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SIDAsolidarité#12
juillet-août-septembre 2004
Les échos de Bangkok /6
PATAM vs Bush /9
Déontologie, médias & Sida /14
Silence la police dépiste ! /16
Libre échange Maroc-EU
BYE BYE
GENERIQUES ?
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Sommaire
SIDAsolidarité#12
juillet-août-septembre 2004
Actualités /3
Arrivée des tests de dépistage rapides au Maroc
Lancement de la campagne nationale de communication sociale contre le
Vih-Sida
International /4
La France dénonce la politique US en matière de lutte contre le sida
Initiative « 3X5 » : Combien ça coûte ?
Les enfants : ces grands négligés de la lutte contre le sida
Recherche /5
La circoncision réduit le risque de contamination par le VIH
Un microbicide efficace pourrait être accessible aux femmes d’ici 5 à 7 ans
D'ICI 5 À 7 ANS
Les échos de Bangkok /6
L’ALCS à la conférence internationale sur le Sida /8
PATAM vs BUSH : Investissez dans la santé pas dans la guerre ! /9
Dossier : Libre échange Maroc-EU
BYE BYE GENERIQUES ?/10
Déontologie, médias & Sida/ 14
Droits/16
Silence, la police dépiste !
Prévention/17
Gnaoui Mimoun s’invite au Festival d’Essaouira
Prévention dans la prison agricole de Taroudant
ALCS News/19
SIDAsolidarité/ Bulletin interne de l’Association de lutte contre le sida
Rédaction : Hakima Himmich, Rose Marie Marque, Nadia Rafif, Othoman Mellouk
contact : alcsmarrakech@menara.ma/ Tél.fax : 00 212 44 43 98 43/ www.alcsmaroc.org
EDITO
Le 22 juillet 2004, l’ALCS Casablanca a changé de statut. De
section mère, elle devient une section régionale comme les
autres. En effet, à l’issue de son assemblée générale
extraordinaire et conformément aux statuts de 1992, de
nouveaux statuts ont été adoptés, à l’unanimité. Une structure
nationale élue, le Conseil national, où toutes les sections seront
représentées est mise en place. Ce Conseil coopte en son sein
un Bureau National chargé d’appliquer les orientations définies
lors des réunions bi annuelles du Conseil.
Ce nouveau cadre, qui régit désormais l’ALCS, est le fruit d’un
long processus de réflexion commune, menée à la lumière de
notre riche expérience et d’un travail de longue haleine,
entrepris avec le précieux soutien de nos amis de AIDES, dans
le cadre du Programme Concerté Maroc.
L’évolution de notre association et de son développement, qui
s’est manifestée notamment, par la création de nouvelles
sections régionales, ont rendu nécessaire cette refonte de notre
cadre juridique, répondant ainsi aux souhaits largement
exprimés lors des missions de diagnostic. Ce travail dans
lequel toutes les sections ont été impliquées, nous a permis de
relever les dysfonctionnements mais aussi de mettre en valeur
les points forts de notre organisation. Les présidents des
différentes sections se sont réunis en séminaire pour étudier les
conclusions de la mission de diagnostic et sur la base de leurs
remarques et propositions, un premier projet de statuts a été
élaboré et a été soumis à leurs critiques à deux reprises,
jusqu’à consensus.
Les principes essentiels de ces nouveaux statuts sont :
o Plus de démocratie et d’autonomie
o L’unification du travail au sein des sections avec
notamment les mêmes conditions d’élection, le même
calendrier pour la tenue des assemblées générales,
une même formation initiale
o Une synchronisation avec les instances nationales
o Deux principes nouveaux de précaution juridique et
médiatique que la gravité du sujet sur lequel nous
travaillons nous ont amené à introduire.
o Enfin la consolidation des comptes de l’association et
la soumission des instances, aussi bien nationales que
régionales, au contrôle d’un commissaire aux comptes
conformément à l’évolution de la loi sur les
associations dans notre pays.
Bien entendu l’éthique de notre association sera plus que
jamais préservée par ces nouveaux statuts.
Nous pouvons tous nous réjouir de l’aboutissement de ce long
processus qui s’est déroulé dans un esprit constructif. Nous
pouvons être fiers de nos nouveaux statuts qui reflètent très
bien l’esprit de démocratie, d’honnêteté et le souci de
transparence des femmes et des hommes qui font aujourd’hui
l’ALCS.
Cela dit les nouveaux statuts ne sont qu’un début. A présent il
va falloir finaliser la chartre des volontaires, rédiger le
règlement intérieur et la charte des salariés et surtout mettre
en place une structure financière adaptée à nos nouveaux
statuts et au plan comptable des associations. Avec la création
de la nouvelle structure nationale il va falloir trouver des
ressources financières supplémentaires pour recruter les
salariés et en assurer le budget de fonctionnement.
Hakima Himmich, présidente de l’ALCS
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Arrivée des tests de dépistage rapides au Maroc
Depuis le début de l'année 2004, les CIDAG de l'ALCS proposent aux consultants désirant faire le test VIH un test dit rapide
permettant d'obtenir le résultat en moins d'une heure.
Cette nouvelle génération de tests vient enfin d'obtenir l'autorisation d'être utilisée au Maroc et les CIDAG de l'ALCS sont parmi
les premières structures à en profiter. Les tests sont aussi fiables que les tests classiques "ELISA" qu'ils viennent remplacer
mais, comme ces derniers ils ne dispensent pas, en cas de positivité, de la nécessité d'obtenir confirmation par le Western Blot.
Comme les ELISA, ils nécessitent un prélèvement sanguin classique qui est "techniqué" sur place et le résultat est obtenu en 10
à 30 minutes. Ces tests sont particulièrement adaptés aux CIDAG parce qu'ils évitent aux consultants d'avoir à attendre parfois
jusqu'à une semaine et de retourner chercher leur résultat. Ils sont également très pratiques pour les structures de dépistage
mobiles comme le CIDAG mobile que l'ALCS vient de lancer.
Mais attention, la réduction du temps d'attente du résultat ne doit pas faire renoncer aux principes de prévention qui reste,
rappelons-le, le meilleur remède connu à ce jour…
Depuis la mise en place des tests rapides dans les CIDAG de l’ALCS ,593 tests, ont d’ores et déjà pu être réalisés au cours du
seul premier trimestre de l’années 2004 dans les centres de Casablanca, Marrakech, Agadir, Tanger et Essaouira.
Une hausse est à prévoir au cours du deuxième trimestre, avec l’équipement et le démarrage des activités de dépistage rapide
et de consultations IST à Rabat, Goulmim, Safi, Tétouan, Méknès et Taroudant
Lancement de la campagne nationale de communication sociale contre le Vih-Sida
Le ministère de la Santé vient de lancer la première campagne
nationale de communication sociale de lutte contre le SIDA au
Maroc utilisant des supports grand public. Cette campagne
s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan stratégique
national de lutte contre le Sida et a pour objectifs de sensibiliser
et d’informer le grand public, particulièrement les jeunes, au
risque d’infection par le VIH, ainsi que ses modes de
transmission et moyens de prévention.
Articulée en trois phases, la campagne vise par ailleurs la
promotion des services de dépistage et de prise en charge. Elle
permettra enfin de lutter contre les discriminations et la
stigmatisation des personnes vivant avec le virus.
La campagne couvrira la période de juin à décembre 2004 et
utilisera les supports TV, radio, presse et affichage. Elle est
financée dans le cadre du programme d’appui du Fonds mondial
L’activité d’Allo Info Sida boostée par la campagne de mobilisation sociale contre le sida
En 2004, la ligne ALLO…INFO SIDA a reçu entre 153 et 220 appels mensuels. Au mois de juin, les appels téléphoniques se
sont multipliés pour atteindre 1515 appels, grâce notamment aux spots publicitaires diffusés sur 2M et à la campagne TV et
d’affichage nationale reprenant systématiquement le numéro unique du service d’écoute, d’information et d’orientation :
Allo…Info Sida.
L’analyse des appels reçus montre que la connaissance du numéro s’est faite principalement par l’intermédiaire de la télévision
et de la radio (80,10%). Plus de 62% des appels téléphoniques sont effectués par des hommes et 38% par des femmes. La
majorité des appelants ont entre 15 ans et 25 ans (plus de 40,9% des appels).Plus de 70% des personnes appellent pour parler
spécifiquement du Vih-Sida, alors que les autres pathologies citées sont respectivement : IST 12,42%, HVB 7,27%, HVC 6,98%,
Autre 3,78%. La plupart des demandes concernent des informations d’ordre général (55,47% des appels), des demandes
d’orientation (32,42%) ; 4,09% sollicitent un soutien moral ; 3,5% un simple avis et enfin 3,3% une aide à la décision.
L’OPALS crée sa ligne d’écoute sur le Vih/sida
Le Maroc vient d’avoir sa deuxième ligne de téléphone spécialisée sur le SIDA. C’est l’OPALS (organisation panafricaine de lutte
contre le sida) qui est l’origine de cette initiative. Certes, tous les efforts sont les bienvenus pour informer et orienter nos citoyens
et l’ALCS n’a pas le monopole en la matière. Mais on peut s’interroger sur la pertinence de la création d’une deuxième ligne,
sachant qu’un numéro national (Allo… Info Sida 0810 025 25) existe depuis deux ans maintenant et qu’il s’agit d’une ligne
professionnelle créée avec le soutien de Sida Info Service, la ligne française de référence en la matière et qui a des années
d’expérience en matière d’écoute. L’écoute téléphonique en matière de Vih/Sida doit être une affaire de professionnels. Il ne
suffit pas d’obtenir un numéro à tarification économique, encore faut-il se donner les moyens de former les ressources humaines
et de mettre à leur disposition une documentation fiable. D’après les informations dont nous disposons, l’OPALS a lancé sa ligne
alors qu’elle n’a pas encore procédé à une formation professionnelle de ses écoutants.
Le pire dans l’histoire c’est que le ministère de la Santé vient d’inclure ce numéro dans ses affiches sans s’assurer au préalable
de la capacité des écoutants de répondre aux interrogations du public. Cela pourrait compromettre la campagne de
communication sociale du ministère de la Santé et la crédibilité des lignes d’écoute en général.
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4
La France dénonce la politique US en matière de lutte
contre le sida
Les Etats-Unis ont été de nouveau
interpellés, mercredi 14 juillet, à la
conférence internationale sur le
sida, à Bangkok, où l'Europe leur a
demandé d'adhérer à un accord
international sur les médicaments
génériques bon marché, comme
l'avait fait la France la veille. Le
représentant américain à la 15e conférence, a été
copieusement hué par des manifestants menés par
l'association française Act Up, qualifiant la politique américaine
en matière de sida de "honte". Le coordinateur américain de la
lutte antisida, Randall Tobias, a assuré dans un discours que
les Etats-Unis soutenaient les médicaments bon marché,
"quels que soient leur origine et ceux qui les produisent".Mais
"l'Amérique n'aura pas une norme pour ses propres citoyens et
une moins élevée pour les malades à l'étranger", a-t-il ajouté,
reprenant un argument des grands laboratoires
pharmaceutiques, qui accusent les génériques d'être d'une
efficacité inférieure. Exprimant un point de vue très différent, le
message délivré à la conférence par Jacques Chirac
"représente vraiment le message de l'Europe en général", a
déclaré Lieve Fransen, chef de la délégation européenne à
Bangkok. Jacques Chirac, dans un message lu par le ministre
délégué à la coopération, Xavier Darcos, avait estimé
qu'"obliger certains pays à renoncer" à des médicaments
génériques bon marché, "à la faveur de négociations
commerciales bilatérales, relèverait d'un chantage immoral".
M. Chirac n'avait pas cité les Etats-Unis, mais l'allusion était
évidente. Il avait aussi souhaité que soit mis "en œuvre
l'accord sur les génériques, afin de consolider les baisses de
prix". Washington est accusé de faire cavalier seul après avoir
été le seul des 144 pays membres de l'Organisation mondiale
du commerce (OMC) à bloquer, en décembre 2002, un accord
octroyant aux pays en développement dépourvus de capacités
de production, des exemptions aux droits protégeant les
brevets industriels, pour qu'ils puissent importer des
traitements génériques meilleur marché. Ce projet d'accord
avait suivi la déclaration initiale adoptée à la réunion
ministérielle de l'OMC à Doha, au Qatar, en 2001.
Pas de dons de médicaments en nature pour le Fonds
Mondial
Le Conseil d'Administration du Fonds Mondial a décidé
finalement, de cesser d'explorer la possibilité pour que le
Fonds reçoive directement des dons en nature (kind
donations). Les personnes qui ont été impliquées dans ces
discussions depuis des années ne peuvent que se réjouir de
cette décision. Il était déjà inconcevable que l'on ait pu
considérer sérieusement cette possibilité. Les preuves
recueillies pendant des années ont permis de démonter
jusqu'à quel point les dons de médicaments ont provoqué des
problèmes sérieux. Certains de ces problèmes les plus
significatifs ont été: un gaspillage des ressources humaines
lorsque les dons requièrent une grande charge de travail : des
produits arrivant avec des dates de péremption très courtes,
ainsi qu'une influence inappropriée des protocoles.
Antérieurement, de grandes quantités de produits inutilisables
ont provoqué des problèmes de disponibilité, une mauvaise
utilisation du personnel formé, ainsi qu'un gaspillage des
financements. Les dons en nature peuvent conduire à des
programmes de traitement conditionnés par les produits
fournis, qui peuvent ne pas être appropriés pour le patient (ou,
dans le cas de dons à court terme, elles représentent un
risque pour le patient, à cause du manque de produit). La liste
des problèmes est trop longue pour l'exposer ici. Depuis ces
dernières années il y a un aspect crucial des dons en nature
que nul ne peut ignorer. Parfois, les producteurs de
médicaments utilisent les dons de médicaments comme une
stratégie efficace pour éliminer la concurrence des génériques.
Les ARV meilleurs marchés sont disponibles grâce à la
concurrence. Sans concurrence, nous ne pourrions pas
disposer des combinaisons à dose fixe, qui sont un élément
essentiel pour la promotion du traitement. Personne de discute
que si certains pays, ONGs ou individus veulent utiliser un
don. Ceci peut être une stratégie raisonnable à petite échelle,
s'il s'agit de la meilleure solution possible. Cependant, les
institutions internationales comme le Fonds Mondial ne
peuvent en aucune façon bénéficier d'une stratégie de dons de
produits pharmaceutiques.
Initiative « 3X5 » : Combien ça coûte ?
Le journal médical « The Lancet » vient de
publier dans son numéro 364 (2004) un
article qui tente d’estimer les fonds
nécessaires qui doivent être mobilises afin
d’atteindre l’objectif de l’initiative “ 3 X 5 ”
de l’OMS/ONUSIDA et qui propose le
traitement de 3 millions de personnes de
pays de bas et moyen revenus avec la
thérapie antirétrovirale (ARV) d’ ici la fin de 2005. Les résultats
montrent la nécessite de 5,1 a 5,9 milliards de dollars afin de
fournir un accès étendu au traitement qui comprenne les ARV,
le soutien et l’administration des programmes a un niveau
national.
Les enfants : ces grands négligés de la lutte contre le sida
Les compagnies pharmaceutiques et les gouvernements
négligent le développement et la production de médicaments
et d'outils diagnostiques adaptés aux enfants touchés par le
VIH-Sida. "Les enfants qui ont besoin de traitements doivent
boire de grandes quantités de sirops au goût détestable, ou
avaler d'énormes comprimés. Encore faut-il qu'ils aient accès
aux traitements. " a ainsi déclaré le Dr David Wilson, un des
coordinateurs médicaux de MSF en Thaïlande. " Les
compagnies pharmaceutiques ne se donnent pas la peine de
développer des formulations pédiatriques antirétrovirales, tout
simplement parce que les enfants ne constituent pas un
marché rentable" .Dans les pays développés, les efforts
menés pour éviter la transmission du virus de la mère à
l'enfant permettent que relativement peu d'enfants naissent
avec le virus du sida. Il n'existe donc pas, aujourd'hui, un
marché pédiatrique " rentable ", ce qui explique le manque de
formulations pédiatriques, en dépit des besoins criants dans
les pays en voie de développement. Le seul espoir en vue
vient de certains fabricants de génériques, qui développent
des copies des traitements combinés de première ligne. En
2003, on estimait à plus de 2,5 millions le nombre d'enfants
vivant avec le VIH-Sida. La même année, 700 000 enfants de
moins de 15 ans ont été infectés par le virus, dont 88,6%
vivant en Afrique sub-saharienne. Leur pronostic vital n'est pas
bon. Environ 50% des enfants séropositifs meurent avant l'âge
de deux ans. Médecins Sans Frontières a commencé à
soigner des enfants de traitements par antirétroviraux en
décembre 2000. En mars 2004, environ 4% des patients pris
en charge par MSF étaient des enfants de moins de 13 ans.
Le premier défi est de pouvoir dépister les enfants vivant avec
le VIH. Les tests sérologiques standard ne sont pas fiables
chez les enfants de moins de 18 mois. Le suivi des CD4 est
difficile, car la plupart des machines existantes ne sont pas
adaptées à l'utilisation chez de jeunes enfants. Autre
problème, et non des moindres : le manque d'antirétroviraux
pédiatriques, qui rendent le calcul des doses extrêmement
complexe et lourd à gérer.
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LA CIRCONCISION RÉDUIT LE RISQUE DE CONTAMINATION PAR LE VIH
Mettant un terme à la controverse sur ce point, une équipe américano-indienne vient de conforter le rôle protecteur
de la circoncision contre l'infection à VIH. L'excision de la peau du prépuce, fragile cible du virus, en serait à l'origine.
L'enquête se déroule en Inde. A Pune précisément, à l'ouest de Bombay. Dans un service spécialisé dans les
maladies sexuellement transmissibles (MST), des médecins suivent le devenir de plusieurs dizaines de patients. Et
au fil du temps, ils identifient ceux qui deviennent séropositifs pour le VIH, le virus du SIDA. La question est de savoir
si la circoncision protége ou pas de l'infection. Eh bien, oui ! "L'analyse de nos données a démontré que les circoncis
ont 6 fois moins de risques d'être porteurs du virus", révèle Robert Bollinger de l'école médicale Johns Hopkins à
Baltimore (USA), qui a mené l'étude en collaboration avec les Indiens de Pune. En vérité, "nos résultats sont en
accord avec des études antérieures, qui avaient également suggéré un rôle protecteur de la circoncision." Comment
expliquer ce phénomène ? L'hypothèse la plus vraisemblable serait biologique. "L'excision du prépuce semble en
être l'origine. Ce tissu contient en effet des cellules cibles du VIH, en particulier des CD4, et des cellules de
Langherans, très facilement accessibles au virus". D'autres auteurs sont persuadés que le rôle protecteur de la
circoncision serait dû au comportement sexuel plus responsable des circoncis. Une fausse piste ! Car nous n’avons
observé aucune réduction des risques de syphilis, d'herpes ou de gonococcie", précise Bollinger.
MUTATIONS ET RÉSISTANCE: UNE COURSE CONTRE LA MONTRE ENTRE VIH ET CHERCHEURS
Les fréquentes mutations du virus de l'immunodéficience acquise (VIH) entraînent les chercheurs dans une course
contre la montre pour mettre au point de nouvelles générations de médicaments, destinées à prendre le relais dès
que le VIH trouve la parade aux précédentes. Les mutations sont dues à des erreurs dans la copie du matériel
génétique. Ces défauts de copie, qui risquent chez l'homme d'être la source de maladies dont le cancer, peuvent être
profitables au VIH et lui permettre de déjouer les pièges que lui tendent les antirétroviraux (ARV).Ainsi avantagés, les
virus mutés, devenus résistants à un ou plusieurs ARV que reçoit le patient, se multiplient aisément. Pour s'opposer
à cette prolifération, il faut viser d'autres "points faibles" du virus, en passant des traitements de "première ligne", à
ceux de deuxième ou troisième génération. Il existe aujourd'hui une vingtaine de médicaments anti-VIH, agissant à
différentes étapes, pour l'empêcher de se répliquer au sein de la cellule infectée, ou d'y achever sa formation et
d'aller infecter d'autres cellules.
Après l'apparition de l'AZT, en 1987, l'arrivée en 1996 de trithérapies, associant trois antirétroviraux, a marqué une
étape-clé. Même devenu indétectable dans l'organisme, le virus y reste néanmoins tapi. L'apparition de "résistance"
à un premier cocktail médicamenteux pousse à rechercher d'autres associations. Nouveau venu dans la famille des
ARV, l'enfuvirtide, ou Fuzeon selon son nom commercial, vise à interdire l'entrée du virus dans les cellules
immunitaires. Or, il ne peut se reproduire qu'en y jouant les parasites. Présentée comme dernier recours contre
l'infection, cette molécule très chère ne reste cependant qu'un rempart "temporaire", selon plusieurs chercheurs.
D'autres inhibiteurs d'entrée sont en cours de développement. Les mutations du VIH expliquent aussi la difficulté à
mettre au point le vaccin préventif attendu depuis la découverte des premiers cas de sida voici 23 ans. Là aussi, les
chercheurs continuent d'explorer des pistes successives (anticorps et autres formes d'immunités), dans l'espoir
d'arriver un jour à frapper suffisamment fort, et de façon diversifiée, pour que le virus ne puisse pas contrer en même
temps toutes les tentatives pour prévenir l'infection.
UN MICROBICIDE EFFICACE POURRAIT ÊTRE ACCESSIBLE AUX FEMMES D'ICI 5 À 7 ANS
Alternative éventuelle aux préservatifs pour protéger du sida les femmes des pays pauvres, des microbicides
efficaces à insérer dans le vagin sous forme de crème ou de gels pourraient exister d'ici 5 ans à 7 ans, a annoncé
l'International Partnership for Microbicides (IPM). Développer des microbicides ne suffit pas, il faut aussi que "l'accès
aux soins pour tous" concerne ces produits destinés à prévenir la transmission du virus du sida (VIH), a déclaré la
directrice de l'IPM Zeda Rosenberg lors de la 15e conférence internationale du sida. Ils "doivent être accessibles aux
femmes dès qu'ils seront mis au point", sans attendre dix ans, voire plus, entre l'approbation dans les pays
industrialisés et l'introduction dans les pays en développement, a-t-elle insisté.
Les femmes représentent près de 60% des quelque 25 millions de porteurs du VIH/sida en Afrique, selon l'Onusida.
Souvent fragilisées, soumises au bon vouloir masculin, elles peuvent difficilement imposer l'usage du préservatif,
voire refuser un rapport sexuel. D'où l'intérêt d'une autre protection contre le VIH, voire aussi d'autres maladies
sexuellement transmissibles. Invisibles, susceptibles d'être insérés dans le vagin à l'insu du partenaire sexuel, les
microbicides pourraient, selon leurs promoteurs, représenter une nouvelle option. Présentés sous forme de gels, de
crèmes, d'émulsions, voire de dispositifs tels que des diaphragmes permettant de libérer le produit sur une longue
durée -un mois ou plus-, ils ouvriraient la possibilité d'associer contraception et prévention.
