1. enauêtes
REGION
Rhône-Alpes
L'USINENUMÉRIQUE
ESSAIMELOGICIELS
ETFORMATIONS
Ce dispositif mutualise des moyens logiciels de CAO,
de FAOet de calcul auprès des PME rhônalpines.
Celles-ci peuvent ainsi réaliser un prototype et valider
un matériau ou un procédé.
DENOTRECORRESPONDANT,VINCENTCHARBONNIER
— aute d'avoir le bon logiciel, Patrice Flamand est
p
passé à côté de certaines affaires. Pour y remédier,
I le bureau d'études qu'il dirige, spécialisé dans la
fonderie aluminium, la plasturgie et le prototypage, s'est
inscrit dans le dispositif d'Usine numérique de Rhône-
Alpes. Cela lui permet d'avoir accès à la version premium
de SolidWorks et de bénéficier de formations sur ce logiciel
et sur le calcul de résistance mécanique. Formations qu'il
a suivies avec d'autres membres de la grappe d'entreprises
Mécabourg, issues de la filière mécanique, métallurgie et
carrosserie industrielle de l'Ain.
«Ce logicielm'ouvre de nouveaux marchés, note le gérant
de 3D Init, à Chaneins (Ain).J'ai pu répondre par exemple
au cahierdes charges d'un projetd'étrier d'équitation dont il
fallaitcalculer la résistance et prédimensionner des pièces.»
Après ce prêt qui pourrait se prolonger jusqu'à la fin de
l'année, Patrice Flamand est plus que jamais convaincu
de l'intérêt d'acquérir SolidWorks. Un achat qu'il avait dû
reporter à la suite de la crise de 2008 et d'une forte baisse
d'activité qui l'a contraint à licencier ses deux salariés. «Je
vais l'acheter. Çavaut le coût», convientaujourd'hui legérant
de 3 DInit,qui veut relancerl'activitéde son bureau d'études.
3 DInit est l'une des 20 entreprises qui participent àl'Usine
numérique de Rhône-Alpes mise en œuvre par Espace
numérique entreprises (ENE),une asso
ciation fondée par le Medef, la CGPME,
la Chambre de commerce et d'industrie
de Lyonet la Chambre des métiers et de
l'artisanat du Rhône pour «améliorer la
compétitivitédesentreprises par un usage
pragmatique du numérique». L'associa
tion a complété sa politique de diffusion
des technologies de l'information et de
la communication dans les PME-PMI en
mutualisant des moyenslogicielsde CAO,
3,5 milliards
C'est, en euros, le chiffred'affaires de
la filièrelogiciels et services en
Rhône-Alpes, qui regroupe 33000 emplois
dans plus d'un millierd'entreprises.
La compétitivité des PME est améliorée par un usage pragmatique
du numérique. Ici, une démonstration de réalité augmentée.
de FAOet de calcul dont elle a acquis les licences avec le
concoursfinancierde larégionRhône-Alpeset du GrandLyon.
L'ENEassure la gestion et l'administration du dispositif
Usine numérique. Deux chefs de projet accompagnent les
entreprises, qualifient leurs besoins en amont, parfois avec
l'appui de partenaires qui connaissent bien leur métier,
le Cetim et l'Enise à Saint-Etienne, AIP Primeca (Atelier
inter-établissements de productique et Pôle de ressources
informatiques pour la mécanique)sur le campus de La Doua
à Lyon.Ces partenaires ont des moyens et des compétences
divers, en réalité virtuelle augmentée pour l'École nationale
d'ingénieurs de Saint-Etienne, en laser track et en impri
mante 3 D pour l'AIPPrimeca. « Une entreprise qui a besoin
de tester des techniques de fabrication,
des machines va pouvoir mobiliser ces
moyens dans le cadre de l'Usine numé
rique pour réaliserun prototype ouvalider
un choix technique, un matériau ou un
procédé »,explique AlbanKarnavos,l'un
des deux chefs de projets de l'ENE.
