Depuis de nombreuses années, les métiers de la logistique sont en très forte transformation numérique. Ce document a trois objectifs :
- Permettre aux responsables logistiques d'acquérir une vision globale du changement à l'oeuvre pour les aider à prendre les bonnes décisions de transformation
- Permettre aux prestataires numériques d'approfondir leur connaissance des besoins des entreprises de la filière logistique pour concevoir des solutions adaptées
- Permettre aux acteurs publics du développement économique de mieux comprendre la transformation à l'oeuvre pour mieux accompagner les entreprises de la filière logistique.
Logistique et numerique - Se transformer ou s'exclure du marché
1. 1 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Logistique
& numérique
Se transformer ou s’exclure du marché ?
2.
3. 3 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Logistique & numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
ÉDITO
“Relier efficacement les chaînes d’approvisionnements, de
production et de distribution jusqu’au consommateur final“.
Tel pourrait être résumé, de manière synthétique, le champ de
la logistique. Les défis pour répondre à de tels objectifs sont
cependant nombreux et les solutions peuvent être parfois
complexes pour apporter la valeur ajoutée nécessaire à chacune
des étapes de cette chaîne de valeur. Le numérique pourra,
aujourd’hui déjà et encore plus demain, faciliter la réussite de
ces challenges, en enrichissant les flux d’informations, d’une
part entre les acteurs logistiques, et d’autre part avec leurs
clients tout en garantissant une traçabilité sans rupture, tout
au long de la chaîne.
Au cours de l’histoire, la Normandie s’est volontairement
positionnée comme territoire d’excellence en matière logistique
considérant ses atouts géographiques majeurs, le dévelop-
pement des infrastructures et son fort caractère industriel.
Plus récemment, notre territoire s’affirme comme une terre
du numérique, riche de pépites locales, connues et reconnues,
notamment à travers la labellisation Normandy French Tech.
LaCCINormandie,aveclesoutiendelaRégionHaute-Normandie,
a donc voulu recueillir à travers l’Observatoire Régional du
Numérique, le témoignage de dirigeants d’entreprise régionale
référente dans ces secteurs, afin de vous apporter les clefs de
lecture pour décrypter les enjeux d’aujourd’hui et de demain
en matière de numérique et de logistique.
Bonne lecture
Xavier SAVIN
Élu référent économie numérique CCI Normandie
4. 4 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Sommaire
Enquête filière logistique et numérique p 05
Une logistique agile tournée vers l’avenir p 06
Interview Alain Verna - Président Logistique Seine Normandie
La transformation numérique : un enjeu de fidélisation des clients p 08
Interview Robin Poté - Directeur du Critt Transport et Logistique
Traçabilité et optimisation des flux p 10
Comment garantir la fiabilité de l’information ? p 11
Organiser la captation des données de traçabilité
dans le système d’information p 13
L’entrepôt du futur sera-t-il robotisé ? p 16
Le big data en temps réel p 17
Sur quoi repose une démarche big data ? p 17
Vers une gestion des flux pilotés en temps réel tout au long
de la chaîne logistique p 18
Anticiper les prévisions de commande à plus de 90% p 19
Interview Arnaud Muller - Creative Data
Utiliser la donnée pour ajuster la distribution d’un acteur
majeur de la vente de détail de téléphones portables p 20
Interview Bertrand Lefebvre - Acsiome
Perspectives d’évolution du secteur p 21
Se transformer ou s’exclure des marchés p 21
Vers une concentration des acteurs ? p 21
Des enjeux de formation à tous les étages au cœur
de la transformation numérique p 22
Préconisations d’intervention pour les acteurs publics p 23
5. 5 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Logistique numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Enquête filière logistique
et numérique
Cette publication est une synthèse d’entretiens et de réunions collectives
menés avec des dirigeants d’entreprise normande représentant l’ensemble
des maillons de la chaîne logistique et des experts de la filière en collabo-
ration avec LSN, logistique Seine Normandie, le Critt transport logistique et
les clubs logistiques normands. Des spécialistes de solutions numériques
destinées à la logistique ont aussi apporté leur contribution.
Retrouvez des interviews et des vidéos
de conférences sur le site :
www.cci-numerique-normandie.fr
Rédacteur
Fanch Daniel, CCI Normandie
Contributeurs Experts logistique
Alain Verna, Logistique Seine Normandie
Robin Poté, Critt Transport Logistique
Docteur Yann Alix, Sefacil
Jonathan Thibout-Curtinha, PWC
Contributeurs prestataires numériques
Arnaud Muller, Creative Data
Bertrand Lefebvre, Acsiome
Karim Safi, S2F Network
Emmanuel Ratel, ORIGYN
Hervé Cavenel, Web et Solution
Remerciements
Aux 27 contributeurs qui ont accepté de participer aux échanges et sans
lesquels ce document n’aurait pas pu voir le jour.
Une publication de l’ORETIC - l’Observatoire Régional du Numérique,
une action collective à l’initiative de la CCI Normandie avec le soutien de
la région Haute-Normandie.
