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Année Universitaire 2014-2015 Nicolas Bonne
Semestre 1 Licence de Géographie 1
Source: Firefly collection, 2013
En quoi l'impact conjugué du développement touristique et de la création
du Parc National de la Vanoise a-t-il profondément modifié la structure et
le paysage de la Vallée de Bozel ?
Compte-rendu de Sortie Terrain Vendredi 31 octobre 2014
Résumé:
La vallée de Bozel est un espace rural qui a vu ses pratiques et ses traditions remises en
cause par l'activité touristique. Le tourisme s'avère être plus rentable et propose des perspectives de
développement plus intéressantes que l'agropastoralisme, la sylviculture ou l'activité minière alors
présentes dans la vallée. La vallée de Bozel s'est développée et s'est ouverte au monde grâce au
tourisme et au prestige de ses grands domaines skiables. L'implantation et le développement des
stations de ski et du tourisme de masse ont profondément modifié le paysage et l'environnement. En
réponse à cela le Parc National de la Vanoise a été créé afin de protéger l'environnement. Le parc a
limité le développement des stations et a engendré de nombreux conflits d'intérêt. La combinaison
et les relations entres acteurs touristiques et parc ont modifié durablement la vallée de Bozel en
l'espace d'à peine deux siècles.
Mots-clés: Tourisme – Rural – Parc – Développement - Environnement
Summary:
The Bozel Valley is a rural area, these practices and traditions have been challenged by tourism.
Tourism prove that it is more cost effective and it offers interesting development prospects as agro-
pastoralism, forestry and mining activity while are present in the valley. The Bozel Valley has
developed and opened to the world through tourism and because of the prestige of his major's ski
areas. The establishment and development of ski resorts and mass tourism have profoundly changed
the landscape and the environment. To deal with this phenomen the Vanoise National Park was
created to protect the environment. The park limits the development of stations and therefore
spawned numerous interest's conflicts. The combination and the relationships between tourism
stakeholders and the park have permanently changed the Bozel Valley in term of space during a
period less than two centuries.
Keywords: Tourism - Rural - Park - Development - Environment
Sommaire
Introduction :....................................................................................................................................1
Rapport de sortie terrain: La Vallée de Bozel.......................................................................................2
I- Le tourisme: facteur de changements...........................................................................................2
A.Un espace rural traditionnel peu développé, proche de l'autarcie...........................................2
B. Qui se modernise avec le développement touristique estival.................................................5
C. Qui change radicalement avec le développement des sports d’hiver.....................................7
II- Parc National de la Vanoise: Paradoxe entre protection et développement du territoire..........10
A. La genèse du Parc National de la Vanoise et ses objectifs ..................................................10
B. Une construction politique qui a du mal à s’affirmer...........................................................12
C. Parc National et tourisme : l’affrontement de deux opposés (idéologies ?).........................15
III- Evolution de la conception du Tourisme et rapports à l'espace rural......................................18
A. Une conception du tourisme en rupture avec l’espace et l’idéologie rurale........................18
B.Le tourisme comme vecteur d’inégalités...............................................................................23
C.L’émergence d’une forme de tourisme « raisonné », plus en adéquation avec l’espace rural
...................................................................................................................................................28
Conclusion:....................................................................................................................................30
Bibliographie:................................................................................................................................31
Index des Illustrations:
.......................................................................................................................................................32
Introduction :
Lors de cette sortie terrain au sein de la vallée de Bozel, nous avons pu prendre connaissance de
différents sites qui composent la vallée, ce qui nous a permis de voir les différentes composantes de
l'espace de la vallée de Bozel. Encadrés par deux de nos professeurs (Lionel Laslaz et Lise
Piquerey, que je remercie au passage) nous avons pu rencontrer un responsable de la commune de
Champagny-en-Vanoise, Monsieur Denis Tatoud, et des agriculteurs de Pralogan-en-Vanoise: Loïc
Blanc et Charly Clarey. Je profite de ces quelques lignes pour les remercier eux aussi.
La vallée de Bozel se situe dans le département de la Savoie dans la région Rhône-Alpes, en
Tarentaise, dans le massif de la Vanoise au coeur des Alpes. La vallée de Bozel est intégrée dans
une région très dynamique et attractive d'un point de vue économique et touristique. Cette vallée est
connue pour ses nombreux et importants domaines skiables (Paradiski, l'Espace Killy et les Trois
Vallées...). Les flux touristiques sont très importants et génèrent une grande part des revenus de la
vallée, si bien qu'elle en est désormais dépendante. Le tourisme se définit comme « les activités
déployées par les personnes au cours de leurs voyages et séjours dans des lieux situés en dehors de
leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins
de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l'exercice d'une activité rémunérée dans le lieu
visité » (Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques). Le tourisme a participé à la
modernisation et au développement de la vallée, mais a suscité tout de même des critiques et a
entrainé des conflits d’intérêts. Le mode de développement des stations de sports d'hiver est peu
soucieux de l'environnement qui est le terme désignant « l'ensemble des éléments qui entourent un
individu ou une espèce et dont certains contribuent directement à subvenir à ses besoins » (P. Baud,
S. Bourgeat). Le rapport entre tourisme et environnement et intéressant à étudier et soulève la
question de la compatibilité de ces deux notions.
Le Parc National de la Vanoise tel qu'il est défini par le ministère du développement durable est une
entité territoriale qui « permet de favoriser une gestion conservatoire dont l’objectif est de
consolider les solidarités écologique, économique, sociale et culturelle existantes entre cette zone et
les territoires qui l’entourent, sur la base d’un développement durable fondé sur un partenariat entre
l’Etat et les collectivités ».
Nous sommes conscient que le tourisme modifie le paysage et la structure des espaces dans lesquels
il s'implante, en revanche le parc national qui a pour but de « conserver » la structure territoriale en
l'état, de « renforcer les liens » contribue tout de même à la modifier en régulant les pratiques et à
distendre les différents types de solidarités en se montrant trop contraignant et en limitant les
activité humaines. Nous sommes donc en droit de nous demander en quoi l'impact conjugué du
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développement touristique et des actions du Parc National de la Vanoise modifie-t-il profondément
la structure et le paysage de la Vallée de Bozel ? Et si il n'existe pas un paradoxe entre protection du
territoire et développement touristique.
Nous verrons comment le tourisme a modifié la structure et le paysage de la vallée de Bozel, puis
comment le Parc National de la Vanoise régule les pratiques sur le territoire en protégeant
l'environnement, et enfin la façon d'évoluer de la perception du tourisme en lien avec ses dérives.
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Rapport de sortie terrain: La Vallée de Bozel
I- Le tourisme: facteur de changements
Selon le Dictionnaire de la Géographie de P. George et F. Veger, « l’espace rural n’est pas
seulement le siège des activités agricoles, mais aussi de l’industrie rurale, de l’artisanat rural et du
tourisme rural ». La vallée de Bozel répond parfaitement à ces critères, son activité économique est
historiquement organisée autour de l’activité agro-pastorale et de la sylviculture, puis de l’activité
minière au XIXème siècle.
A.Un espace rural traditionnel peu développé, proche de l'autarcie
Jusqu’au début du XIXème siècle, la seule activité à Pralognan était l'élevage et la culture de
seigle. Chaque été, hommes et bêtes montaient dans les alpages d'altitude où ils vivaient comme
l'attestent les chalets d’alpage, les caves, les granges à foin, les chemins.
Avant le XIXème siècle la vallée de Bozel était enclavée, il y avait très peu d’échanges avec
l’extérieur, hormis avec les colporteurs qui empruntaient la route du sel et du beaufort. Cette route
passait par le col de la Vanoise qui constituait un point de passage relativement aisé entre la France
et l’Italie. Le sel des salines de Salins-les-Thermes ainsi que le fromage de Beaufort prenaient la
direction du Piémont pour être échangés contre des étoffes et des épices. Le fromage et le sel étaient
les denrées exportées par les villages de la vallée de Bozel, les autres produits étaient directement
consommés sur place. Les marchandises importées (étoffes et épices) étaient soumises à un droit
d’octroi (impôt indirect sur les importations sur le territoire communal) qui permettait d’entretenir
le chemin de la Vanoyse emprunté pour le commerce avec le piémont.
Les activités agro-pastorales et de sylviculture impliquent l’exploitation de l’espace et plus
particulièrement les versants, la vallée étant étroite et réservée aux habitations dans la mesure du
possible. L’activité agro-pastorale utilise principalement les versants adrets plus ensoleillés et les
alpages de haute altitude (végétation par nivellement), la sylviculture exploite quant à elle les
versants laissés libres par l’agriculture et l’élevage, les versants ubacs plus froids, ombragés et plus
propices au développement de la forêt. Les infrastructures nécessaires à ces activités sont situées
soit à proximité directe de la zone exploitée, pour des raisons pratiques soit dans la vallée, à
proximité des axes routiers et des habitations.
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Les habitants de la vallée ont su adapter leurs pratiques à la topographie, pour cela, ils ont opté pour
un système de terrasses sur les adrets pour la culture de céréales (des céréales « pauvres »
essentiellement comme le seigle par exemple). Les habitants de la vallée de Bozel ont édifié des
murets de soutènement en pierre et ont construit de modestes plateaux à la sueur de leurs fronts. Ces
travaux sont lourds mais néanmoins nécessaires au développement de l’activité agricole vivrière. Le
système de terrassement a plusieurs avantages : il permet de rendre la surface exploitable, de
dépierrer le terrain (les pierres servent à la construction des murs de soutènement), et aussi à
soutenir le terrain et d’ainsi éviter les glissements de terrain dévastateurs. En contrebas sur les
pentes non-aménagées sous formes de terrasses, les Bozelains ont développé la culture de la vigne,
qui ne nécessite pas des sols très riches. De cette façon ils développent plusieurs formes
d’agricultures sur le même versant ce qui contribue à diversifier le nombre de denrées à leur
disposition. Les versants ubacs utilisés pour la sylviculture sont structurés par les pistes forestières
qui les parcourent, et facilitent l’exploitation en les reliant à la vallée. Enfin, l’activité pastorale se
concentre en plus haute altitude (entre 2000 et 2500 mètres d’altitude), dans ce que l’on appelle les
« alpages ». Les alpages sont des espaces ouverts situés au-dessus des forêts, entre 2000 et 2500
mètres, ce sont de vastes pâturages dans lequel les paysans laissent leurs vaches brouter et aller plus
ou moins librement. Ces pâturages (ou les « alpages de montagnette » entre 1500 et 1900 mètres
d’altitude) permettent aussi de faire des réserves de foin pour l’hiver que les vaches passent à
l’étable.
Ainsi on voit apparaitre une division spatiale du travail, un phénomène de zonage. D’un côté
l’agriculture (elle-même divisée selon le type de culture) sur les versants adrets, la sylviculture sur
les versants ubacs et enfin le pastoralisme dans les alpages en plus haute altitude. Ce constat est
renforcé par le nivellement de la végétation, et par conséquent par la présence de différents niveaux
de végétations: l'étage collinéen, l'étage alpin, l'étage subalpin et l'étage montagnard. Les activités
humaines contribuent à amplifier cette « division paysagère » en différenciant les zones de cultures
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céréalières, les zones viticoles, les zones de forêts et les zones de pâturages.
Si ces activités étaient séparées spatialement, elles n'étaient pas pour autant indépendantes l’une de
l’autre. Jusqu’au XIXème siècle, la vallée de Bozel vivait en quasi-autarcie; ce qui impliquait une
interrelation entre les différentes activités. En effet tous les biens produits dans la vallée étaient
consommés sur place. La vallée de Bozel n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de vallées
Alpines isolées et « condamnées » à l’autosuffisante : la vallée de la Maurienne ou la vallée de
l’Ubaye en sont d'autres exemples. L’activité agro-pastorale peut donc être qualifiée d’«agriculture
vivrière » ou d’« agriculture de subsistance ». La production de la sylviculture servait aux
constructions (habitats, ponts, granges, fontaines et canaux d’irrigation...), aux outils (charrue,
autres outils agricoles), au mobilier et au chauffage des logements (cheminées).
La vallée de Bozel est un espace peu peuplé, son pic démographique se situe en 1861 (23 515
habitants dans l’ensemble de la Vanoise); cette faible densité de peuplement s’explique par
l’enclavement de la vallée, par les dures conditions de vie, ainsi que par les émigrations des
habitants de la vallée vers des villes plus importantes, et plus développées. Au XIXème siècle,
beaucoup d’habitants de la vallée sont partis travailler dans les villes pendant la période hivernale
(pas d’activités agricoles, donc pas de travail dans la vallée) et ont finalement immigré
définitivement. C’est à cette période que s’est fondé le mythe du ramoneur savoyard.
La structure sociale du milieu rural (comme dans le cas présent) est clairement définie, les habitants
d’un bourg se connaissent tous entre eux et il existe une forme de solidarité très forte. Cette
structure disparait pour les campagnards qui vont travailler dans les grandes villes, ils se retrouvent
face à une culture, un monde, des usages qui leurs sont peu familiers (ceux de la ville). Pour ne pas
être totalement privés de repères et risquer une situation dites d’anomie, les travailleurs d’une même
zone géographique (d’un même territoire) se regroupaient dans le même quartier d’une grande ville.
On assiste donc à une tentative de création d’une structure sociale semblable à celle présente dans le
milieu social d’origine : la vallée de Bozel.
Le développement de la vallée a finalement mis un terme à ces migrations forcées. Dès l'arrivée du
chemin de fer, au début du 20e siècle, les activités minières et industrielles prennent une place de
plus en plus importantes dans l'économie. La mine de charbon de Bonnegarde, les usines électro-
métallurgiques de Moûtiers, de Pomblières, de Notre-Dame de Briançon, de Bozel, et la mine de
plomb argentifère de La Plagne, fournissaient un complément de revenu à une part croissante de la
population active. Dans beaucoup de foyers ces activités sont complémentaires : on était à la fois
paysan, mineur et même bûcheron aux rares heures perdues.
La crise démographique que connait la Vanoise depuis 1861 (pic démographique) conjugué à la
quasi mono-activité de la vallée (activité agro-pastorale) incitera à se tourner massivement vers le
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tourisme hivernal considéré comme une bouée de secours.
B. Qui se modernise avec le développement touristique estival
Désormais, l’activité touristique est l’activité économique majeure de la vallée de Bozel, elle
supplante les activités traditionnelles évoquées précédemment. En effet, le tourisme est apparu
comme « l’unique possibilité de vivre et de travailler dans la vallée de Bozel » (L. Laslaz, 2003).
Mais ce constat est le résultat d’un lent développement de l’activité touristique qui a contribué à
profondément modifier le paysage et l’organisation de l’espace depuis le début du XIXème siècle.
Le tourisme commence par se développer à Brides-les-bains suite à un drame. En 1918, le front du
glacier de la Glières cède sous la pression exercée par le lac, il emporte tout causant de nombreux
dégâts dans la vallée située en contrebas. Cette « catastrophe naturelle » a permis la redécouverte
d’une source thermale exploitée jadis par les romains. Elle sera réexploitée à la suite de cet
événement. Des thermes municipaux sont créés et attirèrent près de 4000 curistes par an. On
attribue des médicinales exceptionnelles à cette eau qui est décrite comme « une eau effaceuse de
maux, extraordinaire par ses qualités, qui peut tout guérir, épilepsies, cathares, migraines, goutte,
rhumatismes, douleurs d'articulation et autres » d’après le rapport du docteur Ducis (D. Jarrassé,
1996). L’exploitation de cette ressource thermale permet de désenclaver quelque peu la vallée et
d’insuffler une dynamique de développement de l’activité thermale dans la vallée, puisque par la
suite Salins-les-Thermes et La Léchère s’équiperont à leur tour de thermes. L’activité thermale
donna même une renommée internationale à la vallée, plus particulièrement à Brides-les-Bains qui
voit affluer des personnalités de renommée internationale telles que la reine Élisabeth d'Espagne, la
princesse Bonaparte, le baron de Rothschild, le ministre Rambaud, l'éditeur Hachette, ainsi que des
membres de familles françaises, britanniques, italiennes, russes, américaines, de l'aristocratie et des
affaires. Dès cette époque l’activité touristique attire des clients aisés dont beaucoup d’étrangers :
un tiers de la clientèle est britannique.
Quelques années plus tard, c’est au tour de l’alpinisme de se développer dans la vallée de Bozel.
L’événement marquant le début de l’alpinisme est l’ascension de la Grande Casse le 8 aout 1860 par
l’alpiniste anglais Sir Williams Mathews. L’alpinisme connait un grand succès auprès de la clientèle
étrangère et aisée, essentiellement britannique. Plusieurs clubs alpins voient le jour en Europe, en
Angleterre tout d’abord puis en Suisse, en Italie, en Allemagne, en Autriche et en Pologne et enfin
en France en 1874. Ces clubs sont réservés aux élites cultivées et « définissent des usages en
matière d’excursion, organisent les compagnies de guides, construisent des refuges, améliorent la
qualité des hébergements, rédigent des notices scientifiques, inventent une littérature de voyage et
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réussissent ainsi à promouvoir, auprès de leurs contemporains, une forme de tourisme alpin à la fois
cultivé et mondain » (O. Hoibian, 2008). Les clubs continentaux ont plutôt une démarche
d'aménagement de la montagne alors que les clubs britanniques comme l’Alpine Club de Londres
créé en 1857 ont une vision transfrontalière des Alpes qu'ils voient comme un « terrain de jeu » (L.
Stephen, 1871). Ainsi l’alpinisme se diffuse rapidement en Vanoise. Si bien qu’au début du XXème
siècle tous les sommets des Alpes furent conquis (par des alpinistes comme les frères Victor et
Pierre Puiseux, Henri Mettrier ou bien William Augustus Brevoort Coolidge) et Pralognan-la-
Vanoise devint le deuxième centre alpin d’alpinisme derrière Chamonix.
Les activités touristiques se développèrent autour de trois pôles situés dans la vallée : le triumvirat
formé par Salins-les-thermes, Brides-les-bains et Pralognan-la-Vanoise. Ces trois villages
proposaient alors des prestations touristiques intéressantes, ce qui fit leur succès. Un office du
tourisme fut même créé à Pralognan en 1905. La vallée attirait les touristes fortunés par son calme,
pour la beauté de ses paysages ainsi que ses thermes et ses sommets (le sommet du Roc du Bécoin
à 2 594 mètres d’altitude, le Mont Jovet à 2 589 m, et la Dent du Villard à 2 284 m entre autre).