L'utilisation de microbicides, même efficaces à seulement 60%, par une femme sur cinq dans 73 pays à faibles
revenus, permettrait d'éviter 2,5 millions d'infections par le VIH en trois ans, selon un récent rapport la fondation
Rockefeller qui participe au financement de l'IPM avec notamment la Banque mondiale et cinq pays européens
(Danemark, Irlande, Pays-Bas, Norvège et Royaume-Uni).L'efficacité de six candidats-microbicides doit être testée
lors d'essais en cours ou prêts à commencer, portant sur plus de 20.000 femmes sur trois ans, selon l'IPM.
Une vingtaine d'autres microbicides potentiels sont à l'étude. Différents mécanismes sont envisagés pour empêcher
l'infection : tuer ou inactiver le VIH en attaquant sa membrane protectrice, créer une barrière physique entre virus et
cellules de la muqueuse vaginale, voire du rectum, ou notamment renforcer les défenses naturelles de l'organisme.
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Les échos de Bangkok
Juillet 2004, pendant six jours, la XVème conférence
internationale sur le sida a réuni plus de 16 000 délégués
du monde entier sur le thème de l’«Accès aux soins pour
tous». Retour sur les moments forts et les thèmes majeurs
de la Conférence.
Cérémonie d'ouverture
A mi chemin entre le "show" et la déclaration de politique
générale, la cérémonie d'ouverture a été marquée par une
intervention très appréciée du secrétaire général des Nations
unies contrastant avec les difficultés du premier ministre Thaï
face aux usagers de drogue. 15 000 participants, venus de
160 pays, étaient conviés à la cérémonie d’ouverture,
dimanche 11 juillet. Joep Lange, président de l’IAS a voulu en
introduction placer cette XVème Conférence dans la lignée de
Durban: «si la Conférence de 2000 s’était tenue à Paris,
Londres ou Washington et non Durban, nous serions toujours
en train de discuter du prix des antirétroviraux». Le
mouvement né de Durban, était celui qui a conduit à
l’augmentation des fonds et à la baisse des prix. Et c’est à
semblable ambition que la Conférence de Bangkok est
conviée: c’est ainsi qu’elle a été «stratégiquement localisée en
Asie, où ont lieu le quart des infections dans le monde», et
particulièrement en Thaïlande, un pays «qui a montré un réel
engagement dans la prévention du VIH», et dont on peut
souhaiter qu’il constitue un «exemple suivi» par d’autres pays.
«Merci à la Thaïlande de nous avoir montré que des avancées
étaient possibles», a repris Kofi Annan.
La problématique choisie par le Secrétaire général des Nations
Unies a permis de mettre l’accent sur les aspects sociaux de
l’épidémie, et notamment de dénoncer les discriminations à
l’égard des femmes. C’est Miss Univers 2004 qui est venu
appuyer ce plaidoyer pour les femmes!
Evoquant les précédentes déclarations internationales, Kofi
Annan a rappelé que «nous ne sommes pas en voie de réduire
l’ampleur et l’incidence de l’épidémie d’ici 2005, comme nous
nous y étions engagés». Enfin, faisant écho à l’intervention du
premier ministre thaï, Thaksin Shinawatra, le secrétaire
général a plaidé en faveur d’une prévention adaptée aux
besoins de chacun, hommes, femmes, jeunes, sex workers,
homosexuels, ou usagers de drogues injectables.
Le premier ministre avait commencé son allocution d’ouverture
par un tableau idyllique de la réduction des risques en
Thaïlande? sous les huées des «Thaksin lyes» vite
dissimulées par les nombreuses forces de sécurité présentes.
OMS Three by five
En prélude à la Conférence, l’OMS organisait une conférence
satellite sur Three by five, ou comment mettre trois millions de
personnes sous traitement d’ici 2005. Juste un chiffre, une
date, pour une cause juste? Si l’OMS se met, selon
l’expression de Jim Kim, directeur du programme, un «pistolet
sur la tempe», c’est au nom d’un engagement sans précédent,
et «galvanisant». Car il ne s’agit pas seulement des
traitements: mais aussi de bâtir, dans les pays en
développement, les systèmes de santé qui permettront de les
distribuer. «Quelle opportunité!», selon Jim Kim, de
promouvoir la santé publique et le développement. Et si, dans
les quelques 18 mois qui restent, alors que l’OMS compte
aujourd’hui 440 000 personnes sous traitement, quelques
«sueurs froides» sont à prévoir pour les responsables du
programme, elles sont, après tout, «à la hauteur de celles que
ressentent ceux qui sont en attente d’un traitement».
On retiendra deux points de ce satellite. Tout d’abord la
volonté proclamée de généraliser le dépistage volontaire en
routine. L’idée de cette «nouvelle politique» est de lutter contre
la stigmatisation par la systématisation des occasions de
communiquer sur le VIH. Ensuite, la promotion des «fixed
dose combinations», qui faisaient l’objet d’une session
présidée par Michel Kazatchkine. Après la présentation des
données sur le Triomune en une prise parues dans Lancet la
semaine dernière, la discussion a porté sur l’avenir des
thérapies simplifiées. L’occasion de rappeler l’enjeu
économique encore et toujours. Avec pour vertus une
adhérence et une prescription facilitées, et donc moins de
risques de résistances, la piste ouvre sur la question de la
concurrence à l’innovation, et aux prix, entre firmes
pharmaceutiques et génériqueurs.
La qualité de vie et le bien-être des personnes vivant avec
le VIH-sida
La question de la qualité de vie des personnes malades du
sida prend une part de plus en plus importante aujourd’hui,
notamment avec l’arrivée des traitements, au Nord comme au
Sud. Toutefois, elle ne se limite pas à cette circonstance.
Au cours d’une session orale, six différentes présentations,
provenant de contextes très différents, ont permis de donner
un aperçu du bien-être des malades et de la qualité de leur
vie. D’une part, les personnes qui n’ont pas accès aux
traitements doivent pouvoir recevoir des services permettant
de lutter contre la douleur, le rejet, la discrimination,etc..
L’exemple de Mme Chanty Prang, de FHI Cambodge, est à ce
titre intéressant : autour de la problématique des soins
palliatifs, c’est une véritable solidarité communautaire qui s’est
construite à Pnom Penh. Omar Amri, a présenté un
programme mis en place par Aides et six associations locales
au Mali, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. L’idée est simple,
et selon les résultats présentés à Bangkok, particulièrement
efficace : près de 150 personnes malades ont pu bénéficier
d’un prêt qui leur permet de mettre en place une activité
génératrice de revenus. Il en résulte une amélioration des
conditions de vie des malades, de leur famille. Cela permet
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7
également de constituer une petite épargne santé, qui
participera aux paiements des frais de santé.
Le soutien à l’observance est également au coeur de la
problématique de la qualité de vie, tant pour les enfants (Mme
S. Kongsawat de MSF-Belgium dans la province de Petchburi
en Thailande ou encore Mme Elisabet Cruz de Sao Paolo au
Brésil) que pour les adultes. Toutefois, cette session aura
aussi été l’occasion d’évaluer les limites de la mesure de la
qualité de vie. Et c’était dramatiquement le cas pour l’étude
présenté par Loraine Sherr de Londres à propos des suicides
chez les personnes séropositives dans la communauté gay ou
encore avec Bruno Spire qui a présenté une étude de mesure
psychométrique de la qualité de vie, entamée il y a maintenant
sept ans.
Faciliter l’accès au test de dépistage
Une session très riche a présenté plusieurs expériences visant
à faciliter l’accès au dépistage et au conseil. Aperçu.
Une intervention présentait la mise en place de test et de
conseil pour les couples au Rwanda et en Zambie
(TuOrE1194).
Le principe de cette initiative étant de faciliter les discussions
au sein du couple et de lutter contre l’idée répandue que la
monogamie permet d’éviter les contaminations. Pour appuyer
l’initiative, les organisateurs ont identifié des personnes leader
dans les communautés qui font la promotion du programme.
Chaque intervention publique, au cours de réunions ou par des
rencontres directes, a permis d’augmenter le nombre des
personnes participantes. Au cours de la discussion, deux
problèmes ont été soulevés. En premier lieu, la possibilité d’un
consentement volontaire de la femme a fait l’objet de réserves
de la part du public. Les promoteurs de l’expérience ont
rappelé que s’il y a un premier conseil pour le couple, les
époux sont ensuite séparés, bénéficient d’un second conseil
pré-test séparé, le rendu étant également distinct. En second
lieu, se pose la question des traitements proposés aux
participants: ils ne bénéficient que du traitement contre la
syphilis. Il n’est pas prévu de traitement ARV pour les
personnes dépistées, les organisateurs renvoyant les
personnes sur les autres programmes. Ceci peut expliquer le
faible nombre de participants.
Une autre intervention présentait l’initiative hollandaise
ChekPoint (TuOrC1197). Il s’agit de proposer à Amsterdam un
dépistage en une heure, les personnes ciblées étant les MSM.
Le projet est financé par GSK et toutes les informations sont
disponibles sur le site www.hivnet.org. Le test rapide utilisé est
Determine® des laboratoires Abbott, et les personnes offrant
le test et le conseil sont tous des volontaires. Le conseil dure
environ 45 minutes. En cas de test positif, un second
prélèvement est effectué et envoyé à un laboratoire (Western
Blot plus Elisa désensibilisé). Un rendez-vous est donné pour
la semaine suivante. A ce jour, aucun faux positif n’a été
relevé.
Festival de cinéma
L’IAC, en partenariat avec TVE Asia Pacific présente cette
année une très riche palette de documentaires, spots
publicitaires, fictions de courts ou moyens métrages sur le
VIH/sida.
De mémoire de participants, c’est bien la première fois qu’un
festival du cinéma est organisé dans le cadre d’une
conférence mondiale. Sélectionnés parmi une centaine de
films pour leurs qualités informatives, éducatives ou créatives,
ces documents permettent de saisir la diversité des actions de
communication et de prévention mises en place à travers le
monde. Du partage du quotidien des personnes séropositives
à la promotion du préservatif sur un air de Carmen, ce festival
offre chaque jour un large panorama des outils et ressources
audiovisuels produits par des institutionnels, journalistes ou
acteurs de terrains. Les participants zélés profiteront de
l’occasion pour échanger avec les producteurs présents dans
le cadre du festival. Le guide mis à la disposition des
spectateurs permettra à chacun de se procurer les supports
susceptibles de contribuer à l’amélioration de ses actions.
Nous ne pouvons qu’espérer qu’une telle initiative soit
reconduite à Toronto en 2006.
Vaccin anti-VIH
Quels progrès depuis la conférence de Barcelone?
A l’heure actuelle, les vaccins restent le défi scientifique de la
communauté biomédicale internationale. La Thaïlande est
d’ailleurs un des pays leaders dans la mise en place d’essais
avec pas moins de 20000 volontaires qui ont accepté de
participer à leur élaboration, entreprise nécessaire pour trouver
un vaccin destiné au monde entier. Si aucun essai vaccinal
n’est encore concluant, leur nombre augmente passant de 22
essais de phase 1 en 2003 contre 7 en 2002. Un essai sur les
singes a notamment montré un progrès réalisé sur la mesure
d’anticorps neutralisants le VIH. Il manque néanmoins du recul
afin de déterminer les conséquences exactes de ces essais
sur certains participants. Il semble aussi important de tenir
compte à l’avenir de l’origine ethnique des volontaires ainsi
que des sexe en fonction de l’essai. Un effort de collaboration
internationale doit s’affirmer et être plus ciblé afin que le vaccin
de demain soit accessible à tous et dans tous les pays. Mais
ce ne sera sans doute pas avant une dizaine d’années.
L’épidémie se féminise. Mais où sont les préservatifs
féminins?
Beaucoup de sessions de cette conférence ont porté sur les
femmes, comme l’a souhaité le Secrétaire général des Nations
Unis en ouverture. A l’heure où 58% des personnes
séropositives subsahariennes sont des femmes (le début de
l’épidémie concernait surtout les hommes), où partout, y
compris en France, nous assistons à une féminisation de
l’épidémie, les préservatifs féminins semblent toujours être
victimes d’une utilisation confidentielle. A la conférence, rares
étaient les lieux où ils étaient proposés ou présentés. Il aura
fallu attendre le quatrième et avant-dernier jour de la
conférence de Bangkok pour qu’ils soient distribués aux
journalistes dans la salle de presse. Pour en parler, bien
évidemment.
La XVIe conférence mondiale sur le sida se tiendra à
Toronto en 2006
Les conférences mondiales organisées désormais tous les
deux ans, dont les lieux alternent entre pays du Nord et pays
du Sud se veulent être un enjeu important d’échanges de
pratiques, de recherches et de perspectives pour tous les
acteurs de la lutte contre le sida. La prochaine conférence sera
organisée à Toronto au Canada, pays notamment novateur
dans son approche de la prévention auprès des jeunes. Cette
conférence aura lieu du 13 au 19 août 2006. Pour en savoir
plus: http://www.aids2006.org.
Sources : Le CRIPS
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8
L’ALCS à la Conférence
internationale sur le sida
De retour de Thaïlande, H. Himmich nous livre ses
impressions sur la conférence et fait le bilan de la
participation de l’ALCS. Entre sessions et réunions, cette
rencontre aura surtout été l’occasion pour l’ALCS de
consolider et de nouer des partenariats.
Vous rentrez de Bangkok où s’est tenue la dernière
conférence mondiale sur le sida. Qu’en est-il de la
participation marocaine à la conférence ?
A cette conférence le Maroc était représenté par une
nombreuse délégation comprenant des responsables du
ministère de santé et représentants des associations de lutte
contre le SIDA dans notre pays. Malheureusement notre
association n’avait pas une représentation à la hauteur de
l’important rôle qu’elle joue dans le domaine de la prévention
et de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH,
puisque j’en étais la seule représentante. Ne pouvant tout
faire, j’ai sûrement laissé passer des opportunités
intéressantes de contact avec d’autres associations et avec
des bailleurs de fonds.
Comment expliquer cette faible présence de l’ALCS ?
Le nombre de prises en charge mis à disposition localement
par les organisations des Nations Unies étant limité (1000
prises en charge pour 16 000 participants), la seule possibilité
pour nous d’avoir une meilleure représentation est de
demander, à temps, une prise en charge au secrétariat des
prochaines conférences et de soumettre des abstracts pour
avoir plus de chance de voir la demande acceptée.
Pour cela les sections devront recevoir les informations sur les
conférences internationales dès leur diffusion et surtout les
coordinateurs de projets et les membres des bureaux devront
se familiariser avec la rédaction des abstracts.
Pour cela je propose l’organisation d’un atelier sur la rédaction
d’abstracts et la mise en place d’un comité national qui se
chargera de les revoir et de les traduire en anglais.
La conférence c’est beaucoup de rencontres scientifiques,
mais aussi l’occasion d’approcher des nouveaux
partenaires et bailleurs de Fonds ?
Les données scientifiques de cette conférence seront
présentées par Pr Latifa Marih (qui a eu deux posters
acceptés, ce qui lui a valu une prise en charge) dans un autre
article. Quant à moi, ayant passé l’essentiel de mon temps
en réunion plutôt que dans les sessions, je vous informe plutôt
des principaux résultats de ces contacts.
Ainsi, lors d’une réunion avec Pr Mohamed Adnaoui et Dr
Hèlène Degui du réseau ESTHER, le principe d’un projet de
collaboration entre le pôle d’excellence de Rabat et notre
section dans cette ville a été retenu. Il ne reste plus qu’à
rédiger le projet pour septembre. Ce partenariat sera le
troisième du genre, après celui de Casablanca et d’Agadir et
devra être étendu aux autres sections impliquées dans la prise
en charge, notamment Marrakech.
D’autre part l’Organisation mondiale du travail a organisé, en
partenariat avec l’ONUSIDA, un atelier au cours duquel a été
présenté un kit de prévention sur les lieux de travail que j’ai
ramené et dont nous devrions nous inspirer pour développer,
avec Ahmed Douraidi, notre collaboration avec les syndicats et
nos actions dans les lieux de travail.
Au total, plein de projets et beaucoup de travail en perspective.
Dans son message à la conférence, le Président Chirac a
enfin pris position et dénoncé la politique libre échangiste
de l’administration américaine. Avez-vous eu des
entretiens au sujet de l’accord de libre échange ?
Lors d’une réunion avec Pr Alice Desclaux, chef de l’unité
d’anthropologie à l’Université d’Aix en Province, il a été décidé
de rédiger et de chercher le financement pour une étude des
conséquences des clauses sur la propriété intellectuelles de
ces accords d’un point de vue économique et de sciences
humaines. Notre amie Latéfa Imane, si ses obligations
internationales lui en laissent le temps, sera en charge de
l’étude anthropologique. Cette étude serait d’autant plus
importante que, comme prévu, les EU seraient en train
d’essayer d’imposer les mêmes clauses dans d’autres pays,
notamment en Thaïlande.
Beaucoup d’ONG saisissent l’occasion de la conférence
pour coordonner leurs actions et établir de nouveaux
partenariats. Avez-vous eu des contacts dans ce sens ?
Oui, avec PATAM entre autres. Ce réseau d’associations
africaines pour l’accès aux soins est en contact avec Dr
Othman Mellouk, membre du comité exécutif de cette
organisation pour l’ALCS, pour la préparation, en marge de
nos assises, d’une réunion des associations maghrébines. A
Bangkok j’ai rencontré Loubna EL Taber, membre du comité
exécutif de PATAM, avec qui j’ai discuté du programme de
cette réunion, de son financement et de la participation à nos
assises. Nous avons aussi discuté du renforcement de notre
collaboration dans différents domaines, notamment ALE
(traduction en arabe et diffusion d’une note de MSF) et guide à
l’attention des personnes vivant avec le VIH.
J’ai également eu une importante réunion avec le directeur
exécutif D’ECS Bertrand Audoin, sur l’aide qu’ECS pourrait
nous apporter dans la réalisation de notre Sidaction, prévu
pour le 21 janvier 2004, avec 2M. Bertrand est complètement
acquis à cette collaboration qui cependant doit être approuvée
par le Conseil d’administration à qui il faut adresser une
demande et un dossier pour sa prochaine réunion, début
septembre.
Avec Aides, nous avons discuté avec Vincent Pelletier et Omar
Amri de la nécessité de relancer le projet Amedis (c’est le
projet qui devait remplacer Cap- prévention, coordonné par
l’ALCS Tanger, et qui concerne les trois pays Maghrébins).
C’est Omar qui est en charge de ce projet, qui date de 3 ou 4
ans et qu’il va falloir réécrire.
J’ai rencontré le directeur du CRIPS, Antonio Augidos, pour la
relance du projet de centre de documentation. Ce projet
pourrait être financé par le Conseil Régional d’Ile de France à
condition d’impliquer dans le partenariat le Conseil Régional
de Casablanca.
Et au niveau des médias ?
J’ai me suis entretenue avec notre ami Franck Joucla,
directeur de la communication à TV5 sur le soutien que peut
apporter la chaîne à notre Sidaction. TV5 va diffuser un appel
à don, à l’attention de la diaspora marocaine en Europe et au
Canada et va nous mettre en contact avec des artistes. Par
ailleurs j’ai été interviewée sur TV5 au sujet du programme 3/5
de l’OMS.
Une interview a été accordée à Eric Favreau, journaliste à
«Libération » sur l’accès aux soins et prévention du SIDA au
Maroc. Ainsi qu’au journal « Remaides » sur le rôle de l’ALCS
dans l’accès aux soins.
Hakima HIMMICH, présidente de l’ALCS
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PATAM vs BUSH :
Investissez dans la santé pas dans la guerre !
A l’appel de TAC (Treatment access campaign) et PATAM (Pan Africain Treatment Access Movement), plus de
quatre vingt organisations oeuvrant dans le domaine de la santé et des droits humains du monde entier (dont
l’ALCS) ont décrété la journée du 24 juin 2004 journée mondiale de protestation contre la politique de Bush en
matière de VIH/SIDA.
Manifestations, conférences de presse, fax de protestations, communiqués… tous les moyens étaient bon
pour dénoncer la politique désastreuse de l’administration Bush qui est en train de miner plusieurs années
d’efforts en matière de lutte contre l’épidémie. Une politique de plus en plus dictée par des intérêts
économiques et idéologiques que par la science.
En janvier 2003 le président Bush a déclaré consacrer 15 milliards de $ à la lutte contre l’épidémie du sida dans le
monde sur une période de 5 ans. Les milieux de la lutte contre le sida ont salué cette initiative et y ont vu enfin un
engagement sans précédent de l’administration américaine qui pouvait servir de modèle pour les autres pays riches.
La joie n’aura pas duré longtemps puisque, pour l’année 2004, le congrès n’aura accordé au président que la somme
de 2,4 milliards qui seront consacrés au plan d’urgence du président contre le sida (PEPFAR). L’argent promis ne sera
pas destiné au Fonds mondial, un outil qui commence à faire ses preuves. Mais à un programme d’aide bilatéral
destiné aux pays acceptant de mettre des programmes de lutte contre le sida bénis par l’administration américaine.
Pour cela, les programmes doivent utiliser des médicaments de marque (pour la plupart issus de labos américains !) et
non des génériques. Des programmes de prévention basés sur l’abstinence et la fidélité. Pas de promotion de
préservatifs. Pas de programmes de réduction des risques destinés aux travailleurs du sexe ni aux usagers de drogues
injectables.
En gros des programmes qui reposent plus sur des arguments idéologiques et économiques au détriment de la
science.
Pour la question des traitements, l’attitude de l’administration américaine ne s’arrêtera pas au refus de financer des
programmes utilisant des génériques, mais ira jusqu’à remettre en doute, en utilisant des arguments pseudo-
scientifiques, l’efficacité et la sécurité des anti-rétroviraux notamment les combinaisons à doses fixe (3 ARV en 1)
ayant pourtant été pré-qualifiés par l’OMS et d’autres organisations comme MSF. Alors que ces combinaisons sont
beaucoup moins contraignantes pour les patients et donc parfaitement adaptées aux patients des pays pauvres en
raison de leur simplicité d’utilisation. Sabotant ainsi le système de pré-qualification des médicaments de l’OMS et les
autorités de régulation des pays.
Un autre moyen de restreindre l’accès aux médicaments génériques consiste en la conclusion d’accords bilatéraux de
libre échange avec les pays en voie de développement, avec des standards de protection de la propriété intellectuelle
au-delà de ce qui est requis aujourd’hui par l’OMC. Cce qui constitue un moyen de contourner la déclaration de Doha
qui accorde aux pays des souplesses en la matière afin de gérer des situations d’urgence sanitaire ou de graves
problèmes de santé publique.
Ainsi, plutôt que de servir la lutte contre le sida, la politique américaine risque de provoquer une régression en la
matière. Pire, les politiques de santé publique de certains pays pauvres en manque de ressources risquent de se
retrouver influencées.