6. 6 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Enquête filière logistique et numérique
Une logistique agile
tournée vers l’avenir
Logistique Seine Normandie (LSN) est la filière logistique en Haute-
Normandie. Elle développe une expertise pour pouvoir informer et
conseiller l’ensemble des acteurs de la chaîne logistique présents
en Normandie et mène des actions pour accompagner les PME de
la filière dans l’amélioration de leur compétitivité. Alain Verna est
Président de Toshiba TEC Europe Imaging Systems (TEIS), centre de
logistique du groupe Toshiba. Depuis 2013, il est aussi le Président
de l’association Logistique Seine Normandie.
L’exigence de la traçabilité
Les grands donneurs d’ordre sont de plus en plus exigeants concernant
l’information qui leur est transmise. Ils souhaitent savoir où sont leurs
produits et connaître précisément le moment de la livraison. Pour satis-
faire ces exigences, les prestataires doivent faire évoluer leur solution
numérique. C’est pourquoi la transformation numérique est un véritable
enjeu de compétitivité.
Transformation numérique : des projets organisationnels
où l’implication des salariés est centrale
La transformation numérique n’est pas qu’un projet technique. C’est
aussi un projet de transformation organisationnelle impliquant les façons
de travailler et les tâches à réaliser. Ces nouvelles tâches impliquent de
nouvelles compétences. C’est pourquoi la formation des salariés doit être
au cœur de ces projets.
La différenciation retardée : une solution pour réintroduire
de la valeur ajoutée dans la chaîne logistique
Avec la mondialisation, de nombreuses grandes entreprises ont tendance
à délocaliser leur production dans les pays low cost et à importer des
produits finis. Cela se traduit par une perte d’activité sur nos entreprises
et par une distribution qui consiste à déplacer des cartons en apportant
peu de valeur ajoutée.
Dans le cas de Toshiba, les photocopieurs sont assemblés en Chine.
Ceux importés en France passent cependant par le site industriel de
Dieppe pour faire l’objet d’une configuration à la demande. Tout l’enjeu
de la différenciation retardée consiste à retenir des produits sur des sites
logistiques industriels. Ces produits qui peuvent être fabriqués en France
ou importés vont alors être personnalisés pour pouvoir répondre à des
attentes spécifiques de clients.
L’ outil informatique : la clef de voute permettant de gérer
des volumes et une personnalisation pour chaque client
Assurer ce service de personnalisation implique un outil informatique
performant. Il rend d’abord possible la gestion de grands volumes de
demandes spécifiques reçues en temps réel. Il permet ensuite d’organiser
le travail pour y répondre sur des délais très courts.
Interview
Alain Verna
Président Logistique Seine
Normandie
7. 7 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Deux enjeux majeurs : la prévision de la demande et la
planification
Les donneurs d’ordre industriels utilisent des ERP (Enterprise ressource
planning) très performants pour gérer des prévisionnels d’activité. Toutefois,
ce ne sont pas ces solutions qui permettent de s’adapter à une demande
fluctuante de clients. L’enjeu est donc de pouvoir associer un mode
prévisionnel apporté par l’ERP avec un mode d’adaptabilité apporté par
des méthodes organisationnelles.
La surenchère technologique n’est pas nécessairement
la solution
Les entreprises industrielles comme la nôtre doivent gérer la chaîne
logistique de bout en bout. Cela implique de gérer l’approvisionnement
de pièces détachées, la fabrication, puis l’expédition et la distribution aux
clients. Par ailleurs, le tournant du lean manufacturing est désormais très
engagé. Il implique une bien meilleure intégration de la chaîne logistique
pour pouvoir limiter les stockages inutiles.
Nous échangeons très régulièrement avec nos sous-traitants sur les
rythmes de consommation des pièces et nous donnons une visibilité sur
trois semaines en apportant des mises à jour quotidiennes. Ces échanges
d’informations sont cruciaux car ils rendent possible la mise en œuvre
d’une organisation très agile avec nos fournisseurs.
Pour ces échanges, il aurait été possible d’interconnecter les systèmes, mais
cela aurait impliqué des coûts significatifs qui auraient exclu des petites
entreprises avec qui nous travaillons. C’est pourquoi nous avons fait un
choix à contre-courant : avec nos plus petits partenaires, nous privilégions
une organisation flexible utilisant des outils simples et peu coûteux : nous
échangeons des fichiers CSV via FTP et cela convient parfaitement.
En quoi consistent les accompagnements proposés aux
entreprises par LSN ?
En nous inspirant des méthodes d’organisation industrielle, nous souhaitons
impulser des démarches de progression dans les entreprises logistiques.
Nous proposons pour cela à des chefs d’entreprise de s’engager dans une
démarche sur trois ans.
L’enjeu consiste à concilier une démarche de développement économique
de l’entreprise tout en assurant une responsabilité environnementale
et sociétale, associées à la nécessaire transformation numérique des
organisations. C’est tout le sens du Label Performance Logistique Durable
(Label ‘6PL’) que nous proposons de mettre en oeuvre et de déployer sur
le périmètre géographique de l’Axe Seine.
ÉTAPE N°1 ÉTAPE N°2 ÉTAPE N°3
Ed quati cuptiur as cus, sint
velest, quasitiae nosam evenis.
Nem qui deribusda explis est,
conseque nost.
Itat autatia quam nos eos
perum, sectur, auditatem.