L’arrivée du chemin de fer à Moutiers en 1893 assure une desserte de meilleure qualité, nécessaire
au développement économique et touristique de la région. Le développement de l’alpinisme et du
thermalisme, du tourisme estival entraine des modifications du paysage : de nombreuses
infrastructures à destination des touristes furent construites; dix refuges furent construits près de
Pralognan et des Thermes furent construits à Salins et Brides, ainsi que des hôtels pour accueillir les
touristes. Le Grand Hôtel fut inauguré en 1895, il fonctionne encore de nos jours et marque le début
de l’ère des Hôtels-palaces. La vallée se modernise peu à peu pour proposer des services et des
loisirs aux touristes : un bureau de poste est créé en 1911 à Pralognan et un Casino à Brides-les-
Bains.
Le développement du tourisme estival par le biais de l’activité thermale et l’alpinisme modifie le
paysage de la vallée et sa structure économique. Le thermalisme puis l’alpinisme par la suite sont
les seules activités pratiquées, « consommées » par des clients extérieurs à la vallée de Bozel : des
citadins fortunés, des aristocrates étrangers. Ces activités entrainent le développement d’une
économie nouvelle en parallèle : les hôtels et les prestations de services (touristiques) font leur
apparition. Les versants commencent à être aménagés pour une activité autre que
l’agropastoralisme et la sylviculture, avec la création de refuges de haute montagne et l’entretien
des chemins qui permettent d’y accéder.
7/38
C. Qui change radicalement avec le développement des sports d’hiver
En 1912, à Megève a lieu la première saison hivernale en Vanoise. Le tourisme hivernal fait
son apparition par le biais du ski au début du XXème siècle. L’essor du tourisme hivernal aurait pu
être plus rapide si les deux guerres mondiales n’avaient pas brisé la dynamique de développement.
Quoiqu’il en soit à la sortie de la seconde guerre mondiale la Vanoise comptait déjà 7 stations de ski
de première génération dont Pralognan. En 1937 Pralognan inaugure ses premiers téléskis, la station
se développe rapidement et construit en 1953 un téléphérique qui est alors le plus rapide du monde.
Le ski s’avérant être un secteur à fort potentiel économique, il se développe très rapidement et on
assiste alors à une véritable « ruée vers l’or blanc » dans les années 1960-1970. C’est alors que les
stations de ski de troisième génération font leur apparition dans les Alpes (Les Ménuires, Les Arcs,
Val Cenis, Tignes…), et en Vanoise avec la Plagne en fin d’année 1961. Ce nouveau type de station
est créé ex-nihilo, (sur un emplacement vierge auparavant, non anthropisé). Les stations de 3ème
génération sont construites sous l’impulsion de l’état pour lutter contre le déclin économique et
démographique de la montagne mais aussi pour pouvoir faire bonne figure sur le marché mondial.
On prévoit une massification du ski, et l’explosion de la clientèle (le gouvernement prévoit 1
million de skieurs en France en 1970), c’est pourquoi de nombreuses stations avec de fortes
capacités d’accueil sont bâties.
On assiste dès lors à une urbanisation massive de la montagne (des « gisements de neige ») due au
plan neige rendu officiel en 1970 (mais effectif depuis 1962 et la naissance des premières stations
de 3ème
génération) qui prévoit la construction de 365 000 lits en 10 ans avec la création de
véritables villes en haute altitude, avec tous les services qui sont « intégrés » à la station et des
immeubles « au pied des pistes ». Ce type d’urbanisme intensif et brutal, en rupture avec le milieu
contribue à le dénaturer. Ces stations qualifiées de « sarcelles des neiges » modifient grandement le
paysage et vont même jusqu'à modifier l’image apaisante dont jouit la montagne. La montagne subit
un processus d’artificialisation, si bien qu’on peut parler de « la montagne aux promoteurs »
(L .Laslaz, 2005). Ces stations font l’objet de lourds investissements de l’état qui garde une
mainmise sur leur aménagement. Malgré les grandes ambitions du gouvernement français en
matière de sports d’hiver, la France perdit la « bataille du ski européen » (J. Fontanet). Dès lors
s’opère une prise de conscience : les sports d’hiver ne seront jamais un mouvement de masse mais
plus des activités locales et réservées à une élite étrangère (aux régions de sport d’hiver). En effet la
part de la population française se rendant aux sports d’hiver n’a jamais dépassé la barre symbolique
des 10 %.
8/38
Le développement du tourisme dans le canton de Bozel et l’utilisation des potentialités et
caractéristiques de l’espace comme ressource ont conduit à modifier profondément le milieu de la
vallée. L’urbanisation a en effet accompagné le développement de l’activité touristique, de
nombreux aménagements et de nombreuses infrastructures ont été créés pour l’acheminement et
l’accueil des touristes. Tout commence avec les axes de transport qui sont refaits à neuf pour assurer
une meilleure desserte puis dans un second temps le développement de navette notamment une qui
prend en charge les flux touristiques en provenance de Paris et transitant par l’aéroport du Bourget
du Lac. Il a fallu bien évidemment construire toutes les infrastructures nécessaires aux activités
touristiques à proprement parler (remontées mécaniques..) et toutes les structures d’hébergement et
de services (hôtels auberges, restaurants, coiffeurs, commerces, …)
Cela a aussi entrainé des modifications sensibles du milieu dans les zones exploitées par l'activité
touristique. Le déboisement a permis de définir clairement les pistes de ski, des remontées
mécaniques, cabanons ESF (l'école de ski française) et autres bars et restaurants d’altitude qui
jalonnent aujourd’hui les pentes de la vallée de Bozel.
Le développement de l’activité touristique a entrainé un déclin de l’activité agro-pastorale,
cependant elle a quand même contribué à redynamiser cette activité en réduisant le nombre
d’acteurs agricoles. L’activité agricole s’est réorganisée autour de plus grosses structures
qu’auparavant, comme les coopératives par exemple. De plus l’activité agro-pastorale s’est
modernisée et elle profite d’une clientèle (de passage) élargie dû aux flux touristiques.
Cette évolution de l’activité agro-pastorale qui survit en grande partie grâce à l’appellation
d’origine contrôlée du beaufort (AOC) a entrainé une évolution de l’utilisation de l’espace, avec la
mise en place d’une charte qualité. Certes les espaces de pâturages restent globalement les mêmes et
9/38
Coupe de la Vallée de Bozel au niveau
de St-Bon, Denys Pradelle,1964
les mouvements saisonniers aussi, mais les parcelles sont désormais plus étendues.
Le développement du tourisme hivernal a de grosses influences socio-spatiales sur la vallée de
Bozel, avec entre autre une importante modification temporelle dans le cas de la saison
traditionnellement « morte » qui devient la saison la plus active. Historiquement, comme nous
l’avons vu précédemment l’hiver était la saison morte dans les milieux ruraux, du fait de l’arrêt de
l’activité agricole en lien avec les conditions climatiques, ce qui entrainait une émigration
saisonnière. Avec le développement du tourisme hivernal on assiste à une inversion des saisons
économiques, l’hiver étant désormais la période de l’année la plus active d’un point de vue emploi.
Dorénavant la vallée de Bozel est un espace récepteur de travailleurs saisonniers et non plus
émetteur comme ce fut le cas avant le XXème siècle.
La modernisation de la vallée de Bozel qui se tourne de plus en plus vers l’extérieur par le biais du
tourisme se ressent et se constate au niveau des types de logements : 80 % des logements sont des
résidences secondaires (INSEE) et il y a désormais plus d’immeubles que de maisons dans la vallée
qui pourtant demeure un espace rural.
Le développement soutenu de l’activité touristique dans la vallée de Bozel a entrainé de grandes
modifications dans l’agencement et l’aménagement du territoire, ainsi que dans la structure sociale
et économique du territoire. Les vagues successives du développement touristique ont suscité des
critiques, principalement celles des stations de 3ème
génération et du plan neige (années 1960-1970).
Les critiques portées à l’égard de ce modèle de développement massif fortement imprégné de
l’idéologie urbaine ajoutées à la montée de l’écologisme créent un contexte favorable à l’émergence
du Parc National de la Vanoise.
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II- Parc National de la Vanoise: Paradoxe entre protection et
développement du territoire
« S’il a beaucoup appris, l’homme a aussi beaucoup perdu avec ce siècle. Il a oublié que les sites
naturels les plus remarquables et les moins altérés constituaient l’une des richesses de son
patrimoine et que protéger la nature c’était aussi défendre l’homme, son équilibre et son bonheur »
(Pierre Dumas, secrétaire d’état auprès du Premier Ministre et Président du conseil d’administration
du Parc National de la Vanoise)
A. La genèse du Parc National de la Vanoise et ses objectifs
La loi du 22 juillet 1960 permettant la création de parc nationaux répond à la double préoccupation
de préserver la faune et la flore dans leurs mutations naturelles, et d’offrir à l’homme des zones de
calme et d’harmonie.
Le Parc National de Vanoise est créé le 6 juillet 1963, suite à cette loi pour protéger les patrimoines
exceptionnels du massif de la Vanoise et favoriser le développement local dans la zone
périphérique. C'est le premier parc national crée en France, il est notamment créé pour protéger les
bouquetins, les marmottes, les perdrix blancs et les chamois menacés de disparition; mais aussi pour
préserver la flore des glaciations quaternaires. Le parc a dès sa création un double rôle de protection
et de valorisation. Le parc a pour mission de protéger l’espace du cœur du parc en empêchant son
urbanisation et en garantissant la survie des espèces animales et végétales. Le parc a aussi pour
mission de protéger le patrimoine culturel, bâti, archéologique et historique de la vallée. Sa
superficie est de 53 500 hectares (535km2) dans le cœur du parc (appelée zone centrale avant la loi
Giran en 2006) et de 1 465 km2 pour la zone optimale d'adhésion (appelée zone périphérique avant
la loi Giran en 2006). Le Parc national de la Vanoise comprend donc deux zones : le cœur du parc et
la zone optimale d'adhésion. La zone centrale dite "Cœur de parc" jouit d'une attention toute
particulière comme zone de protection. Elle est soumise à une réglementation spécifique. La zone
périphérique couvre 29 communes dont Champagny-en-Vanoise, Pralognan la Vanoise, les Allues et
Saint-Bon-Tarentaise dans la vallée de Bozel; dans cette zone la réglementation y est plus souple et
permet le développement des activités humaines, comme le tourisme.
Le Parc possède une frontière commune avec le Parc national italien du Grand Paradis. Jumelés
depuis 1972, ils couvrent ensemble une zone de 1 250 km2, soit l’espace protégé le plus étendu
d’Europe occidentale.
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Le parc assure une mission de protection, de connaissance, de sensibilisation et d'éducation à
l'environnement et il participe au développement local et au développement durable.
Il a la charge de la préservation des espèces, des habitats et des ressources naturelles. Par exemple,
dans le cœur du parc, il peut ordonner des travaux ou des mesures pour restaurer des écosystèmes
dégradés ou prévenir une dégradation des milieux naturels. Le parc soutient et développe toute
initiative ayant pour objet la connaissance et le suivi du patrimoine naturel, culturel et paysager. Il
assure lui-même des actions de suivi. Il a par exemple soutenu le projet de création d'un
observatoire des paysages de Vanoise.
Le parc assure une fonction de conseil (l'étude et l'ingénierie auprès des communes et des acteurs
locaux pour un développement durable).
Le parc édite des supports de communication et d'information pour sensibiliser à la protection de
l'environnement, il propose des sorties de découverte pour les visiteurs, il intervient dans des
programmes pédagogiques des écoles du territoire.
Son rôle préventif, éducatif est crucial, car les générations futures se doivent d'être conscientes et
capables d'agir pour l'environnement dans le cadre d'un développement durable.
Pour cette mission, le parc emploi 35 gardes-moniteurs chargés de sensibiliser les jeunes par des
activités organisées dans le cadre scolaire, ils sont aussi chargés de collecter des informations, des
données scientifiques sur le terrain (sur l’évolution et la répartition des espèces animales et
12/38
Les zones du parc,Parc National de la
Vanoise,2010
végétales), de veiller à l’entretien (entretenir les sentiers par exemple) du parc et de participer à des
activités de développement local. Les gardes-moniteurs jouent un rôle très important dans le
fonctionnement du parc, ils permettent de faire le lien entre les différents acteurs du parc (dont les
élus) et de mener des actions concrètes pour la préservation de la faune et de la flore du parc.
Enfin, en matière de développement durable, il apporte aux collectivités territoriales et à leurs
groupements un appui technique en matière de préservation des espaces naturels et pour la
réalisation d'aménagements concernant le patrimoine naturel, culturel et paysager. Il peut mobiliser
des financements sur ses fonds propres et auprès de partenaires pour soutenir la réalisation de
projets; pour toutes ses actions il dispose d’environ 10 Millions d’euros (en 2011). Il participe par
exemple à la requalification de certains sites historiques comme le site de monolithe de Sardières et
le site archéologique du rocher du château (2009) ainsi que d'autres projets (station d'épuration,
fromagerie...).
La loi du 14 avril 2006, dite « loi Giran », ayant pour but de moderniser les parcs nationaux prévoit
la création d'une charte de développement durable devant être approuvée et ratifiée par l'ensemble
des communes voisines du parc. Si un certain nombre de parcs nationaux (Pyrénées, Cévennes,
Mercantour, Ecrins...) ont déjà signé leur charte, avec une majorité de communes concernées, le
Parc National de la Vanoise, bien que doyen des parcs français, apparaît comme un mauvais élève.
La création et la ratification d'une charte de développement a effectivement posé de nombreux
problèmes au parc de la Vanoise et aux communes concernées. Le Parc de la Vanoise est une
construction politique assez ambiguë et assez flou, ce qui va lui poser des problèmes d'acceptation
par les populations locales et les élus locaux.
B. Une construction politique qui a du mal à s’affirmer
Le Parc National de la Vanoise doit faire face à plusieurs problèmes et a du mal à s’affirmer. Tout
d’abord le parc est une volonté politique qui vient du haut (du gouvernement). Les populations
locales ne sont pas impliquées dans ce projet qu’elles désapprouvent majoritairement. La création
du parc est perçue comme une contrainte, comme une limite à la liberté et une entrave aux activités
économiques. Le parc n’est pas le fruit d’une volonté locale, que ce soit des habitants eux-mêmes
ou des collectivités locales (assez indépendantes par ailleurs). La protection de l’environnement est
considérée comme « un luxe de citadin » qui n’a pas sa place en haute montagne où les conditions
de vies sont rudes. Les habitants des vallées de Maurienne et de Tarentaise refusent
catégoriquement que l’Etat français leur impose de fortes contraintes territoriales alors même qu‘ils
se sentent délaissés par les politiques qui ne se soucient guère de leur condition. Les populations de
13/38
la Vanoise sont très attachées à leur territoire qu’elles défendent face aux interventions de l’Etat
français. La Savoie a été rattachée tardivement à la France (en 1860) et il existe une forte identité
savoyarde (70% des habitants des vallées de Maurienne et de Tarentaise se considèrent plus comme
habitants de leur vallée ou de la Savoie que comme français) qui s’exprime en opposition à l’Etat
français et son autoritarisme. Les volonté et décisions concernant le parc sont floues, ce qui
contribue à les rendre fortement impopulaires. De plus le parc englobe de nombreuses propriétés
privées (10% de terrains privés en zone centrale) ce qui renforce ce phénomène de rejet
systématique des mesures de protection lancées par le gouvernement. Car historiquement les
populations (rurales) de la Vanoise sont très attachées au droit de propriété privée, qu’elles veulent à
tout prix conserver, d’où de nombreux conflits.
On reproche alors au parc de faire passer les intérêts de la nature avant celui des hommes, on accuse
le parc de vouloir chasser les hommes de leurs territoire, de leur espace vécu. Les habitants de la
Vanoise vont jusqu'à se comparer aux indiens présents dans les réserves américaines, à qui l’on
impose toutes sortes de décisions sans les consulter, que l’on «enferme», car il y a dans le nom de
parc l’idée de clôture. Cette métaphore montre à quel point le projet du parc est malhabile, dans le
sens où c’est une construction par le haut qui ne prend pas assez en compte l’avis des populations
concernées.
La structure du Parc National de la Vanoise est complexe, il est dur de savoir réellement qui décide
de quoi : est-ce la direction de la Nature et des Paysages, la direction du Parc National de la
Vanoise, le conseil d’administration du parc ou bien le conseil scientifique qui prend les décisions ?
14/38
source: Parc Nationaux de France, janvier
2012
Quoiqu’il en soit l’Etat a son mot à dire et il prive les collectivités locales de certaines de leur
compétences. Le directeur de la zone centrale bénéficie d’une délégation de pouvoir, il
« emprunte » les compétences des maires dans les zones communales intégrées à la zone centrale du
parc. Les Maires des communes concernées se sentent brimés voir concurrencés, ils critiquent
vivement l’organisation du parc qu’ils ne soutiennent nullement. Par conséquent le projet de charte
du parc est encore en suspens car les communes refusent de la signer en l’état. Le Parc National de
la Vanoise, bien que doyen des parcs nationaux en France est le seul à ne pas avoir une charte en
vigueur.
Ainsi le Parc National de la Vanoise ne dispose que de peu de soutien au niveau local, seuls
quelques commerçants et hôteliers voient la création du parc d’un bon œil, puisqu’elle peut servir
leur intérêt personnel par l’afflux d’éventuels touristes.
La zone centrale du parc jouit d’une législation spécifique définie par l’article L. 241-3 de la loi de
1960; elle implique la possibilité de : « soumettre à un régime particulier et, le cas échéant,
interdire à l'intérieur du parc la chasse et la pêche, les activités industrielles et commerciales,
l'exécution des travaux publics et privés, l'extraction des matériaux concessibles ou non,
l'utilisation des eaux, la circulation du public quel que soit le moyen emprunté, toute action
susceptible de nuire au développement naturel de la faune et de la flore et, plus généralement,
d'altérer le caractère du parc national ». À l'intérieur de la zone centrale, les améliorations de
l'habitat (chalets d'alpage), l'ouverture d'une piste pastorale sont donc rigoureusement réglementées.
