2. Sois Sage (Van Praagh, 2007)
Le concept d’être « sage » – bon, avisé, prudent, conforme aux règles et aux attentes
– se reflète dans le portrait de la personne dite raisonnable, en matière de droit
privé et d’injustices civiles.
Le « plaisir » a comme limite la « sagesse » : l’épanouissement est limité par
l’obligation de ne pas nuire à autrui. À mesure que les enfants apprennent à explorer
leurs vies et leurs environs, ils prennent conscience graduellement des autres dans
leur vie, et commencent à transiter du mode insouciant au mode soucieux des
autres. L’obligation de se préoccuper des autres s’ajoute à la perception de soi, tout
au long de l’enfance (Van Praagh, 2007:63).
3. Dans quelle mesure sommes-nous « sages » lorsque nous composons
avec la violence sexuelle (violence physique, verbale, en ligne)?
La notion de la « personne raisonnable » ne semble pas s’être appliquée au problème
de la violence sexuelle envers les filles et les femmes, jusqu’à présent. Il reste bien des
questions :
• Pourquoi a-t-on permis que cela se poursuive?
• Pourquoi est-ce que les femmes sont/étaient réticentes à faire une plainte?
• Comment se fait-il qu’on reconnaît le problème et qu’on en parle maintenant?
• À quel point la « culture du viol » est-elle systémique et qu’en fait-on?
• Comment pouvons-nous nous mobiliser en faveur de la réduction et de l’élimination
de la violence sexuelle – en ligne et hors ligne?
4. Des questions sur le rôle du droit et des médias
• Quel est le rôle des médias (médias actuels et possibles) dans le fait ou non d’éduquer
et de braquer les projecteurs sur la problématique de la violence sexuelle?
• Quel est le rôle (actuel et possible) des médias sociaux dans l’intervention en matière
de violence sexuelle?
• Pourquoi les lois et les recours légaux ont-ils été si peu efficaces dans la protection des
femmes et des filles?
• De quelle façon définissons-nous la frontière afin de se frayer un chemin équitable à
travers la libre expression, la confidentialité, la protection, la reddition de comptes, la
culpabilité, les procès en bonne et due forme, la sécurité et la transparence?
• Il est important de définir la frontière entre le procès par le public et le procès au
tribunal.
• Les frontières sont floues en matière des paramètres du consentement.
5. Des éléments communs : intimidation /
cyberintimidation et violence sexuelle
• L’intimidation est enracinée dans la discrimination – présence très fréquente de misogynie et de
sexisme;
• De quelle façon la « culture populaire » et la « culture du viol » influencent-elles les normes
sociales de communication en ligne entre enfants et adolescentEs de 9-12 ans et de 13-17 ans?
• De quelle façon les jeunes définissent-ils/elles la frontière entre la cyberintimidation sexualisée
intentionnelle et les farces ou les comportements non intentionnels qui sont considérés comme
étant consensuels?
• De quelle façon les enfants définissent-ils/elles la frontière entre les espaces publics et les espaces
privés?
• Pourquoi les enfants hésitent-ils/elles à signaler la victimisation – et comment leurs raisons
ressemblent-elles à celles des femmes qui sont réticentes à signaler des abus sexuels?
6. L’exemple des adultes et l’effet sur les enfants
Des éléments systémiques d’influence qui peuvent répondre à quelques-unes des
questions ci-dessus :
1. Des exemples récents de vedettes et de leaders adultes qui sont des modèles
négatifs;
2. Jeunes adultes – la culture du viol dans les universités;
3. Des exemples de cas d’intimidation sexualisée qui impliquent des adolescentEs et
des jeunes adultes
– Notre recherche auprès
• D’adolescentEs (13 – 17 ans);
• D’enfants (9 – 12 ans)
• La législation émergente – projet de loi C-13 et l’usage impropre des lois sur la
pornographie juvénile.
• Des recommandations en matière de politiques et de pratiques pour un véritable
changement.
7. La violence sexualisée : des adultes en position de leadership
• Le viol est utilisé en tant qu’arme de guerre (conflits actuels au Moyen-Orient et en
Ukraine);
• Le harcèlement sexuel au Parlement canadien (récent);
• Le sexisme et le viol de Sheila Copps, première députée à le signaler.
• La culture du viol au sein des :
– Universités (Special Report, CBC, émission The National, octobre 2014);
– Institutions : p. ex., l’hôte vedette de l’émission « Q », Jian Gomeshi – violence
sexualisée;
– La culture populaire : p. ex., l’humoriste Bill Cosby – des allégations d’avoir drogué
et violé sept femmes connues par son milieu de travail ou son réseau social;
– Des farces misogynes formulées par des humoristes – pratique courante;
– « Slut-shaming » (faire honte aux femmes) – déshumanise les victimes et les
revictimise à travers le partage de photos du viol.
IMPACT
– Suicides, perte d’emploi ou de carrière, faible estime de soi, problèmes de santé
mentale – les femmes et les filles continuent à en faire les frais.