Pour ces raisons, plus de quatre vingt organisations de santé et de défense des droits humains (dont l’ALCS) ont
répondu à l’appel de TAC et PATAM et ont décrété la journée du 24 juin 2004, journée mondiale de protestation contre
la politique de Bush en matière de VIH/SIDA. Plusieurs manifestations ont eu lieu. Des lettres de protestations ont été
adressées au président et aux différents ambassadeurs américains dans le monde.
A titre de rappel, le budget global des programmes de coopération des Etats-Unis pour 2004 est de 17,55 milliards de
$, alors que le budget voté pour l’effort de guerre en Iraq pour la même année est de 268,2 milliards de $ et qu’une
rallonge supplémentaire de 87 milliards a été demandée au Congrès. Sans commentaire !
O.Mellouk
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10
Le Maroc accepte un accord controversé !
« Cet accord contient le degré de protection de la propriété intellectuelle le plus élevé, jamais obtenu dans
un accord de libre échange avec un pays en voie de développement ! ». Voilà comment le président Bush
décrit dans un message adressé au congrès américain l’accord de libre échange conclu entre le Maroc et
les Etats-Unis le 2 mars dernier, et adopté par le Congrès le 21 juillet. Le Maroc, a donc accepté ce
qu’aucun pays n’avait encore jamais accepté : l’inacceptable !
Ni la mobilisation d’une quarantaine d’ONG marocaines regroupées en coalition, ni celle des plus grandes
ONG internationales oeuvrant pour l’accès aux médicaments, ni même les mises en garde répétées de
Joseph Stiglitz prix Nobel en économie et ancien conseiller de Bill Clinton, américain de surcroît, n’ont
réussi à infléchir la position des négociateurs marocains face à leurs homologues américains intransigeants
sur les questions liées à la propriété intellectuelle. Forts d’une armée de lobbyistes superpuissants financés
à coups de millions de dollars par les grands laboratoires pharmaceutiques américains, décidés plus que
jamais à en finir avec la concurrence des médicaments génériques, même au prix de la vie de millions de
personnes dans le monde !
Le Maroc a donc accepté l’inacceptable et cela constitue un antécédent grave. Au-delà des conséquences
futures sur l’accès des marocain(e)s à des médicaments à un prix abordable (voir analyse de Rob.
Weissman ci-après), les pays en voie de développement risqueront de nous reprocher d’avoir cédé sur un
dossier sur lequel nous nous sommes battus ensemble depuis maintenant plus de 4 ans !
En effet, le Maroc, avait jusque là fait front commun avec les pays du Sud pour défendre les acquis de la
déclaration de Doha au sein de l’OMC. Il a défendu cette position avec ardeur alors qu’il était chef du
groupe africain au sein de cette organisation au moment où les débats sur la question étaient les plus
passionnés.
Que le Maroc cède aujourd’hui, et la porte est ouverte aux Américains pour faire plier d’autres pays en cours
de négociation actuellement.
Amérique latine, Afrique du sud, Thaïlande … La liste des pays s’allonge de jour en jour.
Pourtant la société civile marocaine et la presse nationale ont fait un travail remarquable. Ils ont informé le
grand public et les députés sur les enjeux d’un tel accord. Interpellé les responsables le long des
négociations. Sollicité le soutien des ONG les plus influentes qui travaillent dans le domaine de la santé et
des droits humains. Jamais, dans l’histoire de notre pays, un accord bilatéral avec un pays tiers n’a suscité
Libre échange Maroc-EU
BBBYYYEEE BBBYYYEEE
GGGEEENNNEEERRRIIIQQQUUUEEESSS ???
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11
autant de littérature ni alimenté autant de controverses. S’il faut y voir une maturité de la société civile et de
la presse nationale. Ce n’est pas le cas de la classe politique, qui, à part quelques questions posées par des
députés isolés, a brillé par son silence tout au long du débat passionné des derniers mois. Le
gouvernement, quand à lui, a préféré prendre la société civile pour ennemi en réprimant par la violence le sit
in du 28 janvier, alors qu’il pouvait la considérer comme un allié pouvant l’aider à renforcer son pouvoir de
négociation face à l’équipe négociatrice américaine. Se contentant de minimiser l’impact de l’accord
présenté comme un accord win-win dans lequel il est normal de faire des concessions de part et d’autres.
Mais comment un pays comme le notre pourrait-il faire des concessions sur le secteur de la santé, alors que
moins de 16% des marocains bénéficient d’une assurance maladie ?
Dans son message adressé à la communauté internationale lors de la Conférence internationale sur le sida
à Bangkok, le président Chirac a enfin pris position en qualifiant la politique de libre échange de
l’administration américaine actuelle de « chantage immoral ». "Nous ne souhaitons pas que ces pays aient
les mains liées par ces accords bilatéraux", a rajouté Mireille Guigaz, ambassadrice pour le SIDA, pour
commenter les propos de son président. Nous rappelons que les activistes français avaient sommé leur
président de réagir à l’accord avec le Maroc, dès le mois de janvier, en vain.
Cette prise de position française sur la question vient, certes, un peu tard pour nous. Mais elle a le mérite
d’initier un débat mondial sur la question et de mettre l’administration américaine, déjà fragilisée par la
guerre en Irak et les élections présidentielle prochaines, dans l’embarras. Nous espérons que d’autres chefs
d’état emboîteront le pas au président français. Que cela pourrait servir la cause des pays en cours de
négociation. Pour nous, les jeux sont déjà faits hélas !
O. Mellouk
ANALYSE
Quel impact sur le secteur des
génériques ?
Robert Weissman est co-directeur de « Essential Action ».
Une influente ONG Américaine de défense des
consommateurs impliquée dans la lutte pour l’accès aux
médicaments. Il a analysé le texte de l’accord conclu entre
le Maroc et les Etats-Unis. Son verdict est clair : l’accord
rendra l’accès aux médicaments génériques de plus en
plus difficile.
Compétition par les génériques retardée
Exclusivité des données
Comme l’accord avec l’Amérique centrale (CAFTA), l’ALE
US/Maroc oblige les pays à établir une protection des
monopoles au niveau des données d’enregistrement. Ces
protections ne sont pas demandées par l’accord ADPIC de
l’OMC. L’impact de ces mesures sera, au minimum, de
retarder le recours à des licences obligatoires.
L’obtention d’une autorisation de mise sur le marché (AMM)
impose aux compagnies pharmaceutiques de soumettre des
données prouvant l’innocuité et l’efficacité de leurs produits.
Ces données sont désignées sous le terme « données
d’enregistrement » (registration data ou marketing approval
data). La production de ces données à partir de tests menés
sur des animaux ou des humains peut être relativement
coûteuse, elle peut dans certains cas revenir à des dizaines de
millions de dollars.
Pour obtenir une autorisation de vendre des versions
génériques de médicaments déjà commercialisés, les
compagnies productrices de génériques n’ont pas, en général,
à refaire des études qui prennent du temps et peuvent
représenter un coût particulièrement important pour une
industrie générique ayant peu de capital.
En effet, ces compagnies se contentent de prouver que leur
produit est chimiquement équivalent ou bio-équivalent, ce qui
signifie qu’il a le même effet sur le corps que le médicament le
premier commercialisé. Ainsi, les compagnies de génériques
se réfèrent à l’autorisation de mise sur le marché obtenu par le
premier médicament commercialisé pour obtenir elles-mêmes
une autorisation pour le générique.
Si l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) des
génériques ne peut pas être obtenue en se basant sur les
données fournies pour obtenir l’AMM des médicaments
brevetés les premiers commercialisés, dans de nombreux cas
cela signifie simplement qu’ils ne pourront entrer sur le
marché.
Dans l’accord de libre échange entre le Maroc et les Etats-
Unis, on trouve un grand nombre de mesures qui empêcheront
les génériqueurs de s’appuyer sur les données fournies par les
compagnies détentrices des brevets. Le résultat sera le
blocage des génériques qui ne pourront être commercialisés
tant que le monopole sur les données d’enregistrement n’a pas
expiré – même si le brevet est tombé, et même si le pays
octroie une licence obligatoire afin de vendre un produit sous
brevet.
• Selon l’ALE, le Maroc doit donner une protection des
données de 5 ans à partir du moment où le produit obtient son
AMM dans le pays (Art 15.10.1). Ceci revient à un blocage des
licences obligatoires pendant une période de 5 ans à partir de
l’obtention de l’AMM.
Il est explicitement indiqué dans le texte qu’aucun
enregistrement de générique ne pourra être fait sans le
consentement de la compagnie qui a la première enregistré le
produit et fournie les données d’enregistrement :
• Le Maroc doit attribuer 5 ans de protection exclusive des
données aux compagnies qui ont en premier obtenu une AMM
n’importe où dans le monde – c’est à dire que la compagnie en
question n’a même pas a enregistré son produit au Maroc pour
bénéficier de cette protection de son monopole :
• Les monopoles de données d’enregistrement doivent être
donné pour les données d’enregistrement soumises pour tous
les « nouveaux produits pharmaceutiques ».
Dans l’accord ADPIC, la nécessité de protéger les données
(qui n’es pas ne conduit pas à un monopole parce qu’il s’agit
de protection mais pas d’exclusivité) s’applique pour les
données fournies pour les « nouvelles entités chimiques ».
Sous l’ALEs, l’exclusivité des données s’applique pour les
nouveaux produits contenant des entités chimiques qui n’ont
pas été enregistrées dans le pays – même si elles ne sont pas
nouvelles.
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12
Interdiction de facto de recourir aux licences obligatoires
Comme dans l’accord régional avec l’Amérique centrale, ces
protections de monopoles des données d’enregistrement
rendent le recours aux licences obligatoires impossible – sauf
peut être en essayant d’invoquer des pratiques anti-
concurrentielles.
L’article 15.10.4 semble interdire toute compagnie générique
de s’appuyer sur les données fournies par la compagnie qui
détient le brevet d’un médicament à n’importe quel moment
durant la durée du brevet si le producteur n’a pas la
permission du détenteur du brevet (ce qui semble
contradictoire avec la durée de 5 ans stipulée dans l’article
15.10.2).
Cet article signifie effectivement qu’une compagnie productrice
de génériques ne peut pas s’appuyer sur les données
d’enregistrement d’un produit durant toute la durée de la
protection par le brevet, même si une licence obligatoire est
émise. Cette mesure bloque purement et simplement
l’utilisation de licence obligatoire – même en cas d’urgence.
Ce langage se retrouve dans les textes de l’accord avec
l’Amérique centrale. Essential Action a demandé des
explications à l’USTR qui s’est en gagé à en fournir (rien pour
le moment).
Extension de la durée des brevets et brevets sur-
protecteurs
L’ALE entre le Maroc et les Etats-Unis comme l’accord avec
l’Amérique centrale étend la durée de protection des brevets
en permettant des brevets sur-protecteurs :
• des extensions de brevets doivent être accordé pour
compenser les délais lors de l’enregistrement des brevets
(article 15.9.7).
• des extensions de brevets doivent être accordés pour
compenser les délais d’enregistrement des produits
pharmaceutiques (article 15.10.3).
• l’accord créé un encouragement pour les compagnies
détentrices des brevets à soumettre des demandes de brevets
abusives. L’article 15.9.9 impose aux pays d’autoriser les
demandeurs de brevets à amender leurs demandes de
brevets ; ceci constitue un encouragement pour les
demandeurs de brevets à soumettre des demandes
inadéquates et des brevets excessivement larges.
• les règles concernant les investissements de l’ALE interdiront
les licences obligatoires. Le chapitre concernant
l’investissement précise que les licences obligatoires faites en
suivant l’accord ADPIC et/ou les règles sur la protection de la
propriété intellectuelle des accords de libre échange ne violent
pas les limitations sur l’expropriation du chapitre sur
l’investissement (Article 10.7.5) ou les obligations de
performances (Article 10.9.3). Cependant, même avec ces
clauses de sauvegarde, les règles du chapitre sur
l’investissement de l’accord sont si sévères qu’elles refroidiront
probablement la volonté des pays à entreprendre de recours à
des licences obligatoires, dans la mesure où ils craindront
d’être sujet à des pénalités prévues dans le cadre de l’accord
sur l’investissement.
Restrictions sur les importations parallèles et les ré-
importations
( à noter : le Maroc s’était déjà ôté la possibilité de recourir aux
importations parallèles dans sa législation sur la propriété
intellectuelle)
L’ALE entre le Maroc et les Etats-Unis comprend une mesure
qui apparaît dans d’autres accords mais pas dans l’accord
avec l’Amérique centrale. Celle-ci aura pour effet d’interdire les
importations parallèles et les réimportations de produits
pharmaceutiques.
D’après l’accord ADPIC, les pays sont absolument libres
d’utiliser les importations parallèles. Pour les produits
pharmaceutiques, les importations parallèles impliquent
l’importation, sans le consentement du détenteur du brevet, de
produits brevetés qui ont été mis sur le marché d’un autre
pays.
Les importations parallèles permettent aux pays d’acheter sur
le marché mondial un produit breveté à son meilleur prix. Dans
le cas des produits pharmaceutiques, les compagnies peuvent
vendre un même produit à des prix différents selon les pays.
Avec les importations parallèles, les pays peuvent, tout en
respectant le brevet, chercher à acheter un médicament sur le
marché mondial ou au moins dans des pays ayant un niveau
économique comparable et réaliser ainsi des économies
significatives.
Aux Etats-Unis, l’importation parallèle de produits
pharmaceutiques est communément appelée
« réimportation ». La réimportation de produits
pharmaceutique n’est pour le moment pas permis aux Etats-
Unis, mais la législation est en instance de la légaliser. Les
soutiens de la société civile pour la réimportation sont forts, et
les États fédéraux qui voudraient obtenir des médicaments
moins chers en les achetant au Canada lui sont de plus en
plus favorables.
L’une des stratégies qu’explorent les compagnies détentrices
de brevets afin de contrecarrer l’importation est de passer des
contrats avec les acheteurs de leurs produits qui les
empêchent de revendre ces produits. Ainsi, par exemple, dans
le contrat que disons Pfizer passe avec une pharmacie
canadienne figure une mention qui interdit à la pharmacie de
revendre le produit aux Etats-Unis ou pour les Etats-Unis. Si
ces contrats peuvent être appliqués alors même si les Etats-
Unis décident de légaliser les réimportation de médicaments,
les compagnies détentrices de brevets auront un outil pour
tenter d’y parer.
L’article 15.9.4 de l’ALE entre le Maroc et les Etats-Unis
impose aux pays d’interdire les réimportations (ou les
importations parallèles de produits brevetés). Une note dit que
cette interdiction pourrait être limitée aux cas ou les détenteurs
de brevet mettent des restrictions sur l’importation dans le
cadre de contrats ou d’autres moyens – mais l’ajout de cette
note n’impose pas aux compagnies de se limiter à ces cas.
La décevante « lettre d’entendement »
Joint à l’accord de libre échange figure une lettre
« d’entendement » entre le représentant du commerce
américain, Robert Zoellick, et un représentant du
gouvernement marocain (qui n’est pas cité).
Cette lettre prétend expliquer que les mesures sur la propriété
intellectuelle de l’accord de libre échange n’affecteront pas les
efforts nationaux fait pour assurer l’accès aux médicaments de
tous. En réalité cette lettre n’apporte aucun « soulagement »
face aux lourds tribus imposés par l’accord lui-même.
Le second paragraphe de la lettre « confirme une
compréhension partagée par les deux gouvernements sur le
chapitre 15 (sur la propriété intellectuelle) comme suit : »
« la mise en application des mesures du chapitre 15 de
l’accord n’affecte pas la capacité de chacune des parties de
prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé
publique et promouvoir l’accès aux médicaments pour tous.
Ceci concernera en particulier les cas tels que le sida, la
tuberculose, la malaria et les autres épidémies, de même que
les circonstances d’extrême urgence ou d’urgence nationale. »
Les intentions sont nobles, mais cette lettre risque de ne faire
aucune différence concrète dans l’application de l’accord.
Tout d’abord, cette lettre est clairement subordonnée aux
termes de l’accord lui-même puisque qu’elle est un ajout à
l’accord mais n’est pas incluse au texte.
Ensuite, cette lettre se réfère aux mesures « nécessaires »
pour protéger la santé publique. En langage commercial
international, « nécessaire » est souvent un terme très limité.
Une mesure peut être « nécessaire » pour promouvoir la santé
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13
publique seulement si il n’y a aucun autre moyen d’atteindre et
objectif, même si les alternatives ne sont pas politiquement et
économiquement viables.
Enfin, et c’est le point le plus important, cette déclaration ne
prétend pas a) modifier le chapitre sur la propriété intellectuelle
du l’accord ; b) créer un exception aux termes de l’accord qui
pourrait être en conflit avec l’objectif de promouvoir l’accès aux
médicaments pour tous. Cette lettre donne seulement une
description de la « compréhension » de l’impact que l’accord
va avoir. Mais en fait, comme ces commentaires le suggèrent,
une telle « compréhension » est en contradiction avec les
termes mêmes de l’accord qui aura pour effet de retarder
l’introduction d’une compétition générique peu chère, de
bloquer les possibilités des pays de délivrer des licences
obligatoires pour des produits pharmaceutiques, et même
d’interdire le recours aux importations parallèles de produits
pharmaceutiques. Au mieux, cette lettre « d’entendement »
peut être utilisé pour formuler des interprétations de l’accord,
et pour défendre des interprétations pro-santé – mais pas pour
passer outre des dispositions spécifiques qui sont clairement
délétères pour la santé publique et pour l’objectif de rendre les
médicaments accessibles à tous.
Imaginons des approches alternatives qui pourraient avoir un
effet plus substantiel. Une première alternative aurait tout
simplement pu être de ne pas inclure ces lourdes dispositions
en matière de propriété intellectuelle puisque leur objectif est
précisément de retarder l’introduction de génériques. Ou
encore, le chapitre sur la propriété intellectuelle aurait pu être
exclu tout entier, puisque le Maroc comme les Etats-Unis sont
membres de l’OMC, et sont tenus de respecter les termes de
l’accord ADPIC.
Une seconde alternative aurait pu être d’ajouter au texte de
l’accord un paragraphe créant une exception sanitaire claire :
« chaque partie peut apporter une exception à n’importe
laquelle des dispositions de ce chapitre dès lors qu’en pratique
il entre en conflit avec l’objectif supérieur de santé publique qui
est de promouvoir l’accès aux médicaments pour tous. » Une
telle alternative, ou une variante de ce type, serait reste
néfaste – puisque les règles implicites incorporées dans
l’accord resteraient les dispositions qui peuvent s’imposer et
retarder l’accès aux génériques ou bloquer les importations
parallèles – mais au moins cela aurait attesté d’une sincérité à
donner aux pays des flexibilités dans le cadre de l’accord pour
répondre aux considérations de santé publique.
Le troisième paragraphe de la lettre « d’entendement » établit
que, si l’accord ADPIC est amendé, les parties peuvent entrer
en consultation pour adapter l’accord convenablement. Ceci
renvoie sans doute à un possible amendement de l’accord
ADPIC afin d’incorporer la décision de dérogation concernant
la mise en œuvre le paragraphe 6 de la déclaration de Doha
(qui concerne la possibilité pour les pays d’exporter plus de
50% des produits pharmaceutiques qui sont produit sous
licence obligatoire de façon à répondre à des besoin de santé
public dans le pays importateur). Parce qu’il n’y a pas de
limites aux licences obligatoires dans l’accord de libre
échange, une révision de l’interdiction comprise dans l’accord
ADPIC d’exporter plus de la moitié de la production des
produits pharmaceutiques produit sous licence obligatoire ne
devrait pas nécessité de changement dans l’accord de libre
échange. Cependant, une licence obligatoire effective
nécessiterait des changement dans le schéma de protection
des données prévu par l’accord de libre échange (au contraire,
les conditions de protection minimale des données prévues
par l’accord ADPIC ne demande pas de révision). La volonté
des parties de créer des exceptions même limitées de ces
dispositions qui permettent les dispositions sur l’exportation du
paragraphe 6 de fonctionner sont peu claires.
Conclusion : rejet de l’accord de libre échange
Malheureusement, les dispositions prévues par l’ALE entre le
Maroc et les Etats-Unis suivent le modèle de l’accord avec
l’Amérique centrale et d’autres accords bilatéraux
précédemment conclus.
Contrairement aux impressions trompeuses que donne la lettre
« d’entendement », l’accord aura sans aucun doute pour effet
de saper l’objectif de santé publique d’assurer l’accès aux
médicaments pour tous.
Les représentants du commerce américains ont pour mission
d’imposer des dispositions ADPIC+ partout dans le monde à
travers la signature d’accord bilatéraux sur le commerce. Les
conséquences en seront plus de morts et de souffrance.
L’impact se fera d’ailleurs également sentir pour les malades
aux Etats-Unis sur les questions de réimportation.
Les termes que posent les Etats-Unis sont dangereux et
meurtriers. C’est pourquoi tout les accords qui les
comprennent, et notamment l’accord Maroc/Etats-Unis,
devraient être refusés.
Rob. Weissman
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14
SAVOIR = POUVOIR = VIE
L’accès à l’information, sa diffusion, son partage, ont été
cruciaux pour les personnes vivant avec le VIH/SIDA qui
ont eu, grâce aux médias spécialisés puis plus grands
publics, accès à des informations vitales pour elles.
Cette question a été tellement une question de vie ou de mort
que les personnes vivant avec le VIH/SIDA se sont carrément
emparées de l’information, et ont créé leurs propres médias,
rivalisant de savoir et d’actualités avec les plus grands titres de
la presse spécialisée.
SAVOIR = POUVOIR = VIE.
Cette équation est devenue pour beaucoup de militants un cri
de guerre, un programme de survie et dans l’attente du
traitement radical, toutes les informations sur toutes les
recherches, tous les essais, toutes les études sont devenues
des comprimés d’espoir, des raisons d’attendre et ont forgé la
conviction qu’il ne faut pas baisser les bras.
Mais toutes les personnes vivant avec le VIH/SIDA ne sont
pas ces militants surinformés qui bien souvent peuvent
rencarder leur médecin traitant sur les dernières avancées en
matière de traitement. Et toutes les informations ne
concernent pas le traitement de la maladie, il y a aussi celles
servant à prévenir l’infection.
Dès lors les médias grand public sont les vecteurs
incontournables qui vont permettre à ces informations de
circuler parmi les populations et dans cette optique la justesse
scientifique et médicale des propos et leur vertu pédagogique
deviennent fondamentales pour éviter deux graves écueils :
diffuser une information fausse, susceptible soit de renforcer
les préjugés soit de creuser encore plus le fossé de
l’ignorance ; faire des effets d’annonce pour être le premier à
avoir sorti une information qui soit incomplète, soit erronée,
peut avoir de funestes conséquences.