8. 8 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Enquête filière logistique et numérique
La transformation
numérique : un
enjeu de fidélisation
des clients
Association labellisée par le ministère de la Recherche, le Critt
Transport et Logistique est un centre de conseils et d’innovation
logistique qui a pour vocation d’accompagner les transporteurs et
les entrepôts afin d’accroître leur productivité et se différencier de
leurs concurrents.
Garder le client avec des prix attractifs
Contrairement à la production industrielle qui peut impliquer des savoir-faire
particuliers, nombreux sont les manutentionnaires et les transporteurs
dont le savoir-faire peut être facilement copié. Il existe de surcroît une
offre abondante de prestation logistique et cette concurrence tire les prix
vers le bas. Face à cette forte tension, deux des principales priorités des
logisticiens consistent à réduire les coûts et fidéliser le client avec une
offre de services de qualité.
Une transformation numérique tirée par les exigences
des clients
Ce sont les clients des entreprises logistiques qui représentent les principales
forces de transformation numérique. Ils peuvent, par exemple, souhaiter
mettre en place un système d’EDI (Échange de Données Informatisé),
ou intensifier les échanges pour pouvoir traiter les flux en temps réel. Ils
peuvent vouloir déployer une traçabilité en utilisant des puces RFID (Radio
frequency identification).
Ces éléments deviennent des prérequis pour pouvoir répondre à des appels
d’offres et poussent les entreprises du secteur à se transformer.
Fidéliser par le service
Pour conserver des contrats à plus long terme, la meilleure des méthodes
consiste à répondre aux nouvelles exigences des clients en interfaçant
leurs systèmes d’informations. Car une fois mis en place et une fois les
processus rodés, le donneur d’ordres doit, lui aussi, amortir les investisse-
ments réalisés pour déployer les échanges de données et n’a pas intérêt
à tout remettre en cause.
Le pilotage des flux en temps réel
Les donneurs d’ordres sont de plus en plus demandeurs de la possibilité
de pouvoir piloter leurs flux de marchandises en temps réel. Il s’agit de
savoir à chaque instant où se situe la marchandise. Cela s’inscrit dans
des stratégies d’acquisition de données dans des solutions permettant
d’optimiser les flux.
Interview
Robin Poté
Directeur du Critt Transport
et Logistique
9. 9 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Trois niveaux d’optimisation apportés par les outils
numériques
Les solutions numériques répondent avant tout à des besoins d’optimi-
sation. Pour les donneurs d’ordres, il s’agit notamment d’optimiser les
flux, d’accroître la traçabilité et de réduire les risques par un pilotage de
la chaîne de production et de distribution en temps réel.
NIVEAU
1
NIVEAU
2
NIVEAU
3
L’optimisation opérationnelle
Les solutions d’optimisation opérationnelle
font en sorte qu’un acteur soit capable
d’optimiser ses échanges d’information
au quotidien avec les autres acteurs de la
chaîne.
L’optimisation tactique
Les logiciels d’optimisation tactique visent à
tester différentes configurations de l’entrepôt
en fonction d’hypothèses de flux de mar-
chandises. Ce type d’approche aide à prendre
des décisions à moyen terme en projetant
une organisation pour les six prochains mois.
L’optimisation stratégique
Ces outils permettent d’accompagner les
choix d’implantation géographique de sites
logistiques ou industriels. Le logiciel permet
de réaliser des simulations en fonction de la
facilité d’accès des flux de marchandises au
site et des coûts de main-d’oeuvre.
10. 10 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Traçabilité et optimisation des flux
Traçabilité et
optimisation des flux
Les clients des transporteurs et des logisticiens sont souvent de grandes
entreprises. Elles ont besoin de traçabilité pour deux principales raisons.
Il s’agit tout d’abord d’assurer la qualité des produits.
C’est particulièrement vrai dans la gestion de la chaîne du froid ou dans
l’industrie pharmaceutique. L’autre enjeu concerne l’optimisation des flux
de production et de distribution. Une bonne traçabilité permet de connaître
en temps réel la position de l’ensemble de ses stocks afin de pouvoir
réagir plus rapidement face à un pic de consommation ou une baisse de
la demande. Organiser la traçabilité de ces volumes gigantesques est
un véritable défi. Cela implique d’associer chaque produit à un descriptif
complet de ses transformations et des étapes de son transport. Pour y
arriver, chaque intervenant de la chaîne doit renseigner des informations
à toutes les étapes et faire en sorte que ces informations soient justes.
À l’avenir, cette traçabilité jouera aussi un rôle dans la responsabilité
sociale et environnementale afin de pouvoir garantir aux consommateurs
des modes de production et de transport respectueux des humains et de
l’environnement.
Le défi
des quantités
transportées
Un conteneur peut contenir
des milliers de produits
et les portes-conteneurs
nouvelle génération pourront
déplacer plus de vingt-mille
conteneurs.
11. 11 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Comment garantir la fiabilité de
l’information ?
L’information numérique reçue peut être erronée pour trois raisons.
La première implique une fraude et des informations délibérément
fausses transmises en amont. La deuxième peut être liée à des
informations manquantes. La troisième raison peut être liée à des
erreurs de saisie.
Traçabilité : comment s’explique l’histoire des lasagnes
au cheval ?