Cet espace adopte une réglementation très stricte mais ses limites sont sujettes à de nombreuses
contestations pour des raisons économiques et politiques principalement, ce qui donne lieu à un
consensus sur lequel nous reviendrons par la suite. Le parc et plus particulièrement la zone centrale
est perçu comme un obstacle au développement économique et a contre lui de nombreux opposants
(communes, promoteurs, entrepreneurs…). Pour calmer leur ardeur, le parc est obligé de faire des
compromis, de céder du terrain, ainsi la zone centrale du parc est tronquée. Pour pallier au manque
de protection sur les espaces ne faisant pas partie de la zone centrale du parc pour les raisons
évoquées précédemment, mais faisant partie des « couloirs de pénétration de la faune », des
réserves ont été mises en place. Les réserves naturelles sont définies par R. Varlet comme « des
portions de parc national dans lesquelles une certaine liberté est laissée aux communes pour des
aménagements touristiques ». La réglementation de ces espaces consiste en un maintien des
activités préexistantes (elles sont tolérées) et une interdiction de développement de nouvelles
activités. Le Parc National de la Vanoise n’a pas toujours les moyens nécessaires pour contrôler et
faire appliquer la réglementation qu’il a fixée, son pouvoir est donc plus théorique que concret dans
15/38
certains cas.
Si la zone cœur du parc est une entité spatiale dont les objectifs sont clairement définis, la zone
périphérique fait l’objet de beaucoup de questionnement, c’est un projet assez flou. Le projet de
zone périphérique a pour but d’apporter une compensation en lien avec les inconvénients suscités
par la zone centrale. Si l’intention est louable, le projet n’en demeure pas moins très abstrait, y
compris pour les créateurs du parc. Le ministre de l’écologie R. Poujade déclara en 1974 : « Je me
suis efforcé de remédier à la mauvaise organisation dans les zones périphériques ». Ce projet qui
concernait plusieurs ministères et qui dépassait les simples compétences de R. Poujade demeure
l’un des plus gros échecs de la mise en place du parc. Là encore le Parc National essaie de se faire
« accepter » en faisant une concession, en s’efforçant d’apparaitre de la manière la plus positive
possible, puisque dans cet espace l’Etat à travers le parc dispose d’un rôle de consultant et d’aide au
développement économique, social et culturel.
Entre un manque de soutien local, un manque de clarté du projet et des formes de résistance, le Parc
National de la Vanoise a bien du mal à s’affirmer et tente de le faire par des compromis afin de
satisfaire les différents opposants et acteurs présents sur le territoire. Au-delà d’un problème
structurel le parc doit faire face aux problèmes liés au développement du tourisme hivernal.
C. Parc National et tourisme : l’affrontement de deux opposés (idéologies ?)
Quand le parc voit le jour en 1963, le tourisme est déjà bien ancré dans la vallée de Bozel
avec des stations de ski réputées : Pralognan, Courchevel, Méribel, la Plagne, Val-Thorens et les
Ménuires. Le problème majeur du parc c’est d’être implanté à proximité du plus grand domaine
skiable du monde (les 3 vallées). Ces stations de sport d’hiver ont pour ambition d’élargir leurs
domaines skiable et lorgnent vers le cœur du parc encore vierge de toute installation. L’appétit
territorial de ces « usines à ski » et leurs ambitions économiques grandissantes se heurtent aux
limites du cœur du Parc National de la Vanoise qui interdit tout développement d’infrastructures à
vocations touristiques. Pourtant elles vont réussir petit à petit à grignoter du terrain sur cet espace
16/38
La "peau de chagrin", ou les variations successives de
superficie de la zone centrale du Parc National de la
Vanoise, L. Laslaz,2003
théoriquement hermétique. Mais comment ont-elles réussi à s’étendre spatialement malgré les
limites du parc ? C’est ce que nous allons voir tout de suite…
Tout d’abord revenons aux origines des limites du cœur du parc. La délimitation de la zone
cœur du parc a posé de nombreux problèmes, elle s’est heurtée aux intérêts économiques des
communes, des stations et même des particuliers et de leurs propriétés privées. En effet, les
communes refusent de céder du terrain au parc national, et préfèrent conserver leurs exploitations
forestières, leurs zones de chasse et des possibilités d’extension pour les domaines skiable qui leurs
sont rattachés. En clair le Parc National de la Vanoise souffre d'un problème semblable à celui de
l’Union Européenne : ce que l’on pourrait appeler un problème de « géométrie variable ». Toutes les
communes veulent bénéficier des avantages liés au parc et à sa zone périphérique considérée
comme une zone de valorisation, en revanche personne ne veut en subir les inconvénients.
L’exemple le plus prégnant et celui de la commune de Saint-Martin-de-Belleville, et de son Maire
Joseph Fontanet qui occupe aussi une fonction de président du conseil d’administration du Parc
National de La Vanoise. Il refuse de céder ne serait ce qu’un hectare des 15 500 hectares de sa
commune à la zone centrale. En revanche l’intégralité de la commune est inscrite dans le cadre de la
zone périphérique du parc qui devrait bénéficier des retombées positives de l’activité du parc. Le
cas de Saint-Martin-de-Belleville n’est qu’un exemple parmi d’autres : la zone centrale du parc
devait initialement s’étendre sur 80 000 hectares selon le projet de M. Couturier, actuellement il
s’étend sur seulement 52 839 hectares. Les limites de la zone du cœur du parc fond donc l’objet
d’un consensus, fruit d’âpres négociations entre les représentants du parc et leurs opposants. Le
périmètre définitif du cœur du parc est un sujet qui divise, qui pousse à la polémique à l’échelle
locale. Les limites du cœur du parc sont donc le reflet des intérêts politiques et économiques. Il en
résulte un parc tronqué, découpé sans aucune logique écologique.
Les stations de skis exercent une importante pression sur le parc, par leur importance
démographique (en saison touristique) et économique. Les domaines skiables de la vallée de Bozel
se répartissent le long de la limite de la zone centrale du parc, créant ainsi un « encerclement
touristique ». Les acteurs de ces stations de sports d’hiver (les promoteurs) et les acteurs politiques
(les maires des communes rattachées aux stations de ski) se constituent en un lobby contre le Parc
National de la Vanoise et sa zone centrale très contraignante d’un point de vue du développement
des domaines skiables. En effet les projets de liaisons entres stations sont freinés par plusieurs
facteurs (moyens financiers, intérêts, topographie et type de sol…) dont la présence de la zone du
cœur du parc. Néanmoins la puissance des grandes stations de sports d’hiver impacte les décisions
prises par la direction du parc qui accorde quelques concessions en contrepartie de la « gêne
occasionnée ». Prenons l’exemple de la station de Courchevel qui pour étendre son domaine skiable
17/38
s’est engagée à protéger le secteur Dent du Villard/Petit Mont-Blanc en échange de quoi elle a pu
créer le télésiège des Avals et la piste Creux noirs. Dans cette opération le Parc National de la
Vanoise cède une combe de 5000 à 6000 m! qui faisait partie du cœur du parc. Ce processus
d’extension des domaines skiables au détriment de le la zone du cœur du parc va à l’encontre des
objectifs de protection de l’environnement prônés par le Parc National de la Vanoise qui constituent
clairement un obstacle aux stations de skis et à leur développement spatial. Cependant cet
opposition renforce la notoriété du parc.
Il est d’ailleurs intéressant d’étudier la différence idéologique entre d’un côté le parc et de l’autre
les stations de ski. Le parc incarne des valeurs de nature de protection de l’environnement là où les
stations incarnent l’artificialisation de la montagne (un type de rurbanisation dans un sens) et le
besoin de toujours plus, le besoin d’extension, de rentabilité. La conception de protection de
l’environnement est très différente entre parc et stations : pour les stations la dégradation est
d’importance moindre à partir du moment où elles participent à la restauration de la couverture
végétale des pistes (l’herbe principalement), alors que pour le parc la notion de protection de
l’environnement est bien heureusement beaucoup plus large. Les stations de ski, principalement
celles de 3ème
génération concentrent d’importantes masses de populations en saison touristique et
contribuent à polluer grandement l’atmosphère. Ces stations posent de nombreux problèmes
d’écologie, d’organisation spatiale et temporelle…
En premier plan, ce qui pose problème, c’est l’évolution des pratiques locales. En effet, le propre du
territoire est d’assurer une certaine continuité dans le temps, une certaine pérennité de la société
locale et de ses savoir-faire. Or, l’exemple de la Vanoise et plus particulièrement de la commune de
Saint Bon, qui concentre ses efforts sur les activités de ski et la multiplication des équipements de
loisir, vient contredire directement l’image avancée par le Parc. On voit ici le décalage qu'il existe
entre l'espace rural et la conception très « urbaine » du tourisme.
18/38
III- Evolution de la conception du Tourisme et rapports à l'espace rural
A. Une conception du tourisme en rupture avec l’espace et l’idéologie rurale
Le tourisme de masse apparaît comme en rupture avec son environnement (ce qui l’entoure).
Premièrement le développement de ce type de tourisme passe par une forte urbanisation pour
pouvoir répondre aux besoins d’accueil de nombreux touristes français comme étrangers. Par ce
point, le tourisme est en rupture avec l’espace rural qui désigne ce qui s’oppose au monde urbain.
De plus le tourisme de masse implique une urbanisation brutale et subite dans des espaces encore
peu anthropisés. L’urbanisation brutale et massive donne lieu à une artificialisation de la montagne
qui perd quelque peu de ses valeurs traditionnelles, à savoir le calme, la nature et la tranquillité. Les
urbains ne viennent plus chercher la montagne telle qu’ils se la représentaient auparavant : comme
une antithèse des villes surchargées, trop bruyantes et pollués. La montagne devient une zone
périphérique des villes qui occupe une fonction de loisirs avant tout. On peut alors parler d’une
certaine forme dérivée de rurbanisation (néologisme entre urbanisation et rural), terme qui désigne
« l’imbrication des espaces ruraux et des zones urbanisées » (P. George et F. Verger). Les nouvelles
stations construites selon les préceptes du tourisme de masse recréent les mêmes interactions
sociales que celles présentes dans les villes. Cette reproduction de la structure sociale urbaine se fait
par une forte densité de population d’une part, et la présence de services « intégrés » aux stations,
qui sont identiques à ceux des villes (Téléphonie, Internet, Commerces, Services divers tels que
coiffure, garde d’enfants …). Cette structure sociale urbaine est bien différente de la structure
sociale rurale présente dans l’espace rural avant le développement du tourisme de masse. Par
exemple on ne retrouve pas les mêmes liens de solidarité (forts dans le milieu rural, plus faibles
dans le milieu urbain) qui s’expliquent notamment par la mentalité du monde urbain et par la durée
des séjours qui ne permettent généralement pas de créer des liens solides. L’urbanisation de ces
19/38
Courchevel, ou l'artificialisation de la
montagne, photo FACIM,2010
zones s’accompagne de l’arrivée du consumérisme alors encore peu présent dans les milieux ruraux
montagnards. L’exemple le plus marquant est celui de l’ouverture d’une grande galerie
commerciale à Courchevel 1850, mais aussi l’ouverture de nombreuses boutiques de luxes à
Courchevel 1850 encore, sur la Croisette.
En quelques années des espaces « vides » (peu anthropisés) se retrouvent bétonnés et très
fréquentés, ils concentrent une multitude de nouveaux aménagements destinés à l’activité
touristique, ce qui bouleverse leur équilibre et les dégrade. Effectivement c’est la nature qui a le
plus durement été touchée par le développement du tourisme. Les origines de ces dégradations sont
nombreuses. Les aménagements nécessaires à l’accueil des touristes (équipements de loisirs,
hébergements et infrastructures) sont dévoreurs d’espaces ; l’arrivée d’une population importante de
touristes entraîne une augmentation du volume des déchets et d’eaux usées qui complexifie leur
recyclage. De plus, la concentration des flux de visiteurs amplifie ce dernier problème et conduit à
surcharger les écosystèmes. Le problème du nombre se pose aussi au niveau énergétique : les
stations ont besoin d’énormément d’énergie pour faire fonctionner leur infrastructures et pour
garantir le confort des touristes ; alors même qu’elles ne produisent peu ou pas d’énergie elles-
mêmes et la font venir de la vallée (des stations hydroélectriques situées sur les torrents de la Glière
et du Doron par exemple). Pour ce qui est des ressources en eau, les stations importent l’eau
potable, ou exploitent les sources environnantes (comme Courchevel le fait) et constituent des
20/38
réserves d’eau à ciel ouvert pour la création de neige artificielle.
L’espace rural est l’espace privilégié de l’activité agricole, or le développement du tourisme dans la
vallée de Bozel engendre de nombreux conflits avec l’agriculture qui tend à diminuer fortement, en
partie à cause de l’essor de l’activité touristique. L’activité touristique est une activité qui nécessite
de grandes étendues pour se développer. Le ski en est le meilleur exemple, surtout en Vanoise qui
dispose de domaines skiables très importants comme Paradiski, l’Espace Killy, ou bien encore le
plus grand domaine skiable du monde les Trois Vallées. Toutes ces zones exploitées ne sont pas
disponibles pour la pratique l’activité agricole. Néanmoins certaines pistes de ski continuent de
servir de pâturages en été (et d’entretenir les pistes par la même occasion, en évitant le
développement d’une végétation trop importante). Si le tourisme (hivernal principalement) a
contribué au déclin de l’agriculture, il n’en a pas pour autant eu que des impacts négatifs. Il a certes
drainé la main d’œuvre en proposant de nombreux emplois souvent mieux rémunérés et moins
pénibles (donc plus attractifs), mais il a aussi amené une clientèle très nombreuse pour les produits
locaux, dont le célèbre Beaufort protégé par une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC), qui
connaît un grand succès auprès des touristes. Le développement de l’activité touristique a dans un
premier temps participé au déclin de l’activité agro-pastorale, puis il a finalement contribué à la
redynamiser en la restructurant (des exploitations plus grandes induites par la baisse du nombre
d’acteurs et l’abondance de clientèle passagère qui contribue à la renommée de ces produits). Ci
dessous, un tableau résumant l'évolution de l'activité agro-pastorale:
21/38
Déclin et regain du pastoralisme dans le nord des Alpes française, L.Lalsalz, 2001,
d'après C.Gradelle (1999)
Enfin, les acteurs du tourisme n’entretiennent pas les mêmes rapports à l’environnement et à sa
protection que les populations rurales. C’est ce que nous avons vu en partie avec le Parc National de
la Vanoise qui représente une vision urbaine de la protection de l’environnement. Les stations de ski
et leurs gérants sont dans des optiques de bénéfices, ce qui explique leur besoins incessants
d’extension, de développement. Cet « état d’esprit » va à l’encontre de l’état d’esprit généralement
présent dans la vallée de Bozel, jusqu’alors dans une logique de production « vivrière ». De plus les
stations produisent et proposent des services à destination de populations étrangères à la vallée.
Cette volonté de profit des stations fait apparaitre la protection de l’environnement comme un coût
(d’entretien) plus qu’une nécessité environnementaliste. De ce fait les Stations de sports d’hiver ne
consacrent pas d’énergie et de moyens très importants pour protéger le milieu qu’ils exploitent.
Beaucoup de ces stations se contentent de regazonner les pistes, sans vraiment remettre en question
leur mode de fonctionnement qui cause grand tort à l’environnement.
Le développement du tourisme hivernal dans le massif de la Vanoise et même de façon plus
remarquable dans la vallée de Bozel s’est accompagné d’une artificialisation de la montagne.
Depuis le début des années 1960 la France affiche de grandes ambitions dans le domaine des sports
d’hiver, qu’elle affirme avec la création de nombreuses stations de ski dites de troisième génération.
Avec le plan neige de 1970 ces ambitions deviennent officielles et chiffrées : en 10 ans la France
doit disposer de 365 000 lits supplémentaires en prévision de la massification du ski et des sports
d’hiver.
Le développement de ces stations qualifiées de « sarcelles des neiges » a des conséquences néfastes
sur son environnement. L’urbanisation brutale et massive a perturbé le fonctionnement de la vallée.
La faune est la première touchée par ce phénomène d'artificialisation et d’extension des domaines
skiables, ces actions contribuent à détruire l’habitat naturel des espèces animales dans le pire des
cas, ou à le morceler dans le meilleur des cas, en brisant ses couloirs de pénétration. Il en résulte
une baisse de la biodiversité, puisque la flore est aussi détruite par l’occupation spatiale des stations,
ce qui est dommageable. La commune de Saint-Bon illustre bien le phénomène d'artificialisation de
la montagne, ces pentes sont dans la majorité des cas utilisées pour le tourisme, les sports d'hiver.
On trouve à Saint-Bon de fortes concentrations d'aménagement dans des zones de montagnes.
22/38
Le décalage entre tourisme urbain et espace rural contribue à fortement modifier l'espace comme
nous avons pu le voir auparavant, mais aussi à modifier les perceptions et valorisation de l'espace,
ce qui par la suite conduit à l'élaboration de nombreuses inégalités.
23/38
B.Le tourisme comme vecteur d’inégalités
Le Développement de l’activité touristique s’accompagne de l’apparition de différentes
inégalités. Certaines sont spatiales, d’autres sont temporelles et les dernières sont socio-
économiques et culturelles.
Le tourisme devient l’activité la plus importante de la vallée, en surclassant l’activité agro-
pastorale. Ce changement d’orientation économique entraine un changement de la mise en valeur
des différents espaces. En effet le tourisme ne requiert pas les mêmes caractéristiques
topographique et climatique du milieu que l’activité agro-pastorale (ou la sylviculture). Le tourisme
hivernal à besoin de grands espaces enneigés pour se développer. Les pentes que les sports d’hiver
valorise sont dans la majeur partie des cas sur les versants ubacs moins exposés au soleil et plus
froid, ce qui leur assure une couverture neigeuse de meilleure qualité et de plus longue durée que
sur les versants adrets soumis à de plus forts rayonnements solaires et à de plus fortes chaleur.
La vallée se structure autour de l’activité touristique qui n’admet pas la même perception de
l’espace que les activités présentes dans la vallée auparavant (agropastoralisme et sylviculture). Il
en résulte un changement de valorisation des différents espaces. Ainsi les versants sont plus
valorisés que le fond de vallée, en raison de leurs potentialités d’un point de vue du tourisme
d’hiver. Les pentes des versants ubacs sont valorisées par les sports d’hiver qui nécessitent ce type
de conditions (pente et exposition au soleil moindre pour une neige d’une bonne qualité). Les
versants adrets autrefois plus développé de par leurs caractéristiques adéquates au développement
agricole sont délaissés par le tourisme, car ces versants ne répondant pas aux critères souhaités pour
le développement de pistes de ski. Le fond de vallée autre fois espace le plus dynamique et le plus
peuplé en raison de son accessibilité et de ses meilleures conditions de vie devient moins attractif
vis-à-vis des versants avec les progrès techniques (dans le domaine des transports, l’électricité…) et
le développement de stations touristiques déconnectés des centres villageois (les stations de 3ème
génération créés ex-nihilo comme Courchevel qui atteint une concentration de population de l’ordre
de 10 000 habitants au km!). Hors saison touristique, le fond de vallée reste néanmoins l’espace le
plus peuplé, les versants étant désertés par les touristes et les saisonniers.