Quand les médias se font l’écho d’une probable, d’une
hypothétique contamination par le VIH via les piqûres de
moustique, ils sèment non seulement la panique mais encore
le doute sur les informations concernant les véritables modes
de contamination. Si le moustique peut le transmettre,
pourquoi pas la peau ? Pourquoi pas l’haleine ? Et si
finalement c’était contagieux ? Quand tous les médias pensent
détenir un « scoop » qui peut remettre en cause toutes les
stratégies thérapeutiques sur la base d’une obscure étude d’un
obscur chercheur, tant d’obscurité ne peut que cacher la
vérité, savent-ils qu’ils peuvent briser le cheminement
thérapeutique lourd et harassant de millions de personnes qui
peuvent aussi se mettre à douter de leur médecin traitant ?
Reconnaissons cependant qu’il devient parfois difficile de trier
le grain de l’ivraie quand des groupes de chercheurs tous
mondialement reconnus et dont les travaux font loi dans leur
domaine se mettent à parler de manière discordante, voire
totalement opposée ?
Nous touchons ici au cœur du métier du journaliste qui face à
des informations contradictoires et sans moyen pour vérifier
par lui-même la justesse ou la pertinence de telle ou telle
position doit faire un choix. Soit il parle de la contradiction elle-
même, expose les deux positions, et ne prend pas partie. Soit
il parle de la contradiction mais privilégie l’une des deux
positions comme étant sans doute ou certainement la bonne.
Soit il n’en parle pas du tout, dans le doute, il s’abstient !
Chaque position a ses vertus, chacune d’elle a aussi ses
vices. Dans la première solution, il fait preuve d’objectivité, et
laisse à ses lecteurs le soin de choisir avec le risque de
renforcer l’idée qu’après tout, tout est relatif et que la vérité, la
vérité vraie, est ailleurs et qu’on ne sait finalement pas grand
chose sur cette maladie. Dans le deuxième il est moins objectif
mais propose à ses lecteurs une clé, un chemin à suivre, mais
là en courant le risque de se tromper et d’entraîner les autres
dans son erreur. Dans le troisième cas, il est honnête, il ne fait
courir aucun risque à personne, pas même à lui, mais est-il
journaliste ?
S’engager dans la lutte contre le sida
Le rôle des médias dans la lutte contre le SIDA, le travail des
journalistes, ne peuvent pas rester neutres. Il y a toujours en
fin de compte un choix à faire, une décision à assumer, un
engagement à revendiquer, un article à signer. Au bout du
chemin pour les médias se pose finalement la question de
l’engagement dans la lutte contre le Sida, celle d’un véritable
choix, informé et responsable, non seulement de l’éclairage
qu’ils donneront sur l’évolution et l’actualité de l’épidémie mais
encore des axes de combat dans lesquels ils vont s’inscrire.
Il ne s’agit pas tant de choisir son camp, de choisir un camp
que d’assumer en pleine âme et conscience une position
radicale qui permette d’identifier clairement d’où parle le
journaliste et dans quelles perspectives il inscrit son travail
d’information. Car personne ne peut interdire à un média, à un
journaliste de dire et d’écrire ce qu’il veut dire et écrire ;
Personne ne peut exiger qu’il révèle ses sources : ces deux
points sont aux fondements de la liberté de la presse ! Mais
toute personne, personne vivant avec le VIH/SIDA comprise,
est en droit de lui demander d’énoncer clairement ce qu’il
pense et d’assumer le sens de ses propos sous peine de
douter définitivement de son intégrité et de sa déontologie.
Déontologie, médias
& Sida
Par Franck Joukla*
Directeur de la communication à TV5, ancien volontaire à Aides
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15
Alors bien plus que de demander aux médias de s’engager
dans tel ou tel sens dans la lutte contre le Sida, demandons
aux journalistes qu’en matière de lutte contre le sida plus que
pour tout autre sujet, ils s’engagent à respecter leur propre
code déontologique.
« Alors bien plus que de demander aux médias de
s’engager dans tel ou tel sens dans la lutte contre le Sida,
demandons aux journalistes qu’en matière de lutte contre
le sida plus que pour tout autre sujet, ils s’engagent à
respecter leur propre code déontologique. »
Dans la charte des devoirs professionnels des journalistes
français, charte rédigée en 1918, complétée et élargie à
l’Europe en 1973 adoptée à Munich, on trouve :
« Un journaliste digne de ce nom : prend la responsabilité de
tous ses écrits ; tient la calomnie, les accusations sans
preuves, l’altération des documents, la déformation des faits,
le mensonge, pour les plus graves fautes professionnelles ; ne
reconnaît que la juridiction de ses pairs, souverains en matière
d’honneur professionnel ; n’accepte que des missions
compatibles avec sa dignité professionnelle ; s’interdit
d’évoquer un titre ou une qualité imaginaires, d’user de
moyens déloyaux, pour obtenir une information ou surprendre
la bonne foi de quiconque ;(…) garde le secret professionnel ;
n’use pas de la liberté de la presse dans une intention
intéressée ; revendique la liberté de publier honnêtement ses
informations ; tient le scrupule et le souci de la justice pour des
règles premières ; ne confond pas son rôle avec celui du
policier. »
Si ce texte, cette charte écrite par le premier syndicat des
journalistes français en 1918, était tous les jours respectées
par tous les médias alors nous n’aurions plus de réserve à
émettre en proclamant pour conclure que le rôle des médias
dans la lutte contre le sida est fondamental car c’est eux qui
pourront demain faire baisser le nombre de contamination,
c’est eux qui pourront obtenir plus d’argent pour la prévention
et les traitements, c’est eux qui pourront un jour nous
annoncer que la guerre du Sida est finie.
.
Quand la presse dérape : Et si « La Vérité » était ailleurs ?
Dans son édition du 1er au 7 juin 2004, l'hebdomadaire "La Vérité" a publié un encart "Tristes statistiques : SIDA leader",
qui comporte à notre sens des confusions et idées dangereuses sur lesquelles il est important de revenir.
L’auteur de l’article, se basant sur les statistiques, qui, nous le rappelons, ne proviennent pas de l'ALCS mais de la division de
l'épidémiologie et de lutte contre les maladies du Ministère de la Santé, souligne que la région Sous Massa Draa représente le
deuxième pôle le plus touché par l'épidémie au Maroc et tente d’en donner les raisons, pour les moins hâtives.
Il est réducteur d'expliquer le taux de prévalence élevé de la région par le seul tourisme sexuel des étrangers.
Certaines caractéristiques socio-économiques, propres à cette région du Maroc, comme les flux migratoires liés au travail
saisonnier au sein des industries de la pêche et agro-alimentaire drainant plusieurs hommes célibataires sont une autre raison. La
précarité de l’emploi, son caractère saisonnier et l’instabilité affective de ces personnes éloignée de leurs villes d’origine,
entretiennent et alimentent le marché local de la prostitution.
« Le sida est-il importé ou produit localement ? » vous demandez-vous… Peu importe, car la réalité aujourd'hui fait du sida une
maladie bel et bien marocaine. Plusieurs personnes touchées aujourd'hui n'ont jamais quitté le Maroc, ni eu des relations avec des
étranger(e)s.
Vous dites « …il faudra que la police des frontières soit renforcée par des brigades sanitaires qui auront pour mission de contrôler
les voyageurs. Une simple mesure de bon sens. » .Si on suit votre "bon sens", une fois tous les touristes séropositifs expulsés , que
ferait-on des milliers de marocain(e)s touché(e)s par le virus (entre 13 et 16.000 selon les statistiques du ministère de la santé)?
Plusieurs pays ont essayé d'imposer des contrôles aux frontières, et rien n'a été réglé pour autant. Pire, les filiales de trafiquants de
faux certificats se sont multipliées !
En outre, les contrôles sanitaires aux frontières des personnes touchées le VIH-SIDA sont inefficaces pour la simple raison qu'un
test de dépistage doit être effectué quelques semaines après la contamination pour être fiable.
Le sida est une maladie transmissible et non contagieuse. Les modes de transmission en sont très bien connus, et la prévention
facile et accessible à tous. Sans compter que les personnes vivant avec le VIH ont le droit de circuler librement et de voyager
comme tout le monde.
0n ne lutte pas contre le sida par la police et la répression, mais en informant les gens sur les risques qu'ils encourent et les
moyens de prévenir la maladie. Le tout dans le respect des droits des personnes.
Donner aux gens l'illusion que la police les protège est le pire qu'on puisse faire en matière de lutte contre le sida. Cela ne peut que
les déresponsabiliser, les pousser à sous-estimer les risques encourus et à abandonner la prévention, qui doit rester du ressort de
l’individu.
N. Rafif
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Silence, la police dépiste !
Il y a quelques années, il était assez fréquent que des personnes poursuivies pour prostitution ou homosexualité
soient soumises à des tests de dépistage en période de détention ou de garde à vue. Pratique complètement
illégale aussi bien vis-à-vis des lois en vigueur au Maroc, que des engagements internationaux de notre pays en
matière de protection des droits des personnes touchées par le vih et des droits de l’Homme en général. Un
travail de sensibilisation colossal avait alors été mené par l’ALCS et le ministère de la Santé, en partenariat avec
le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Une grande partie du personnel pénitencier,
des médecins de prisons, des élèves magistrats et policiers avait été sensibilisée à la question et nous pensions
que ces pratiques avaient disparu. L’affaire des personnes dernièrement arrêtées pour homosexualité à Tétouan
nous prouve le contraire. Non seulement ces pratiques existent toujours, mais elles semblent se multiplier, et ce,
au mépris total de la loi, par ceux là même censés la protéger, et avec la complicité de médecins relevant du
ministère de la Santé.
Début juin, l’arrestation de présumés homosexuels à Tétouan lors d’une fête privée défraie la chronique de la petite ville.
Une grande partie de la presse nationale s’empare alors de l’affaire et plusieurs envoyés spéciaux sont dépêchés sur
place. Passons sur les circonstances de l’arrestation, d’ores et déjà détaillées dans les dépêches, et attardons-nous sur
les témoignages de certains prévenus concernant leurs conditions de détention. Ils font l’état de tests de dépistage du
sida effectués dans les locaux de la police. Certains policiers pousseront le zèle jusqu’à menacer ces personnes « d’aller
croupir à Oukacha » si jamais l’une d’elles s’avérait être porteuse du virus.
Nous avions du mal à croire ces informations… Alors nous avons mené notre propre enquête. Plusieurs journalistes
ayant rencontré les personnes arrêtées sont contactées ; informations confirmées … ; ils ont même vu sur leurs bras la
trace du prélèvement ! Des sources à l’hôpital régional de Tétouan nous affirment par ailleurs qu’un médecin et un
infirmier du service ont été appelés au local de la police où il leur a été demandé de pratiquer des tests sur ces
personnes !
Hallucinant ! Comment un médecin peut-il accepter de pratiquer des tests VIH/Sida à l’insu des personnes, dans un
commissariat, et sous l’ordre d’un policier ? ! Il s’agit non seulement d’un manquement à l’éthique médicale mais
également d’un mépris de la circulaire de son ministre de tutelle, en l’occurrence le ministère de la Santé
On pourrait penser qu’il s’agit d’une affaire isolée. D’un dérapage. Apparemment ce n’est pas le cas. Un militant des
droits de l’Homme dans le nord du pays nous confirme que les tests de dépistage dans les locaux de la police sont assez
fréquents, et pratiqués le plus souvent par des médecins relevant du ministère de la Santé. Notamment à l’encontre de
migrants clandestins sub-sahariens arrêtés dans la région.
Ce n’est pas fini … Les jours passent, et une personne nous appelle à l’ALCS Marrakech, suite au communiqué de
presse de l’ALCS dénonçant les dépistages systématiques imposés aux prévenus de Tétouan. Interpellée par la police
suite à l’assassinat d’un européen séropositif, elle a également subi avec d’autres personnes un prélèvement sanguin,
avec comme simple motif sa connaissance présumée de la victime.
Ces personnes ont été emmenées dans une voiture de police à un centre de santé à Marrakech où un médecin a
procédé à un test de dépistage. Ce jour là elles étaient trois. On ne sait pas combien de personnes ont subi des tests
dans le cadre de cette affaire…
Pourtant les lois au Maroc sont claires à ce sujet. Aucun test de dépistage ne peut avoir lieu à l’insu des personnes, et
sans leur consentement ; comme stipulées dans les directives du ministère de la Santé, dans lesquelles est également
mentionnée la confidentialité comme étant un droit inaliénable.
Ces tests systématiques imposés et pratiqués lors d’interrogatoire ou de garde à vue sont donc complètement illégaux,
en plus du fait qu’ils constituent une violation flagrante des principes énoncés dans la déclaration des principes directifs
internationaux relatifs au VIH et les droits de l’Homme de 1998 et son amendement de 2002.
D’autre part, ces tests ne servent strictement à rien. Dans l’affaire de Tétouan, la séropositivité d’une personne serait-elle
la preuve de son homosexualité ? Ce serait alors ignorer que 74% des cas de transmission du VIH sont de nature
hétérosexuelle.
La séropositivité d’un individu serait-elle une circonstance aggravante ? Il s’agirait alors de punir des personnes plus que
d’autres sur la base de leur statut sérologique. Pratique on ne peut plus discriminatoire…
Quant à l’affaire de Marrakech, la piste de la police serait qu’une personne contaminée par la victime se serait vengée en
commettant ce crime. C’est grave, car la simple séropositivité d’une personne de l’entourage de la victime fait presque
office de preuve et en ferait un coupable idéal !
Tout cela manque de bon sens. Mais il, est urgent que la société civile, nous en premier, mette la question des droits de
l’Homme et des personnes touchées au cœur de leurs actions.
Pour l’ALCS c’est déjà fait : ce sera le thème principal des assises qui se tiendront début 2005.
O. Mellouk
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Gnaoui Mimoun s’invite
au Festival d’Essaouira
Pour la septième fois consécutive, l’Association de Lutte Contre le Sida s’est associée au Festival Gnaoua - Musiques du
Monde en organisant, en marge de l’événement, une large campagne de prévention et de dépistage destinée au grand public,
du 24 au 27 juin 2004. Le festival, occasion unique d’aller à la rencontre du public jeune, est devenu un évènement
incontournable pour l’Association de Lutte Contre le Sida, comme le sont le Boulevard des jeunes musiciens à Casablanca et
le festival de la musique à Marrakech.
Une fois de plus, des centaines de milliers de festivaliers se sont donnés rendez-
vous à Essaouira pour le Festival Gnaoua et Musiques du Mondes du 24 au 27
juin. Et une fois de plus, l’ALCS était présente comme à l’accoutumée pour profiter
de ce regroupement massif de jeunes pour diffuser le plus largement possible le
message de prévention. Une présence de l’association qui su évoluer au fil des
ans allant d’un simple stand, les premières années, à une véritable campagne de
prévention aux facettes multiples aujourd’hui. Fidèle aussi, le Fonds des Nations
Unies d’Aide pour la Population (FNUAP) qui a réitéré son soutien à la section
locale de l’ALCS en finançant l’opération.
La nouveauté cette année réside dans
la conception d’un dépliant
spécialement pour l’occasion. Il
s’intitule « Les conseils de Gnaoui
Mimoun ». «Avec le Gnaoui
Mimoun, nous avons essayé de créer
un personnage jeune et sympathique
qui colle à l’événement. Les nouveaux
dépliants sont bilingues et pour la
première fois en darija. Les messages
sont clairs et simples et le personnage
a beaucoup de succès auprès des
jeunes » souligne Rose-Marie Marque,
co-responsable de l’ALCS Essaouira.
Pendant quatre jours, trente
volontaires issus des sections de
Casablanca, Marrakech, Agadir,
Goulmim, Rabat, Tanger, Tétouan et Essaouira ont accueilli les visiteurs dans la large tente
de prévention installée à cet effet sur la place Moulay Hassan. Parallèlement, le bus
d’information sillonnait la ville, le front de mer et le port, à la rencontre des festivaliers.
Prévention, promotion du test de dépistage et de la ligne d’écoute et d’orientation Allo…Info
Sida : tels étaient les objectifs de l’opération avec en renfort le nouveau bus mobile de
dépistage, permettant de délivrer le résultat en moins d’une heure. Certains volontaires
étaient répartis en équipes mobiles afin d’orienter les festivaliers vers le CIDAG mobile,
garé sur le front de mer. Cinq médecins étaient mobilisés et 164 tests de dépistage ont pu
être réalisés au profit de personnes originaires de toutes les régions du Maroc, de
Casablanca, à Goulmim, en passant par Tiznit, Errachidia ou Mohamedia !
En tout ce sont des milliers de visiteurs qui ont afflué au stand de l’ALCS. Plus de 20.000 dépliants (dont 15.000 sur le Gnaoui
Mimoun), 6000 affichettes Allo Info Sida, et 13.500 préservatifs ont été distribués.
Un grand bravo à toute l’équipe d’Essaouira et aux volontaires participants !
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Prévention dans la prison agricole
de Taroudant
Il est bien établi, autant par les données internationales que nationales, que les prisonniers constituent une
population particulièrement vulnérable à différentes maladies, dont notamment les infections sexuellement
transmissibles et le SIDA.
C’est la raison pour laquelle la section de l’ALCS à Taroudant a mis en place un projet de prévention de proximité,
auprès de 90 détenus de la prison agricole de Taroudant de janvier à décembre 2003. L’objectif général de ce projet
était de les informer et de les sensibiliser sur les IST–SIDA et leur prévention, avec l’espoir d’une part que ces
personnes adoptent pour eux même un comportement à même de les protéger de ces maladies et d’autre part, de
contribuer à sensibiliser leur entourage à cette problématique.
La méthodologie de ce projet a consisté à travailler avec 6 groupes de 15 personnes, en menant une série de 11
séances de discussion participative avec chacun de ces groupes, selon un programme visant a traiter de la
problématique du SIDA de façon globale (aspects sociaux, culturels, économiques, médical…) et en essayant de
faire participer au maximum les intéressés, pour à chaque fois les amener à trouver eux-mêmes les conclusions
pertinentes concernant le sujet traité.
Parallèlement, une rencontre-débat sur le SIDA dans les prisons a été organisée à l’attention du directeur et des
employés de l’établissement, ainsi que des conférences pour l’ensemble des détenus (350 à 400), afin de
sensibiliser ces derniers à la problématique.
Par ailleurs, l’ALCS Taroudant a obtenu la collaboration de la délégation du ministère de la Santé, qui a
gracieusement offert du matériel de petite chirurgie pour l’infirmerie de la prison, avec l’objectif de réduire le risque
potentiel de transmission par les soins du VIH et des hépatites B et C.
Enfin différentes activités de mobilisation ont été organisées tout au long du projet au bénéfice des détenus :
exposition de dessins ; rencontre de football avec les volontaires de l’ALCS Taroudant; Nakch au henné pour les
femmes; soirée de Gala animée par des détenus et des artistes bénévoles renommés de la région, distribution de
Prix aux participants…
Malgré quelques problèmes rencontrés en cours de route, le bilan global de ce travail et son impact ont été
largement positifs et ont convaincu la section de Taroudant à assurer la continuité de ce travail, afin d’essayer d’y
implanter durablement un processus de sensibilisation et d’éducation en matière de prévention des IST-SIDA au sein
du CPT. Dans ce but, l’ALCS Taroudant est sur le point de lancer un nouveau projet essentiellement basé sur des
conférences-débat (8 rencontres avec groupes de 80 détenus réparties sur 12 mois) et sur un ensemble d’activités
de mobilisation (consultations spécialisées faites par plusieurs médecins de différentes spécialités, ateliers d’art).
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Un Sidaction bientôt sur 2M
Un partenariat a été mis en place entre l’ALCS et la chaîne de télévision 2M en vue de la
préparation de la soirée Sidaction qui aura lieu le 21 janvier 2005. La soirée sera entièrement
consacrée au sida avec appel aux dons, reportages sur le terrain et verra la présence de
plusieurs personnalités et artistes aussi bien du Maroc que de l’étranger.
Rappelons qu’un premier Sidaction avait déjà réuni les deux partenaires en 1994. Il avait
constitué alors un saut important en matière de visibilité de la maladie dans le paysage audio-visuel marocain.
Création de nouvelles sections à Rabat et Méknès
L’ALCS vient d’ouvrir deux nouvelles sections à Rabat et à Méknès. Les nouvelles sections viennent combler un vide en
matière de prévention et de prise en charge de l’infection à VIH dans les deux villes. Elles viennent également d’ouvrir
chacune un centre de dépistage anonyme et gratuit équipé de test rapides.
Election de nouveaux bureaux à Tanger, Agadir, Marrakech, Méknès, Goulmim et Rabat
Les sections de Tanger, Agadir, Marrakech, Goulmim et Méknès viennent de tenir leur assemblée générale élective. Les
nouveaux président(e)s élu(e)s sont respectivement : M. Hamid ZEROUAL, Dr. Ali BANAOUI, Dr. Othoman MELLOUK,
Mme Touria ZAYER, Mme Meriem ASSAYAD, Mme Hafida ROUFRANI.
Séminaire de formation des formateurs à Casablanca
Une formation de formateurs a été organisée à Casablanca du 19 au 23 juillet 2004 avec la présence de notre amie
Latifa Imane. L’objectif étant de former des nouveaux formateurs pour assurer la formation des nouveaux volontaires
dans les sections. Une autre question était au centre de ce séminaire, celle de l’uniformisation de la formation initiale des
volontaires (FIV) au sein des différentes antennes de l’ALCS. Et ce, à la veille du passage à l’association unique tel que
le stipulent les nouveaux statuts de l’association.
L’ALCS a de nouveaux statuts
L’Assemblée Générale de l’ALCS Casablanca vient d’adopter les nouveaux statuts de l’association rédigés par les soins
de notre ami Mr Abderrahim Berrada. Rappelons que selon les statuts jusque là en vigueur seule l’AG de Casablanca
fondatrice de l’association avait le pouvoir d’apporter des modification à ces derniers. Les autres sections étant sous
tutelle de la section mère. La nouvelle version des statuts résulte d’un processus de concertation nationale entre les
différentes sections. Et ce dans le cadre d’une mission de diagnostic, puis de plusieurs réunions de travail impliquant les
différents présidents de l’ALCS.
Les idées forces des nouveaux statuts consistent dans le renforcement du processus démocratique au sein de
l’association. La section de Casablanca deviendra une section comme toutes les sections régionales et une structure
nationale sera créée. Une structure nationale qui aura désormais deux instances : un conseil national où seront
représentées toutes les sections et un bureau national.
Une nouvelle parmi nous !
L’équipe des salariés de l’ALCS Casablanca vient de s’enrichir avec l’arrivée de Melle Maria Aït M’Hamed. Diplômée de
l’ISCAE, et après un passage dans le milieu de la communication, elle vient renforcer l’équipe de direction de l’ALCS.
Une arrivée qui tombe à point nommé avec la préparation des prochaines assises nationales et du Sidaction 2005. Nous
lui souhaitons la bienvenue parmi nous.
Les Conseils de Gnaoui Mimoun
L’ALCS Essaouira a eu l’idée originale de concevoir un dépliant spécial à l’occasion du Festival Gnaoua Musiques du
Monde 2004. Intitulé « Les conseils de Gnaoui Mimoun », le dépliant en couleurs reprend un personnage gnaoui pour
passer le message de
prévention.
