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Le point sur Ébola au dimanche 2 
novembre A 
Drs Jan-Cédric* et Øivind** Hansen 
* Médecin Coordonnateur Hôpital Asselin-Hédelin – Consultant Senior StratAdviser Ltd agence spécialisée en 
communication stratégique de crise dans le domaine de la santé ; ** Médecin Anesthésiste-Réanimateur 
L’épidémie de fièvre hémorragique virale (FHV) liée au virus Ébola, souche 
"Zaïre"1 qui sévit actuellement depuis le 22 mars 2014 s’est déclarée en 
Guinée puis s’est presque immédiatement propagée au Liberia et en Sierra 
Leone, pays voisins. 
Pour l’instant 3 pays de la zone CEDEAO seulement connaissent 
une épidémie évolutive : la Guinée, le Libéria et la Sierra-Leone 
le Nigeria et le Sénégal ne sont plus concernés depuis 
respectivement le 19 et le 17 octobre 2014 
Le Mali a déclaré un cas officiel hospitalisé à Kayes le jeudi 22 
octobre 2014 et décédé depuis. 
En Guinée 1 667/1 018 cas/décès soit une létalité de 61,1 %. La 
guinée compte toujours 16 % des cas d’Ébola. Selon le mode de calcul 
proposé lors du précédent point épidémiologique, le nombre de cas actif 
serait de 319. 
L’épicentre de l’épidémie est situé en zone forestière, au sud-est du pays 
Guekedou (frontalier avec la guinée), Macenta, Kissidougou et Nzérékoré 
(frontalier avec la Côte d’Ivoire) où se trouve la 2ème plus grande ville du 
1 Dixon MG, Schafer IJ; Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Ebola viral 
disease outbreak--West Africa, 2014. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2014 Jun 
27;63(25):548-51. 
02/11/2014 1
pays, mais d’autres districts sont touchés : trois districts du Haut-Guinée 
Diabola, Dinguiraye et Kouroussa, Conakry, capitale du pays, en Guinée 
maritime et les préfectures de Télimélé et Boffa, enfin, Fria et Pita au nord-ouest 
du pays, Siguiri au nord-est (frontalier avec le Mali). 
Au Libéria 6 535/2 705 cas/décès soit une létalité de 41,4 %. Le 
Libéria compte toujours 47 % des cas d’Ébola. Selon le mode de calcul 
proposé lors du précédent point épidémiologique, le nombre de cas actif 
serait de 2 639. 
La quasi totalité des 15 Comtés du pays ont signalés des cas : Grand Cape 
Mount, Bomi, Bong, Lofa (frontalier avec la Guinée), Margibi, Montserrado 
(incluant la capitale Monrovia), Nimba, Grand Bassa et River Cess. Le 
compté de Grand Gedeh ne semble pas présenter de cas d'infection. 
En Sierra Leone 5 338/1 510 cas/décès soit une létalité de 28,3 
%. La Sierra Leone compte toujours 37 % des cas d’Ébola. Selon le mode 
de calcul proposé lors du précédent point épidémiologique, le nombre de cas 
actif serait de 2 859. 
Depuis l’arrivée de l’épidémie par le district de Kailahun, frontalier avec celui 
de Guekedou en Guinée via un voyageur ayant séjourné à Guekedou, ce 
sont tous les districts qui sont touchés, y compris la capitale Freetown. 
Cette épidémie est atypique : 
· Par le nombre de cas : 13 562 à ce jour (+3 426 cas par rapport au 
dernier point épidémiologique). 
· Par la zone géographique touchée (Afrique de l’Ouest vs Afrique 
Centrale) et de son étendue (plusieurs districts de plusieurs pays 
limitrophes). 
02/11/2014 2
· Par la transmission avérée en zone urbaine (vs zone forestières ou 
rurales exclusives des épisodes précédents) en suivant apparemment 
les axes commerciaux de la zone (terrestres, maritimes et aériens). 
Les cas exportés du Nigeria, du Sénégal et du Mali en sont la 
démonstration. 
· Par l’existence de cas importés (2 cas aux États-Unis) et de cas 
rapatriés (2 cas aux États-Unis, 2 cas en Espagne, 1 cas au Royaume 
Uni, 2 cas en France) 
· Par l’existence du premier cas de contamination intra 
Européenne d’une Infirmière ayant traité les deux patients 
rapatriés en Espagne 
· NB cas de l’hospitalisation d’un « étranger » dont on ne sait 
si il est importé ou sporadique en France signalé ce jour 
02/11/2014 3
Synthèse au dimanche 2 novembre A 
Au total, au dimanche 2 novembre A, 13 562 cas et 5 241 décès ont été 
rapportés à l’OOAS pour la CEDEAO. Le temps de doublement actuel est 
toujours de l’ordre de 27-28 jours. Même s’il apparaissait un infléchissement 
du nombre de cas au global le seuil des 12 000 cas a été franchit à la fin du 
mois d’octobre (Fig 1). 
Fig1. Dynamique desnouveauxcas- Trendof new cases 
22-Mar 
29-Mar 
5-Apr 
12-Apr 
19-Apr 
26-Apr 
3-May 
10-May 
17-May 
24-May 
31-May 
7-Jun 
14-Jun 
21-Jun 
28-Jun 
Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen 
16000 
14000 
12000 
10000 
8000 
6000 
4000 
2000 
0 
02/11/14 
5-Jul 
12-Jul 
19-Jul 
26-Jul 
2-Aug 
9-Aug 
16-Aug 
23-Aug 
30-Aug 
6-Sep 
13-Sep 
20-Sep 
27-Sep 
4-Oct 
11-Oct 
18-Oct 
25-Oct 
1-Nov 
Cumul cas 
cumul deces 
02/11/2014 4
La létalité globale observée continue de chuter. Ce comportement, classique 
pour certains virus, est contradictoire avec les observations antérieures sur 
Ébola qui montraient une tendance à l’amplification de la létalité au fur et à 
mesure du repiquage2. Cependant, depuis le début du mois d’octobre, elle 
semblait remonter. La valeur actuelle de 38,6% dans les 3 pays affectés peut 
s’expliquer par un ajustement des statistiques internationales (Fig 2). 
