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CONSEIL SUPERIEUR DES MALADIES
INFECTIEUSES
Luxembourg, le 29 mars 2021
Présidente : Dr Thérèse STAUB
Service National des Maladies Infectieuses
Vice-présidente : Dr Isabel de la FUENTE GARCIA
Expert permanent en infectiologie pédiatrique
Secrétaire : Dr Françoise BERTHET
Direction de la Santé,
Directeur adjoint
Membres :
Dr Armand BIVER
Société Luxembourgeoise de
Pédiatrie
Dr Jean FABER
Société Luxembourgeoise de
Pneumologie
Dr Carine FEDERSPIEL
Société Médicale
Luxembourgeoise de
Géronto-Gériatrie
Thibault FERRANDON
Fédération Luxembourgeoise
des Laboratoires d’Analyses
Médicales
Dr André FOLSCHETTE
Association des Médecins-
Dentistes
Dr Silvana MASI
Direction de la Santé,
Division de la Médecine
scolaire et de la santé des
enfants et adolescents
Dr Monique PERRIN
Laboratoire National de
Santé
Dr Jean-Claude SCHMIT
Direction de la Santé,
Directeur
Dr Jean-Paul SCHWARTZ
Cercle des Médecins
Généralistes
Dr Nguyen TRUNG NGUYEN
Laboratoire National de
Santé
Dr Anne VERGISON
Direction de la santé
Division de l’Inspection
sanitaire
Marcin WISNIEWSKI
Direction de la Santé,
Division de la Pharmacie et
des médicaments
Expert permanent :
Dr Vic ARENDT
Service national des maladies
infectieuses
Recommandations du Conseil supérieur des maladies infectieuses
Vaccination des femmes enceintes et allaitantes contre la COVID-19
Le CSMI recommande la vaccination des femmes enceintes par un vaccin à ARNm
contre la COVID-19, à partir de la 10ème
semaine d’aménorrhée, selon la priorisation
suivante :
- Inclusion des femmes enceintes dans la phase 5b de la stratégie vaccinale
contre la COVID-19, en raison de leur vulnérabilité à l’infection SARS-CoV-2,
afin qu’elles soient invitées de façon prioritaire par rapport à la population
générale sans vulnérabilité ni risque spécifique ;
- Priorisation additionnelle de la vaccination des femmes enceintes lorsque les
avantages de la vaccination sont supérieurs aux risques potentiels de la
vaccination :
o En cas de comorbidité exposant la femme enceinte à une forme
sévère de la maladie (obésité morbide, pathologie respiratoire
chronique, hypertension artérielle, etc.) ;
o En cas de risque élevé d’infection en raison d’une exposition
professionnelle (secteur de la santé et des soins).
Le CSMI recommande la vaccination des femmes allaitantes contre la COVID-19, quel
que soit le produit vaccinal.
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Recommandation du CSMI concernant la vaccination des femmes enceintes et allaitantes
contre la COVID-19
1. Grossesse
Vaccins à ARNm
Actuellement, bien qu’il n’existe que des données limitées sur la vaccination de la femme enceinte
contre la COVID-19 (les femmes enceintes ayant été exclues des études cliniques de phase III),
aucun risque lié à cette vaccination n’a été enregistré à ce jour.
Les études effectuées chez l’animal n’ont pas mis en évidence d’effets nuisibles sur la grossesse, le
développement du fœtus pendant la grossesse, l’accouchement ou le nouveau-né.
Par ailleurs il n’y a pas de raison de croire que les vaccins à ARNm auraient un effet différent chez
les femmes enceintes que chez les autres adultes. Au vu de l’effet local (sur le site de l’injection)
avec dégradation rapide de l’ARNm, l’absence d’intégration de l’ARN dans l’ADN cellulaire,
l’absence de pouvoir infectant de ces vaccins, et la très faible probabilité de passage
transplacentaire du vaccin, sur le plan théorique, il ne semble pas qu’il puisse y avoir un risque pour
le fœtus.
Depuis le début de la vaccination contre la COVID-19 par les vaccins à ARNm, aux USA, les femmes
enceintes qui le souhaitent peuvent être vaccinées, quel que soit le terme de leur grossesse.
Environ 30.000 femmes auraient déjà reçu un vaccin ARNm au cours d’une grossesse (CDC-ACIP
meeting du 1 mars 2021) ; la plupart d’entre elles n’ont pas encore accouché mais à ce jour aucun
effet maternel ou fœtal particulier n’est rapporté.
Les données d’immunogénicité de ces vaccins montrent, chez les femmes enceintes, une efficacité
comparable à celle qui est observée chez des femmes du même âge.
Plusieurs études sont actuellement menées afin d’évaluer la sécurité́ des vaccins ARNm contre la
COVID-19 chez la femme enceinte, dont les résultats sont attendus dans les mois et les années qui
viennent.