Retrouver massivement de la viande de cheval dans des lasagnes au
bœuf implique nécessairement une fraude. Le système devient biaisé dès
lors que des lots de viande de cheval sont étiquetés comme étant de la
viande de bœuf. À partir de cet instant, l’information entrée par le fraudeur
se déverse dans tous les systèmes en aval et les entreprises suivantes
peuvent transformer le produit sans avoir conscience que celui-ci n’est
pas conforme.
Limiter les informations manquantes en travaillant la
traçabilité au niveau de ses processus d’achat
La fiabilité de la donnée dépend avant tout de la qualité et de l’exhausti-
vité des informations fournies. Une entreprise qui souhaite améliorer la
traçabilité de ses produits devra donc vérifier que les données transmises
par le fournisseur permettent effectivement d’identifier les différents
sous-produits et les lots concernés.
Garantir l’absence de fraude :
la solution n’est pas technique, elle relève de la
certification et des contrôles
Tels qu’ils sont conçus, les systèmes ne garantissent pas que l’information
soit vraie, ils se contentent de la transmettre. Le problème n’est donc
pas technologique, il relève du contrôle des acteurs et des produits.
La solution consiste à développer des certifications efficaces qui visent
à garantir la confiance entre les acteurs de la chaîne de production
et de transport. Cependant, pour que cette certification soit efficace,
elle doit se baser sur des contrôles réguliers de la marchandise au
cours desquels la conformité entre les produits et l’information qui les
accompagne sont évaluées.
12. 12 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Traçabilité et optimisation des flux
Limiter les erreurs de saisie grâce aux technologies
Les technologies de traçabilité performantes sont conçues pour gérer des
volumes très significatifs en normalisant l’information et en limitant les
erreurs liées à des doubles saisies. Elles impliquent cependant d’organiser la
captation de l’information, son analyse dans des logiciels et sa transmission
dans la chaîne des acteurs.
ÆÆ L’échange de document informatisé (EDI) : pour réaliser des
échanges en temps réel entre les partenaires
Dans les meilleurs cas, le logiciel de gestion de l’entrepôt communique avec
celui du client qui est alors informé en temps réel de son niveau de stock
ou si la marchandise a été chargée. Si cette approche est déjà répandue
entre les grands donneurs d’ordres et les grands sous-traitants, elle reste
encore un véritable enjeu dans de nombreux cas d’entreprises plus petites.
De l’avis de l’ensemble des acteurs interrogés, les connexions entre les
systèmes d’informations de partenaires et l’utilisation de plateformes
collaboratives représentent les principales évolutions numériques au cours
des dernières années. Ce mouvement est déjà très engagé et continuera
vraisemblablement à s’intensifier car il correspond aux nouvelles attentes
des donneurs d’ordres dans leur stratégie d’acquisition de données liées
au Big Data et au pilotage de leurs flux en temps réel.
ÆÆ Les plateformes collaboratives entre les prestataires
Par exemple, le logiciel Sone de la SOGET est une plateforme collaborative
qui permet aux acteurs de la chaîne logistique de fluidifier au niveau national
l’ensemble des échanges liés au commerce extérieur. Une communauté
d’acteurs tels que les armateurs, les terminaux portuaires, les transitaires,
les entrepôts et les transporteurs s’y connecte et partage de l’information.
Ce logiciel permet de s’informer en temps réel des flux de marchandises
et d’éviter les doubles saisies. Soit les entreprises entrent les informations
sur la plateforme de façon automatique par EDI, et pour celles qui n’ont
pas réalisé les connexions, il est possible de s’y connecter et de renseigner
les informations manuellement.
ÆÆ La dématérialisation massive des flux d’information
poussée par l’administration douanière
En un quart de siècle, les entreprises de la logistique sont passées de
systèmes basés sur le papier à des transferts d’information massivement
dématérialisés dans des volumes qui ont augmenté de façon exponentielle.
Ce mouvement s’est particulièrement accentué dans les dernières années
dans les entreprises qui gèrent les formalités douanières.
13. 13 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
ENTREPÔT
Organiser la captation des
données de traçabilité dans
le système d’information
Des logiciels métiers : les chefs d’orchestre qui traitent
la donnée pour donner une visibilité en temps réel
Les WMS (Warehouse Managment System) permettent de gérer les stocks
en temps réel dans l’entrepôt. Ils captent les informations sur les produits
entrés dans les stocks et enregistrent leurs positions dans l’entrepôt. Ils
organisent la préparation des commandes et optimisent les déplacements
des préparateurs pour éviter de leur faire parcourir des trajets inutiles.
Pour les transporteurs, les logiciels utilisés sont les TMS (Transport
management system). Ils permettent de gérer une flotte de camions en
optimisant les taux de chargement et les trajets qu’ils ont à parcourir. Ces
types de logiciels ont commencé à être développés il y a une quinzaine
d’années et n’ont pas cessé d’évoluer depuis. On les retrouve aujourd’hui
sous forme d’applications accessibles sur internet et hébergées chez un
prestataire spécialisé.