Fig2. Evolu onde la létalité – Lethality trend 
80% 
70% 
60% 
50% 
40% 
30% 
20% 
10% 
00% 
26-Mar 
2-Apr 
9-Apr 
16-Apr 
23-Apr 
30-Apr 
7-May 
14-May 
21-May 
28-May 
4-Jun 
11-Jun 
18-Jun 
25-Jun 
2-Jul 
9-Jul 
16-Jul 
23-Jul 
30-Jul 
6-Aug 
13-Aug 
20-Aug 
27-Aug 
3-Sep 
10-Sep 
17-Sep 
24-Sep 
1-Oct 
8-Oct 
15-Oct 
22-Oct 
29-Oct 
02/11/14 Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen 
létalité 
Linear (létalité) 
On notera que cette létalité basse permet paradoxalement une plus grande 
diffusion de l’épidémie puisque la moitié des malades ne décédant pas, ils 
sont potentiellement contaminant plus longtemps pour un plus grand nombre 
de contacts d’une part, ils viennent grossir la part de la population immunisée 
d’autre part. On notera aussi que le nombre de cas pauci-symptomatiques est 
toujours inconnu à ce jour. Ce paramètre est pourtant essentiel car il 
2 Ansari AA. Clinical features and pathobiology of Ebolavirus infection. J Autoimmun. 2014 
Sep 23. pii: S0896-8411(14)00130-9. doi: 10.1016/j.jaut.2014.09.001. 
02/11/2014 5
permettrait de savoir si une partie de la population des pays touchés 
développe à bas bruit une immunisation qui aboutirait in fine à 
« l’endémisation » de l’épidémie dans la région. L’OOAS tente de recueillir 
des informations et des statistiques fiables sur ce point mais la tâche est 
ardue. 
Pour autant, il existe de grandes disparités entre les pays en matière de 
létalité (Tableau 1). 
Tableau 1 
Pays notifiant Cas Décès 
Taux 
de 
létalité 
Δ/point 
précéde 
nt 
Liberia 6535 2705 41,4% - 16, 0 
Sierra-Leone 5338 1510 28,3% - 5,7 
Guinée 1667 1018 61,1% + 2,4 
CEDEAO 13562 5241 36,6% 
La Sierra-Leone se distingue avec une mortalité 2 fois plus faible que la 
Guinée dans un contexte de cinétique exponentielle (Fig 3). Il devient 
important de comparer les stratégies de contrôle de l’épidémie de ces trois 
pays pour tenter de comprendre pourquoi la Guinée connaît une 
dissémination modérée associée à une très forte mortalité, le Liberia une 
dissémination explosive avec une mortalité médiane et la Sierra-Leone une 
dissémination intermédiaire avec les 2 autres mais une mortalité 
remarquablement basse. 
Pour mémoire, les autres maladies à potentiel épidémiques sévissant 
actuellement en Afrique de l’Ouest (choléra, Méningite, Rougeole, Fièvre 
Jaune et Fièvre de Lassa) avaient cumulés 67 307 cas déclarés (dont 29 777 
pour le seul choléra) et 1 338 décès (dont 606 pour la seule méningite) au 17 
août 2014 dernière mise à jour disponible de ces données. En 7 mois 
l’épidémie d’Ébola a donc tué 3 fois plus que les 6 autres en 8 mois. Pour les 
4 pays directement concernés le nombre de décès documentés pour les 6 
02/11/2014 6
maladies à potentiel épidémique surveillées est de seulement 767. 
L’épidémie d’Ébola a donc quadruplé le nombre de décès d’origine 
épidémique pour ces 4 pays. 
02/11/2014 7
Au niveau de la cinétique on ne constate pas une modification 
significative des comportements : l’épidémie Guinéenne a toujours un 
comportement (affine) qui contraste avec celle (exponentielle) de deux des 
pays touchés par un cas source voyageur en provenance de l’épicentre, le 
Libéria et la Sierra-Léone. Les deux courbes suggèrent une contamination 
interhumaine autonomisée de plus en plus explosive que rien ne vient 
contredire à ce jour (Fig 3). L’amorce du comportement exponentiel de la 
courbe Guinéenne notée précédemment ne semble pas, finalement, se 
confirmer pour l’instant. Cette cinétique affine peut faire evoquer l’existence 
d’un reservoir urbain par les rongeurs (rats) par exemple qui contamine à bas 
bruit la population. On peut aussi tenter d’expliquer cette difference par une 
capacité de contention de l’épidemie différente pour la Guinée. Pour ce qui 
concerne le Nigeria, le Sénégal et le Mali l’épidemie est pour l’instant 
controlée. À suivre. 