8. La violence sexualisée : adultes en position de leadership
• La plupart des femmes/filles victimes sont réticentes à dénoncer, à prime abord :
– S’attendent à ce que personne ne croit leur parole face à une vedette;
– « Victim blaming » (la victime est blâmée) « elle l’a cherché »
– Crainte du « slut-shaming » en cour et par le public (l’exemple de Steubenville aux É-U., et
le cas de Maple Ridge en Colombie-Britannique);
– Manque de confiance en le système de justice criminelle – rien ne sera fait (voir
https://twitter.com/search?q=%23AgressionNonDenoncee&src=tyah;
https://twitter.com/search?src=typd&q=%23BeenRapedNeverReported
;http://16dayscwgl.rutgers.edu/ );
– Peur des représailles si les accusés sont relâchés de prison ou ne sont pas reconnus
coupables (un faible pourcentage de condamnations – la plupart des violeurs passent très
peu de temps en prison) – voir : http://www.theglobeandmail.com/news/national/why-
women-who-are-sexually-assaulted-remain-silent/article21414605/?page=all)
• Celles ayant le courage de s’identifier en ont mobilisé d’autres.
9. Équilibre entre l’opinion publique et la justice
Réponses : jongler entre la sécurité, la vie privée, les procès en bonne et due forme et la
culpabilité :
La cour de l’opinion publique :
• Réponses institutionnelles : « Board of Internal Economy » - Parlement; administration
universitaire;
• Préoccupations d’ordre privées, réponse en réaction
• Pas de politique claire ni de procédures définies, pas de code de conduite.
Le tribunal :
• Procès en bonne et due forme pour les victimes et les auteurs des crimes;
• Techniques de contre-interrogatoire de victimes de viol doivent être revues;
• Droit à la vie privée et à la réputation de toute personne impliquée;
• Hypothèses judiciaires concernant les séquelles du tort sexuel et psychologique souvent
peu en contact avec la réalité;
• La police blâme souvent la victime – présomption que la femme/fille a cherché son
agression;
• Peu de balises claires en matière de politiques ou de lois quant aux abus sexuels en ligne,
le harcèlement et la diffusion non autorisée d’images intimes ou de vidéos de viol;
• Projet de loi C-13 controversé, car donne trop de pouvoir de surveillance à la police.
11. Le leadership étudiant à l’Univ. d’Ottawa
• Des témoignages choc de la culture du viol ont fait surface au sein du leadership
étudiant à l’Université d’Ottawa, dans la capitale du Canada, plaque tournante du
droit et de la politique.
• Extrait de l’échange en ligne au sujet de la présidente du conseil étudiant à l’Univ.
d’Ottawa, AMR. Citations du blogue The Belle Jar (Source: http://bellejar.ca/2014/02/28/rape-culture-at-the-
university-of-ottawa/retrieved April, 26, 2014) Consulté le 26 avril 2014):
BT[étudiantE non-éluE] : Laisse-moi te dire quelque chose maintenant : la présidente tri-
fluvienne va me s…r dans sa chaise de bureau et après, je vais la f…..r dans le c.l sur le
bureau de P[M].
AL [vice-président social pour l’association étudiante en criminologie]: Quelqu’un, punissez-
la avec votre verge.
AG [conseil d’administration de la fédération étudiante de l’U. d’Ottawa]: Ben Christ, si
vous f…..z AM je vais vous acheter une bière.
12. Contexte : culture populaire, « culture du viol »
D’autres exemples de la culture du viol sur les campus :
La chanson des initiations à l’Université St. Mary’s :
http://www.youtube.com/watch?v=3IUQsrmWkrU
« Date rape » (le viol de rendez-vous) – les filles droguées et filmées, diffusion
des films.
• La législation « Yes Means Yes » (un « oui » c’est un « oui ») en Californie, à la suite
de viols sur des campus (CBC, émission The Current, 2014)
• La notion du consentement : le défi de définir les frontières entre un oui et un non.
• Confusion en matière des normes de conduite lorsque des points de vue et des
farces misogynes sont normalisés et acceptés en tant qu’éléments d’une
conversation normale de la vie quotidienne.
• La résistance est perçue comme étant trop « politiquement correcte ».
13. Des cas bien connus d’harcèlement sexuel d’adolescentes en ligne
Décision impulsive? : jeune femme de 16 ans de Maple Ridge, C.-B., victime d’un viol
collectif et filmé. Jeune garçon de 16 ans a partagé la vidéo avec un ami plus âgé afin
que ce dernier la diffuse sur Facebook.
Condamnation : Rédiger un texte sur le mal qu’est Internet.
Suicide:
• Amanda Todd, jeune fille de 14 ans. Un adulte pédophile, un « capper » qui faisait
de l’extorsion sur Internet, a diffusé des photos semi-nues de Todd. Intimidée par
ses camarades de classe.
• RP, une jeune de 17 ans en Nouvelle-Écosse, a été la 7e dans la province à se
suicider suite à s’être faite droguer et violer, avec la vidéo du viol diffusée en ligne.
• Le cas Steubenville (aux É-U.) lui ressemblait car la victime était intoxiquée par
l’alcool.