Outre les inégalités entres versants et fond de vallée, il existe d’autres types d’inégalités spatiales
induites par le tourisme. Il existe de fortes inégalités entre les différentes communes et entre les
différentes stations touristiques. Tout d’abord certaines communes du canton de Bozel ne disposent
pas d’un domaine skiable (Salins-les-Thermes, Brides-les-Bains…) ou d’un domaine skiable
enclavé (Pralognan-en-Vanoise), ce qui les défavorise économiquement vis-à-vis des autres
24/38
communes. En plus de cela, les stations ont bénéficié de gros investissements de promoteurs privés,
d’aides publiques, et jouissent d’une bonne image, primordiale dans le processus du développement
touristique international et économique. Les communes disposent de budgets très inégaux, en
fonction de leur importance touristique (voir tableau ci dessous). Les communes de Saint-Martin-
de-Belleville et de Saint-Bon-Tarentaise disposent des troisième et quatrième budgets communaux
de fonctionnement alors qu'elles sont les trentième et quarantième communes savoyardes en terme
de nombre d'habitants.
Commune Population Budget de fonctionnement Budget/habitant
Chambéry 59184 99 179 000 " 1 676,00 "
Aix-les-Bains 28439 43 301 000 " 1 523,00 "
Saint-Martin-de-Belleville 2608 32 410 000 " 12 427 "
Saint-Bon-Tarentaise 2014 31 471 000 " 15 626,00 "
Les Allues 1945 23 125 000 " 11 889,00 "
Brides-les-Bains 575 4 523 000 " 7 866 "
Pralognan-la-Vanoise 572 4 260 000 " 7 448 "
Bozel 2098 3 237 000 " 1 543,00 "
Budgets des communes de Savoie en 2011, N.Bonne d'après le Conseil Général de la Savoie, 2014
Il existe aussi des inégalités inhérentes à la situation géographique et la topographie des
différentes zones et communes. En effet selon les espaces, les conditions ne sont pas les mêmes :
l’exposition au soleil n’est pas la même, les qualités du sol diffèrent, l’accès aux pentes (exploitées
comme une ressource par l’activité touristique) est variable. Il y a aussi des risques différents et
fluctuants liés au terrain (avalanches, éboulements, glissement de terrain). La question de l’accès à
l’eau provoque aussi des situations inégalitaires (l’eau constitue une ressource thermale et
représente aussi un risque : les crues, et un coût de gestion et d’aménagement). Ces inégalités
initiales sont réduites ou amplifiées (dans la majorité des cas évoqués précédemment) par les
activités humaines et les valeurs données par les sociétés à l’espace et au paysage. Les inégalités
entre les différents espaces sont le fruit d’une construction sociale. Tout est question de valorisation,
de perception de l’espace et d’aménagement du territoire.
Autre volet des inégalités causées par le développement de l’activité touristique : les inégalités
socio-économiques. Tout d’abord il faut rappeler que le développement touristique a profondément
changé la structure de la société de la vallée de Bozel. En effet, il a créé une ouverture sur le monde
et la société qui était alors endogène est devenu exogène (elle s’est ouverte). Cette ouverture sur le
monde et cet afflux de financements et de créations de richesses a provoqué des inégalités socio-
25/38
économiques. Le tourisme a contribué au désenclavement de la vallée qui est maintenant
correctement reliée avec le monde extérieur, et qui jouit d’une réputation internationale grâce aux
grands domaines skiables que sont Les 3 vallées et Paradiski. Le développement de ces deux grands
domaines skiables a vu l’émergence d’une nouvelle culture dans la vallée de Bozel, principalement
à Courchevel. Courchevel est un nouveau lieu de luxe ou s’est développé une culture du luxe; une
culture internationale avec l’accueil de nombreux touristes étrangers et aisés (anglais, autrichiens,
russes, allemands...). Cependant tous les espaces ne bénéficient pas de cette renommée
internationale et de la fréquentation et les retombées économiques qui l’accompagnent. Courchevel
est devenu au même titre que Saint-Tropez, Cannes ou Paris un lieu de rencontre privilégié pour les
personnes aisées. Avec par exemple l’organisation d’un tournoi de polo sponsorisé par la marque
allemande de voiture de luxe BMW (voir schéma).
26/38
Courchevel est devenu un espace élitiste ou demeure une forte ségrégation spatiale (le principe de la
sélection par l’argent). Entre Brides-les-Bains plus « populaire » et Courchevel 1850 il existe une
véritable verticalité de la ségrégation sociale et spatiale avec les populations les plus aisées au
sommet et les plus populaires dans la vallée.
Le problème de logement est très présent chez les saisonniers qui n’ont pas les moyens de loger sur
place et vont donc loger dans la vallée ou sur des versants moins prisés et donc plus abordables
financièrement. On assiste là à une forme de ségrégation spatiale avec d’un coté les populations
aisées en vacances, et de l’autre des populations moins aisées qui travaillent en période dans le
domaine du tourisme.
Le tourisme a permis une forte croissance économique dans la vallée, grâce a de nombreuses
créations (personnel des stations de ski ainsi que tout le personnel de l’économie parallèle au
tourisme), des programmes immobiliers et toute l’économie qui s’est développée en parallèle
(hôtellerie, loisirs, restaurant, animation, centres commerciaux…). Cependant l’enrichissement
général est à nuancer car tout le monde ne bénéficie pas de la même façon de cette croissance
27/38
source: L. Piquerey,2012
économique, et il existe encore de nos jours des poches de pauvreté au sein de la vallée de Bozel. Il
y a eu beaucoup de « magouilles », de dérives autour du développement touristique et tout
particulièrement autour de la création et l’extension des stations de 3ème génération. Le tourisme a
des répercussions directes sur la situation économique de la vallée qui revit littéralement.
Néanmoins ce sont des personnes extérieures à la vallée qui se sont le plus enrichies (les promoteurs
par exemple) et les plus riches. On voit dès lors une accentuation des inégalités avec des riches qui
deviennent encore plus fortunés.
Dernier type d’inégalités ; les inégalités temporelles fortement marquées. En saison touristique
(principalement en hiver, en été aussi mais de manière plus diffuse), la population de la vallée de
Bozel explose : la population de la commune de Saint Bon s’élève à 1 900 habitants environ hors
saison touristique, en hiver la population peut atteindre 38 000 habitants. A l’opposé, hors saison
touristique la vallée est peu peuplée et beaucoup moins dynamique (le tourisme étant l’activité
principale : le commerce, les transports et les services représentent 85.8 % de l’emploi local).
Toutes les infrastructures destinées aux sports d’hiver (les remontées mécaniques essentiellement)
restent en place une fois la saison finie et constituent un élément de dégradation visuelle du
paysage. Pour ce qui est des habitats, le constat est le même : les habitats à vocation touristique
(résidences secondaires, hôtels, centre d’hébergement…) restent déserts; les logements de la vallée
de Bozel sont dans 78 % des cas des résidences secondaires.
Les stations représentent des concentrations de populations importantes (en période touristique), ce
qui engendre divers problèmes écologiques. Tout d’abord où trouver l’énergie et l’eau nécessaire au
confort de ces populations ? Puis comment gérer leurs déchets et la pollution qu’ils émettent ?
Autant de problèmes que les gérants de ces stations doivent envisager avant d’éventuellement se
diriger vers une forme de tourisme plus raisonnée et plus respectueuse de l’espace montagnard et de
l’environnement.
28/38
Répartition des habitas selon leur
type, Conseil Général de Savoie,
2010
C.L’émergence d’une forme de tourisme « raisonné », plus en adéquation avec
l’espace rural
Les Stations de « quatrième génération » ou « stations-villages » voient le jour à partir
de 1975, ces stations correspondent à des villages « traditionnels », créés ex-nihilo ou autour d’un
village existant. Ces stations sont plus soucieuses des usages traditionnels, et sont intégrées à
l’espace environnant et surtout elles sont à dimensions humaines (par opposition aux stations de 3ème
génération frappé de « gigantisme »). La Tania, Champagny-en-Vanoise et Saint Martin de
Belleville font partie de ce type de stations qui opèrent un « retour aux sources », en s'appuyant sur
le bâti et les structures préexistantes. En 1977, la procédure des Unités Touristiques Nouvelles
(procédure du code de l’urbanisme destinée à évaluer l’opportunité économique, environnementale
et sociale de la réalisation en montagne des opérations de développement touristique) marque la fin
du modèle intégré. Les populations locales essaient de reprendre le contrôle de leur territoire et les
maires acquièrent de nouvelles responsabilités grâce à la loi Montagne (qui propose une gestion
intégrée et transversale des territoires de montagne). La fin des trente glorieuses et la diffusion du
discours écologiste expliquent le désir d’un retour aux sources qui pousse les citadins à redécouvrir
l’aspect bucolique de la montagne qui leur était « caché » par les artifices des stations de 3ème
génération. Sur le terrain, cela se traduit par l’émergence d’une architecture néo-traditionnelle. Ce
nouveau type de station se rapproche de la conception qu’avait Laurent Chappis (architecte qui a
créé Courchevel) de la montagne : une conception plus humanitaire et raisonnée des domaines
skiables et des stations de skis. Ce type de station plus en adéquation avec le milieu montagnard
montre une nouvelle possibilité de développer le tourisme, tout en limitant les impacts sur
l’environnement (d’un point de vue de l’écologie, de la sociologie, de la conservation des traditions
et de l’intégration au paysage).
Tout cela nous amène à réfléchir sur le développement d’un nouveau type de tourisme gommant les
défauts du système de développement touristique précédent : l’exemple du « tourisme durable ».
29/38
La Tania, une station de 4ème génération
Intégrer le tourisme au développement durable ne signifie pas seulement qu’il peut être un
instrument utile pour répondre aux besoins des générations présentes mais aussi qu’il ne doit pas
compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.
Pour cela il faut identifier les dangers potentiels que représente le tourisme pour éviter les dérives
du tourisme de masse. Le tourisme durable n’est pas envisagé pour son potentiel de développement,
mais parce que sa croissance présente moins de dangers que celle des autres types de tourisme. Si le
tourisme est une opportunité de développement, il est également une menace sur le long terme.
Ainsi, le tourisme durable se veut une rupture avec « des modèles touristiques obsolètes et à fort
impact » (Conférence Mondiale de Lanzarote, 1995), auxquels l’échec de la massification du ski
fait écho. Le tourisme durable entend proposer un « nouveau modèle économique » (Laboratoire
société environnement et territoire, 2002) qui ne serait pas basé sur le modèle de société de
consommation à outrance prôné par les stations de 3ème
génération.
En premier lieu, c’est la nature qui a le plus durement été touchée par le développement du
tourisme, comme nous l’avons vu précédemment. Pour préserver l’environnement face à ces
attaques, il est possible de distinguer deux types d’actions. Certaines visent à traiter les symptômes
en diminuant l’impact des activités. Les stations d’épurations par exemple : celle de Moutiers gère
les eaux usées de 8 communes dont les Allues et Brides-les-Bains, celle de Saint Bon qui est en
capacité de gérer les eaux usées de 65 000 habitants. Les déchets sont gérés par des centres de tri
comme celui de Saint Martin de Belleville. Les transports « doux » sont gérés par la communauté
de commune Val-Vanoise.
D’autres consistent à modifier les pratiques de production du tourisme. Le but principal d’une telle
action est de garantir un « tourisme maîtrisé » (Laboratoire société environnement et territoire,
2002), contenu. Pour y parvenir, le moyen essentiel consiste à mettre en place une forme de
« tourisme moins concentré et plus diffus » (M. Demessine, 2000). Le tourisme durable se définit
30/38
par opposition au tourisme de masse, il se veut « respectueux de l’environnement, des cultures, des
traditions et des hommes » (M. Demessine, 2000). Cette orientation est applicable au
développement des zones rurales telle que la vallée de Bozel car ce sont les espaces les plus enclins
à répondre à ce type d’offre. Le tourisme durable propose une vision particulière des rapports entre
l’homme et son territoire : il expose la nécessité d’associer « tous les acteurs du développement aux
processus décisionnels » (M. Demessine, 2000), qu’il faut prendre en compte le rôle des
populations locales, ce qui n’a pas assez était fait dans le cadre de la création du Parc National de la
Vanoise et des Stations de ski plus destinées à des populations extérieures à la vallée.
Du point de vue du tourisme durable (voir de l’écotourisme et l’agrotourisme), le Parc National de
la Vanoise est une construction politique avant-gardiste, dans le sens où le parc gère le territoire de
manière durable en menant des actions sur le long terme. Le parc apparait comme une structure
d’aménagement du territoire particulièrement novateur qui aurait anticipé le mouvement actuel du
développement durable.
Conclusion:
La vallée de Bozel s'est développée grâce au tourisme, en deux siècles elle a connu plus de
changements qu'en 4000 ans. Le tourisme a radicalement changé la perception et la valorisation de
l'espace. L'apparition du Parc de la Vanoise peu apprécié localement a profondément modifié le
rapport entre l'homme et le territoire en régulant les pratiques, en imposant des règles et en divisant
l'espace. Le tourisme s'est imposé comme l'activité dominante et a structuré le territoire et la société
de la vallée. Les interactions entre parc et tourisme et élus locaux sont ponctuées de conflits et ont
rythmé la vie de la vallée qui dépend directement de ces décisions. Devant le mécontentement que
suscite le tourisme de masse, la conception du tourisme est en train d'évoluer lentement vers une
forme plus diffuse, plus verte, plus durable. On peut alors se demander si le tourisme tel qu'il est
présent dans la vallée de Bozel n'est pas un reflet de la société de consommation, de ses déboires et
de son évolution. Entre protection de l'environnement par le biais du Parc National de la Vanoise et
développement touristique très fort, on peut se demander si écologie et économie sont compatibles
dans un même espace ou cela forme-t-il un paradoxe dont l'Etat est le principal responsable par ses
décision politiques contradictoires.
31/38
Bibliographie:
Ouvrages:
D.Jarrassé., 1996, Deux mille ans de thermalisme, Presses Universitaires Blaise Pascal,# 296 p
O.Hoibian, 2008, L'invention de l'alpinisme, Édition Belin, 368 p
L.Stephen, 1871, Le terrain de jeu de l’Europe, Editions Victor Attinger, 268 p
M.Excoffier, 1988, La vallée de Bozel, l'histoire en Savoie, 48p
L.Laslaz, 2004, Vanoise : 40 ans de Parc National ; bilan et perspectives, L’Harmattan, collection
« Géographies en liberté », 434 p
C.Mahis,dir, 2013 Une protection de l'environnement à la Française (XIX-XX° siècle), Champ
Vallon, 335 p
P.Guichonnet,dir, 1996, Nouvelle histoire de la Savoie, Editions Privat, 359 p
C.Bressou,dir, 1967, Le Parc National de la Vanoise, Les imprimeries réunies de Chambéry, 179 p
Périodiques:
P.Preau, 1983, Le changement social dans une commune touristique de montagne, Saint-Bon-
Tarentaise (Savoie) (premier article), Revue de Géographie Alpine, Tome 72, n°2-4, p.411-437
E.Roderick, 1930, La question de l'adret et de l'ubac, Revue de géographie alpine, Tome 18 N°1. pp.
175-187.
Autres sources consultées :
Parc national de la Vanoise
Communauté de commune Val-Vanoise
Ministère du développement durable
Conseil Général de Savoie
Commune de Bozel
Commune de Saint-Bon-Tarentaise
32/38
Index des Illustrations:
Croquis et schémas:
La division spatiale du travail dans la vallée de Bozel au XVIII et XIX siècle, N.Bonne, 2014 ….p3
Vivre ne Montagne, Station de sport d'hiver dite Courchevel 1850, D.Pradelle, 1964 …...............p8
Les zones Parc National de la Vanoise, Parc Nationaux de France, 2010 …...................................p11
La Croisette de Courchevel 1850 : l'image du Luxe ?, L.Piquerey, 2012 …...................................p20
La commune de Saint-Bon-Tarentaise, un espace de montagne marqué par le tourisme, N.Bonne,
2014 ….............................................................................................................................................p22
Le tournoi de polo sur neige à Courchevel 1850 : entre ouverture et sélection sociale, L.Piquerey,
2014 ….............................................................................................................................................p26
De Brides-les-Bains à Courchevel 1850 : la verticalité, un outil d'entre soi, L.Piquerey, 2012 …p27
Les piliers du développement durable, Organisation des Nations Unies, 1992 …..........................p30
Tableaux et Graphiques:
La propriété foncière des unités pastorales d'altitude, Parc Nationaux de France,2010 ….............p13
La "peau de chagrin", ou les variations successives de superficie de la zone centrale du Parc
National de la Vanoise, L. Laslaz,2003 ….......................................................................................p15
Déclin et regain du pastoralisme dans le nord des Alpes française, L.Lalsalz, 2001, d'après
C.Gradelle (1999) …........................................................................................................................p21
Budgets des communes de Savoie en 2011, N.Bonne d'après le Conseil Général de la Savoie,
2014 .................................................................................................................................................p25
Répartition des habitats de la vallée de Bozel selon leur type, Conseil Général de la Savoie, 2010
…......................................................................................................................................................p28
Photos:
Courchevel ou l'artificialisation de la montagne, Photo FACIM, 2010 …......................................p19
La Tania : station de quatrième génération, R.Garnier, 2010 …......................................................p29
33/38
Résumé:
La vallée de Bozel est un espace rural qui a vu ses pratiques et ses traditions remises en
cause par l'activité touristique. Le tourisme s'avère être plus rentable et propose des perspectives de
développement plus intéressantes que l'agropastoralisme, la sylviculture ou l'activité minière alors
présentes dans la vallée. La vallée de Bozel s'est développée et s'est ouverte au monde grâce au
tourisme et au prestige de ses grands domaines skiables. L'implantation et le développement des
stations de ski et du tourisme de masse ont profondément modifié le paysage et l'environnement. En
réponse à cela le Parc National de la Vanoise a été créé afin de protéger l'environnement. Le parc a
limité le développement des stations et a engendré de nombreux conflits d'intérêt. La combinaison
et les relations entres acteurs touristiques et parc ont modifié durablement la vallée de Bozel en
l'espace d'à peine deux siècles.