Fig3. Ciné que descasEbola - Ebola caseskine c 
Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen 
7000 
6000 
5000 
4000 
3000 
2000 
1000 
02/11/14 
0 
22-Mar 22-Apr 22-May 22-Jun 22-Jul 22-Aug 22-Sep 22-Oct 
number of cases 
cas Guinée 
cas Libéria 
cas Sierra-Leone 
02/11/2014 8
Comme mis en exergue lors des points épidemiologiques précédents, il 
conviendrait d’avoir des éléments cliniques prédictifs de l’évolution des cas 
d’Ébola. Par exemple, la durée de la période de latence ou la température à 
J4 de l’irruption des premiers signes sont-ils prédictifs de l’issue ? Il semble 
qu’une période de latence courte soit corrélée à une expression clinique plus 
sévère par exemple. Il conviendrait de repérer de tels facteurs prédictifs, s’ils 
existent, pour identifier les morituri et concentrer les efforts de prise en charge 
sur ceux qui ont une bonne probabilité de survie. Symétriquement, il 
conviendrait de repérer les formes bénignes ou pauci-symptomatiques pour 
limiter, là aussi, un investissement disproportionné en moyens ou en 
soignants, compte tenu d’un pronostic favorable d’emblé, même si cela 
allonge la durée de la maladie ou de la convalescence. Il convient de colliger 
les données cliniques disponibles et de les analyser pour identifier les 
facteurs pronostic pertinents. MSF qui est le mieux placé pour fournir de telles 
données a été sollicité à la suite d’un précédent point épidémiologique mais 
n’a pas répondu à ce jour. 
Pour ce qui est de la dynamique des nouveaux cas. La fiabilité des 
données notamment les difficultés operationelles du reporting peuvent 
expliquer, à elles seules, les variations du nombres de nouveaux cas 
constatées à ce jour. Un ajustement portant sur plusieurs centaines de cas a 
ete réalisé en octobre. Ce parametre n’est donc pas étudié pour ce present 
point épidemiologique. 
Pour ce qui est du cumul de cas depuis 1976. On constate l’explosion 
que constitue l’episode actuel (Fig 4). Le seuil du quadruplement du nombre 
de cas déclarés depuis 1976 est franchi : 2 387 cas cumulés entre 1976 et 
2013, 15 927 cas pour 2014 à ce jour 
02/11/2014 9
Fig4. Nombre cumulé de caset de décès 
Cumula ve number of cases& deaths 
Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen 
18,000 
16,000 
14,000 
12,000 
10,000 
8,000 
6,000 
4,000 
2,000 
02/11/14 
9 548 : seuil de x4 
du nombre de cas 
cumulés en 2013 
6 360 : seuil de x4 
du nombre de décès 
cumulés en 2013 
0 
1976 
1977 
1978 
1979 
1980 
1981 
1982 
1983 
1984 
1985 
1986 
1987 
1988 
1989 
1990 
1991 
1992 
1993 
1994 
1995 
1996 
1997 
1998 
1999 
2000 
2001 
2002 
2003 
2004 
2005 
2006 
2007 
2008 
2009 
2010 
2011 
2012 
2013 
2014 
AxisTitle 
Cas 
Décés 
02/11/2014 10
Pour ce qui est de la file active de patients. La proposition de calculer 
une estimation du nombre de patients actifs afin de pouvoir guider l’allocation 
de ressources entre les idfferents pays touchées n’a pas fait l’objet de critique 
à ce jour. Cette estimation porte sur les cas déclarés cumulés auxquels on 
retranche les cas décédés et les cas non décédés de plus de cinquante jours. 
Cette limite est proposée sur la base des publications révèlant une excretion 
asymptomatique et des revues de litterature abordant ce sujet3,4. Sur la base 
de cette estimation on constate qu’il existe à ce jour environ 5 817 cas soit 
malade soit convalescents potentiellement excreteurs (Fig 5). 
Fig5. es ma on casEbola ac fs–Es ma onof Ac ve Ebola cases 
22-Mar 
29-Mar 
5-Apr 
12-Apr 
19-Apr 
26-Apr 
3-May 
10-May 
17-May 
24-May 
31-May 
7-Jun 
14-Jun 
21-Jun 
28-Jun 
Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen 
8000 
7000 
6000 
5000 
4000 
3000 
2000 
1000 
0 
02/11/14 
5-Jul 
12-Jul 
19-Jul 
26-Jul 
2-Aug 
9-Aug 
16-Aug 
23-Aug 
30-Aug 
6-Sep 
13-Sep 
20-Sep 
27-Sep 
4-Oct 
11-Oct 
18-Oct 
25-Oct 
1-Nov 
nombre de cas ac fs global 
3 Rodriguez LL, De Roo A, Guimard Y, Trappier SG, Sanchez A, Bressler D, Williams AJ, 
Rowe AK, Bertolli J, Khan AS, Ksiazek TG, Peters CJ, Nichol ST. Persistence and genetic 
stability of Ebola virus during the outbreak in Kikwit, Democratic Republic of the Congo, 1995. 
J Infect Dis. 1999 Feb;179 Suppl 1:S170-6. 
4 Kuhn JH. Filoviruses. A compendium of 40 years of epidemiological, clinical, and laboratory 
studies. Arch Virol Suppl. 2008;20:13-360. 
02/11/2014 11
02/11/2014 12
La repartition des cas par pays permet d’avoir une estimation plus précise des 
moyens necessaires en lits, personnels et consommables pour chaque pays 
(Fig 6). On constate un bon du nombre de cas malgres les ajustemetns à la 
baisse. Diminution des cas actifs en Guinée qui passe de 450 à près de 320 
depuis le dernier point épidemiologique ; augmentation significative de 1 500 
à 2 640 au Libéria et de 1 800 à 2 860 pour la Sierra-Leone. 