Les messages s’articulent
autour des modes de
transmission, la promotion
du préservatif, le test de
dépistage et la ligne Allo
Info Sida, et pour la
première fois en arabe
dialectal. Bravo !
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20
Centres de Dépistage Anonyme et Gratuit de l’ALCS
Ville Adresse et Téléphone
Jours et heures de
permanence
Agadir
Rue Al Inbiat, Quartier Industriel,
(près RIAYD EL HAJ EL BACHIR)
048 82 78 64
Mardi et jeudi à partir de
14h00
Samedi à partir de 9h00
Casablanca
17 rue Al Massira Al Khadra, Maarif
022 99 42 42 / 43
Du lundi au vendredi de
17h00 à 18h30
Samedi de 10h00 à 11h30
Essaouira
369 Al Maghreb Al Arabi, rez de chaussée
044 47 60 63
Mardi et jeudi de 18h30 à
19h30
Goulmim
Ancien Hôpital
071 60 07 27
Sur R.D.V
Marrakech
Rue Hassan ben M’barek, Imm Lazrak App
N° 3 Guéliz
044 43 98 43
Du mardi au jeudi de 15h30 à
17h30
Samedi de 10h00 à 12h00
Meknes Palais de la foire, ville nouvelle Sur RDV
Rabat
93 A Amal 14 A, cité Yaakoub El Mansour
037 69 05 40
Lundi, mercredi et vendredi
de 15h00 à 18h00
Tanger
Rue Sidi Bouabid (ex Délégation de
jeunesse et sport)
039 93 33 33
Lundi et jeudi à partir de
17h00
Taroudant
Rue de la mosquée Fark Al Ahbab n°2
048 85 19 99
Sur R.D.V
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  • 1. 1 SIDAsolidarité#12 juillet-août-septembre 2004 Les échos de Bangkok /6 PATAM vs Bush /9 Déontologie, médias & Sida /14 Silence la police dépiste ! /16 Libre échange Maroc-EU BYE BYE GENERIQUES ? PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 2. 2 Sommaire SIDAsolidarité#12 juillet-août-septembre 2004 Actualités /3 Arrivée des tests de dépistage rapides au Maroc Lancement de la campagne nationale de communication sociale contre le Vih-Sida International /4 La France dénonce la politique US en matière de lutte contre le sida Initiative « 3X5 » : Combien ça coûte ? Les enfants : ces grands négligés de la lutte contre le sida Recherche /5 La circoncision réduit le risque de contamination par le VIH Un microbicide efficace pourrait être accessible aux femmes d’ici 5 à 7 ans D'ICI 5 À 7 ANS Les échos de Bangkok /6 L’ALCS à la conférence internationale sur le Sida /8 PATAM vs BUSH : Investissez dans la santé pas dans la guerre ! /9 Dossier : Libre échange Maroc-EU BYE BYE GENERIQUES ?/10 Déontologie, médias & Sida/ 14 Droits/16 Silence, la police dépiste ! Prévention/17 Gnaoui Mimoun s’invite au Festival d’Essaouira Prévention dans la prison agricole de Taroudant ALCS News/19 SIDAsolidarité/ Bulletin interne de l’Association de lutte contre le sida Rédaction : Hakima Himmich, Rose Marie Marque, Nadia Rafif, Othoman Mellouk contact : alcsmarrakech@menara.ma/ Tél.fax : 00 212 44 43 98 43/ www.alcsmaroc.org EDITO Le 22 juillet 2004, l’ALCS Casablanca a changé de statut. De section mère, elle devient une section régionale comme les autres. En effet, à l’issue de son assemblée générale extraordinaire et conformément aux statuts de 1992, de nouveaux statuts ont été adoptés, à l’unanimité. Une structure nationale élue, le Conseil national, où toutes les sections seront représentées est mise en place. Ce Conseil coopte en son sein un Bureau National chargé d’appliquer les orientations définies lors des réunions bi annuelles du Conseil. Ce nouveau cadre, qui régit désormais l’ALCS, est le fruit d’un long processus de réflexion commune, menée à la lumière de notre riche expérience et d’un travail de longue haleine, entrepris avec le précieux soutien de nos amis de AIDES, dans le cadre du Programme Concerté Maroc. L’évolution de notre association et de son développement, qui s’est manifestée notamment, par la création de nouvelles sections régionales, ont rendu nécessaire cette refonte de notre cadre juridique, répondant ainsi aux souhaits largement exprimés lors des missions de diagnostic. Ce travail dans lequel toutes les sections ont été impliquées, nous a permis de relever les dysfonctionnements mais aussi de mettre en valeur les points forts de notre organisation. Les présidents des différentes sections se sont réunis en séminaire pour étudier les conclusions de la mission de diagnostic et sur la base de leurs remarques et propositions, un premier projet de statuts a été élaboré et a été soumis à leurs critiques à deux reprises, jusqu’à consensus. Les principes essentiels de ces nouveaux statuts sont : o Plus de démocratie et d’autonomie o L’unification du travail au sein des sections avec notamment les mêmes conditions d’élection, le même calendrier pour la tenue des assemblées générales, une même formation initiale o Une synchronisation avec les instances nationales o Deux principes nouveaux de précaution juridique et médiatique que la gravité du sujet sur lequel nous travaillons nous ont amené à introduire. o Enfin la consolidation des comptes de l’association et la soumission des instances, aussi bien nationales que régionales, au contrôle d’un commissaire aux comptes conformément à l’évolution de la loi sur les associations dans notre pays. Bien entendu l’éthique de notre association sera plus que jamais préservée par ces nouveaux statuts. Nous pouvons tous nous réjouir de l’aboutissement de ce long processus qui s’est déroulé dans un esprit constructif. Nous pouvons être fiers de nos nouveaux statuts qui reflètent très bien l’esprit de démocratie, d’honnêteté et le souci de transparence des femmes et des hommes qui font aujourd’hui l’ALCS. Cela dit les nouveaux statuts ne sont qu’un début. A présent il va falloir finaliser la chartre des volontaires, rédiger le règlement intérieur et la charte des salariés et surtout mettre en place une structure financière adaptée à nos nouveaux statuts et au plan comptable des associations. Avec la création de la nouvelle structure nationale il va falloir trouver des ressources financières supplémentaires pour recruter les salariés et en assurer le budget de fonctionnement. Hakima Himmich, présidente de l’ALCS PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 3. 3 Arrivée des tests de dépistage rapides au Maroc Depuis le début de l'année 2004, les CIDAG de l'ALCS proposent aux consultants désirant faire le test VIH un test dit rapide permettant d'obtenir le résultat en moins d'une heure. Cette nouvelle génération de tests vient enfin d'obtenir l'autorisation d'être utilisée au Maroc et les CIDAG de l'ALCS sont parmi les premières structures à en profiter. Les tests sont aussi fiables que les tests classiques "ELISA" qu'ils viennent remplacer mais, comme ces derniers ils ne dispensent pas, en cas de positivité, de la nécessité d'obtenir confirmation par le Western Blot. Comme les ELISA, ils nécessitent un prélèvement sanguin classique qui est "techniqué" sur place et le résultat est obtenu en 10 à 30 minutes. Ces tests sont particulièrement adaptés aux CIDAG parce qu'ils évitent aux consultants d'avoir à attendre parfois jusqu'à une semaine et de retourner chercher leur résultat. Ils sont également très pratiques pour les structures de dépistage mobiles comme le CIDAG mobile que l'ALCS vient de lancer. Mais attention, la réduction du temps d'attente du résultat ne doit pas faire renoncer aux principes de prévention qui reste, rappelons-le, le meilleur remède connu à ce jour… Depuis la mise en place des tests rapides dans les CIDAG de l’ALCS ,593 tests, ont d’ores et déjà pu être réalisés au cours du seul premier trimestre de l’années 2004 dans les centres de Casablanca, Marrakech, Agadir, Tanger et Essaouira. Une hausse est à prévoir au cours du deuxième trimestre, avec l’équipement et le démarrage des activités de dépistage rapide et de consultations IST à Rabat, Goulmim, Safi, Tétouan, Méknès et Taroudant Lancement de la campagne nationale de communication sociale contre le Vih-Sida Le ministère de la Santé vient de lancer la première campagne nationale de communication sociale de lutte contre le SIDA au Maroc utilisant des supports grand public. Cette campagne s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan stratégique national de lutte contre le Sida et a pour objectifs de sensibiliser et d’informer le grand public, particulièrement les jeunes, au risque d’infection par le VIH, ainsi que ses modes de transmission et moyens de prévention. Articulée en trois phases, la campagne vise par ailleurs la promotion des services de dépistage et de prise en charge. Elle permettra enfin de lutter contre les discriminations et la stigmatisation des personnes vivant avec le virus. La campagne couvrira la période de juin à décembre 2004 et utilisera les supports TV, radio, presse et affichage. Elle est financée dans le cadre du programme d’appui du Fonds mondial L’activité d’Allo Info Sida boostée par la campagne de mobilisation sociale contre le sida En 2004, la ligne ALLO…INFO SIDA a reçu entre 153 et 220 appels mensuels. Au mois de juin, les appels téléphoniques se sont multipliés pour atteindre 1515 appels, grâce notamment aux spots publicitaires diffusés sur 2M et à la campagne TV et d’affichage nationale reprenant systématiquement le numéro unique du service d’écoute, d’information et d’orientation : Allo…Info Sida. L’analyse des appels reçus montre que la connaissance du numéro s’est faite principalement par l’intermédiaire de la télévision et de la radio (80,10%). Plus de 62% des appels téléphoniques sont effectués par des hommes et 38% par des femmes. La majorité des appelants ont entre 15 ans et 25 ans (plus de 40,9% des appels).Plus de 70% des personnes appellent pour parler spécifiquement du Vih-Sida, alors que les autres pathologies citées sont respectivement : IST 12,42%, HVB 7,27%, HVC 6,98%, Autre 3,78%. La plupart des demandes concernent des informations d’ordre général (55,47% des appels), des demandes d’orientation (32,42%) ; 4,09% sollicitent un soutien moral ; 3,5% un simple avis et enfin 3,3% une aide à la décision. L’OPALS crée sa ligne d’écoute sur le Vih/sida Le Maroc vient d’avoir sa deuxième ligne de téléphone spécialisée sur le SIDA. C’est l’OPALS (organisation panafricaine de lutte contre le sida) qui est l’origine de cette initiative. Certes, tous les efforts sont les bienvenus pour informer et orienter nos citoyens et l’ALCS n’a pas le monopole en la matière. Mais on peut s’interroger sur la pertinence de la création d’une deuxième ligne, sachant qu’un numéro national (Allo… Info Sida 0810 025 25) existe depuis deux ans maintenant et qu’il s’agit d’une ligne professionnelle créée avec le soutien de Sida Info Service, la ligne française de référence en la matière et qui a des années d’expérience en matière d’écoute. L’écoute téléphonique en matière de Vih/Sida doit être une affaire de professionnels. Il ne suffit pas d’obtenir un numéro à tarification économique, encore faut-il se donner les moyens de former les ressources humaines et de mettre à leur disposition une documentation fiable. D’après les informations dont nous disposons, l’OPALS a lancé sa ligne alors qu’elle n’a pas encore procédé à une formation professionnelle de ses écoutants. Le pire dans l’histoire c’est que le ministère de la Santé vient d’inclure ce numéro dans ses affiches sans s’assurer au préalable de la capacité des écoutants de répondre aux interrogations du public. Cela pourrait compromettre la campagne de communication sociale du ministère de la Santé et la crédibilité des lignes d’écoute en général. PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 4. 4 La France dénonce la politique US en matière de lutte contre le sida Les Etats-Unis ont été de nouveau interpellés, mercredi 14 juillet, à la conférence internationale sur le sida, à Bangkok, où l'Europe leur a demandé d'adhérer à un accord international sur les médicaments génériques bon marché, comme l'avait fait la France la veille. Le représentant américain à la 15e conférence, a été copieusement hué par des manifestants menés par l'association française Act Up, qualifiant la politique américaine en matière de sida de "honte". Le coordinateur américain de la lutte antisida, Randall Tobias, a assuré dans un discours que les Etats-Unis soutenaient les médicaments bon marché, "quels que soient leur origine et ceux qui les produisent".Mais "l'Amérique n'aura pas une norme pour ses propres citoyens et une moins élevée pour les malades à l'étranger", a-t-il ajouté, reprenant un argument des grands laboratoires pharmaceutiques, qui accusent les génériques d'être d'une efficacité inférieure. Exprimant un point de vue très différent, le message délivré à la conférence par Jacques Chirac "représente vraiment le message de l'Europe en général", a déclaré Lieve Fransen, chef de la délégation européenne à Bangkok. Jacques Chirac, dans un message lu par le ministre délégué à la coopération, Xavier Darcos, avait estimé qu'"obliger certains pays à renoncer" à des médicaments génériques bon marché, "à la faveur de négociations commerciales bilatérales, relèverait d'un chantage immoral". M. Chirac n'avait pas cité les Etats-Unis, mais l'allusion était évidente. Il avait aussi souhaité que soit mis "en œuvre l'accord sur les génériques, afin de consolider les baisses de prix". Washington est accusé de faire cavalier seul après avoir été le seul des 144 pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à bloquer, en décembre 2002, un accord octroyant aux pays en développement dépourvus de capacités de production, des exemptions aux droits protégeant les brevets industriels, pour qu'ils puissent importer des traitements génériques meilleur marché. Ce projet d'accord avait suivi la déclaration initiale adoptée à la réunion ministérielle de l'OMC à Doha, au Qatar, en 2001. Pas de dons de médicaments en nature pour le Fonds Mondial Le Conseil d'Administration du Fonds Mondial a décidé finalement, de cesser d'explorer la possibilité pour que le Fonds reçoive directement des dons en nature (kind donations). Les personnes qui ont été impliquées dans ces discussions depuis des années ne peuvent que se réjouir de cette décision. Il était déjà inconcevable que l'on ait pu considérer sérieusement cette possibilité. Les preuves recueillies pendant des années ont permis de démonter jusqu'à quel point les dons de médicaments ont provoqué des problèmes sérieux. Certains de ces problèmes les plus significatifs ont été: un gaspillage des ressources humaines lorsque les dons requièrent une grande charge de travail : des produits arrivant avec des dates de péremption très courtes, ainsi qu'une influence inappropriée des protocoles. Antérieurement, de grandes quantités de produits inutilisables ont provoqué des problèmes de disponibilité, une mauvaise utilisation du personnel formé, ainsi qu'un gaspillage des financements. Les dons en nature peuvent conduire à des programmes de traitement conditionnés par les produits fournis, qui peuvent ne pas être appropriés pour le patient (ou, dans le cas de dons à court terme, elles représentent un risque pour le patient, à cause du manque de produit). La liste des problèmes est trop longue pour l'exposer ici. Depuis ces dernières années il y a un aspect crucial des dons en nature que nul ne peut ignorer. Parfois, les producteurs de médicaments utilisent les dons de médicaments comme une stratégie efficace pour éliminer la concurrence des génériques. Les ARV meilleurs marchés sont disponibles grâce à la concurrence. Sans concurrence, nous ne pourrions pas disposer des combinaisons à dose fixe, qui sont un élément essentiel pour la promotion du traitement. Personne de discute que si certains pays, ONGs ou individus veulent utiliser un don. Ceci peut être une stratégie raisonnable à petite échelle, s'il s'agit de la meilleure solution possible. Cependant, les institutions internationales comme le Fonds Mondial ne peuvent en aucune façon bénéficier d'une stratégie de dons de produits pharmaceutiques. Initiative « 3X5 » : Combien ça coûte ? Le journal médical « The Lancet » vient de publier dans son numéro 364 (2004) un article qui tente d’estimer les fonds nécessaires qui doivent être mobilises afin d’atteindre l’objectif de l’initiative “ 3 X 5 ” de l’OMS/ONUSIDA et qui propose le traitement de 3 millions de personnes de pays de bas et moyen revenus avec la thérapie antirétrovirale (ARV) d’ ici la fin de 2005. Les résultats montrent la nécessite de 5,1 a 5,9 milliards de dollars afin de fournir un accès étendu au traitement qui comprenne les ARV, le soutien et l’administration des programmes a un niveau national. Les enfants : ces grands négligés de la lutte contre le sida Les compagnies pharmaceutiques et les gouvernements négligent le développement et la production de médicaments et d'outils diagnostiques adaptés aux enfants touchés par le VIH-Sida. "Les enfants qui ont besoin de traitements doivent boire de grandes quantités de sirops au goût détestable, ou avaler d'énormes comprimés. Encore faut-il qu'ils aient accès aux traitements. " a ainsi déclaré le Dr David Wilson, un des coordinateurs médicaux de MSF en Thaïlande. " Les compagnies pharmaceutiques ne se donnent pas la peine de développer des formulations pédiatriques antirétrovirales, tout simplement parce que les enfants ne constituent pas un marché rentable" .Dans les pays développés, les efforts menés pour éviter la transmission du virus de la mère à l'enfant permettent que relativement peu d'enfants naissent avec le virus du sida. Il n'existe donc pas, aujourd'hui, un marché pédiatrique " rentable ", ce qui explique le manque de formulations pédiatriques, en dépit des besoins criants dans les pays en voie de développement. Le seul espoir en vue vient de certains fabricants de génériques, qui développent des copies des traitements combinés de première ligne. En 2003, on estimait à plus de 2,5 millions le nombre d'enfants vivant avec le VIH-Sida. La même année, 700 000 enfants de moins de 15 ans ont été infectés par le virus, dont 88,6% vivant en Afrique sub-saharienne. Leur pronostic vital n'est pas bon. Environ 50% des enfants séropositifs meurent avant l'âge de deux ans. Médecins Sans Frontières a commencé à soigner des enfants de traitements par antirétroviraux en décembre 2000. En mars 2004, environ 4% des patients pris en charge par MSF étaient des enfants de moins de 13 ans. Le premier défi est de pouvoir dépister les enfants vivant avec le VIH. Les tests sérologiques standard ne sont pas fiables chez les enfants de moins de 18 mois. Le suivi des CD4 est difficile, car la plupart des machines existantes ne sont pas adaptées à l'utilisation chez de jeunes enfants. Autre problème, et non des moindres : le manque d'antirétroviraux pédiatriques, qui rendent le calcul des doses extrêmement complexe et lourd à gérer. PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 5. 5 LA CIRCONCISION RÉDUIT LE RISQUE DE CONTAMINATION PAR LE VIH Mettant un terme à la controverse sur ce point, une équipe américano-indienne vient de conforter le rôle protecteur de la circoncision contre l'infection à VIH. L'excision de la peau du prépuce, fragile cible du virus, en serait à l'origine. L'enquête se déroule en Inde. A Pune précisément, à l'ouest de Bombay. Dans un service spécialisé dans les maladies sexuellement transmissibles (MST), des médecins suivent le devenir de plusieurs dizaines de patients. Et au fil du temps, ils identifient ceux qui deviennent séropositifs pour le VIH, le virus du SIDA. La question est de savoir si la circoncision protége ou pas de l'infection. Eh bien, oui ! "L'analyse de nos données a démontré que les circoncis ont 6 fois moins de risques d'être porteurs du virus", révèle Robert Bollinger de l'école médicale Johns Hopkins à Baltimore (USA), qui a mené l'étude en collaboration avec les Indiens de Pune. En vérité, "nos résultats sont en accord avec des études antérieures, qui avaient également suggéré un rôle protecteur de la circoncision." Comment expliquer ce phénomène ? L'hypothèse la plus vraisemblable serait biologique. "L'excision du prépuce semble en être l'origine. Ce tissu contient en effet des cellules cibles du VIH, en particulier des CD4, et des cellules de Langherans, très facilement accessibles au virus". D'autres auteurs sont persuadés que le rôle protecteur de la circoncision serait dû au comportement sexuel plus responsable des circoncis. Une fausse piste ! Car nous n’avons observé aucune réduction des risques de syphilis, d'herpes ou de gonococcie", précise Bollinger. MUTATIONS ET RÉSISTANCE: UNE COURSE CONTRE LA MONTRE ENTRE VIH ET CHERCHEURS Les fréquentes mutations du virus de l'immunodéficience acquise (VIH) entraînent les chercheurs dans une course contre la montre pour mettre au point de nouvelles générations de médicaments, destinées à prendre le relais dès que le VIH trouve la parade aux précédentes. Les mutations sont dues à des erreurs dans la copie du matériel génétique. Ces défauts de copie, qui risquent chez l'homme d'être la source de maladies dont le cancer, peuvent être profitables au VIH et lui permettre de déjouer les pièges que lui tendent les antirétroviraux (ARV).Ainsi avantagés, les virus mutés, devenus résistants à un ou plusieurs ARV que reçoit le patient, se multiplient aisément. Pour s'opposer à cette prolifération, il faut viser d'autres "points faibles" du virus, en passant des traitements de "première ligne", à ceux de deuxième ou troisième génération. Il existe aujourd'hui une vingtaine de médicaments anti-VIH, agissant à différentes étapes, pour l'empêcher de se répliquer au sein de la cellule infectée, ou d'y achever sa formation et d'aller infecter d'autres cellules. Après l'apparition de l'AZT, en 1987, l'arrivée en 1996 de trithérapies, associant trois antirétroviraux, a marqué une étape-clé. Même devenu indétectable dans l'organisme, le virus y reste néanmoins tapi. L'apparition de "résistance" à un premier cocktail médicamenteux pousse à rechercher d'autres associations. Nouveau venu dans la famille des ARV, l'enfuvirtide, ou Fuzeon selon son nom commercial, vise à interdire l'entrée du virus dans les cellules immunitaires. Or, il ne peut se reproduire qu'en y jouant les parasites. Présentée comme dernier recours contre l'infection, cette molécule très chère ne reste cependant qu'un rempart "temporaire", selon plusieurs chercheurs. D'autres inhibiteurs d'entrée sont en cours de développement. Les mutations du VIH expliquent aussi la difficulté à mettre au point le vaccin préventif attendu depuis la découverte des premiers cas de sida voici 23 ans. Là aussi, les chercheurs continuent d'explorer des pistes successives (anticorps et autres formes d'immunités), dans l'espoir d'arriver un jour à frapper suffisamment fort, et de façon diversifiée, pour que le virus ne puisse pas contrer en même temps toutes les tentatives pour prévenir l'infection. UN MICROBICIDE EFFICACE POURRAIT ÊTRE ACCESSIBLE AUX FEMMES D'ICI 5 À 7 ANS Alternative éventuelle aux préservatifs pour protéger du sida les femmes des pays pauvres, des microbicides efficaces à insérer dans le vagin sous forme de crème ou de gels pourraient exister d'ici 5 ans à 7 ans, a annoncé l'International Partnership for Microbicides (IPM). Développer des microbicides ne suffit pas, il faut aussi que "l'accès aux soins pour tous" concerne ces produits destinés à prévenir la transmission du virus du sida (VIH), a déclaré la directrice de l'IPM Zeda Rosenberg lors de la 15e conférence internationale du sida. Ils "doivent être accessibles aux femmes dès qu'ils seront mis au point", sans attendre dix ans, voire plus, entre l'approbation dans les pays industrialisés et l'introduction dans les pays en développement, a-t-elle insisté. Les femmes représentent près de 60% des quelque 25 millions de porteurs du VIH/sida en Afrique, selon l'Onusida. Souvent fragilisées, soumises au bon vouloir masculin, elles peuvent difficilement imposer l'usage du préservatif, voire refuser un rapport sexuel. D'où l'intérêt d'une autre protection contre le VIH, voire aussi d'autres maladies sexuellement transmissibles. Invisibles, susceptibles d'être insérés dans le vagin à l'insu du partenaire sexuel, les microbicides pourraient, selon leurs promoteurs, représenter une nouvelle option. Présentés sous forme de gels, de crèmes, d'émulsions, voire de dispositifs tels que des diaphragmes permettant de libérer le produit sur une longue durée -un mois ou plus-, ils ouvriraient la possibilité d'associer contraception et prévention. L'utilisation de microbicides, même efficaces à seulement 60%, par une femme sur cinq dans 73 pays à faibles revenus, permettrait d'éviter 2,5 millions d'infections par le VIH en trois ans, selon un récent rapport la fondation Rockefeller qui participe au financement de l'IPM avec notamment la Banque mondiale et cinq pays européens (Danemark, Irlande, Pays-Bas, Norvège et Royaume-Uni).L'efficacité de six candidats-microbicides doit être testée lors d'essais en cours ou prêts à commencer, portant sur plus de 20.000 femmes sur trois ans, selon l'IPM. Une vingtaine d'autres microbicides potentiels sont à l'étude. Différents mécanismes sont envisagés pour empêcher l'infection : tuer ou inactiver le VIH en attaquant sa membrane protectrice, créer une barrière physique entre virus et cellules de la muqueuse vaginale, voire du rectum, ou notamment renforcer les défenses naturelles de l'organisme. PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 6. 