L’utilisation d’application smartphone pour la
traçabilité des camions
Pour des applications qui ne nécessitent pas des utilisations dans
des environnements extrêmes, les smartphones grand public peuvent
parfaitement répondre à des besoins professionnels. Et contrairement à
des terminaux spécifiques, les smartphones grand public ont des coûts
beaucoup plus attractifs et les technologies permettant de développer des
applications sont maîtrisées par de nombreux prestataires.
Ce type d’application enverra, par exemple, au client qu’à 10h52, le chauffeur
de tel camion a bien laissé 14 bouteilles de gaz au carrefour Mont-Saint-
Aignan. Elle permet donc de renseigner son système d’information en
temps réel sur l’état des livraisons et sur leur contenu. En cas de retard,
elle permettra aussi de rassurer le destinataire en lui communiquant la
position du camion.
14. 14 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Traçabilité et optimisation des flux
Le code barre : le standard du secteur
Une fois l’information structurée dans le système d’information, il devient
possible d’imprimer des codes-barres. Ils sont à la fois positionnés sur
un produit, le colis contenant les produits et la palette contenant les colis
de produits. Ils font référence à des informations entrées dans la base de
données.
Prenons l’exemple d’une palette déchargée. Lorsque l’opérateur scanne le
code-barre, le logiciel comptabilise tous les produits contenus sur la palette
et procède à une mise à jour du stock de marchandises en temps réel.
Le logiciel envoie une information sur le terminal de l’opérateur dans laquelle
Il indique le rack où il faut aller stocker les produits. Chaque rack est aussi
associé à un code-barre. En le scannant, l’opérateur pourra associer la
palette à ce rack dans le logiciel. De la même manière, lorsqu’un camion
charge la palette en sortie d’entrepôt, l’opérateur scannera le camion puis
la palette afin de mettre à jour les stocks. Cette procédure permet aussi
de faire le lien avec le transporteur et la chaîne logistique située en aval.
Suite à un problème de qualité, une alerte peut alors être lancée dans
le logiciel de gestion. Le système est alors en capacité d’identifier très
rapidement des lots de fournisseurs à vérifier et leurs emplacements.
Un réseau WiFi de qualité : une composante essentielle
pour organiser la remontée d’information dans le
logiciel
Pour pouvoir piloter plus efficacement la logistique de l’entrepôt, il faut
pouvoir aller chercher l’information là où elle se trouve. Le réseau WiFi
prend une importance capitale car de nombreuses informations cruciales
vont y transiter. Le type d’information concernera en particulier les
échanges entre pistolet à code-barre et le logiciel de gestion, mais aussi
celle de bascules de pesées ou des images transmises par des caméras
de surveillance. Le système doit donc être robuste et couvrir parfaitement
l’ensemble de l’entrepôt.
La RFID, une solution prometteuse mais qui peine à
s’imposer
Les puces RFID (Radio frequency identification) peuvent représenter un
saut technologique permettant d’accroître la fluidité de l’information
dans la chaîne logistique. Le principe consiste à associer les produits, les
cartons et les palettes à des puces RFID qui peuvent contenir des quantités
importantes d’information et les communiquer par radio fréquence.
15. 15 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Toutes les palettes passant sous un portique de détection peuvent donc
être comptabilisées dans le système sans réaliser de scan manuel. Par
ailleurs, des technologies impliquant des drones réalisant des tournées dans
l’entrepôt permettent d’envisager des inventaires entièrement automatisés
réalisés quotidiennement sans surcoût.
« Le code-barre reste cependant
difficile à détrôner »
Malgré ces promesses, la RFID peine encore à s’imposer. En effet la valeur
d’un système de traçabilité dépend de son traitement dans toute la chaîne
logistique. Aujourd’hui, le code-barre reste le système de référence car
l’ensemble des acteurs est équipé et le maîtrise parfaitement et ses coûts
de gestion sont maîtrisés. En revanche, les équipements de lecture des
puces RFID restent encore coûteux et pouvoir bénéficier des fonction-
nalités implique des investissements souvent au-delà des possibilités
d’amortissement de structures de taille intermédiaire.
Des lunettes intelligentes pour augmenter la
productivité des préparateurs de commandes
Ce type de solution pourra remplacer les pistolets à scanner les codes-barres
tout en libérant les mains des préparateurs de commande. Il deviendra
aussi possible d’intégrer des informations supplémentaires dans leur
champ de vision. On pourra, par exemple, donner la position exacte du
produit à récupérer dans l’entrepôt ou envoyer une alerte si la manipulation
du produit nécessite des précautions particulières.
Évoluer vers une logistique du e-commerce
Pour pouvoir à la fois proposer une logistique traditionnelle et une logistique
e-commerce à des acteurs de la grande distribution, il faut pouvoir se
doter d’un système informatique capable de prendre à la fois en compte
des volumes significatifs de commandes expédiées sur palettes et des
demandes individuelles de clients. Le logiciel doit de surcroît être totalement
interconnecté avec le site web d’e-commerce et les transporteurs pour
pouvoir transmettre au client final des informations sur la préparation et
l’acheminement de son colis. Répondre à ces problématiques spécifiques
implique de se doter d’un logiciel de gestion d’entrepôts adapté et de
réaliser des connexions EDI avec ses partenaires.