Fig6. casEbola ac fspar pays– split of Ac ve Ebola casesper country 
8000 
7000 
6000 
5000 
4000 
3000 
2000 
1000 
0 
11-May 
18-May 
25-May 
1-Jun 
8-Jun 
15-Jun 
22-Jun 
29-Jun 
6-Jul 
13-Jul 
20-Jul 
27-Jul 
3-Aug 
10-Aug 
17-Aug 
24-Aug 
31-Aug 
7-Sep 
14-Sep 
21-Sep 
28-Sep 
5-Oct 
12-Oct 
19-Oct 
26-Oct 
2-Nov 
02/11/14 Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen 
Cas ac fs Sierra-Leone 
Cas ac fs Libéria 
cas ac fs Guinée 
02/11/2014 13
Au niveau du rapprochement entre les corridors de communication, les voies 
maritimes et aériennes avec les zones des districts touchés on constate 
toujours une corrélation assez forte (figure 7). L’observation de la carte laisse 
entrevoir des cas non déclarés en Guinée-Bissau et en Côte d’Ivoire. Ils sont 
à ce stade probablement classés en cas de Paludisme ou d’autres fièvres 
tropicales si ce sont des formmes cliniques pauci-symptomatiques non 
mortelles. 
On note que le cas isolé au Mali, malheureusement décédé, semble respecter 
la logique des corridors. 
Une réflexion est en cours au sein de l’OOAS pour délimiter et sécuriser des 
corridors aux portes desquelles les cas suspects d’Ebola seraient filtrés à fin 
de limiter les risques de contamination tout en favorisant la libre circulation 
des personnes et des biens à l’interieur de ceux-ci. 
Fig7. PrincipauxCorridorset CentresUrbains–MainCorridors& UrbanArea 
Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen 
3 0 0 k m 
2 0 0 m i 
© D a n i e l D a l e t 
Libéria 
Guinée 
Côte d’Ivoire 
Nigéria 
Togo 
Mali 
Mauritanie 
Sénégal 
Gambie 
Guinée- 
Bissau 
Burkina Faso 
Bénin 
Niger 
Ghana 
Sierra- 
Leone 
02/11/14 
02/11/2014 14
Cas particulier des soignants 
Le nombre de soignants contaminés interpelle conjointement l’OOAS, la 
SFMC et StratAdviser Ltd (tableau 2). La contamination des soignants peut 
etre le fait d’ne contamination sur le lieux d’exercice au contact des patients 
ou en dehors du travail. 
Pays notifiant Cas Décès 
Taux de 
létalité 
Liberia 187 94 50,3% 
Guinée 69 35 50,7% 
Senegal 0 0 - 
Nigeria - - - 
Sierra-Leone - - - 
CEDEAO 256 129 50,4% 
En ce qui concerne la contamination sur le lieu de travail elle peut survenir 
pendant le soin, à la fin du soin et en dehors du soin. 
En ce qui concerne l’analyse des images montrant des soignants en train de 
s’equiper et de se deséquiper, et des echanges avec des soignants en 
mission ou en retour de mission nous avons remarqué : 
· que l’usage de masques chirurgicaux semble très répendu ce qui ne 
procure pas une protection suffisante 
· que le temps de séjour en zone contaminée est trop long car de l’ordre 
de 40 minutes ce qui majore la probabilité d’une contamination 
· que les procédures de deséquipement telles qu’on les voit comportent 
de nombreuses erreurs au regard des standards et recommendations 
de la SFMC en la matière 
· que les zones contaminées sont contigues aux zones de repos et de 
travail 
02/11/2014 15
Il conviendrait de recommander : 
· l’usage systematique de masques FFP2 pour pénetrer en zone 
contaminée 
· un temps d’exposition de 20 minutes maximum renouvelable toutes les 
heures pour les soignants 
· établir une zone d’exclusion plus large separant la zone contaminée de 
la zone de vie 
· repenser le sas de decontamination et la procédure de deséquipement 
en reprenant les bonnes pratiques de la SFMC en matière NRBC 
Les discussions au sein du groupe francophone 
https://www.linkedin.com/groups/Groupe-Expert-Ebola-SFMC-8156465/about 
et au sein du groupe anglophone https://www.linkedin.com/groups/Ebola-outbreak- 
management-Group-8150382/about regroupants près de 400 
spécialistes en medecine de catastrophe, en prevention de pandémie, en 
conception de vaccin, en réponse sanitaire opérationnelle, … issus de 
gouvernements, d’agences ou de services publics, d’entreprises spécialisées 
publiques ou privées européens, africains de l’ouest et Nord-Americains, 
portent essentiellement sur : 
1. le risque de contamination aéroportée – à ce jour non formellement 
documenté – mais théoriquement possible, ne serait-ce que par les 
goutelettes de Pflügge, et pouvant rendre compte du nombre de cas 
important parmis les soignants : il a été décidé de recommander le port 
de masque FFP2 pour les soignants sur place et de limiter le temps de 
prise en charge à 20 min d’affilée pour chaque patient afin de limiter 
les risques. Les masques chirurgicaux que l’on voit dans les 
reportages sont notoirement insuffisants pour protéger des goutelettes 
de Pflügge émisent par les patients. Or l’exposition répétée à un risque 
02/11/2014 16
faible conduit asymptotiquement à une probabilité de 1. En l’etat c’est 
l’explication la plus plausible du nombre anormalement élevé de 
soignants contaminés. Pour la prise en charge des cas importés en 
Europe et tant qu’ils restent sporadiques, c’est le port de combinaison 
filtrantes qui est recommandé. 
2. la cinétique inhomogène des 5 pays concernés avec une cinétique 
affine pour la Guinée et le Nigeria et une cinétique exponentielle pour 
la Sierra-Leone et le Libéria peut s’expliquer par des problèmes de 
retard de diagnostic et de receuil des cas et ne pas reflèter fidèlement 
la propagation des cas. Cependant une explication épidémiologique 
plus satisfaisante serait la bienvenue. 