6 Les échos de Bangkok Juillet 2004, pendant six jours, la XVème conférence internationale sur le sida a réuni plus de 16 000 délégués du monde entier sur le thème de l’«Accès aux soins pour tous». Retour sur les moments forts et les thèmes majeurs de la Conférence. Cérémonie d'ouverture A mi chemin entre le "show" et la déclaration de politique générale, la cérémonie d'ouverture a été marquée par une intervention très appréciée du secrétaire général des Nations unies contrastant avec les difficultés du premier ministre Thaï face aux usagers de drogue. 15 000 participants, venus de 160 pays, étaient conviés à la cérémonie d’ouverture, dimanche 11 juillet. Joep Lange, président de l’IAS a voulu en introduction placer cette XVème Conférence dans la lignée de Durban: «si la Conférence de 2000 s’était tenue à Paris, Londres ou Washington et non Durban, nous serions toujours en train de discuter du prix des antirétroviraux». Le mouvement né de Durban, était celui qui a conduit à l’augmentation des fonds et à la baisse des prix. Et c’est à semblable ambition que la Conférence de Bangkok est conviée: c’est ainsi qu’elle a été «stratégiquement localisée en Asie, où ont lieu le quart des infections dans le monde», et particulièrement en Thaïlande, un pays «qui a montré un réel engagement dans la prévention du VIH», et dont on peut souhaiter qu’il constitue un «exemple suivi» par d’autres pays. «Merci à la Thaïlande de nous avoir montré que des avancées étaient possibles», a repris Kofi Annan. La problématique choisie par le Secrétaire général des Nations Unies a permis de mettre l’accent sur les aspects sociaux de l’épidémie, et notamment de dénoncer les discriminations à l’égard des femmes. C’est Miss Univers 2004 qui est venu appuyer ce plaidoyer pour les femmes! Evoquant les précédentes déclarations internationales, Kofi Annan a rappelé que «nous ne sommes pas en voie de réduire l’ampleur et l’incidence de l’épidémie d’ici 2005, comme nous nous y étions engagés». Enfin, faisant écho à l’intervention du premier ministre thaï, Thaksin Shinawatra, le secrétaire général a plaidé en faveur d’une prévention adaptée aux besoins de chacun, hommes, femmes, jeunes, sex workers, homosexuels, ou usagers de drogues injectables. Le premier ministre avait commencé son allocution d’ouverture par un tableau idyllique de la réduction des risques en Thaïlande? sous les huées des «Thaksin lyes» vite dissimulées par les nombreuses forces de sécurité présentes. OMS Three by five En prélude à la Conférence, l’OMS organisait une conférence satellite sur Three by five, ou comment mettre trois millions de personnes sous traitement d’ici 2005. Juste un chiffre, une date, pour une cause juste? Si l’OMS se met, selon l’expression de Jim Kim, directeur du programme, un «pistolet sur la tempe», c’est au nom d’un engagement sans précédent, et «galvanisant». Car il ne s’agit pas seulement des traitements: mais aussi de bâtir, dans les pays en développement, les systèmes de santé qui permettront de les distribuer. «Quelle opportunité!», selon Jim Kim, de promouvoir la santé publique et le développement. Et si, dans les quelques 18 mois qui restent, alors que l’OMS compte aujourd’hui 440 000 personnes sous traitement, quelques «sueurs froides» sont à prévoir pour les responsables du programme, elles sont, après tout, «à la hauteur de celles que ressentent ceux qui sont en attente d’un traitement». On retiendra deux points de ce satellite. Tout d’abord la volonté proclamée de généraliser le dépistage volontaire en routine. L’idée de cette «nouvelle politique» est de lutter contre la stigmatisation par la systématisation des occasions de communiquer sur le VIH. Ensuite, la promotion des «fixed dose combinations», qui faisaient l’objet d’une session présidée par Michel Kazatchkine. Après la présentation des données sur le Triomune en une prise parues dans Lancet la semaine dernière, la discussion a porté sur l’avenir des thérapies simplifiées. L’occasion de rappeler l’enjeu économique encore et toujours. Avec pour vertus une adhérence et une prescription facilitées, et donc moins de risques de résistances, la piste ouvre sur la question de la concurrence à l’innovation, et aux prix, entre firmes pharmaceutiques et génériqueurs. La qualité de vie et le bien-être des personnes vivant avec le VIH-sida La question de la qualité de vie des personnes malades du sida prend une part de plus en plus importante aujourd’hui, notamment avec l’arrivée des traitements, au Nord comme au Sud. Toutefois, elle ne se limite pas à cette circonstance. Au cours d’une session orale, six différentes présentations, provenant de contextes très différents, ont permis de donner un aperçu du bien-être des malades et de la qualité de leur vie. D’une part, les personnes qui n’ont pas accès aux traitements doivent pouvoir recevoir des services permettant de lutter contre la douleur, le rejet, la discrimination,etc.. L’exemple de Mme Chanty Prang, de FHI Cambodge, est à ce titre intéressant : autour de la problématique des soins palliatifs, c’est une véritable solidarité communautaire qui s’est construite à Pnom Penh. Omar Amri, a présenté un programme mis en place par Aides et six associations locales au Mali, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. L’idée est simple, et selon les résultats présentés à Bangkok, particulièrement efficace : près de 150 personnes malades ont pu bénéficier d’un prêt qui leur permet de mettre en place une activité génératrice de revenus. Il en résulte une amélioration des conditions de vie des malades, de leur famille. Cela permet PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 7. 7 également de constituer une petite épargne santé, qui participera aux paiements des frais de santé. Le soutien à l’observance est également au coeur de la problématique de la qualité de vie, tant pour les enfants (Mme S. Kongsawat de MSF-Belgium dans la province de Petchburi en Thailande ou encore Mme Elisabet Cruz de Sao Paolo au Brésil) que pour les adultes. Toutefois, cette session aura aussi été l’occasion d’évaluer les limites de la mesure de la qualité de vie. Et c’était dramatiquement le cas pour l’étude présenté par Loraine Sherr de Londres à propos des suicides chez les personnes séropositives dans la communauté gay ou encore avec Bruno Spire qui a présenté une étude de mesure psychométrique de la qualité de vie, entamée il y a maintenant sept ans. Faciliter l’accès au test de dépistage Une session très riche a présenté plusieurs expériences visant à faciliter l’accès au dépistage et au conseil. Aperçu. Une intervention présentait la mise en place de test et de conseil pour les couples au Rwanda et en Zambie (TuOrE1194). Le principe de cette initiative étant de faciliter les discussions au sein du couple et de lutter contre l’idée répandue que la monogamie permet d’éviter les contaminations. Pour appuyer l’initiative, les organisateurs ont identifié des personnes leader dans les communautés qui font la promotion du programme. Chaque intervention publique, au cours de réunions ou par des rencontres directes, a permis d’augmenter le nombre des personnes participantes. Au cours de la discussion, deux problèmes ont été soulevés. En premier lieu, la possibilité d’un consentement volontaire de la femme a fait l’objet de réserves de la part du public. Les promoteurs de l’expérience ont rappelé que s’il y a un premier conseil pour le couple, les époux sont ensuite séparés, bénéficient d’un second conseil pré-test séparé, le rendu étant également distinct. En second lieu, se pose la question des traitements proposés aux participants: ils ne bénéficient que du traitement contre la syphilis. Il n’est pas prévu de traitement ARV pour les personnes dépistées, les organisateurs renvoyant les personnes sur les autres programmes. Ceci peut expliquer le faible nombre de participants. Une autre intervention présentait l’initiative hollandaise ChekPoint (TuOrC1197). Il s’agit de proposer à Amsterdam un dépistage en une heure, les personnes ciblées étant les MSM. Le projet est financé par GSK et toutes les informations sont disponibles sur le site www.hivnet.org. Le test rapide utilisé est Determine® des laboratoires Abbott, et les personnes offrant le test et le conseil sont tous des volontaires. Le conseil dure environ 45 minutes. En cas de test positif, un second prélèvement est effectué et envoyé à un laboratoire (Western Blot plus Elisa désensibilisé). Un rendez-vous est donné pour la semaine suivante. A ce jour, aucun faux positif n’a été relevé. Festival de cinéma L’IAC, en partenariat avec TVE Asia Pacific présente cette année une très riche palette de documentaires, spots publicitaires, fictions de courts ou moyens métrages sur le VIH/sida. De mémoire de participants, c’est bien la première fois qu’un festival du cinéma est organisé dans le cadre d’une conférence mondiale. Sélectionnés parmi une centaine de films pour leurs qualités informatives, éducatives ou créatives, ces documents permettent de saisir la diversité des actions de communication et de prévention mises en place à travers le monde. Du partage du quotidien des personnes séropositives à la promotion du préservatif sur un air de Carmen, ce festival offre chaque jour un large panorama des outils et ressources audiovisuels produits par des institutionnels, journalistes ou acteurs de terrains. Les participants zélés profiteront de l’occasion pour échanger avec les producteurs présents dans le cadre du festival. Le guide mis à la disposition des spectateurs permettra à chacun de se procurer les supports susceptibles de contribuer à l’amélioration de ses actions. Nous ne pouvons qu’espérer qu’une telle initiative soit reconduite à Toronto en 2006. Vaccin anti-VIH Quels progrès depuis la conférence de Barcelone? A l’heure actuelle, les vaccins restent le défi scientifique de la communauté biomédicale internationale. La Thaïlande est d’ailleurs un des pays leaders dans la mise en place d’essais avec pas moins de 20000 volontaires qui ont accepté de participer à leur élaboration, entreprise nécessaire pour trouver un vaccin destiné au monde entier. Si aucun essai vaccinal n’est encore concluant, leur nombre augmente passant de 22 essais de phase 1 en 2003 contre 7 en 2002. Un essai sur les singes a notamment montré un progrès réalisé sur la mesure d’anticorps neutralisants le VIH. Il manque néanmoins du recul afin de déterminer les conséquences exactes de ces essais sur certains participants. Il semble aussi important de tenir compte à l’avenir de l’origine ethnique des volontaires ainsi que des sexe en fonction de l’essai. Un effort de collaboration internationale doit s’affirmer et être plus ciblé afin que le vaccin de demain soit accessible à tous et dans tous les pays. Mais ce ne sera sans doute pas avant une dizaine d’années. L’épidémie se féminise. Mais où sont les préservatifs féminins? Beaucoup de sessions de cette conférence ont porté sur les femmes, comme l’a souhaité le Secrétaire général des Nations Unis en ouverture. A l’heure où 58% des personnes séropositives subsahariennes sont des femmes (le début de l’épidémie concernait surtout les hommes), où partout, y compris en France, nous assistons à une féminisation de l’épidémie, les préservatifs féminins semblent toujours être victimes d’une utilisation confidentielle. A la conférence, rares étaient les lieux où ils étaient proposés ou présentés. Il aura fallu attendre le quatrième et avant-dernier jour de la conférence de Bangkok pour qu’ils soient distribués aux journalistes dans la salle de presse. Pour en parler, bien évidemment. La XVIe conférence mondiale sur le sida se tiendra à Toronto en 2006 Les conférences mondiales organisées désormais tous les deux ans, dont les lieux alternent entre pays du Nord et pays du Sud se veulent être un enjeu important d’échanges de pratiques, de recherches et de perspectives pour tous les acteurs de la lutte contre le sida. La prochaine conférence sera organisée à Toronto au Canada, pays notamment novateur dans son approche de la prévention auprès des jeunes. Cette conférence aura lieu du 13 au 19 août 2006. Pour en savoir plus: http://www.aids2006.org. Sources : Le CRIPS PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 8. 8 L’ALCS à la Conférence internationale sur le sida De retour de Thaïlande, H. Himmich nous livre ses impressions sur la conférence et fait le bilan de la participation de l’ALCS. Entre sessions et réunions, cette rencontre aura surtout été l’occasion pour l’ALCS de consolider et de nouer des partenariats. Vous rentrez de Bangkok où s’est tenue la dernière conférence mondiale sur le sida. Qu’en est-il de la participation marocaine à la conférence ? A cette conférence le Maroc était représenté par une nombreuse délégation comprenant des responsables du ministère de santé et représentants des associations de lutte contre le SIDA dans notre pays. Malheureusement notre association n’avait pas une représentation à la hauteur de l’important rôle qu’elle joue dans le domaine de la prévention et de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH, puisque j’en étais la seule représentante. Ne pouvant tout faire, j’ai sûrement laissé passer des opportunités intéressantes de contact avec d’autres associations et avec des bailleurs de fonds. Comment expliquer cette faible présence de l’ALCS ? Le nombre de prises en charge mis à disposition localement par les organisations des Nations Unies étant limité (1000 prises en charge pour 16 000 participants), la seule possibilité pour nous d’avoir une meilleure représentation est de demander, à temps, une prise en charge au secrétariat des prochaines conférences et de soumettre des abstracts pour avoir plus de chance de voir la demande acceptée. Pour cela les sections devront recevoir les informations sur les conférences internationales dès leur diffusion et surtout les coordinateurs de projets et les membres des bureaux devront se familiariser avec la rédaction des abstracts. Pour cela je propose l’organisation d’un atelier sur la rédaction d’abstracts et la mise en place d’un comité national qui se chargera de les revoir et de les traduire en anglais. La conférence c’est beaucoup de rencontres scientifiques, mais aussi l’occasion d’approcher des nouveaux partenaires et bailleurs de Fonds ? Les données scientifiques de cette conférence seront présentées par Pr Latifa Marih (qui a eu deux posters acceptés, ce qui lui a valu une prise en charge) dans un autre article. Quant à moi, ayant passé l’essentiel de mon temps en réunion plutôt que dans les sessions, je vous informe plutôt des principaux résultats de ces contacts. Ainsi, lors d’une réunion avec Pr Mohamed Adnaoui et Dr Hèlène Degui du réseau ESTHER, le principe d’un projet de collaboration entre le pôle d’excellence de Rabat et notre section dans cette ville a été retenu. Il ne reste plus qu’à rédiger le projet pour septembre. Ce partenariat sera le troisième du genre, après celui de Casablanca et d’Agadir et devra être étendu aux autres sections impliquées dans la prise en charge, notamment Marrakech. D’autre part l’Organisation mondiale du travail a organisé, en partenariat avec l’ONUSIDA, un atelier au cours duquel a été présenté un kit de prévention sur les lieux de travail que j’ai ramené et dont nous devrions nous inspirer pour développer, avec Ahmed Douraidi, notre collaboration avec les syndicats et nos actions dans les lieux de travail. Au total, plein de projets et beaucoup de travail en perspective. Dans son message à la conférence, le Président Chirac a enfin pris position et dénoncé la politique libre échangiste de l’administration américaine. Avez-vous eu des entretiens au sujet de l’accord de libre échange ? Lors d’une réunion avec Pr Alice Desclaux, chef de l’unité d’anthropologie à l’Université d’Aix en Province, il a été décidé de rédiger et de chercher le financement pour une étude des conséquences des clauses sur la propriété intellectuelles de ces accords d’un point de vue économique et de sciences humaines. Notre amie Latéfa Imane, si ses obligations internationales lui en laissent le temps, sera en charge de l’étude anthropologique. Cette étude serait d’autant plus importante que, comme prévu, les EU seraient en train d’essayer d’imposer les mêmes clauses dans d’autres pays, notamment en Thaïlande. Beaucoup d’ONG saisissent l’occasion de la conférence pour coordonner leurs actions et établir de nouveaux partenariats. Avez-vous eu des contacts dans ce sens ? Oui, avec PATAM entre autres. Ce réseau d’associations africaines pour l’accès aux soins est en contact avec Dr Othman Mellouk, membre du comité exécutif de cette organisation pour l’ALCS, pour la préparation, en marge de nos assises, d’une réunion des associations maghrébines. A Bangkok j’ai rencontré Loubna EL Taber, membre du comité exécutif de PATAM, avec qui j’ai discuté du programme de cette réunion, de son financement et de la participation à nos assises. Nous avons aussi discuté du renforcement de notre collaboration dans différents domaines, notamment ALE (traduction en arabe et diffusion d’une note de MSF) et guide à l’attention des personnes vivant avec le VIH. J’ai également eu une importante réunion avec le directeur exécutif D’ECS Bertrand Audoin, sur l’aide qu’ECS pourrait nous apporter dans la réalisation de notre Sidaction, prévu pour le 21 janvier 2004, avec 2M. Bertrand est complètement acquis à cette collaboration qui cependant doit être approuvée par le Conseil d’administration à qui il faut adresser une demande et un dossier pour sa prochaine réunion, début septembre. Avec Aides, nous avons discuté avec Vincent Pelletier et Omar Amri de la nécessité de relancer le projet Amedis (c’est le projet qui devait remplacer Cap- prévention, coordonné par l’ALCS Tanger, et qui concerne les trois pays Maghrébins). C’est Omar qui est en charge de ce projet, qui date de 3 ou 4 ans et qu’il va falloir réécrire. J’ai rencontré le directeur du CRIPS, Antonio Augidos, pour la relance du projet de centre de documentation. Ce projet pourrait être financé par le Conseil Régional d’Ile de France à condition d’impliquer dans le partenariat le Conseil Régional de Casablanca. Et au niveau des médias ? J’ai me suis entretenue avec notre ami Franck Joucla, directeur de la communication à TV5 sur le soutien que peut apporter la chaîne à notre Sidaction. TV5 va diffuser un appel à don, à l’attention de la diaspora marocaine en Europe et au Canada et va nous mettre en contact avec des artistes. Par ailleurs j’ai été interviewée sur TV5 au sujet du programme 3/5 de l’OMS. Une interview a été accordée à Eric Favreau, journaliste à «Libération » sur l’accès aux soins et prévention du SIDA au Maroc. Ainsi qu’au journal « Remaides » sur le rôle de l’ALCS dans l’accès aux soins. Hakima HIMMICH, présidente de l’ALCS PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 9. 9 PATAM vs BUSH : Investissez dans la santé pas dans la guerre ! A l’appel de TAC (Treatment access campaign) et PATAM (Pan Africain Treatment Access Movement), plus de quatre vingt organisations oeuvrant dans le domaine de la santé et des droits humains du monde entier (dont l’ALCS) ont décrété la journée du 24 juin 2004 journée mondiale de protestation contre la politique de Bush en matière de VIH/SIDA. Manifestations, conférences de presse, fax de protestations, communiqués… tous les moyens étaient bon pour dénoncer la politique désastreuse de l’administration Bush qui est en train de miner plusieurs années d’efforts en matière de lutte contre l’épidémie. Une politique de plus en plus dictée par des intérêts économiques et idéologiques que par la science. En janvier 2003 le président Bush a déclaré consacrer 15 milliards de $ à la lutte contre l’épidémie du sida dans le monde sur une période de 5 ans. Les milieux de la lutte contre le sida ont salué cette initiative et y ont vu enfin un engagement sans précédent de l’administration américaine qui pouvait servir de modèle pour les autres pays riches. La joie n’aura pas duré longtemps puisque, pour l’année 2004, le congrès n’aura accordé au président que la somme de 2,4 milliards qui seront consacrés au plan d’urgence du président contre le sida (PEPFAR). L’argent promis ne sera pas destiné au Fonds mondial, un outil qui commence à faire ses preuves. Mais à un programme d’aide bilatéral destiné aux pays acceptant de mettre des programmes de lutte contre le sida bénis par l’administration américaine. Pour cela, les programmes doivent utiliser des médicaments de marque (pour la plupart issus de labos américains !) et non des génériques. Des programmes de prévention basés sur l’abstinence et la fidélité. Pas de promotion de préservatifs. Pas de programmes de réduction des risques destinés aux travailleurs du sexe ni aux usagers de drogues injectables. En gros des programmes qui reposent plus sur des arguments idéologiques et économiques au détriment de la science. Pour la question des traitements, l’attitude de l’administration américaine ne s’arrêtera pas au refus de financer des programmes utilisant des génériques, mais ira jusqu’à remettre en doute, en utilisant des arguments pseudo- scientifiques, l’efficacité et la sécurité des anti-rétroviraux notamment les combinaisons à doses fixe (3 ARV en 1) ayant pourtant été pré-qualifiés par l’OMS et d’autres organisations comme MSF. Alors que ces combinaisons sont beaucoup moins contraignantes pour les patients et donc parfaitement adaptées aux patients des pays pauvres en raison de leur simplicité d’utilisation. Sabotant ainsi le système de pré-qualification des médicaments de l’OMS et les autorités de régulation des pays. Un autre moyen de restreindre l’accès aux médicaments génériques consiste en la conclusion d’accords bilatéraux de libre échange avec les pays en voie de développement, avec des standards de protection de la propriété intellectuelle au-delà de ce qui est requis aujourd’hui par l’OMC. Cce qui constitue un moyen de contourner la déclaration de Doha qui accorde aux pays des souplesses en la matière afin de gérer des situations d’urgence sanitaire ou de graves problèmes de santé publique. Ainsi, plutôt que de servir la lutte contre le sida, la politique américaine risque de provoquer une régression en la matière. Pire, les politiques de santé publique de certains pays pauvres en manque de ressources risquent de se retrouver influencées. Pour ces raisons, plus de quatre vingt organisations de santé et de défense des droits humains (dont l’ALCS) ont répondu à l’appel de TAC et PATAM et ont décrété la journée du 24 juin 2004, journée mondiale de protestation contre la politique de Bush en matière de VIH/SIDA. Plusieurs manifestations ont eu lieu. Des lettres de protestations ont été adressées au président et aux différents ambassadeurs américains dans le monde. A titre de rappel, le budget global des programmes de coopération des Etats-Unis pour 2004 est de 17,55 milliards de $, alors que le budget voté pour l’effort de guerre en Iraq pour la même année est de 268,2 milliards de $ et qu’une rallonge supplémentaire de 87 milliards a été demandée au Congrès. Sans commentaire ! O.Mellouk PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 10. 