Réussir à s’adapter aux pics de demande
Adresser des marchés grand public implique très souvent de devoir faire face
à d’importantes fluctuations liées à des pics de saisonnalité. L’adaptabilité
de la masse salariale à la charge d’activité est donc cruciale, et cette
adaptabilité nécessite une capacité à anticiper la demande efficacement.
Cela peut faire appel aujourd’hui à de nouvelles technologies autour du
big data et des analyses prédictives.
16. 16 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Traçabilité et optimisation des flux
L’entrepôt du futur sera-t-il
robotisé ?
L’usine du futur va intensifier son recours à l’informatique et à la robotique.
Cependant, les modèles de retour sur investissement dans ces technologies
restent encore hasardeux. Ceux qui pourront investir dans ces technologies
sont plutôt les grands donneurs d’ordres en amont ou en aval de la chaîne
logistique ou de grands logisticiens sécurisés par leurs contrats sur
plusieurs années. Les volumes très importants de transaction peuvent
alors justifier des robotisations d’activité.
Dans ce type d’entreprise, on envisage une évolution vers des entrepôts plus
denses et plus grands avec des systèmes de préparation de commande plus
automatisés. Des robots seront à même d’aller chercher les produits dans
les rayonnages pour les amener à des gares de préparation de commande
où des opérateurs s’occuperont de la préparation de commande sans
avoir à bouger.
Un risque sur la flexibilité ?
Les grands systèmes d’entrepôts entièrement automatisés impliquent
un risque très important de perte de flexibilité car la modification d’une
chaîne robotisée nécessite des compétences en ingénierie informatique
et des délais parfois très significatifs.
L’exosquelette : la puissance de la machine et le
cerveau de l’humain au service d’entrepôts agiles
Dans une problématique d’âge de la retraite qui recule, et pour gérer ces
situations de pénibilité du travail dans les entrepôts, une solution pas-
sera probablement par les exosquelettes ou les robots accompagnant de
charges. L’enjeu n’est pas de remplacer l’humain par le robot, mais bien de
l’accompagner. Dès lors, des opérateurs pourront porter cent kilogrammes
de charges sans effort et conserver toute leur intelligence pour réaliser
des tâches en s’adaptant facilement à des ajustements de l’entrepôt. Ce
type de technologie sera donc probablement plus facile à intégrer dans
des entreprises de taille intermédiaire et offrira des alternatives crédibles
à la robotisation intégrale.
17. 17 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Le big data en temps réel
Les nouvelles frontières de l’informatique au service de la gestion
d’entreprise et de la performance industrielle
Sur quoi repose une démarche
big data ?
Avec le développement des capteurs placés sur les machines, la géolo-
calisation des transports et des puces RFID placées sur les produits, il y
aura dans les années à venir un accroissement du volume de données
exponentiel. Les informations importantes peuvent se situer en interne
ou en externe. Elles peuvent être transmises par des flux EDI provenant
de partenaires. Pour le transport maritime, elles peuvent aussi se situer
dans des bases de données issues des systèmes météorologiques et
océanographiques.
« Les sources de données
se multiplient »
Tirer de la valeur du Big data implique de maîtriser
un processus en cinq étapes.
ÆÆ La première étape consiste à bien comprendre les différents besoins
d’utilisateurs. On pourra alors identifier des lieux de captation de données
pertinentes qui vont répondre à leurs problématiques.
ÆÆ La seconde étape implique d’installer des capteurs et d’organiser la
remontée des informations dans le système.
ÆÆ La troisième étape est un traitement informatique qui vise à garantir
l’intégrité des données et faire en sorte qu’elles puissent dialoguer
entre elles.
ÆÆ Lors de la quatrième étape, on programme des traitements infor-
matiques dans le but d’extraire de l’information à valeur ajoutée de la
masse de données.
ÆÆ La cinquième et dernière étape consiste à restituer ces informations
sous forme de tableaux de bord facilement compréhensibles et orientés
sur les besoins métiers des utilisateurs.
Anticiper les risques pour réduire leur impact
Les solutions big data donnent l’opportunité d’acquérir une vision plus
claire sur ce qui va se vendre sur un marché. En répercutant l’information
sur l’ensemble de la chaîne logistique et sur la production, on peut alors
réduire deux risques majeurs de la chaîne logistique : le surstockage ou
la rupture de la chaîne d’approvisionnement.
Un troisième risque qui pourra être mieux anticipé concerne les événements
provoquant des retards. Pour les entreprises industrielles qui travaillent en
flux tendus, il s’agit d’éviter les ruptures d’approvisionnement provoquant
des arrêts de la production. Pour les autres prestataires logistiques, il s’agit
d’anticiper les cascades de retards provoqués lors d’une étape en amont.
18. 18 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Le big data en temps réel
Vers une gestion des flux pilotés
en temps réel tout au long de la
chaîne logistique
Il devient possible de connaître en temps réel la position de
l’ensemble des stocks répartis sur les sites de production, les
plateformes logistiques et dans le réseau de distribution tout en
surveillant les flux de colis entre ces points.
Optimisation des canaux de transport
Si un client commande cinq colis, faut-il lui faire cinq colis séparés ou
envoyer un conteneur ? La solution n’est pas toujours évidente. Le big
data permettra d’apporter des solutions en comparant l’ensemble des
offres de prestataires logistiques qui relient deux points sur des critères
de taille de colis, de prix, de type de transport et de délais. D’une manière
plus globale, il rend possible l’étude de grands scénarii de flux de produits
à l’échelle internationale en identifiant le choix des ports et des routes
maritimes optimales.