Vaccins à vecteur viral
Les vaccins actuellement disponibles contiennent des adénovirus dépourvus de pouvoir infectant et
aucun effet nocif particulier n’est attendu sur le développement du fœtus. Cependant, en dehors
des données rassurantes à propos de la vaccination Ébola chez les femmes enceintes (avec le
vecteur Ad26), très peu de données concernant l’effet de la vaccination avec les vaccins à vecteur
viral sur la grossesse sont disponibles. Les études de toxicité sur la reproduction chez l’animal sont
en cours pour le vaccin AZ. Dans le cas du vaccin Janssen, les études n’ont pas montré d’effet
tératogène sur le fœtus.
Des études cliniques sont prévues dans les prochains mois, y compris la création d’un registre
spécifique pour les femmes enceintes vaccinées avec ces vaccins.
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Conclusion du CSMI concernant la vaccination des femmes eceintes
En conclusion, compte tenu des données actuellement disponibles, compte tenu de la vulnérabilité
de la femme enceinte face à l’infection COVID-19 ainsi que du risque accru d’accouchement
prématuré/fausse couche en cas d’infection, et en accord avec l’OMS et plusieurs sociétés savantes
(Society for Maternal Fetal Medecine, Practice Advisory from the American College of Obstetricians
and Gynecologists, Task Force vaccination belge…) le CSMI :
- Rappelle que la grossesse ne constitue pas une contre-indication à la vaccination contre la
COVID-19 ;
- Recommande d’inclure les femmes enceintes dans la phase 5b de la stratégie vaccinale
contre la COVID-19, en raison de leur vulnérabilité à l’infection SARS-CoV-2, afin qu’elles
soient invitées de façon prioritaire par rapport à la population générale sans vulnérabilité ni
risque spécifique ;
- Recommande de prioriser davantage la vaccination des femmes enceintes lorsque les
avantages de la vaccination sont supérieurs aux risques potentiels de la vaccination :
o En cas de comorbidité exposant la femme enceinte à une forme sévère de la
maladie (obésité morbide, pathologie respiratoire chronique, hypertension
artérielle, etc.) ;
o En cas de risque élevé d’infection en raison d’une exposition professionnelle
(secteur de la santé et des soins).
Cette recommandation s’applique pour le moment exclusivement aux vaccins de type ARNm en
attendant plus de données pour les vaccins à vecteur viral.
La vaccination doit se faire, dans la mesure du possible, après 10 semaines d’aménorrhée (au vu de
la réactogénecité vaccinale incluant la fièvre, qui peut augmenter le risque de teratogénécité au
premier trimestre)
Les femmes souhaitant une grossesse sont également invitées à ne pas reporter la vaccination vu
l’absence de risque d’altération de la fertilité.
2. Allaitement
Il n’existe actuellement aucune étude d’administration des vaccins contre la COVID-19 en cours
d’allaitement. Par contre, vu que les vaccins disponibles actuellement sont administrés par une
injection intramusculaire (et non IV), la probabilité́ que le vaccin ou un de ses composants passe
dans le lait maternel est très faible. La probabilité́ d’un effet sur le nourrisson allaité est quasi nulle
et, en contrepartie, la protection de la mère contre l’infection via la vaccination pourrait protéger
son nourrisson de l’infection dans certains cas (les nourrissons sont la plupart du temps infectés par
leurs parents). Le Joint Committee on Vaccine and Immunisation du Royaume-Uni, l’OMS et
multiples comités savants ont avisé positivement la vaccination des femmes allaitantes par tous les
vaccins actuellement disponibles contre la COVID-19.
Au vu de ces éléments, une vaccination par vaccin à ARNm ou à vecteur viral contre la COVID-19
peut être recommandée chez une femme qui allaite, et l’allaitement ne doit donc pas retarder
l’administration de la vaccination contre la COVID-19.
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La présente recommandation est susceptible d’être mise à jour en fonction de l’arrivée de données cliniques et
épidemiologiques et de l’acquisition de nouvelles connaissances en matière de protection et de sécurité
vaccinale.
Cette recommandation a été rédigée par le Dr Isabel de la Fuente Garcia ; elle a été discutée en séance du
CSMI le 23 mars 2021 et validée par voie électronique sous sa forme finale par les membres en date du 25
mars 2021 ; elle a été approuvée par la Société luxembourgeoise de gynécologie et d’obstétrique ; elle
remplace les sections « Grossesse » et « Allaitement » des recommandations concernant les vaccins Comirnaty
et COVID-19 Vaccine Moderna.
Références
CRAT - Centre de Référence sur les Agents Tératogènes. Vaccins contre la Covid 19-Grossesse et
allaitement (mise à jour du 18 mars 2021) lecrat.fr/
Rasmussen S. et al. Coronavirus Disease 2019 (COVID-19) Vaccines and Pregnancy: what
obstetricians need to know. Obstet Gynecol. 2021 Mar 1;137(3):408-414.
DOI: 10.1097/AOG.0000000000004290
Vax info.org. COVID-19 : vaccination pendant la grossesse. 22 mars 2021. COVID-19 : vaccination
pendant la grossesse - Vax Info (vaxinfopro.be)
Gray K., et al. COVID-19 vaccine response in pregnant and lactating women: a cohort study. Am
JOG. 25 March 2021. DOI:https://doi.org/10.1016/j.ajog.2021.03.023
Avis du Conseil supérieur des maladies infectieuses. COVID-19 et grossesse. 1er octobre 2020.