7. "Le temps viendra (peut-être), et je l'espère moyennant la bonne
destinée française, que ce noble et puissant royaume obtiendra à
son tour les rênes de la monarchie, et que notre langue qui
commence encore à jeter ses racines, sortira de terre, et s'élèvera
en telle hauteur et grosseur qu'elle pourra égaler aux mêmes Grecs
et Romains, produisant comme eux des Homères, Virgiles et
Cicérons, aussi bien que la France a quelquefois produit des
Périclès, Nicias, Césars et Scipions...Vrai est que pour avoir les arts
et sciences toujours été en la puissance des Grecs et Romains,
plus studieux de ce qui peut rendre les hommes immortels que les
autres, nous croyons que par eux seulement elles puissent et
doivent être traitées. Mais le temps viendra par aventure (et je
supplie au Dieu très bon et très grand que ce soit de notre âge) que
quelque bonne personne, non moins hardie qu'ingénieuse et
savante, non ambitieuse, non craignant l'envie ou haine d'aucun,
nous ôtera cette fausse persuasion, donnant à notre langue la fleur
et le fruit des bonnes lettres..."