10 Le Maroc accepte un accord controversé ! « Cet accord contient le degré de protection de la propriété intellectuelle le plus élevé, jamais obtenu dans un accord de libre échange avec un pays en voie de développement ! ». Voilà comment le président Bush décrit dans un message adressé au congrès américain l’accord de libre échange conclu entre le Maroc et les Etats-Unis le 2 mars dernier, et adopté par le Congrès le 21 juillet. Le Maroc, a donc accepté ce qu’aucun pays n’avait encore jamais accepté : l’inacceptable ! Ni la mobilisation d’une quarantaine d’ONG marocaines regroupées en coalition, ni celle des plus grandes ONG internationales oeuvrant pour l’accès aux médicaments, ni même les mises en garde répétées de Joseph Stiglitz prix Nobel en économie et ancien conseiller de Bill Clinton, américain de surcroît, n’ont réussi à infléchir la position des négociateurs marocains face à leurs homologues américains intransigeants sur les questions liées à la propriété intellectuelle. Forts d’une armée de lobbyistes superpuissants financés à coups de millions de dollars par les grands laboratoires pharmaceutiques américains, décidés plus que jamais à en finir avec la concurrence des médicaments génériques, même au prix de la vie de millions de personnes dans le monde ! Le Maroc a donc accepté l’inacceptable et cela constitue un antécédent grave. Au-delà des conséquences futures sur l’accès des marocain(e)s à des médicaments à un prix abordable (voir analyse de Rob. Weissman ci-après), les pays en voie de développement risqueront de nous reprocher d’avoir cédé sur un dossier sur lequel nous nous sommes battus ensemble depuis maintenant plus de 4 ans ! En effet, le Maroc, avait jusque là fait front commun avec les pays du Sud pour défendre les acquis de la déclaration de Doha au sein de l’OMC. Il a défendu cette position avec ardeur alors qu’il était chef du groupe africain au sein de cette organisation au moment où les débats sur la question étaient les plus passionnés. Que le Maroc cède aujourd’hui, et la porte est ouverte aux Américains pour faire plier d’autres pays en cours de négociation actuellement. Amérique latine, Afrique du sud, Thaïlande … La liste des pays s’allonge de jour en jour. Pourtant la société civile marocaine et la presse nationale ont fait un travail remarquable. Ils ont informé le grand public et les députés sur les enjeux d’un tel accord. Interpellé les responsables le long des négociations. Sollicité le soutien des ONG les plus influentes qui travaillent dans le domaine de la santé et des droits humains. Jamais, dans l’histoire de notre pays, un accord bilatéral avec un pays tiers n’a suscité Libre échange Maroc-EU BBBYYYEEE BBBYYYEEE GGGEEENNNEEERRRIIIQQQUUUEEESSS ??? PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 11. 11 autant de littérature ni alimenté autant de controverses. S’il faut y voir une maturité de la société civile et de la presse nationale. Ce n’est pas le cas de la classe politique, qui, à part quelques questions posées par des députés isolés, a brillé par son silence tout au long du débat passionné des derniers mois. Le gouvernement, quand à lui, a préféré prendre la société civile pour ennemi en réprimant par la violence le sit in du 28 janvier, alors qu’il pouvait la considérer comme un allié pouvant l’aider à renforcer son pouvoir de négociation face à l’équipe négociatrice américaine. Se contentant de minimiser l’impact de l’accord présenté comme un accord win-win dans lequel il est normal de faire des concessions de part et d’autres. Mais comment un pays comme le notre pourrait-il faire des concessions sur le secteur de la santé, alors que moins de 16% des marocains bénéficient d’une assurance maladie ? Dans son message adressé à la communauté internationale lors de la Conférence internationale sur le sida à Bangkok, le président Chirac a enfin pris position en qualifiant la politique de libre échange de l’administration américaine actuelle de « chantage immoral ». "Nous ne souhaitons pas que ces pays aient les mains liées par ces accords bilatéraux", a rajouté Mireille Guigaz, ambassadrice pour le SIDA, pour commenter les propos de son président. Nous rappelons que les activistes français avaient sommé leur président de réagir à l’accord avec le Maroc, dès le mois de janvier, en vain. Cette prise de position française sur la question vient, certes, un peu tard pour nous. Mais elle a le mérite d’initier un débat mondial sur la question et de mettre l’administration américaine, déjà fragilisée par la guerre en Irak et les élections présidentielle prochaines, dans l’embarras. Nous espérons que d’autres chefs d’état emboîteront le pas au président français. Que cela pourrait servir la cause des pays en cours de négociation. Pour nous, les jeux sont déjà faits hélas ! O. Mellouk ANALYSE Quel impact sur le secteur des génériques ? Robert Weissman est co-directeur de « Essential Action ». Une influente ONG Américaine de défense des consommateurs impliquée dans la lutte pour l’accès aux médicaments. Il a analysé le texte de l’accord conclu entre le Maroc et les Etats-Unis. Son verdict est clair : l’accord rendra l’accès aux médicaments génériques de plus en plus difficile. Compétition par les génériques retardée Exclusivité des données Comme l’accord avec l’Amérique centrale (CAFTA), l’ALE US/Maroc oblige les pays à établir une protection des monopoles au niveau des données d’enregistrement. Ces protections ne sont pas demandées par l’accord ADPIC de l’OMC. L’impact de ces mesures sera, au minimum, de retarder le recours à des licences obligatoires. L’obtention d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) impose aux compagnies pharmaceutiques de soumettre des données prouvant l’innocuité et l’efficacité de leurs produits. Ces données sont désignées sous le terme « données d’enregistrement » (registration data ou marketing approval data). La production de ces données à partir de tests menés sur des animaux ou des humains peut être relativement coûteuse, elle peut dans certains cas revenir à des dizaines de millions de dollars. Pour obtenir une autorisation de vendre des versions génériques de médicaments déjà commercialisés, les compagnies productrices de génériques n’ont pas, en général, à refaire des études qui prennent du temps et peuvent représenter un coût particulièrement important pour une industrie générique ayant peu de capital. En effet, ces compagnies se contentent de prouver que leur produit est chimiquement équivalent ou bio-équivalent, ce qui signifie qu’il a le même effet sur le corps que le médicament le premier commercialisé. Ainsi, les compagnies de génériques se réfèrent à l’autorisation de mise sur le marché obtenu par le premier médicament commercialisé pour obtenir elles-mêmes une autorisation pour le générique. Si l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) des génériques ne peut pas être obtenue en se basant sur les données fournies pour obtenir l’AMM des médicaments brevetés les premiers commercialisés, dans de nombreux cas cela signifie simplement qu’ils ne pourront entrer sur le marché. Dans l’accord de libre échange entre le Maroc et les Etats- Unis, on trouve un grand nombre de mesures qui empêcheront les génériqueurs de s’appuyer sur les données fournies par les compagnies détentrices des brevets. Le résultat sera le blocage des génériques qui ne pourront être commercialisés tant que le monopole sur les données d’enregistrement n’a pas expiré – même si le brevet est tombé, et même si le pays octroie une licence obligatoire afin de vendre un produit sous brevet. • Selon l’ALE, le Maroc doit donner une protection des données de 5 ans à partir du moment où le produit obtient son AMM dans le pays (Art 15.10.1). Ceci revient à un blocage des licences obligatoires pendant une période de 5 ans à partir de l’obtention de l’AMM. Il est explicitement indiqué dans le texte qu’aucun enregistrement de générique ne pourra être fait sans le consentement de la compagnie qui a la première enregistré le produit et fournie les données d’enregistrement : • Le Maroc doit attribuer 5 ans de protection exclusive des données aux compagnies qui ont en premier obtenu une AMM n’importe où dans le monde – c’est à dire que la compagnie en question n’a même pas a enregistré son produit au Maroc pour bénéficier de cette protection de son monopole : • Les monopoles de données d’enregistrement doivent être donné pour les données d’enregistrement soumises pour tous les « nouveaux produits pharmaceutiques ». Dans l’accord ADPIC, la nécessité de protéger les données (qui n’es pas ne conduit pas à un monopole parce qu’il s’agit de protection mais pas d’exclusivité) s’applique pour les données fournies pour les « nouvelles entités chimiques ». Sous l’ALEs, l’exclusivité des données s’applique pour les nouveaux produits contenant des entités chimiques qui n’ont pas été enregistrées dans le pays – même si elles ne sont pas nouvelles. PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 12. 12 Interdiction de facto de recourir aux licences obligatoires Comme dans l’accord régional avec l’Amérique centrale, ces protections de monopoles des données d’enregistrement rendent le recours aux licences obligatoires impossible – sauf peut être en essayant d’invoquer des pratiques anti- concurrentielles. L’article 15.10.4 semble interdire toute compagnie générique de s’appuyer sur les données fournies par la compagnie qui détient le brevet d’un médicament à n’importe quel moment durant la durée du brevet si le producteur n’a pas la permission du détenteur du brevet (ce qui semble contradictoire avec la durée de 5 ans stipulée dans l’article 15.10.2). Cet article signifie effectivement qu’une compagnie productrice de génériques ne peut pas s’appuyer sur les données d’enregistrement d’un produit durant toute la durée de la protection par le brevet, même si une licence obligatoire est émise. Cette mesure bloque purement et simplement l’utilisation de licence obligatoire – même en cas d’urgence. Ce langage se retrouve dans les textes de l’accord avec l’Amérique centrale. Essential Action a demandé des explications à l’USTR qui s’est en gagé à en fournir (rien pour le moment). Extension de la durée des brevets et brevets sur- protecteurs L’ALE entre le Maroc et les Etats-Unis comme l’accord avec l’Amérique centrale étend la durée de protection des brevets en permettant des brevets sur-protecteurs : • des extensions de brevets doivent être accordé pour compenser les délais lors de l’enregistrement des brevets (article 15.9.7). • des extensions de brevets doivent être accordés pour compenser les délais d’enregistrement des produits pharmaceutiques (article 15.10.3). • l’accord créé un encouragement pour les compagnies détentrices des brevets à soumettre des demandes de brevets abusives. L’article 15.9.9 impose aux pays d’autoriser les demandeurs de brevets à amender leurs demandes de brevets ; ceci constitue un encouragement pour les demandeurs de brevets à soumettre des demandes inadéquates et des brevets excessivement larges. • les règles concernant les investissements de l’ALE interdiront les licences obligatoires. Le chapitre concernant l’investissement précise que les licences obligatoires faites en suivant l’accord ADPIC et/ou les règles sur la protection de la propriété intellectuelle des accords de libre échange ne violent pas les limitations sur l’expropriation du chapitre sur l’investissement (Article 10.7.5) ou les obligations de performances (Article 10.9.3). Cependant, même avec ces clauses de sauvegarde, les règles du chapitre sur l’investissement de l’accord sont si sévères qu’elles refroidiront probablement la volonté des pays à entreprendre de recours à des licences obligatoires, dans la mesure où ils craindront d’être sujet à des pénalités prévues dans le cadre de l’accord sur l’investissement. Restrictions sur les importations parallèles et les ré- importations ( à noter : le Maroc s’était déjà ôté la possibilité de recourir aux importations parallèles dans sa législation sur la propriété intellectuelle) L’ALE entre le Maroc et les Etats-Unis comprend une mesure qui apparaît dans d’autres accords mais pas dans l’accord avec l’Amérique centrale. Celle-ci aura pour effet d’interdire les importations parallèles et les réimportations de produits pharmaceutiques. D’après l’accord ADPIC, les pays sont absolument libres d’utiliser les importations parallèles. Pour les produits pharmaceutiques, les importations parallèles impliquent l’importation, sans le consentement du détenteur du brevet, de produits brevetés qui ont été mis sur le marché d’un autre pays. Les importations parallèles permettent aux pays d’acheter sur le marché mondial un produit breveté à son meilleur prix. Dans le cas des produits pharmaceutiques, les compagnies peuvent vendre un même produit à des prix différents selon les pays. Avec les importations parallèles, les pays peuvent, tout en respectant le brevet, chercher à acheter un médicament sur le marché mondial ou au moins dans des pays ayant un niveau économique comparable et réaliser ainsi des économies significatives. Aux Etats-Unis, l’importation parallèle de produits pharmaceutiques est communément appelée « réimportation ». La réimportation de produits pharmaceutique n’est pour le moment pas permis aux Etats- Unis, mais la législation est en instance de la légaliser. Les soutiens de la société civile pour la réimportation sont forts, et les États fédéraux qui voudraient obtenir des médicaments moins chers en les achetant au Canada lui sont de plus en plus favorables. L’une des stratégies qu’explorent les compagnies détentrices de brevets afin de contrecarrer l’importation est de passer des contrats avec les acheteurs de leurs produits qui les empêchent de revendre ces produits. Ainsi, par exemple, dans le contrat que disons Pfizer passe avec une pharmacie canadienne figure une mention qui interdit à la pharmacie de revendre le produit aux Etats-Unis ou pour les Etats-Unis. Si ces contrats peuvent être appliqués alors même si les Etats- Unis décident de légaliser les réimportation de médicaments, les compagnies détentrices de brevets auront un outil pour tenter d’y parer. L’article 15.9.4 de l’ALE entre le Maroc et les Etats-Unis impose aux pays d’interdire les réimportations (ou les importations parallèles de produits brevetés). Une note dit que cette interdiction pourrait être limitée aux cas ou les détenteurs de brevet mettent des restrictions sur l’importation dans le cadre de contrats ou d’autres moyens – mais l’ajout de cette note n’impose pas aux compagnies de se limiter à ces cas. La décevante « lettre d’entendement » Joint à l’accord de libre échange figure une lettre « d’entendement » entre le représentant du commerce américain, Robert Zoellick, et un représentant du gouvernement marocain (qui n’est pas cité). Cette lettre prétend expliquer que les mesures sur la propriété intellectuelle de l’accord de libre échange n’affecteront pas les efforts nationaux fait pour assurer l’accès aux médicaments de tous. En réalité cette lettre n’apporte aucun « soulagement » face aux lourds tribus imposés par l’accord lui-même. Le second paragraphe de la lettre « confirme une compréhension partagée par les deux gouvernements sur le chapitre 15 (sur la propriété intellectuelle) comme suit : » « la mise en application des mesures du chapitre 15 de l’accord n’affecte pas la capacité de chacune des parties de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé publique et promouvoir l’accès aux médicaments pour tous. Ceci concernera en particulier les cas tels que le sida, la tuberculose, la malaria et les autres épidémies, de même que les circonstances d’extrême urgence ou d’urgence nationale. » Les intentions sont nobles, mais cette lettre risque de ne faire aucune différence concrète dans l’application de l’accord. Tout d’abord, cette lettre est clairement subordonnée aux termes de l’accord lui-même puisque qu’elle est un ajout à l’accord mais n’est pas incluse au texte. Ensuite, cette lettre se réfère aux mesures « nécessaires » pour protéger la santé publique. En langage commercial international, « nécessaire » est souvent un terme très limité. Une mesure peut être « nécessaire » pour promouvoir la santé PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 13. 13 publique seulement si il n’y a aucun autre moyen d’atteindre et objectif, même si les alternatives ne sont pas politiquement et économiquement viables. Enfin, et c’est le point le plus important, cette déclaration ne prétend pas a) modifier le chapitre sur la propriété intellectuelle du l’accord ; b) créer un exception aux termes de l’accord qui pourrait être en conflit avec l’objectif de promouvoir l’accès aux médicaments pour tous. Cette lettre donne seulement une description de la « compréhension » de l’impact que l’accord va avoir. Mais en fait, comme ces commentaires le suggèrent, une telle « compréhension » est en contradiction avec les termes mêmes de l’accord qui aura pour effet de retarder l’introduction d’une compétition générique peu chère, de bloquer les possibilités des pays de délivrer des licences obligatoires pour des produits pharmaceutiques, et même d’interdire le recours aux importations parallèles de produits pharmaceutiques. Au mieux, cette lettre « d’entendement » peut être utilisé pour formuler des interprétations de l’accord, et pour défendre des interprétations pro-santé – mais pas pour passer outre des dispositions spécifiques qui sont clairement délétères pour la santé publique et pour l’objectif de rendre les médicaments accessibles à tous. Imaginons des approches alternatives qui pourraient avoir un effet plus substantiel. Une première alternative aurait tout simplement pu être de ne pas inclure ces lourdes dispositions en matière de propriété intellectuelle puisque leur objectif est précisément de retarder l’introduction de génériques. Ou encore, le chapitre sur la propriété intellectuelle aurait pu être exclu tout entier, puisque le Maroc comme les Etats-Unis sont membres de l’OMC, et sont tenus de respecter les termes de l’accord ADPIC. Une seconde alternative aurait pu être d’ajouter au texte de l’accord un paragraphe créant une exception sanitaire claire : « chaque partie peut apporter une exception à n’importe laquelle des dispositions de ce chapitre dès lors qu’en pratique il entre en conflit avec l’objectif supérieur de santé publique qui est de promouvoir l’accès aux médicaments pour tous. » Une telle alternative, ou une variante de ce type, serait reste néfaste – puisque les règles implicites incorporées dans l’accord resteraient les dispositions qui peuvent s’imposer et retarder l’accès aux génériques ou bloquer les importations parallèles – mais au moins cela aurait attesté d’une sincérité à donner aux pays des flexibilités dans le cadre de l’accord pour répondre aux considérations de santé publique. Le troisième paragraphe de la lettre « d’entendement » établit que, si l’accord ADPIC est amendé, les parties peuvent entrer en consultation pour adapter l’accord convenablement. Ceci renvoie sans doute à un possible amendement de l’accord ADPIC afin d’incorporer la décision de dérogation concernant la mise en œuvre le paragraphe 6 de la déclaration de Doha (qui concerne la possibilité pour les pays d’exporter plus de 50% des produits pharmaceutiques qui sont produit sous licence obligatoire de façon à répondre à des besoin de santé public dans le pays importateur). Parce qu’il n’y a pas de limites aux licences obligatoires dans l’accord de libre échange, une révision de l’interdiction comprise dans l’accord ADPIC d’exporter plus de la moitié de la production des produits pharmaceutiques produit sous licence obligatoire ne devrait pas nécessité de changement dans l’accord de libre échange. Cependant, une licence obligatoire effective nécessiterait des changement dans le schéma de protection des données prévu par l’accord de libre échange (au contraire, les conditions de protection minimale des données prévues par l’accord ADPIC ne demande pas de révision). La volonté des parties de créer des exceptions même limitées de ces dispositions qui permettent les dispositions sur l’exportation du paragraphe 6 de fonctionner sont peu claires. Conclusion : rejet de l’accord de libre échange Malheureusement, les dispositions prévues par l’ALE entre le Maroc et les Etats-Unis suivent le modèle de l’accord avec l’Amérique centrale et d’autres accords bilatéraux précédemment conclus. Contrairement aux impressions trompeuses que donne la lettre « d’entendement », l’accord aura sans aucun doute pour effet de saper l’objectif de santé publique d’assurer l’accès aux médicaments pour tous. Les représentants du commerce américains ont pour mission d’imposer des dispositions ADPIC+ partout dans le monde à travers la signature d’accord bilatéraux sur le commerce. Les conséquences en seront plus de morts et de souffrance. L’impact se fera d’ailleurs également sentir pour les malades aux Etats-Unis sur les questions de réimportation. Les termes que posent les Etats-Unis sont dangereux et meurtriers. C’est pourquoi tout les accords qui les comprennent, et notamment l’accord Maroc/Etats-Unis, devraient être refusés. Rob. Weissman PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 14. 14 SAVOIR = POUVOIR = VIE L’accès à l’information, sa diffusion, son partage, ont été cruciaux pour les personnes vivant avec le VIH/SIDA qui ont eu, grâce aux médias spécialisés puis plus grands publics, accès à des informations vitales pour elles. Cette question a été tellement une question de vie ou de mort que les personnes vivant avec le VIH/SIDA se sont carrément emparées de l’information, et ont créé leurs propres médias, rivalisant de savoir et d’actualités avec les plus grands titres de la presse spécialisée. SAVOIR = POUVOIR = VIE. Cette équation est devenue pour beaucoup de militants un cri de guerre, un programme de survie et dans l’attente du traitement radical, toutes les informations sur toutes les recherches, tous les essais, toutes les études sont devenues des comprimés d’espoir, des raisons d’attendre et ont forgé la conviction qu’il ne faut pas baisser les bras. Mais toutes les personnes vivant avec le VIH/SIDA ne sont pas ces militants surinformés qui bien souvent peuvent rencarder leur médecin traitant sur les dernières avancées en matière de traitement. Et toutes les informations ne concernent pas le traitement de la maladie, il y a aussi celles servant à prévenir l’infection. Dès lors les médias grand public sont les vecteurs incontournables qui vont permettre à ces informations de circuler parmi les populations et dans cette optique la justesse scientifique et médicale des propos et leur vertu pédagogique deviennent fondamentales pour éviter deux graves écueils : diffuser une information fausse, susceptible soit de renforcer les préjugés soit de creuser encore plus le fossé de l’ignorance ; faire des effets d’annonce pour être le premier à avoir sorti une information qui soit incomplète, soit erronée, peut avoir de funestes conséquences. Quand les médias se font l’écho d’une probable, d’une hypothétique contamination par le VIH via les piqûres de moustique, ils sèment non seulement la panique mais encore le doute sur les informations concernant les véritables modes de contamination. Si le moustique peut le transmettre, pourquoi pas la peau ? Pourquoi pas l’haleine ? Et si finalement c’était contagieux ? Quand tous les médias pensent détenir un « scoop » qui peut remettre en cause toutes les stratégies thérapeutiques sur la base d’une obscure étude d’un obscur chercheur, tant d’obscurité ne peut que cacher la vérité, savent-ils qu’ils peuvent briser le cheminement thérapeutique lourd et harassant de millions de personnes qui peuvent aussi se mettre à douter de leur médecin traitant ? Reconnaissons cependant qu’il devient parfois difficile de trier le grain de l’ivraie quand des groupes de chercheurs tous mondialement reconnus et dont les travaux font loi dans leur domaine se mettent à parler de manière discordante, voire totalement opposée ? Nous touchons ici au cœur du métier du journaliste qui face à des informations contradictoires et sans moyen pour vérifier par lui-même la justesse ou la pertinence de telle ou telle position doit faire un choix. Soit il parle de la contradiction elle- même, expose les deux positions, et ne prend pas partie. Soit il parle de la contradiction mais privilégie l’une des deux positions comme étant sans doute ou certainement la bonne. Soit il n’en parle pas du tout, dans le doute, il s’abstient ! Chaque position a ses vertus, chacune d’elle a aussi ses vices. Dans la première solution, il fait preuve d’objectivité, et laisse à ses lecteurs le soin de choisir avec le risque de renforcer l’idée qu’après tout, tout est relatif et que la vérité, la vérité vraie, est ailleurs et qu’on ne sait finalement pas grand chose sur cette maladie. Dans le deuxième il est moins objectif mais propose à ses lecteurs une clé, un chemin à suivre, mais là en courant le risque de se tromper et d’entraîner les autres dans son erreur. Dans le troisième cas, il est honnête, il ne fait courir aucun risque à personne, pas même à lui, mais est-il journaliste ? S’engager dans la lutte contre le sida Le rôle des médias dans la lutte contre le SIDA, le travail des journalistes, ne peuvent pas rester neutres. Il y a toujours en fin de compte un choix à faire, une décision à assumer, un engagement à revendiquer, un article à signer. Au bout du chemin pour les médias se pose finalement la question de l’engagement dans la lutte contre le Sida, celle d’un véritable choix, informé et responsable, non seulement de l’éclairage qu’ils donneront sur l’évolution et l’actualité de l’épidémie mais encore des axes de combat dans lesquels ils vont s’inscrire. Il ne s’agit pas tant de choisir son camp, de choisir un camp que d’assumer en pleine âme et conscience une position radicale qui permette d’identifier clairement d’où parle le journaliste et dans quelles perspectives il inscrit son travail d’information. Car personne ne peut interdire à un média, à un journaliste de dire et d’écrire ce qu’il veut dire et écrire ; Personne ne peut exiger qu’il révèle ses sources : ces deux points sont aux fondements de la liberté de la presse ! Mais toute personne, personne vivant avec le VIH/SIDA comprise, est en droit de lui demander d’énoncer clairement ce qu’il pense et d’assumer le sens de ses propos sous peine de douter définitivement de son intégrité et de sa déontologie. Déontologie, médias & Sida Par Franck Joukla* Directeur de la communication à TV5, ancien volontaire à Aides PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 15. 