Mots-clés: Tourisme – Rural – Parc – Développement - Environnement
Summary:
The Bozel Valley is a rural area, these practices and traditions have been challenged by tourism.
Tourism prove that it is more cost effective and it offers interesting development prospects as agro-
pastoralism, forestry and mining activity while are present in the valley. The Bozel Valley has
developed and opened to the world through tourism and because of the prestige of his major's ski
areas. The establishment and development of ski resorts and mass tourism have profoundly changed
the landscape and the environment. To deal with this phenomen the Vanoise National Park was
created to protect the environment. The park limits the development of stations and therefore
spawned numerous interest's conflicts. The combination and the relationships between tourism
stakeholders and the park have permanently changed the Bozel Valley in term of space during a
period less than two centuries.
Keywords: Tourism - Rural - Park - Development - Environment
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Rapport sortie terrain bozel

  • 1. Année Universitaire 2014-2015 Nicolas Bonne Semestre 1 Licence de Géographie 1 Source: Firefly collection, 2013 En quoi l'impact conjugué du développement touristique et de la création du Parc National de la Vanoise a-t-il profondément modifié la structure et le paysage de la Vallée de Bozel ? Compte-rendu de Sortie Terrain Vendredi 31 octobre 2014
  • 2. Résumé: La vallée de Bozel est un espace rural qui a vu ses pratiques et ses traditions remises en cause par l'activité touristique. Le tourisme s'avère être plus rentable et propose des perspectives de développement plus intéressantes que l'agropastoralisme, la sylviculture ou l'activité minière alors présentes dans la vallée. La vallée de Bozel s'est développée et s'est ouverte au monde grâce au tourisme et au prestige de ses grands domaines skiables. L'implantation et le développement des stations de ski et du tourisme de masse ont profondément modifié le paysage et l'environnement. En réponse à cela le Parc National de la Vanoise a été créé afin de protéger l'environnement. Le parc a limité le développement des stations et a engendré de nombreux conflits d'intérêt. La combinaison et les relations entres acteurs touristiques et parc ont modifié durablement la vallée de Bozel en l'espace d'à peine deux siècles. Mots-clés: Tourisme – Rural – Parc – Développement - Environnement Summary: The Bozel Valley is a rural area, these practices and traditions have been challenged by tourism. Tourism prove that it is more cost effective and it offers interesting development prospects as agro- pastoralism, forestry and mining activity while are present in the valley. The Bozel Valley has developed and opened to the world through tourism and because of the prestige of his major's ski areas. The establishment and development of ski resorts and mass tourism have profoundly changed the landscape and the environment. To deal with this phenomen the Vanoise National Park was created to protect the environment. The park limits the development of stations and therefore spawned numerous interest's conflicts. The combination and the relationships between tourism stakeholders and the park have permanently changed the Bozel Valley in term of space during a period less than two centuries. Keywords: Tourism - Rural - Park - Development - Environment
  • 3. Sommaire Introduction :....................................................................................................................................1 Rapport de sortie terrain: La Vallée de Bozel.......................................................................................2 I- Le tourisme: facteur de changements...........................................................................................2 A.Un espace rural traditionnel peu développé, proche de l'autarcie...........................................2 B. Qui se modernise avec le développement touristique estival.................................................5 C. Qui change radicalement avec le développement des sports d’hiver.....................................7 II- Parc National de la Vanoise: Paradoxe entre protection et développement du territoire..........10 A. La genèse du Parc National de la Vanoise et ses objectifs ..................................................10 B. Une construction politique qui a du mal à s’affirmer...........................................................12 C. Parc National et tourisme : l’affrontement de deux opposés (idéologies ?).........................15 III- Evolution de la conception du Tourisme et rapports à l'espace rural......................................18 A. Une conception du tourisme en rupture avec l’espace et l’idéologie rurale........................18 B.Le tourisme comme vecteur d’inégalités...............................................................................23 C.L’émergence d’une forme de tourisme « raisonné », plus en adéquation avec l’espace rural ...................................................................................................................................................28 Conclusion:....................................................................................................................................30 Bibliographie:................................................................................................................................31 Index des Illustrations: .......................................................................................................................................................32
  • 4. Introduction : Lors de cette sortie terrain au sein de la vallée de Bozel, nous avons pu prendre connaissance de différents sites qui composent la vallée, ce qui nous a permis de voir les différentes composantes de l'espace de la vallée de Bozel. Encadrés par deux de nos professeurs (Lionel Laslaz et Lise Piquerey, que je remercie au passage) nous avons pu rencontrer un responsable de la commune de Champagny-en-Vanoise, Monsieur Denis Tatoud, et des agriculteurs de Pralogan-en-Vanoise: Loïc Blanc et Charly Clarey. Je profite de ces quelques lignes pour les remercier eux aussi. La vallée de Bozel se situe dans le département de la Savoie dans la région Rhône-Alpes, en Tarentaise, dans le massif de la Vanoise au coeur des Alpes. La vallée de Bozel est intégrée dans une région très dynamique et attractive d'un point de vue économique et touristique. Cette vallée est connue pour ses nombreux et importants domaines skiables (Paradiski, l'Espace Killy et les Trois Vallées...). Les flux touristiques sont très importants et génèrent une grande part des revenus de la vallée, si bien qu'elle en est désormais dépendante. Le tourisme se définit comme « les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l'exercice d'une activité rémunérée dans le lieu visité » (Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques). Le tourisme a participé à la modernisation et au développement de la vallée, mais a suscité tout de même des critiques et a entrainé des conflits d’intérêts. Le mode de développement des stations de sports d'hiver est peu soucieux de l'environnement qui est le terme désignant « l'ensemble des éléments qui entourent un individu ou une espèce et dont certains contribuent directement à subvenir à ses besoins » (P. Baud, S. Bourgeat). Le rapport entre tourisme et environnement et intéressant à étudier et soulève la question de la compatibilité de ces deux notions. Le Parc National de la Vanoise tel qu'il est défini par le ministère du développement durable est une entité territoriale qui « permet de favoriser une gestion conservatoire dont l’objectif est de consolider les solidarités écologique, économique, sociale et culturelle existantes entre cette zone et les territoires qui l’entourent, sur la base d’un développement durable fondé sur un partenariat entre l’Etat et les collectivités ». Nous sommes conscient que le tourisme modifie le paysage et la structure des espaces dans lesquels il s'implante, en revanche le parc national qui a pour but de « conserver » la structure territoriale en l'état, de « renforcer les liens » contribue tout de même à la modifier en régulant les pratiques et à distendre les différents types de solidarités en se montrant trop contraignant et en limitant les activité humaines. Nous sommes donc en droit de nous demander en quoi l'impact conjugué du 1/38
  • 5. développement touristique et des actions du Parc National de la Vanoise modifie-t-il profondément la structure et le paysage de la Vallée de Bozel ? Et si il n'existe pas un paradoxe entre protection du territoire et développement touristique. Nous verrons comment le tourisme a modifié la structure et le paysage de la vallée de Bozel, puis comment le Parc National de la Vanoise régule les pratiques sur le territoire en protégeant l'environnement, et enfin la façon d'évoluer de la perception du tourisme en lien avec ses dérives. 2/38
  • 6. Rapport de sortie terrain: La Vallée de Bozel I- Le tourisme: facteur de changements Selon le Dictionnaire de la Géographie de P. George et F. Veger, « l’espace rural n’est pas seulement le siège des activités agricoles, mais aussi de l’industrie rurale, de l’artisanat rural et du tourisme rural ». La vallée de Bozel répond parfaitement à ces critères, son activité économique est historiquement organisée autour de l’activité agro-pastorale et de la sylviculture, puis de l’activité minière au XIXème siècle. A.Un espace rural traditionnel peu développé, proche de l'autarcie Jusqu’au début du XIXème siècle, la seule activité à Pralognan était l'élevage et la culture de seigle. Chaque été, hommes et bêtes montaient dans les alpages d'altitude où ils vivaient comme l'attestent les chalets d’alpage, les caves, les granges à foin, les chemins. Avant le XIXème siècle la vallée de Bozel était enclavée, il y avait très peu d’échanges avec l’extérieur, hormis avec les colporteurs qui empruntaient la route du sel et du beaufort. Cette route passait par le col de la Vanoise qui constituait un point de passage relativement aisé entre la France et l’Italie. Le sel des salines de Salins-les-Thermes ainsi que le fromage de Beaufort prenaient la direction du Piémont pour être échangés contre des étoffes et des épices. Le fromage et le sel étaient les denrées exportées par les villages de la vallée de Bozel, les autres produits étaient directement consommés sur place. Les marchandises importées (étoffes et épices) étaient soumises à un droit d’octroi (impôt indirect sur les importations sur le territoire communal) qui permettait d’entretenir le chemin de la Vanoyse emprunté pour le commerce avec le piémont. Les activités agro-pastorales et de sylviculture impliquent l’exploitation de l’espace et plus particulièrement les versants, la vallée étant étroite et réservée aux habitations dans la mesure du possible. L’activité agro-pastorale utilise principalement les versants adrets plus ensoleillés et les alpages de haute altitude (végétation par nivellement), la sylviculture exploite quant à elle les versants laissés libres par l’agriculture et l’élevage, les versants ubacs plus froids, ombragés et plus propices au développement de la forêt. Les infrastructures nécessaires à ces activités sont situées soit à proximité directe de la zone exploitée, pour des raisons pratiques soit dans la vallée, à proximité des axes routiers et des habitations. 3/38
  • 7. Les habitants de la vallée ont su adapter leurs pratiques à la topographie, pour cela, ils ont opté pour un système de terrasses sur les adrets pour la culture de céréales (des céréales « pauvres » essentiellement comme le seigle par exemple). Les habitants de la vallée de Bozel ont édifié des murets de soutènement en pierre et ont construit de modestes plateaux à la sueur de leurs fronts. Ces travaux sont lourds mais néanmoins nécessaires au développement de l’activité agricole vivrière. Le système de terrassement a plusieurs avantages : il permet de rendre la surface exploitable, de dépierrer le terrain (les pierres servent à la construction des murs de soutènement), et aussi à soutenir le terrain et d’ainsi éviter les glissements de terrain dévastateurs. En contrebas sur les pentes non-aménagées sous formes de terrasses, les Bozelains ont développé la culture de la vigne, qui ne nécessite pas des sols très riches. De cette façon ils développent plusieurs formes d’agricultures sur le même versant ce qui contribue à diversifier le nombre de denrées à leur disposition. Les versants ubacs utilisés pour la sylviculture sont structurés par les pistes forestières qui les parcourent, et facilitent l’exploitation en les reliant à la vallée. Enfin, l’activité pastorale se concentre en plus haute altitude (entre 2000 et 2500 mètres d’altitude), dans ce que l’on appelle les « alpages ». Les alpages sont des espaces ouverts situés au-dessus des forêts, entre 2000 et 2500 mètres, ce sont de vastes pâturages dans lequel les paysans laissent leurs vaches brouter et aller plus ou moins librement. Ces pâturages (ou les « alpages de montagnette » entre 1500 et 1900 mètres d’altitude) permettent aussi de faire des réserves de foin pour l’hiver que les vaches passent à l’étable. Ainsi on voit apparaitre une division spatiale du travail, un phénomène de zonage. D’un côté l’agriculture (elle-même divisée selon le type de culture) sur les versants adrets, la sylviculture sur les versants ubacs et enfin le pastoralisme dans les alpages en plus haute altitude. Ce constat est renforcé par le nivellement de la végétation, et par conséquent par la présence de différents niveaux de végétations: l'étage collinéen, l'étage alpin, l'étage subalpin et l'étage montagnard. Les activités humaines contribuent à amplifier cette « division paysagère » en différenciant les zones de cultures 4/38
  • 8. céréalières, les zones viticoles, les zones de forêts et les zones de pâturages. Si ces activités étaient séparées spatialement, elles n'étaient pas pour autant indépendantes l’une de l’autre. Jusqu’au XIXème siècle, la vallée de Bozel vivait en quasi-autarcie; ce qui impliquait une interrelation entre les différentes activités. En effet tous les biens produits dans la vallée étaient consommés sur place. La vallée de Bozel n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de vallées Alpines isolées et « condamnées » à l’autosuffisante : la vallée de la Maurienne ou la vallée de l’Ubaye en sont d'autres exemples. L’activité agro-pastorale peut donc être qualifiée d’«agriculture vivrière » ou d’« agriculture de subsistance ». La production de la sylviculture servait aux constructions (habitats, ponts, granges, fontaines et canaux d’irrigation...), aux outils (charrue, autres outils agricoles), au mobilier et au chauffage des logements (cheminées). La vallée de Bozel est un espace peu peuplé, son pic démographique se situe en 1861 (23 515 habitants dans l’ensemble de la Vanoise); cette faible densité de peuplement s’explique par l’enclavement de la vallée, par les dures conditions de vie, ainsi que par les émigrations des habitants de la vallée vers des villes plus importantes, et plus développées. Au XIXème siècle, beaucoup d’habitants de la vallée sont partis travailler dans les villes pendant la période hivernale (pas d’activités agricoles, donc pas de travail dans la vallée) et ont finalement immigré définitivement. C’est à cette période que s’est fondé le mythe du ramoneur savoyard. La structure sociale du milieu rural (comme dans le cas présent) est clairement définie, les habitants d’un bourg se connaissent tous entre eux et il existe une forme de solidarité très forte. Cette structure disparait pour les campagnards qui vont travailler dans les grandes villes, ils se retrouvent face à une culture, un monde, des usages qui leurs sont peu familiers (ceux de la ville). Pour ne pas être totalement privés de repères et risquer une situation dites d’anomie, les travailleurs d’une même zone géographique (d’un même territoire) se regroupaient dans le même quartier d’une grande ville. On assiste donc à une tentative de création d’une structure sociale semblable à celle présente dans le milieu social d’origine : la vallée de Bozel. Le développement de la vallée a finalement mis un terme à ces migrations forcées. Dès l'arrivée du chemin de fer, au début du 20e siècle, les activités minières et industrielles prennent une place de plus en plus importantes dans l'économie. La mine de charbon de Bonnegarde, les usines électro- métallurgiques de Moûtiers, de Pomblières, de Notre-Dame de Briançon, de Bozel, et la mine de plomb argentifère de La Plagne, fournissaient un complément de revenu à une part croissante de la population active. Dans beaucoup de foyers ces activités sont complémentaires : on était à la fois paysan, mineur et même bûcheron aux rares heures perdues. La crise démographique que connait la Vanoise depuis 1861 (pic démographique) conjugué à la quasi mono-activité de la vallée (activité agro-pastorale) incitera à se tourner massivement vers le 5/38
  • 9. tourisme hivernal considéré comme une bouée de secours. B. Qui se modernise avec le développement touristique estival Désormais, l’activité touristique est l’activité économique majeure de la vallée de Bozel, elle supplante les activités traditionnelles évoquées précédemment. En effet, le tourisme est apparu comme « l’unique possibilité de vivre et de travailler dans la vallée de Bozel » (L. Laslaz, 2003). Mais ce constat est le résultat d’un lent développement de l’activité touristique qui a contribué à profondément modifier le paysage et l’organisation de l’espace depuis le début du XIXème siècle. Le tourisme commence par se développer à Brides-les-bains suite à un drame. En 1918, le front du glacier de la Glières cède sous la pression exercée par le lac, il emporte tout causant de nombreux dégâts dans la vallée située en contrebas. Cette « catastrophe naturelle » a permis la redécouverte d’une source thermale exploitée jadis par les romains. Elle sera réexploitée à la suite de cet événement. Des thermes municipaux sont créés et attirèrent près de 4000 curistes par an. On attribue des médicinales exceptionnelles à cette eau qui est décrite comme « une eau effaceuse de maux, extraordinaire par ses qualités, qui peut tout guérir, épilepsies, cathares, migraines, goutte, rhumatismes, douleurs d'articulation et autres » d’après le rapport du docteur Ducis (D. Jarrassé, 1996). L’exploitation de cette ressource thermale permet de désenclaver quelque peu la vallée et d’insuffler une dynamique de développement de l’activité thermale dans la vallée, puisque par la suite Salins-les-Thermes et La Léchère s’équiperont à leur tour de thermes. L’activité thermale donna même une renommée internationale à la vallée, plus particulièrement à Brides-les-Bains qui voit affluer des personnalités de renommée internationale telles que la reine Élisabeth d'Espagne, la princesse Bonaparte, le baron de Rothschild, le ministre Rambaud, l'éditeur Hachette, ainsi que des membres de familles françaises, britanniques, italiennes, russes, américaines, de l'aristocratie et des affaires. Dès cette époque l’activité touristique attire des clients aisés dont beaucoup d’étrangers : un tiers de la clientèle est britannique. Quelques années plus tard, c’est au tour de l’alpinisme de se développer dans la vallée de Bozel. L’événement marquant le début de l’alpinisme est l’ascension de la Grande Casse le 8 aout 1860 par l’alpiniste anglais Sir Williams Mathews. L’alpinisme connait un grand succès auprès de la clientèle étrangère et aisée, essentiellement britannique. Plusieurs clubs alpins voient le jour en Europe, en Angleterre tout d’abord puis en Suisse, en Italie, en Allemagne, en Autriche et en Pologne et enfin en France en 1874. Ces clubs sont réservés aux élites cultivées et « définissent des usages en matière d’excursion, organisent les compagnies de guides, construisent des refuges, améliorent la qualité des hébergements, rédigent des notices scientifiques, inventent une littérature de voyage et 6/38