3. la sous déclaration multifactorielle des cas (diagnostics differentiels 
nombreux, frein economique et social de l’accès au soin, non respect 
des rites sociaux et funéraires “sacrés” pour les individus déclarés 
contaminés et donc “beneficie/risque” peu ou pas ecceptable pour 
l’interessé et son entourage, …). Une estimation de la part immergée 
de l’iceberg fait curellement défaut. 
4. l’illusion des mesures de confinement qui sont contournées par les 
impératifs socioéconomiques locaux et par la pratique 
“institutionalisée” du contournment des régles contre rétribution. 
L’exemple du Sénégal en est la parfaite démonstration. 
5. le risque de cas importés en Europe via l’immigration clandestine et les 
passeurs des autres traffics illicites qui, par nature, contournent tous 
les systèmes de contrôle. Ce point semble toujours sous-estimé par les 
autorités des pays concernés, probablement parce qu’il est 
politiquement difficile à aborder en raison de la stigmatisation possible 
d’une population déjà largement précarisée et fragile. 
02/11/2014 17

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  • 1. Le point sur Ébola au dimanche 2 novembre A Drs Jan-Cédric* et Øivind** Hansen * Médecin Coordonnateur Hôpital Asselin-Hédelin – Consultant Senior StratAdviser Ltd agence spécialisée en communication stratégique de crise dans le domaine de la santé ; ** Médecin Anesthésiste-Réanimateur L’épidémie de fièvre hémorragique virale (FHV) liée au virus Ébola, souche "Zaïre"1 qui sévit actuellement depuis le 22 mars 2014 s’est déclarée en Guinée puis s’est presque immédiatement propagée au Liberia et en Sierra Leone, pays voisins. Pour l’instant 3 pays de la zone CEDEAO seulement connaissent une épidémie évolutive : la Guinée, le Libéria et la Sierra-Leone le Nigeria et le Sénégal ne sont plus concernés depuis respectivement le 19 et le 17 octobre 2014 Le Mali a déclaré un cas officiel hospitalisé à Kayes le jeudi 22 octobre 2014 et décédé depuis. En Guinée 1 667/1 018 cas/décès soit une létalité de 61,1 %. La guinée compte toujours 16 % des cas d’Ébola. Selon le mode de calcul proposé lors du précédent point épidémiologique, le nombre de cas actif serait de 319. L’épicentre de l’épidémie est situé en zone forestière, au sud-est du pays Guekedou (frontalier avec la guinée), Macenta, Kissidougou et Nzérékoré (frontalier avec la Côte d’Ivoire) où se trouve la 2ème plus grande ville du 1 Dixon MG, Schafer IJ; Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Ebola viral disease outbreak--West Africa, 2014. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2014 Jun 27;63(25):548-51. 02/11/2014 1
  • 2. pays, mais d’autres districts sont touchés : trois districts du Haut-Guinée Diabola, Dinguiraye et Kouroussa, Conakry, capitale du pays, en Guinée maritime et les préfectures de Télimélé et Boffa, enfin, Fria et Pita au nord-ouest du pays, Siguiri au nord-est (frontalier avec le Mali). Au Libéria 6 535/2 705 cas/décès soit une létalité de 41,4 %. Le Libéria compte toujours 47 % des cas d’Ébola. Selon le mode de calcul proposé lors du précédent point épidémiologique, le nombre de cas actif serait de 2 639. La quasi totalité des 15 Comtés du pays ont signalés des cas : Grand Cape Mount, Bomi, Bong, Lofa (frontalier avec la Guinée), Margibi, Montserrado (incluant la capitale Monrovia), Nimba, Grand Bassa et River Cess. Le compté de Grand Gedeh ne semble pas présenter de cas d'infection. En Sierra Leone 5 338/1 510 cas/décès soit une létalité de 28,3 %. La Sierra Leone compte toujours 37 % des cas d’Ébola. Selon le mode de calcul proposé lors du précédent point épidémiologique, le nombre de cas actif serait de 2 859. Depuis l’arrivée de l’épidémie par le district de Kailahun, frontalier avec celui de Guekedou en Guinée via un voyageur ayant séjourné à Guekedou, ce sont tous les districts qui sont touchés, y compris la capitale Freetown. Cette épidémie est atypique : · Par le nombre de cas : 13 562 à ce jour (+3 426 cas par rapport au dernier point épidémiologique). · Par la zone géographique touchée (Afrique de l’Ouest vs Afrique Centrale) et de son étendue (plusieurs districts de plusieurs pays limitrophes). 02/11/2014 2
  • 3. · Par la transmission avérée en zone urbaine (vs zone forestières ou rurales exclusives des épisodes précédents) en suivant apparemment les axes commerciaux de la zone (terrestres, maritimes et aériens). Les cas exportés du Nigeria, du Sénégal et du Mali en sont la démonstration. · Par l’existence de cas importés (2 cas aux États-Unis) et de cas rapatriés (2 cas aux États-Unis, 2 cas en Espagne, 1 cas au Royaume Uni, 2 cas en France) · Par l’existence du premier cas de contamination intra Européenne d’une Infirmière ayant traité les deux patients rapatriés en Espagne · NB cas de l’hospitalisation d’un « étranger » dont on ne sait si il est importé ou sporadique en France signalé ce jour 02/11/2014 3
