-de-France et de l’autre le Grand
Paris Express, mais une seule vision
pour le réseau structurant de
demain : « le Nouveau Grand Paris ».
Le STIF en sera l’autorité
organisatrice des transports de plein
exercice, compétente sur tous les
réseaux. Le Nouveau Grand Paris
va désormais au-delà du projet de
nouveau métro : il englobe tous
les projets de modernisation
et de développement du réseau
existant, et notamment les schémas
directeurs de RER. Il concerne donc
tous les territoires de l’Île-de-France,
les réconciliant au lieu de les
opposer. Nous continuons ainsi
avec le STIF un grand plan de
modernisation du réseau existant,
qui a bien besoin de remonter
en robustesse. Pour les bus,
nous investissons, pour la période
2013-2016, 160 millions d’euros
(montant sans précédent) afin
de renforcer les dessertes ; que
ce soit sur le réseau parisien, celui
de proche banlieue, ou encore
sur le réseau de la grande couronne,
qui aura au moins 60 % de cette
KEOL020_20-21_bat.indd 21
enveloppe pluriannuelle. Je veillerai
personnellement à ce que l’équilibre
soit respecté entre les différents
territoires : les habitants de la
grande couronne ne seront pas
les oubliés du Grand Paris. Ils seront
d’ailleurs les premiers utilisateurs
des futures grandes gares
d’interconnexion, comme à NoisyChamps, aux Ardoines ou à SaintDenis Pleyel. Le Nouveau Grand
Paris prévoit aussi, pour ces
habitants, de nombreux projets de
tramways et de lignes de tram-train,
des lignes de bus à haut niveau
de service, ainsi que de nouvelles
liaisons express par autocar comme
celle reliant Melun à Meaux ou celle
reliant Les Mureaux à la Défense, qui
verront le jour très prochainement.
Avec le Nouveau Grand Paris,
nous pensons les transports moins
sous l’angle de l’infrastructure
que sous celui des usagers et de
leurs mobilités. Dans une journée,
pour notre travail ou nos loisirs,
nous pouvons emprunter un bus,
un métro, un RER, un vélo et,
dans tous les cas, marcher même
si c’est juste pour quelques mètres.
Notre enjeu principal est d’améliorer
et de faciliter l’interaction entre
chaque maillon de cette chaîne.
J’ai inauguré il y a peu des renforts
de lignes de bus du réseau CIF
(Keolis) qui concernaient la mise en
place de services supplémentaires
le soir, les samedis-dimanches, et
plus d’offres aux heures de pointe.
Ces renforts intervenaient en
concomitance avec la mise en place
du RER B Nord +. Grâce aux
renforts d’offres des lignes de bus,
des usagers m’expliquent qu’ils
gagnent près de dix minutes sur
l’ensemble de leurs trajets, malgré
des temps de transport rallongés
sur le RER. C’est cela pour moi le
Nouveau Grand Paris, c’est avoir
une vision intégrée de l’ensemble
de la chaîne de mobilité des usagers
d’Île-de-France, dans l’optique
d’une offre et d’une qualité
de service toujours meilleures.
JEAN-PIERRE FARANDOU,
président du Groupe Keolis
“KEOLIS EST
UN CANDIDAT
CAPABLE ET
LÉGITIME SUR LE
GRAND PARIS.”
Le projet du Grand Paris est
d’abord perçu comme un
projet de métro automatique,
alors que son enjeu dépasse
la création de nouvelles
infrastructures. Il s’agit
d’améliorer les déplacements
de millions de Franciliens, que
ce soit en RER, en bus, à vélo…
C’est pourquoi Keolis, déjà
opérateur de poids en Île-deFrance, soutient, sans attendre
de nouvelles lignes de métro,
la mise en place d’un plan bus
ambitieux, qui, sur le modèle
du Grand Londres, donnerait
un nouveau souffle à l’offre
de mobilité en Île-de-France.
Concernant le projet de métro
proprement dit, Keolis a
l’intention de se positionner
comme un futur opérateur des
lignes nouvellement créées. S’il
est normal que les extensions
des lignes 11 à 14, exploitées par
la RATP, lui reviennent, il en est
autrement pour les nouvelles
lignes 15, 16, 17, 18. Construites
par la Société du Grand Paris,
elles donneront lieu à des
appels d’offres du STIF.
En distinguant la gestion de
l’infrastructure, confiée à la
RATP, de l’exploitation de ces
lignes, le législateur a signifié
son intention de voir jouer la
diversité chez les opérateurs.
Avec 70 km de métro exploités
à ce jour à Lille, Lyon, Rennes,
Roissy, et bientôt 140 km avec
le futur métro d’Hyderabad,
en Inde, Keolis se considère
comme un candidat capable
au plan du métier et légitime
au plan institutionnel.