  • 10. réussissent ainsi à promouvoir, auprès de leurs contemporains, une forme de tourisme alpin à la fois cultivé et mondain » (O. Hoibian, 2008). Les clubs continentaux ont plutôt une démarche d'aménagement de la montagne alors que les clubs britanniques comme l’Alpine Club de Londres créé en 1857 ont une vision transfrontalière des Alpes qu'ils voient comme un « terrain de jeu » (L. Stephen, 1871). Ainsi l’alpinisme se diffuse rapidement en Vanoise. Si bien qu’au début du XXème siècle tous les sommets des Alpes furent conquis (par des alpinistes comme les frères Victor et Pierre Puiseux, Henri Mettrier ou bien William Augustus Brevoort Coolidge) et Pralognan-la- Vanoise devint le deuxième centre alpin d’alpinisme derrière Chamonix. Les activités touristiques se développèrent autour de trois pôles situés dans la vallée : le triumvirat formé par Salins-les-thermes, Brides-les-bains et Pralognan-la-Vanoise. Ces trois villages proposaient alors des prestations touristiques intéressantes, ce qui fit leur succès. Un office du tourisme fut même créé à Pralognan en 1905. La vallée attirait les touristes fortunés par son calme, pour la beauté de ses paysages ainsi que ses thermes et ses sommets (le sommet du Roc du Bécoin à 2 594 mètres d’altitude, le Mont Jovet à 2 589 m, et la Dent du Villard à 2 284 m entre autre). L’arrivée du chemin de fer à Moutiers en 1893 assure une desserte de meilleure qualité, nécessaire au développement économique et touristique de la région. Le développement de l’alpinisme et du thermalisme, du tourisme estival entraine des modifications du paysage : de nombreuses infrastructures à destination des touristes furent construites; dix refuges furent construits près de Pralognan et des Thermes furent construits à Salins et Brides, ainsi que des hôtels pour accueillir les touristes. Le Grand Hôtel fut inauguré en 1895, il fonctionne encore de nos jours et marque le début de l’ère des Hôtels-palaces. La vallée se modernise peu à peu pour proposer des services et des loisirs aux touristes : un bureau de poste est créé en 1911 à Pralognan et un Casino à Brides-les- Bains. Le développement du tourisme estival par le biais de l’activité thermale et l’alpinisme modifie le paysage de la vallée et sa structure économique. Le thermalisme puis l’alpinisme par la suite sont les seules activités pratiquées, « consommées » par des clients extérieurs à la vallée de Bozel : des citadins fortunés, des aristocrates étrangers. Ces activités entrainent le développement d’une économie nouvelle en parallèle : les hôtels et les prestations de services (touristiques) font leur apparition. Les versants commencent à être aménagés pour une activité autre que l’agropastoralisme et la sylviculture, avec la création de refuges de haute montagne et l’entretien des chemins qui permettent d’y accéder. 7/38
  • 11. C. Qui change radicalement avec le développement des sports d’hiver En 1912, à Megève a lieu la première saison hivernale en Vanoise. Le tourisme hivernal fait son apparition par le biais du ski au début du XXème siècle. L’essor du tourisme hivernal aurait pu être plus rapide si les deux guerres mondiales n’avaient pas brisé la dynamique de développement. Quoiqu’il en soit à la sortie de la seconde guerre mondiale la Vanoise comptait déjà 7 stations de ski de première génération dont Pralognan. En 1937 Pralognan inaugure ses premiers téléskis, la station se développe rapidement et construit en 1953 un téléphérique qui est alors le plus rapide du monde. Le ski s’avérant être un secteur à fort potentiel économique, il se développe très rapidement et on assiste alors à une véritable « ruée vers l’or blanc » dans les années 1960-1970. C’est alors que les stations de ski de troisième génération font leur apparition dans les Alpes (Les Ménuires, Les Arcs, Val Cenis, Tignes…), et en Vanoise avec la Plagne en fin d’année 1961. Ce nouveau type de station est créé ex-nihilo, (sur un emplacement vierge auparavant, non anthropisé). Les stations de 3ème génération sont construites sous l’impulsion de l’état pour lutter contre le déclin économique et démographique de la montagne mais aussi pour pouvoir faire bonne figure sur le marché mondial. On prévoit une massification du ski, et l’explosion de la clientèle (le gouvernement prévoit 1 million de skieurs en France en 1970), c’est pourquoi de nombreuses stations avec de fortes capacités d’accueil sont bâties. On assiste dès lors à une urbanisation massive de la montagne (des « gisements de neige ») due au plan neige rendu officiel en 1970 (mais effectif depuis 1962 et la naissance des premières stations de 3ème génération) qui prévoit la construction de 365 000 lits en 10 ans avec la création de véritables villes en haute altitude, avec tous les services qui sont « intégrés » à la station et des immeubles « au pied des pistes ». Ce type d’urbanisme intensif et brutal, en rupture avec le milieu contribue à le dénaturer. Ces stations qualifiées de « sarcelles des neiges » modifient grandement le paysage et vont même jusqu'à modifier l’image apaisante dont jouit la montagne. La montagne subit un processus d’artificialisation, si bien qu’on peut parler de « la montagne aux promoteurs » (L .Laslaz, 2005). Ces stations font l’objet de lourds investissements de l’état qui garde une mainmise sur leur aménagement. Malgré les grandes ambitions du gouvernement français en matière de sports d’hiver, la France perdit la « bataille du ski européen » (J. Fontanet). Dès lors s’opère une prise de conscience : les sports d’hiver ne seront jamais un mouvement de masse mais plus des activités locales et réservées à une élite étrangère (aux régions de sport d’hiver). En effet la part de la population française se rendant aux sports d’hiver n’a jamais dépassé la barre symbolique des 10 %. 8/38
  • 12. Le développement du tourisme dans le canton de Bozel et l’utilisation des potentialités et caractéristiques de l’espace comme ressource ont conduit à modifier profondément le milieu de la vallée. L’urbanisation a en effet accompagné le développement de l’activité touristique, de nombreux aménagements et de nombreuses infrastructures ont été créés pour l’acheminement et l’accueil des touristes. Tout commence avec les axes de transport qui sont refaits à neuf pour assurer une meilleure desserte puis dans un second temps le développement de navette notamment une qui prend en charge les flux touristiques en provenance de Paris et transitant par l’aéroport du Bourget du Lac. Il a fallu bien évidemment construire toutes les infrastructures nécessaires aux activités touristiques à proprement parler (remontées mécaniques..) et toutes les structures d’hébergement et de services (hôtels auberges, restaurants, coiffeurs, commerces, …) Cela a aussi entrainé des modifications sensibles du milieu dans les zones exploitées par l'activité touristique. Le déboisement a permis de définir clairement les pistes de ski, des remontées mécaniques, cabanons ESF (l'école de ski française) et autres bars et restaurants d’altitude qui jalonnent aujourd’hui les pentes de la vallée de Bozel. Le développement de l’activité touristique a entrainé un déclin de l’activité agro-pastorale, cependant elle a quand même contribué à redynamiser cette activité en réduisant le nombre d’acteurs agricoles. L’activité agricole s’est réorganisée autour de plus grosses structures qu’auparavant, comme les coopératives par exemple. De plus l’activité agro-pastorale s’est modernisée et elle profite d’une clientèle (de passage) élargie dû aux flux touristiques. Cette évolution de l’activité agro-pastorale qui survit en grande partie grâce à l’appellation d’origine contrôlée du beaufort (AOC) a entrainé une évolution de l’utilisation de l’espace, avec la mise en place d’une charte qualité. Certes les espaces de pâturages restent globalement les mêmes et 9/38 Coupe de la Vallée de Bozel au niveau de St-Bon, Denys Pradelle,1964
  • 13. les mouvements saisonniers aussi, mais les parcelles sont désormais plus étendues. Le développement du tourisme hivernal a de grosses influences socio-spatiales sur la vallée de Bozel, avec entre autre une importante modification temporelle dans le cas de la saison traditionnellement « morte » qui devient la saison la plus active. Historiquement, comme nous l’avons vu précédemment l’hiver était la saison morte dans les milieux ruraux, du fait de l’arrêt de l’activité agricole en lien avec les conditions climatiques, ce qui entrainait une émigration saisonnière. Avec le développement du tourisme hivernal on assiste à une inversion des saisons économiques, l’hiver étant désormais la période de l’année la plus active d’un point de vue emploi. Dorénavant la vallée de Bozel est un espace récepteur de travailleurs saisonniers et non plus émetteur comme ce fut le cas avant le XXème siècle. La modernisation de la vallée de Bozel qui se tourne de plus en plus vers l’extérieur par le biais du tourisme se ressent et se constate au niveau des types de logements : 80 % des logements sont des résidences secondaires (INSEE) et il y a désormais plus d’immeubles que de maisons dans la vallée qui pourtant demeure un espace rural. Le développement soutenu de l’activité touristique dans la vallée de Bozel a entrainé de grandes modifications dans l’agencement et l’aménagement du territoire, ainsi que dans la structure sociale et économique du territoire. Les vagues successives du développement touristique ont suscité des critiques, principalement celles des stations de 3ème génération et du plan neige (années 1960-1970). Les critiques portées à l’égard de ce modèle de développement massif fortement imprégné de l’idéologie urbaine ajoutées à la montée de l’écologisme créent un contexte favorable à l’émergence du Parc National de la Vanoise. 10/38
  • 14. II- Parc National de la Vanoise: Paradoxe entre protection et développement du territoire « S’il a beaucoup appris, l’homme a aussi beaucoup perdu avec ce siècle. Il a oublié que les sites naturels les plus remarquables et les moins altérés constituaient l’une des richesses de son patrimoine et que protéger la nature c’était aussi défendre l’homme, son équilibre et son bonheur » (Pierre Dumas, secrétaire d’état auprès du Premier Ministre et Président du conseil d’administration du Parc National de la Vanoise) A. La genèse du Parc National de la Vanoise et ses objectifs La loi du 22 juillet 1960 permettant la création de parc nationaux répond à la double préoccupation de préserver la faune et la flore dans leurs mutations naturelles, et d’offrir à l’homme des zones de calme et d’harmonie. Le Parc National de Vanoise est créé le 6 juillet 1963, suite à cette loi pour protéger les patrimoines exceptionnels du massif de la Vanoise et favoriser le développement local dans la zone périphérique. C'est le premier parc national crée en France, il est notamment créé pour protéger les bouquetins, les marmottes, les perdrix blancs et les chamois menacés de disparition; mais aussi pour préserver la flore des glaciations quaternaires. Le parc a dès sa création un double rôle de protection et de valorisation. Le parc a pour mission de protéger l’espace du cœur du parc en empêchant son urbanisation et en garantissant la survie des espèces animales et végétales. Le parc a aussi pour mission de protéger le patrimoine culturel, bâti, archéologique et historique de la vallée. Sa superficie est de 53 500 hectares (535km2) dans le cœur du parc (appelée zone centrale avant la loi Giran en 2006) et de 1 465 km2 pour la zone optimale d'adhésion (appelée zone périphérique avant la loi Giran en 2006). Le Parc national de la Vanoise comprend donc deux zones : le cœur du parc et la zone optimale d'adhésion. La zone centrale dite "Cœur de parc" jouit d'une attention toute particulière comme zone de protection. Elle est soumise à une réglementation spécifique. La zone périphérique couvre 29 communes dont Champagny-en-Vanoise, Pralognan la Vanoise, les Allues et Saint-Bon-Tarentaise dans la vallée de Bozel; dans cette zone la réglementation y est plus souple et permet le développement des activités humaines, comme le tourisme. Le Parc possède une frontière commune avec le Parc national italien du Grand Paradis. Jumelés depuis 1972, ils couvrent ensemble une zone de 1 250 km2, soit l’espace protégé le plus étendu d’Europe occidentale. 11/38
  • 15. Le parc assure une mission de protection, de connaissance, de sensibilisation et d'éducation à l'environnement et il participe au développement local et au développement durable. Il a la charge de la préservation des espèces, des habitats et des ressources naturelles. Par exemple, dans le cœur du parc, il peut ordonner des travaux ou des mesures pour restaurer des écosystèmes dégradés ou prévenir une dégradation des milieux naturels. Le parc soutient et développe toute initiative ayant pour objet la connaissance et le suivi du patrimoine naturel, culturel et paysager. Il assure lui-même des actions de suivi. Il a par exemple soutenu le projet de création d'un observatoire des paysages de Vanoise. Le parc assure une fonction de conseil (l'étude et l'ingénierie auprès des communes et des acteurs locaux pour un développement durable). Le parc édite des supports de communication et d'information pour sensibiliser à la protection de l'environnement, il propose des sorties de découverte pour les visiteurs, il intervient dans des programmes pédagogiques des écoles du territoire. Son rôle préventif, éducatif est crucial, car les générations futures se doivent d'être conscientes et capables d'agir pour l'environnement dans le cadre d'un développement durable. Pour cette mission, le parc emploi 35 gardes-moniteurs chargés de sensibiliser les jeunes par des activités organisées dans le cadre scolaire, ils sont aussi chargés de collecter des informations, des données scientifiques sur le terrain (sur l’évolution et la répartition des espèces animales et 12/38 Les zones du parc,Parc National de la Vanoise,2010
  • 16. végétales), de veiller à l’entretien (entretenir les sentiers par exemple) du parc et de participer à des activités de développement local. Les gardes-moniteurs jouent un rôle très important dans le fonctionnement du parc, ils permettent de faire le lien entre les différents acteurs du parc (dont les élus) et de mener des actions concrètes pour la préservation de la faune et de la flore du parc. Enfin, en matière de développement durable, il apporte aux collectivités territoriales et à leurs groupements un appui technique en matière de préservation des espaces naturels et pour la réalisation d'aménagements concernant le patrimoine naturel, culturel et paysager. Il peut mobiliser des financements sur ses fonds propres et auprès de partenaires pour soutenir la réalisation de projets; pour toutes ses actions il dispose d’environ 10 Millions d’euros (en 2011). Il participe par exemple à la requalification de certains sites historiques comme le site de monolithe de Sardières et le site archéologique du rocher du château (2009) ainsi que d'autres projets (station d'épuration, fromagerie...). La loi du 14 avril 2006, dite « loi Giran », ayant pour but de moderniser les parcs nationaux prévoit la création d'une charte de développement durable devant être approuvée et ratifiée par l'ensemble des communes voisines du parc. Si un certain nombre de parcs nationaux (Pyrénées, Cévennes, Mercantour, Ecrins...) ont déjà signé leur charte, avec une majorité de communes concernées, le Parc National de la Vanoise, bien que doyen des parcs français, apparaît comme un mauvais élève. La création et la ratification d'une charte de développement a effectivement posé de nombreux problèmes au parc de la Vanoise et aux communes concernées. Le Parc de la Vanoise est une construction politique assez ambiguë et assez flou, ce qui va lui poser des problèmes d'acceptation par les populations locales et les élus locaux. B. Une construction politique qui a du mal à s’affirmer Le Parc National de la Vanoise doit faire face à plusieurs problèmes et a du mal à s’affirmer. Tout d’abord le parc est une volonté politique qui vient du haut (du gouvernement). Les populations locales ne sont pas impliquées dans ce projet qu’elles désapprouvent majoritairement. La création du parc est perçue comme une contrainte, comme une limite à la liberté et une entrave aux activités économiques. Le parc n’est pas le fruit d’une volonté locale, que ce soit des habitants eux-mêmes ou des collectivités locales (assez indépendantes par ailleurs). La protection de l’environnement est considérée comme « un luxe de citadin » qui n’a pas sa place en haute montagne où les conditions de vies sont rudes. Les habitants des vallées de Maurienne et de Tarentaise refusent catégoriquement que l’Etat français leur impose de fortes contraintes territoriales alors même qu‘ils se sentent délaissés par les politiques qui ne se soucient guère de leur condition. Les populations de 13/38
  • 17. la Vanoise sont très attachées à leur territoire qu’elles défendent face aux interventions de l’Etat français. La Savoie a été rattachée tardivement à la France (en 1860) et il existe une forte identité savoyarde (70% des habitants des vallées de Maurienne et de Tarentaise se considèrent plus comme habitants de leur vallée ou de la Savoie que comme français) qui s’exprime en opposition à l’Etat français et son autoritarisme. Les volonté et décisions concernant le parc sont floues, ce qui contribue à les rendre fortement impopulaires. De plus le parc englobe de nombreuses propriétés privées (10% de terrains privés en zone centrale) ce qui renforce ce phénomène de rejet systématique des mesures de protection lancées par le gouvernement. Car historiquement les populations (rurales) de la Vanoise sont très attachées au droit de propriété privée, qu’elles veulent à tout prix conserver, d’où de nombreux conflits. On reproche alors au parc de faire passer les intérêts de la nature avant celui des hommes, on accuse le parc de vouloir chasser les hommes de leurs territoire, de leur espace vécu. Les habitants de la Vanoise vont jusqu'à se comparer aux indiens présents dans les réserves américaines, à qui l’on impose toutes sortes de décisions sans les consulter, que l’on «enferme», car il y a dans le nom de parc l’idée de clôture. Cette métaphore montre à quel point le projet du parc est malhabile, dans le sens où c’est une construction par le haut qui ne prend pas assez en compte l’avis des populations concernées. La structure du Parc National de la Vanoise est complexe, il est dur de savoir réellement qui décide de quoi : est-ce la direction de la Nature et des Paysages, la direction du Parc National de la Vanoise, le conseil d’administration du parc ou bien le conseil scientifique qui prend les décisions ? 14/38 source: Parc Nationaux de France, janvier 2012
  • 18. Quoiqu’il en soit l’Etat a son mot à dire et il prive les collectivités locales de certaines de leur compétences. Le directeur de la zone centrale bénéficie d’une délégation de pouvoir, il « emprunte » les compétences des maires dans les zones communales intégrées à la zone centrale du parc. Les Maires des communes concernées se sentent brimés voir concurrencés, ils critiquent vivement l’organisation du parc qu’ils ne soutiennent nullement. Par conséquent le projet de charte du parc est encore en suspens car les communes refusent de la signer en l’état. Le Parc National de la Vanoise, bien que doyen des parcs nationaux en France est le seul à ne pas avoir une charte en vigueur. Ainsi le Parc National de la Vanoise ne dispose que de peu de soutien au niveau local, seuls quelques commerçants et hôteliers voient la création du parc d’un bon œil, puisqu’elle peut servir leur intérêt personnel par l’afflux d’éventuels touristes. La zone centrale du parc jouit d’une législation spécifique définie par l’article L. 241-3 de la loi de 1960; elle implique la possibilité de : « soumettre à un régime particulier et, le cas échéant, interdire à l'intérieur du parc la chasse et la pêche, les activités industrielles et commerciales, l'exécution des travaux publics et privés, l'extraction des matériaux concessibles ou non, l'utilisation des eaux, la circulation du public quel que soit le moyen emprunté, toute action susceptible de nuire au développement naturel de la faune et de la flore et, plus généralement, d'altérer le caractère du parc national ». À l'intérieur de la zone centrale, les améliorations de l'habitat (chalets d'alpage), l'ouverture d'une piste pastorale sont donc rigoureusement réglementées. Cet espace adopte une réglementation très stricte mais ses limites sont sujettes à de nombreuses contestations pour des raisons économiques et politiques principalement, ce qui donne lieu à un consensus sur lequel nous reviendrons par la suite. Le parc et plus particulièrement la zone centrale est perçu comme un obstacle au développement économique et a contre lui de nombreux opposants (communes, promoteurs, entrepreneurs…). Pour calmer leur ardeur, le parc est obligé de faire des compromis, de céder du terrain, ainsi la zone centrale du parc est tronquée. Pour pallier au manque de protection sur les espaces ne faisant pas partie de la zone centrale du parc pour les raisons évoquées précédemment, mais faisant partie des « couloirs de pénétration de la faune », des réserves ont été mises en place. Les réserves naturelles sont définies par R. Varlet comme « des portions de parc national dans lesquelles une certaine liberté est laissée aux communes pour des aménagements touristiques ». La réglementation de ces espaces consiste en un maintien des activités préexistantes (elles sont tolérées) et une interdiction de développement de nouvelles activités. Le Parc National de la Vanoise n’a pas toujours les moyens nécessaires pour contrôler et faire appliquer la réglementation qu’il a fixée, son pouvoir est donc plus théorique que concret dans 15/38