  • 4. Synthèse au dimanche 2 novembre A Au total, au dimanche 2 novembre A, 13 562 cas et 5 241 décès ont été rapportés à l’OOAS pour la CEDEAO. Le temps de doublement actuel est toujours de l’ordre de 27-28 jours. Même s’il apparaissait un infléchissement du nombre de cas au global le seuil des 12 000 cas a été franchit à la fin du mois d’octobre (Fig 1). Fig1. Dynamique desnouveauxcas- Trendof new cases 22-Mar 29-Mar 5-Apr 12-Apr 19-Apr 26-Apr 3-May 10-May 17-May 24-May 31-May 7-Jun 14-Jun 21-Jun 28-Jun Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen 16000 14000 12000 10000 8000 6000 4000 2000 0 02/11/14 5-Jul 12-Jul 19-Jul 26-Jul 2-Aug 9-Aug 16-Aug 23-Aug 30-Aug 6-Sep 13-Sep 20-Sep 27-Sep 4-Oct 11-Oct 18-Oct 25-Oct 1-Nov Cumul cas cumul deces 02/11/2014 4
  • 5. La létalité globale observée continue de chuter. Ce comportement, classique pour certains virus, est contradictoire avec les observations antérieures sur Ébola qui montraient une tendance à l’amplification de la létalité au fur et à mesure du repiquage2. Cependant, depuis le début du mois d’octobre, elle semblait remonter. La valeur actuelle de 38,6% dans les 3 pays affectés peut s’expliquer par un ajustement des statistiques internationales (Fig 2). Fig2. Evolu onde la létalité – Lethality trend 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 00% 26-Mar 2-Apr 9-Apr 16-Apr 23-Apr 30-Apr 7-May 14-May 21-May 28-May 4-Jun 11-Jun 18-Jun 25-Jun 2-Jul 9-Jul 16-Jul 23-Jul 30-Jul 6-Aug 13-Aug 20-Aug 27-Aug 3-Sep 10-Sep 17-Sep 24-Sep 1-Oct 8-Oct 15-Oct 22-Oct 29-Oct 02/11/14 Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen létalité Linear (létalité) On notera que cette létalité basse permet paradoxalement une plus grande diffusion de l’épidémie puisque la moitié des malades ne décédant pas, ils sont potentiellement contaminant plus longtemps pour un plus grand nombre de contacts d’une part, ils viennent grossir la part de la population immunisée d’autre part. On notera aussi que le nombre de cas pauci-symptomatiques est toujours inconnu à ce jour. Ce paramètre est pourtant essentiel car il 2 Ansari AA. Clinical features and pathobiology of Ebolavirus infection. J Autoimmun. 2014 Sep 23. pii: S0896-8411(14)00130-9. doi: 10.1016/j.jaut.2014.09.001. 02/11/2014 5
  • 6. permettrait de savoir si une partie de la population des pays touchés développe à bas bruit une immunisation qui aboutirait in fine à « l’endémisation » de l’épidémie dans la région. L’OOAS tente de recueillir des informations et des statistiques fiables sur ce point mais la tâche est ardue. Pour autant, il existe de grandes disparités entre les pays en matière de létalité (Tableau 1). Tableau 1 Pays notifiant Cas Décès Taux de létalité Δ/point précéde nt Liberia 6535 2705 41,4% - 16, 0 Sierra-Leone 5338 1510 28,3% - 5,7 Guinée 1667 1018 61,1% + 2,4 CEDEAO 13562 5241 36,6% La Sierra-Leone se distingue avec une mortalité 2 fois plus faible que la Guinée dans un contexte de cinétique exponentielle (Fig 3). Il devient important de comparer les stratégies de contrôle de l’épidémie de ces trois pays pour tenter de comprendre pourquoi la Guinée connaît une dissémination modérée associée à une très forte mortalité, le Liberia une dissémination explosive avec une mortalité médiane et la Sierra-Leone une dissémination intermédiaire avec les 2 autres mais une mortalité remarquablement basse. Pour mémoire, les autres maladies à potentiel épidémiques sévissant actuellement en Afrique de l’Ouest (choléra, Méningite, Rougeole, Fièvre Jaune et Fièvre de Lassa) avaient cumulés 67 307 cas déclarés (dont 29 777 pour le seul choléra) et 1 338 décès (dont 606 pour la seule méningite) au 17 août 2014 dernière mise à jour disponible de ces données. En 7 mois l’épidémie d’Ébola a donc tué 3 fois plus que les 6 autres en 8 mois. Pour les 4 pays directement concernés le nombre de décès documentés pour les 6 02/11/2014 6
  • 7. maladies à potentiel épidémique surveillées est de seulement 767. L’épidémie d’Ébola a donc quadruplé le nombre de décès d’origine épidémique pour ces 4 pays. 02/11/2014 7
  • 8. Au niveau de la cinétique on ne constate pas une modification significative des comportements : l’épidémie Guinéenne a toujours un comportement (affine) qui contraste avec celle (exponentielle) de deux des pays touchés par un cas source voyageur en provenance de l’épicentre, le Libéria et la Sierra-Léone. Les deux courbes suggèrent une contamination interhumaine autonomisée de plus en plus explosive que rien ne vient contredire à ce jour (Fig 3). L’amorce du comportement exponentiel de la courbe Guinéenne notée précédemment ne semble pas, finalement, se confirmer pour l’instant. Cette cinétique affine peut faire evoquer l’existence d’un reservoir urbain par les rongeurs (rats) par exemple qui contamine à bas bruit la population. On peut aussi tenter d’expliquer cette difference par une capacité de contention de l’épidemie différente pour la Guinée. Pour ce qui concerne le Nigeria, le Sénégal et le Mali l’épidemie est pour l’instant controlée. À suivre. Fig3. Ciné que descasEbola - Ebola caseskine c Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 02/11/14 0 22-Mar 22-Apr 22-May 22-Jun 22-Jul 22-Aug 22-Sep 22-Oct number of cases cas Guinée cas Libéria cas Sierra-Leone 02/11/2014 8
