Présentation de la décharge de Claye Souilly et des enjeux environnementaux liés à son activité, faite le 1er février 2014 lors du lancement du mouvement Zero Waste France. Mireille Lopez, Présidente de l'association Adenca.
1. Bonjour à tous.
Je suis présidente de l’association ADENCA, association de défense de
l’environnement de Claye-Souilly et ses alentours située en Seine et Marne.
Je parlerai aujourd’hui pour les riverains des décharges,
cette minorité invisible méprisée qui doit subir et se taire.
Aux portes de Paris, dans l’est parisien, à 20 kms d’ici se trouve le canton
martyr de Claye-Souilly où on a permis l’implantation de décharges au bord
du plus important captage d’eau de Seine et Marne qui fournit
en eau potable près de 500 000 habitants, un canton de 57 km2,
qui compte 6 communes, 5 décharges et 2 carrières remblayées par des déchets
dont :
- la plus importante décharge d’ordures ménagères d’Europe 1 100 000 tonnes
autorisées par an à Claye-Souilly
- la plus importante décharge de France de déchets dangereux à Villeparisis
- 3 décharges de déchets du BTP à Villevaudé et Annet sur Marne et 2 carrières
remblayées par des déchets du BTP à Le Pin et Villeparisis.
Comme si cela ne suffisait pas le carrier Placoplatre (Groupe St Gobain)
projette d’implanter 2 carrières de gypse remblayées par des déchets du BTP
à Villevaudé et à Courtry/Vaujours.
A Courtry/Vaujours l’industriel voudrait même creuser cette carrière dans
l’ancien site du CEA où ont été réalisés à la fin du siècle dernier des
expérimentations nucléaires, site inscrit dans la base Basol des sites pollués.
Comment en est-on arrivé là ?
A cause d’une législation inadaptée, à cause de certaines collectivités
surendettées qui pour cacher leur mauvaise gestion ont donné des avis
favorables à l’implantation de décharges contre la signature de conventions
financières avec les industriels, à cause des plans d’aménagement du
territoire qui se sont construits contre
l’environnement, mais pas
seulement, le malheur de la Seine et Marne c’est d’avoir des ressources
importantes en gypse, sable, graviers…
Les carriers ont creusé des trous pour exploiter ces ressources et on a remblayé
ces trous de déchets de toutes sortes : ordures ménagères, déchets industriels,
dangereux, gravats de bâtiment…
Mais comme les trous ne suffisaient plus, on a utilisé nos champs de Brie
couverts autrefois de blé, haricots verts, petits pois, épinards ..pour y déverser
en particulier des déchets du BTP, car il faut savoir qu’en France la plus grande
partie des déchets provient du BTP (73 %) pour majorité des déchets minéraux ;
béton, tuiles, briques, terres….
2. Ces décharges de déchets «dits inertes » peuvent recevoir des terres et déchets
pollués à l’Arsenic, Mercure, Plomb etc…, l’ETAT n’impose pas aux
exploitants la récupération et le traitement des jus de décharges (lixiviats) qui
repartent vers le milieu naturel : rivière et nappe phréatique et n’impose aucuns
contrôles des polluants avant rejets dans les rivières.
La rivière Beuvronne qui se rejette dans la Marne à Annet sur Marne en amont
proche du plus important captage d’eau de Seine et Marne reçoit les jus de 7
décharges de ce type.
A notre connaissance aucuns contrôles des métaux lourds ni de la radioactivité
ne sont effectués dans la partie basse de cette rivière.
Combien de temps pourront nous encore disposer d’une
ressource en eau potable, nous n’en savons rien ?
En effet, au regard du site du ministère de la santé, les analyses de l’eau du
robinet provenant de l’usine d’Annet sur Marne ont fait apparaître en 2013
à de nombreuses reprises une eau d’alimentation non conforme à la référence
de qualité.
Dans ce département où l’espérance de vie est la plus faible d’Ile de France,
nous demandons depuis des années des études sanitaires autour de ces
décharges, nous avons cogné à toutes les portes ; ETAT, Conseil Régional,
Conseil Général, Communes… sans résultat aucuns.
Pas d’étude sanitaire = pas de problèmes pour les élus
Ici aucun projet de parc naturel, de protection des espaces agricoles ou forêt,
d’agriculture bio, d’hôpital, de grandes écoles..
Est-il raisonnable de laisser les populations sur ce territoire,
exposées à des risques non maîtrisés, ne serait-il pas plus sage de
réserver le canton de Claye-Souilly aux multinationales (carriers
et exploitants de décharges) et de déplacer les populations ou bien
de réduire nos déchets, de les trier et les recycler permettant ainsi
la création de milliers d’emplois dont ce pays à tant besoin ?