15 Alors bien plus que de demander aux médias de s’engager dans tel ou tel sens dans la lutte contre le Sida, demandons aux journalistes qu’en matière de lutte contre le sida plus que pour tout autre sujet, ils s’engagent à respecter leur propre code déontologique. « Alors bien plus que de demander aux médias de s’engager dans tel ou tel sens dans la lutte contre le Sida, demandons aux journalistes qu’en matière de lutte contre le sida plus que pour tout autre sujet, ils s’engagent à respecter leur propre code déontologique. » Dans la charte des devoirs professionnels des journalistes français, charte rédigée en 1918, complétée et élargie à l’Europe en 1973 adoptée à Munich, on trouve : « Un journaliste digne de ce nom : prend la responsabilité de tous ses écrits ; tient la calomnie, les accusations sans preuves, l’altération des documents, la déformation des faits, le mensonge, pour les plus graves fautes professionnelles ; ne reconnaît que la juridiction de ses pairs, souverains en matière d’honneur professionnel ; n’accepte que des missions compatibles avec sa dignité professionnelle ; s’interdit d’évoquer un titre ou une qualité imaginaires, d’user de moyens déloyaux, pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quiconque ;(…) garde le secret professionnel ; n’use pas de la liberté de la presse dans une intention intéressée ; revendique la liberté de publier honnêtement ses informations ; tient le scrupule et le souci de la justice pour des règles premières ; ne confond pas son rôle avec celui du policier. » Si ce texte, cette charte écrite par le premier syndicat des journalistes français en 1918, était tous les jours respectées par tous les médias alors nous n’aurions plus de réserve à émettre en proclamant pour conclure que le rôle des médias dans la lutte contre le sida est fondamental car c’est eux qui pourront demain faire baisser le nombre de contamination, c’est eux qui pourront obtenir plus d’argent pour la prévention et les traitements, c’est eux qui pourront un jour nous annoncer que la guerre du Sida est finie. . Quand la presse dérape : Et si « La Vérité » était ailleurs ? Dans son édition du 1er au 7 juin 2004, l'hebdomadaire "La Vérité" a publié un encart "Tristes statistiques : SIDA leader", qui comporte à notre sens des confusions et idées dangereuses sur lesquelles il est important de revenir. L’auteur de l’article, se basant sur les statistiques, qui, nous le rappelons, ne proviennent pas de l'ALCS mais de la division de l'épidémiologie et de lutte contre les maladies du Ministère de la Santé, souligne que la région Sous Massa Draa représente le deuxième pôle le plus touché par l'épidémie au Maroc et tente d’en donner les raisons, pour les moins hâtives. Il est réducteur d'expliquer le taux de prévalence élevé de la région par le seul tourisme sexuel des étrangers. Certaines caractéristiques socio-économiques, propres à cette région du Maroc, comme les flux migratoires liés au travail saisonnier au sein des industries de la pêche et agro-alimentaire drainant plusieurs hommes célibataires sont une autre raison. La précarité de l’emploi, son caractère saisonnier et l’instabilité affective de ces personnes éloignée de leurs villes d’origine, entretiennent et alimentent le marché local de la prostitution. « Le sida est-il importé ou produit localement ? » vous demandez-vous… Peu importe, car la réalité aujourd'hui fait du sida une maladie bel et bien marocaine. Plusieurs personnes touchées aujourd'hui n'ont jamais quitté le Maroc, ni eu des relations avec des étranger(e)s. Vous dites « …il faudra que la police des frontières soit renforcée par des brigades sanitaires qui auront pour mission de contrôler les voyageurs. Une simple mesure de bon sens. » .Si on suit votre "bon sens", une fois tous les touristes séropositifs expulsés , que ferait-on des milliers de marocain(e)s touché(e)s par le virus (entre 13 et 16.000 selon les statistiques du ministère de la santé)? Plusieurs pays ont essayé d'imposer des contrôles aux frontières, et rien n'a été réglé pour autant. Pire, les filiales de trafiquants de faux certificats se sont multipliées ! En outre, les contrôles sanitaires aux frontières des personnes touchées le VIH-SIDA sont inefficaces pour la simple raison qu'un test de dépistage doit être effectué quelques semaines après la contamination pour être fiable. Le sida est une maladie transmissible et non contagieuse. Les modes de transmission en sont très bien connus, et la prévention facile et accessible à tous. Sans compter que les personnes vivant avec le VIH ont le droit de circuler librement et de voyager comme tout le monde. 0n ne lutte pas contre le sida par la police et la répression, mais en informant les gens sur les risques qu'ils encourent et les moyens de prévenir la maladie. Le tout dans le respect des droits des personnes. Donner aux gens l'illusion que la police les protège est le pire qu'on puisse faire en matière de lutte contre le sida. Cela ne peut que les déresponsabiliser, les pousser à sous-estimer les risques encourus et à abandonner la prévention, qui doit rester du ressort de l’individu. N. Rafif PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 16. 16 Silence, la police dépiste ! Il y a quelques années, il était assez fréquent que des personnes poursuivies pour prostitution ou homosexualité soient soumises à des tests de dépistage en période de détention ou de garde à vue. Pratique complètement illégale aussi bien vis-à-vis des lois en vigueur au Maroc, que des engagements internationaux de notre pays en matière de protection des droits des personnes touchées par le vih et des droits de l’Homme en général. Un travail de sensibilisation colossal avait alors été mené par l’ALCS et le ministère de la Santé, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Une grande partie du personnel pénitencier, des médecins de prisons, des élèves magistrats et policiers avait été sensibilisée à la question et nous pensions que ces pratiques avaient disparu. L’affaire des personnes dernièrement arrêtées pour homosexualité à Tétouan nous prouve le contraire. Non seulement ces pratiques existent toujours, mais elles semblent se multiplier, et ce, au mépris total de la loi, par ceux là même censés la protéger, et avec la complicité de médecins relevant du ministère de la Santé. Début juin, l’arrestation de présumés homosexuels à Tétouan lors d’une fête privée défraie la chronique de la petite ville. Une grande partie de la presse nationale s’empare alors de l’affaire et plusieurs envoyés spéciaux sont dépêchés sur place. Passons sur les circonstances de l’arrestation, d’ores et déjà détaillées dans les dépêches, et attardons-nous sur les témoignages de certains prévenus concernant leurs conditions de détention. Ils font l’état de tests de dépistage du sida effectués dans les locaux de la police. Certains policiers pousseront le zèle jusqu’à menacer ces personnes « d’aller croupir à Oukacha » si jamais l’une d’elles s’avérait être porteuse du virus. Nous avions du mal à croire ces informations… Alors nous avons mené notre propre enquête. Plusieurs journalistes ayant rencontré les personnes arrêtées sont contactées ; informations confirmées … ; ils ont même vu sur leurs bras la trace du prélèvement ! Des sources à l’hôpital régional de Tétouan nous affirment par ailleurs qu’un médecin et un infirmier du service ont été appelés au local de la police où il leur a été demandé de pratiquer des tests sur ces personnes ! Hallucinant ! Comment un médecin peut-il accepter de pratiquer des tests VIH/Sida à l’insu des personnes, dans un commissariat, et sous l’ordre d’un policier ? ! Il s’agit non seulement d’un manquement à l’éthique médicale mais également d’un mépris de la circulaire de son ministre de tutelle, en l’occurrence le ministère de la Santé On pourrait penser qu’il s’agit d’une affaire isolée. D’un dérapage. Apparemment ce n’est pas le cas. Un militant des droits de l’Homme dans le nord du pays nous confirme que les tests de dépistage dans les locaux de la police sont assez fréquents, et pratiqués le plus souvent par des médecins relevant du ministère de la Santé. Notamment à l’encontre de migrants clandestins sub-sahariens arrêtés dans la région. Ce n’est pas fini … Les jours passent, et une personne nous appelle à l’ALCS Marrakech, suite au communiqué de presse de l’ALCS dénonçant les dépistages systématiques imposés aux prévenus de Tétouan. Interpellée par la police suite à l’assassinat d’un européen séropositif, elle a également subi avec d’autres personnes un prélèvement sanguin, avec comme simple motif sa connaissance présumée de la victime. Ces personnes ont été emmenées dans une voiture de police à un centre de santé à Marrakech où un médecin a procédé à un test de dépistage. Ce jour là elles étaient trois. On ne sait pas combien de personnes ont subi des tests dans le cadre de cette affaire… Pourtant les lois au Maroc sont claires à ce sujet. Aucun test de dépistage ne peut avoir lieu à l’insu des personnes, et sans leur consentement ; comme stipulées dans les directives du ministère de la Santé, dans lesquelles est également mentionnée la confidentialité comme étant un droit inaliénable. Ces tests systématiques imposés et pratiqués lors d’interrogatoire ou de garde à vue sont donc complètement illégaux, en plus du fait qu’ils constituent une violation flagrante des principes énoncés dans la déclaration des principes directifs internationaux relatifs au VIH et les droits de l’Homme de 1998 et son amendement de 2002. D’autre part, ces tests ne servent strictement à rien. Dans l’affaire de Tétouan, la séropositivité d’une personne serait-elle la preuve de son homosexualité ? Ce serait alors ignorer que 74% des cas de transmission du VIH sont de nature hétérosexuelle. La séropositivité d’un individu serait-elle une circonstance aggravante ? Il s’agirait alors de punir des personnes plus que d’autres sur la base de leur statut sérologique. Pratique on ne peut plus discriminatoire… Quant à l’affaire de Marrakech, la piste de la police serait qu’une personne contaminée par la victime se serait vengée en commettant ce crime. C’est grave, car la simple séropositivité d’une personne de l’entourage de la victime fait presque office de preuve et en ferait un coupable idéal ! Tout cela manque de bon sens. Mais il, est urgent que la société civile, nous en premier, mette la question des droits de l’Homme et des personnes touchées au cœur de leurs actions. Pour l’ALCS c’est déjà fait : ce sera le thème principal des assises qui se tiendront début 2005. O. Mellouk PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 17. 17 Gnaoui Mimoun s’invite au Festival d’Essaouira Pour la septième fois consécutive, l’Association de Lutte Contre le Sida s’est associée au Festival Gnaoua - Musiques du Monde en organisant, en marge de l’événement, une large campagne de prévention et de dépistage destinée au grand public, du 24 au 27 juin 2004. Le festival, occasion unique d’aller à la rencontre du public jeune, est devenu un évènement incontournable pour l’Association de Lutte Contre le Sida, comme le sont le Boulevard des jeunes musiciens à Casablanca et le festival de la musique à Marrakech. Une fois de plus, des centaines de milliers de festivaliers se sont donnés rendez- vous à Essaouira pour le Festival Gnaoua et Musiques du Mondes du 24 au 27 juin. Et une fois de plus, l’ALCS était présente comme à l’accoutumée pour profiter de ce regroupement massif de jeunes pour diffuser le plus largement possible le message de prévention. Une présence de l’association qui su évoluer au fil des ans allant d’un simple stand, les premières années, à une véritable campagne de prévention aux facettes multiples aujourd’hui. Fidèle aussi, le Fonds des Nations Unies d’Aide pour la Population (FNUAP) qui a réitéré son soutien à la section locale de l’ALCS en finançant l’opération. La nouveauté cette année réside dans la conception d’un dépliant spécialement pour l’occasion. Il s’intitule « Les conseils de Gnaoui Mimoun ». «Avec le Gnaoui Mimoun, nous avons essayé de créer un personnage jeune et sympathique qui colle à l’événement. Les nouveaux dépliants sont bilingues et pour la première fois en darija. Les messages sont clairs et simples et le personnage a beaucoup de succès auprès des jeunes » souligne Rose-Marie Marque, co-responsable de l’ALCS Essaouira. Pendant quatre jours, trente volontaires issus des sections de Casablanca, Marrakech, Agadir, Goulmim, Rabat, Tanger, Tétouan et Essaouira ont accueilli les visiteurs dans la large tente de prévention installée à cet effet sur la place Moulay Hassan. Parallèlement, le bus d’information sillonnait la ville, le front de mer et le port, à la rencontre des festivaliers. Prévention, promotion du test de dépistage et de la ligne d’écoute et d’orientation Allo…Info Sida : tels étaient les objectifs de l’opération avec en renfort le nouveau bus mobile de dépistage, permettant de délivrer le résultat en moins d’une heure. Certains volontaires étaient répartis en équipes mobiles afin d’orienter les festivaliers vers le CIDAG mobile, garé sur le front de mer. Cinq médecins étaient mobilisés et 164 tests de dépistage ont pu être réalisés au profit de personnes originaires de toutes les régions du Maroc, de Casablanca, à Goulmim, en passant par Tiznit, Errachidia ou Mohamedia ! En tout ce sont des milliers de visiteurs qui ont afflué au stand de l’ALCS. Plus de 20.000 dépliants (dont 15.000 sur le Gnaoui Mimoun), 6000 affichettes Allo Info Sida, et 13.500 préservatifs ont été distribués. Un grand bravo à toute l’équipe d’Essaouira et aux volontaires participants ! PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 18. 18 Prévention dans la prison agricole de Taroudant Il est bien établi, autant par les données internationales que nationales, que les prisonniers constituent une population particulièrement vulnérable à différentes maladies, dont notamment les infections sexuellement transmissibles et le SIDA. C’est la raison pour laquelle la section de l’ALCS à Taroudant a mis en place un projet de prévention de proximité, auprès de 90 détenus de la prison agricole de Taroudant de janvier à décembre 2003. L’objectif général de ce projet était de les informer et de les sensibiliser sur les IST–SIDA et leur prévention, avec l’espoir d’une part que ces personnes adoptent pour eux même un comportement à même de les protéger de ces maladies et d’autre part, de contribuer à sensibiliser leur entourage à cette problématique. La méthodologie de ce projet a consisté à travailler avec 6 groupes de 15 personnes, en menant une série de 11 séances de discussion participative avec chacun de ces groupes, selon un programme visant a traiter de la problématique du SIDA de façon globale (aspects sociaux, culturels, économiques, médical…) et en essayant de faire participer au maximum les intéressés, pour à chaque fois les amener à trouver eux-mêmes les conclusions pertinentes concernant le sujet traité. Parallèlement, une rencontre-débat sur le SIDA dans les prisons a été organisée à l’attention du directeur et des employés de l’établissement, ainsi que des conférences pour l’ensemble des détenus (350 à 400), afin de sensibiliser ces derniers à la problématique. Par ailleurs, l’ALCS Taroudant a obtenu la collaboration de la délégation du ministère de la Santé, qui a gracieusement offert du matériel de petite chirurgie pour l’infirmerie de la prison, avec l’objectif de réduire le risque potentiel de transmission par les soins du VIH et des hépatites B et C. Enfin différentes activités de mobilisation ont été organisées tout au long du projet au bénéfice des détenus : exposition de dessins ; rencontre de football avec les volontaires de l’ALCS Taroudant; Nakch au henné pour les femmes; soirée de Gala animée par des détenus et des artistes bénévoles renommés de la région, distribution de Prix aux participants… Malgré quelques problèmes rencontrés en cours de route, le bilan global de ce travail et son impact ont été largement positifs et ont convaincu la section de Taroudant à assurer la continuité de ce travail, afin d’essayer d’y implanter durablement un processus de sensibilisation et d’éducation en matière de prévention des IST-SIDA au sein du CPT. Dans ce but, l’ALCS Taroudant est sur le point de lancer un nouveau projet essentiellement basé sur des conférences-débat (8 rencontres avec groupes de 80 détenus réparties sur 12 mois) et sur un ensemble d’activités de mobilisation (consultations spécialisées faites par plusieurs médecins de différentes spécialités, ateliers d’art). PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 19. 19 Un Sidaction bientôt sur 2M Un partenariat a été mis en place entre l’ALCS et la chaîne de télévision 2M en vue de la préparation de la soirée Sidaction qui aura lieu le 21 janvier 2005. La soirée sera entièrement consacrée au sida avec appel aux dons, reportages sur le terrain et verra la présence de plusieurs personnalités et artistes aussi bien du Maroc que de l’étranger. Rappelons qu’un premier Sidaction avait déjà réuni les deux partenaires en 1994. Il avait constitué alors un saut important en matière de visibilité de la maladie dans le paysage audio-visuel marocain. Création de nouvelles sections à Rabat et Méknès L’ALCS vient d’ouvrir deux nouvelles sections à Rabat et à Méknès. Les nouvelles sections viennent combler un vide en matière de prévention et de prise en charge de l’infection à VIH dans les deux villes. Elles viennent également d’ouvrir chacune un centre de dépistage anonyme et gratuit équipé de test rapides. Election de nouveaux bureaux à Tanger, Agadir, Marrakech, Méknès, Goulmim et Rabat Les sections de Tanger, Agadir, Marrakech, Goulmim et Méknès viennent de tenir leur assemblée générale élective. Les nouveaux président(e)s élu(e)s sont respectivement : M. Hamid ZEROUAL, Dr. Ali BANAOUI, Dr. Othoman MELLOUK, Mme Touria ZAYER, Mme Meriem ASSAYAD, Mme Hafida ROUFRANI. Séminaire de formation des formateurs à Casablanca Une formation de formateurs a été organisée à Casablanca du 19 au 23 juillet 2004 avec la présence de notre amie Latifa Imane. L’objectif étant de former des nouveaux formateurs pour assurer la formation des nouveaux volontaires dans les sections. Une autre question était au centre de ce séminaire, celle de l’uniformisation de la formation initiale des volontaires (FIV) au sein des différentes antennes de l’ALCS. Et ce, à la veille du passage à l’association unique tel que le stipulent les nouveaux statuts de l’association. L’ALCS a de nouveaux statuts L’Assemblée Générale de l’ALCS Casablanca vient d’adopter les nouveaux statuts de l’association rédigés par les soins de notre ami Mr Abderrahim Berrada. Rappelons que selon les statuts jusque là en vigueur seule l’AG de Casablanca fondatrice de l’association avait le pouvoir d’apporter des modification à ces derniers. Les autres sections étant sous tutelle de la section mère. La nouvelle version des statuts résulte d’un processus de concertation nationale entre les différentes sections. Et ce dans le cadre d’une mission de diagnostic, puis de plusieurs réunions de travail impliquant les différents présidents de l’ALCS. Les idées forces des nouveaux statuts consistent dans le renforcement du processus démocratique au sein de l’association. La section de Casablanca deviendra une section comme toutes les sections régionales et une structure nationale sera créée. Une structure nationale qui aura désormais deux instances : un conseil national où seront représentées toutes les sections et un bureau national. Une nouvelle parmi nous ! L’équipe des salariés de l’ALCS Casablanca vient de s’enrichir avec l’arrivée de Melle Maria Aït M’Hamed. Diplômée de l’ISCAE, et après un passage dans le milieu de la communication, elle vient renforcer l’équipe de direction de l’ALCS. Une arrivée qui tombe à point nommé avec la préparation des prochaines assises nationales et du Sidaction 2005. Nous lui souhaitons la bienvenue parmi nous. Les Conseils de Gnaoui Mimoun L’ALCS Essaouira a eu l’idée originale de concevoir un dépliant spécial à l’occasion du Festival Gnaoua Musiques du Monde 2004. Intitulé « Les conseils de Gnaoui Mimoun », le dépliant en couleurs reprend un personnage gnaoui pour passer le message de prévention. Les messages s’articulent autour des modes de transmission, la promotion du préservatif, le test de dépistage et la ligne Allo Info Sida, et pour la première fois en arabe dialectal. Bravo ! PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com
  • 20. 20 Centres de Dépistage Anonyme et Gratuit de l’ALCS Ville Adresse et Téléphone Jours et heures de permanence Agadir Rue Al Inbiat, Quartier Industriel, (près RIAYD EL HAJ EL BACHIR) 048 82 78 64 Mardi et jeudi à partir de 14h00 Samedi à partir de 9h00 Casablanca 17 rue Al Massira Al Khadra, Maarif 022 99 42 42 / 43 Du lundi au vendredi de 17h00 à 18h30 Samedi de 10h00 à 11h30 Essaouira 369 Al Maghreb Al Arabi, rez de chaussée 044 47 60 63 Mardi et jeudi de 18h30 à 19h30 Goulmim Ancien Hôpital 071 60 07 27 Sur R.D.V Marrakech Rue Hassan ben M’barek, Imm Lazrak App N° 3 Guéliz 044 43 98 43 Du mardi au jeudi de 15h30 à 17h30 Samedi de 10h00 à 12h00 Meknes Palais de la foire, ville nouvelle Sur RDV Rabat 93 A Amal 14 A, cité Yaakoub El Mansour 037 69 05 40 Lundi, mercredi et vendredi de 15h00 à 18h00 Tanger Rue Sidi Bouabid (ex Délégation de jeunesse et sport) 039 93 33 33 Lundi et jeudi à partir de 17h00 Taroudant Rue de la mosquée Fark Al Ahbab n°2 048 85 19 99 Sur R.D.V Edité avec le soutien du PNUD PDF created with pdfFactory trial version www.pdffactory.com