  • 9. Comme mis en exergue lors des points épidemiologiques précédents, il conviendrait d’avoir des éléments cliniques prédictifs de l’évolution des cas d’Ébola. Par exemple, la durée de la période de latence ou la température à J4 de l’irruption des premiers signes sont-ils prédictifs de l’issue ? Il semble qu’une période de latence courte soit corrélée à une expression clinique plus sévère par exemple. Il conviendrait de repérer de tels facteurs prédictifs, s’ils existent, pour identifier les morituri et concentrer les efforts de prise en charge sur ceux qui ont une bonne probabilité de survie. Symétriquement, il conviendrait de repérer les formes bénignes ou pauci-symptomatiques pour limiter, là aussi, un investissement disproportionné en moyens ou en soignants, compte tenu d’un pronostic favorable d’emblé, même si cela allonge la durée de la maladie ou de la convalescence. Il convient de colliger les données cliniques disponibles et de les analyser pour identifier les facteurs pronostic pertinents. MSF qui est le mieux placé pour fournir de telles données a été sollicité à la suite d’un précédent point épidémiologique mais n’a pas répondu à ce jour. Pour ce qui est de la dynamique des nouveaux cas. La fiabilité des données notamment les difficultés operationelles du reporting peuvent expliquer, à elles seules, les variations du nombres de nouveaux cas constatées à ce jour. Un ajustement portant sur plusieurs centaines de cas a ete réalisé en octobre. Ce parametre n’est donc pas étudié pour ce present point épidemiologique. Pour ce qui est du cumul de cas depuis 1976. On constate l’explosion que constitue l’episode actuel (Fig 4). Le seuil du quadruplement du nombre de cas déclarés depuis 1976 est franchi : 2 387 cas cumulés entre 1976 et 2013, 15 927 cas pour 2014 à ce jour 02/11/2014 9
  • 10. Fig4. Nombre cumulé de caset de décès Cumula ve number of cases& deaths Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen 18,000 16,000 14,000 12,000 10,000 8,000 6,000 4,000 2,000 02/11/14 9 548 : seuil de x4 du nombre de cas cumulés en 2013 6 360 : seuil de x4 du nombre de décès cumulés en 2013 0 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 AxisTitle Cas Décés 02/11/2014 10
  • 11. Pour ce qui est de la file active de patients. La proposition de calculer une estimation du nombre de patients actifs afin de pouvoir guider l’allocation de ressources entre les idfferents pays touchées n’a pas fait l’objet de critique à ce jour. Cette estimation porte sur les cas déclarés cumulés auxquels on retranche les cas décédés et les cas non décédés de plus de cinquante jours. Cette limite est proposée sur la base des publications révèlant une excretion asymptomatique et des revues de litterature abordant ce sujet3,4. Sur la base de cette estimation on constate qu’il existe à ce jour environ 5 817 cas soit malade soit convalescents potentiellement excreteurs (Fig 5). Fig5. es ma on casEbola ac fs–Es ma onof Ac ve Ebola cases 22-Mar 29-Mar 5-Apr 12-Apr 19-Apr 26-Apr 3-May 10-May 17-May 24-May 31-May 7-Jun 14-Jun 21-Jun 28-Jun Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen 8000 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0 02/11/14 5-Jul 12-Jul 19-Jul 26-Jul 2-Aug 9-Aug 16-Aug 23-Aug 30-Aug 6-Sep 13-Sep 20-Sep 27-Sep 4-Oct 11-Oct 18-Oct 25-Oct 1-Nov nombre de cas ac fs global 3 Rodriguez LL, De Roo A, Guimard Y, Trappier SG, Sanchez A, Bressler D, Williams AJ, Rowe AK, Bertolli J, Khan AS, Ksiazek TG, Peters CJ, Nichol ST. Persistence and genetic stability of Ebola virus during the outbreak in Kikwit, Democratic Republic of the Congo, 1995. J Infect Dis. 1999 Feb;179 Suppl 1:S170-6. 4 Kuhn JH. Filoviruses. A compendium of 40 years of epidemiological, clinical, and laboratory studies. Arch Virol Suppl. 2008;20:13-360. 02/11/2014 11
  • 13. La repartition des cas par pays permet d’avoir une estimation plus précise des moyens necessaires en lits, personnels et consommables pour chaque pays (Fig 6). On constate un bon du nombre de cas malgres les ajustemetns à la baisse. Diminution des cas actifs en Guinée qui passe de 450 à près de 320 depuis le dernier point épidemiologique ; augmentation significative de 1 500 à 2 640 au Libéria et de 1 800 à 2 860 pour la Sierra-Leone. Fig6. casEbola ac fspar pays– split of Ac ve Ebola casesper country 8000 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0 11-May 18-May 25-May 1-Jun 8-Jun 15-Jun 22-Jun 29-Jun 6-Jul 13-Jul 20-Jul 27-Jul 3-Aug 10-Aug 17-Aug 24-Aug 31-Aug 7-Sep 14-Sep 21-Sep 28-Sep 5-Oct 12-Oct 19-Oct 26-Oct 2-Nov 02/11/14 Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen Cas ac fs Sierra-Leone Cas ac fs Libéria cas ac fs Guinée 02/11/2014 13
  • 14. Au niveau du rapprochement entre les corridors de communication, les voies maritimes et aériennes avec les zones des districts touchés on constate toujours une corrélation assez forte (figure 7). L’observation de la carte laisse entrevoir des cas non déclarés en Guinée-Bissau et en Côte d’Ivoire. Ils sont à ce stade probablement classés en cas de Paludisme ou d’autres fièvres tropicales si ce sont des formmes cliniques pauci-symptomatiques non mortelles. On note que le cas isolé au Mali, malheureusement décédé, semble respecter la logique des corridors. Une réflexion est en cours au sein de l’OOAS pour délimiter et sécuriser des corridors aux portes desquelles les cas suspects d’Ebola seraient filtrés à fin de limiter les risques de contamination tout en favorisant la libre circulation des personnes et des biens à l’interieur de ceux-ci. Fig7. PrincipauxCorridorset CentresUrbains–MainCorridors& UrbanArea Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen 3 0 0 k m 2 0 0 m i © D a n i e l D a l e t Libéria Guinée Côte d’Ivoire Nigéria Togo Mali Mauritanie Sénégal Gambie Guinée- Bissau Burkina Faso Bénin Niger Ghana Sierra- Leone 02/11/14 02/11/2014 14