La modélisation de l’ensemble des paramètres de la
performance industrielle au service des stratégies
d’implantation des grands groupes
Ce type d’approche permettra aussi d’étudier des scénarii d’implantation de
sites industriels et de plateformes logistiques visant à garantir l’efficacité
maximale du réseau global de production et de distribution.
19. 19 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Anticiper les prévisions de
commande à plus de 90%
Nous avons un client qui vend des dispositifs médicaux à des établissements
de santé. Provenant essentiellement du secteur public, ces commandes sont
donc soumises à des appels d’offres. Lorsqu’ils sont remportés, il faut alors
pouvoir délivrer en 48h des quantités très importantes de produits. Pour
cela, il est crucial de constituer un stock tampon permettant de répondre
à la demande. C’est d’autant plus nécessaire qu’une partie importante du
matériel médical est importée d’Asie avec un délai de livraison de cinq
mois. Il est ensuite stérilisé en France, ce qui nécessite un nouveau délai.
L’analyse de la donnée doit donc permettre de pouvoir anticiper des
demandes six mois à l’avance sur un grand nombre de références de
produits. Face à cette demande très fluctuante, il faut pouvoir acheter les
bons produits au bon moment. Pour arriver à ces prévisions, nous nous
appuyons sur l’ensemble des données de marchés publics que le client
recueille depuis de nombreuses années. Dès lors, la solution est capable
de détecter les cycles de consommation et les volumes commandés et de
restituer des prévisions de commandes justes à plus de 90%.
Gagner des marchés, limiter les stocks immobiles et
rassurer les clients
Ces informations sont cruciales, car elles permettent d’anticiper suffi-
samment pour pouvoir se positionner sur les marchés. C’est aussi ce qui
rend possible une meilleure gestion des stocks de produits. Ceux qui ne
sont pas demandés ne sont pas commandés. Ainsi, ils ne pèsent pas sur
la trésorerie de l’entreprise et sa fiscalité. Cela alimente également une
relation de confiance qui contribue à remporter des marchés. Le client
dispose, en effet, d‘informations rassurantes sur les niveaux de stock.
Interview
Arnaud Muller
Creative Data
20. 20 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Le big data en temps réel
Utiliser la donnée pour ajuster
la distribution d’un acteur majeur
de la vente de détail de téléphones
portables
L’enjeu consistait à assurer une disponibilité optimale de produits dans
les magasins de 14 pays. Il s’agissait de faire en sorte que les clients qui
arrivent en boutique trouvent le produit qu’ils recherchent ou un produit
de substitution tout aussi satisfaisant afin d’éviter qu’ils ne partent dans
des réseaux de distribution concurrents.
La première phase consistait à analyser la chaîne en amont qui part des
fournisseurs jusqu’aux entrepôts de l’entreprise. La deuxième phase
portait sur l’analyse des flux entre les entrepôts de l’entreprise et le réseau
de boutique.
Identifier les critères les plus importants permettant de
réaliser des prévisions fiables afin d’ajuster les stocks
au plus près de la demande.
Il s’agissait donc d’analyser l’ensemble des données de l’historique du
distributeur afin d’identifier les critères déterminants, puis paramétrer les
logiciels pour qu’ils soient capables de prédire des quantités de références
à distribuer dans le réseau de boutiques.
Saisonnalité, spécificités culturelles,
Dans la vente de téléphones portables, la saisonnalité est cruciale et la
période précédant Noël correspond au pic de demande. Les spécificités
culturelles sont aussi à prendre en compte. Selon les pays, les attentes
peuvent être différentes.
Enfin, le pouvoir d’achat varie selon les zones géographiques. Les modèles
les plus haut de gamme seront beaucoup plus demandés dans certaines,
alors que dans d’autres, la demande se fera sur d’autres segments de l’offre.
Points clefs pour faire aboutir les projets :
la communication et la gestion de projet
Ces projets impliquent généralement de travailler avec des équipes diffé-
rentes. Sont notamment concernées des équipes marketing, des équipes
logistiques et des équipes d’acheteurs. Pour limiter les risques d’échec,
il est nécessaire d’impliquer fortement le client à travers des échanges
réguliers avec l’ensemble des protagonistes.
Interview
Bertrand Lefebvre
Acsiome
21. 21 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Perspectives d’évolution
du secteur
Se transformer ou s’exclure des
marchés
Aujourd’hui, la transformation numérique tend à renforcer les liens entre
clients et fournisseurs tout au long de la chaîne. De nombreux donneurs
d’ordres choisiront des prestataires organisés pour pouvoir leur transmettre
les informations dont ils ont besoin en excluant des réponses moins chères
qui ne correspondent pas aux standards requis. Pouvoir par exemple
transmettre des informations liées aux marchandises ou envoyer les
factures directement dans le système comptable n’est souvent plus perçu
par les clients comme une prestation complémentaire, mais comme une
offre minimum de service attendu.