Québec – Accusations de production, possession et diffusion de pornographie juvénile
• Dix garçons de Laval (11 à 13 ans) – encouragaient leurs camarades de classe filles à
faire du sextage sur Snapchat et diffusaient des images. En attente d’un procès.
18. Raisons pour lesquelles les jeunes (13 – 18 ans)
font de la cybertintimidation sexualisée :
61%
4%
7%
17%
10%
1%
For fun
Jealousy
Othering or to
discriminate
Retaliation
Status
To compete
To vent
• 61% - pour plaisanter (amusant,
inoffensif)
• Confirme que le seuil normatif des
communications en ligne a changé
Les groupes de discussion ont permis d’examiner comment des indices et des relations symboliques
peuvent aider à définir la frontière :
Les gens aiment ajouter des abréviations, comme « lol » ou « jk »... De cette manière,
l’intention est présentée comme une blague, un commentaire à ne pas prendre au sérieux.
19. Conscience des conséquences juridiques potentielles :
8 – 12 ans
58%
3%
3%
2%
18%
5% 11%
Yes
But internet hides identity
and makes us feel safe to say
what we want
But they don't know all the
consequences
But think it will remain
private
Don't care
Meant to be a joke and or
harmless
Only after the fact
Question : Pensez-vous que les jeunes
d'aujourd'hui réfléchissent à leurs actions
quand ils envoient un texto ou courriel qui
pourrait blesser quelqu'un d'autre?
• 18% des participants pensaient que
malgré le fait que de nombreux jeunes
étaient conscients des conséquences de
leurs actes, qu’ils ne s’en préoccupent pas
et qu’ils vont publier ce qu’ils veulent de
toute façon.
• Cette statistique inquiétante pourrait être
rectifiée grâce à des programmes de
littératie juridique renforcés.
• 11% des participants croient que les
enfants comprennent les conséquences,
mais que parfois ils les reconnaissent après
coup, quand il est trop tard.
20. Conscience des conséquences juridiques potentielles:
13 – 18 ans
50%
2%
1%
1%
9%
37%
Yes
But internet hides identity and
makes us feel safe to say what
we want
But they don't know all the
consequences
But think it will remain private
Don't care
Meant to be a joke and or
harmless
Only after the fact
Question : Pensez-vous que les jeunes
d'aujourd'hui réfléchissent à leurs actions,
quand ils envoient un texte ou un courriel qui
pourrait blesser quelqu'un d'autre?
• 37 % des participants ne s’en soucient pas
et enverront le message
indépendamment.
• Cette statistique précitée indique qu’il faut
trouver des moyens ciblés pour les amener
à se soucier de ce qu’ils affichent en ligne.
• Près de 10 % comprennent les
conséquences, mais ont des problèmes
pour reconnaitre le contexte. Par exemple
: faire une blague qui finalement sera prise
au pied de la lettre.
21. Aperçu de l'empathie : histoire de Dana
99%
1% Dana does have
the right to
object to Louise
posting her photo
online without
her permission
Dana does not
have the right to
object to Louise
posting her photo
online without
her permission
Mise en scène : À la fête de Louise, Dana a bu
jusqu’à ce qu’elle soit inconsciente. Louise a été
incitée à prendre une photo d'elle et à la
partager avec les autres en ligne.
Question : Est-ce que Dana a le droit de
s’opposer à ce que Louise publie sa photo en
ligne sans sa permission?
99 % des participants ont répondu que Dana a le
droit de s’opposer
Préoccupation pour la vulnérabilité affiche de
l’empathie
Lorsqu'on leur a demandé de commenter la première histoire, les élèves ont écrit :
"Je ne pense pas que ce soit juste ou équitable, parce que la personne
dont la vie privée a été violée n’avait pas le choix."
"On ne devrait pas profiter des gens quand ils sont ivres."
22. Aperçu de l'empathie : histoire de Angee
52%
46%
2%
Angee does have the
right to object to
Brian sharing her
photo without her
permission
Angee does not have
the right to object to
Brian sharing her
photo without her
permission
Unanswered
Mise en scène : Angee a envoyé à Brian une
photo sexuellement explicite, qu'il a plus tard
envoyée à d'autres.
Question: Est-ce que Angee a le droit de
s’opposer à ce que Brian partage sa photo avec
les autres sans sa permission?
GRANDE DIVERGENCE : SEULEMENT 52 %
PENSENT QU’ELLE A LE DROIT DE S’OPPOSER
Ici, nous devons examiner les questions de
pouvoir personnel et de normativité
D'une certaine manière, l'action physique d'envoyer une image de soi détruit son droit à la vie privée,
indépendamment des intentions de chacun dans l’échange de l'image ou du texte entre l'expéditeur et
le destinataire.
Les participants ont commenté :
Elle [Angee] ne mérite pas le respect, son comportement est honteux et nécessite une punition.
Olweus, D. (1993). Bullying at school: What we know and what we can do. Blackwell Publishing: MA.
Marwick, A. E. (2011). I tweet honestly, I tweet passionately: Twitter users, context collapse, and the imagined audience. New Media & Society, 13(1), 114-133.