  • 15. Cas particulier des soignants Le nombre de soignants contaminés interpelle conjointement l’OOAS, la SFMC et StratAdviser Ltd (tableau 2). La contamination des soignants peut etre le fait d’ne contamination sur le lieux d’exercice au contact des patients ou en dehors du travail. Pays notifiant Cas Décès Taux de létalité Liberia 187 94 50,3% Guinée 69 35 50,7% Senegal 0 0 - Nigeria - - - Sierra-Leone - - - CEDEAO 256 129 50,4% En ce qui concerne la contamination sur le lieu de travail elle peut survenir pendant le soin, à la fin du soin et en dehors du soin. En ce qui concerne l’analyse des images montrant des soignants en train de s’equiper et de se deséquiper, et des echanges avec des soignants en mission ou en retour de mission nous avons remarqué : · que l’usage de masques chirurgicaux semble très répendu ce qui ne procure pas une protection suffisante · que le temps de séjour en zone contaminée est trop long car de l’ordre de 40 minutes ce qui majore la probabilité d’une contamination · que les procédures de deséquipement telles qu’on les voit comportent de nombreuses erreurs au regard des standards et recommendations de la SFMC en la matière · que les zones contaminées sont contigues aux zones de repos et de travail 02/11/2014 15
  • 16. Il conviendrait de recommander : · l’usage systematique de masques FFP2 pour pénetrer en zone contaminée · un temps d’exposition de 20 minutes maximum renouvelable toutes les heures pour les soignants · établir une zone d’exclusion plus large separant la zone contaminée de la zone de vie · repenser le sas de decontamination et la procédure de deséquipement en reprenant les bonnes pratiques de la SFMC en matière NRBC Les discussions au sein du groupe francophone https://www.linkedin.com/groups/Groupe-Expert-Ebola-SFMC-8156465/about et au sein du groupe anglophone https://www.linkedin.com/groups/Ebola-outbreak- management-Group-8150382/about regroupants près de 400 spécialistes en medecine de catastrophe, en prevention de pandémie, en conception de vaccin, en réponse sanitaire opérationnelle, … issus de gouvernements, d’agences ou de services publics, d’entreprises spécialisées publiques ou privées européens, africains de l’ouest et Nord-Americains, portent essentiellement sur : 1. le risque de contamination aéroportée – à ce jour non formellement documenté – mais théoriquement possible, ne serait-ce que par les goutelettes de Pflügge, et pouvant rendre compte du nombre de cas important parmis les soignants : il a été décidé de recommander le port de masque FFP2 pour les soignants sur place et de limiter le temps de prise en charge à 20 min d’affilée pour chaque patient afin de limiter les risques. Les masques chirurgicaux que l’on voit dans les reportages sont notoirement insuffisants pour protéger des goutelettes de Pflügge émisent par les patients. Or l’exposition répétée à un risque 02/11/2014 16
  • 17. faible conduit asymptotiquement à une probabilité de 1. En l’etat c’est l’explication la plus plausible du nombre anormalement élevé de soignants contaminés. Pour la prise en charge des cas importés en Europe et tant qu’ils restent sporadiques, c’est le port de combinaison filtrantes qui est recommandé. 2. la cinétique inhomogène des 5 pays concernés avec une cinétique affine pour la Guinée et le Nigeria et une cinétique exponentielle pour la Sierra-Leone et le Libéria peut s’expliquer par des problèmes de retard de diagnostic et de receuil des cas et ne pas reflèter fidèlement la propagation des cas. Cependant une explication épidémiologique plus satisfaisante serait la bienvenue. 3. la sous déclaration multifactorielle des cas (diagnostics differentiels nombreux, frein economique et social de l’accès au soin, non respect des rites sociaux et funéraires “sacrés” pour les individus déclarés contaminés et donc “beneficie/risque” peu ou pas ecceptable pour l’interessé et son entourage, …). Une estimation de la part immergée de l’iceberg fait curellement défaut. 4. l’illusion des mesures de confinement qui sont contournées par les impératifs socioéconomiques locaux et par la pratique “institutionalisée” du contournment des régles contre rétribution. L’exemple du Sénégal en est la parfaite démonstration. 5. le risque de cas importés en Europe via l’immigration clandestine et les passeurs des autres traffics illicites qui, par nature, contournent tous les systèmes de contrôle. Ce point semble toujours sous-estimé par les autorités des pays concernés, probablement parce qu’il est politiquement difficile à aborder en raison de la stigmatisation possible d’une population déjà largement précarisée et fragile. 02/11/2014 17