  • 19. certains cas. Si la zone cœur du parc est une entité spatiale dont les objectifs sont clairement définis, la zone périphérique fait l’objet de beaucoup de questionnement, c’est un projet assez flou. Le projet de zone périphérique a pour but d’apporter une compensation en lien avec les inconvénients suscités par la zone centrale. Si l’intention est louable, le projet n’en demeure pas moins très abstrait, y compris pour les créateurs du parc. Le ministre de l’écologie R. Poujade déclara en 1974 : « Je me suis efforcé de remédier à la mauvaise organisation dans les zones périphériques ». Ce projet qui concernait plusieurs ministères et qui dépassait les simples compétences de R. Poujade demeure l’un des plus gros échecs de la mise en place du parc. Là encore le Parc National essaie de se faire « accepter » en faisant une concession, en s’efforçant d’apparaitre de la manière la plus positive possible, puisque dans cet espace l’Etat à travers le parc dispose d’un rôle de consultant et d’aide au développement économique, social et culturel. Entre un manque de soutien local, un manque de clarté du projet et des formes de résistance, le Parc National de la Vanoise a bien du mal à s’affirmer et tente de le faire par des compromis afin de satisfaire les différents opposants et acteurs présents sur le territoire. Au-delà d’un problème structurel le parc doit faire face aux problèmes liés au développement du tourisme hivernal. C. Parc National et tourisme : l’affrontement de deux opposés (idéologies ?) Quand le parc voit le jour en 1963, le tourisme est déjà bien ancré dans la vallée de Bozel avec des stations de ski réputées : Pralognan, Courchevel, Méribel, la Plagne, Val-Thorens et les Ménuires. Le problème majeur du parc c’est d’être implanté à proximité du plus grand domaine skiable du monde (les 3 vallées). Ces stations de sport d’hiver ont pour ambition d’élargir leurs domaines skiable et lorgnent vers le cœur du parc encore vierge de toute installation. L’appétit territorial de ces « usines à ski » et leurs ambitions économiques grandissantes se heurtent aux limites du cœur du Parc National de la Vanoise qui interdit tout développement d’infrastructures à vocations touristiques. Pourtant elles vont réussir petit à petit à grignoter du terrain sur cet espace 16/38 La "peau de chagrin", ou les variations successives de superficie de la zone centrale du Parc National de la Vanoise, L. Laslaz,2003
  • 20. théoriquement hermétique. Mais comment ont-elles réussi à s’étendre spatialement malgré les limites du parc ? C’est ce que nous allons voir tout de suite… Tout d’abord revenons aux origines des limites du cœur du parc. La délimitation de la zone cœur du parc a posé de nombreux problèmes, elle s’est heurtée aux intérêts économiques des communes, des stations et même des particuliers et de leurs propriétés privées. En effet, les communes refusent de céder du terrain au parc national, et préfèrent conserver leurs exploitations forestières, leurs zones de chasse et des possibilités d’extension pour les domaines skiable qui leurs sont rattachés. En clair le Parc National de la Vanoise souffre d'un problème semblable à celui de l’Union Européenne : ce que l’on pourrait appeler un problème de « géométrie variable ». Toutes les communes veulent bénéficier des avantages liés au parc et à sa zone périphérique considérée comme une zone de valorisation, en revanche personne ne veut en subir les inconvénients. L’exemple le plus prégnant et celui de la commune de Saint-Martin-de-Belleville, et de son Maire Joseph Fontanet qui occupe aussi une fonction de président du conseil d’administration du Parc National de La Vanoise. Il refuse de céder ne serait ce qu’un hectare des 15 500 hectares de sa commune à la zone centrale. En revanche l’intégralité de la commune est inscrite dans le cadre de la zone périphérique du parc qui devrait bénéficier des retombées positives de l’activité du parc. Le cas de Saint-Martin-de-Belleville n’est qu’un exemple parmi d’autres : la zone centrale du parc devait initialement s’étendre sur 80 000 hectares selon le projet de M. Couturier, actuellement il s’étend sur seulement 52 839 hectares. Les limites de la zone du cœur du parc fond donc l’objet d’un consensus, fruit d’âpres négociations entre les représentants du parc et leurs opposants. Le périmètre définitif du cœur du parc est un sujet qui divise, qui pousse à la polémique à l’échelle locale. Les limites du cœur du parc sont donc le reflet des intérêts politiques et économiques. Il en résulte un parc tronqué, découpé sans aucune logique écologique. Les stations de skis exercent une importante pression sur le parc, par leur importance démographique (en saison touristique) et économique. Les domaines skiables de la vallée de Bozel se répartissent le long de la limite de la zone centrale du parc, créant ainsi un « encerclement touristique ». Les acteurs de ces stations de sports d’hiver (les promoteurs) et les acteurs politiques (les maires des communes rattachées aux stations de ski) se constituent en un lobby contre le Parc National de la Vanoise et sa zone centrale très contraignante d’un point de vue du développement des domaines skiables. En effet les projets de liaisons entres stations sont freinés par plusieurs facteurs (moyens financiers, intérêts, topographie et type de sol…) dont la présence de la zone du cœur du parc. Néanmoins la puissance des grandes stations de sports d’hiver impacte les décisions prises par la direction du parc qui accorde quelques concessions en contrepartie de la « gêne occasionnée ». Prenons l’exemple de la station de Courchevel qui pour étendre son domaine skiable 17/38
  • 21. s’est engagée à protéger le secteur Dent du Villard/Petit Mont-Blanc en échange de quoi elle a pu créer le télésiège des Avals et la piste Creux noirs. Dans cette opération le Parc National de la Vanoise cède une combe de 5000 à 6000 m! qui faisait partie du cœur du parc. Ce processus d’extension des domaines skiables au détriment de le la zone du cœur du parc va à l’encontre des objectifs de protection de l’environnement prônés par le Parc National de la Vanoise qui constituent clairement un obstacle aux stations de skis et à leur développement spatial. Cependant cet opposition renforce la notoriété du parc. Il est d’ailleurs intéressant d’étudier la différence idéologique entre d’un côté le parc et de l’autre les stations de ski. Le parc incarne des valeurs de nature de protection de l’environnement là où les stations incarnent l’artificialisation de la montagne (un type de rurbanisation dans un sens) et le besoin de toujours plus, le besoin d’extension, de rentabilité. La conception de protection de l’environnement est très différente entre parc et stations : pour les stations la dégradation est d’importance moindre à partir du moment où elles participent à la restauration de la couverture végétale des pistes (l’herbe principalement), alors que pour le parc la notion de protection de l’environnement est bien heureusement beaucoup plus large. Les stations de ski, principalement celles de 3ème génération concentrent d’importantes masses de populations en saison touristique et contribuent à polluer grandement l’atmosphère. Ces stations posent de nombreux problèmes d’écologie, d’organisation spatiale et temporelle… En premier plan, ce qui pose problème, c’est l’évolution des pratiques locales. En effet, le propre du territoire est d’assurer une certaine continuité dans le temps, une certaine pérennité de la société locale et de ses savoir-faire. Or, l’exemple de la Vanoise et plus particulièrement de la commune de Saint Bon, qui concentre ses efforts sur les activités de ski et la multiplication des équipements de loisir, vient contredire directement l’image avancée par le Parc. On voit ici le décalage qu'il existe entre l'espace rural et la conception très « urbaine » du tourisme. 18/38
  • 22. III- Evolution de la conception du Tourisme et rapports à l'espace rural A. Une conception du tourisme en rupture avec l’espace et l’idéologie rurale Le tourisme de masse apparaît comme en rupture avec son environnement (ce qui l’entoure). Premièrement le développement de ce type de tourisme passe par une forte urbanisation pour pouvoir répondre aux besoins d’accueil de nombreux touristes français comme étrangers. Par ce point, le tourisme est en rupture avec l’espace rural qui désigne ce qui s’oppose au monde urbain. De plus le tourisme de masse implique une urbanisation brutale et subite dans des espaces encore peu anthropisés. L’urbanisation brutale et massive donne lieu à une artificialisation de la montagne qui perd quelque peu de ses valeurs traditionnelles, à savoir le calme, la nature et la tranquillité. Les urbains ne viennent plus chercher la montagne telle qu’ils se la représentaient auparavant : comme une antithèse des villes surchargées, trop bruyantes et pollués. La montagne devient une zone périphérique des villes qui occupe une fonction de loisirs avant tout. On peut alors parler d’une certaine forme dérivée de rurbanisation (néologisme entre urbanisation et rural), terme qui désigne « l’imbrication des espaces ruraux et des zones urbanisées » (P. George et F. Verger). Les nouvelles stations construites selon les préceptes du tourisme de masse recréent les mêmes interactions sociales que celles présentes dans les villes. Cette reproduction de la structure sociale urbaine se fait par une forte densité de population d’une part, et la présence de services « intégrés » aux stations, qui sont identiques à ceux des villes (Téléphonie, Internet, Commerces, Services divers tels que coiffure, garde d’enfants …). Cette structure sociale urbaine est bien différente de la structure sociale rurale présente dans l’espace rural avant le développement du tourisme de masse. Par exemple on ne retrouve pas les mêmes liens de solidarité (forts dans le milieu rural, plus faibles dans le milieu urbain) qui s’expliquent notamment par la mentalité du monde urbain et par la durée des séjours qui ne permettent généralement pas de créer des liens solides. L’urbanisation de ces 19/38 Courchevel, ou l'artificialisation de la montagne, photo FACIM,2010
  • 23. zones s’accompagne de l’arrivée du consumérisme alors encore peu présent dans les milieux ruraux montagnards. L’exemple le plus marquant est celui de l’ouverture d’une grande galerie commerciale à Courchevel 1850, mais aussi l’ouverture de nombreuses boutiques de luxes à Courchevel 1850 encore, sur la Croisette. En quelques années des espaces « vides » (peu anthropisés) se retrouvent bétonnés et très fréquentés, ils concentrent une multitude de nouveaux aménagements destinés à l’activité touristique, ce qui bouleverse leur équilibre et les dégrade. Effectivement c’est la nature qui a le plus durement été touchée par le développement du tourisme. Les origines de ces dégradations sont nombreuses. Les aménagements nécessaires à l’accueil des touristes (équipements de loisirs, hébergements et infrastructures) sont dévoreurs d’espaces ; l’arrivée d’une population importante de touristes entraîne une augmentation du volume des déchets et d’eaux usées qui complexifie leur recyclage. De plus, la concentration des flux de visiteurs amplifie ce dernier problème et conduit à surcharger les écosystèmes. Le problème du nombre se pose aussi au niveau énergétique : les stations ont besoin d’énormément d’énergie pour faire fonctionner leur infrastructures et pour garantir le confort des touristes ; alors même qu’elles ne produisent peu ou pas d’énergie elles- mêmes et la font venir de la vallée (des stations hydroélectriques situées sur les torrents de la Glière et du Doron par exemple). Pour ce qui est des ressources en eau, les stations importent l’eau potable, ou exploitent les sources environnantes (comme Courchevel le fait) et constituent des 20/38
  • 24. réserves d’eau à ciel ouvert pour la création de neige artificielle. L’espace rural est l’espace privilégié de l’activité agricole, or le développement du tourisme dans la vallée de Bozel engendre de nombreux conflits avec l’agriculture qui tend à diminuer fortement, en partie à cause de l’essor de l’activité touristique. L’activité touristique est une activité qui nécessite de grandes étendues pour se développer. Le ski en est le meilleur exemple, surtout en Vanoise qui dispose de domaines skiables très importants comme Paradiski, l’Espace Killy, ou bien encore le plus grand domaine skiable du monde les Trois Vallées. Toutes ces zones exploitées ne sont pas disponibles pour la pratique l’activité agricole. Néanmoins certaines pistes de ski continuent de servir de pâturages en été (et d’entretenir les pistes par la même occasion, en évitant le développement d’une végétation trop importante). Si le tourisme (hivernal principalement) a contribué au déclin de l’agriculture, il n’en a pas pour autant eu que des impacts négatifs. Il a certes drainé la main d’œuvre en proposant de nombreux emplois souvent mieux rémunérés et moins pénibles (donc plus attractifs), mais il a aussi amené une clientèle très nombreuse pour les produits locaux, dont le célèbre Beaufort protégé par une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC), qui connaît un grand succès auprès des touristes. Le développement de l’activité touristique a dans un premier temps participé au déclin de l’activité agro-pastorale, puis il a finalement contribué à la redynamiser en la restructurant (des exploitations plus grandes induites par la baisse du nombre d’acteurs et l’abondance de clientèle passagère qui contribue à la renommée de ces produits). Ci dessous, un tableau résumant l'évolution de l'activité agro-pastorale: 21/38 Déclin et regain du pastoralisme dans le nord des Alpes française, L.Lalsalz, 2001, d'après C.Gradelle (1999)
  • 25. Enfin, les acteurs du tourisme n’entretiennent pas les mêmes rapports à l’environnement et à sa protection que les populations rurales. C’est ce que nous avons vu en partie avec le Parc National de la Vanoise qui représente une vision urbaine de la protection de l’environnement. Les stations de ski et leurs gérants sont dans des optiques de bénéfices, ce qui explique leur besoins incessants d’extension, de développement. Cet « état d’esprit » va à l’encontre de l’état d’esprit généralement présent dans la vallée de Bozel, jusqu’alors dans une logique de production « vivrière ». De plus les stations produisent et proposent des services à destination de populations étrangères à la vallée. Cette volonté de profit des stations fait apparaitre la protection de l’environnement comme un coût (d’entretien) plus qu’une nécessité environnementaliste. De ce fait les Stations de sports d’hiver ne consacrent pas d’énergie et de moyens très importants pour protéger le milieu qu’ils exploitent. Beaucoup de ces stations se contentent de regazonner les pistes, sans vraiment remettre en question leur mode de fonctionnement qui cause grand tort à l’environnement. Le développement du tourisme hivernal dans le massif de la Vanoise et même de façon plus remarquable dans la vallée de Bozel s’est accompagné d’une artificialisation de la montagne. Depuis le début des années 1960 la France affiche de grandes ambitions dans le domaine des sports d’hiver, qu’elle affirme avec la création de nombreuses stations de ski dites de troisième génération. Avec le plan neige de 1970 ces ambitions deviennent officielles et chiffrées : en 10 ans la France doit disposer de 365 000 lits supplémentaires en prévision de la massification du ski et des sports d’hiver. Le développement de ces stations qualifiées de « sarcelles des neiges » a des conséquences néfastes sur son environnement. L’urbanisation brutale et massive a perturbé le fonctionnement de la vallée. La faune est la première touchée par ce phénomène d'artificialisation et d’extension des domaines skiables, ces actions contribuent à détruire l’habitat naturel des espèces animales dans le pire des cas, ou à le morceler dans le meilleur des cas, en brisant ses couloirs de pénétration. Il en résulte une baisse de la biodiversité, puisque la flore est aussi détruite par l’occupation spatiale des stations, ce qui est dommageable. La commune de Saint-Bon illustre bien le phénomène d'artificialisation de la montagne, ces pentes sont dans la majorité des cas utilisées pour le tourisme, les sports d'hiver. On trouve à Saint-Bon de fortes concentrations d'aménagement dans des zones de montagnes. 22/38
  • 26. Le décalage entre tourisme urbain et espace rural contribue à fortement modifier l'espace comme nous avons pu le voir auparavant, mais aussi à modifier les perceptions et valorisation de l'espace, ce qui par la suite conduit à l'élaboration de nombreuses inégalités. 23/38
  • 27. B.Le tourisme comme vecteur d’inégalités Le Développement de l’activité touristique s’accompagne de l’apparition de différentes inégalités. Certaines sont spatiales, d’autres sont temporelles et les dernières sont socio- économiques et culturelles. Le tourisme devient l’activité la plus importante de la vallée, en surclassant l’activité agro- pastorale. Ce changement d’orientation économique entraine un changement de la mise en valeur des différents espaces. En effet le tourisme ne requiert pas les mêmes caractéristiques topographique et climatique du milieu que l’activité agro-pastorale (ou la sylviculture). Le tourisme hivernal à besoin de grands espaces enneigés pour se développer. Les pentes que les sports d’hiver valorise sont dans la majeur partie des cas sur les versants ubacs moins exposés au soleil et plus froid, ce qui leur assure une couverture neigeuse de meilleure qualité et de plus longue durée que sur les versants adrets soumis à de plus forts rayonnements solaires et à de plus fortes chaleur. La vallée se structure autour de l’activité touristique qui n’admet pas la même perception de l’espace que les activités présentes dans la vallée auparavant (agropastoralisme et sylviculture). Il en résulte un changement de valorisation des différents espaces. Ainsi les versants sont plus valorisés que le fond de vallée, en raison de leurs potentialités d’un point de vue du tourisme d’hiver. Les pentes des versants ubacs sont valorisées par les sports d’hiver qui nécessitent ce type de conditions (pente et exposition au soleil moindre pour une neige d’une bonne qualité). Les versants adrets autrefois plus développé de par leurs caractéristiques adéquates au développement agricole sont délaissés par le tourisme, car ces versants ne répondant pas aux critères souhaités pour le développement de pistes de ski. Le fond de vallée autre fois espace le plus dynamique et le plus peuplé en raison de son accessibilité et de ses meilleures conditions de vie devient moins attractif vis-à-vis des versants avec les progrès techniques (dans le domaine des transports, l’électricité…) et le développement de stations touristiques déconnectés des centres villageois (les stations de 3ème génération créés ex-nihilo comme Courchevel qui atteint une concentration de population de l’ordre de 10 000 habitants au km!). Hors saison touristique, le fond de vallée reste néanmoins l’espace le plus peuplé, les versants étant désertés par les touristes et les saisonniers. Outre les inégalités entres versants et fond de vallée, il existe d’autres types d’inégalités spatiales induites par le tourisme. Il existe de fortes inégalités entre les différentes communes et entre les différentes stations touristiques. Tout d’abord certaines communes du canton de Bozel ne disposent pas d’un domaine skiable (Salins-les-Thermes, Brides-les-Bains…) ou d’un domaine skiable enclavé (Pralognan-en-Vanoise), ce qui les défavorise économiquement vis-à-vis des autres 24/38