PME de la logistique : agilité opérationnelle mais
vulnérabilité dans la transformation numérique
Les petits acteurs peuvent apporter beaucoup de souplesse et de réac-
tivité et jouer un rôle décisif dans la performance de la chaîne logistique.
Cependant, une part de ces acteurs est souvent mal outillée pour pouvoir
répondre aux nouvelles exigences de traçabilité, de transferts d’information
et de temps réel.
Vers une concentration des
acteurs ?
La compétition sur les prix réduit les marges et menace
la capacité financière à investir dans la transformation
des plus petits acteurs du marché
Sur les segments de marché des plateformes logistiques intermédiaires
et pour certains transporteurs, l’intensité de la concurrence est telle qu’elle
génère une compétition féroce sur les prix et diminue les marges. Dès lors,
les plus petits acteurs du marché peuvent se retrouver dans une situation
dangereuse. Face à une trésorerie limitée et une capacité d’emprunts réduite,
22. 22 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Perspectives d’évolution du secteur
ils ne seront pas toujours en mesure de réaliser les investissements que
demanderont leurs clients dans les années à venir. Une autre explication
de la fragilité de leur position s’explique par l’incapacité à amortir le coût
des investissements numériques en bénéficiant d’une économie d’échelle.
La petite taille peut aussi être une force dans la
transformation numérique
Si un grand groupe dispose de moyens conséquents et peut compter sur
des économies d’échelle, la prise de décision et la mise en œuvre d’un
projet peuvent parfois être très longues. La situation s’inverse dans les
entreprises de plus petite taille. Elles ont l’avantage de l’agilité car le nombre
de personnes impliquées dans une décision stratégique est beaucoup plus
réduit. Par ailleurs, une fois la décision prise, la mise en oeuvre peut aussi
être beaucoup plus rapide. On constate, d’ailleurs, que de nombreuses
grandes entreprises redonnent aujourd’hui de l’autonomie à leur filiale
pour pouvoir faire émerger de la capacité d’innovation.
Des enjeux de formation
à tous les étages au cœur de
la transformation numérique
Le faible niveau de qualification des opérateurs :
un frein à la transformation numérique
Le faible niveau de qualification des opérateurs de terrain implique parfois
des difficultés d’adaptation. Des situations d’illettrisme ont été décrites
à plusieurs reprises par des responsables d’entrepôts interviewés. Cela
représente un frein supplémentaire à la transformation digitale des
entreprises car les saisies d’information à réaliser ne sont pas toujours
possibles par ces opérateurs.
Un besoin de formation pour les responsables
d’entrepôt et les chefs de quai
Les cadres intermédiaires doivent à la fois connaître les meilleurs techniques
pour organiser leurs équipes et connaître les technologies disponibles qui
permettraient d’augmenter l’efficacité de l’entrepôt afin de faire remonter
les besoins à la hiérarchie. Ces aspects ne sont pas toujours maîtrisés et
des formations ciblées sur ces besoins pourraient souvent être profitables
pour les entreprises.
L’importance de la formation continue pour les
chauffeurs
L’évolution rapide des technologies utilisées dans les camions implique
des changements considérables dans l’environnement de travail des
chauffeurs et une hausse de leurs qualifications.
23. 23 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
Préconisations
d’intervention pour
les acteurs publics
Accompagner les entreprises dans leur transformation
La transformation numérique n’est pas un investissement ponctuel, elle
relève d’une transformation continue. Ne plus investir pendant plusieurs
années revient à accumuler du retard.
Mieux intégrer le numérique dans les formations
initiales et continues
La transformation numérique des entreprises change les méthodes et les
outils de travail. Face à l’évolution récurrente, il devient crucial de mieux
préparer les professionnels. Un point essentiel de la formation initiale
consistera de plus en plus à donner une capacité d’adaptation aux salariés
à tous les niveaux de l’entreprise. Cette formation initiale devra aussi être
complétée par des formations continues adaptées à l’évolution des outils.
Des diagnostics pour structurer un plan de
transformation numérique
Pour accompagner les PME dans leur transformation, un point structurant
consisterait à réaliser des diagnostics tous les deux ou trois ans. Ces
actions permettraient de doter les entreprises d’une feuille de route
intégrant des objectifs à court et moyen terme en fonction de l’urgence et
de l’importance des projets.
Mutualiser une veille prospective et réglementaire de
qualité pour aider les PME à se projeter dans l’avenir
Parmi les entreprises de la filière logistique, beaucoup subissent les
évolutions du marché. Elles ne font que très peu de veille prospective et
réglementaire, ce qui les empêche de développer leur vision de l’avenir.
Mutualiser une veille prospective et réglementaire les aiderait à identifier
les innovations clefs et les nouveaux besoins de leurs clients.
Concevoir des modalités de financement appropriées
La crise des subprimes a eu pour conséquence un durcissement des règles
d’attribution des prêts bancaires à la suite des accords de Bâle en 2010.
Ce contexte n’est pas propice à la transformation numérique des PME les
plus fragiles qui ne disposent pas des capacités d’emprunt leur permettant
d’investir. Dès lors, se pose la question de l’intervention de la puissance
publique qui pourrait utiliser la BPI pour contribuer au financement de leur
plan de transformation digitale.
24. 24 | Logistique et numérique | Se transformer ou s’exclure du marché ?
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