Le podologue Thierry Miolane a, lui,
conçu des orthèses en polymère à partir
d'une impression 3D faite par scan
ner 3 D.Lemoule de ces semelles ortho-
Tous droits de reproduction réservés
Date : 11/07/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 42-43
Rubrique : Enquêtes
Diffusion : 37612
Périodicité : Hebdomadaire
Surface : 168 %
2. Undéficit de
main-d'œuvre qualifiée
« RechercheingénieursJava et
ingénieurs commerciaux.Emplois
à satisfaireimmédiatement. »
Cette annonce pourrait provenir
de la filière numérique,plombée
par lapénuriede cescompétences,
les ingénieursformés dansles
écolesde larégion étant attirés
parfois par les sirènesde grands
groupes américains ou n'ayant
pas les qualifications spécifiques
aux technologies innovantes
[Saas et cloud Computing
notamment]. Leur profil
généraliste ne correspondpas
au développement de projet,
d'industrialisation et de
standardisation deséditeurs de
logiciel. De même, les ingénieurs
commerciaux de haut niveauqui
doivent êtrecapablesdediscuter
avecles directionsopérationnelles
d'entreprises font défaut. « Les
écolesforment des généralistes
qui n'ont pasd'appétence pour
les produits logiciels », note
Thierry Alvergnat, le directeur
général du cluster Edit, qui anime
la filière de l'édition de logiciels
en Rhône-Alpes. Aussi,certains
groupes, tel Visiativ, ont-ils pris
la décision de s'implanter sur la
plate-forme de Casablanca.
L'éditeur lyonnaisa embauché
30 personnesau Marocpour
combler sondéficit de main-
d'œuvre qualifiée.À
terme,
les membresdu cluster Edit
comptent beaucoupsur le projet
d'université du logiciel,en
gestation en Rhône-Alpes, avec
les grandesécoles,les universités
et lesoutien financier de la
Régionet du GrandLyon,pour
accroîtrel'offre de main-d'œuvre
qualifiée,il
pédiques plus légères, plus résistantes et adaptées à la
forme des pieds a été réalisé en partenariat avecAxiatec, qui
intervient avec d'autres sociétés privées dans ce processus
d'accompagnement numérique. «Usine numérique n'est pas
seulement un distributeur de jetons de prêt de logiciel,sou
ligne Alban Karnavos. Ce dispositif consiste surtout à faire
monter en compétences les entreprises qui y participent. »
Pour tirer pleinement parti de ces outils, des sessions de
formation sont organisées directement avec les éditeurs ou
avec des centres spécialisés. Mutualisées, elles réunissent
des techniciens de trois ou quatre entreprises, ce qui entraîne
des échanges et des «effets collaboratifs» indéniables.
Sensibiliser les TPE
Autre brique qui complète ce dispositif: le programme
Performance PME, plus axé sur la méthodologie de mana
gement, avec le concours d'un consultant. Yvan Cuzin et
Éric Teyssandier qui ont repris la société FP II début 2011
suivent ce programme depuis quatre mois,date àlaquelle ils
se sont inscrits dans le dispositif Usine numérique. N'ayant
pas les moyens financiers de remplacer leurlogiciel de FAO,
ils vont pouvoir tester gratuitement deux logiciels pendant
un an et former leurs salariés, avant de se déterminer sur
leur investissement futur tout en peaufinant leurs méthodes
de management. Ce sont des enjeux cruciaux pour leur
entreprise d'usinage, dont le chiffre d'affaires subit les
contrecoups de la crise.
D'autres initiatives contribuent àla diffusion de pratiques
numériques. Le groupe Visiativ a lancé, en février, une
plate-forme communautaire, Lynkoa. Ce réseau social qui
compte déjà plus de 3000 designers favorise le partage de
savoir-faire, de fichiers, de trucs et astuces autour d'outils
de CAOpour modéliser des pièces. «C'est un gros succès,
se féliciteLaurent Fiard, le coprésident de Visiativ,spécialisé
dans l'édition et l'intégration de logiciels. À l'horizon d'un
an, on devrait avoir 25000 membres.»
De son côté, la région Rhône-Alpes vient de lancer, avec
la chambre régionale des métiers et de l'artisanat et l'Union
professionnelle artisanale, un autre dispositif de sensibili
sation et de diffusion du numérique destiné aux très petites
entreprises, appelé Atouts numériques.
L'objectif est d'inciter les TPE à inno
ver par le numérique, d'en sensibili
ser 5 000 et d'accompagner quelque
250 projets relatifs à une meilleure visibilité sur internet, à
la sécurité informatique, à l'e-marketing, à lavente en ligne.
Quinze entreprises ont déjà débuté un cyclede formation en
Isère et dans le Rhône, h
Tous droits de reproduction réservés
Date : 11/07/2013
Pays : FRANCE
Page(s) : 42-43
Rubrique : Enquêtes
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