  • 28. communes. En plus de cela, les stations ont bénéficié de gros investissements de promoteurs privés, d’aides publiques, et jouissent d’une bonne image, primordiale dans le processus du développement touristique international et économique. Les communes disposent de budgets très inégaux, en fonction de leur importance touristique (voir tableau ci dessous). Les communes de Saint-Martin- de-Belleville et de Saint-Bon-Tarentaise disposent des troisième et quatrième budgets communaux de fonctionnement alors qu'elles sont les trentième et quarantième communes savoyardes en terme de nombre d'habitants. Commune Population Budget de fonctionnement Budget/habitant Chambéry 59184 99 179 000 " 1 676,00 " Aix-les-Bains 28439 43 301 000 " 1 523,00 " Saint-Martin-de-Belleville 2608 32 410 000 " 12 427 " Saint-Bon-Tarentaise 2014 31 471 000 " 15 626,00 " Les Allues 1945 23 125 000 " 11 889,00 " Brides-les-Bains 575 4 523 000 " 7 866 " Pralognan-la-Vanoise 572 4 260 000 " 7 448 " Bozel 2098 3 237 000 " 1 543,00 " Budgets des communes de Savoie en 2011, N.Bonne d'après le Conseil Général de la Savoie, 2014 Il existe aussi des inégalités inhérentes à la situation géographique et la topographie des différentes zones et communes. En effet selon les espaces, les conditions ne sont pas les mêmes : l’exposition au soleil n’est pas la même, les qualités du sol diffèrent, l’accès aux pentes (exploitées comme une ressource par l’activité touristique) est variable. Il y a aussi des risques différents et fluctuants liés au terrain (avalanches, éboulements, glissement de terrain). La question de l’accès à l’eau provoque aussi des situations inégalitaires (l’eau constitue une ressource thermale et représente aussi un risque : les crues, et un coût de gestion et d’aménagement). Ces inégalités initiales sont réduites ou amplifiées (dans la majorité des cas évoqués précédemment) par les activités humaines et les valeurs données par les sociétés à l’espace et au paysage. Les inégalités entre les différents espaces sont le fruit d’une construction sociale. Tout est question de valorisation, de perception de l’espace et d’aménagement du territoire. Autre volet des inégalités causées par le développement de l’activité touristique : les inégalités socio-économiques. Tout d’abord il faut rappeler que le développement touristique a profondément changé la structure de la société de la vallée de Bozel. En effet, il a créé une ouverture sur le monde et la société qui était alors endogène est devenu exogène (elle s’est ouverte). Cette ouverture sur le monde et cet afflux de financements et de créations de richesses a provoqué des inégalités socio- 25/38
  • 29. économiques. Le tourisme a contribué au désenclavement de la vallée qui est maintenant correctement reliée avec le monde extérieur, et qui jouit d’une réputation internationale grâce aux grands domaines skiables que sont Les 3 vallées et Paradiski. Le développement de ces deux grands domaines skiables a vu l’émergence d’une nouvelle culture dans la vallée de Bozel, principalement à Courchevel. Courchevel est un nouveau lieu de luxe ou s’est développé une culture du luxe; une culture internationale avec l’accueil de nombreux touristes étrangers et aisés (anglais, autrichiens, russes, allemands...). Cependant tous les espaces ne bénéficient pas de cette renommée internationale et de la fréquentation et les retombées économiques qui l’accompagnent. Courchevel est devenu au même titre que Saint-Tropez, Cannes ou Paris un lieu de rencontre privilégié pour les personnes aisées. Avec par exemple l’organisation d’un tournoi de polo sponsorisé par la marque allemande de voiture de luxe BMW (voir schéma). 26/38
  • 30. Courchevel est devenu un espace élitiste ou demeure une forte ségrégation spatiale (le principe de la sélection par l’argent). Entre Brides-les-Bains plus « populaire » et Courchevel 1850 il existe une véritable verticalité de la ségrégation sociale et spatiale avec les populations les plus aisées au sommet et les plus populaires dans la vallée. Le problème de logement est très présent chez les saisonniers qui n’ont pas les moyens de loger sur place et vont donc loger dans la vallée ou sur des versants moins prisés et donc plus abordables financièrement. On assiste là à une forme de ségrégation spatiale avec d’un coté les populations aisées en vacances, et de l’autre des populations moins aisées qui travaillent en période dans le domaine du tourisme. Le tourisme a permis une forte croissance économique dans la vallée, grâce a de nombreuses créations (personnel des stations de ski ainsi que tout le personnel de l’économie parallèle au tourisme), des programmes immobiliers et toute l’économie qui s’est développée en parallèle (hôtellerie, loisirs, restaurant, animation, centres commerciaux…). Cependant l’enrichissement général est à nuancer car tout le monde ne bénéficie pas de la même façon de cette croissance 27/38 source: L. Piquerey,2012
  • 31. économique, et il existe encore de nos jours des poches de pauvreté au sein de la vallée de Bozel. Il y a eu beaucoup de « magouilles », de dérives autour du développement touristique et tout particulièrement autour de la création et l’extension des stations de 3ème génération. Le tourisme a des répercussions directes sur la situation économique de la vallée qui revit littéralement. Néanmoins ce sont des personnes extérieures à la vallée qui se sont le plus enrichies (les promoteurs par exemple) et les plus riches. On voit dès lors une accentuation des inégalités avec des riches qui deviennent encore plus fortunés. Dernier type d’inégalités ; les inégalités temporelles fortement marquées. En saison touristique (principalement en hiver, en été aussi mais de manière plus diffuse), la population de la vallée de Bozel explose : la population de la commune de Saint Bon s’élève à 1 900 habitants environ hors saison touristique, en hiver la population peut atteindre 38 000 habitants. A l’opposé, hors saison touristique la vallée est peu peuplée et beaucoup moins dynamique (le tourisme étant l’activité principale : le commerce, les transports et les services représentent 85.8 % de l’emploi local). Toutes les infrastructures destinées aux sports d’hiver (les remontées mécaniques essentiellement) restent en place une fois la saison finie et constituent un élément de dégradation visuelle du paysage. Pour ce qui est des habitats, le constat est le même : les habitats à vocation touristique (résidences secondaires, hôtels, centre d’hébergement…) restent déserts; les logements de la vallée de Bozel sont dans 78 % des cas des résidences secondaires. Les stations représentent des concentrations de populations importantes (en période touristique), ce qui engendre divers problèmes écologiques. Tout d’abord où trouver l’énergie et l’eau nécessaire au confort de ces populations ? Puis comment gérer leurs déchets et la pollution qu’ils émettent ? Autant de problèmes que les gérants de ces stations doivent envisager avant d’éventuellement se diriger vers une forme de tourisme plus raisonnée et plus respectueuse de l’espace montagnard et de l’environnement. 28/38 Répartition des habitas selon leur type, Conseil Général de Savoie, 2010
  • 32. C.L’émergence d’une forme de tourisme « raisonné », plus en adéquation avec l’espace rural Les Stations de « quatrième génération » ou « stations-villages » voient le jour à partir de 1975, ces stations correspondent à des villages « traditionnels », créés ex-nihilo ou autour d’un village existant. Ces stations sont plus soucieuses des usages traditionnels, et sont intégrées à l’espace environnant et surtout elles sont à dimensions humaines (par opposition aux stations de 3ème génération frappé de « gigantisme »). La Tania, Champagny-en-Vanoise et Saint Martin de Belleville font partie de ce type de stations qui opèrent un « retour aux sources », en s'appuyant sur le bâti et les structures préexistantes. En 1977, la procédure des Unités Touristiques Nouvelles (procédure du code de l’urbanisme destinée à évaluer l’opportunité économique, environnementale et sociale de la réalisation en montagne des opérations de développement touristique) marque la fin du modèle intégré. Les populations locales essaient de reprendre le contrôle de leur territoire et les maires acquièrent de nouvelles responsabilités grâce à la loi Montagne (qui propose une gestion intégrée et transversale des territoires de montagne). La fin des trente glorieuses et la diffusion du discours écologiste expliquent le désir d’un retour aux sources qui pousse les citadins à redécouvrir l’aspect bucolique de la montagne qui leur était « caché » par les artifices des stations de 3ème génération. Sur le terrain, cela se traduit par l’émergence d’une architecture néo-traditionnelle. Ce nouveau type de station se rapproche de la conception qu’avait Laurent Chappis (architecte qui a créé Courchevel) de la montagne : une conception plus humanitaire et raisonnée des domaines skiables et des stations de skis. Ce type de station plus en adéquation avec le milieu montagnard montre une nouvelle possibilité de développer le tourisme, tout en limitant les impacts sur l’environnement (d’un point de vue de l’écologie, de la sociologie, de la conservation des traditions et de l’intégration au paysage). Tout cela nous amène à réfléchir sur le développement d’un nouveau type de tourisme gommant les défauts du système de développement touristique précédent : l’exemple du « tourisme durable ». 29/38 La Tania, une station de 4ème génération
  • 33. Intégrer le tourisme au développement durable ne signifie pas seulement qu’il peut être un instrument utile pour répondre aux besoins des générations présentes mais aussi qu’il ne doit pas compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Pour cela il faut identifier les dangers potentiels que représente le tourisme pour éviter les dérives du tourisme de masse. Le tourisme durable n’est pas envisagé pour son potentiel de développement, mais parce que sa croissance présente moins de dangers que celle des autres types de tourisme. Si le tourisme est une opportunité de développement, il est également une menace sur le long terme. Ainsi, le tourisme durable se veut une rupture avec « des modèles touristiques obsolètes et à fort impact » (Conférence Mondiale de Lanzarote, 1995), auxquels l’échec de la massification du ski fait écho. Le tourisme durable entend proposer un « nouveau modèle économique » (Laboratoire société environnement et territoire, 2002) qui ne serait pas basé sur le modèle de société de consommation à outrance prôné par les stations de 3ème génération. En premier lieu, c’est la nature qui a le plus durement été touchée par le développement du tourisme, comme nous l’avons vu précédemment. Pour préserver l’environnement face à ces attaques, il est possible de distinguer deux types d’actions. Certaines visent à traiter les symptômes en diminuant l’impact des activités. Les stations d’épurations par exemple : celle de Moutiers gère les eaux usées de 8 communes dont les Allues et Brides-les-Bains, celle de Saint Bon qui est en capacité de gérer les eaux usées de 65 000 habitants. Les déchets sont gérés par des centres de tri comme celui de Saint Martin de Belleville. Les transports « doux » sont gérés par la communauté de commune Val-Vanoise. D’autres consistent à modifier les pratiques de production du tourisme. Le but principal d’une telle action est de garantir un « tourisme maîtrisé » (Laboratoire société environnement et territoire, 2002), contenu. Pour y parvenir, le moyen essentiel consiste à mettre en place une forme de « tourisme moins concentré et plus diffus » (M. Demessine, 2000). Le tourisme durable se définit 30/38
  • 34. par opposition au tourisme de masse, il se veut « respectueux de l’environnement, des cultures, des traditions et des hommes » (M. Demessine, 2000). Cette orientation est applicable au développement des zones rurales telle que la vallée de Bozel car ce sont les espaces les plus enclins à répondre à ce type d’offre. Le tourisme durable propose une vision particulière des rapports entre l’homme et son territoire : il expose la nécessité d’associer « tous les acteurs du développement aux processus décisionnels » (M. Demessine, 2000), qu’il faut prendre en compte le rôle des populations locales, ce qui n’a pas assez était fait dans le cadre de la création du Parc National de la Vanoise et des Stations de ski plus destinées à des populations extérieures à la vallée. Du point de vue du tourisme durable (voir de l’écotourisme et l’agrotourisme), le Parc National de la Vanoise est une construction politique avant-gardiste, dans le sens où le parc gère le territoire de manière durable en menant des actions sur le long terme. Le parc apparait comme une structure d’aménagement du territoire particulièrement novateur qui aurait anticipé le mouvement actuel du développement durable. Conclusion: La vallée de Bozel s'est développée grâce au tourisme, en deux siècles elle a connu plus de changements qu'en 4000 ans. Le tourisme a radicalement changé la perception et la valorisation de l'espace. L'apparition du Parc de la Vanoise peu apprécié localement a profondément modifié le rapport entre l'homme et le territoire en régulant les pratiques, en imposant des règles et en divisant l'espace. Le tourisme s'est imposé comme l'activité dominante et a structuré le territoire et la société de la vallée. Les interactions entre parc et tourisme et élus locaux sont ponctuées de conflits et ont rythmé la vie de la vallée qui dépend directement de ces décisions. Devant le mécontentement que suscite le tourisme de masse, la conception du tourisme est en train d'évoluer lentement vers une forme plus diffuse, plus verte, plus durable. On peut alors se demander si le tourisme tel qu'il est présent dans la vallée de Bozel n'est pas un reflet de la société de consommation, de ses déboires et de son évolution. Entre protection de l'environnement par le biais du Parc National de la Vanoise et développement touristique très fort, on peut se demander si écologie et économie sont compatibles dans un même espace ou cela forme-t-il un paradoxe dont l'Etat est le principal responsable par ses décision politiques contradictoires. 31/38
  • 35. Bibliographie: Ouvrages: D.Jarrassé., 1996, Deux mille ans de thermalisme, Presses Universitaires Blaise Pascal,# 296 p O.Hoibian, 2008, L'invention de l'alpinisme, Édition Belin, 368 p L.Stephen, 1871, Le terrain de jeu de l’Europe, Editions Victor Attinger, 268 p M.Excoffier, 1988, La vallée de Bozel, l'histoire en Savoie, 48p L.Laslaz, 2004, Vanoise : 40 ans de Parc National ; bilan et perspectives, L’Harmattan, collection « Géographies en liberté », 434 p C.Mahis,dir, 2013 Une protection de l'environnement à la Française (XIX-XX° siècle), Champ Vallon, 335 p P.Guichonnet,dir, 1996, Nouvelle histoire de la Savoie, Editions Privat, 359 p C.Bressou,dir, 1967, Le Parc National de la Vanoise, Les imprimeries réunies de Chambéry, 179 p Périodiques: P.Preau, 1983, Le changement social dans une commune touristique de montagne, Saint-Bon- Tarentaise (Savoie) (premier article), Revue de Géographie Alpine, Tome 72, n°2-4, p.411-437 E.Roderick, 1930, La question de l'adret et de l'ubac, Revue de géographie alpine, Tome 18 N°1. pp. 175-187. Autres sources consultées : Parc national de la Vanoise Communauté de commune Val-Vanoise Ministère du développement durable Conseil Général de Savoie Commune de Bozel Commune de Saint-Bon-Tarentaise 32/38
  • 36. Index des Illustrations: Croquis et schémas: La division spatiale du travail dans la vallée de Bozel au XVIII et XIX siècle, N.Bonne, 2014 ….p3 Vivre ne Montagne, Station de sport d'hiver dite Courchevel 1850, D.Pradelle, 1964 …...............p8 Les zones Parc National de la Vanoise, Parc Nationaux de France, 2010 …...................................p11 La Croisette de Courchevel 1850 : l'image du Luxe ?, L.Piquerey, 2012 …...................................p20 La commune de Saint-Bon-Tarentaise, un espace de montagne marqué par le tourisme, N.Bonne, 2014 ….............................................................................................................................................p22 Le tournoi de polo sur neige à Courchevel 1850 : entre ouverture et sélection sociale, L.Piquerey, 2014 ….............................................................................................................................................p26 De Brides-les-Bains à Courchevel 1850 : la verticalité, un outil d'entre soi, L.Piquerey, 2012 …p27 Les piliers du développement durable, Organisation des Nations Unies, 1992 …..........................p30 Tableaux et Graphiques: La propriété foncière des unités pastorales d'altitude, Parc Nationaux de France,2010 ….............p13 La "peau de chagrin", ou les variations successives de superficie de la zone centrale du Parc National de la Vanoise, L. Laslaz,2003 ….......................................................................................p15 Déclin et regain du pastoralisme dans le nord des Alpes française, L.Lalsalz, 2001, d'après C.Gradelle (1999) …........................................................................................................................p21 Budgets des communes de Savoie en 2011, N.Bonne d'après le Conseil Général de la Savoie, 2014 .................................................................................................................................................p25 Répartition des habitats de la vallée de Bozel selon leur type, Conseil Général de la Savoie, 2010 …......................................................................................................................................................p28 Photos: Courchevel ou l'artificialisation de la montagne, Photo FACIM, 2010 …......................................p19 La Tania : station de quatrième génération, R.Garnier, 2010 …......................................................p29 33/38
  • 37. Résumé: La vallée de Bozel est un espace rural qui a vu ses pratiques et ses traditions remises en cause par l'activité touristique. Le tourisme s'avère être plus rentable et propose des perspectives de développement plus intéressantes que l'agropastoralisme, la sylviculture ou l'activité minière alors présentes dans la vallée. La vallée de Bozel s'est développée et s'est ouverte au monde grâce au tourisme et au prestige de ses grands domaines skiables. L'implantation et le développement des stations de ski et du tourisme de masse ont profondément modifié le paysage et l'environnement. En réponse à cela le Parc National de la Vanoise a été créé afin de protéger l'environnement. Le parc a limité le développement des stations et a engendré de nombreux conflits d'intérêt. La combinaison et les relations entres acteurs touristiques et parc ont modifié durablement la vallée de Bozel en l'espace d'à peine deux siècles. Mots-clés: Tourisme – Rural – Parc – Développement - Environnement Summary: The Bozel Valley is a rural area, these practices and traditions have been challenged by tourism. Tourism prove that it is more cost effective and it offers interesting development prospects as agro- pastoralism, forestry and mining activity while are present in the valley. The Bozel Valley has developed and opened to the world through tourism and because of the prestige of his major's ski areas. The establishment and development of ski resorts and mass tourism have profoundly changed the landscape and the environment. To deal with this phenomen the Vanoise National Park was created to protect the environment. The park limits the development of stations and therefore spawned numerous interest's conflicts. The combination and the relationships between tourism stakeholders and the park have permanently changed the Bozel Valley in term of space during a period less than two centuries. Keywords: Tourism - Rural - Park - Development - Environment 34/38