11/10/13 23:14
22. Keo’IDÉES
22
“RÉFLÉCHIR
AUX QUALITÉS
SONORES
D’UN LIEU DÈS
SA CONCEPTION
EST PRIMORDIAL”
Qu’est-ce que le design sonore ?
Le champ d’application du design sonore est très large.
Au plan urbain, lorsqu’il intervient sur un lieu, le designer
commence par écouter ses qualités sonores à différents
moments, les sons évoluant au fil des heures et des saisons.
Il se met également à l’écoute des usagers et de leurs
attentes. Une fois ce « diagnostic » établi, l’environnement
sonore de l’endroit peut être modifié en enlevant des sons
ou en les canalisant pour réduire les nuisances. Ainsi, mettre
en valeur les caractéristiques d’un espace, c’est déjà faire
du design sonore ! Dans un deuxième temps, le designer
sonore peut choisir d’intervenir de manière discrète
– en parsemant de graviers une allée de jardin en asphalte,
en plantant des arbres qui attireront certains oiseaux –
mais aussi de manière plus affirmée, en construisant
une fontaine ou une harpe éolienne.
INTERVIEW
Henry Torgue,
sociologue, auteur de : Le sonore,
l’imaginaire et la ville. De la fabrique
artistique aux ambiances urbaines,
L’Harmattan, Paris, 2012.
Depuis quand s’intéresse-t-on au design sonore ?
L’environnement sonore est devenu une préoccupation
des pouvoirs publics depuis que les plaintes contre
le bruit se sont multipliées. Mais, dans les faits, les espaces
continuent à être conçus surtout sous l’angle visuel
ou pour leur fonction pratique, le volet sonore n’étant pris
en compte qu’en termes de nuisances et, généralement,
lorsqu’il est trop tard pour intervenir. Cependant, depuis
une vingtaine d’années, face aux limites des réponses
techniques et réglementaires pour lutter efficacement
contre le bruit, cette tendance s’infléchit. Architectes,
paysagistes et urbanistes réfléchissent de plus en plus
aux qualités sonores d’un lieu dès sa conception.
Chaque pratique a une incidence sonore : il incombe
à ces professionnels d’en prendre conscience et de faire
appel à des designers sonores pour éviter qu’une
chute de clé réveille tout un quartier par exemple !
Pourquoi faire du design sonore ?
Les objectifs du design sonore sont, eux aussi, multiples
car ils varient en fonction des lieux et des priorités des
KEOL020_22-23_bat.indd 22
14/10/13 15:16
23. Keolis • Octobre 2013
commanditaires : sécuriser, susciter une émotion
esthétique, masquer la nuisance d’un lieu, voire
encourager l’acte d’achat dans un magasin. Le design
sonore peut avoir des conséquences importantes.
Mettre un sol aux carreaux disjoints dans un hôpital,
par exemple, va être à l’origine d’un cliquetis continu,
lié au passage des chariots, qui peut troubler le repos et
donc la santé des malades. De plus, un même son peut
être connoté positivement ou négativement en fonction
des situations. Ainsi, le bruit de l’hélicoptère d’urgences
d’un hôpital ne générera pas de plaintes, contrairement
à celui d’un particulier fortuné…
METTRE EN VALEUR
LES CARACTÉRISTIQUES
D’UN ESPACE, C’EST DÉJÀ
FAIRE DU DESIGN SONORE !”
Et dans les transports publics ?
La signalétique sonore, qui se développe de plus en plus
car l’univers visuel est saturé, contribue à la bonne marche
du service : le timbre de la voix délivrant une annonce
doit être apaisant, pour ne pas créer de mouvements
de panique en cas d’incident, mais pas trop doux non plus,
pour ne pas ralentir le flux de voyageurs ! Enfin, les sons,
outils marketing, peuvent devenir la signature d’une
marque… ou d’une ville ! Ainsi, lorsque j’entends retentir
la cloche des trams de Grenoble en sortant de la gare,
je sais que je suis « à la maison »…
KEOL020_22-23_bat.indd 23
23
> BIO EXPRESS
Henry Torgue est
sociologue, diplômé
de sciences politiques,
docteur en études
urbaines et chercheur
au Cresson (Centre
de recherche sur
l’espace sonore
et l’environnement
urbain) à l’École
nationale supérieure
d’architecture
de Grenoble.
Il dirige l’unité
de recherche
« CNRS-MCC-ECN
Ambiances
architecturales
et urbaines ».
La musique
Il mène également
de front une pratique
de compositeur et
de pianiste concertiste.
De nombreuses
musiques pour
la danse, le théâtre
et le cinéma
(notamment pour
Jean-Claude Gallotta,
Carolyn Carlson
et Philippe Genty)
forment la base
de ses enregistrements
(15 CD parus chez
Spalax-Music et aux
éditions Hopi Mesa).
10/10/13 08:08